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00:00 *Musique*
00:07 Et je suis ravi d'accueillir ce matin sur ce plateau Hicham Lebieda Madrouat, professeur d'économie internationale à l'université Hassan Premier de Stade.
00:14 Bonjour Hicham.
00:15 Bonjour Adil, bonjour Youss, ça hitte.
00:17 Ça hitte.
00:18 C'est vrai.
00:19 Pas quand vous voulez.
00:20 Non, non, je ne comprends pas parce que vous avez le malheur d'avoir deux prénoms.
00:24 C'est une facilité de communication.
00:26 À chaque fois on m'appelle Adlial.
00:28 Et donc Saeed Youssef à ma gauche, professeur universitaire, consultant en management des organisations.
00:34 Bonjour Saeed, ça fait un bail.
00:36 Oui, oui, on reprend.
00:37 Donc merci, merci, bonjour tout le monde.
00:39 Je suis ravi de vous retrouver pour le débat du jour.
00:42 Le débat du jour sera essentiellement axé sur les besoins financiers importants qui seront mobilisés pour la reconstruction de toutes les zones touchées par ce terrible séisme.
00:55 Comme je l'ai dit en introduction, on parle, ça reste un budget prévisionnel.
00:59 Ça peut être, ça peut dépasser la barre des 120 milliards de dirhams.
01:02 En tout cas, ce chiffre a été arrêté.
01:04 Ça représente à peu près 10% du PIB national, à peu près un tiers des dépenses publiques de l'État marocain sur une seule année.
01:14 Comme je l'ai dit en introduction, l'idée n'est pas de savoir si on doit le faire ou pas.
01:19 On est obligé de le faire.
01:21 C'est une nécessité d'investir, surtout après le terrible séisme qui a frappé plusieurs zones du pays.
01:28 Maintenant, la question, c'est de savoir si cet investissement très important sur cinq ans, d'abord, comment il sera financé?
01:35 Est ce que le seul fonds qui a été mis en place sera suffisant?
01:39 Pas vraiment, mais surtout, quel impact ces besoins financiers importants auront sur le fonctionnement de l'État d'une manière générale?
01:49 Et précisément sur le budget de l'État? Je commence par vous.
01:53 Est ce que ça vous inquiète d'un point de vue purement financier économique, macroéconomique ou pas du tout?
01:59 C'est un besoin.
02:01 Disons que c'est une dépense exceptionnelle.
02:03 C'est ça, on sait des choses là dessus.
02:07 Je commencerai, si vous permettez, par brosser un tableau.
02:11 Revenons un petit peu sur les déclarations d'hier devant hier de Nisar Baraka par rapport à la situation.
02:16 Où est ce que nous en sommes?
02:19 Les choses reprennent, les souks sur place reprennent, l'activité touristique reprend.
02:25 Il n'y a pas de dégâts concernant les barrages.
02:28 92% des routes ont repris service, etc.
02:31 Donc, la situation commence à revenir à une certaine normalité, pour reprendre votre expression.
02:36 Maintenant, le budget qui a été alloué, on parle de 120 milliards.
02:43 On rentre un petit peu dans le détail des chiffres.
02:46 On a parlé effectivement de débloquer quelque chose comme 30 000 dirhams par ménage,
02:53 dont l'immédiat est allé sur une année à fréquence de 2 500 dirhams par mois.
02:59 On a parlé de 140 000 dirhams pour la reconstruction des maisons détruites et 80 000 pour les maisons endommagées.
03:05 Donc, il y a effectivement une bagatelle, on va dire, une enveloppe qui a été allouée dans ce sens.
03:11 Comment ce budget, effectivement, des 120 milliards est défini ?
03:15 On a parlé de 10 milliards de dirhams du fonds spécial, justement dédié pour la gestion de la catastrophe.
03:23 Ça, c'est pour les besoins immédiats ?
03:25 Immédiat. Il y a un prélèvement, une ponction qui va se faire sur le budget de l'État.
