Face à l'Info (Émission du 10/10/2023)

  • l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcript
00:00 -Face à l'info, 19h, c'est l'heure.
00:02 On commence par la Minute Info avec Augustin Donatien.
00:06 Bonsoir. -Bonsoir, Christine.
00:08 Bonsoir à tous. Le bilan français passe à 8 morts en Israël
00:11 selon le Quai d'Orsay.
00:13 Ce sont 20 personnes qui sont toujours portées disparues,
00:16 un nombre susceptible d'évoluer selon le ministère.
00:20 Parmi ces disparus, Etan, un petit garçon de 12 ans.
00:23 Il aurait été enlevé par le mouvement palestinien
00:25 samedi dernier.
00:27 -La roquette continue de pleuvoir sur Israël.
00:30 A Hachkelon, à Tel Aviv, les sirènes d'alerte sont incessantes.
00:33 Le CAIR a fermé le poste frontière de Rafah,
00:36 un point de passage entre l'Egypte et la bande de Gaza.
00:39 L'armée israélienne a lancé l'opération épée de fer
00:42 en réaction à l'attaque surprise de samedi matin.
00:45 Enfin, un avion Air France sera frété en Israël ce jeudi.
00:48 Un vol spécial pour rapatrier des Français
00:51 selon le Quai d'Orsay.
00:52 En temps normal, il serait près de 100 000
00:55 de plus de tirs de tir sur place en Israël.
00:57 -La gravité des événements est exceptionnelle ce soir.
01:03 On parlera d'abord du positionnement de LFI
01:06 au sein de l'Assemblée nationale.
01:08 Les députés insoumis ont refusé d'applaudir
01:11 les propos d'Elisabeth Borne,
01:13 annonçant toute sa solidarité
01:14 et son soutien inconditionnel à Israël.
01:17 Un peu plus tôt, le CRIF a déclaré
01:19 que Jean-Luc Mélenchon est un ennemi de la République.
01:22 Il légitime le terrorisme.
01:24 Tour à tour, d'antisémitisme, de dérapage,
01:26 d'apologie du terrorisme, de culte de la violence,
01:29 mais le parti et son leader
01:30 semblent se complaire dans ces critiques.
01:33 Comment expliquer que LFI persiste et signe
01:36 dans son déni, dans son incapacité
01:38 à condamner le terrorisme du Hamas,
01:40 devant tant d'atrocités inhumaines ?
01:43 Et si, justement, la condamnation de LFI
01:45 par la classe politique faisait également partie
01:48 de sa stratégie ?
01:49 L'édito de Mathieu Beaucout.
01:51 -Nous parlerons de l'horreur.
01:53 Chaque jour qui passe, lève le voile
01:55 sur de nouvelles atrocités inimaginables jusque-là.
01:59 40 bébés ont été tués dans un seul kiboutz.
02:01 Familles mutilées, enfants et bébés décapités et ventrés,
02:05 l'horreur dans les kiboutz de Kfar Aksa
02:08 et dans celui de Béry, au sud d'Israël.
02:10 Un journaliste évoque même un génocide
02:12 dans une synagogue, avec des images insupportables.
02:15 Les enfants ont été assassinés devant leurs parents,
02:19 pourquoi la haine des terroristes du Hamas
02:21 ne fait-elle aucune distinction parmi ces victimes ?
02:24 Comment de tels actes sont encore possibles aujourd'hui,
02:28 au moment où la recherche de la paix prime,
02:30 au moment où on recherche à respecter et prolonger
02:33 la vie humaine, créer la terreur, la marque de fabrique,
02:37 la définition même du terrorisme,
02:39 le décryptage de Dimitri Pavlenko.
02:41 Et justement, avec Marc, nous parlerons de cette inhumanité.
02:44 Comment l'homme peut-il tomber
02:47 dans ce qui dépasse même la bestialité,
02:49 la plus ignoble des bestialités ?
02:51 Le regard de Marc Menand, nous parlerons de ces 40 bébés
02:55 qui sont pris en otage.
02:56 Nous parlerons aussi du gouvernement français.
02:59 Emmanuel Macron a dénoncé un chantage insupportable
03:03 sur les otages détenus par les terroristes du Hamas.
03:06 Sur l'Elisabeth Borne, rien n'excuse le terrorisme
03:09 et la barbarie.
03:10 Le gouvernement a tenu à fermement condamner,
03:13 sans ambiguïté, les attaques,
03:15 terriblement meurtrières en Israël.
03:17 Mais certains observateurs politiques reprochent
03:20 des prises de position au camp trop timides du gouvernement.
03:23 Le gouvernement peut-il aller plus loin ?
03:26 Doit-il aller plus loin ?
03:27 Comment expliquer ces positions ?
03:29 L'analyse de Charles-Augustin Meles.
03:32 La terreur, la guerre,
03:33 et tout cela s'accompagne de la guerre des images.
03:37 L'objectif étant d'amplifier la terreur
03:39 ou d'impacter l'opinion internationale
03:42 pour inverser les rôles de l'Etat
03:44 et avancer les rôles d'accusation.
03:46 Guerre des images, mais également guerre des mots.
03:49 La sémantique.
03:50 Pourquoi certains médias s'appliquent à nommer le Hamas
03:54 comme des islamistes ou des combattants
03:56 en refusant d'utiliser le mot "terroriste" ?
03:59 Si Elisabeth Borne a insisté pour l'utiliser,
04:01 pourquoi d'autres sont frileux ?
04:03 Y a-t-il pire définition du terrorisme que ces attaques ?
04:07 En Israël,
04:08 qu'est-ce qui explique le blocage sémantique ?
04:11 Est-ce par idéologie ?
04:12 Est-ce une complicité du terrorisme ?
04:14 Que de ne pas le dénoncer, l'édito de Mathieu Beaucoup.
04:18 Une heure peut prendre un peu de hauteur
04:20 sur l'actualité avec nos musclotères.
04:22 On commence en équipe, en analyse, et c'est maintenant.
04:26 Bonsoir à tous.
04:39 Je précise que d'un instant à l'autre,
04:41 Biden doit s'exprimer.
04:43 Évidemment, nous prendrons son allocution en direct
04:46 puisqu'on sait qu'au moins 11 Américains
04:48 ont été tués dans l'attaque du Hamas
04:51 et que Washington cherche à déterminer
04:53 si le Hamas détient d'autres de ses ressortissants.
04:56 En France, 8 Français ont été tués,
05:00 20 portaient disparus.
05:02 Au total, en Israël, le bilan est encore provisoire.
05:05 Plus de 1 000 morts, 3 700 blessés.
05:08 Nous reviendrons sur ce bilan dans un instant.
05:11 Mais d'abord, la position de LFI,
05:14 avec Jean-Mathieu Bocote.
05:16 Si la gravité de ces événements est exceptionnelle,
05:19 une question se pose.
05:20 Que fait LFI ?
05:21 Mathilde Panot, Jean-Luc Mélenchon,
05:24 le député Maïer Habib, cet après-midi,
05:26 a déclaré à l'Assemblée nationale
05:28 que l'histoire jugera cette cinquième colonne nichée
05:31 au coeur de la République.
05:33 Que recherche le positionnement de LFI,
05:36 choc, dans cette crise ?
05:38 -C'est la question que tous les gens de bonne foi...
05:42 Ca existe encore.
05:43 Tous les observateurs de bonne foi se demandent
05:46 que fait LFI.
05:47 Comment LFI peut-elle se soustraire
05:50 au consensus national
05:51 au moment d'honorer les victimes
05:54 de cet attentat terroriste ?
05:56 Comment Jean-Luc Mélenchon,
05:58 qui est la figure qui incarne cela,
06:00 peut-il se soustraire à ce moment d'unanimité
06:04 qui ne semble pas exagérément demandant ?
06:07 Pourriez-vous participer à la douleur des victimes ?
06:10 Même ça, c'est trop.
06:12 Certains disent que Jean-Luc Mélenchon
06:14 vient de se suicider.
06:16 On entend ce discours, il est fréquent.
06:18 Il se serait auto-éjecté de la vie politique.
06:22 C'est le discours de Fabien Roussel et de plusieurs autres
06:26 à gauche qui prétendent incarner une autre gauche
06:29 qui ne serait pas mélenchoniste.
06:30 Cette gauche non-mélenchoniste est médiatiquement appréciée.
06:34 Je crois que Jean-Luc Mélenchon,
06:36 ce n'est pas approbation morale, mais lecture de sa stratégie,
06:40 constate qu'aujourd'hui, les gens comme Fabien Roussel
06:44 et d'autres ont davantage besoin de lui que l'inverse.
06:47 Que serait le Parti communiste français
06:49 s'il ne pouvait pas s'appuyer aujourd'hui sur l'EFI ?
06:52 Que seraient les Verts en bonne partie
06:54 s'ils ne pouvaient pas s'appuyer sur l'EFI ?
06:57 Jean-Luc Mélenchon dit qu'il a un rapport de force
07:00 à son avantage, soumettez-vous.
07:02 Malgré tout ce qu'il fait, ses déclarations en répétition,
07:05 la nupée existe encore.
07:07 Si la gauche dite républicaine non-mélenchoniste
07:10 trouvait les propos de M. Mélenchon à ce point abjectes,
07:13 ils décideraient eux-mêmes de s'auto-dénupéciser.
07:16 Mais ils ne le font pas.
07:17 Il y a des intérêts qui jouent à travers ça.
07:19 Est-ce que c'est suicidaire ?
07:21 C'est d'un point de vue extérieur à la France insoumise
07:24 qu'on peut dire ça.
07:25 Jean-Luc Mélenchon voit les choses autrement.
07:28 Il dit qu'il y a un électorat qui me soutient.
07:31 Et plus je me radicalise, et plus je fidélise cet électorat,
07:35 plus je vais loin avec des propos qui sont condamnés par tous,
07:39 et plus je réussis à m'emparer d'une position disponible
07:42 aujourd'hui, c'est celle de la fonction tribunicienne.
