Aurélien Rousseau - "Le Covid n'explose pas"

  • l’année dernière
Avec Aurélien Rousseau, Ministre de la santé et de la prévention.

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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-11-14##

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00:00 Vous intervenez évidemment sur tous les sujets d'actualité 0800 26 300 300 vous avez maintenant
00:05 l'habitude. Ce matin nous recevons Aurélien Rousseau ministre de la santé et de la prévention. Bonjour. - Bonjour. - Merci d'être avec nous.
00:12 Fin de vie réunion aujourd'hui à l'Elysée autour d'Emmanuel Macron et d'Elisabeth Borne.
00:19 En décembre présentation d'un projet de loi au parlement en janvier j'imagine Aurélien Rousseau ?
00:26 Le président de la république s'est engagé, il y aura un projet de loi qui sera examiné. Moi je suis frappé
00:34 par la
00:36 sensibilité et l'intimité de ce sujet. Il y a encore de très beaux articles aujourd'hui
00:41 qui sont tous poignants et qui font à chaque fois qu'on revient sur le texte sur lequel on travaille pour vérifier que les mots soient les
00:49 bons. Agnès Firmin-Lebaudot la ministre déléguée qui a travaillé sur ça depuis plus d'un an a fait un boulot
00:56 remarquable mais à chaque fois moi par exemple je prends juste un exemple le mot famille
00:59 est-ce que la famille c'est les parents, la femme, les enfants etc.
01:04 Quand je lis les articles et témoignages je m'interroge donc moi je suis je pense que
01:11 sur ce sujet il faut qu'on y aille quand on est absolument sûr de tout ce qu'on a écrit.
01:17 - Est-ce que sera ouvert le droit à l'aide active à mourir ?
01:20 - Je pense qu'aujourd'hui
01:22 encore c'est un sujet sur lequel
01:26 - Ce n'est pas tranché ?
01:29 - Le président
01:30 il comment dirais-je c'est quelqu'un qui regarde, qui lit, qui interroge, qui challenge donc il challenge beaucoup
01:38 et avec Agnès Firmin-Lebaudot
01:41 on essaie de répondre. - Mais ce n'est pas tranché ?
01:44 - Non je crois qu'aujourd'hui on peut pas dire que c'est tranché et...
01:47 - Donc on ne peut pas dire que sera ouvert un droit à l'aide active à mourir ?
01:52 - On a examiné cette possibilité, on a écrit une manière de l'écrire parce que c'était par exemple
01:59 dans la convention fin de vie et aujourd'hui je pense que oui les derniers arbitrages, le mot ne va pas bien pour ce sujet
02:07 mais les dernières décisions ne sont pas prises et puis par ailleurs derrière il y a la transmission de ce texte au Conseil d'État
02:14 on attend aussi beaucoup de l'examen du Conseil d'État puis évidemment un débat au Parlement.
02:18 - Et accès aux soins palliatifs pour tous, ce sera contenu dans le texte ça ?
02:22 - Ça il n'y a pas de doute et c'est vrai que moi je suis particulièrement sensible et Agnès aussi
02:30 au fait que le plan de soins palliatifs il soit robuste, que ce ne soit pas juste une annonce.
02:34 Il faut que ce soit extrêmement solide, extrêmement précis sur tous les territoires, qu'il n'y ait pas d'hétérogénéité.
02:41 - Voilà, ce qui existe aujourd'hui. Accès aux soins palliatifs pour tous et peut-être donc droit à l'accès au suicide assisté.
02:48 - C'est des sujets qui sont sur la table, tout le monde les met sur la table donc ils sont évidemment sur la table.
02:54 - Un référendum sur cette question ou pas ?
02:56 - Aujourd'hui l'article 11 de la Constitution ne permet pas le référendum sur ce type de choses
03:01 mais le Président a dit que par ailleurs il y aurait une discussion, il voulait engager la discussion sur cet article 11.
03:06 - Vous êtes d'accord pour un référendum sur cette question ?
03:09 - Je... - Franchement, à titre personnel.
