Le Samedi Politique avec Thierry Mariani - Ukraine, Proche-Orient : krach européen et déclin français

  • l’année dernière
Le sort de l’Ukraine est de plus en plus sombre. Après l’entrée des troupes russes le 24 février 2022 et le début de combats fratricides favorisés de longue date par les Etats-Unis, le pays est meurtri, exsangue, et suspendu à un président élu sur un programme de paix et de démocratie mais qui ne veut désormais plus organiser d’élections. A peine les Etats-Unis ont-ils tourné les talons vers d’autres intérêts que l’incontrôlable Ursula von der Leyen se jette sur la caisse européenne pour dilapider les deniers des contribuables dans une guerre déjà perdue. L’Ukraine, bien incapable de rembourser les prêts astronomiques qui lui ont été faits, semble donc prisonnière d’un destin dans les mains d’autres puissances.
Dans ce délire aussi guerrier que financier, la voix de la France n’existe pas. Pas plus que dans cette nouvelle résurgence du conflit entre Israël et la Palestine depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre dernier. Personne ne comprend la position de la France, pas même Emmanuel Macron.
Ancien ministre et député européen (RN), Thierry Mariani revient sur cette situation internationale explosive et sur le triste déclin diplomatique de la France, noyée dans les délires européens.
En guise de "bonus" inédit, Thierry Mariani raconte également un épisode cocasse des "dessous de la politique" à quelques mois des élections européennes.

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Transcript
00:00:00 [Générique]
00:00:20 Bonjour à tous, ravie de vous voir à nouveau.
00:00:22 Rendez-vous pour ce nouveau samedi politique.
00:00:25 Cette semaine, on va s'intéresser à la scène internationale
00:00:27 par le prisme européen mais également la voie française
00:00:30 si tant est qu'elle soit encore singulière.
00:00:32 Nous nous intéresserons donc à la triste déroute ukrainienne
00:00:35 mais aussi au conflit au Proche-Orient,
00:00:38 sans oublier les sujets majeurs relatifs à l'Union européenne.
00:00:42 Mais avant toute chose, vous le savez,
00:00:43 je compte sur vous pour le succès de cette émission.
00:00:45 Aussi, pensez à la partager à vos proches,
00:00:47 pensez à écrire vos commentaires, que je lis,
00:00:50 et ce n'est pas une blague.
00:00:50 Et puis bien sûr, cliquez sur le pouce en l'air
00:00:53 pour améliorer le référencement.
00:00:55 C'est parti, on commence tout de suite,
00:00:56 juste après, le clin d'œil.
00:00:58 [Musique]
00:01:00 Retrouvez le samedi politique avec la collection Terre de France.
00:01:04 100% des bénéfices aux services d'agriculteurs,
00:01:07 de familles, de militaires et d'écoles rurales.
00:01:10 [Générique]
00:01:17 Et à mes côtés aujourd'hui, Thierry Mariani.
00:01:19 Bonjour Monsieur.
00:01:20 Bonjour.
00:01:20 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:01:22 Vous êtes député européen du Rassemblement national,
00:01:24 le mouvement que vous avez rejoint en 2019.
00:01:26 Vous avez été ministre des Transports,
00:01:28 c'était entre 2010 et 2012, sous le gouvernement Fillon,
00:01:32 sous la présidence de Nicolas Sarkozy donc.
00:01:34 Et vous avez également été député français pendant plus de 20 ans,
00:01:38 du Vaucluse, mais aussi des Français de l'étranger,
00:01:41 de la zone Europe centrale, Asie, Océanie,
00:01:44 qui comprend, et on l'oublie, et je le répète à chaque fois,
00:01:46 pas seulement la Russie, mais aussi l'Ukraine.
00:01:49 Absolument.
00:01:49 Alors c'est d'ailleurs par ce sujet que nous allons commencer.
00:01:52 Thierry Mariani, les médias vous ont toujours présenté
00:01:54 comme pro-russe depuis deux ans, et considéré comme pro-russe
00:01:58 toute personne expliquant que le conflit ouvert en Ukraine
00:02:00 aurait dû être évité et que l'Ukraine ne peut pas gagner cette guerre
00:02:04 ces derniers temps.
00:02:05 On dirait que le "narratif" a changé.
00:02:08 Comment expliquez-vous cela ?
00:02:10 Malheureusement, pour certains commentateurs ou certains qui rêvent,
00:02:14 il y a des faits.
00:02:15 Voilà.
00:02:15 Or les faits, c'est que, j'ai presque envie de vous dire,
00:02:18 comme d'habitude, la Russie commence mal les guerres
00:02:21 et a tendance à bien les finir.
00:02:22 Voilà.
00:02:23 Aujourd'hui, les faits, c'est que l'Ukraine n'est pas arrivée
00:02:29 dans sa grande offensive à renverser l'armée russe,
00:02:33 que petit à petit, l'Ukraine s'épuise,
00:02:35 que l'Ukraine a un vrai problème de population,
00:02:37 ce que n'a pas la Russie,
00:02:40 et que le gouvernement ukrainien est militairement et politiquement
00:02:44 dans une situation extrêmement difficile.
00:02:47 Militairement, c'est connu.
00:02:49 Politiquement, on en a moins parlé parce que l'actualité au Moyen-Orient
00:02:54 a gommé certaines décisions prises par le président Zelensky.
00:02:57 Mais enfin, le président Zelensky vient quand même de prendre la décision
00:03:00 d'annuler les élections présidentielles
00:03:03 et d'annuler les élections législatives, ou plutôt de les reporter.
00:03:06 C'est-à-dire qu'on est quand même au niveau de l'Union européenne,
00:03:10 puisque je suis député européen,
00:03:11 dans un narratif où on nous explique qu'il faut soutenir l'Ukraine
00:03:14 qui est le phare de la démocratie dans cette région,
00:03:18 et finalement on soutient un État où, si on résume,
00:03:21 l'opposition est soit interdite, soit en prison,
00:03:24 la liberté de la presse est complètement bafouée,
00:03:27 les élections sont annulées,
00:03:29 et le président prolonge son mandat par une simple décision de lui-même.
00:03:33 C'est quand même une grocquerie quand on nous explique
00:03:38 que c'est le combat de la démocratie contre les ennemis de la civilisation.
00:03:43 Voilà, maintenant…
00:03:44 On vous reprocherait évidemment de ne pas faire les mêmes critiques
00:03:48 à l'égard de la Russie ou des opposants politiques.
00:03:50 On a beaucoup parlé de Navalny en France,
00:03:52 qui était peut-être le chéri des Occidentaux,
00:03:55 qui a été frappé par plusieurs décisions judiciaires et qui est en prison.
00:03:59 C'est exact, mais je veux dire,
00:04:00 personne ne dit que la Russie est un modèle démocratique, soyons clairs.
00:04:04 Même pas moi.
00:04:05 Même pas vous.
00:04:05 Non, même pas moi.
00:04:06 Je veux dire, la Russie est un régime, je ne vais pas dire autoritaire,
00:04:10 mais c'est une démocratie, effectivement,
00:04:14 si on peut dire une démocratie autoritaire,
00:04:16 où il y a un pouvoir fort qui se justifie à la fois par l'histoire
00:04:20 et puis d'un pays qui, je le rappelle, a failli s'effondrer dans les années 90,
00:04:27 et donc qui n'est certainement pas un régime parfait.
00:04:31 Voilà, mais je vous rappelle quand même qu'on nous explique depuis deux ans
00:04:34 que c'est le bien contre le mal, la perfection contre la dictature, etc.
00:04:39 Or, ce n'est pas le cas.
00:04:41 Et aujourd'hui, c'est une guerre en réalité,
00:04:44 une guerre de territoire, une guerre de nationalisme,
00:04:46 et pas du tout comme on l'entend très souvent sur LCI,
00:04:50 une guerre où les Ukrainiens se battent pour sauver notre civilisation.
00:04:53 Et malheureusement, je crois que les Ukrainiens sont complètement sacrifiés.
00:04:58 Vous savez, j'ai été président de France-Ukraine à l'Assemblée nationale
00:05:00 pendant cinq ans, de 2002 à 2007, je crois.
00:05:09 J'ai suivi les élections à l'époque de Timo Chanko,
00:05:12 qui était l'égérie du monde occidental, etc.
00:05:14 J'ai de nombreux amis dans cette région.
00:05:16 Je pense que les Ukrainiens, petit à petit, vont se rendre compte
00:05:18 qu'ils sont un peu les dindons, non pas de la farce, mais les dindons du drame.
00:05:24 Parce qu'ils servent aujourd'hui à essayer d'épuiser ou à essayer d'affaiblir la Russie.
00:05:33 En réalité, c'est eux qui, à la sortie, vont sortir complètement, à mon avis, ruinés.
00:05:39 Et peut-être l'Europe.
00:05:40 – Alors justement, c'est peut-être une question qui se pose à ce moment de l'émission,
00:05:44 puisque beaucoup parlent de la volonté d'Ursula von der Leyen
00:05:48 d'élargir la zone euro et la zone de l'Union européenne, notamment à l'Ukraine.
00:05:53 On a beaucoup parlé de cette fameuse adhésion de Kiev à Bruxelles.
00:05:56 Est-ce que, dans le cas où on a vu beaucoup de prêts faits à l'Ukraine
00:06:01 pour pouvoir s'armer et continuer la guerre contre la Russie,
00:06:03 est-ce qu'on peut imaginer, voire naître, une mutualisation de la dette
00:06:06 si l'Ukraine rentre dans l'UE ?
00:06:09 – De toute façon, c'est déjà le cas.
00:06:11 On est en train, à l'heure actuelle, d'avoir open bar pour les finances ukrainiennes.
00:06:17 C'est-à-dire que, d'après les déclarations de M. Borrell,
00:06:20 le haut représentant de l'Union européenne,
00:06:23 avant le mois d'octobre, la totalité des pays européens,
00:06:26 ce sont ses propres propos, avait déjà donné 80 milliards en dons et en prêts.
00:06:32 Soyons clairs, en prêts, ils ne seront jamais remboursés.
00:06:35 L'Ukraine est en faillite désormais.
00:06:37 L'Ukraine est sous respiration financière des pays occidentaux.
00:06:41 Donc, on dit "Ah oui, mais ce n'est pas des dons, c'est des prêts".
00:06:43 Ils ne seront jamais remboursés.
00:06:45 Et quand je dis 80 milliards,
00:06:47 n'oubliez pas que la contribution moyenne française aux finances européennes
00:06:53 est de 17 à 18 %, c'est-à-dire, je ne suis pas très bon en calcul,
00:06:56 mais 80 milliards, 17 à 18 % de 80 milliards,
00:06:59 ça doit tourner aux alentours de 14 ou 15 milliards,
00:07:02 qui, indirectement, vont être financés par le contribuable français.
00:07:06 On vient de rajouter à la dernière session 20 milliards et 50 milliards.
00:07:11 20 milliards qu'on a appelés "facilité pour la paix",
00:07:13 en réalité, on finance les munitions.
00:07:15 50 milliards pour maintenir l'Ukraine hors d'eau au niveau financier.
00:07:22 Parce que si le budget français a des problèmes,
00:07:24 le budget ukrainien a des drames.
00:07:27 Et donc, en réalité, l'Union européenne est en train de s'endetter
00:07:31 d'une manière qui passe totalement inaperçue pour financer l'Ukraine.
00:07:35 Et on nous annonce en plus que la reconstruction est évaluée
00:07:38 aux alentours de 300 milliards, 300 milliards,
00:07:41 et que le processus d'adhésion serait à 150 milliards.
00:07:44 Je ne sais pas, on est complètement…
00:07:46 C'est la valse des milliards où on ne sait plus quoi compter.
00:07:49 Madame van der Leyen est dans cette folie où, vous savez,
00:07:54 des gens qui disent "on écrit l'histoire, donc il n'y a pas de limite".
00:07:57 C'est toujours facile d'écrire l'histoire avec le sang des uns et la finance des autres.
00:08:01 Et donc, on est aujourd'hui dans un élargissement de l'Union européenne,
00:08:07 programmé, qui à mon avis peut détruire l'Union européenne.
00:08:10 Qu'est-ce que je veux dire par là ?
00:08:12 Ce mandat de madame van der Leyen et de ce Parlement européen a commencé par un drame.
00:08:17 Le drame, c'était quoi ? Le Brexit.
00:08:19 C'est-à-dire que pour tous ces gens-là pour qui l'Europe…
00:08:22 Un drame pour qui ?
00:08:24 Pour ces gens-là, pour ces gens-là.
00:08:25 C'est-à-dire pour tous ceux pour qui l'Union européenne apporte le bonheur,
00:08:30 la joie et la prospérité.
00:08:32 Pour moi, l'Union européenne est devenue une sorte de religion qu'on ne peut plus contester.
00:08:37 Et tous ceux qui, comme nous, disent "on est attachés à l'Europe",
00:08:40 mais pas une Europe comme ça, on est quasiment des hérétiques.
00:08:43 Et donc, dans cette Union européenne qui se vit de plus en plus
00:08:46 comme une religion à laquelle tout le monde doit adhérer,
00:08:48 le Brexit, c'est un drame.
