Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
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00:00 mais d'abord comme tous les vendredis sur Europe 1, vous avez rendez-vous avec Catherine Ney. Bonjour Catherine.
00:04 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06 Alors y aura-t-il une loi immigration à Noël d'abord lundi ?
00:10 Y aura-t-il un accord à l'issue de la réunion de la CMP, la commission mixte paritaire entre députés et sénateurs ?
00:15 Alors si oui.
00:16 Encore une autre question, est-ce qu'il y aura ensuite une majorité pour voter ce texte à l'Assemblée ?
00:20 Bon là c'est pas joué.
00:22 Oui, oui, et la question pourtant, la question migratoire agite l'Europe entière et rebat les cartes partout.
00:27 C'est même le sujet numéro 1, comment le nier ?
00:29 Alors la motion de rejet par l'Assemblée nationale de la loi adoptée par le Sénat,
00:34 laquelle était déjà un compromis entre les républicains et l'UDI, notamment sur les métiers en tension,
00:39 fait figure de désastreux jeu de rôle entre un parti au moment où les Français,
00:44 avec ses attaques au couteau qui se multiplient, sont en attente de mesures fortes.
00:48 Pas besoin de faire un référendum pour savoir ce qu'ils veulent.
00:51 Et vous dites "on en veut à tout le monde".
00:53 Oui, d'abord à Gérald Darmanin dont on saisit mal le fonctionnement.
00:56 Depuis des mois il a encouragé la majorité du Sénat, dominée par LR,
00:59 et c'est vrai que ça fait 15 ans qu'il travaille sur le sujet,
01:02 à aller le plus loin possible.
01:04 Il leur passait des coups de fil, les cageolait, il les a laissés faire et s'est réjoui du résultat.
01:08 Puis le texte est parti à l'Assemblée où la commission des lois a supprimé ou modifié
01:12 66% de la loi votée au Sénat.
01:15 Le ministre de l'Intérieur a approuvé.
01:17 Incohérent.
01:18 D'où la grosse colère des LR pour qui la discussion dans l'hémicycle
01:22 devait partir du texte voté au Sénat.
01:24 Ça n'est pas tout.
01:25 Le 7 décembre, à l'occasion d'une niche parlementaire,
01:28 les LR proposaient de pouvoir modifier la Constitution
01:31 pour mieux traiter la question des flux migratoires.
01:33 Et là, le ministre Darmanin a accaparé la parole pendant 50 minutes,
01:38 plutôt cinglant avec ses anciens amis, rappelant même à Éric Ciotti
01:42 qu'il avait été le collaborateur de Christian Estrosi, le maire de Nice,
01:47 son ennemi intime aujourd'hui.
01:48 Et mieux, trois jours plus tard à Nice,
01:50 il prenait un pot avec le maire face à la permanence d'Éric Ciotti.
01:53 Vous voyez, des provocations enfantines qui ont créé un grand malaise.
01:57 D'où la proposition d'Olivier Marleix d'une motion de rejet du texte.
02:01 Il y en avait d'autres, mais enfin, 40 députés sur 50 l'ont voté,
02:05 alors que le ministre de l'Intérieur croyait en avoir convaincu 20 de voter contre.
02:09 Il n'y a eu que deux votes contre chez LR.
02:11 On a aussi remarqué que le jour du vote de la motion,
02:14 le ministre était seul au banc du gouvernement.
02:16 Vous savez, la défaite est orpheline, n'est-ce pas ?
02:19 Et le soir, il proposait sa démission à Emmanuel Macron, qui l'a refusé.
02:22 Un jeu pas glorieux, ses anciens amis ne le comprennent plus,
02:25 tantôt séducteur, tantôt trop provocateur, c'est un oxymore sur patte.
02:29 - Bon, alors est-ce qu'on en veut au président dans cette affaire ?
02:31 - Mais oui, parce qu'il n'a jamais dit clairement ce qu'il voulait en matière d'immigration.
02:34 Vous voyez, il aurait pu dialoguer un peu plus avec Sacha Houllier,
02:38 le président de la Commission des lois, qui a décricoté allègrement le projet des sénateurs.
02:42 Et puis, dimanche dernier, il a choisi ce jour anniversaire,
02:46 le jour anniversaire de la déclaration des droits de l'homme,
02:49 pour faire l'éloge du droit d'asile, d'accueillir, ouvrez les guillemets,
02:54 penser que régler nos problèmes contemporains en oubliant ces droits
02:58 serait une faute morale et politique.
03:00 Allez dire ça aux Français.
03:01 Quand il y a 200 000 demandes d'asile par an, dont 170 000 déboutées,
03:06 et parmi ceux-là, 93% ne repartent jamais.
03:09 Alors une faute morale, il faudrait voir.
03:11 C'est un propos sûrement à côté de la plaque.
03:13 Mais c'est le président qui a exigé que la Commission paritaire se réunisse dès lundi,
03:18 après quoi on votera mardi et mercredi.
03:21 Et bien si ça marche, là, il aura eu raison de vouloir aller vite.
03:25 – Mais est-ce qu'il faut en vouloir aussi à Bruno Le Maire ?
03:27 Il s'est manifesté dans le dossier.
03:29 – Mais oui, alors que Mme Borne et avec à ses côtés Gérald Darmanin,
03:32 disons-le, tentent de trouver un accord à la Commission paritaire,
03:35 le patron de Bercy, devant des journalistes, a exhorté la majorité,
03:38 c'est-à-dire les macronistes, à reconnaître une défaite
03:41 et de reprendre la version LR du Sénat, tout en demandant aux républicains,
03:45 leurs anciens amis, de faire preuve de mensuétude.
03:47 Mais compte tenu de l'irritation de tout ce petit monde,
03:50 s'était jeté de l'huile sur le feu.
03:52 Du coup Mme Borne lui a fait savoir qu'il ferait mieux de s'occuper
03:55 de la réduction des déficits, mais voyez, toutes ces piques sont très révélatrices,
03:59 de la nervosité qui règne au sommet de l'État,
04:01 ce qui accroît un sentiment d'anxiété dans le pays, grosse fatigue générale.
04:06 Oui, on en veut à tout le monde, et moi je vous le dis,
04:09 on en veut aussi au Père Noël, parce qu'il n'existe pas.
04:12 – Si il existe bien sûr Catherine, et on le pense à tous les enfants qui nous écoutent,
04:16 merci beaucoup Catherine, mais pour la loi immigration,
04:18 vous avez raison, peut-être qu'il est aux abonnés absents.