03:13 - Je crois beaucoup que le Parlement c'est un lieu, il faut qu'on y retrouve la sérénité des débats.
03:19 Il y a eu de grands textes, la loi Claes, Léonétis, c'était un grand texte.
03:23 Et je... voilà, après... - Vous n'êtes pas très favorable au référendum sur ces questions-là ?
03:28 - Je n'ai pas d'avis définitif, là comme ça je pense que le Parlement est le lieu où ce type de débat est le plus légitime.
03:37 - Est-ce que le nombre de cas de Covid explose ?
03:40 - Non, le nombre de cas de Covid n'explose pas.
03:45 On a... moi je suis aussi très attentif parce qu'on a tous des plans de capteurs.
03:50 Alors un médecin qui un après-midi a 5 cas positifs, donc on regarde.
03:55 Non, le nombre de cas de Covid n'explose pas. - Où en est l'épidémie aujourd'hui ?
03:59 - L'épidémie, elle est là, elle existe, mais elle est faible.
04:03 On a un faible impact sur les urgences, on a un très faible impact sur SOS Médecins.
04:07 Et on a surtout une campagne de vaccination, vous vous rappelez que j'avais décidé de la lancer 15 jours plus tôt,
04:13 justement parce que l'épidémie était partie.
04:15 On a aujourd'hui 3,2 millions de personnes qui sont vaccinées, c'est-à-dire un million de plus que l'année dernière à la même date.
04:23 Donc ça, il faut qu'on continue là-dessus. L'épidémie, elle est là, donc nous on est toujours en veille active.
04:30 - Elle est toujours là avec un nouveau variant, le Pirola, c'est cela ?
04:33 - Oui, pour l'instant, ce variant ne s'impose pas par rapport aux autres, et c'est l'essentiel.
04:40 Les variants, entre eux, ils se battent pour savoir qui va prendre le dessus.
04:43 Pour l'instant, c'est bien le variant sur lequel le vaccin est calé qui est très majoritairement présent en France.
04:49 - Et la bronchiolite, l'épidémie, où en est-on ?
04:51 - Alors, on est dans une situation épidémique dans quasiment tout le pays.
04:56 Et alors, je m'exprime avec beaucoup de prudence parce qu'il faut faire attention.
05:01 Mais aujourd'hui, je crois pouvoir dire que les indications sont plutôt positives,
05:07 c'est-à-dire qu'on a une épidémie, mais on a manifestement moins de formes graves,
05:12 on a moins de passages aux urgences et à l'hôpital.
05:16 Ça veut dire qu'il y a sans doute une multitude de facteurs,
05:20 mais que le facteur du traitement par immunisation par le B. fortus joue sans doute.
05:26 Mais je dis tout ça avec des "sans doute", avec des conditionnels,
05:30 parce que le retour des vacances scolaires est toujours un moment où ça a refait bondir l'épidémie,
05:35 donc on va vérifier, mais pour l'instant, par rapport à l'an dernier, la courbe n'a rien à voir à l'an dernier.
05:42 - Alors, ce nouveau traitement, le B. fortis, sera bientôt de retour en pharmacie ?
05:47 - Alors, il faut être transparent dans ces cas-là, c'est le mieux.
05:52 On a réussi à obtenir, la semaine dernière, des doses complémentaires.
05:58 La première chose que je peux dire, c'est que, je répondrai ensuite à votre question,
06:02 c'est que pour les maternités, on aura bien du B. fortus,
06:06 donc du 50 mg pour tous les bébés qui naissent, jusqu'à la fin de l'hiver.
06:11 Et ça, ça n'était pas gagné parce qu'on avait 200 000 doses,
06:15 on est un des 4 pays au monde à l'avoir acheté,
06:18 et comme ça a l'air de fonctionner, il y a beaucoup de pays qui en veulent.
06:21 On a réussi, grâce au dialogue parfois un peu, avec les industriels,
06:27 mais ils ont été très coopératifs à avoir plus que 200 000 doses,
06:32 et donc dans ce plus, ça nous permet de tenir en maternité,
06:36 donc on n'aura pas à faire des sur-priorisations,
06:39 et on aura des doses pour les pharmacies,
06:42 mais je pense, une vingtaine de milliers de doses,
06:45 donc un volume beaucoup moins important.