00:08:49 C'est-à-dire qu'un pays, un grand pays en plus, dit "je refuse le bonheur".
00:08:54 Et la Grande-Bretagne reprend sa liberté.
00:08:58 Et jusqu'à présent, excusez-moi, ce n'est pas du tout un drame.
00:09:01 Voilà.
00:09:02 Et immédiatement après, il y a eu deux opportunités.
00:09:06 Le Covid et la guerre en Ukraine.
00:09:11 Parce que Mme van der Leyen et sa commission, j'allais dire, savent profiter des drames.
00:09:17 D'abord le Covid qui est un drame humain.
00:09:18 Il y a des milliers de personnes qui sont mortes, ne l'oublions pas.
00:09:20 Mais où l'Union européenne a accentué ses compétences qu'elle n'avait pas au départ.
00:09:27 C'est-à-dire qu'elle s'est donnée de nouvelles compétences.
00:09:29 Elle s'est donnée des moyens au détriment des États.
00:09:33 Et tout le monde a laissé faire.
00:09:35 Je rajoute dans la plus totale opacité,
00:09:37 l'Union européenne qui se présente comme un modèle de transparence et de démocratie.
00:09:41 Je vous rappelle qu'on attend toujours,
00:09:43 notamment les messages de Mme van der Leyen avec la société Pfizer.
00:09:47 Pourtant, les institutions judiciaires européennes les ont demandées,
00:09:53 mais elle ne répond pas.
00:09:54 Deuxième drame qui est pire,
00:09:57 pire parce que malheureusement il va financièrement nous coûter très cher,
00:10:02 puis ces deux pays quand même qui s'affrontent avec des milliers de morts,
00:10:05 c'est cette guerre entre ces deux pays.
00:10:07 Or, aujourd'hui, il est évident que l'Union européenne,
00:10:13 l'Occident est plus prêt à payer le prix du sang dans une guerre,
00:10:16 mais elle est prête à ouvrir son chéquier.
00:10:18 Et donc on mène une guerre par proxy.
00:10:20 Comme disent les Américains, les Ukrainiens se font tuer
00:10:23 et nous on paye, mais on est en train, pour se donner bonne conscience,
00:10:28 de payer au-delà de toute limite.
00:10:31 Et le réveil va être tragique,
00:10:34 tragique quand on découvrira qu'en réalité,
00:10:36 ce qu'a déjà annoncé la Cour des comptes de l'Union européenne,
00:10:40 premièrement, dans les deux dernières dotations
00:10:43 qui ont été faites, 20 milliards et 50 milliards,
00:10:45 il y a un avis de la Cour des comptes qui dit
00:10:47 "on n'est pas sûr de savoir vraiment où l'argent va".
00:10:50 Et deuxièmement…
00:10:52 – Le parti de l'argent américain a totalement disparu d'ailleurs.
00:10:55 – Oui, mais j'allais dire égoïstement, je m'occupe de l'argent des Européens
00:11:00 qui, je le rappelle, est à 18% français.
00:11:02 – Vous avez raison, il ne fait pas sécu.
00:11:04 – Les Américains, ils se fabriquent leurs dollars,
00:11:06 donc ça leur coûte indirectement moins cher.
00:11:10 Et donc, en réalité, que dit la Cour des comptes de l'Union européenne ?
00:11:14 Elle dit, un, il y a quasiment…
00:11:17 on n'est pas capable de retracer la totalité des sommes.
00:11:21 Et deux, elle dit très clairement, là aussi,
00:11:25 que cela va impacter à l'avenir les budgets européens.
00:11:31 C'est-à-dire qu'il suffit de lire…
00:11:33 en plus, j'incite les spectateurs à aller sur le site de la Cour des comptes européenne
00:11:38 parce que, pour une fois, les rapports sont traduits en français.
00:11:41 – C'est gentil.
00:11:42 – Qui dit très clairement que certaines politiques européennes
00:11:46 vont devoir être remises en cause parce qu'il va manquer de l'argent.
00:11:48 Donc, on est dans une situation de deuxième fuite en avant
00:11:52 qui est, on va s'élargir.
00:11:53 Mais on va s'élargir, aujourd'hui, on ne vous parle pas,
00:11:55 on vous parle d'une Europe à 32 ou 35.
00:11:58 C'est-à-dire qu'il est clair que, pour la Commission européenne,
00:12:03 Macédoine, Monténégro, Serbie, Kosovo, Bosnie-Herzégovine,
00:12:12 voilà, les 5 de plus, Moldavie, Ukraine, Géorgie doivent rentrer.
00:12:19 – Que des pays très stables.
00:12:21 – Certains sont stables, mais la majorité ne sont pas stables
00:12:25 et d'autre part, la majorité ne sont pas en état de respecter
00:12:29 un certain nombre de critères européens et vont être à la charge de pays
00:12:32 comme la France ou l'Allemagne qui vont devoir financer.
00:12:35 Et donc, tout cela se fait de manière très transparente
00:12:41 et personne n'en parle, je suis très surpris.
00:12:43 Le président Macron, au colloque de Gostberg, en Slovaquie,
00:12:48 il y a quelques mois, a dit très clairement,
00:12:50 la question ce n'est pas de savoir si on doit élargir,
00:12:52 la question c'est si on élargit, quand et vite.
00:12:56 Propos d'Emmanuel Macron.
00:12:58 Et je pense que ça doit être l'un des sujets principaux
00:13:01 des élections européennes.
00:13:02 Est-ce que vous voulez d'une Europe à 32 ou 33 ?
00:13:05 Voilà, après, à mon avis, la question que je me pose,
00:13:09 certains diront que c'est une opportunité,
00:13:11 je pense que tout cela risque de tout faire exploser.
00:13:13 Parce qu'il y a un moment où les gens vont quand même se réveiller
00:13:15 et dire qu'on ne peut pas financer n'importe quoi dans tous les pays.
00:13:19 Et puis surtout, c'est une Europe qui se conçoit quasiment comme un empire.
00:13:23 Il n'y a pas de limite, il n'y a pas de frein, il n'y a pas de frontière.
00:13:27 Aujourd'hui, accepter l'Ukraine dans l'Union européenne,
00:13:31 elle ne respecte aucun critère démocratique.
00:13:34 Quand on ennuie M. Orban parce que je ne sais quel article
00:13:38 sur la liberté de la presse est bizarre,
00:13:41 en Ukraine, ce n'est pas compliqué, il n'y a plus de liberté de presse.
00:13:44 Voilà.
00:13:45 Mais, et donc on est dans le double standard permanent.
00:13:48 Et pour conclure sur le sujet, dans une Europe de Mme von der Leyen
00:13:53 qui va toujours plus loin en essayant d'aller toujours plus loin
00:13:58 dans ses compétences et dans les empiétements sur les nations.
00:14:02 Je pense que l'Ukraine risque d'être lâchée plus vite
00:14:06 que ce qu'il croit par les États-Unis.
00:14:09 Malheureusement, vous verrez que les vrais faucons vont être en Europe,
00:14:13 qui vont vouloir continuer jusqu'au bout.
00:14:15 Et je me demande quand ça s'arrêtera.
00:14:17 – Alors justement Thierry Mariani, revenons sur la question ukrainienne
00:14:20 et particulièrement la question militaire.
00:14:22 On l'a dit, aujourd'hui l'Ukraine manque d'hommes,
00:14:24 manque de munitions, manque d'armes.
00:14:26 Et on arrive dans une période très complexe, à savoir celle de l'hiver
00:14:30 qui sur le terrain militaire peut engendrer encore bien pire.
00:14:33 Je vous propose d'écouter le spécialiste et journaliste Sylvain Ferreira.
00:14:37 – Aujourd'hui, les Ukrainiens ne craignent finalement pas simplement
00:14:42 que les problèmes d'effondrement immédiat du front
00:14:45 ou les problèmes de règlement de compte à la tête de leur pays.
00:14:49 Il semble depuis quelques jours, sur les réseaux Télégramme ukrainien notamment,
00:14:54 qu'on craigne une frappe majeure de la part des forces russes
00:14:58 sur l'ensemble des infrastructures énergétiques du pays.
00:15:02 Dans la continuité pourrait-on dire de celle qui avait été menée à l'automne l'année dernière,
00:15:08 mais de manière encore plus puissante et surtout de manière à,
00:15:13 comme on dit, éteindre l'Ukraine énergétiquement parlant,
00:15:17 c'est-à-dire en détruisant tout son réseau électrique
00:15:20 avec d'une part une visée militaire immédiate très claire,
00:15:24 c'est-à-dire la paralysie de l'ensemble du système ferroviaire
00:15:28 pour éviter que les Ukrainiens puissent redéployer les réserves
00:15:32 dont ils disposeraient encore de part et d'autre du front face aux offensives russes
00:15:37 et puis de l'autre côté plonger le pays dans le noir au niveau des grandes villes
00:15:42 de telle sorte à ce que la population soit encore plus remontée
00:15:45 contre Zelensky et son gouvernement.
00:15:47 [Musique]
00:15:53 – Est-ce que vous vous souscrivez à cette analyse qui finalement laisse attendre
00:15:58 une offensive plus importante de la Russie,
00:16:00 notamment sur les infrastructures énergétiques,
00:16:02 qui auraient pour conséquence de frapper aussi la population ukrainienne ?
00:16:05 – Je ne suis pas un spécialiste militaire, mais ça fait partie des possibilités, bien sûr.
00:16:08 Je veux dire, on est dans une guerre où on voit très bien
00:16:10 que la guerre n'est pas que sur le front.
00:16:14 Quand par exemple le gazoduc Nord Stream est saboté,
00:16:18 et aujourd'hui sans méchanceté même les Américains reconnaissent
00:16:21 que ça a été très probablement fait par les services ukrainiens.
00:16:25 – Les services ukrainiens tout seuls ?
00:16:27 – Les services ukrainiens qui ont certainement été aidés,
00:16:30 en particulier je pense par nos amis britanniques,
00:16:33 parce qu'en général les britanniques sont quand même presque plus en avant encore
00:16:38 que les américains dans cette guerre.
00:16:41 On est sur une guerre totale et donc le sabotage des infrastructures,
00:16:46 le sabotage des moyens pour chauffer, pour transporter un pays,
00:16:54 c'est quelque chose qui est tout à fait prévisible et qui de tout temps s'est fait.
00:16:59 Il est temps que cette guerre finisse, parce que c'est quand même
00:17:05 des milliers d'hommes qui meurent à 2h, 3h d'avion de chez nous.
00:17:10 Et ce que je regrette c'est qu'à part Marine Le Pen,
00:17:13 la majeure partie des dirigeants européens,
00:17:18 Victor Orban d'ailleurs fait partie aussi de ceux-là,
00:17:21 souhaitent que cette guerre continue.
00:17:24 – Victor Orban d'ailleurs à ce sujet, pardonnez-moi,
00:17:27 mais qui résiste aux sanctions imposées par l'Union européenne,
00:17:32 notamment sur la partie énergétique, ce que la France ne fait pas.
00:17:34 – J'étais le week-end dernier en Hongrie pour rencontrer un certain nombre de responsables.
00:17:39 Vous avez raison, Victor Orban continue à avoir 80% de son gaz
00:17:42 qui vient de Russie, par Russie.
00:17:44 – C'est très intéressant parce que ça veut dire qu'on peut continuer
00:17:47 à être dans l'Union européenne et finalement dire à Ursula von der Leyen,
00:17:50 "bon voilà, c'est moi".
00:17:52 – Ça veut dire que quand il y a des dirigeants qui ont du courage,
00:17:57 ils peuvent dire tout simplement "moi je défends mon État", voilà c'est tout.
00:18:01 Mais c'est pire que tout, vous connaissez la géographie.
00:18:06 Comment, parce que j'ai posé deux fois la question au ministre,
00:18:11 il m'a dit "oui bien sûr", comment la Hongrie peut-elle recevoir son gaz de la Russie ?
00:18:17 Regardez la géographie, les tuyaux ils passent par où ?
00:18:20 Par l'Ukraine. – Bah oui bien sûr.
00:18:22 – C'est-à-dire que, je leur dis, vous êtes en train de m'expliquer
00:18:25 que le gaz russe traverse l'Ukraine pour arriver en Hongrie.
00:18:31 La réponse c'est "oui", et je leur dis donc ça veut dire que l'Ukraine laisse passer
00:18:36 le gaz qui vient en Hongrie pour toucher les royalties.
00:18:40 Et la réponse est "oui", c'est-à-dire que business as usual, pendant la guerre,
00:18:45 l'Ukraine continue à laisser passer le gaz russe pour approvisionner la Hongrie,
00:18:50 ce qui lui permet de toucher de l'argent pour acheter des armes,
00:18:53 on est dans un monde de fous, c'est-à-dire qu'à la fois,
00:18:57 peut-être les gens ne vont pas avoir de chauffage chez eux à Kiev ou je ne sais où,
00:19:03 mais dans le même temps, Ukraine, Russie, Hongrie,
00:19:07 commerce, chacun prenant son bénéfice, etc., c'est quand même d'un cynisme total.
00:19:13 Mais pour revenir à la Hongrie, oui la Hongrie est un État,
00:19:17 Orban est un dirigeant vraiment maléfique,
00:19:21 puisque son principal souci c'est de défendre l'intérêt des Hongrois.