07:45 C'est la fonction d'opposition radicale au système.
07:48 J'ai déjà eu l'occasion de le dire en d'autres circonstances.
07:51 C'est avec un autre discours et une autre base électorale.
07:55 Il cherche à occuper la place occupée par Jean-Marie Le Pen,
07:58 un électorat radical qui se permet toutes les outrances
08:01 et qui réussit néanmoins à se maintenir.
08:03 Mais Jean-Luc Mélenchon n'accepte pas, cela dit,
08:06 l'idée d'être simplement l'opposant principal.
08:09 Lui, il croit qu'il peut gagner.
08:11 Pourquoi croit-il qu'il peut gagner ?
08:13 En qu'est-ce qu'il explique son discours ?
08:15 C'est du tiers-mondisme classique, je ne doute pas que ça fait partie
08:18 de son raisonnement.
08:20 Dans son esprit israël, c'est l'expression de l'Occident
08:23 dominante dans ce coin du monde.
08:25 Les Palestiniens représentent le peuple victime par excellence
08:28 et un univers mental victimaire qui accompagne leur situation
08:31 par ailleurs tragique.
08:33 Que dit Jean-Luc Mélenchon ? Il dit que cet électorat en France,
08:36 il y a un électorat qui est fidèle à cette cause palestinienne,
08:39 qui n'abandonnera pas ça, pour qui c'est une question
08:42 existentielle et identitaire.
08:44 Mais cet électorat, c'est l'électorat croissant,
08:47 c'est l'électorat qui monte, c'est l'électorat de l'avenir.
08:50 Je ne m'en sépare pas.
08:52 Je l'embrasse, je l'épouse et nous ferons histoire commune.
08:55 Qu'est-ce que ça veut dire ?
08:57 J'entends souvent, c'est une phrase assez fascinante,
09:00 on dit que Jean-Luc Mélenchon fonctionnerait
09:03 par électoralisme en ces matières.
09:05 C'est peut-être vrai, mais on ne va jamais au bout du raisonnement.
09:08 S'il y va par électoralisme, c'est donc qu'il y a un électorat
09:12 qui est sensible à ce discours que certains qualifient d'antisémite,
09:15 que plusieurs voient comme conspirationniste,
09:18 que plusieurs voient comme antifrançais,
09:20 comme raciste anti-blanc.
09:22 Je dis que c'est un discours par plusieurs ainsi qualifié.
09:25 Ça veut donc dire qu'il y a un segment important
09:28 de l'électorat aujourd'hui qui est sensible à cela.
09:31 Nous savons de quel électorat il s'agit.
09:33 Il a voté à 70 % pour Jean-Luc Mélenchon
09:35 à la dernière élection présidentielle.
09:38 Donc, ça, c'est la part manquante.
09:40 Si l'électorat réagit à ça, ça en dit beaucoup sur la fracture.
09:43 Jean-Luc Mélenchon a poussé plus loin l'accusation
09:46 contre la communauté juive "organisée",
09:48 en s'en prenant au crif.
09:50 Je cite ses propos sur le crif.
09:52 "En obligeant tout le monde à s'aligner
09:54 "sur la position du gouvernement d'extrême droite israélienne..."
09:57 L'extrême droite réapparaît. Elle est à l'origine de tout.
10:01 "En acceptant de manifester avec le RN,
10:03 "en insultant les élus futiles du PS..."
10:05 Ça, c'est...
10:07 "Le crif a isolé et empêché la solidarité des Français
10:10 "avec la volonté de paix et la demande de cesser le feu immédiat."
10:13 Qu'est-ce que ça veut dire ?
10:15 Il accuse la communauté juive de diviser la communauté nationale.
10:18 Ce ne sont pas ceux qui embrassent la cause du Hamas.
10:21 Ce ne sont pas ceux qui défilent avec des Palestiniens
10:24 après le massacre de samedi dernier
10:26 qui divise la communauté nationale.
10:28 C'est le crif qui divise la communauté nationale.
10:31 Vous comprendrez le sens de son propos.
10:33 Certains, devant cela, parlent d'antisémitisme.
10:36 - J'ai une question à vous poser sur l'antisémitisme.
10:39 Si vous permettez, une petite remarque.
10:41 Personne ne parle du mot "récupération".
10:44 - Ah, bien oui !
10:45 C'est la même chose. "Electoralisme = récupération."
10:48 - C'est intéressant.
10:49 Si l'extrême droite, par exemple, serait marginalisée
10:52 par rapport au reste d'une classe politique,
10:55 tout le monde parlerait de récupération.
10:57 - Vous avez raison.
10:58 Mais quand on a, comme la France Insoumise,
11:01 l'appui d'une partie importante du service public,
11:04 ça aide à s'éviter les procès en récupération.
11:07 De l'avantage d'avoir le service public avec soi.
11:09 - Est-ce à dire que l'antisémitisme,
11:12 pour revenir au mot qu'on venait d'employer,
11:14 inquiète moins aujourd'hui qu'avant ?
11:17 - C'est une question importante.
11:19 Si on se dit que le discours de Mélenchon peut être inquiétant,
11:22 certains le qualifient d'antisémite.
11:24 Est-ce indifférent ?
11:26 Anne Rosanchère, du journal L'Express,
11:28 a fait une petite recension dans un très bon texte
11:31 que je vous suggère d'aller lire,
11:33 avec cinq éléments qui, selon elle,
11:35 témoignent d'une logique potentiellement antisémite.
11:38 Je donne les cinq éléments.
11:40 On en a déjà parlé, soit dit en passant.
11:42 Rappelez-vous ses propos sur Mohamed Merah.
11:45 C'est le système qui avait provoqué l'assassinat
11:48 à Toulouse, si je ne me trompe pas,
11:50 en disant que c'était pour canaliser la haine anti-musulmane.
11:54 Il disait qu'il allait refaire le coup.
11:56 Conspirationnisme, esprit systémique,
11:59 qui nous dit que le système provoque la mort d'enfants juifs
12:02 pour provoquer la colère,
12:04 pour diriger une colère vers les musulmans.
12:07 C'est du conspirationnisme.
12:08 Je dirais qu'aucun chef de parti dans l'histoire française
12:12 n'a été jusque-là en matière de conspirationnisme.
12:15 Ensuite, Éric Zemmour, rappelez-vous la formule,
12:18 qui serait fidèle au scénario culturel juif classique,
12:21 donc le refus du métissage, le refus de la créolisation.
12:24 Il disait qu'on n'est pas antisémite,
12:26 et qu'il est dans une logique endogamique
12:29 où il refuse de se mêler à tous les autres.
12:31 C'est un juif fidèle à sa judéité.
12:33 C'est une forme d'argument étrange.
12:36 Ensuite, complicité ou à Jeremy Corbyn.
12:38 C'était pas un détail.
12:40 Médine, invité récemment à la France insoumise,
12:42 présentée comme la victime de racisme.
12:45 Ces jours-ci, lorsqu'il nous dit
12:47 que c'est important la position de la France insoumise
12:50 dans le contexte présent.
12:51 On peut se demander, est-ce que la France insoumise
12:54 ou la gauche est moins sensible à l'antisémitisme qu'auparavant?
12:58 Mais on pourrait se poser d'autres questions.
13:00 Elle n'est pas aussi sensible qu'elle le prétendait au racisme.
13:04 Quand le racisme vise les Blancs ou les Juifs
13:07 parce qu'assimilés à Israël,
13:08 ça ne dérange pas une bonne partie de cette gauche radicale.
13:12 Quand on a des associations no-mix,
13:14 on triait les gens selon la couleur de peau,
13:16 on faisait un délit de faciès.
13:18 Trop blanc, pas assez blanc, trop noir, pas assez...
13:21 Ça ne dérangeait pas la France insoumise.
13:24 Quand on est dans une logique de séparation ethnique,
13:27 ça ne dérange pas tant que c'est à la France insoumise
13:30 tant que c'est à son avantage électoral.
13:32 Pendant des années, on nous disait que l'islamo-gauchisme
13:36 est un fantasme qui habite la tête de l'extrême-droite.
13:39 L'islamo-gauchisme serait un fantasme d'extrême-droite.
13:42 L'islamo-gauchisme est reconnu par tous les esprits honnêtes.
13:46 Ce pourrait-il que ceux qu'on diabolise en les associant
13:49 à l'extrême-droite ne se soient pas trompés ?
13:52 - Deux questions en une.
13:53 Mathieu Bocote, à la fois,
13:55 est-ce qu'on n'a pas tous compris qui est l'FI ?
13:58 Est-ce que ça vaut le coup d'en parler encore ?
14:00 Et deuxième question...
14:02 Non, mais c'est vrai. - C'est une très bonne question.
14:05 - Est-ce que ça vaut le coup ? Pourquoi en parler ?
14:08 Et est-ce qu'on peut dire de Jean-Luc Mélenchon
14:11 qu'il a dérapé ?
14:12 - Pourquoi en parler ?
14:14 Le souci de la vérité l'exige. On est devant un parti majeur,
14:17 un parti qui pèse en France,
14:19 qui exprime les aspirations de tout un électorat
14:22 qui est présent à l'Assemblée nationale,
14:24 qui a fédéré la gauche autour de son leader charismatique,
14:27 on pourrait dire le Castro français potentiel,
14:30 qui est M. Mélenchon.
14:32 Donc, ça existe. On peut ne pas aimer cette réalité,
14:35 mais ne pas en tenir compte,
14:36 ça serait sacrifier notre devoir de recherche de la vérité.
14:40 - Est-ce qu'il a dérapé ?
14:41 Je ne suis pas un fan du mot "dérapage",
14:44 car il relève de la morale plus que de la politique.