06:48 - La réalité quand même, il faut le dire, c'est que les formes les plus graves de bronchiolite,
06:51 c'est chez les tout petits nourrissons.
06:54 Donc l'an prochain, on essaiera d'avoir plus de 50 mg et plus de 100 mg.
06:58 - Pas de pénurie.
06:59 - Pas de pénurie, mais en tout cas, moi, ma bataille, ça a été beaucoup,
07:04 d'assurer que jusqu'à la fin de l'hiver, on soit en maternité protégé.
07:08 - Je vous parle de pénurie, parce que je vous parlais de pénurie de médicaments,
07:11 évidemment, Aurélien Rousseau.
07:13 D'abord, je regardais ces chiffres, nous consommons beaucoup trop d'antibiotiques,
07:17 ça continue, rien à faire.
07:20 Nous sommes rétifs à toutes les campagnes nous appelant à...
07:24 et les médecins aussi d'ailleurs, hein.
07:26 Plus 16% en un an, consommation d'antibiotiques,
07:29 plus 40% pour les 0-14 ans.
07:32 Que faire ? Mais que faire ?
07:35 - Alors, vous avez raison, tout le monde a en tête cette campagne de l'assurance maladie,
07:39 il y a quelques années, les antibiotiques, c'est pas automatique.
07:42 Et c'est vrai qu'on a une bataille à mener,
07:45 parce que c'est une double bataille, pardon, je vais mettre les deux casquettes
07:48 quand on est ministre de la Santé et des Comptes Sociaux.
07:51 C'est d'abord qu'on diffuse l'antibiorésistance,
07:54 c'est-à-dire qu'il faut chaque fois mettre des doses plus fortes,
07:56 parce qu'en fait on résiste aux antibiotiques,
07:58 quand on en prend trop souvent, et deuxièmement,
08:00 ça coûte beaucoup, beaucoup d'argent à l'assurance maladie.
08:05 Donc, effectivement, il y a ce sujet,
08:08 mais c'est vrai aussi que les Français, quand on va chez le médecin,
08:11 on a une angine, on a...
08:14 si on revient sans médicament, on se dit "mince, j'ai pas été soigné".
08:19 Ben si, en fait, quelquefois, c'est viral, on a été soigné.
08:22 C'est pour ça que cette année, on a ouvert la possibilité aux pharmaciens
08:27 de faire ces tests de dépistage rapide
08:30 pour les angines et pour les cystites,
08:32 pour savoir s'il faut ou non des antibios,
08:34 et que les pharmaciens puissent le faire eux-mêmes.
08:37 Je rappelle juste, les angines, c'est 6 millions de visites chez les médecins,
08:42 et les cystites, c'est 3 millions de visites chez les médecins.
08:45 Donc, c'est du temps médical de gagner
08:48 si on a une attitude plus éclairée, plus responsable sur ce sujet.
08:52 Les pénuries de médicaments, on en est où ?
08:54 Combien de médicaments en tension aujourd'hui ?
08:56 Alors, aujourd'hui, on a, pour être là aussi, donné tous les chiffres,
09:00 450 molécules, enfin médicaments, mais qui peuvent avoir différents noms,
09:04 conçus à la trace.
09:07 Tous les jours, moi, j'ai des tableaux pour me dire où on en est.
09:11 L'immense majorité, et c'est le grand changement par rapport à l'an dernier,
09:15 on a les stocks sur le territoire national.
09:17 Par exemple, sur l'amoxycyline, l'antibiotique le plus cournant,
09:21 on a les stocks sur le territoire national.
09:23 Mais, comme l'an dernier, il y a eu pénurie,
09:26 tous les acteurs, tout le système s'est dérégulé.
09:29 Un peu comme...
09:30 - Et les gros pharmaciens ont traité directement avec les fabricants,
09:34 et ont accumulé des stocks.
