Les reportages de la rédaction - Epi#183:LES REPORTAGES DE LA REDACTION Les médecins qui se déconventionnent

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Année de Production : 2022

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00:00 Le docteur Alexia Michelin a fait le choix de se déconventionner en juillet dernier.
00:05 Un cap franchi après une longue réflexion pour retrouver du sens dans son métier.
00:10 Quand on a 10 minutes à accorder à un patient, ce n'est pas la même chose que quand on en a 20.
00:14 Et quand on en voit 40, à la fin de la journée, on n'est plus dans le même état d'esprit,
00:18 on n'a plus la force et le courage d'en voir encore d'autres.
00:23 Et en plus, on est pressé par le temps, on a après les biologies à gérer,
00:27 on a d'autres choses en plus à faire et c'est trop d'un coup, c'est trop de charges.
00:33 Franchement, j'avais vraiment un mauvais rapport qualité professionnelle, qualité de vie et rémunération.
00:39 Et ça mis ensemble, ça a fait que je pense que j'ai craqué, clairement j'ai craqué.
00:46 Et la seule solution que j'ai trouvée, c'était de me déconventionner.
00:49 Et en fait, j'y retrouve vraiment une sérénité de travail.
00:51 Maintenant que sa convention est rompue avec l'assurance maladie,
00:54 elle peut fixer ses propres règles et notamment le prix de la consultation à 40 euros au lieu de 25.
01:01 Mais pour ces patients, ce n'est pas sans conséquence car hors convention,
01:05 l'État fixe le remboursement à 61 centimes d'euros seulement.
01:09 Même si le Dr Michelin accepte le paiement en plusieurs fois,
01:12 certains de ses patients ont dû partir.
01:15 D'autres arrivent, faute de médecins comme Laurence, qui a fait 60 kilomètres pour une consultation.
01:21 Soit on va au service des urgences, on encombre les urgences et on attend pendant des heures.
01:26 Soit on prend sa voiture et on fait des kilomètres pour trouver un médecin qui puisse nous soigner.
01:32 La consultation a coûté 40 euros, donc je ne serai pas remboursé.
01:36 Mais c'est un peu le prix que l'on doit payer dû à la pénurie des médecins.
01:41 Il y aurait en France 1200 médecins déconventionnés sur 230 000.
01:46 Un phénomène qui reste donc pour l'instant plutôt marginal.
01:49 Le déconventionnement massif, c'est quelque chose qui n'est pas du tout crédible.
01:53 Pour les médecins généralistes, on est quelque chose de l'ordre de 80% de la rémunération des médecins,
01:58 qui est financée par la sécu.
02:00 Pour les spécialistes, on est à l'ordre de 70%.
02:03 Se déconventionner, ça veut dire arrêter de travailler avec l'institution
02:09 qui fournit 70 à 80% de la rémunération.
02:12 Faire ça massivement, rapidement, on ne voit pas comment c'est possible.
02:15 Le déconventionnement reste cependant une arme dans les négociations.
02:19 C'est en tout cas celle qu'a choisie le syndicat UFML, qui consigne toutes les lettres d'intention.
02:25 À un moment donné, dans encore une dizaine de mois, on va aller interpeller le politique en lui disant
02:31 "Nous on a 10 000 médecins qui sont prêts à sauter le pas, à se déconventionner,
02:35 qu'est-ce que vous faites pour les garder ?
02:37 Il faut donner aux médecins les moyens de faire de la médecine de qualité
02:40 et ça passe par l'installation des jeunes.
02:42 Parce que plus vous aurez de médecins, plus on pourra donner du temps aux patients.
02:45 À la place de cela, le gouvernement a fait le choix inverse puisqu'il nous dit
02:48 "On va vous payer des assistants à la condition que vous voyez encore plus de monde".
02:52 Une espèce de médecine 5 minutes douche comprise.
02:54 C'est pas ça qu'on veut. Nous on veut donner plus de moyens, plus de temps aux patients.
02:57 Et pour cela, il faut plus de moyens à la médecine pour que les jeunes s'installent,
03:01 qu'on soit plus nombreux et donc qu'on donne plus de temps.
03:03 Plus que des textes de loi, de nombreux professionnels demandent un grand plan Marshall
03:07 pour réformer la médecine libérale.

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