03:29 Encore une fois, lorsqu'on parle de 120 milliards, si on ramène ça, sachant qu'on parle d'une feuille de route sur 5 ans,
03:36 donc d'ici 2028, ça veut dire qu'on va être sur quelque chose qui compte 24 milliards de dirhams.
03:41 Ce n'est pas énorme.
03:43 Donc, la question, si c'est dans les corps de l'État, du gouvernement, c'est dans les corps du gouvernement.
03:49 Ça ne pourrait pas impacter, à moins que, peut-être je vais être un peu brusque et brutal là-dessus,
03:55 à moins que le gouvernement nous décide d'en faire un cheval de trois pour son projet de loi de finances
04:02 et actionner le levier de l'impôt sur endettement, etc.
04:06 Ce qui n'est pas une option à écarter.
04:11 Non, mais elle n'est pas écartée.
04:13 Elle n'est pas écartée, elle n'est pas souhaitable non plus.
04:15 Après, ça dépend pour qui.
04:16 Donc, je disais que c'est quelque chose de fondamental.
04:19 Et puis, il y a les collectivités territoriales qui doivent aussi mettre la main dans la poche,
04:23 font hassent deux milliards de dirhams et puis les aides de la coopération internationale.
04:27 - Vous êtes sérieux, Jean-Marc, sur la question ?
04:29 - Tout à fait, pour rebondir par rapport à ce qui a été avancé par Monamice et Chiem.
04:34 Donc, la feuille de route, c'est clair.
04:35 Déjà, la volonté royale a priorisé les ressources et les sources de financement.
04:41 On parle du budget de l'État, on parle du fonds spécial, on parle des collectivités territoriales,
04:47 on parle de la coopération internationale.
04:50 Donc, les sources de financement...
04:51 - Et des contributions des entreprises privées, des institutions publiques.
04:54 - Exactement, et des contributions à travers la caisse spéciale.
04:56 Deux, l'enveloppe budgétaire consacrée, c'est quelque chose comme 120 milliards de dirhams,
05:03 quelque chose qui dépasse les 11 milliards de dollars.
05:06 Et donc, sur cinq ans, ça va nous faire, comme vient de le dire Chiem,
05:11 c'est quelque chose comme 24-25 milliards de dirhams.
05:14 Moi, maintenant, quel est l'impact ?
05:16 L'impact, un, sur le budget.
05:18 Hier, déjà, il y a eu deux grandes réunions, la réunion de la coalition gouvernementale.
05:23 Dans la réunion de la coalition gouvernementale, on dit qu'on doit poursuivre les grands programmes.
05:31 Il y a la réunion de la commission interministérielle, qui est chargée de gérer sur le terrain.
05:37 - C'est la quatrième réunion du genre, hier.
05:39 - Hier, on dit qu'on va financer ça avec les fonds, déjà,
05:43 on va commencer avec les fonds de la caisse spéciale.
05:46 Donc, à mon sens, aujourd'hui, avec ce qu'on va collecter à travers le fonds spécial,
05:52 on peut déjà commencer les programmes de reconstruction, de mise à niveau.
05:58 - Et surtout, le programme d'aide direct aux familles touchées.
06:01 - Exactement, le programme d'aide direct.
06:03 Maintenant, la grande question, c'est le comment de la chose.
06:06 Parce que le problème, ce n'est pas une question financière.
06:09 Hier, il y avait l'idée originale.
06:11 - Un peu, quand même, 120 milliards. Il faut les trouver.
06:13 - Je sais, mais comment gérer ça ?
06:15 - On a déjà, hier, l'idée de créer une agence qui va gérer ce programme important
06:22 pour garantir la synchronisation, garantir la réhabilitation de la classe,
06:26 mais aussi respecter les contraintes du territoire.
06:29 Parce qu'ici, il ne s'agit pas uniquement de construire des dortoirs pour des citoyens.
06:33 Ici, c'est comment respecter le cadre culturel du territoire
06:39 et rester en phase âge avec la politique gouvernementale en la matière.