14:47 Moralement, il dérape,
14:48 mais voyons son intérêt politique à M. Mélenchon.
14:51 Il nous a dit, Eric Zemmour le rappelait hier,
14:54 que pour lui, l'électorat des banlieues,
14:56 l'électorat des quartiers,
14:58 ça représente le nouveau tiers-État.
15:00 Qu'est-ce que ça veut dire ?
15:02 Le tiers-État, c'est la nation en devenir.
15:04 La tiers-État, c'est la nation de demain.
15:07 Ce qu'il a dit à M. Mélenchon, c'est que l'avenir de la France,
15:10 il l'a dit dans d'autres circonstances.
15:13 C'est dans les quartiers, dans les banlieues,
15:16 c'est un électorat "islamo-gauchiste",
15:18 à tout le moins musulman,
15:20 c'est un électorat globalement issu de l'immigration,
15:23 auquel s'additionne la gauche woke
15:25 et tous les militants cheveux bleus.
15:27 Vous savez tous les militants queers et cheveux bleus
15:30 qui disent "solidarité avec la Palestine et le Hamas".
15:33 Sont-ils prêts à aller faire un tour par là-bas ?
15:37 Il y a quand même des limites à être niés.
15:39 Qu'est-ce qu'on voit à travers ça ?
15:41 On voit que M. Mélenchon mise sur l'avenir.
15:44 Il dit que le seul électorat en croissance, en ce moment,
15:47 c'est celui-là.
15:48 La seule communauté en croissance, c'est celle-là.
15:51 L'évolution démographique de la France
15:54 nous avantage à moyen et long terme.
15:56 Je sais qu'il fait des calculs électoraux efficaces.
15:59 Dernière réflexion.
16:00 On dit beaucoup ces jours-ci "combat de civilisation".
16:03 C'est pas faux, mais on pourrait dire
16:06 que la situation d'Israël, c'est un peuple condamné
16:08 en sa terre ancestrale.
16:10 On dit qu'on ne devrait pas exister.
16:12 C'est un peuple qui redoute de devenir minoritaire
16:15 en ses propres frontières.
16:16 On s'inquiète beaucoup en Israël.
16:18 Est-ce qu'un jour, il y aura de moins en moins de Juifs en Israël ?
16:22 Est-ce que les Juifs seront minoritaires ?
16:24 Personne ne les condamne en disant qu'ils sont d'extrême droite.
16:28 De ce point de vue, le combat d'Israël est aussi peut-être le nôtre.
16:32 -Merci pour votre analyse.
16:34 Mathieu Bocode, dans un instant, on va parler de la sémantique.
16:37 Très important.
16:39 Pourquoi le mot "terrorisme" est interdit ?
16:41 Vous allez nous faire des révélations.
16:44 Pourquoi seule Marine Le Pen utilise le mot "pogrom" ?
16:47 Question. Il faut se poser les bonnes questions.
16:50 Est-ce que la condamnation du terrorisme
16:52 ne commence pas par la sémantique ?
16:54 On se posera ces questions-là avec vous dans un instant.
16:57 Dimitri Pavlenko,
16:59 des images tournent en boucle à la télévision israélienne.
17:02 La scène du massacre perpétré par le Hamas
17:05 dans le kiboutz de Béry.
17:07 Et puis aussi celui de Kfar Azzah,
17:10 à 800 m seulement de la bande de Gaza.
17:13 Des images insoutenables, des propos insoutenables,
17:18 des journalistes qui ont révélé avoir vu des images insoutenables.
17:22 -Oui, d'ailleurs, ceux qui n'en ont pas entendu parler...
17:25 Parce qu'en fait, Kfar Azzah, on en a parlé en fin d'après-midi.
17:29 Donc, c'est... Voilà, vous avez la localisation.
17:32 On est à moins d'un kilomètre de la bande de Gaza.
17:35 Béry, c'est pareil.
17:37 Vous voyez, on est juste à côté.
17:39 D'ailleurs, quand vous voyez les images de Kfar Azzah,
17:42 on dirait un village-vacances.
17:44 Des petites allées en béton, des petites maisons proches.
17:47 Donc, l'armée israélienne a convoqué la presse internationale
17:50 cet après-midi.
17:52 C'est un plan média organisé par Tzahal,
17:54 par l'armée israélienne, pour montrer l'indicible.
17:57 Je vais vous dire ce qu'ont dit les reporters
18:00 et les reporters qui ont vu les images.
18:02 Des femmes, des enfants, 40 bébés décapités.
18:05 Des cadavres sur lesquels les tueurs du Hamas
18:08 sont urinés.
18:09 Voilà, c'est ça.
18:10 Une synagogue transformée en charnier.
18:13 Voilà.
18:15 Et dans ce kibbutz de Kfar Azzah,
18:17 je mets une solennité quand même à dire ça,
18:19 parce que c'est terrible.
18:21 Les mots que je viens de prononcer sont abominables.
18:24 Mais vraiment, c'est à la mesure du carnage
18:27 qui a été mené à Kfar Azzah.
18:29 Le kibbutz a été le théâtre d'une bataille extrêmement violente
18:32 qui a duré plus de 36 heures
18:34 entre Tzahal et le commando de la mort
18:37 qui a donc perpétré ce carnage.
18:40 Les 70 membres du Hamas qui étaient sur place
18:42 sont tous morts, ont tous été éliminés.
18:45 Et à un moment, à montrer les images
18:47 à la presse internationale,
18:49 y compris l'officier média de l'armée israélienne,
18:52 a dit "ça suffit, on ne peut pas tout vous montrer
18:54 "parce que c'est tellement dur".
18:56 Ces journalistes sont bouleversés parce qu'ils ont vu.
18:59 Certains vont avoir besoin d'une assistance psychologique
19:02 tellement c'est terrible.
19:04 Et donc, Kfar Azzah, rappelez-vous ce nom,
19:08 rejoint la liste des vils martyrs.
19:11 Vous avez Boucha en Ukraine, Grozny,
19:14 Homs, Sarajevo,
19:16 j'ajoute Horadour-sur-Glane en France.
19:19 On est dans des choses de ce registre-là.
19:21 J'ai pensé à Horadour-sur-Glane
19:23 en entendant parler du martyr de Kfar Azzah cet après-midi.
19:27 Parce que Mathieu a parlé d'einzatskruppen.
19:30 Vous savez, les einzatskruppen, c'était les commandos...
19:34 - D'extermination. - D'extermination du 3e Reich.
19:36 Des commandos mobiles qui circulaient de village en village.
19:39 Et donc, c'est exactement la même mission
19:42 qu'ont accompli hier ces commandos de la mort du Hamas.
19:45 Vraiment, c'était cette idée de perpétrer, d'exécuter tout le monde
19:49 dans une logique de carnage absolument spectaculaire.
19:53 Et on ne peut pas s'empêcher de rapprocher le sort
19:55 des habitants de Kfar Azzah de celui de cet autre kibbutz de Béry,
19:59 qui est surclassé malheureusement dans l'horreur,
20:02 mais c'était déjà absolument abominable ce qui s'est passé.
20:05 On a des images de vidéosurveillance de Béry,
20:07 vous voyez ça sur les réseaux sociaux.
20:08 On ne peut pas s'empêcher de rapprocher leur sort aussi
20:11 de tous les participants de cette fameuse rave party
20:13 de samedi, la Tribe of Nova.
20:16 C'est là qu'a commencé la tuerie.
20:17 Vous savez, il y a eu plus de 270 morts.
20:20 Et il y a cette image d'une fête géante, bruyante, alcoolisée,
20:24 à quelques centaines de mètres seulement de cette prison
20:27 à ciel ouvert, gérée par la dictature du Hamas,
20:31 qui est la bande de Gaza.
20:32 Et vous avez ce monde-là qui est venu régler son compte
20:35 à l'autre monde pour ce qu'il est, en fait,
20:37 et pour avoir eu la prétention de s'approcher d'aussi près.
20:40 Voilà ce qu'on a vu en fait ces 72 dernières heures.
20:43 On apprend à l'instant, en dernière information,
20:46 que l'Union européenne est opposée au blocus de Gaza,
20:51 selon Joseph Borrell.
20:53 Je vous demanderai de réagir dans un instant.
20:56 Je continue avec vous, Dimitri Parvenco.
20:57 Vous avez employé le mot "barbarie"
20:59 pour qualifier les massacres du Hamas,
21:02 mais n'est-ce pas une stratégie délibérée des terroristes ?
21:06 À mon avis, il y a plusieurs niveaux de lecture.
21:08 Effectivement, vous avez raison.
21:09 La barbarie comme outil politique et militaire,
21:12 vous savez, c'est Alain Bauer qui dit souvent,
21:14 le terrorisme, c'est de la violence plus de la communication.
21:18 Évidemment, on est en plein là-dedans,
21:21 avec cette idée aussi qu'en face,
21:23 vous avez une armée extrêmement sophistiquée,
21:26 des missiles à 70 000 dollars, etc.
21:28 Eux, tranchent des têtes,
21:29 et quelque part, ça rééquilibrerait d'une certaine manière.
21:32 Vous voyez cette logique-là ?
21:33 D'ailleurs, vous savez, le livre de chevet des djihadistes,
21:35 c'est un livre qui a été écrit en 2004
21:37 par un certain Abou Bakar Nadji,
21:39 qui a été traduit en de nombreuses langues.
21:40 Je l'ai trouvé en librairie, ce livre.
21:42 Il s'appelle "La gestion de la barbarie".
21:45 La rationalisation ultime de la violence
21:48 portée à des extrémités à la limite de l'imagination.
21:52 Des bébés décapités, des corps sur lesquels on urine.
21:55 La gestion de ça, on gère ça,
21:57 comme un outil politique, comme un autre.
21:59 Et on s'y entraîne.