09:36 - Alors, c'est pas forcément les gros pharmaciens,
09:39 mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a aujourd'hui
09:42 beaucoup plus de pharmaciens qui se livrent directement
09:45 chez les industriels.
09:46 - Chez les industriels.
09:47 - Et cet échelon essentiel de la chaîne de la pharmacie,
09:50 qui sont les grossistes répartiteurs, vous savez,
09:52 les petits camions qu'on voit, vous savez,
09:54 du coup, ne jouent plus leur rôle de distribution
09:57 pour qu'il y ait de l'amoxycyline dans la pharmacie de Nîmes,
10:01 mais qu'il y en ait aussi au Vigan ou à Saint-Hilaire de Bretzmas.
10:04 Donc ça, c'est un sujet majeur.
10:06 Moi, je les ai réunis la semaine dernière.
10:08 On a passé deux heures ensemble.
10:10 Il n'y a pas eu de langue de bois, on se serait cru chez Bourdin.
10:14 On s'est parlé, et moi, je leur ai dit en fait,
10:17 soit dans les dix jours, vous rebettez de l'ordre
10:21 dans votre secteur, soit c'est l'État qui prend la main
10:25 pour organiser, et moi, je suis toujours convaincu
10:27 qu'on fait moins bien ça qu'eux.
10:28 Et je pense qu'ils se sont tous engagés.
10:30 La présidente de l'Ordre des pharmaciens
10:32 a accepté cette mission que je lui ai confiée
10:35 d'élaborer ces principes, et notamment le fait qu'on remette
10:40 le grossiste répartiteur au cœur pour qu'il y ait de la boxiciline partout.
10:44 Et je le dis très solennellement,
10:46 ce ne seront pas les patients qui seront la variable d'ajustement
10:50 de calcul économique et de rentabilité des industriels.
10:54 - Donc il n'y aura pas plus de pénurie de médicaments.
10:56 - En tout cas, moi, je vous assure que je me bagarre sans arrêt.
10:59 - Alors Aurélien Rousseau, la relocalisation,
11:02 parce qu'on nous a beaucoup parlé de relocalisation après le Covid,
11:05 où est-ce qu'on en est ?
11:07 Moi, la relocalisation de la production en Europe,
11:10 j'imaginais ça, j'ai vu, et vous le savez,
11:12 que l'Europe va taxer les véhicules électriques
11:16 venus de Chine ou d'ailleurs d'Asie,
11:18 qui sont importés en Europe.
11:21 Pourquoi ne pas taxer les médicaments
11:23 qui sont fabriqués en Inde ou en Chine ?
11:25 - Alors aujourd'hui, il y a plusieurs,
11:28 c'est une question évidemment compliquée.
11:30 D'abord, il y a certaines molécules
11:33 qui sont fabriquées là-bas,
11:35 mais parce que c'est eux qui ont les brevets,
11:37 donc on ne peut pas s'en passer.
11:39 Après, l'action, elle est résolue.
11:41 Le président de la République, je crois que c'était en Ardèche,
11:43 j'en suis même sûr, en juin,
11:45 il a annoncé un plan de relocalisation.
11:47 C'est aussi pour ça que dans notre dialogue avec les industriels,
11:50 moi, je présente au PLFSS
11:52 le prix global qu'on met dans les médicaments.
11:56 - C'est le projet de financement de la sécurité sociale.
11:58 - Oui, le financement de la sécurité sociale.
12:00 Et on a avec eux ce dialogue sur le prix du médicament,
12:04 mais qu'est-ce que vous réinstallez en France,
12:06 qu'est-ce que vous réinstallez en Europe,
12:08 pour qu'on ait, c'est essentiel, qu'on reconquière
12:11 une souveraineté en la matière.
12:14 - Vous posez la question, mais la réponse ?
12:17 - Il y a des engagements qui sont pris,
12:20 vous voyez par exemple, je crois qu'elle était sur une radio la semaine dernière,
12:24 la PDG de Sanofi a annoncé des investissements importants
12:28 sur leurs usines en France,
12:30 pour produire un médicament célèbre, qui a une boîte jaune,
12:33 qui est du paracétamol,
12:35 pour en produire plus,
12:39 presque 140 millions de boîtes de plus en France.