06:44 - Nous allons poursuivre le débat avec vous, messieurs, dans quelques instants,
06:47 avec une question importante aussi, vous l'avez évoqué, Charles Le Biard,
06:50 c'est l'impact de cette catastrophe et des besoins financiers mobilisés
06:55 pour la réhabilitation des zones touchées sur, notamment, les prochains projets de budget,
07:01 à commencer par le projet de loi de finances 2024.
07:04 Est-ce qu'on doit d'ores et déjà craindre des mesures qui ne plairont pas à tout le monde ?
07:09 On en parlera avec vous dans quelques instants, juste après le flash info.
07:12 Vous signez Karim Droneh, à tout de suite.
07:14 Deuxième partie de votre émission, les Décodeurs, ce matin, avec Hicham Le Biard et Saïd Youssef.
07:19 On parle de ce vaste programme de reconstruction et de réhabilitation des zones sinistrées
07:24 après le séisme qui a frappé la région d'El-Haww.
07:27 120 milliards de dirhams, rappelons-le, mobilisés sur cinq ans pour, justement, ce programme.
07:33 Et on se pose la question de savoir, ce matin, quel impact ce vaste programme aura-t-il
07:38 sur le budget de l'État et sur les indicateurs macroéconomiques du pays ?
07:43 Et il y a une question, effectivement, qui sera traitée assez rapidement
07:48 dans le cadre de l'élaboration du prochain projet de budget.
07:52 C'est, justement, forcément, quand on mobilise autant de fonds pour, justement, ce programme.
08:00 Certains disent que ce sera au dépens d'autres secteurs, d'autres domaines,
08:04 d'autres programmes déjà peut-être lancés ou qui seront mis en stand-by.
08:08 Pour le projet de loi de finances 2024, est-ce que vous craignez un projet de budget très restrictif,
08:15 ultra restrictif, avec, comme vous l'avez dit, certaines mesures qui pourront ne pas plaire à tout le monde,
08:20 notamment les entreprises, les acteurs économiques d'une manière générale, avec une hausse des impôts ?
08:28 Est-ce que vous craignez cela ou est-ce que le gouvernement fera en sorte, selon vous,
08:32 à ce que ce programme n'impacte pas forcément les autres activités économiques d'une manière générale ?
08:40 Alors, le Seism House ne passera pas inaperçu dans le projet de finances 2024, certainement.
08:48 Comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est une dépense exceptionnelle. On ne s'attendait pas à cela.
08:53 Au jour d'aujourd'hui, il n'y a pas encore de possibilité de prévoir ce genre de catastrophe.
08:57 Ceci dit, en matière de politique publique, de finances publiques, forcément, s'il va y avoir des dépenses
09:06 qui vont justement être prélevées sur le budget de l'État, qui auraient dû effectivement partir sur d'autres secteurs d'activité
09:14 pour d'autres dépenses, n'oublions pas effectivement ce qu'on est en train de mener par rapport à l'État social,
09:20 les actions menées par le gouvernement en matière de création d'entreprises, avalages, fonds de salle, etc., etc.
09:25 Tout ceci nécessite effectivement des fonds. Maintenant, le budget de l'État, on parle de quelque chose comme 1300 milliards de dollars.
09:34 N'est-ce pas, Céaïd ?
09:36 De dirham, vous voulez dire ?
09:38 De dirham, bien entendu.
09:41 On serait bien, sinon, si on était à 1000 milliards de dépenses.
09:46 Ça veut dire effectivement que le budget, malgré tous les efforts qui ont été menés en matière de politique économique,
09:54 en matière de diversification des secteurs productifs, etc., relance du tourisme, etc.
09:59 Tout ceci a fait que la machine économique commençait effectivement à tourner correctement.
10:03 Maintenant, avec les dépenses engagées pour relogement, reconstruction, etc.,
10:09 heureusement qu'il y a l'aide coopération internationale. Heureusement, il y a le compte 126, effectivement,
10:16 le fonds qui va être là pour appuyer l'effort. Mais n'oublions pas, et c'est le plus important de ce que je suis en train de dire,
10:24 c'est que cet effort d'aménagement de territoire qu'on est en train de mener, on allait le faire avec le séisme, sans le séisme.