00:19:25 Et donc la Hongrie continue à acheter 80% de son gaz qui vient de Russie,
00:19:30 et le reste venant probablement d'Azerbaïdjan ou par le sud,
00:19:36 comme ils me l'ont expliqué, etc.
00:19:38 Donc ça veut dire par exemple qu'ils continuent aussi à l'avoir à un prix
00:19:42 qui n'est pas celui auquel on le paye aujourd'hui.
00:19:45 Vous savez, à de nombreuses reprises j'ai été dans le Moyen-Orient,
00:19:53 j'ai souvent dit que les Ukrainiens risquaient d'être les Kurdes de l'Europe.
00:19:56 C'est-à-dire que n'oubliez pas que dans la guerre contre Daesh,
00:19:59 les Américains, les Français ont participé, nos services spéciaux ont participé,
00:20:05 mais en première ligne, et les plus nombreux côté occidental, c'était les Kurdes.
00:20:11 Qui a fait les combats de rue à Raqqa, à Mossoul, etc. ?
00:20:16 C'était les Kurdes en première ligne.
00:20:17 C'est là où on a le plus de pertes.
00:20:19 Qui a été abandonné dès que tout ça a été fini ?
00:20:23 – Les Kurdes. – Les Kurdes, voilà.
00:20:24 Et souvenez-vous, comment il s'appelle celui qui a toujours la chemise blanche là ?
00:20:28 Ah, Bernard-Henri Lévy, notre camarade, qui fait des films sur les Kurdes,
00:20:34 lesquels il combattait, etc.
00:20:36 Il a vite tourné le dos, maintenant il fait des films tout aussi mauvais d'ailleurs en Ukraine.
00:20:40 Mais on les a laissés se faire massacrer par les Turcs, tout simplement,
00:20:44 parce qu'une fois qu'on s'en était servi, on les a abandonnés.
00:20:47 Et je crains que les Ukrainiens, qui sont des gens attachants, je veux dire,
00:20:52 subissent le même sort, c'est-à-dire qu'ils soient complètement abandonnés
00:20:55 dans quelques temps, parce qu'ils vont retrouver un pays détruit,
00:21:00 une économie ruinée, et ils vont se retrouver dans une situation d'échec
00:21:05 qui désormais est inéluctable.
00:21:07 Donc il serait temps que cette guerre finisse le plus rapidement possible
00:21:11 et qu'il y ait un cessez-le-feu le plus rapidement possible.
00:21:14 – Vous avez évoqué rapidement la possibilité que les États-Unis
00:21:18 se détournent de l'Ukraine dans un futur proche.
00:21:20 Quel rôle, selon vous, a joué l'Amérique depuis le début de ce conflit ?
00:21:29 – Je ne vais pas vous reprendre Brzezinski sur l'affaiblissement de la Russie, etc.
00:21:35 Il est évident que tout ce qui affaiblit la Russie est une bonne nouvelle
00:21:38 pour les États-Unis et malheureusement, je pense, une mauvaise nouvelle
00:21:42 pour la France et pour l'Europe, parce qu'on a des intérêts communs.
00:21:45 L'Union soviétique a disparu.
00:21:48 Aujourd'hui, on a au niveau européen un voisin qui sera toujours la Russie.
00:21:52 On ne peut pas déménager ses voisins en géographie.
00:21:55 Et donc, on a un pays qui a la chance mutuellement,
00:21:59 à la fois pour ce pays et pour nous, d'avoir de multiples ressources et matières premières.
00:22:05 On a réussi quand même, grâce à ce qui vient de se passer,
00:22:08 à faire en sorte désormais de les acheter bien plus loin, bien plus chers.
00:22:11 – Et bien plus polluantes.
00:22:13 – Bien plus polluantes, ce qui est en train de ruiner notre économie.
00:22:15 Je rappelle que la zone de l'Europe est celle qui a aujourd'hui la plus faible croissance,
00:22:20 l'Allemagne est en récession, parce que tout simplement,
00:22:25 désormais, notre énergie coûte bien plus cher qu'aux États-Unis.
00:22:30 Et le grand gagnant de cette guerre sera certainement, une fois de plus, les États-Unis,
00:22:36 parce que la Russie sortira affaiblie.
00:22:40 L'Europe sortira endettée et affaiblie, spécialement pour son industrie,
00:22:44 l'Allemagne commence à en peigner le prix par une industrie
00:22:47 qui n'est de moins en moins inconcurrentielle.
00:22:50 Et donc, une fois de plus, on est tombé dans le piège.
00:22:54 – Sur ce revirement américain, on sait que depuis l'ouverture du conflit
00:23:00 et la résurgence du conflit au Proche-Orient, depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre,
00:23:04 les États-Unis ont porté le regard davantage sur la question proche-orientale.
00:23:08 C'est d'ailleurs une des craintes de Volodymyr Zelensky.
00:23:10 Je vous propose de l'écouter très rapidement.
00:23:12 – La guerre au Moyen-Orient, ce conflit, détourne l'attention.
00:23:23 Je pense que c'est l'un des objectifs de la Fédération de Russie.
00:23:27 Elle a compris que l'attention se porterait moins sur l'Ukraine.
00:23:37 [Générique]
00:23:43 – C'est encore la faute de la Russie, vous l'avez vu.
00:23:45 – C'est toujours la faute de la Russie.
00:23:47 D'ailleurs, je trouve que s'il fait froid un peu dans studio,
00:23:49 c'est aussi la faute de la Russie, vous devriez le dire.
00:23:51 Non mais, plus sérieusement, je pense que si l'attention des Occidentaux
00:23:56 baisse sur l'Ukraine, c'est surtout parce qu'ils ont compris
00:23:59 qu'il n'y a aucun danger et que ce n'est pas notre guerre.
00:24:01 C'est ce que je dis depuis le début, je ne vais pas changer d'opinion,
00:24:03 ce n'est pas notre guerre.
00:24:05 C'est en réalité, pour moi, si vous le permettez,
00:24:07 c'est une sorte de guerre de décolonisation.
00:24:09 Qu'est-ce que je veux dire par là ? Je sais que ça surprend toujours,
00:24:11 mais l'URSS c'était quoi ?
00:24:13 C'était l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques.
00:24:15 C'était 15 républiques socialistes soviétiques.
00:24:17 Ou comme quand la France, la Grande-Bretagne et d'autres
00:24:21 ont colonisé l'Afrique, on a dessiné des limites administratives
00:24:25 qui ne correspondaient pas au peuple, qui ne correspondaient pas aux réalités, etc.
00:24:29 Du jour au lendemain, quand l'Union Soviétique s'effondre,
00:24:31 15 États deviennent indépendants,
00:24:33 avec les frontières administratives de l'Union Soviétique.
00:24:37 Et forcément, il y avait des frontières qui ne correspondaient pas.
00:24:41 D'où, je vous le rappelle, quand même, une guerre dans le Caucase,
00:24:45 qui n'est toujours pas finie, ou qui a des résurgences fréquentes,
00:24:49 on l'a oublié, des guerres en Asie centrale,
00:24:51 une guerre en Moldavie, une guerre en Ukraine.
00:24:55 C'est-à-dire qu'en réalité, il y a peut-être des gens qui étaient russes
00:24:59 qui se sont retrouvés en Ukraine, il y a peut-être des gens
00:25:03 qui étaient en Moldavie et qui n'étaient pas vraiment moldaves,
00:25:05 il y a peut-être des tajiks, voilà.
00:25:07 Enfin, c'est pas peut-être, c'est la réalité.
00:25:09 Et donc, pour moi, c'est plus une guerre, excusez-moi,
00:25:12 issue de frontières administratives qui se sont transformées
00:25:17 en frontières internationales qui ne correspondaient pas à grand-chose,
00:25:20 et pas du tout, qui peut croire, une seconde, aujourd'hui, sincèrement,
00:25:24 que les chars russes, je ne parle même pas de la Bretagne,
00:25:26 mais peuvent arriver jusqu'à Berlin.
00:25:28 Il faut être sérieux.
00:25:29 Or, on a vendu aux Occidentaux, aux populations,
00:25:32 pour défendre votre liberté, votre démocratie, vous devez aider l'Ukraine.
00:25:36 Non, c'est une guerre qui a commencé, vous le savez, comme moi, en 2014,
00:25:41 qu'on a laissée à basse intensité, ou je ne sais pas comment on dit maintenant,
00:25:46 voilà, qu'on a laissé malheureusement pas dormir,
00:25:50 parce qu'il y avait des milliers de morts, enfin, il y a eu 15 000 morts,
00:25:52 des deux côtés d'ailleurs, et puis qui, un jour ou l'autre, a ressurgi,
00:25:57 c'est ce qui s'est passé d'ailleurs, ou dans le Caucase,
00:25:59 c'est ce qui se passe en Israël aussi, et une fois de plus,
00:26:03 on voit que quand on laisse des situations internationales non réglées,
00:26:07 elles finissent toujours par dégénérer.
00:26:09 – Alors justement, avant de passer à la situation internationale
00:26:12 qui concerne le Proche-Orient, une dernière question,
00:26:14 peut-être sur la question ukrainienne,
00:26:16 avec l'expérience que vous avez de cette partie du monde,
00:26:20 quel regard portez-vous sur l'avenir de Volodymyr Zelensky,
00:26:23 au vu de son refus de faire des élections, au vu du lâchage, j'allais dire, américain ?
00:26:28 – Aujourd'hui, c'est l'empêcheur de finir en rond, voilà.
00:26:32 Je pense que beaucoup de gens rêvent qu'il disparaisse,
00:26:35 je ne vais pas parler physiquement, attention,
00:26:37 mais je veux dire, aujourd'hui, Zelensky est obligé d'aller jusqu'au bout,
00:26:41 c'est-à-dire aucune négociation, rien, c'est quand même symptomatique
00:26:46 de supprimer les élections présidentielles et législatives,
00:26:51 alors vous allez me dire "le pays est en guerre",
00:26:52 moi je me souviens, par exemple, avant d'être ministre,
00:26:54 j'étais représentant spécial en Afghanistan,
00:26:56 on a exigé des Afghans qui fassent des élections en pleine guerre,
00:26:59 on a exigé des Irakiens qui fassent des élections en pleine guerre,
00:27:02 et on a expliqué que les élections étaient valables.
00:27:04 Je serais curieux de savoir aujourd'hui ce que pensent les Ukrainiens,
00:27:07 est-ce qu'ils veulent vraiment continuer la guerre à tout prix ?
00:27:10 Est-ce que les habitants de Lviv ou de Kiev ont envie de mourir
00:27:15 pour Kramatorsk ou le Donbass ?
00:27:18 Voilà, et donc aujourd'hui on a un chef d'État qui a été élu légitimement,
00:27:25 qui se maintient en repoussant les élections,
00:27:28 et qui est dans une position qui est totalement aujourd'hui,
00:27:34 j'allais dire bloquée, or à un moment il faudra bien discuter de la paix,
00:27:39 et soyons sérieux, les discours qui consistent à dire
00:27:41 "je vais reprendre l'Ukraine", "on va repousser la Russie", etc.
00:27:46 ne tiennent pas la route, parce qu'à un moment,
00:27:48 il y a les réalités géopolitiques qui font que,
00:27:52 excusez-moi, la Russie est quand même un grand pays,
00:27:54 l'Ukraine est un pays aujourd'hui qui a une population bien plus faible,
00:27:59 qui a moins de moyens, et on arrive à ce que les sanctions
00:28:03 qui devaient ruiner l'économie russe, ce n'est pas vraiment le cas,
00:28:07 ça nous appauvrit au contraire dans les pays occidentaux,
00:28:10 ça appauvrit aussi un peu les Russes, il ne faut pas se le cacher,
00:28:13 mais le résultat c'est qu'aujourd'hui quand même,
00:28:15 la Russie toute seule fabrique plus de munitions
00:28:18 que tous les pays occidentaux et les États-Unis.
00:28:20 Et donc, toutes les conneries qu'on a pu entendre à un moment,
00:28:24 je me souviens de la guerre où les Russes volaient les machines
00:28:27 à laver pour piquer des circuits, ou, qu'est-ce que j'avais entendu encore
00:28:31 sur NCI, que les soldats à back-moot montaient à l'assaut
00:28:35 avec des pelles parce qu'ils n'avaient pas d'armes,
00:28:37 franchement, mais ça n'empêche pas d'ailleurs l'inéfable
00:28:41 général Yakovlev d'être toujours là pour nous expliquer…
00:28:44 – Il a un peu viré sa cutie.
00:28:45 – Il a expliqué aujourd'hui que c'est parce que les Ukrainiens
00:28:47 n'ont pas suivi les conseils des Occidentaux qu'ils ont perdu,
00:28:50 parce que forcément, à la sortie, ça va être eux, malheureusement,
00:28:53 qui vont à la fois payer le prix de cette guerre et être lâchés,
00:28:56 je le répète, par tous ceux qui les ont poussés.