22:00 Et à l'heure des réseaux sociaux,
22:02 on perce tous les filtres de la censure militaire et médiatique
22:06 en accédant directement au public qui se connecte
22:08 et se retrouve victime à son tour
22:10 parce qu'il voit des images qu'il n'a pas nécessairement commandées.
22:13 Vous voyez, c'est ça.
22:14 Dans le but de nous choquer, nous, les Occidentaux,
22:16 les Croisés, les Juifs, tout cela.
22:18 Vous les appelez comme vous voulez,
22:19 c'est comme ça qu'eux nous appellent, en tout cas.
22:21 Et aussi pour galvaniser la rue arabe.
22:23 J'ai cette intention, je pense aussi, de choquer la rue arabe.
22:26 Parce qu'effectivement, il faut bien le dire,
22:27 le Hamas, qu'on dit piloté en sous-main par l'Iran, etc.,
22:30 objectivement, est assez seul aujourd'hui.
22:32 Vous n'avez pas vu, le Hezbollah a bougé beaucoup.
22:34 Donc, il faut exister médiatiquement pour montrer qu'on est là.
22:38 Il y a aussi la barbarie portée à son extrémité
22:41 parce que Daesh a crevé tous les plafonds en la matière depuis 10 ans.
22:44 Enfin, je veux dire, ce qu'on a vu ce week-end,
22:46 en réalité, Daesh nous l'a montré en Syrie,
22:48 nous l'a montré en Irak.
22:50 Et l'innovation, si l'on peut dire,
22:52 c'est ce que les spécialistes dans le terrorisme
22:55 appellent la POM, la prise d'otages massive,
22:58 alors qu'on a déjà vu.
22:59 Vous pensez à l'école de Beslan,
23:01 la prise d'otages d'Inam Enas en Algérie, dans cette raffinerie.
23:04 Vous pensez aussi à la Dubrovka, ce théâtre à Moscou.
23:07 C'était il y a plus de 20 ans.
23:09 Sauf que là, les otages,
23:11 on ne les a pas gardés sur place dans une intention suicidaire,
23:13 on les a ramenés dans sa tanière.
23:16 Et le piège, en fait, aujourd'hui pour Israël, il est là
23:18 parce que la question que se posent les autorités palestiniennes,
23:21 c'est qu'est-ce qu'on fait ?
23:22 Est-ce qu'on opère à Gaza
23:24 sans tenir compte de la vie de ces otages ?
23:26 Sachant que vous avez des binationaux,
23:28 vous avez des Américains, vous avez peut-être des Français.
23:30 Et on n'est même pas sûrs qu'ils soient tous à Gaza.
23:32 Peut-être ont-ils été exfiltrés.
23:34 Vous voyez le dilemme, les questions impensables
23:37 qui se posent aujourd'hui aux autorités israéliennes
23:41 du fait de cette barbarie érigée en tactique militaire par le Hamas.
23:47 Voilà pour la part rationnelle, on va dire,
23:50 de la barbarie du Hamas.
23:52 Dimitri Pavlenko, vous disiez qu'il y avait plusieurs niveaux de lecture.
23:56 À quoi pensez-vous ?
23:57 Alors, vous savez, Mathieu a reçu l'historien Georges Bensoussan samedi.
24:02 Il était hier matin aussi chez Sonia Mabrouk.
24:05 Et il a dit, c'est une citation de Bergson, il a dit,
24:08 "L'œil ne perçoit que ce que l'esprit est prêt à comprendre."
24:11 "L'œil ne perçoit que ce que l'esprit est prêt à comprendre."
24:13 Je n'ai pas compris tout de suite ce qu'il a voulu dire.
24:15 Cette phrase m'a travaillé.
24:16 Et en fait, je me suis dit, qu'est-ce que j'ai vu ce week-end ?
24:19 Alors, j'ai vu la barbarie tactique, comme je viens de vous dire.
24:21 J'ai vu aussi les monstres assoiffés de sang.
24:23 Et c'est ce qu'a dit Benyamin Netanyahou lorsqu'il dit,
24:25 il parle de ces animaux humains, les "human animals".
24:29 Voilà. Je pense qu'en fait, c'est une erreur.
24:31 Je pense que de voir des animaux humains, de voir les monstres,
24:34 il y a plus que ça.
24:35 Il faut voir le projet totalitaire, en réalité, du Hamas.
24:38 Je vais aller vite, mais il y a un livre qui...
24:40 - Non, non, n'allez pas vite. - Je ne vais pas vite.
24:42 On va marquer une pause et vous allez me dire ce que vous entendez
24:45 par "il faut voir le projet totalitaire du Hamas",
24:48 au-delà, justement, de la barbarie.
24:50 Non, non, on marque une pause et c'est très important de s'arrêter là-dessus.
24:52 On parlera aussi d'humanité et on parlera aussi de la notion d'humanité
24:57 aujourd'hui par rapport à ce qu'on vit.
24:59 Et on parlera avec vous, Charles O'Donnell,
25:00 du gouvernement.
25:01 Est-il à la hauteur de ce qui se passe sur place ?
25:04 La guerre des images, c'est très important.
25:06 La guerre des mots, on en parle avec vous.
25:08 On voit sur les réseaux sociaux la guerre des images et la guerre des mots.
25:11 On en parle dans un instant. À tout de suite.
25:13 On retourne sur le plateau de Face à l'info.
25:19 Dans un instant, on parlera de la guerre des images
25:21 avec Mathieu Bocoté, de la guerre des mots.
25:23 La sémantique est importante.
25:25 Est-ce que la lutte contre le terrorisme ne commence pas d'abord par les mots ?
25:30 On en parlera dans un instant.
25:31 On parlera d'humanité et d'inhumanité
25:34 à l'heure où tout le monde recherche la vie,
25:36 recherche à prolonger la vie et à protéger la vie.
25:39 On en parlera avec vous, Marc Menand, et avec vous, Charles O'Donnell.
25:41 On parlera du gouvernement.
25:43 Est-il suffisamment condamné ?
25:45 Est-il suffisamment à la hauteur de ce qui se passe réellement ?
25:48 Pourquoi il n'était pas présent à la marche à Paris,
25:51 notamment hier soir, même si certains étaient en Allemagne ?
25:54 On se posera toutes les questions.
25:55 Dimitri Pavlenko, vous avez dit quelque chose d'important tout à l'heure,
25:58 entre autres, tout ce que vous dites est important,
26:00 mais vous parlez au cœur de cette barbarie.
26:04 Vous disiez que c'était un projet totalitaire du Hamas, c'est-à-dire ?
26:10 J'ai trois niveaux de lecture de cette barbarie.
26:12 Je vous ai dit barbarie tactique, la barbarie bestiale,
26:16 et puis la barbarie totalitaire,
26:18 parce que quand ils ouvrent le feu sur des civils,
26:22 sur des enfants, sur des femmes,
26:24 je suis convaincu que les tueurs du Hamas ne voient plus des êtres humains.
26:29 Ils ne voient plus leurs visages, comme aurait dit le philosophe Lévinas.
26:33 Ils voient des parasites à éliminer, des punaises de lit, des insectes,
26:36 des obstacles à leur projet,
26:38 exactement comme les nazis voyaient les juifs,
26:40 exactement de la même manière.
26:43 Je ne nazifie pas le Hamas pour faire joli,
26:45 mais parce qu'il y a une logique totalitaire qui se déploie.
26:49 Ça m'a rappelé un livre qu'il faut avoir lu
26:53 si vous voulez comprendre la pensée totalitaire.
26:55 C'est "L'espèce humaine",
26:56 écrite par le poète Robert Anthem, compagnon de Marguerite Duras.
27:00 Dans ce livre, il raconte son expérience de déporté en camp de concentration.
27:05 "L'espèce humaine", je ne vous ai pas donné son titre.
27:08 Dans ce livre, il raconte l'aîné de son bloc dans le camp de concentration.
27:12 L'accueil lui dit qu'il faut que vous sachiez que vous êtes ici pour mourir.
27:16 Et sa mort sera le triomphe du SS qui le garde.
27:21 Et ce SS, il l'appelle "mon Dieu".
27:23 C'est le Dieu, c'est son Dieu.
27:25 Je pense que les tueurs du Hamas,
27:27 la mort des jeunes de la Rêve-Partie ou du Kébout de Kfar Azzah,
27:31 c'était leur triomphe à eux,
27:32 parce qu'ils se voient comme les exécuteurs du plan de Dieu,
27:36 d'un plan divin.
27:37 C'est un fanatisme totalitaire.
27:40 Voilà ce qu'il faut voir quand on voit ces hommes,
27:43 qui sont assis dans un pick-up,
27:44 ils hurlent "Allahou Akbar",
27:46 et ils sont assis sur le corps désarticulé de cette femme,
27:48 comme sur un sac de pommes de terre.
27:50 Cette déshumanisation absolue,
27:52 finalement, on ne peut la comprendre
27:55 que si on a réalisé que derrière,
27:57 il y a cette pensée totalitaire poussée par le Hamas.
28:01 - Merci beaucoup pour votre regard.
28:03 On parlera justement de cette déshumanisation avec vous,
28:06 Marc.
28:07 Charlotte Donnella, j'aimerais bien réagir
28:09 à la chronique de Dimitri, peut-être.
28:12 Et aussi, peut-être, ce mot pour Rome.
28:15 On en parlera aussi tout à l'heure,
28:16 qu'a employé Marine Le Pen.
28:18 Est-ce que ça correspond à cette barbarie ?
28:21 - Oui, à la fois dans les mots qui sont utilisés,
28:23 dans la manière de le décrire,
28:25 je pense que jour après jour,
28:26 on réalise exactement ce qui s'est passé.
28:28 C'est-à-dire qu'on a imprimé,
28:30 dans le conflit israélo-palestinien,
28:32 dans ce qui se passe en Israël.
28:34 Samedi matin, on a vu une nouvelle attaque du Hamas.
28:37 Ça n'a étonné personne.