10:32 Parce que c'est des zones qui nécessitaient effectivement qu'on puisse revoir leur plan d'aménagement.
10:40 C'est des zones enclavées. C'est des zones qui étaient carrément à l'écart des chaînes de valeurs nationales,
10:48 que ce soit pour tout ce qui est logistique, tout ce qui est serviciel, tout ce qui est tertiaire, tourisme, etc.
10:56 Même si l'activité touristique de genre rural effectivement se développe dans ce genre d'endroits, il était temps qu'on regarde justement ces zones-là.
11:05 Et le séisme, c'est ce que je dis depuis qu'on aborde la question, c'est un mal pour un bien.
11:11 Finalement, on a accéléré le processus pour justement aller vers ces zones-là.
11:16 Pensez effectivement, comme vous le dites souvent, à un plan marché pour le monde rural au Maroc, pour le monde montagnard au Maroc,
11:24 pour le Haut Atlas en l'occurrence. Et les fonds qui vont être alloués effectivement, qui sont déjà pressentis pour pouvoir faire tout ça.
11:36 Je crois que ça va avoir un impact sur le budget des Etats, ça va avoir un impact sur le PLF 2024.
11:43 Mais ce que je crains, comme je le disais tout à l'heure, c'est que le gouvernement n'en fasse un cheval de trois pour actionner le levier de l'impôt et aller vers un surdétentement...
11:52 Il y a deux options logiques, si on pense vraiment très raisonnablement et très logiquement. De deux choses l'une, soit le gouvernement,
12:01 dans le cadre de ce projet de budget, va opter pour une réduction des autres dépenses publiques non liées à ce vaste chantier, ce programme.
12:11 Soit effectivement, l'idée sera d'augmenter considérablement les recettes et ça passera d'une manière ou d'une autre par le levier fiscal.
12:22 Selon vous, Saïd Youssef, quel est le scénario le plus plausible? Le scénario, comme je l'ai dit à l'instant, la réunion interministérielle,
12:29 la réunion de la coalition gouvernementale indique bien qu'on va garder les grands chantiers du Royaume en matière d'éducation,
12:37 en matière de développement social, en matière d'intégration. Ce qui veut dire qu'on croit qu'il n'y aura pas d'impact sur le budget.
12:46 Maintenant, une fois qu'on est dans l'exécution, le véritable indicateur, c'est le taux du déficit. Dans le projet de loi de finances, on a un objectif de 4%.
12:57 Donc, si on arrive à maintenir ce taux, si on arrive à l'atteindre, c'est déjà une bonne chose. On ne doit pas oublier qu'en période de Covid, on était à quelque chose comme 7%.
13:07 Maintenant, le deuxième indicateur le plus important, c'est quel est le montant qu'on va collecter à travers la caisse spéciale?
13:14 Parce que si la caisse spéciale arrive à financer l'effort de reconstruction, de mise à niveau des infrastructures, je sens qu'il n'y aura pas d'impact sur le budget, sur la loi de finances.
13:25 On imagine difficilement que le fonds spécial puisse réunir les 120 milliards. On est aux alentours de 10 milliards. C'est même une fourchette très haute.
13:34 Selon les derniers chiffres, en tout cas selon les institutions qui ont communiqué sur les dons effectués à ce fonds, on est aux alentours de 6-7 milliards de dirhams.
13:44 On va voir dans les prochains jours, il y a encore la collecte des contributions des étrangers citoyens qui ne sont pas encore intégrés dans les statistiques.
13:55 Mais de toute façon, ce fonds a un rôle à jouer. Les collectivités territoriales doivent participer à cet effort.
14:02 Mais moi, la grande question qu'on doit quand même se poser, c'est qu'on doit injecter 120 milliards de dirhams dans cette zone.