12:43 Et on est en discussion permanente avec les labos,
12:46 pour les accompagner. En France, par ailleurs,
12:48 on a une culture où le labo-pharma,
12:50 c'est toujours le grand méchant loup,
12:52 mais on doit les pousser à se réinstaller,
12:56 parce que cette souveraineté est essentielle.
12:58 - Le coût des nouveaux traitements,
13:00 par exemple contre les cancers,
13:03 je donne simplement un chiffre,
13:05 un traitement annuel par immunothérapie,
13:08 ça coûte entre 70 000 et 100 000 euros.
13:10 Un traitement annuel par cellule, réinjecté,
13:13 entre 300 000 et 400 000 euros.
13:16 Certains traitements sont utilisés depuis plusieurs années.
13:19 Mais pourquoi est-ce que le coût de ces traitements ne baisse pas ?
13:22 - Alors, il y a toute une partie de ces traitements
13:25 qui sont des médicaments très complexes,
13:30 notamment quand il y a des dérivés du sang qui sont utilisés,
13:34 des dérivés du plasma.
13:37 Donc, il y a des coûts qui sont extrêmement élevés.
13:40 Après, évidemment, les industriels du médicament,
13:43 ce sont des industriels, tant qu'ils ont les brevets,
13:46 ils utilisent, mais c'est là aussi où il faut se dire,
13:49 aujourd'hui en France, la dépense de médicaments,
13:52 elle progresse, elle a progressé l'an dernier de 7%.
13:55 C'est énorme, c'est même quasiment insoutenable
13:58 pour un système de protection sociale.
14:00 Mais elle est tirée essentiellement par ces médicaments innovants.
14:03 On a la chance d'avoir accès à des médicaments
14:06 qui sont payés par la Sécu.
14:08 82% de la dépense de santé en France est payée par la Sécu.
14:12 C'est une chancinouille,
14:14 c'est pour ça que quand on dit
14:16 qu'il faut se responsabiliser sur d'autres pratiques.
14:19 Moi, je vais chez mon médecin, c'est vrai,
14:22 je m'en fais la réflexion,
14:25 je vais direct à la pharmacie, je ne repasse pas chez moi
14:27 pour vérifier si j'ai les boîtes dans ma pharmacie.
14:29 Et du coup, chez moi, comme tous les Français,
14:31 je suis un mini-pharmacien.
14:33 J'ai accumulé.
14:34 Cette responsabilisation, ça ne veut pas dire que je suis coupable,
14:37 qu'il faut me jeter en place de grève.
14:39 C'est juste qu'on doit, pour permettre d'être toujours
14:42 à la pointe sur ces traitements de pointe.
14:44 Et par ailleurs, on négocie cette année,
14:46 on fait un milliard de baisse de prix, à nouveau,
14:48 sur les prix des médicaments.
14:49 On négocie avec les labos,
14:51 qui disent qu'on est beaucoup trop durs avec eux.
14:54 Au Parlement, une partie des oppositions me disent
14:57 qu'on est trop coulant avec les labos,
14:59 et les labos disent qu'on est trop durs avec eux.
15:01 Je me dis qu'on doit être à peu près sur la ligne de crête.
15:03 - Bien, Aurélien Rousseau, deux choses
15:05 concernant les jeunes ou les moins jeunes.
15:07 Le fontanil, qui est une drogue,
15:10 est-ce que c'est un stupéfiant ?
15:12 Je rappelle que le fontanil, c'est un analgésique opioïde,
15:16 qui est 50 fois plus puissant que l'héroïne,
15:21 et 100 fois plus puissant que la morphine.
15:23 Est-ce qu'on constate une utilisation du fontanil en France ?
15:29 - Alors aujourd'hui... - Par des drogués, ou par...
15:32 - Aujourd'hui, le fontanil, c'est vrai que c'est un stupéfiant,
15:37 et il est dans certains cas prescrit pour des douleurs
15:41 que rien d'autre ne soulage.