28:38 Si on refait l'histoire,
28:40 à 8h, vous recevez une alerte, attaque du Hamas,
28:42 on se dit qu'il y a des roquettes qui sont lancées,
28:45 le fameux dôme de fer fait qu'on a été attaqué.
28:47 Le fameux dôme de fer fait qu'on n'en parle jamais.
28:50 C'est un affrontement latent, permanent,
28:53 qui se joue beaucoup plus sur des alliances
28:56 que beaucoup découvrent ces derniers jours.
28:58 Des alliances passées avec un tel,
29:00 puis renouées le lendemain, puis dénouées.
29:02 Tout à coup, on voit débarquer les images qui sont venues à nous.
29:06 Ce qu'on découvre jour après jour,
29:08 c'est ce qui s'est passé à Toulouse,
29:10 le lendemain, le Bataclan avec cette rave partie,
29:12 le troisième jour, l'angoisse absolue après le Bataclan.
29:15 C'est le lien d'un très long papier sur les services de renseignement
29:19 qui imaginait qu'en France, il pouvait y avoir des djihadistes
29:22 qui prennent un village entier à ses déserts
29:25 et qu'ils le prennent à leur main pour dire
29:27 qu'on a pris un endroit, on a tué tout le monde.
29:30 Vous revivez une lecture du terrorisme.
29:32 Mais évidemment, on s'ajoute à ça,
29:34 une lecture, notamment en Europe,
29:36 évidemment qu'on ne peut que lier ça à la Seconde Guerre mondiale,
29:40 parce que c'est notre référent de l'horreur
29:42 qui est faite par rapport à ça.
29:44 C'est extrêmement lié ici,
29:46 d'ailleurs beaucoup plus dans la lecture ici que là-bas.
29:49 Mais donc, tout cet imaginaire-là,
29:51 et le fait qu'il soit refusé par certains dans la classe politique,
29:55 est un message aussi, ils ont le même imaginaire que nous.
29:58 -Sur le mot pogrom, vous avez raison.
30:00 Depuis quelques jours, c'est le terme que l'on doit employer
30:03 pour parler de ces massacres de Juifs.
30:06 Ca fait écho à une double mémoire,
30:08 la longue mémoire de la persécution des Juifs au fil de l'histoire,
30:12 et la deuxième guerre mondiale,
30:13 l'entreprise d'exécution d'un peuple.
30:15 Ce mot, ceux qui osent l'utiliser, c'est Marine Le Pen.
30:19 Elle a raison d'utiliser ce terme, et les autres ont tort de le fuir,
30:22 car c'est le terme qui sert à définir de tels massacres.
30:26 -On parlera tout à l'heure de la guerre des mots avec vous,
30:29 Mathieu Beaucôt.
30:31 Marc Menon, restons justement sur cette inhumanité.
30:34 Comment est-ce possible, aujourd'hui ?
30:36 Comment expliquer ?
30:38 Vous qui avez ce regard sur l'histoire,
30:40 vous avez déjà raconté à plusieurs reprises
30:42 que dans l'histoire, l'être humain peut être bestial,
30:46 mais là, on reste sous le choc
30:48 de ces bébés éventrés, décapités, pris en otage,
30:53 ces enfants tués devant leurs parents,
30:56 des parents tués devant leurs enfants.
30:58 C'est l'horreur absolue. Comment peut-on imaginer ça en 2023 ?
31:01 -D'abord, oui, vous avez raison de dire en 2023.
31:04 On pourrait penser, espérer,
31:06 que l'espèce humaine est une avancée morale
31:10 qui lui permette d'éviter de tomber dans cette abjection.
31:13 Ce qui est invraisemblable,
31:17 c'est qu'effectivement, on se laisse conditionner,
31:21 certains se laissent conditionner à un point qu'il nie l'autre.
31:25 C'est l'excellent papier de Dimitri.
31:27 C'est-à-dire qu'à un moment donné, vous n'avez plus en face de vous
31:31 un être humain, quelqu'un de respectable.
31:33 Vous n'avez même pas un ennemi, car l'ennemi, vous le respectez.
31:38 Vous avez devant vous un insecte, une punaise de lit,
31:41 quelque chose qu'il faut détruire à tout prix.
31:44 Et ça, c'est ce qu'on vous a fait germer dans votre crâne
31:47 dès le plus jeune âge.
31:49 Alors, il faut oser regarder les choses telles qu'elles sont.
31:52 Parce que là, oui, on va avoir certaines pudeurs.
31:55 Mais quand on... Tout à l'heure, également,
31:58 lorsque Mathieu parlait de l'électoralisme de Mélenchon,
32:05 ça signifie qu'il y a des gens qui attendent
32:07 qu'il y ait un positionnement qui fasse attention
32:11 à leur pensée, leur plus profonde,
32:13 que l'on fasse attention à ce qui les anime,
32:16 à ce qui les dirige.
32:19 Or, qu'est-ce qui les dirige aujourd'hui ?
32:21 C'est l'esprit des frères musulmans,
32:25 l'esprit des salafistes, des wahhabites.
32:30 Et que disent-ils les uns et les autres ?
32:34 Alors, j'ai repris un élément.
32:36 Allah est notre objectif.
32:40 Le prophète, notre chef.
32:42 Le Coran, notre loi.
32:45 Le djihad est notre voie.
32:48 Et alors, attention,
32:50 la mort sur la voie d'Allah est notre plus cher espoir.
32:56 Mais voilà ce que l'on laisse diffuser depuis longtemps.
32:59 Voilà ce qui se propage ici, là.
33:01 Voilà cette contagion mentale, de telle sorte qu'aujourd'hui,
33:05 eh bien oui, nombre de gens qui sont wokistes,
33:07 qui sont éléphistes, qui sont ex de gauche,
33:11 qui vous disent qu'il est normal qu'une jeune femme se voile,
33:14 c'est la liberté. Mais ça veut dire quoi ?
33:16 Qu'une jeune femme qui se voile fait sienne le fait
33:20 que la mort sur la voie d'Allah est notre plus cher espoir.
33:24 Elle ne vit pas une spiritualité.
33:27 Elle espère que l'on puisse vivre un jour,
33:30 selon la loi d'Allah, selon la sharia.
33:33 Alors, si je me trompe,
33:35 ce que j'attendrai, moi, si ces jeunes femmes
33:38 ont une humanité bénéficiant de la chance
33:41 d'être dans une société
33:43 où, théoriquement, on essaie de faire en sorte
33:46 que tout être humain puisse s'épanouir
33:48 à partir de la réflexion et en ayant du cœur.
33:52 C'est ce que vous disiez tout à l'heure.
33:53 On veille toutes les mesures qui ont été prises durant le Covid.
33:56 Ça ne fusquait personne. On vous enfermait
33:58 parce qu'éventuellement, des personnes pouvaient être emportées
34:02 parce que vous les auriez contaminées.
34:05 Et ceux-là, alors qu'ils sont très âgés,
34:08 on ne peut pas écourter la vie de trois mois
34:11 d'une personne malade.
34:12 Et là, on acceptait toutes les distorsions politiques...
34:17 -Pour protéger la vie. -Pour protéger la vie.
34:20 On est dans le transhumanisme.
34:22 -Et c'est dans cet esprit que nous sommes en démocratie.
34:26 La protection de la vie, la prolongation de la vie.
34:30 -À n'importe quel prix. -Et à n'importe quel prix.
34:32 -À n'importe quel prix. -D'où le choc.
34:34 -D'où le choc. Mais ce qui est extraordinaire, donc,
34:37 c'est qu'aujourd'hui, vous avez des personnes
34:40 qui se retrouvent dans ces images...
34:42 Alors oui, on peut égrener l'histoire.
34:44 Dimitri l'a fait. On pourrait rappeler l'Écmerouge,
34:47 on pourrait rappeler ce qui s'est passé sous Mao,
34:50 c'est-à-dire des peuples qui, eux-mêmes,
34:53 ont ces ventres entre eux qui n'ont plus la moindre distinction
34:56 de dignité.
34:58 Mais c'est ce qu'on laisse germer dans notre État aujourd'hui,
35:01 dans ce monde où, théoriquement, on n'a jamais fait aussi attention
35:06 à l'espérance de vie de tout un chacun.
35:09 On laisse germer l'esprit dans l'esprit
35:12 que la mort, sur la voie d'Allah, est notre plus cher espoir.
35:16 Alors moi, je demande à ces jeunes femmes qui se disent
35:20 "Au nom de ma foi, je fais ce que je veux,
35:22 "je suis une femme libre."
35:23 Aujourd'hui, porter le voile, ça veut dire quoi ?
35:26 Ça veut dire qu'on admet qu'effectivement,
35:29 au nom d'Allah, on puisse commettre ces abominations,
35:34 ces abjections, il n'y a même plus de mots.
35:35 Les mots n'ont plus de valeur par rapport à ça.
35:38 Donc, vous avez 18 ans, vous avez 25 ans,
35:42 vous êtes là, vous représentez, soi-disant,
35:44 l'espoir de l'émergence d'une foi
35:48 et vous acceptez qu'au nom de cette foi,
35:51 on ait ces attitudes inadmissibles.
35:55 Alors moi, je leur demande, naturellement,
35:58 d'enlever leur voile, ça veut pas dire renoncer à leur foi,
36:01 mais renoncer à ceux qui sont pour que, demain,
36:05 eh bien, il y ait un monde qui soit façonné,
36:09 un monde qui soit endoctriné,
36:12 un monde dans lequel la foi n'a plus aucune valeur,
36:15 puisqu'elle est obligatoire.
36:17 Faut pas oublier non plus que, la semaine dernière,
36:20 il y a eu cette belle initiative des prix Nobel
36:23 de distinguer cette jeune femme qui est en prison depuis des années.