14:12 On doit voir comment, avec cet investissement, créer un dynamisme au niveau de cette région. C'est la grande question. C'est le grand débat.
14:20 De comment développer toute une région qui a beaucoup souffert d'un problème de développement, d'infrastructure, d'intégration secteur économique.
14:32 Ça rejoint l'idée de l'opportunité offerte entre guillemets par cette catastrophe naturelle pour justement revoir le modèle de développement de ces zones enclavées en reconstruisant sur de nouvelles bases.
14:47 Quand je parle de nouvelles bases, ce n'est pas uniquement de la pierre ou des infrastructures, mais aussi en matière d'activité économique.
14:52 Les analystes parlent d'un changement de paradigme de développement dans ces zones.
14:55 Tout en gardant bien évidemment l'aspect culturel, architectural.
14:59 Et de ce qu'on va toujours raisonner en termes de tourisme. Qu'il faut-il faire pour intégrer cette zone aux autres régions du Royaume ?
15:09 C'est un grand débat qu'il faut lancer parce qu'aujourd'hui, ce n'est pas une question uniquement d'injecter 120 milliards, mais de se prolonger dans 10 ans, dans 15 ans.
15:18 Quel est l'avenir de cette région qui a toujours été marginalisée, qui n'a pas joué vraiment son rôle, qui n'a pas profité énormément de la croissance économique ?
15:26 Ce qui veut dire qu'aujourd'hui, on a mis en clair la problématique du développement du monde rural de façon générale.
15:31 Alors j'aborde dans le même sens de ces zones-là. C'est des zones qui disposent de ce que les spécialistes appellent un capital social.
15:43 Capital social, c'est le maillage de coopérations informelles qui existent entre les habitants, les populations locales sur place et qui assurent une gouvernance peut-être mieux optimisée que celle qui pourrait être instaurée par les institutions.
16:04 Moi, j'en parle parce que j'avais fait une étude de terrain sur la région d'Imile, par exemple, et vous avez le conseil du village. C'est lui qui pratiquement décide de tout.
16:15 C'est lui qui "gouverne", entre guillemets. C'est lui qui agit en conseil de sage, justement, dans la région.
16:23 Et je ne sais pas si vous l'avez remarqué, dans les déclarations, dans les émotions des personnes sur place, des populations locales, on a vu effectivement ce capital social.
16:35 C'est des gens qui sont dotés de spécificités culturelles très, très intéressantes. Et donc, s'il s'agit de reconstruire, il faut partir de là.
16:46 Vous vous souvenez, Séradine, la dernière fois, on avait abordé le sujet. On avait dit effectivement que ces populations locales doivent avoir aussi leurs mots dans ce nouveau paradigme dont parle Séradine.
16:57 Il faudrait effectivement qu'ils soient encore plus impliqués et qu'ils soient encore, j'allais dire, partie prenante pour développer davantage, effectivement, cette visibilité, cette feuille de route.
17:06 Et si nous revenons d'un point de vue, pour revenir sur l'histoire du budget de l'État, du PLF 2024, bien entendu, tout dépend effectivement de cette cagnotte.
17:16 Qu'est-ce qu'elle va pouvoir, effectivement, pouvoir réunir ? Mais il me semble que nous avons, et Dieu merci, grâce aussi aux directives royales, ça, il faut le dire, c'est pour ça que les choses vont très vite.
17:32 Et c'est tant mieux. Et à chaque fois que Sa Majesté est là, les choses vont vite. Et il faudrait effectivement dupliquer tout ça dans beaucoup de chantiers que nous vivons, que ce soit à Casablanca ou ailleurs.
17:43 Il faut effectivement aller vers l'urgence sans précipitation, aller effectivement pour donner envie à ces populations locales de continuer, effectivement, leur train de vie avec plus de sérénité, avec plus d'implication.
18:04 Leur offrir la possibilité aussi, et ça c'est important, leur offrir la possibilité de sortir un petit peu du carré des sentiers battus, effectivement, qu'ils ont toujours eu dans leur vie.