00:28:59 Voilà, non, je pense qu'aujourd'hui, il est temps, je le répète,
00:29:03 d'en finir, parce que l'Ukraine a le droit d'exister,
00:29:07 la Russie a le droit d'avoir des frontières stables,
00:29:11 et il est temps, surtout dans cette région, d'avoir un traité
00:29:15 qui garantisse la sécurité des uns et des autres.
00:29:18 L'Ukraine doit avoir sa sécurité garantie,
00:29:21 mais rentrer dans l'OTAN, ce n'est pas le meilleur moyen,
00:29:24 et rentrer dans l'Union européenne, je ne suis pas persuadé non plus
00:29:27 que ce soit la solution.
00:29:29 – Aujourd'hui, on parle de négociations qui ont commencé
00:29:32 à très bas bruit entre Moscou et Washington,
00:29:34 l'Ukraine semble exclue de ces négociations de paix,
00:29:36 qu'est-ce que vous en pensez ?
00:29:38 – C'est l'illustration qu'aujourd'hui, à Washington,
00:29:41 comme certains à Bruxelles, se demandent
00:29:43 qu'est-ce qu'on fait avec Zelensky ?
00:29:45 Voilà, quand vous avez quelqu'un qui a comme seule politique
00:29:50 "je veux me battre jusqu'au dernier Ukrainien",
00:29:53 il y a un moment où d'abord, peut-être qu'il faut demander
00:29:57 la vie à son peuple, ce qui lui refuse désormais
00:30:01 en repoussant les élections, et deuxièmement,
00:30:04 les "sponsors" de cette guerre ont commencé à trouver
00:30:08 qu'elles finissent, qu'elles coûtent cher,
00:30:11 et donc c'est aujourd'hui, je ne serais pas surpris
00:30:14 qu'il y ait une révolution de palais en Ukraine,
00:30:18 ou qu'il y ait un accident, une fois de plus,
00:30:21 on accusera la Russie d'ailleurs, mais aujourd'hui,
00:30:23 ce n'est peut-être pas la Russie qui a intérêt
00:30:26 à ce que M. Zelensky ne soit plus le numéro 1 en Ukraine.
00:30:31 – Alors partons à présent Thierry Mariani au Proche-Orient,
00:30:34 quel regard portez-vous sur ce qui se passe dans cette région
00:30:37 depuis l'attaque du Hamas sur Israël le 7 avril
00:30:40 et depuis la riposte israélienne ?
00:30:43 – Il faut être très clair, effectivement, d'abord l'attaque du Hamas
00:30:48 est odieuse, quand on voit certaines images,
00:30:52 je ne fais pas partie de ceux qui ont vu le fameux film,
00:30:55 puisque jusqu'à présent, il n'a pas été projeté au niveau européen,
00:30:58 j'irai le voir si jamais il est projeté,
00:31:01 mais malheureusement, ce que j'en entends de tous bords,
00:31:03 les images sont horribles et personne, personne ne peut accepter
00:31:06 un tel acte terroriste à un tel niveau,
00:31:11 c'est un massacre qu'on ne peut pas admettre.
00:31:14 Après la question à se poser est, pourquoi un tel massacre ?
00:31:18 Je répète quand même, Perclien peut le justifier,
00:31:20 qu'il n'y ait pas d'ambiguïté dans mes propos.
00:31:22 Moi je fais partie de ceux qui croient que le Hamas
00:31:25 a voulu sciemment commettre des actes odieux
00:31:29 pour qu'il y ait une réponse extrêmement dure.
00:31:32 – Au détriment des Palestiniens, lui.
00:31:35 – Au détriment des Palestiniens, pourquoi ?
00:31:37 Je vais vous citer une anecdote, juste après cette attaque terroriste
00:31:41 du Hamas sur Israël, j'étais avec un de mes collègues députés
00:31:45 entre la gare de Bruxelles midi et le Parlement européen,
00:31:50 et il m'a dit, ah j'ai été surpris quand même,
00:31:53 parce que je croyais que tout était réglé avec les accords d'Abraham.
00:31:57 Et je trouve cette réaction symptomatique,
00:32:00 c'est quelqu'un qui a beaucoup de compétences,
00:32:01 mais qui n'est pas spécialisé en affaires internationales.
00:32:04 – On espère.
00:32:05 – Ça veut dire quoi ?
00:32:06 Ça veut dire que petit à petit, il s'était installé dans l'idée des gens
00:32:10 que les États arabes signant des accords avec Israël,
00:32:15 grâce à ces fameux accords d'Abraham, etc.,
00:32:19 qui irriguaient la région, finalement tout allait bien.
00:32:22 Sauf qu'on oubliait un peuple dans une enclave,
00:32:28 et au nom des intérêts de l'Arabie saoudite,
00:32:31 de tous les États du Golfe,
00:32:33 de tous ceux qui ont signé des accords avec Israël,
00:32:36 ils étaient les oubliés, et puis mettait le couvercle
00:32:40 sur la cocotte minute et laissait-nous commercer en paix.
00:32:44 Je pense qu'à la sortie de cette guerre,
00:32:47 la victoire militaire écrasante sera Israël.
00:32:50 – Bien sûr.
00:32:52 – Mais est-ce que la victoire politique,
00:32:55 compte tenu de la réponse d'Israël, ne sera pas…
00:33:00 je n'ose pas dire au Hamas, mais le Hamas sera réussi
00:33:04 à réinstaller le problème palestinien dans l'agenda ?
00:33:09 Je pense que les consignes qui avaient été données par le Hamas
00:33:12 au moment de cette attaque étaient, je le répète, totalement inhumaines,
00:33:15 c'était faire le plus de massacres possibles
00:33:19 pour justement avoir une réaction extrêmement dure
00:33:22 de la part du gouvernement de Netanyahou.
00:33:24 Ils n'ont pas été déçus malheureusement,
00:33:26 puisque le gouvernement de Netanyahou réagit de manière légitime,
00:33:31 je le répète, pour moi c'est une réponse légitime,
00:33:34 parce que si la France était attaquée d'une telle manière,
00:33:36 on aurait le droit de répondre, mais avec une brutalité extrême,
00:33:38 et puis surtout, on n'est pas dans une guerre conventionnelle
00:33:41 avec deux armées qui se font face à face,
00:33:43 mais en réalité dans une armée qui est inclue
00:33:47 au milieu d'une population, et donc forcément,
00:33:50 les victimes civiles sont extrêmement nombreuses.
00:33:53 Et donc forcément, l'émotion publique,
00:33:56 notamment dans les pays arabes, est extrêmement nombreuse,
00:33:59 et tous ceux qui pensaient dans ces gouvernements de pays arabes
00:34:02 que finalement on allait pouvoir normaliser les relations avec Israël,
00:34:06 se retrouvent à nouveau confrontés, j'allais dire,
00:34:09 presque à la situation de 30 ans en arrière,
00:34:12 où les opinions publiques arabes disent "et nos frères palestiniens".
00:34:16 Et donc aujourd'hui, là aussi, il est temps que les choses
00:34:19 s'arrêtent le plus vite possible.
00:34:21 – Mais il y a toujours des otages ?
00:34:24 – Il y a toujours des otages.
00:34:26 – Y compris français d'ailleurs.
00:34:28 – Y compris français, la France a eu aussi de nombreuses victimes,
00:34:31 puisque je crois qu'on est le deuxième pays pour les victimes nationales,
00:34:37 mais la question, là aussi, c'est presque un peu le parallèle
00:34:42 avec l'Ukraine, c'est "il est temps d'avoir un accord global
00:34:46 pour que tout ça finisse, et qu'on n'ait pas la troisième,
00:34:49 la quatrième, la cinquième guerre dans 10 ou 15 ans".
00:34:52 Or cela ne peut finir que par une solution à deux États,
00:34:55 c'était les accords d'Oslo, c'était des accords qui ont été vite oubliés,
00:34:59 parce qu'on a cru que petit à petit, effectivement,
00:35:05 cette population palestinienne resterait dans son enclave,
00:35:09 que ce soit dans ses enclaves, que ce soit à Cisjordanie ou à Gaza.
00:35:13 Et donc aujourd'hui, une fois que ces combats seront terminés,
00:35:18 il est temps, dans l'intérêt d'Israël,
00:35:21 qu'on ait enfin une paix définitive avec une solution à deux États,
00:35:26 mais ça nécessite des concessions de tous les partis.
00:35:31 Je ne vois pas comment on peut continuer cette politique,
00:35:34 par exemple de colonisation, et dans le même temps dire
00:35:37 que je suis prêt à faire une politique à deux États.
00:35:40 Et donc c'est un drame prévisible, parce que ce qu'on vit,
00:35:45 parce que malheureusement la population palestinienne,
00:35:48 je le répète, était oubliée,
00:35:50 ça n'excuse pas la violence du massacre qui a été fait par le Hamas,
00:35:57 qui reste un groupe terroriste islamique.
00:35:59 – Je vous propose d'écouter très rapidement un homme
00:36:02 qui livre un discours qui ressemble un peu au vôtre d'ailleurs,
00:36:05 mais qui est un peu dissonant dans les grands médias,
00:36:07 c'est celui de Dominique de Villepin.
00:36:09 – Vous diriez que la réponse d'Israël à l'attaque du 7 octobre est devenue…
00:36:12 – … ni ciblée, ni proportionnée.
00:36:14 Nous sommes essentiellement aujourd'hui,
00:36:16 de la part du gouvernement Netanyahou, dans une politique de vengeance.
00:36:19 Israël a droit à sa légitime défense, mais une légitime défense,
00:36:23 ce n'est pas un droit indiscriminé à tuer des populations civiles.
00:36:27 [Générique]
00:36:33 – Vous avez longtemps été au RPR, vous avez bien connu Chirac,
00:36:36 Dominique de Villepin était son Premier ministre,
00:36:38 est-ce que vous vous inscrivez aussi dans cette logique finalement
00:36:40 de la politique arabe de la France qu'elle avait naguère ?
00:36:43 Parce qu'aujourd'hui on peut dire qu'elle est un peu aux abonnés absents.
00:36:46 – Oui, je veux dire aujourd'hui on soutient Israël,
00:36:48 et je le répète une fois de plus, c'est tout à fait normal,
00:36:50 mais il ne faut pas oublier quand même qu'on a aussi intérêt
00:36:53 à garder cette politique arabe.
00:36:55 Après quand Dominique de Villepin dit la riposte est ni ciblée, ni proportionnée,
00:37:00 c'est une évidence et ça ne peut pas être autrement.
00:37:05 Comment vous voulez, je le répète, cibler précisément un groupe terroriste
00:37:11 qui est noyé dans la population, qui combat uniquement dans les villes.
00:37:16 Donc malheureusement, il est évident que les dégâts dans la population civile,
00:37:23 je déteste l'expression les dégâts collatéraux,
00:37:25 on a l'impression que les gens sont des objets,
00:37:29 que les dégâts, les victimes civiles sont inévitables.
00:37:33 Après il est évident que la France doit retrouver une politique arabe,
00:37:36 mais une politique lisible.
00:37:37 Aujourd'hui le drame avec Macron c'est qu'on ne sait plus où on est.
00:37:39 Je veux dire franchement, j'écoutais hier France Info qui disait
00:37:43 que même les députés de la Macronie commençaient à n'avoir assez des zigzags
00:37:48 du président de la République qui un jour condamne, un jour excuse, un jour partage.
00:37:55 Enfin on ne sait plus où on en est avec la politicisation française
00:37:58 qui est devenue totalement illisible.
00:37:59 C'est-à-dire que dans la plupart des pays arabes,
00:38:01 je pense qu'on a compris qu'il n'y a plus de position française.
00:38:04 Parce qu'entre notre alignement sur les États-Unis et la politique européenne
00:38:09 qui est elle aussi illisible, pour les pays arabes,
00:38:14 ils ont compris que le seul interlocuteur visiblement désormais ce sont les États-Unis.
00:38:18 C'est aussi un échec de l'Union Européenne.
00:38:20 L'Union Européenne, je vous le rappelle, que ce soit l'ONU, vote en ordre dispersé,
00:38:23 et la quasi-totalité, enfin les 27 pays de l'Union Européenne
00:38:28 ont des choix très différents dans ce conflit.
00:38:31 Mais la tradition de la France, que vous rappelez, savoir avoir une politique arabe,
00:38:36 c'est le soutien indéfectible à l'existence d'Israël,
00:38:39 mais aussi le droit pour les pays arabes d'exister,
00:38:42 le droit pour les palestiniens à terme d'avoir un État.
00:38:45 Et ça ne doit pas rester une formule.
00:38:47 Parce que trop souvent, on se contente de formules.
00:38:49 Ça fait des années qu'on dit "il faut une solution à deux États".
00:38:52 Puis une fois qu'on a dit ça, basta, on passe à autre chose.
00:38:55 Or le problème, c'est à l'issue de ces combats, à l'issue de ces victimes,
00:38:59 qu'il y ait vraiment une solution qui soit recherchée en urgence.
00:39:02 Et je le répète, ça oblige aussi à ce que Israël fasse des concessions,
00:39:05 que les palestiniens fassent des concessions,
00:39:07 parce que dans un accord de paix,
00:39:09 il faut à un moment que chacun ne fasse un pas vers l'autre.