36:27 Pourquoi ? Parce qu'elle porte un voile, déjà,
36:29 celle qui, aujourd'hui, sont là, dans la rue, toute crâneuse.
36:33 Et elles ne bougent pas par rapport à ça.
36:35 Elles sont là dans le petit moingeun,
36:37 mais donc, elles n'existent pas par rapport...
36:39 Où est leur humanité ?
36:41 Rien de ce qui se passe autour d'elles ne fait écho,
36:44 rien ne vient réveiller leur âme,
36:46 il n'y a que leur intime conviction.
36:48 Vous vous rendez compte de la défiance et la déviance
36:51 dans laquelle nous sommes ?
36:53 Et pour autant, eh bien, on va pleurer,
36:55 on va pleurnicher.
36:57 Je me suis senti humilié.
36:59 C'est-à-dire que notre humanisme
37:01 est simplement fondé sur ce petit égo,
37:04 ce petit égo maladif
37:06 qui ne tolère plus quoi que ce soit.
37:08 Il est temps de réagir,
37:11 que ce drame épouvantable,
37:13 qui malheureusement ne va pas se conclure demain,
37:15 que ce drame épouvantable
37:17 permette aux uns et aux autres
37:19 de se réveiller et de comprendre
37:22 qu'il est temps de réfléchir pour nous propulser, peut-être,
37:25 dans un avenir qui sera au moins légèrement meilleur.
37:29 -Merci pour votre regard.
37:31 On apprend que 200 personnes se sont rassemblées dans le calme,
37:35 à Marseille, en début de soirée,
37:37 en soutien aux Palestiniens,
37:39 malgré l'interdiction prononcée
37:42 par les autorités qui invoquaient
37:44 des risques de trouble à l'ordre public.
37:46 Qui veut répondre à cette question peut-être un peu troublante ?
37:49 Est-ce qu'on peut entendre ceux qui soutiennent les Palestiniens ?
37:54 Ou pas du tout ?
37:55 -Je distinguerais... -Question choc.
37:57 -Je la distinguerais. C'est-à-dire, d'un côté...
38:00 Est-ce que, dans les circonstances,
38:02 dans les 24 heures, les 48 heures qui ont suivi,
38:05 faire une manifestation pour la Palestine...
38:07 C'est pas une manifestation pour la Palestine,
38:10 c'est une manifestation pour la version Hamas
38:12 de la cause palestinienne,
38:14 c'est-à-dire la volonté d'éradiquer Israël et de tuer les Juifs ?
38:17 Est-ce qu'on peut, malgré les horreurs absolues du Hamas,
38:20 dire que le peuple palestinien a droit à son État,
38:23 soutenir la théorie de la thèse des deux États ?
38:25 Ça va de soi. Mais il y a un terme, le timing, dans les circonstances.
38:29 Au Québec, on a une formule, se garder une petite gêne.
38:32 -Avoir de la pudeur, avoir de la compassion,
38:35 avoir un minimum d'empathie.
38:38 La semaine dernière, on parlait de l'empathie
38:41 dans les écoles, souhaitée par le ministre de l'Education.
38:44 Où est l'empathie ?
38:46 Quand on entend ces informations et qu'on descend dans la rue
38:50 en étant en train de brandir sa cause,
38:53 ma cause, il n'y a que ça qui existe.
38:55 Donc, les autres, eh bien oui, ne sont que des insectes,
38:58 ne sont que des vermines.
39:00 C'est ça, ce que ça sous-entend.
39:02 Mais pour autant, oui, il est bon d'espérer qu'un jour,
39:05 tout un chacun puisse avoir un territoire.
39:08 -Charlotte Dornénas, on va analyser un peu
39:10 la position du gouvernement français.
39:13 Alors, on a vu, cet après-midi,
39:15 des déclarations fortes d'Elisabeth Borne,
39:18 d'Éric Dupond-Moretti, d'Emmanuel Macron, ce matin.
39:22 Mais certains sont étonnés quand même
39:24 par une réaction assez prudente du gouvernement français
39:27 sur la retenue peu représentée, par exemple,
39:30 à la manifestation de soutien à Israël, hier.
39:34 Comment comprendre ce positionnement ?
39:36 Est-ce que c'est un réel positionnement de pudeur
39:39 ou c'est une mauvaise interprétation ?
39:41 -C'est vrai qu'il y a plusieurs choses qui ont fait réagir.
39:45 D'abord, la première réaction d'Emmanuel Macron
39:47 était assez convenue.
39:49 Il n'y a jamais eu d'ambiguïté.
39:51 C'était une condamnation absolue de ce qui s'était passé.
39:54 Elle était assez sur la retenue.
39:56 Ensuite, il a été un peu plus loin.
39:58 En effet, plusieurs personnes ont noté
40:00 qu'à la manifestation, hier, organisée par le CRIF,
40:03 de soutien à Israël,
40:04 il n'y a pas de poids lourd du gouvernement.
40:07 Beaucoup étaient avec Macron en Allemagne,
40:09 mais Elisabeth Borne, par exemple, à Paris,
40:12 ne s'y est pas rendue non plus.
40:13 Il peut y avoir plusieurs lectures à ça.
40:16 Certains se sont tentés à des lectures.
40:18 La première chose, c'est qu'on a pris l'habitude, en France,
40:21 de faire des jauges d'indignation.
40:24 Qui va crier le plus fort en permanence ?
40:26 Un gouvernement dans une situation pareille,
40:29 heureusement que la question de la prudence s'invite un peu.
40:32 On a parfois tendance, depuis deux jours,
40:34 à se dire que ce conflit, globalement,
40:37 c'est un conflit interne à la nuppes.
40:39 Dans le monde, c'est une guerre mondiale.
40:41 On ne peut pas le traiter de la même manière
40:44 avec nos mots, ici, autour d'un plateau de télévision,
40:47 en famille, avec des amis, ou quand on est chef d'Etat.
40:50 C'est impossible de parler de la même manière,
40:53 de se laisser aller au même choix de mots
40:55 et à la même manière de parler.
40:57 C'est pour ça que j'insiste.
40:59 La condamnation a été sans équivoque.
41:02 C'est beaucoup plus de l'ordre de l'étonnement, d'ailleurs.
41:05 On s'est dit que Emmanuel Macron ne réagit pas "violemment"
41:09 par rapport à la violence que des images qu'on était en train,
41:12 même des récits qu'on était en train de découvrir.
41:15 La première lecture qui a été faite naturellement
41:18 par beaucoup de gens, c'est l'importation du conflit en France.
41:22 J'entends beaucoup de gens dire
41:24 que le conflit soit importé en France.
41:26 Honnêtement, ouvrons les yeux,
41:28 il est importé depuis déjà extrêmement longtemps,
41:32 en France. La meilleure preuve,
41:33 c'est pas une vue de l'esprit, une manière de lire l'actualité,
41:37 c'est juste de l'observation.
41:39 Quand le ministre de l'Intérieur de votre pays,
41:41 à 3 000 km, lors de sa première intervention,
41:44 vous dit "je réunis un conseil de sécurité
41:48 "pour protéger la communauté juive en France",
41:50 c'est pas une vue de l'esprit.
41:52 C'est la première chose qui vient à la tête du ministre de l'Intérieur.
41:56 Par ailleurs, on a évidemment une rue arabe,
41:59 mais qui existe désormais aussi en France,
42:02 qui est relativement calme jusqu'à maintenant.
42:04 Il y a eu des histoires, mais c'est assez anecdotique
42:07 par rapport à ce que ça pourrait être,
42:10 même à des démonstrations de force qu'on a pu avoir ces dernières années,
42:14 et qui pourrait se réveiller au moment de la riposte israélienne.
42:17 Donc ça aussi, ça doit rester dans la tête d'un chef d'Etat
42:21 qui fait aussi avec la réalité qui est la sienne.
42:24 Alors, évidemment, ça a beaucoup de conséquences,
42:27 le fait que ce conflit soit déjà importé,
42:29 et en plus de manière particulièrement binaire et manichéenne,
42:33 en France. D'abord, un, ça brouille absolument
42:35 la possibilité de la lecture,
42:37 "froide", c'est un mot difficile à poser sur ce qui se passe,
42:41 mais une lecture, par exemple, des puissances impliquées
42:44 dans le conflit, potentiellement impliquées,
42:46 de la réaction, de l'analyse de ce que dit le gouvernement israélien,
42:50 des réactions des responsables du Hamas
42:53 ou de l'autorité palestinienne de l'autre côté.
42:55 C'est difficile à faire, car on le traite
42:58 par rapport à notre conflit interne,
43:00 et qui ressemble à ça.
43:01 Par ailleurs, la présence des frères musulmans.
43:04 On en parle, on fait des chroniques.
43:06 Le Hamas est une branche des frères musulmans.
43:08 C'est mondial, les frères musulmans,
43:10 et on le sait très bien.
43:12 C'est beaucoup plus notabilisé chez nous,
43:14 mais on le sait que la pénétration est à la fois
43:17 dans l'Union européenne et en France.
43:19 Là, c'est pas un jugement moral que je fais.
43:22 Quand vous êtes chef d'Etat,
43:24 vous avez à l'esprit évidemment aux ministres en plus.
43:27 Et par ailleurs, le tout se fait
43:29 dans une ambiance internationale
43:32 vis-à-vis du monde arabe et plus particulièrement musulman,
43:35 où la France est déjà dans le viseur
43:37 de toutes les organisations de la plus modérée,
43:40 c'est-à-dire des gouvernements des Etats arabes les plus modérés,
43:43 jusqu'à, évidemment, les groupes terroristes,
43:46 les plus radicaux, les groupes terroristes, ça suffira.
43:49 Ces derniers mois, on a également commenté
43:52 le fait qu'Emmanuel Macron, mais à travers lui, la France,
43:55 était particulièrement dans le viseur
43:57 de toutes ces organisations,
43:59 notamment, et souvent, ça revient,
44:02 notamment par le biais de la lecture sioniste.