15:43 Il est prescrit avec ces fameuses ordonnances sécurisées,
15:46 c'est-à-dire que le pharmacien, à chaque fois qu'il en prescrit,
15:49 doit le noter dans un gros registre.
15:53 Donc aujourd'hui, on n'a pas du tout d'explosion.
15:55 Ce qui s'est passé aux Etats-Unis, c'est que les industriels...
15:57 - On a vu les images partout aux Etats-Unis,
15:59 notamment en Californie. - Les industriels ont fait des campagnes
16:01 de pub, mais de publicité pour ce produit.
16:05 Aujourd'hui, nous, on n'est pas dans cette situation-là.
16:07 Il ne peut être prescrit qu'avec des ordonnances sécurisées.
16:10 - Oui, mais est-ce qu'aujourd'hui, il est consommé ? Par des drogués ?
16:13 - Aujourd'hui, on n'a pas d'alerte sur ce point-là.
16:16 Mais évidemment, notre sujet, c'est la contrebande,
16:20 parce que c'est un produit de synthèse.
16:22 - Les laboratoires clandestins, les timbres volées...
16:25 - Aujourd'hui, on a un sujet, il faut là aussi le dire,
16:28 on a un sujet de présence de plus en plus fort
16:31 sur le territoire de l'héroïne.
16:32 Donc on a renforcé, notamment, les contrôles dans les ports.
16:36 - Il y a de plus en plus d'héroïne ? - Oui, il y a de plus en plus d'héroïne,
16:39 parce qu'elle arrive, et elle arrive notamment par les ports.
16:42 Donc on a renforcé, on a pris des mesures,
16:44 Gérald Darmanin a pris des mesures très fortes
16:47 sur le contrôle des ports.
16:50 Aujourd'hui, on n'a pas d'alerte sur le fentanyl,
16:52 mais c'est une de nos préoccupations,
16:54 et qu'on suit de très près aussi.
16:56 - Et puisqu'on parle de drogue, je voulais vous parler des sachets de nicotine
16:59 qui touchent les ados.
17:01 Théoriquement, les plus de 18 ans, mais,
17:03 on le sait, de nombreux ados
17:05 consomment ces sachets de nicotine.
17:08 Et même, il y a des promotions qui sont offertes aux ados,
17:11 c'est une poudre, c'est de la nicotine de synthèse.
17:14 Dangereuse, évidemment, cette nicotine de synthèse,
17:17 parce que ça peut... Les jeunes sont ciblés,
17:19 ça peut les pousser à fumer.
17:21 Que va faire l'État ?
17:23 - Alors sur ça, on va faire...
17:26 comme on va faire sur les PEF, là,
17:28 vous savez, ces fameux petits trucs
17:31 qui paraissent ludiques, mais qui sont en fait
17:33 la première marche vers la consommation.
17:35 Alors, j'ai pas la réponse aujourd'hui
17:38 sur les sachets de nicotine,
17:40 mais on va prendre nos responsabilités.
17:42 - Les interdire ?
17:44 - On va voir sous quelles conditions, mais c'est un premier pas d'accès.
17:47 - Vous souhaitez les interdire ?
17:49 - A titre personnel, et je ne veux pas étudier le dossier dans sa totalité,
17:53 je pense qu'il faut aller vers l'interdiction.
17:55 Je vais regarder, parce que je ne suis pas fan des annonces
17:58 guerrières, en fait, on n'est pas capable de le faire,
18:01 mais mon idée, c'est que tout ce qui
18:04 favorise l'accès au tabac, ça reste la première cause de mortalité
18:09 par cancer, le tabac, tout ce qui fait que ça paraît ludique,
18:13 il faut qu'on arrive à le supprimer.
18:16 - Et ce sont les grands cigarettiers qui les mettent sur le marché.
18:19 On le sait. American Tobacco, par exemple, ou d'autres.
18:23 Bon, le projet de loi immigration, dites-moi,
18:27 je vous ai écouté sur France Info, c'était dimanche, je crois,
18:31 l'AME ne sera pas supprimée.