00:39:13 – Beaucoup disent qu'Emmanuel Macron a une politique illisible sur cette question
00:39:17 parce qu'il a peur de la fameuse rue arabe, nous dit-on.
00:39:20 Beaucoup parlent aussi finalement d'une forme d'importation
00:39:25 du conflit israélo-palestinien en France.
00:39:28 Et il le calque souvent avec la question du choc des civilisations.
00:39:31 Est-ce que c'est votre point de vue aussi ?
00:39:33 Est-ce que c'est à cela que nous sommes confrontés ?
00:39:36 – Je ne sais pas tellement… – Dans cette question précise.
00:39:39 – C'est aussi la théorie d'Éric Zemmour, le choc des civilisations, etc.
00:39:42 Oui, il y a un choc entre deux conceptions.
00:39:45 Mais pour moi, on ne peut pas se résoudre à cette analyse.
00:39:48 Parce que le choc des civilisations en France, ça veut dire quoi ?
00:39:50 Ça veut dire qu'on est condamné à se fracasser entre nous.
00:39:53 On est condamné quasiment à une guerre civile.
00:39:56 La population française aujourd'hui a une de ses composantes
00:40:01 qui est d'origine maghrébine, d'origine africaine,
00:40:06 bref, qui est, on le sait, désormais de culture différente
00:40:10 que la culture judéo-chrétienne historique de la France.
00:40:14 C'est comme ça. On peut le regretter.
00:40:16 On peut dire qu'on a fait une faute.
00:40:18 Mais on a désormais cette population. Il faut vivre ensemble.
00:40:22 Le problème, ce n'est pas de dire on va faire le choc des civilisations.
00:40:26 C'est quoi ? On va se fracasser dans la rue et s'entretuer demain ?
00:40:29 – Oui, mais on ne peut pas non plus… Pardon, mais c'est un peu comme
00:40:32 il faut une solution à deux États et puis bon, débrouillez-vous.
00:40:35 Il faut vivre ensemble, bon, débrouillez-vous.
00:40:37 – C'est pour ça qu'il faut une politique équilibrée de la France.
00:40:42 Un soutien à Israël qui est inconditionnel.
00:40:44 Mais aussi, on doit prendre en compte les préoccupations des États de cette région.
00:40:49 Les préoccupations de la minorité… enfin la minorité.
00:40:53 Les préoccupations, pardon, de la population palestinienne
00:40:56 qui aujourd'hui est sans État.
00:40:57 Et c'est pour ça que si on veut vivre ensemble en France,
00:41:02 on a intérêt à ce qu'il y ait une paix durable au Moyen-Orient.
00:41:05 – Israël a invité l'Union européenne à prendre une partie des Palestiniens
00:41:09 dans ses pays, comme d'autres clandestins.
00:41:12 Ça vous a amusé ?
00:41:13 – Oui, c'est toujours… vous savez, il y avait un jeu de cartes
00:41:16 dans ma génération qui s'appelait le "misty-gris".
00:41:18 C'est chacun se filer la mauvaise carte.
00:41:22 Là, je ne compare pas une population à une mauvaise carte,
00:41:24 mais je dis simplement que je pense d'abord qu'on prend déjà notre part du fardeau.
00:41:29 La question, c'est que les Palestiniens aient une part de…
00:41:33 et leur territoire, c'est tout.
00:41:34 Voilà, c'est ça quand même l'objectif.
00:41:36 Et pas uniquement des territoires où ils sont sur surveillance.
00:41:40 Qu'est-ce qui va se passer après cette opération militaire à Gaza ?
00:41:46 Est-ce qu'Israël va rester ?
00:41:47 Ce serait du suicide.
00:41:49 Qui va administrer cette zone ?
00:41:51 On ne peut pas la laisser au Hamas, c'est évident.
00:41:53 On ne peut pas la laisser à l'autorité palestinienne
00:41:55 qui est totalement décrédibilisée.
00:41:57 – Est-ce que c'est réaliste, pardon, de croire en une solution militaire ?
00:42:01 C'est-à-dire que est-ce que vous pensez…
00:42:03 – Un militaire, non.
00:42:04 – Est-ce que l'opération aujourd'hui qui est conduite par Israël
00:42:07 dans le territoire palestinien,
00:42:09 il peut aboutir à l'élimination, stricto sensu, du Hamas ?
00:42:13 – Bien sûr que non.
00:42:14 Bien sûr que non.
00:42:15 Je veux dire, un combattant du Hamas, ça ressemble à un Palestinien.
00:42:20 C'est un Palestinien qui peut se dissoudre dans la population civile, etc.
00:42:24 – Mais il y a quand même une partie du Hamas qui n'est pas vraiment en Palestine.
00:42:27 – Et il y a une partie du Hamas, vous l'avez dit,
00:42:28 qui n'est pas vraiment en Palestine.
00:42:29 Non, non, c'est pour ça que je dis, il y aura une victoire, certes, militaire,
00:42:34 mais je pense qu'Israël va se retrouver quand même devant des choix diplomatiques à faire.
00:42:40 Et d'autre part, l'opinion publique arabe a repris conscience
00:42:44 qu'une partie du problème n'est toujours pas réglée.
00:42:48 Et donc, il n'y a pas de solution, il ne peut pas avoir de solution militaire
00:42:52 parce que, d'abord, cette population palestinienne, elle va aller où ?
00:42:56 Aujourd'hui, elle est dans le sud de Gaza.
00:42:59 À un moment, certains voulaient qu'elle aille en Égypte,
00:43:02 mais l'Égypte a dit très clairement qu'elle ne voulait pas l'accueillir.
00:43:05 Et on peut aussi les comprendre, parce qu'on sait très bien,
00:43:08 dans cette région, la Jordanie ou le Liban en ont fait l'expérience,
00:43:12 que quand on accueille des milliers de réfugiés temporairement,
00:43:14 ça dure par moment 50 ans ou 60 ans.
00:43:17 Donc, non, non, la seule solution ne peut être que politique
00:43:21 ou sinon on est condamné tous les 20 ou 30 ans à avoir ce genre de drame.
00:43:26 Et donc, moi j'attends de l'Union européenne et de la France en première ligne
00:43:30 qu'elles prennent vraiment des initiatives avec les États-Unis
00:43:33 qui sont, sur ce conflit, le seul partenaire qui peut amener Israël
00:43:38 à avoir une position, j'allais dire, raisonnable
00:43:44 pour faire en sorte que ce conflit soit réglé définitivement.
00:43:47 Ce ne sera pas réglé définitivement tant qu'il n'y aura pas deux États.
00:43:50 – On parle également assez peu du risque d'embrasement.
00:43:52 Pour autant, des tirs sont régulièrement échangés
00:43:55 entre le Hezbollah libanais et Israël.
00:43:58 Comment voyez-vous cela ?
00:44:00 Est-ce que vous qui connaissez quand même cette région,
00:44:02 vous avez l'impression que là aussi c'est une zone très chaude ?
00:44:05 – On a l'impression qu'aujourd'hui quand même le Hezbollah
00:44:08 qui suit fortement l'Iran n'a pas envie que ça dégénère.
00:44:14 Mais c'est vrai, vous avez raison, on a la frontière libanaise
00:44:17 où il y a une guerre à basse intensité,
00:44:21 il y a des échanges de missiles mais ça reste…
00:44:24 C'est toujours assez cynique de dire ça.
00:44:26 – C'est quand même pas hyper cordial le concept.
00:44:28 – Non, non, c'est absolument pas cordial mais c'est un peu,
00:44:30 pour reprendre le parallèle, la drôle de guerre
00:44:32 où Saqqa reste chez lui en voyant des tirs sur la partie adverse.
00:44:38 Et puis il y a une autre guerre qui, n'oubliez pas,
00:44:40 c'est qu'il y a quand même 2 millions d'Arabes qui vivent dans Israël.
00:44:43 2 millions d'Arabes qui vivent dans Israël.
00:44:45 Donc il y a presque 3 fronts en réalité.
00:44:49 Et je pense que pour Israël c'est aussi une vraie crainte
00:44:53 de voir cette population, qui a fait partie des victimes d'ailleurs du Hamas,
00:44:57 mais à un moment aussi se révolter.
00:44:59 Donc il est temps d'en finir très vite avant que tout ça dégénère.
00:45:04 – Alors dimanche dernier, des rassemblements étaient organisés
00:45:07 un peu dans toute la France et tout particulièrement à Paris,
00:45:10 des rassemblements contre l'antisémitisme.
00:45:12 Ils faisaient suite à des actes antisémites
00:45:15 révélés par le ministère de l'Intérieur en France.
00:45:18 Le président Macron ne s'est pas rendu à cette marche.
00:45:21 On lui a beaucoup reproché, d'ailleurs il a été interrogé à ce sujet
00:45:24 lorsqu'il était en Suisse, on l'écoute.
00:45:26 – Très sincèrement, tout le débat que nous avons eu
00:45:29 sur la présence du président de la République à une marche dimanche dernier
00:45:34 est un débat qui n'avait pas lieu d'être.
00:45:38 Si ma position sur l'antisémitisme avait pu être ambiguë une seule seconde,
00:45:42 je comprends qu'on ait pu me demander de la clarifier.
00:45:46 Elle ne l'a jamais été et j'ai toujours été implacable.
00:45:49 À deux reprises, j'ai combattu le Front national,
00:45:52 devenu rassemblement national, dont les gènes, l'origine,
00:45:56 précisément, vient aussi de là, avec une très grande clarté.
00:46:01 Et par la politique que j'ai conduite, les mots que j'ai toujours eus,
00:46:04 y compris le 11 novembre au soir, il n'y a aucune ambiguïté qui soit.
00:46:09 La place d'un président de la République n'est pas d'aller à une marche,
00:46:12 je le regrette.
00:46:13 Et les exemples qui ont été pris n'ont pas lieu d'être
00:46:15 la dernière fois qu'un de mes prédécesseurs a été à une marche.
00:46:17 C'était le lendemain d'un attentat, avec 2 millions de personnes
00:46:20 et plusieurs dizaines de chefs d'État et de gouvernement
00:46:22 qui étaient dans la rue en France.
00:46:24 Etait-ce le cas dimanche dernier ? Non.
00:46:27 La marche était d'une nature totalement différente,
00:46:29 je m'en suis félicité, j'en partage les attendus,
00:46:32 mais mon rôle n'est pas de faire une marche.
00:46:34 Mon rôle est de travailler pour aider à la libération de nos otages,
00:46:36 ce que j'ai fait en appelant les responsables politiques
00:46:39 qui m'aident à le faire en Israël et au Qatar.
00:46:41 Et mon rôle est de continuer à préserver, dans cette période,
00:46:43 l'unité du pays et de ne jamais renvoyer dos à dos les uns et les autres.
00:46:46 Et à cet égard, veillons, au moment où l'unanimisme
00:46:51 semble se faire dans la lutte contre l'antisémitisme,
00:46:54 à bien distinguer ces formes et à bien voir que, en France
00:46:58 et en République, protéger les Français de confession juive,
00:47:03 ça n'est pas mettre au pilori les Français de confession musulmane,
00:47:06 ce que j'ai trop entendu ces derniers jours et ces dernières semaines.
00:47:15 – Bon là, très clairement, les derniers propos qu'il tient,
00:47:17 c'est qu'il gère l'exportation du conflit en France.
00:47:20 – Oui, moi je pense que le Président de la République aurait dû y être.
00:47:23 Je le dis très clairement, dans d'autres marches,
00:47:25 certains de ses prédécesseurs y sont allés, parce que c'est un symbole.
00:47:28 Bon, après on ne va pas en polémiquer des heures, mais voilà,
00:47:31 moi ce que j'attends c'est aussi…
00:47:33 – Enfin, si je peux me permettre l'expression, ça ne fait pas avancer le ch'milblic.
00:47:35 – On est d'accord, mais ce qu'on attend d'un Président de la République,
00:47:38 c'est à la fois de l'action et des symboles.
00:47:39 Le symbole, il n'y était pas, je suis désolé.
00:47:41 L'action, pour le moment, effectivement, il passe des coups de fil, comme d'habitude,
00:47:44 mais pour le moment, il n'y a pas beaucoup de résultats.
00:47:46 Et en plus, je pense qu'il va en Israël, quelques jours après,
00:47:50 il fait une déclaration un peu contradictoire,
00:47:52 résultat, il se fait allumer par le gouvernement israélien,
00:47:55 et sur la position sur les pays arabes, là aussi c'est illisible.
00:47:59 Et je le répète, même les parlementaires d'En Marche
00:48:02 trouvent que cette position est illisible.
00:48:03 Voilà, le "en même temps" dans une guerre, ça n'existe pas.
00:48:06 Le "en même temps", il y a malheureusement des moments dans une guerre
00:48:09 où on doit choisir son camp, ou alors on doit être nulle part,
00:48:13 mais on ne peut pas être en même temps.
00:48:14 Or, c'est ce qu'il essaye de cultiver.
00:48:16 Après, comme d'habitude, on a la petite pique sur le Rassemblement national,
00:48:21 qui est totalement déplacé, je veux dire,
00:48:23 le Rassemblement national dont les origines sont porte-parole,
00:48:26 M. Véran, je rappelle quand même qu'il était avec, au Parti Socialiste,
00:48:30 où M. Mitterrand adorait converser avec M. Bousquet,
00:48:33 était décoré par la Francisque.