44:04 On interdit les abayas,
44:06 parce que c'est une lecture sioniste de l'école en France.
44:09 Tout ça est extrêmement mêlé dans le discours,
44:12 et vous êtes obligés d'avoir tout ça en tête
44:15 quand vous commentez avec responsabilité,
44:19 pour le coup, une situation pareille, me semble-t-il.
44:22 - C'est une interprétation très libre.
44:24 J'ai pas eu Emmanuel Macron au téléphone
44:26 qui m'a fait cette liste-là, mais je trouve la prudence bienvenue.
44:30 - La question des otages est traitée,
44:32 mais assez peu dans sa dimension française.
44:34 Que signifie cette donnée dans le conflit ?
44:37 - La question des otages, la première lecture qui est faite,
44:40 c'est celle de la situation en France.
44:42 Il y a également celle des otages.
44:44 On parle beaucoup des otages dans cette histoire,
44:47 mais peu du nombre d'otages français.
44:49 - On peut en statuer 20 disparus.
44:51 - Hier, on pensait que c'était 14, puis 13,
44:54 puis là, on nous dit 20 personnes qui ont disparu,
44:56 20 Français qui ont disparu,
44:58 dans la tête d'un président de la République.
45:01 D'autant que cette question des otages,
45:03 là, aujourd'hui, on ne sait pas ce que vont devenir ces otages,
45:07 à quoi vont-ils servir ?
45:08 Servir à échanger simplement avec Israël
45:11 contre des prisonniers, comme on l'a déjà vu ?
45:13 Servir de bouclier humain dans la bande de Gaza,
45:16 puisqu'ils sont à priori retournés là-bas ?
45:19 Servir à aller dans les souterrains à Gaza
45:21 pour les disperser dans plusieurs maisons ?
45:24 Servir tout simplement à déstabiliser, évidemment,
45:27 le gouvernement israélien,
45:28 qui ne peut pas faire comme si ces otages n'existaient pas ?
45:32 C'est forcément une question qu'il se pose,
45:34 étant donné la situation, mais c'est très difficile
45:37 vis-à-vis d'une population israélienne
45:40 animée d'un esprit de vengeance par rapport aux images qu'il voit,
45:44 c'est sur le terrain de l'image stricte,
45:46 d'un sentiment de colère immense vis-à-vis du gouvernement,
45:50 du renseignement, dont on a parlé,
45:52 et de sidération absolue devant cet échec très clair.
45:55 Donc la question des otages,
45:57 elle se pose premièrement à Israël,
45:59 mais qui des otages étrangers ?
46:01 Des otages ou alors israélo-autre chose.
46:04 On a parlé des Britanniques, des Américains,
46:06 et qui de ces 20 Français qui manquent à l'appel ?
46:09 Et à quoi vont servir, entre guillemets,
46:12 ces otages-là vis-à-vis de la France ?
46:14 C'est une question qui va se poser.
46:16 On a vu une déclaration d'Emmanuel Macron,
46:18 qui a dit "c'est odieux et insupportable".
46:21 C'est le strict minimum, évidemment, qu'il le dit
46:24 et qu'il le pense, mais il ne va pas plus loin,
46:27 parce que qui sait à quoi vont servir ces otages
46:30 dans la tête du Hamas ?
46:31 Il y a mille possibilités.
46:33 Mais on se souvient quand même qu'il y a quelques années,
46:36 le soldat franco-israélien
46:38 qui avait passé 5 ans dans la bande de Gaza otage...
46:41 -Gilad Shahid. -Il avait été libéré
46:43 en échange de 1027 prisonniers palestiniens
46:46 qui étaient dans les prisons israéliennes.
46:49 Vous voyez la monnaie d'échange que ça a été
46:52 vis-à-vis du gouvernement israélien.
46:54 Evidemment que le Hamas a en tête,
46:56 qu'Israël met plus largement la Grande-Bretagne,
46:59 les Américains, les Français.
47:01 On n'abandonne pas des otages comme ça
47:03 quand on réfléchit à la riposte.
47:05 Là, il y a un énorme enjeu, évidemment,
47:07 qui se pose aussi sur la question des otages
47:10 et qu'il faut également voir
47:12 la réponse ou la manière de commenter
47:14 du gouvernement français.
47:16 -Et petite parenthèse aussi,
47:17 toujours pour parler de l'impact en France.
47:20 On apprend qu'une cinquantaine de faits antisémites
47:23 ont eu lieu depuis samedi.
47:25 Peut-être qu'on peut reprendre les propos d'Éric Zemmour
47:29 qui disait hier soir qu'on peut multiplier par deux.
47:32 En général, lorsqu'on voit des chiffres
47:34 comme ceux-là sur le terrain diplomatique,
47:37 Charlotte Dornelas, le Hamas n'a-t-il pas fait
47:40 une opération, finalement, suicide, tout simplement ?
47:43 -On a envie de dire oui et non,
47:45 ou plus exactement non, puis oui, peut-être.
47:48 C'est-à-dire que là, aujourd'hui, dans les circonstances,
47:51 le Hamas a eu exactement ce qu'il voulait.
47:54 C'est-à-dire à la fois, évidemment, l'assidération,
47:57 l'humiliation d'Israël aux yeux du monde,
47:59 et notamment au monde auquel il parle,
48:02 c'est-à-dire la rue arabe, la fameuse rue arabe
48:05 ou le monde musulman, plus largement,
48:07 mais là aussi, et c'est le 3e point
48:09 qu'il y a dans la tête d'un gouvernant,
48:12 et donc des gouvernements français,
48:14 c'est la question de la diplomatie tout court.
48:16 Vous ne pouvez pas commenter ce qu'il se passe
48:19 quand vous êtes président de la République française
48:22 sans tenir compte de tout le jeu d'alliance
48:25 qui est potentiellement rebattu par ce qui vient de se passer.
48:28 On l'a vu dans l'intervention d'Elisabeth Borne à l'Assemblée,
48:32 qui a été extrêmement ferme sur la condamnation,
48:35 justement, mais elle a dit, dans la même intervention,
48:38 elle dit que la responsabilité doit guider notre action.
48:41 C'est pas rien dans la bouche d'un Premier ministre.
48:44 C'est une phrase importante quand elle nous dit ça.
48:47 "Il y a un soutien à Israël dont le droit de se défendre."
48:50 Elle précise que va être examiné le respect du droit international.
48:55 Ça non plus, dans les circonstances,
48:57 ça n'est pas rien.
48:58 Ensuite, elle dit qu'il faut tout mettre en oeuvre
49:01 pour éviter l'embrasement de la région.
49:03 La diplomatie est à l'oeuvre, elle parle de la France,
49:06 et il faut prendre en compte nos partenaires dans la région
49:09 et chacun doit mesurer les risques de ce qui se passe.
49:12 Et enfin, elle dit, nous ne devons pas, nous, Français,
49:16 abandonner la recherche politique,
49:18 la recherche d'une solution politique dans ce conflit.
49:20 Tout ça dans la bouche d'Elisabeth Borne,
49:23 ça veut dire que, dans les circonstances,
49:25 on a aussi un enjeu diplomatique,
49:27 qui est infiniment moins fort que ce qu'il a pu être pour la France,
49:31 pendant très longtemps.
49:33 Il y a une tradition de politique arabe en France.
49:35 C'est moins vrai, car notre diplomatie s'est effondrée
49:38 un peu partout, mais on a des circonstances qui changent.
49:41 Pourquoi je disais oui ou non ?
49:43 C'est qu'en Israël, d'abord, vis-à-vis du Hamas,
49:46 il y avait... C'est très difficile à comprendre,
49:49 là, avec ce qui se passe en ce moment,
49:51 mais il y avait un genre de statu quo
49:53 sur lequel s'entendaient, finalement, à front renversé,
49:56 le gouvernement israélien et le Hamas.
49:59 On a tous découvert que le gouvernement israélien
50:02 avait accepté que le Qatar finance le Hamas
50:04 pour s'occuper de la bande de Gaza.
50:06 On s'est dit comment est-ce possible ?
50:08 Tout simplement parce que le statu quo qui demeurait,
50:11 c'était l'idée que, un, on isole les Palestiniens du monde arabe,
50:15 ce qui était plutôt réussi avec cette série d'accords
50:18 et tous ces Etats arabes qui se sont désolidarisés
50:21 de la cause palestinienne, qui l'ont oublié,
50:23 et d'un autre côté, on divise en interne.
50:26 Le Hamas en a profité, étant les plus radicaux,
50:29 pour faire face à la crise de la guerre,
50:31 et donc, on a fait un accord,
50:32 et on a fait un accord pour le Qatar.
50:35 Et on a fait un accord pour le Qatar.
50:37 Et on a fait un accord pour le Qatar.
50:39 Et on a fait un accord pour le Qatar.
50:41 Et on a fait un accord pour le Qatar.
50:43 Et on a fait un accord pour le Qatar.
50:46 Et on a fait un accord pour le Qatar.
50:48 Et on a fait un accord pour le Qatar.
50:50 Et on a fait un accord pour le Qatar.
50:52 Et on a fait un accord pour le Qatar.
50:55 Et on a fait un accord pour le Qatar.
50:57 Et le Qatar.
50:59 Vous avez compris que sur le terrain diplomatique,
51:02 la France va engager une guerre absolument totale,
51:04 en s'assayant notamment sur comment vont réagir ces pays-là.
51:08 Et je rajoute à ça qu'on peut lire les réactions, par exemple,
51:11 d'un pays comme l'Algérie,
51:13 qui ne condamne absolument pas l'intervention du Hamas.
51:16 Parce que le Hamas a obligé à une chose aussi,
51:18 c'est qu'en prévoyant, en faisant de telles déclarations
51:22 dans la bouche du gouvernement israélien
51:24 sur la guerre à mort dans la bande de Gaza,
51:27 on peut regarder ce qui vient de se passer.
