2023-2005 : «18 ans après...»
Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
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00:00 Mais d'abord, Catherine Ney. Bonjour Catherine.
00:02 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04 - Pour certains en France, la nuit a été très rude dans tous ces quartiers, ces villes où la violence a explosé,
00:10 comme cela sous leurs fenêtres.
00:12 Est-ce que nous vivons, et c'est la question qu'on se pose depuis deux jours maintenant Catherine,
00:16 est-ce que nous revivons à un remake de 2005 ?
00:18 - Oui mais je crois en pire. Vous savez, en octobre 2005, c'était deux adolescents accléchés sous bois en Seine-Saint-Denis
00:23 qui, pour échapper à un contrôle de police, avaient escaladé un transformateur EDF et étaient morts électrocutés.
00:29 C'était un accident horrible, mais aussitôt les émeutes avaient gagné la ville, puis le département, puis les Yvelines,
00:34 et puis des villes en province. On avait vu des scènes de guerre avec des hélicoptères au-dessus des immeubles,
00:39 avec des jeunes qui jetaient des pavés sur la tête des policiers, et comme aujourd'hui, ils avaient entre 14 et 18 ans,
00:46 et la contagion avait même gagné l'Allemagne, les Pays-Bas et Bruxelles.
00:49 - Ça avait duré pas loin de trois semaines à l'époque.
00:51 - Oui, alors à l'époque Dominique de Villepin était Premier ministre, Nicolas Sarkozy ministre de l'Intérieur,
00:56 deux rivaux, comme on le sait, et le second était toutes les nuits sur le terrain,
01:00 12 000 policiers, cette nuit c'était tout de même 40 000,
01:04 et Dominique de Villepin avait frappé fort en instaurant l'état d'urgence le 8 novembre,
01:08 ce qui n'était pas arrivé depuis la guerre d'Algérie, la gauche avait voté contre,
01:11 mais la majorité faisait bloc derrière le gouvernement.
01:13 - Jacques Chirac avait attendu le 14 novembre pour faire connaître sa position.
01:18 - Oui, c'est qu'il était pris en enclume entre Villepin et Sarkozy, le silence avait suscité l'incompréhension,
01:23 évidemment lui il cherchait l'apaisement, il avait dit que les jeunes des quartiers étaient des enfants de la République,
01:28 est-ce que s'il le voulait il pouvait réussir ?
01:30 Enfin voilà, mais le billard matériel était estimé à 200 millions de dégâts, 10 000 voitures brûlées,
01:36 la note sera bien plus élevée cette fois.
01:38 - Oui mais 2023, c'est pas exactement 2005, hein Catherine ?
01:41 - Non, d'abord parce que c'est un policier qui a tué à bout portant le jeune Nahel,
01:44 il roulait à vive allure dans la Mercedes pendant 26 minutes, on a essayé de le faire arrêter,
01:49 donc il est connu dans la ville par la police pour ses refus d'obtempérer,
01:54 bon, mais il est arrivé ce qui est arrivé, le policier a passé la nuit en prison,
01:58 il demande pardon à la famille du jeune, à sa famille aussi, ce qui est un terrible drame,
02:03 38 ans, il avait bien noté, plusieurs fois décoré,
02:05 Emmanuel Macron a qualifié d'inexplicable, d'inexcusable les circonstances du décès,
02:11 rien ne justifie la mort d'un jeune, et c'est vrai,
02:14 mais il ne faut pas oublier à quel point l'exercice du métier de policier
02:17 est de plus en plus compliqué, anxiogène, dangereux,
02:21 par rapport à 2005, le refus d'obtempérer, les refus ont augmenté de 80%,
02:25 et les jeunes se sentent encouragés par les verts, par les insoumis,
02:29 Jean-Luc Mélenchon qui n'arrête pas d'entretenir à grand bruit la haine contre les forces de l'ordre.
02:34 - Et les jeunes qui ont pillé, brûlé cette nuit, vous l'avez dit Catherine,
02:38 entre 14 et 18 ans, des gamins, hein ?
02:39 - Oui, mais c'est une force de frappe glaçante,
02:42 ils avaient d'ailleurs leur stock de mortiers d'artifice,
02:45 sans doute en prévision du 14 juillet, avec lesquels on peut faire la fête,
02:48 mais aussi on peut mettre le feu partout,
02:49 et ils se sont attaqués à tout ce qui est les services de l'État,
02:52 les bus, les tramways, les écoles, les banques, les médiathèques, les mairies, les voitures,
02:57 et à partir d'aujourd'hui, les familles de leur quartier vont beaucoup souffrir.
03:00 - Oui, mais ils ont beaucoup de soutien aussi Catherine.
03:01 - Ah bah oui, comme Kylian Mbappé, qui était à Miami en vacances,
03:04 et qui a envoyé un tweet "J'ai mal à ma France, le petit an j'ai parti trop tôt",
03:08 bon, pas de commentaire,
03:10 Madame Yael Brown-Pivet a telle raison de faire observer une minute de silence dans l'hémicycle,
03:16 beaucoup de héros n'ont pas eu cet honneur,
03:19 et hier, le rassemblement autour de la mer de Naël,
03:21 perché sur une camionnette,
03:23 poing levé, avec à ses côtés, à sa traorée,
03:25 les géries du militantisme anti-policier,
03:28 qui est tout scandale et la haine de l'État et de la police,
03:31 et bien, c'était des images qui m'étaient très mal à l'aise,
03:34 et il faut dire qu'à un an des Jeux Olympiques à Paris,
03:37 on se prend à craindre le pire.
03:39 - Merci beaucoup Catherine, et on vous entendra demain dans les Grandes Voies,
03:43 comme chaque samedi autour de Pierre Devineau, entre 10h et 11h.