00:48:35 Mais si vous me permettez, ce genre de rappel est stupide des deux côtés.
00:48:39 Parce qu'aujourd'hui, c'est une autre génération, point final.
00:48:43 Moi, j'en ai marre qu'on me parle de ce qui s'est passé dans ce parti
00:48:47 ou dans un autre parti, il y a 60 ans ou 80 ans.
00:48:50 Aujourd'hui, les gens qui sont au Rassemblement national,
00:48:52 c'est des gens qui veulent que, tout simplement,
00:48:54 la France continue à exister, et qui ont une certaine idée de la France.
00:48:57 Et notamment, si on veut éviter cette importation sur notre territoire,
00:49:01 le meilleur moyen, c'est peut-être aussi de lutter contre l'immigration.
00:49:04 Voilà pourquoi sur notre territoire, on a aujourd'hui autant de tensions.
00:49:08 C'est parce qu'on a une immigration incontrôlée, c'est inévitable.
00:49:11 Pourquoi on a la croissance des actes antisémites ?
00:49:14 Disons la réalité, c'est pas parce qu'il y a des formations politiques
00:49:18 qui sont de tel bord ou de tel bord.
00:49:19 C'est parce que là aussi, on a importé une partie de population
00:49:23 qui ne partage pas nos valeurs et nos cultures.
00:49:27 C'est peut-être la leçon aussi à avoir,
00:49:30 si on veut maintenir une certaine cohésion nationale,
00:49:32 c'est de contrôler un peu mieux cette immigration.
00:49:34 – Alors justement, c'est très intéressant parce qu'on a vu que,
00:49:37 récemment, le gouvernement italien s'est fait élire, avec Giorgia Melloni,
00:49:40 particulièrement sur la lutte contre l'immigration.
00:49:42 Aujourd'hui, on peut dire que c'est plutôt pas du tout une réussite,
00:49:45 après près d'un an au pouvoir, c'est même tout le contraire.
00:49:48 À Lampedusa, des bateaux arrivent quotidiennement.
00:49:51 Comment regardez-vous cela ?
00:49:53 Parce que finalement, le Rassemblement national
00:49:55 siège au Parlement européen, en côté de Matteo Salvini,
00:49:57 qui est allié à Giorgia Melloni.
00:50:00 Finalement, ça ne marche pas non plus.
00:50:03 Qu'est-ce qui peut marcher ? Parce que Matteo Salvini, ça ne marche pas.
00:50:06 – La seule bonne politique qui a marché,
00:50:08 excusez-moi, c'est celle qu'ont fait les Australiens.
00:50:10 Alors les Australiens ont une géographie qui les arrange.
00:50:12 – Oui, c'est ce que j'allais dire.
00:50:13 – On est d'accord.
00:50:14 Mais qu'ont fait les Australiens ?
00:50:16 Ils ont tout simplement, à l'époque, c'était des bateaux
00:50:18 qui venaient des îles du sud d'Indonésie.
00:50:20 Et j'étais député de cette zone, pour les Français de l'étranger.
00:50:24 Qu'est-ce qu'il faut faire ?
00:50:26 La politique de l'Europe, c'est quoi aujourd'hui ?
00:50:28 C'est "on accueille tout le monde".
00:50:30 On sauve tout le monde et on accueille tout le monde.
00:50:32 La politique de l'Europe, ça doit être "on sauve tout le monde
00:50:34 et on ramène tout le monde".
00:50:36 – Là, c'est la politique inverse qu'on fait, puisqu'on va les chercher.
00:50:39 – On est bien d'accord.
00:50:40 C'est-à-dire que ces bateaux qui partent de Libye,
00:50:42 qui est un État failli aujourd'hui, il n'y a pas d'État en Libye,
00:50:45 ou qui partent de Tunisie, il faut, un, les ramener avec l'accord,
00:50:51 et ça, ça se négocie avec l'accord du gouvernement tunisien en Tunisie.
00:50:56 Et deux, il faut les ramener en Libye, je ne sais pas avec qui négocier,
00:51:01 parce qu'il n'y a plus d'État, donc raison de plus pour les ramener
00:51:04 au point de départ et le message passera.
00:51:08 Pourquoi il y a des pauvres gens qui traversent la Méditerranée
00:51:11 au péril de leur vie ?
00:51:12 Parce qu'ils savent qu'une fois qu'ils seront accueillis,
00:51:14 ils sont sur une île, un certain nombre de mes collègues y sont allés récemment,
00:51:19 moi j'y étais allé il y a plusieurs années,
00:51:21 mais quand vous mettez le pied sur l'Ampédouza,
00:51:23 comme l'île est toute petite, vous savez que quasiment immédiatement,
00:51:26 on vous amène en avion ailleurs sur une autre ville d'Italie.
00:51:29 Voilà.
00:51:30 Et ensuite, une fois que vous êtes en Italie,
00:51:32 vous pouvez passer en France ou ailleurs.
00:51:34 D'ailleurs, je vous rappelle que les Italiens ne sont pas dupes.
00:51:37 Il y a eu l'année dernière, de mémoire,
00:51:39 110 000 entrées de réfugiés par la Méditerranée en Italie.
00:51:45 Il y a eu 70 000 demandes d'asile politique en Italie.
00:51:49 Ce qui veut dire que, quels que soient les accords du Blanc et tout,
00:51:52 l'Italie est très souvent, pour ces réfugiés, un pays de transit.
00:51:55 La destination finale, c'est l'Allemagne, la France, des fois la Grande-Bretagne.
00:52:00 Et donc, la politique européenne doit avoir un message clair.
00:52:05 C'est d'abord…
00:52:07 Le problème, on doit à la fois être humain et ferme.
00:52:11 Mais on est d'abord humain et ensuite ferme.
00:52:13 On doit faire les deux à la fois,
00:52:15 mais en mettant la fermeté comme message clair.
00:52:17 On vous sauve, on vous ramène.
00:52:19 Parce que des gens qui sont en difficulté, on doit les sauver.
00:52:21 Mais on vous ramène au point de départ.
00:52:23 Et c'est le meilleur moyen pour que les gens ne fassent pas ces traversées.
00:52:28 Je vous rappelle que l'Union européenne avait avant,
00:52:30 comme directeur de Frontex, un Français, Christophe Légeri,
00:52:35 qui l'a été renvoyé sous la pression des ONG.
00:52:37 Et que quand vous avez…
00:52:39 On a auditionné récemment le nouveau directeur de Frontex.
00:52:44 Il a passé son temps à nous expliquer comment on accueillait les gens,
00:52:47 au lieu de nous expliquer comment de temps on protégeait nos frontières.
00:52:49 Cette Union européenne a dans son idéologie d'accepter ces migrations.
00:52:56 Il faut changer effectivement cette Union européenne de l'intérieur.
00:53:00 – Mais si je reviens à Mélanie, pardon,
00:53:02 mais finalement cet échec, du moins apparent, de l'immigration en Italie,
00:53:07 finalement vous expliquez que quelque part,
00:53:09 Mélanie n'a pas vraiment besoin de lutter contre
00:53:11 puisque les migrants ne restent pas en Italie, c'est ça ?
00:53:13 – Une partie ne reste pas en Italie et d'autre part…
00:53:15 – Donc c'est une question de volonté politique finalement,
00:53:17 ce n'est pas si dérangeant.
00:53:19 – Et d'autre part, moi je combatte,
00:53:21 il ne nous reste plus beaucoup de temps pour en parler,
00:53:23 sur la fameuse conception des ressources propres de l'Union européenne.
00:53:27 Pourquoi ? Excusez-moi de partir un peu loin,
00:53:29 mais vous allez comprendre, chacun peut comprendre.
00:53:31 – On a le temps, on est sur Youtube, c'est l'avantage.
00:53:33 – Qu'est-ce que c'est que les ressources propres ?
00:53:35 L'Union européenne a dit à l'occasion du Covid,
00:53:37 "je vais m'occuper de tout ça et puis je répartis après les vaccins".
00:53:41 Et c'est pareil pour les impôts, on est en train de nous expliquer
00:53:44 que l'Union européenne doit ramasser les ressources et après les redistribuer.
00:53:48 C'est ce qui s'est passé pour le fameux plan Covid.
00:53:50 Je vous rappelle que le plan Covid, on nous a dit,
00:53:52 "on va toucher 40 milliards de l'Union européenne".
00:53:54 – On en a donné quasiment.
00:53:56 – Oui, le rapport du Sénat français,
00:53:58 le Sénat français, ce ne sont pas des révolutionnaires,
00:54:00 le Sénat français a dit récemment, dans un rapport,
00:54:03 que ça allait nous coûter au minimum 70 milliards, au minimum.
00:54:06 Et comme les taux d'intérêt ont augmenté, ce sera probablement plutôt 80.
00:54:10 C'est-à-dire, c'est génial, à un moment où les taux d'intérêt
00:54:13 étaient quasiment à zéro, voire négatifs, la France a reçu,
00:54:18 je vais même me reprendre, la France a reçu 40 et va payer 80.
00:54:22 Mais quand je dis "a reçu" et je vais arriver à l'Italie,
00:54:25 on ne les a toujours pas reçus.
00:54:26 Parce qu'en réalité, l'Union européenne dit,
00:54:30 "vous me donnez l'argent et puis après je vous les rends,
00:54:34 mais à mes conditions".
00:54:36 C'est-à-dire que l'Union européenne dit,
00:54:38 "voilà, je vous rends si vous respectez telle chose,
00:54:40 telle chose, telle chose, telle chose".
00:54:42 Alors, quel a été le bénéficiaire, le premier bénéficiaire du plan Covid ?
00:54:45 L'Italie. L'Italie, qui je vous le rappelle de mémoire,
00:54:48 c'est 190 milliards, puisque l'Italie, vous en souvenez peut-être,
00:54:52 a été le pays le premier touché pour la vague de mort,
00:54:55 qui avait été impressionnante.
00:54:57 La France et les autres pays ont suivi, mais il y avait le choc émotionnel
00:55:01 et l'Italie, c'est un peu indélicat de dire ça,
00:55:05 mais l'Italie a profité de ce choc émotionnel,
00:55:07 enfin grâce à ce choc émotionnel, on ne profite pas,
00:55:11 a été le premier bénéficiaire de ce fameux plan Covid.
00:55:14 Or, quand Mme Melloni arrive au pouvoir,
00:55:17 que dit la presse italienne ?
00:55:19 Elle sera jugée sur sa facilité, sur sa capacité, pardon,
00:55:23 à récupérer plus de 100 milliards, je crois qu'à l'époque c'était 120 milliards,
00:55:27 qu'il restait à toucher de l'Europe.
00:55:29 Alors Mme Melloni, en réalité, est pied et poing lié,
00:55:34 parce que si elle ne remplit pas tous les souhaits de l'Union européenne,
00:55:39 elle perd 120 milliards.
00:55:41 Et c'est un peu le chantage qui menace la France et tous les pays européens.
00:55:45 C'est-à-dire que pour moi, il faut refuser catégoriquement
00:55:48 toutes ses ressources propres.
00:55:49 Pourquoi ? Parce que je n'aime pas vraiment le gouvernement actuel,
00:55:53 mais il est élu par les Français et il peut être renversé par les Français.
00:55:56 Et je préfère que les impôts des Français soient gérés
00:55:58 par le gouvernement actuel français qui le gère, voilà.
00:56:01 Et pas par une administration européenne
00:56:04 qui après fixe ses conditions et peut nous faire chanter.
00:56:07 Pendant des années, j'ai dit, l'Europe a essayé de faire rêver.
00:56:10 Aujourd'hui, l'Europe fait chanter.
00:56:12 C'est-à-dire, il sera difficile de dire aux prochaines élections,
00:56:14 l'Europe c'est la paix, l'Europe c'est la prospérité,
00:56:16 on sera la zone en récession et il y aura la guerre.
00:56:19 Par contre, l'Europe va nous dire, ah oui, mais si vous ne faites pas ça ou ça,
00:56:26 eh bien vous n'avez pas les dotations de l'Union européenne.
00:56:28 C'est ce qu'elle fait après la Pologne.
00:56:30 C'est ce qu'elle fait après la Hongrie.
00:56:32 C'est ce qu'elle aurait pu faire après l'Italie.
00:56:34 Or, certains sont déçus des choix de Mme Mélanie.
00:56:38 Oui, parce que forcément, elle est tenue par les finances de son pays
00:56:43 et elle est entre guillemets aussi sous le coup du chantage de la politique européenne.
00:56:49 J'observe quand même que notre allié, puisque Matteo Salvini était notre allié à l'époque,
00:56:54 avait décidé de fermer les ports en Italie.
00:56:57 Et ça avait eu un effet certain.
00:56:59 Aujourd'hui, il se retrouve devant la justice.
00:57:01 On est là aussi devant le deuxième piège.
00:57:05 C'est même pas un piège.
00:57:07 Devant la deuxième arme de tous ceux qui souhaitent que l'Europe soit une zone ouverte,
00:57:14 c'est désormais les procès permanents.