51:29 Mais dans la tête du monde arabe qui a abandonné cette cause-là,
51:32 ça devient extrêmement compliqué de se positionner.
51:35 C'est exactement le cas de l'Arabie saoudite,
51:38 qui était sur le point de rentrer dans ces accords-là,
51:41 et qui dit qu'elle va surveiller la riposte israélienne.
51:44 Il y a eu un petit changement d'ambiance et de situation.
51:47 La France ne peut pas faire comme si tout ça n'existait pas
51:50 au risque d'un danger immense.
51:52 C'est pas juste du cynisme.
51:54 C'est aussi sur le terrain diplomatique,
51:56 que Dieu merci, on prend en compte
51:58 au moment de commenter ce qui se passe.
52:01 -On a vu l'horreur sur le terrain,
52:03 on a vu l'oppositionnement de l'FI,
52:05 on a vu l'inhumanité,
52:06 on a vu l'oppositionnement du gouvernement.
52:09 On va voir un peu avec vous comment...
52:11 Il faut le dire aussi aux téléspectateurs,
52:14 parce que nous, journalistes, on reçoit beaucoup de messages,
52:17 de mails, de certains qui veulent nous empêcher de parler.
52:21 C'est-à-dire, oui, il faut employer tel mot,
52:23 c'est une bonne chose, etc.
52:25 On est aussi soumis par des pressions
52:27 des uns et des autres pour employer tel ou tel mot,
52:30 disons-le ouvertement.
52:32 Là, on apprend que le NPA,
52:35 on en a parlé hier,
52:36 est visé par une enquête pour apologie du terrorisme.
52:39 Les mots ont un sens.
52:41 Dites-nous pourquoi la sémantique est importante
52:44 dans cette guerre tout court,
52:47 guerre des images et guerre des mots.
52:49 -D'abord, un rappel.
52:51 C'est un rappel pour vous après l'assassinat de Samuel Paty.
52:54 Comment le New York Times, la provenance d'autre temps,
52:57 avait titré la chose ?
52:58 "La police française tire et abat un homme
53:01 "après une attaque meurtrière au couteau dans la rue."
53:04 Les faits sont en eux-mêmes dans une froideur exacte.
53:07 Mais une telle froideur dans les faits,
53:10 une telle pseudo-neutralité,
53:11 déformait complètement le sens des événements.
53:14 Selon les mots choisis,
53:16 avant même d'avoir commencé à éditorialiser,
53:18 vous éditorialisez déjà.
53:21 Point de départ.
53:22 Que nous dit le New York Times ?
53:23 -Pour informer le grand public.
53:25 -Bien sûr. C'est le New York Times.
53:27 C'est pas n'importe quoi. C'est le journal de référence.
53:30 Qu'est-ce qu'on nous dit ?
53:32 "Des militants palestiniens lancent une attaque sur Israël."
53:36 Des militants palestiniens.
53:38 Le mot "terroriste" disparaît du paysage.
53:41 Quels sont les termes qui ont été utilisés ces jours-ci
53:44 pour parler de ces agresseurs ?
53:46 Dans l'AFP, si je ne me trompe pas,
53:49 on parle des combattants du Hamas.
53:51 Les combattants du Hamas.
53:52 -Combattants. -Combattants.
53:54 -Si vous permettez,
53:55 j'empiète un peu sur votre chronique,
53:58 mais Elisabeth Borne a dit clairement
54:00 que le Hamas est considéré comme une nagation terroriste
54:03 par l'Union européenne.
54:05 -Il y a une tension entre le pouvoir médiatique et le politique.
54:08 Une partie dit non. Les combattants.
54:11 D'ailleurs, sur le sympathie,
54:12 d'autres, les filles, mais aussi la maire de Montréal,
54:16 qui est là, je vais vous donner un passage,
54:18 a parlé des groupes armés palestiniens.
54:20 C'est une manière de légitimer, d'institutionnaliser,
54:23 d'officialiser le Hamas comme armée palestinienne, finalement.
54:28 J'ai lu aussi les forces armées palestiniennes.
54:30 Toutes ces formules ont une fonction toute simple,
54:33 c'est légitimer la violence de samedi.
54:36 Si on dit le mot "terrorisme",
54:38 ça frappe immédiatement des légitimités.
54:40 Si on utilise d'autres termes,
54:42 les forces armées d'un côté,
54:44 il y a d'autres forces armées de l'autre, les Israéliens,
54:47 chacun va trop loin, chacun est dans la violence exagérée.
54:50 Donc, on condamne les deux.
54:52 C'est intéressant, le refus d'utiliser le mot "terrorisme",
54:55 c'est d'abord un moment de légitimation,
54:57 et c'est une manière de dire "ce n'est pas du terrorisme".
55:00 Si vous n'utilisez pas le terme "terrorisme",
55:03 c'est que vous refusez de dire que c'est du terrorisme.
55:06 On note, ce moment burlesque, inattendu,
55:08 pas inattendu, soyons honnêtes,
55:10 ce moment burlesque de Mathilde Panot,
55:12 qui a refusé d'utiliser le mot "terrorisme" pour parler du Hamas.
55:16 Ils sont exceptionnels, ces gens-là.
55:18 Quelquefois, la consigne est claire.
55:20 Je vous fais traverser de l'Atlantique, la CBC,
55:22 c'est le Radio-Canada anglophone.
55:24 - C'est très important.
55:26 - Moi, ça m'a fasciné, ça a circulé.
55:28 C'est la CBC, le directeur, je le dis,
55:30 le directeur des standards journalistiques
55:32 de Radio-Canada anglophone.
55:34 En matière de politiquement correct,
55:36 c'est le sommet,
55:37 c'est l'Everest du politiquement correct.
55:40 - C'est un média public.
55:41 - Évidemment.
55:42 - Je peux préciser ? - Vous avez tout à fait raison.
55:45 Ils prennent la peine de dire une chose.
55:47 Ils nous demandent, je le traduis,
55:49 "ne pas référer aux militants et soldats
55:51 et n'importe qui d'autre..."
55:53 - Excusez-moi, mon cher Mathieu, à qui s'adresse-t-il ?
55:56 - Aux journalistes, évidemment, aux gens de la salle de rédaction.
56:00 - A son équipe de journalistes.
56:02 - Il s'adresse aux gens qui bossent pour Radio-Canada anglophone
56:05 et il leur dit les termes utilisés pour couvrir la situation présente.
56:09 "Ne pas référer aux militants, soldats et n'importe qui d'autre
56:13 "comme terroristes,
56:14 "car le concept de terrorisme est très chargé politiquement
56:18 "et participe à la construction du narratif,
56:20 "du récit des événements."
56:22 Il précise, "même quand les termes sont utilisés par le gouvernement,
56:25 "il faudrait ajouter des nuances pour préciser..."
56:28 Quand on utilise le mot "terrorisme",
56:30 "ce ne sont pas des faits, ce sont des opinions."
56:33 "Ce ne sont pas des faits."
56:34 La plupart du temps, ce sont des temps passés
56:37 où un courriel envoyé à la rédaction est inutile.
56:39 On travaille pour le service public, on sait d'avance ces choses-là.
56:42 On n'a pas besoin de se le faire rappeler.
56:45 On est payé pour faire un tel travail.
56:47 Mais dans ce cas-là, on a senti le besoin,
56:49 probablement parce que l'horreur était telle
56:51 que même un journaliste du service public dans la CBC
56:54 s'est dit que c'était du terrorisme.
56:56 Leur appel à l'ordre du directeur...
56:58 C'était, je précise, dans le guide sur le langage à utiliser
57:01 au Moyen-Orient.
57:02 Parce qu'il y a des guides sur le langage à utiliser,
57:05 et voilà comment on cherche à vous réinformer,
57:08 version CBC, Radio-Canada anglophone.
57:10 - À tout le moins,
57:11 cela ne nous enseigne pas
57:13 que les médias sont particulièrement soucieux
57:16 des mots utilisés pour décrire la réalité.
57:19 - J'ai trouvé ça passionnant, ce courriel.
57:21 Pourquoi ? Parce que ça nous...
57:23 - Celui-ci, il est public.
57:26 - Il est merveilleux.
57:27 Il n'y aurait pas dû fuiter.
57:28 - Les autres ne sont pas publics.
57:30 - Il n'y aurait pas dû fuiter.
57:32 Or, ça nous dit une chose,
57:34 que les médias sont particulièrement conscients, en fait,
57:37 du fait que lorsqu'ils choisissent un mot plutôt qu'un autre,
57:40 ils éditorialisent.
57:41 Ils sont conscients que certains mots, plutôt que d'autres,
57:44 portent un narratif, comme on dit aujourd'hui.
57:47 Ils sont donc conscients de la charge politique et idéologique
57:50 des mots utilisés.
57:51 Donc, ils décident consciemment d'utiliser un mot ou non
57:55 en fonction de sa portée politique et de son efficacité politique
57:58 dans le but de construire un narratif.
58:00 - Se pourrait-il que les médias publics
58:03 utilisent de telles méthodes pour parler d'autres phénomènes
58:06 touchant la vie politique française?
58:08 Je pose la question candidement.
58:10 - Merci beaucoup, Mathieu, pour votre regard.
58:12 On a noté qu'Éric Dupond-Moretti, à l'Assemblée nationale,
58:16 a déclaré qu'il poursuivrait toute apologie contre le terrorisme.
58:20 C'est un peu important aussi, que ce soit sur le numérique
58:23 et que ce soit aussi sur la voie publique
58:25 ou bien ailleurs, dans les écoles, etc.
58:28 Ce qui a renoncé aussi Élisabeth Bonne.
58:30 Merci à tous pour cette émission.
58:32 A plus tard pour une autre interview.
58:34 Merci à tous !
58:36 [SILENCE]

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