18:34 Vous êtes ferme, là. Vous êtes clair.
18:36 Et vous soutenez même ces milliers de médecins opposés à la suppression
18:40 de l'AME. Vous êtes prêt à désobéir ?
18:44 - Alors moi, ce que j'ai dit, l'AME ne sera pas supprimée,
18:48 parce que c'est un dispositif, d'abord pour protéger,
18:52 pour les soigner, les gens, et c'est un dispositif de santé publique
18:55 qui protège tout le reste de la population,
18:57 parce que ces populations migrantes, fustelles, sans-papiers,
19:00 elles sont porteuses de plus de risques d'épidémie,
19:05 de virus, de maladies pneumologiques, donc il faut les soigner.
19:09 Et il ne faut pas renvoyer tout ce monde vers les urgences,
19:12 sinon on va faire exploser notre système de santé.
19:15 J'ai dit que ce que le gouvernement dit globalement,
19:19 c'est que je ne souhaite pas que les 3500 médecins signataires
19:23 de cette lettre soient amenés à désobéir.
19:27 Tout simplement, ils soigneront,
19:31 et le sujet c'est surtout que la médecine de ville
19:35 continue à être embarquée dans la prise en charge des personnes en main.
19:39 - Donc globalement, ça veut dire qu'il y a des dissensions,
19:42 on le sait, au sein même du gouvernement,
19:44 vous êtes, vous, pour le maintien strict de l'AME,
19:47 on est bien d'accord, est-ce que l'AME pourrait être retirée du texte,
19:50 à l'Assemblée nationale ?
19:52 - Alors d'abord, l'AME, elle n'était pas dans le texte du gouvernement,
19:55 ça il faut le redire, et c'est pourquoi,
19:58 moi je le dis très simplement, on a mis en exergue
20:02 des désaccords qu'on pouvait avoir avec Gérald Darmanin,
20:05 il a présenté un texte dans lequel il n'y avait pas de suppression de l'AME.
20:09 - Donc le texte à l'Assemblée nationale, il n'y aura pas d'AME ?
20:12 - Dans le texte à l'Assemblée nationale, moi ce que je dis,
20:15 petit 1, il n'a pas grand chose à faire dans un texte d'immigration,
20:18 ce ne sont que des dispositions liées au Code de la santé publique,
20:21 petit 2, et c'est là aussi où il faut être transparent,
20:24 un dispositif qui coûte 1 milliard d'euros,
20:27 si les parlementaires veulent en discuter, on en discute,
20:31 on a lancé une mission pour regarder s'il y avait des choses à faire évoluer,
20:35 mais en tout cas sur l'idée qu'on basculerait
20:38 de l'aide médicale dans laquelle il y a médecine de ville,
20:41 plus urgence dans un système où il n'y aurait plus que le soin urgent,
20:44 ça, on n'ira pas jusque là.
20:47 - On n'ira pas jusque là, ça veut dire, Rémi Rousseau,
20:50 qu'à partir du 11 décembre à l'Assemblée nationale, vous pourriez,
20:53 pas vous, mais les parlementaires, les députés,
20:56 pourraient discuter d'un texte sans l'AME ?
20:59 - Ça peut être ça, il y a eu des tas de prises de position,
21:02 qui sont à droite ou à gauche, Edouard Philippe a été très clair,
21:05 j'entendais Roselyne Bachelot expliquant combien elle s'était battue aussi pour l'AME,
21:11 mais je veux dire aussi à nos auditeurs, l'AME,
21:14 c'est une des dépenses les plus contrôlées qui soit.
21:17 On suit pour la maîtriser, parce qu'effectivement,
21:21 c'est une mesure de solidarité de la France,
21:26 et donc il ne faut pas que des gens puissent en être en profités,
21:31 mais je crois que vraiment aujourd'hui, il y a très très peu de profiteurs de l'AME.
21:35 - Bien, Aurélien Rousseau, j'ai deux questions,
21:37 budget de la Sécurité sociale examiné au Sénat,
21:39 depuis hier, alors le trou de la Sécu, ça grave,
21:44 la taxe pour responsabiliser les patients qui n'honorent pas leur rendez-vous,
21:51 c'est la droite au Sénat qui souhaite instaurer cette taxe,
21:56 vous êtes favorable à cette taxe ?