00:57:16 C'est-à-dire que Matteo Salvini se défend devant les magistrats italiens
00:57:20 parce qu'il est accusé d'avoir fermé les ports.
00:57:22 Il a eu le courage de le faire.
00:57:24 Mais peut-être que ces procès ont dissuadé Mme Mélanie de faire la même chose.
00:57:28 – Très rapidement Thierry Mariani, vous allez vous dire que je suis désagréable.
00:57:32 Vous avez parlé tout à l'heure de la Libye, un État failli.
00:57:34 Évidemment, nos téléspectateurs m'en voudraient beaucoup si je ne vous posais pas la question.
00:57:39 Comment vous pouvez aujourd'hui dire que vous voulez lutter contre l'immigration
00:57:43 alors que finalement vous avez été dans un gouvernement
00:57:45 qui a participé à la déstabilisation de ce pays ?
00:57:48 – Oui, je pense que c'est l'erreur principale de Nicolas Sarkozy.
00:57:53 Voilà, point final.
00:57:54 J'étais au gouvernement, j'étais ministre des Transports.
00:57:57 Ce que je regrette, vous savez, c'est qu'il n'y ait pas eu une commission de vérité.
00:58:00 En Grande-Bretagne, après la guerre en Irak,
00:58:03 il y a eu une commission pour savoir si Tony Blair avait bidonné les informations ou pas.
00:58:09 Et la Grande-Bretagne, qui reste quand même une démocratie exemplaire par moment,
00:58:16 a essayé de faire la vérité pour savoir s'il avait transmis des fausses informations,
00:58:20 s'il avait essayé de tromper les Britanniques
00:58:24 pour s'engager en Irak contre ces fameuses armes de destruction massive
00:58:29 qui n'avaient jamais existé.
00:58:30 C'est dommage qu'en France on n'ait pas fait cet exercice.
00:58:32 Moi j'avoue que j'aurais aimé savoir si le fameux massacre
00:58:38 qui a justifié à un moment l'intervention française en Libye,
00:58:46 c'était une vraie menace ou c'était une fausse menace fabriquée par qui ?
00:58:51 Voilà, dommage qu'on n'ait pas fait cette opération.
00:58:53 Oui j'étais membre du gouvernement de Nicolas Sarkozy,
00:58:55 je suis ministre des Transports,
00:58:56 je n'avais pas accès aux informations qui nous disaient si oui ou non
00:59:02 cette menace était réelle.
00:59:04 C'est malheureusement un peu la solidarité quand vous êtes dans un gouvernement.
00:59:08 Je regrette de ne pas avoir eu accès à ces informations,
00:59:10 mais dans le même temps c'est normal, elles sont de secret d'État.
00:59:12 Dommage que maintenant que tout ça est fini, il n'y ait pas eu,
00:59:15 c'est trop tard maintenant je pense, une commission de vérité pour établir
00:59:19 est-ce que c'était une fabrication vraiment de drame avec une partie des services,
00:59:26 il y a toujours BHL dans ce cas-là qui traînent et qui arrivent,
00:59:29 et une partie des politiques, ou est-ce que c'était une vraie erreur ou une vraie menace ?
00:59:35 Toute dernière question Thierry Mariani, on est à six mois des élections européennes,
00:59:40 vous siégez au Parlement européen pour le Rassemblement national depuis un mandat,
00:59:44 est-ce que vous souhaitez être sur la liste de Jordane Bardella
00:59:47 et "rempiler" comme on dit ?
00:59:49 – Alors d'abord je me félicite du choix que j'ai fait il y a cinq ans
00:59:53 de rejoindre le Rassemblement national.
00:59:55 – Vous n'avez pas la nostalgie d'Éric Ciotti ?
00:59:57 – Non, non franchement, aujourd'hui je pense que les LR me font pitié presque par moment,
01:00:03 ou plutôt ça me rappelle un peu l'UDF finissant, vous savez,
01:00:06 c'est-à-dire qu'il n'y a plus vraiment d'idéologie,
01:00:08 il n'y a plus vraiment de leader avec un charisme inexistant,
01:00:13 il y a une alliance d'élus locaux de qualité qui sont maires,
01:00:20 qui sont des présidents de départements ou de régions,
01:00:23 qui font leur job correctement, mais il n'y a plus de parti au sens national.
01:00:27 Et donc je me demande même si ce parti arrivera encore à avoir des députés européens.
01:00:33 Parce que le drame de ce parti c'est que j'attends de voir ce qu'ils vont faire.
01:00:36 Je vous rappelle quand même que Mme von der Leyen a été élue
01:00:39 avec le soutien des députés républicains au Parlement européen.
01:00:43 Ils sont au PPE, le Parti Populaire Européen, ils ont soutenu Mme von der Leyen,
01:00:47 donc je l'enguis de voir comment ces candidats vont m'expliquer aux prochaines élections
01:00:51 qui combattent la politique européenne, alors que c'est eux, eux,
01:00:55 qui ont voté pour cette commission-là,
01:00:57 qui ont choisi les dirigeants de la commission européenne.
01:01:00 Voilà, le Rassemblement National, je trouve, a fait les bons choix,
01:01:04 savoir par moments, eh bien savoir s'opposer,
01:01:08 mais aussi être constructif sur de nombreux dossiers.
01:01:11 Ce serait un peu long, on aura toute la campagne pour le développer.
01:01:14 Voilà, donc oui, et puis je rajoute que quand je me suis engagé dans cette campagne,
01:01:18 Marine Le Pen m'a dit "tu seras 3ème ou 5ème" à l'époque,
01:01:22 parce qu'elle l'avait proposé à quelqu'un, après j'ai compris que c'était Eric Zemmour,
01:01:26 qui avait refusé, mais ce sera Jordan Bardella qui mènera la liste.
01:01:31 Je ne connaissais pas Jordan Bardella, j'avais entendu parler 2-3 fois dans des émissions,
01:01:37 avec beaucoup de talent, et je pense que c'est quelqu'un qui a beaucoup d'avenir,
01:01:41 beaucoup de qualité, et qui est le leader incontesté de cette liste,
01:01:46 et désormais du Rassemblement National, puisque Marine Le Pen a décidé
01:01:49 de se concentrer sur l'Assemblée Nationale.
01:01:52 Voilà, oui, je souhaite rempiler, comme vous dites,
01:01:55 après on verra, si je ne rempile pas, écoutez, je serai déçu,
01:01:58 mais je ne vais pas me rouler par terre, je ne vais pas brûler ce que j'ai adoré
01:02:01 depuis 5 ans, c'est la vie politique, voilà, j'ai aussi, je ne sais pas,
01:02:06 je ne peux pas vous dire, j'ai un grand âge, mais il y a un moment
01:02:09 où il faut savoir aussi laisser la place, donc on verra, voilà.
01:02:12 J'ai 65 ans, je ne suis pas encore totalement gâteux,
01:02:17 si on souhaite que je continue, je continuerai avec plaisir,
01:02:20 si on souhaite que j'arrête, je trouverai plein d'autres occupations.
01:02:24 – Vous avez, si vous rempilez, vous savez que, comme toujours,
01:02:27 le temps des élections, c'est le temps des boules puantes,
01:02:29 comme on disait à un moment, la dernière fois qu'on s'est vues
01:02:33 sur ce même plateau, à cette même place, vous m'avez expliqué,
01:02:36 parce que je vous posais la question sur une enquête dont vous faisiez l'objet,
01:02:40 vous me disiez que vous n'aviez jamais été entendu par la police
01:02:43 et que vous vous teniez à la disposition de la police,
01:02:46 est-ce que notre émission a été vue par les enquêteurs ?
01:02:51 – Alors, je l'ai dit sur tous les plateaux,
01:02:53 je ne sais pas si c'est votre émission, certainement,
01:02:55 qui a été vue par les enquêteurs, mais je vais vous révéler un scoop,
01:02:59 c'est que ça a été efficace, puisque j'ai enfin été entendu
01:03:03 à la brigade financière.
01:03:04 Qu'est-ce que je veux dire par là ?
01:03:05 J'ai appris un jour par le monde, parce que quand même, je reviens très rapidement,
01:03:09 j'ai appris un jour par le monde qu'une enquête, depuis, si ma mémoire est bonne,
01:03:13 septembre 2021, était ouverte pour fraude fiscale et blanchiment,
01:03:19 à la fois qui touchait le dialogue franco-russe et moi-même,
01:03:21 puisque je suis président du dialogue franco-russe.
01:03:23 Je n'avais jamais entendu parler de cette enquête.
01:03:25 Et chaque fois que je passais sur des plateaux,
01:03:27 et que des journalistes plus ou moins bien intentionnés me disaient,
01:03:30 alors des fois c'était en plus, vous êtes mis en examen, etc.,
01:03:33 il y a une enquête qui a été ouverte.
01:03:35 – Oui, c'est pas vrai.
01:03:36 – Et je disais, écoutez, je n'ai rien à me reprocher,
01:03:39 donc j'attends de voir un policier, un juge, un magistrat,
01:03:42 j'ai une immunité parlementaire, mais je dis tout de suite
01:03:44 que je ne l'invoquerai pas et je viendrai en courant.
01:03:47 Et un beau jour, au mois de juillet dernier,
01:03:49 c'est un scoop que je vous donne parce que je crois que je n'en ai jamais parlé,
01:03:52 j'ai été appelé par la police qui m'a dit avec de l'humour,
01:03:57 écoutez, vous allez être heureux puisque vous demandez à être auditionné,
01:04:01 est-ce que vous êtes prêt à venir à la brigade financière
01:04:04 pour répondre à certaines questions ?
01:04:07 Je leur ai dit, je l'ai toujours dit,
01:04:09 et puisqu'ils m'ont demandé si j'invoquerais mon immunité parlementaire,
01:04:12 je leur ai dit que non.
01:04:13 Et donc, ça s'est fait je crois le 22 juillet ou le 24 juillet,
01:04:17 enfin c'est un peu l'importance, je me suis retrouvé à Nanterre
01:04:20 devant deux ou trois enquêteurs professionnels,
01:04:25 je veux dire ils n'étaient ni sympathiques ni antipathiques,
01:04:27 ils faisaient leur job comme un tout bon policier,
01:04:30 qui m'ont posé des questions pendant quatre heures.
01:04:32 Je dois dire que ça restera un grand souvenir dans ma vie
01:04:34 et j'ai loupé une reconversion professionnelle.
01:04:37 Vous voyez, si je ne suis pas reconduit comme député européen,
01:04:40 j'ai peut-être une reconversion professionnelle que je vais vous dévoiler.
01:04:43 Pendant deux heures à deux heures et demie,
01:04:46 c'était un peu ma vie, mon œuvre,
01:04:48 des choses par moments qui peuvent sembler anecdotiques,
01:04:52 qu'est-ce que j'ai fait, pourquoi je préside ce dialogue,
01:04:54 qu'est-ce qu'il est, je leur ai quand même rappelé,
01:04:56 et ils savaient que j'avais été auditionné par la commission d'enquête,
01:04:58 et puis il y a beaucoup de choses qu'on trouve sur internet,
01:05:00 mais comme ils m'ont dit, c'est leur job,
01:05:02 ils contextualisent les choses.
01:05:04 J'ai pu apprécier d'ailleurs au passage à certaines questions
01:05:06 qu'ils m'ont posées, qu'ils avaient bien connaissance
01:05:08 des finances du dialogue du Francorus,
01:05:10 comme de mes finances personnelles,
01:05:12 puisque j'ai eu droit à quelques questions très personnelles
01:05:14 sur mes comptes, mais qui ne me pétaient absolument pas
01:05:18 dans l'embarras, et à quelles j'ai répondu, je pense, très clairement.
01:05:22 Et puis après, on est arrivé aux deux questions clés.
01:05:24 La première, fraude fiscale.
01:05:26 Fraude fiscale pour le dialogue francorus.
01:05:28 En réalité, la seule question qu'on m'a posée,
01:05:30 c'était pourquoi votre directeur n'a pas...
01:05:33 Alors, pourquoi mon directeur, j'accélère parce que le temps passe,
01:05:37 mon directeur du dialogue francorus,
01:05:39 qu'on a été obligé à un moment de licencier
01:05:41 parce qu'on n'a plus de cotisations,
01:05:43 aujourd'hui on n'a plus de locaux, plus de cotisations,
01:05:45 parce que les sanctions, il n'y a plus...
01:05:47 Bref, je ne vais pas vous le dévoiler,
01:05:49 les entreprises russes et françaises ne nous financent plus
01:05:51 comme avant, puisqu'il n'y a plus de business entre eux.
01:05:53 Et j'en profite, des donateurs privés
01:05:56 qui nous permettent de survivre,
01:05:58 ce qui permet au dialogue francorus
01:06:00 de continuer à faire un certain travail d'information,
01:06:02 grâce à sa directrice,
01:06:05 madame Irina Dubois,
01:06:07 et grâce à tous ceux qui nous envoient les petits chèques,
01:06:09 mais je crois que c'est aussi le principe de TV Liberté.
01:06:12 Je profite de cette occasion pour les remercier.
01:06:15 Et donc, la question c'était, vous avez versé une prime,
01:06:17 vous, président du dialogue francorus,
01:06:19 à votre directeur qui ne l'a pas déclaré.
