Emmanuel Macron doit-il allez en Israël ? : «Il sait que n'importe quelle déclaration pourra être retenue contre lui»

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Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1
Transcript
00:00 Mais d'abord, première de nos signatures européennes du vendredi,
00:03 Cote, bonjour Catherine Ney.
00:05 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:07 Aller en Israël ou pas, et quand ?
00:10 Emmanuel Macron n'a pour l'heure rien décidé.
00:12 Jusqu'à jeudi prochain, l'agenda présidentiel est vide.
00:16 Preuve qu'il pourrait peut-être se décider à s'y rendre.
00:19 En attendant Catherine Ney, l'hésitation du président est en train de devenir un fait politique.
00:24 Oui, parce que son absence met en relief, au contraire,
00:27 la présence de ceux qui y sont allés en Israël.
00:30 D'abord Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne,
00:33 alors que la politique extérieure de l'Union Européenne n'est pas dans ses attributions,
00:38 ce qui a d'ailleurs fait enrager les 27,
00:40 et qui tenait absolument à y aller pour dire à Netanyahou sa compassion, son soutien à Israël.
00:46 Ensuite, il y a eu Olaf Scholz, le chancelier allemand,
00:49 qui a voulu nouer une relation spéciale avec Israël,
00:52 80 ans après la Shoah,
00:54 mais tout en marquant depuis toujours sa distance avec le gouvernement Netanyahou.
00:58 Mais là, il est venu et ce n'était plus en cours aujourd'hui.
01:01 Alors, il soutient le droit d'Israël à se défendre, après cette agression barbare,
01:07 mais ensuite il s'est rendu en Égypte pour organiser, négocier,
01:10 l'acheminement d'un secours humanitaire aux Palestiniens.
01:14 Et puis Joe Biden est arrivé, quelques heures après l'explosion de l'hôpital à Gaza,
01:19 dont on a tant parlé,
01:20 et d'emblée il a soutenu la thèse israélienne que ce tir venait du Hamas,
01:24 ce qui l'a empêché de se rendre en Jordanie,
01:26 où il devait rencontrer les dirigeants égyptiens, jordaniens,
01:29 l'autorité palestinienne aussi.
01:31 Donc c'était un voyage déséquilibré,
01:34 mais il a tout de même lancé à Netanyahou,
01:36 "ne soyez pas consumés par la rage",
01:39 sous-entendu, "ne faites pas les mêmes erreurs que nous après le 11 septembre".
01:42 Et puis jeudi, c'était le tour de Rishi Sounak, le premier ministre anglais.
01:46 - Bref, ils y vont tous en Israël en ce moment,
01:48 mais alors comment comprendre l'hésitation d'Emmanuel Macron à suivre leur exemple ?
01:52 - D'abord, à l'Elysée, on assure que le président n'est pas inerte
01:55 et qu'il a de longs coups de fil avec les dirigeants du Proche-Orient
01:58 et les israéliens aussi.
01:59 Hamas, on le sait, a fait 28 morts français,
02:02 il y a des disparus,
02:04 et la France compte la plus grande communauté juive d'Europe,
02:07 plus de 600 000 membres,
02:08 qui aimeraient bien à eux, à elles, que le président se rende sur place
02:12 pour témoigner sa solidarité,
02:14 rencontrer les 35 familles qui ont perdu des proches,
02:16 mais la France compte aussi 6 millions de musulmans.
02:19 Emmanuel Macron a repoussé l'invitation du président égyptien
02:22 de venir samedi à la conférence sur l'avenir de la cause palestinienne,
02:25 une tribune où il aurait pu faire valoir son soutien à Israël
02:28 et sa préoccupation pour la cause palestinienne.
02:31 Mais il a craint, dit-on, que ce sommet débouche sur un communiqué
02:35 entièrement à charge contre Israël.
02:37 Jeudi, à la télévision, il a rappelé l'engagement historique
02:41 en faveur de la création d'un État palestinien.
02:44 Mais disons les choses, depuis 10 ans,
02:47 ça n'a pas été pour lui un dossier prioritaire,
02:49 sans doute parce qu'il pensait que cela était vain.
02:52 Donc il n'a pas fait comme Nicolas Sarkozy,
02:54 qui après François Mitterrand, était venu devant la Knesset
02:57 parler des sujets qui fâchent,
03:00 dire à la fois son amitié indéfectible à Israël
03:03 et son soutien au droit des Palestiniens à avoir un État.
03:07 "Il faut que ce conflit s'arrête", avait-il dit.
03:10 Et il avait aussi rencontré le chef de l'autorité palestinienne.
03:13 - Le président Macron, on le sent, marche sur des œufs,
03:16 c'est pas son genre.
03:17 - Oui mais il tient compte de la situation intérieure,
03:19 et le climat a beaucoup changé.
03:21 L'assassinat du professeur Dominique Bernard
03:24 par un islamiste radical tchétchène a rempli d'effroi le pays.
03:27 Mais hier, la manif pro-palestinienne,
03:29 d'abord interdite, puis rétablie,
03:31 Place de la République,
03:33 où on a vu des milliers de musulmans crier "Al-Hakba",
03:36 les images étaient glaçantes.
03:37 Alors aller en Israël, mais pour dire quoi ?
03:40 Au moment où Israël d'ailleurs prépare une énorme riposte
03:42 qui ne pourra pas empêcher.
03:44 Et il sait très bien que toute déclaration,
03:46 un tout petit dérapage,
03:48 pourrait être retenue contre lui.
03:50 Une prudence dont il n'est pas coutumier,
03:52 qu'il faut louer sans doute,
03:54 mais ne pas y aller, c'est admettre aussi
03:56 qu'il n'est pas un acteur, qu'il n'a pas de rôle.
03:59 Une prudence qui révèle aussi chez lui
04:02 le symptôme d'une peur,
04:04 et en s'étant troublé,
04:05 et bien c'est justement sa peur qui fait peur.
04:08 - Signature Europe 1, Catherine Ney.
04:10 Merci beaucoup Catherine Ney.
04:11 On vous retrouve demain,
04:12 comme chaque samedi, dans "Les Grandes Voies" sur Europe 1,
04:15 Pierre de Villeneuve, c'est entre 10h et 11h. Merci beaucoup Catherine.

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