21:58 - Ce n'est pas que la droite, il y a beaucoup de...
22:00 - Oui.
22:01 - Le Président de la République est aussi très sensible à cette question
22:04 de ce qu'on appelle en vocabulaire médical "les lapins",
22:07 donc effectivement, les médecins, ils en ont assez d'avoir des gens
22:12 qui n'honorent pas les rendez-vous qu'ils ont pris.
22:14 Donc, on regarde comment faire, ça serait assez simple, pardon,
22:21 si je puis dire, si tout le monde prenait son rendez-vous sur une plateforme,
22:25 mais ça n'est pas le cas, donc il y a cet amendement,
22:28 il y a la négociation avec les médecins...
22:30 - Mais vous êtes favorable à cet amendement, cette taxe ?
22:32 - Moi je suis favorable à ce qu'on regarde, ce qu'on peut faire sur les lapins.
22:35 - Vous êtes favorable à cet amendement, cette taxe ?
22:37 - Moi je suis favorable à ce qu'on regarde, ce qu'on peut faire
22:40 et que ça ne soit pas juste un effet d'annonce,
22:42 donc j'ai demandé au directeur général de l'assurance maladie
22:44 dans la négociation qui commence avec les médecins de demain,
22:47 de mettre ce point à l'ordre du jour et qu'on voit ce qu'on peut faire.
22:50 - Donc possibilité d'une taxe ?
22:51 - Oui, oui, je pense qu'il faut responsabiliser les gens,
22:54 c'est des centaines de milliers de rendez-vous qui sont paumés
22:57 dans un pays où on a des problèmes d'accès aux soins.
23:00 - Alors, dernière question, le tarif des consultations,
23:02 effectivement il y a discussion à partir de demain
23:05 entre les médecins libéraux et l'assurance maladie.
23:10 1,50€ de plus depuis le 1er novembre, il faut aller plus loin ?
23:14 - Moi je pense que oui, il faut aller plus loin,
23:18 parce que les médecins ont pour la plupart, y compris, perdu des revenus
23:22 avec notamment le poids de l'inflation,
23:24 mais quand on ouvre une négociation conventionnelle,
23:27 et je me réjouis que tout le monde soit revenu à la table des négociations,
23:31 on s'est beaucoup engagé pour ça,
23:33 il faut avoir en tête le but final quand même,
23:37 c'est qu'il y ait plus d'offres de soins pour nos compatriotes
23:40 sur tout le territoire.
23:41 Donc oui, l'attractivité du métier de médecin
23:44 compte pour s'installer comme médecin,
23:46 mais ça va être une discussion qui va être longue,
23:48 qui va être difficile, parce que, évidemment,
23:51 si nous augmentons le tarif remboursé,
23:54 en contrepartie, si je puis dire, il faut des engagements des médecins,
23:57 c'est pour ça que ça s'appelle une négociation,
23:59 et sans doute aussi des organismes complémentaires.
24:02 - D'ailleurs, les mutuelles qui vont augmenter,
24:04 j'attends, vous avez des chiffres déjà ?
24:06 Est-ce que vous savez de combien vont augmenter nos mutuelles ?
24:10 - Alors, je pense qu'une partie d'entre elles ont annoncé des chiffres,
24:14 qui me surprennent beaucoup,
24:16 autour de 8%.
24:19 - De 8% exactement, j'allais y venir.
24:21 - De 8%, et en disant que c'est notamment parce que
24:25 le gouvernement a prélevé 500 millions d'euros.
24:30 500 millions d'euros, ça ne correspond pas à 8% d'augmentation,
24:33 donc il faudra qu'on a à donner la vérité des prix.
24:36 8%, c'est énorme, quand on pense aux tarifs des mutuelles,
24:40 oui, je pense que c'est beaucoup trop.
24:42 - Merci Aurélien Rousseau d'être venu nous voir, il est 8h58.

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