01:06:21 Oui, j'ai versé une prime de départ
01:06:23 parce que la personne travaillait pendant 15 ans avec nous,
01:06:27 il avait même été embauché par mon prédécesseur
01:06:29 qui s'appelait Thierry Desmarais, président de ELF ou de Total,
01:06:32 et il avait droit à une prime de licenciement,
01:06:34 comme tout le monde.
01:06:36 Oui, mais il n'a pas déclaré.
01:06:38 Oui, mais bon, enfin, excusez-moi.
01:06:40 – C'est pas vous qui faites cette déclaration, vous l'avez planté.
01:06:42 – Sans méchanceté, si un juge ou un policier ne déclare pas sa prime,
01:06:45 ce n'est pas M. Darmanin ou M. Dupont-Moretti qui est responsable.
01:06:50 Oui, j'ai reconnu qu'on avait versé une prime,
01:06:52 mais qu'il n'avait pas déclaré, ben j'en sais rien.
01:06:54 Voilà, donc on a discuté pendant un certain temps
01:06:56 sur la nature de cette prime.
01:06:58 Est-ce que c'était une prime de licenciement ?
01:07:00 Est-ce que c'était une prime contractuelle ?
01:07:02 Mais bon, ce à quoi j'ai renvoyé sur les avocats qui avaient négocié la prime.
01:07:04 Mais bref, si la seule chance qu'on reproche au dialogue franco-russe,
01:07:07 c'est que son principal employé n'ait pas déclaré la prime,
01:07:10 voilà, ben je suis désolé, ça regarde le fisc.
01:07:12 Et puis après, on est arrivé quand même à la partie qui me concernait.
01:07:16 Et on m'a expliqué que, je vais essayer de pas rire,
01:07:21 mais je suis consterné, je le dis entre parenthèses,
01:07:23 pour le temps qu'on a fait perdre à la police sur ce sujet-là.
01:07:27 Les policiers m'ont dit "vous n'avez pas déclaré l'entreprise que vous avez créée".
01:07:32 Là, j'ai eu un moment de solitude, et je me suis dit "mon Dieu".
01:07:35 J'ai même fait préciser, j'ai dit "on parle bien d'entreprise et pas d'association".
01:07:38 Parce que quand on est en politique, des fois on crée des associations, etc.
01:07:41 Ou on est président d'honneur de 36 associations.
01:07:44 J'ai dit "de quoi vous parlez ?"
01:07:46 Ils m'ont dit "vous avez créé une entreprise en avril 2021".
01:07:51 La date a son importance, avril 2021.
01:07:54 J'ai dit "excusez-moi, mais je n'ai jamais créé d'entreprise".
01:07:57 "Si, si, vous avez créé une entreprise à Ponto Combo".
01:08:00 Je vais peut-être paraître ridicule, il y a 38 000 communes en France,
01:08:04 je suis persuadé que personne ne connaît les 38 000 communes.
01:08:06 Et puis moi, dans ma tête, j'ai créé une entreprise, Blanchiment d'argent.
01:08:10 Je l'aurais dit naïvement, je ne savais pas qu'il y avait une commune
01:08:13 qui s'appelait Ponto Combo.
01:08:14 Je m'excuse auprès des habitants de Ponto Combo,
01:08:16 mais peut-être qu'ils ne connaissent pas qu'il y a une commune
01:08:17 qui s'appelle Valreias, dont j'ai été maire, donc vous voyez, on est quitte.
01:08:20 J'aurais dit "mais je ne suis jamais allé en Amérique latine".
01:08:25 Parce que dans mon esprit, je m'attendais à un truc…
01:08:27 Ponto Combo, ça sonnait Amérique latine.
01:08:29 Ben oui, ça sonnait Amérique latine, je ne sais pas, enfin bon voilà.
01:08:32 Et donc ils m'ont dit "non, Ponto Combo, c'est en banlieue parisienne,
01:08:35 en Seine-et-Marne, et vous avez créé une entreprise à Ponto Combo".
01:08:37 Alors là, je leur ai dit "non, attendez, c'est une commune sympathique,
01:08:41 mais je ne sais pas où c'est, et quelle entreprise".
01:08:43 Et là, ils m'ont dit "vous avez créé une entreprise d'auto-école".
01:08:48 J'ai le permis, je vous rassure, je ne suis pas… voilà.
01:08:51 Mais je leur ai dit "écoutez, c'est un peu n'importe quoi".
01:08:53 Ah non, mais il y en a un qui avait le sens de l'humour, qui m'a dit avec le sourire
01:08:56 "ben ça peut avoir un rapport, vous avez été ministre des transports, etc.
01:09:00 parce que je pense que même eux cherchaient un peu la logique,
01:09:02 ils faisaient leur job".
01:09:03 Et je leur ai dit "non mais ce n'est pas sérieux".
01:09:05 Et j'ai créé une entreprise à Ponto Combo d'auto-école.
01:09:08 Oui, vous l'avez créée par Internet.
01:09:09 Et ils m'ont dit "c'est bien vous Thierry Mariani Constant Angelo, né le 88-58,
01:09:13 vous avez créé une entreprise àvenue Boulevard Murat à Ponto Combo
01:09:17 et vous avez déposé cette demande à un numéro sirète par Internet".
01:09:21 Et d'ailleurs, je leur ai dit "mais je n'ai jamais déposé de demande d'entreprise par Internet
01:09:25 et je n'ai pas obtenu le numéro sirète".
01:09:26 Et en 2021, ce n'était pas que vous étiez en campagne en plus.
01:09:28 Vous n'aviez peut-être pas le temps de…
01:09:29 Et en plus, voilà, en avril j'étais en campagne.
01:09:32 Et donc je leur ai dit "mais comment ça se dépose ?".
01:09:35 Ils m'ont dit "ben oui, il faut vos papiers d'identité, il y a vos papiers d'identité".
01:09:37 Donc ils m'ont montré une copie du passeport.
01:09:39 Vous savez, ce passeport, n'importe quel couillon, enfin pardon, n'importe quelle personne peut le trouver.
01:09:44 Il est sur le site Mitrovets, c'est-à-dire, vous savez, le fameux site qui répertorie
01:09:49 tous les, paraît-il, les ennemis de l'Ukraine qui sont à faire disparaître d'une manière ou d'une autre.
01:09:53 Et il y a mon passeport qui figure.
01:09:56 Je vous rappelle quand même que c'est un site où il y a aussi bien Marine Le Pen qu'Éric Zemmour,
01:09:59 un certain nombre de vos collègues journalistes,
01:10:01 parce que même des journalistes tout aussi respectables que vous,
01:10:04 à partir du moment où ils mettent en cause cette guerre en Ukraine,
01:10:07 peuvent se retrouver sur ce site.
01:10:08 Bref, je leur ai dit "écoutez, il suffit que n'importe qui ait récupéré la copie de ce passeport
01:10:12 pour déposer une société".
01:10:15 Et d'ailleurs, c'est ce qui s'est passé.
01:10:16 Je leur ai dit "mais vous êtes allé voir à Ponto Combo mon entreprise".
01:10:20 Ils m'ont dit "oui" puisqu'ils prouvent que la police fait bien son travail.
01:10:23 En me disant "ben voilà".
01:10:25 Ils m'ont même montré la photo de l'adresse où il y avait, paraît-il, mon auto-école,
01:10:29 où en réalité c'est un garage avec un bardage métallique.
01:10:31 Et puis j'abrège, ils m'ont dit "on a fait aussi des enquêtes
01:10:34 et personne ne connaît votre entreprise, personne ne connaît votre auto-école,
01:10:36 personne ne vous connaît à Ponto Combo à part deux ou trois individus
01:10:39 qui semblent vous avoir vu sur des chaînes de télé ou ailleurs".
01:10:42 Voilà, et donc je leur ai dit "donc à la sortie, elle n'existe pas".
01:10:46 "Ah ben elle existe sur le papier mais elle n'a pas jamais fonctionné.
01:10:49 Donc je ne vois pas comment on peut blanchir de l'argent,
01:10:52 plus une agence d'auto-école à Ponto Combo, à mon avis on ne doit pas blanchir beaucoup,
01:10:55 mais bon passons".
01:10:57 Et donc à la sortie, ce qui est quand même consternant,
01:11:01 c'est que ces policiers et la justice,
01:11:03 ça fait deux ans qu'ils ont ouvert une enquête sur une société qui n'a jamais existé,
01:11:07 qui a été déposée par un plaisantin ou quelqu'un qui me veut du mal.
01:11:11 Et donc voilà, cette histoire probablement s'arrête là.
01:11:16 Alors le drame c'est que c'est une enquête ouverte,
01:11:18 donc je ne sais même pas si elle est refermée,
01:11:20 d'ailleurs il va falloir que j'écrive au ministère pour savoir si elle est refermée ou pas.
01:11:23 S'il y a autre chose…
01:11:24 – Faut attendre un peu parce que le garde des Sceaux pour le moment est devant la CJI.
01:11:27 – Il a d'autres problèmes, mais…
01:11:29 et puis je pense que c'est plus sérieux que mon auto-école.
01:11:32 Et donc je dis quand même que ça fait deux ans qu'on m'emmerde
01:11:35 et qu'on me pourrit la vie pour une auto-école qui a été créée en utilisant mon nom.
01:11:43 Qui s'est amusé à faire ça ? J'en sais rien.
01:11:46 Comme je l'ai dit à la police, parce qu'après ils m'ont dit
01:11:48 "vous avez peut-être des problèmes, je ne sais pas, personnels, familiaux, politiques".
01:11:53 Alors je dis "vous savez les problèmes en général plutôt ils sont politiques".
01:11:56 Voilà, et je dis "regardez la date, avril 2021,
01:12:01 j'étais en pleine élection régionale, à ce date-là j'ai regardé,
01:12:05 j'avais plus de 10 points d'avance au premier tour, pas au second,
01:12:09 et donc selon la formule consacrée, je n'ai aucune preuve et aucun doute
01:12:14 sur qui s'est amusé à me faire ce genre de couillonnade,
01:12:17 comme on dit dans le midi, parce qu'à mon avis ça vient du midi aussi.
01:12:20 Voilà, pour votre information j'ai déposé ensuite immédiatement plainte
01:12:24 sur les conseils de mon avocat Maître Gentillet pour usurpation d'identité
01:12:30 et je suis même allé appeler la commission sur la transparence de la vie publique, etc.
01:12:35 parce que je n'ai pas envie de me prendre à la veille de la campagne.
01:12:38 On a des signalements sur une dizaine de candidats,
01:12:40 dont M. Marianic a créé une entreprise qu'il n'a pas déclarée.
01:12:43 Donc tout ça pour dire quand même…
01:12:46 – Beaucoup d'énergie dépensée à pas grand-chose.
01:12:48 – Oui, beaucoup d'énergie pour la police qui a autre chose à faire.
01:12:51 Les gars étaient consciencieux, sérieux et tout,
01:12:53 mais bon je pense que dans leur forme intérieure, comme ils m'ont dit,
01:12:55 on obéit aux juges.
01:12:56 Je respecte la justice et je respecte la police, voilà.
01:12:59 C'est pas normal qu'un élu ne déclare pas une entreprise.
01:13:02 Bon après, je pense qu'une simple enquête,
01:13:04 enfin une enquête très sommaire pouvait m'éviter ces dégâts médiatiques.
01:13:08 Je pense aussi quand même que c'est peut-être un peu recherché,
01:13:11 les dégâts médiatiques.
01:13:12 Je pense que si j'avais été à Renaissance,
01:13:14 on aurait très vite vu que cette société d'auto-école n'existe pas.
01:13:19 – Et qu'il fallait refermer l'enquête.
01:13:20 – Voilà, et que maintenant, ben écoutez,
01:13:22 moi je fais confiance encore à la justice et à la police,
01:13:24 donc j'attends que cette enquête soit refermée.
01:13:26 Ou alors, je sais pas, peut-être que la prochaine étape
01:13:28 ce sera après l'auto-école à Ponto-Combo,
01:13:31 je sais pas, le kebab à Montreuil ou le bar à Chichane en terre.
01:13:36 Tout est possible.
01:13:37 – Ben écoutez, on verra ça pendant la campagne des européennes,
01:13:39 alors on suisse-vrave ça de près.
01:13:41 – Mais si vous voulez pourrir la vie de votre confrère,
01:13:43 procurez-vous une pièce d'identité, créez-lui une société
01:13:45 et puis après vous l'envoyez au fisc.
01:13:46 – On va laisser ça aux autres.
01:13:47 Merci beaucoup Thierry Mariani de nous avoir accordé cet entretien.
01:13:51 Merci à tous de nous avoir suivis.
01:13:53 N'oubliez pas, si ce n'est pas déjà fait,
01:13:54 je compte sur vous pour le succès de cette émission.
01:13:56 Pensez à la partager, pensez bien sûr à écrire vos commentaires
01:13:59 auxquels je répondrai et puis bien sûr, le petit pouce en l'air
01:14:02 en attendant de se retrouver la semaine prochaine.
01:14:04 À bientôt chers amis, portez-vous bien.
01:14:06 [Musique]
01:14:20 [Musique]

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