18:16 Peut-être venir en conseil pour développer d'autres activités économiques, pour créer aussi des mutualisations avec d'autres régions.
18:25 N'oublions pas que là où le séisme, effectivement, a été circonscrit, on est au conflit entre trois régions administratives, régions du Maroc.
18:32 Et donc l'idée aussi, c'est de pouvoir penser à des modalités, à des leviers de développement interrégionaux, pour justement assurer à ces populations locales de pouvoir diversifier leurs sources de revenus et développer des activités génératrices de revenus.
18:48 On passe au deuxième sujet, mais toujours en lien avec le premier, puisque ce séisme qui a frappé le Haut Atlas marocain, on le sait, aura d'une manière ou d'une autre un impact sur le budget de l'État, sur les finances publiques.
19:00 Et certains évoquent même un impact sur la croissance économique. Et des analystes en lien avec la réunion d'aujourd'hui de Banque le Maraib,
19:10 estiment que justement ce contexte lié au séisme aura un impact d'une manière ou d'une autre sur la politique monétaire entreprise par Banque le Maraib, par le Royaume.
19:23 Pas uniquement pour la réunion d'aujourd'hui, mais également pour les mois à venir. Donc je vous pose la question à vous.
19:30 Est-ce que justement vous pensez que les sages de Banque le Maraib vont tenir compte de cette donne lors de cette réunion pour décider du maintien au nom du tour de directeur?
19:40 C'est à dire? Oui, question d'une actualité poignante. Aujourd'hui, la décision de Banque le Maraib augmentait statu quo, donc grande question.
19:51 Si on se réfère aux acteurs, d'après les sondages déjà faits, indique bien qu'il y a une tendance vers le statu quo.
20:01 C'est à dire que le contexte n'est pas bon pour faire, surtout avec le séisme de l'Eiffel, l'effort que ça exige en termes de financement, etc.
20:10 Donc en interne. Mais moi, je dirais toujours qu'une telle décision, il faut comparer avec ce qui se passe ailleurs.
20:20 Il y a deux marchés toujours qu'on essaie de surveiller, c'est l'Union européenne et le marché américain.
20:27 Si on se réfère à l'Union européenne, l'Union européenne a décidé une augmentation.
20:32 Donc déjà, c'est une grande guerre contre les effets de l'inflation dans l'espace européen.
20:39 L'inflation est redescendue sous la barre des 5%.
20:43 Oui, mais on est encore vigilant. On essaie quand même de garder ce niveau de taux d'inflation en augmentant davantage les taux directeurs.
20:53 Si on se réfère aux États-Unis, il n'y a pas d'augmentation, mais on anticipe une augmentation fin 2023 et 2024.
21:04 Donc la banque centrale américaine, la Fed, a déjà décidé qu'il y aura une augmentation fin 2023 et 2024.
21:13 Ce qui veut dire qu'on est dans un environnement inflationniste.
21:17 Donnons un autre exemple d'un pays émergent qui est la Turquie. La Turquie, qui a toujours refusé d'augmenter son taux directeur, a décidé de le faire.
21:29 Il a un taux directeur qui frôle les 30%. Pourquoi ? Parce que c'est une économie qui souffre d'une inflation galopante.
21:39 Le cas de la Turquie est à part, surtout avec la monnaie locale qui s'est dévaluée ces dernières années.
21:45 Oui, mais c'est un modèle. Parce que quelle est la leçon qu'on peut dégager du modèle turc ?
21:52 On ne joue pas avec l'inflation. L'inflation, s'il n'est pas bien gérée, s'il n'est pas bien paramétrée, si on n'anticipe pas, on risque d'avoir des taux d'inflation...
22:01 Surtout, on a vu les dégâts d'une politique monétaire pas bien maîtrisée sur tout un pays.
22:07 À mon sens aujourd'hui, pour le Maroc, il y aura un statu quo et deux, il y aura probablement, dans le futur, vers la fin de l'année, des augmentations pour maintenir le taux d'inflation.
22:19 Donc vous pensez qu'on dépassera la barre des 3% d'ici la fin de l'année, pour la prochaine réunion ?
22:23 Dans le même sens de ces années, effectivement, la BCE a augmenté au mois de septembre, de 8 à 23, le taux directeur de 27,2%.
22:32 Et la Fed, elle ne l'a pas fait, mais elle l'a fait au mois de juillet 2023. Il y a eu une augmentation du taux directeur.
22:41 Pourquoi on parle de la BCE et de la Fed ? Parce que notre panier de devises, pour notre taux de change flexible, il composait 60, 40 d'euros et de dollars.
22:54 Est-ce que c'est le moment d'augmenter ? Je crois que le sort, après qu'à chaque fois qu'il y a réunion du Conseil d'administration de Montgomery, je me retrouve avec César Haydn.
23:04 Et on fait un petit peu la...
23:06 Forcément !
23:07 Oui, on tire à la courte paille. Est-ce que ça va augmenter ou pas ?
23:11 Il me semble qu'on va maintenir le statu quo, parce qu'il y a lieu de chauffer l'économie du pays, parce qu'il y a la reconstruction de la région de House, effectivement, au Québec.
23:22 Il y a un besoin de financement important.
23:24 Il y a un besoin de financement, il y a l'investissement privé qui doit être mobilisé. Et puis, aussi, n'oublions pas que le délai pour qu'il y ait effectivement impact sur l'économie réelle de ces hausses ou baisses des taux directeurs, ça prend entre 6 et 18 mois.
23:39 Donc, dans l'immédiat, il me semble que les indicateurs en termes de masse monétaire justifient qu'on reste sur le statu quo.
23:48 Il y a une réduction de la masse monétaire, il y a une décélération, effectivement, de la circulation de la monéterie fiduciaire.
23:53 Donc, il me semble que, et je suis tout à fait d'accord avec Saïd, les analystes et les centres de recherche des organismes financiers au Maroc, que ce soit Tijali Wafa, BEMS, etc.,
24:08 ils sont tous presque unanimes pour considérer que ce n'est pas le moment d'aller vers une hausse. Maintenir le taux directeur serait tout à fait normal.
24:18 Et ça va un petit peu avec la philosophie de Ban Ki-mah Ré, de Seychouane en personne. On est un petit peu dans une approche macro prudentielle.
24:28 On est un peu dans la prudence.
24:31 On est toujours dans la prudence avec Ban Ki-mah Ré. Certains le déplorent d'ailleurs.
24:36 Il y a une certaine orthodoxie, on va dire, chez Seychouane, qui, par moment et par endroit, se justifie.
24:45 Quand vous êtes effectivement dans le trouble et il vous manque de visibilité, forcément, parfois, c'est plus sage de maintenir le statut que d'actionner autre chose.
24:56 L'autre aspect, c'est qu'effectivement, nous sommes dans des niveaux d'inflation qui sont élevés, mais qui ont tendance à baisser, voire à stagner.
25:08 Donc par rapport aux 10 % qu'on avait atteints en 2002...
25:12 Et on est à 5, à -2,5.
25:15 Et ce qui me pousse à ouvrir une petite brèche, si vous permettez, dont on parle très peu, ce qu'on appelle le "shrinkflation".
25:23 C'est un mot barbare, mais c'est important, effectivement, dont on parlait ici.
25:27 Alors "shrinkflation", c'est une contraction de "shrink" en anglais, qui veut dire "rétrécir", et "inflation", donc "inflation".
25:36 Pour les francophiles, on va dire "réduflation", "réduire l'inflation".
25:39 Donc on voit effectivement des industriels qui vont jouer sur la perception psychologique du produit.
25:46 Je donne un exemple. Vous prenez une boisson gazeuse que tout le monde connaît.
25:50 Vous allez voir que son emballage, pour vous, c'est 2 litres, alors que c'est 1,7 litres.
25:56 Et vous allez voir que le prix est le même, sinon il va augmenter.
25:59 Et ça crée effectivement une supercherie.
26:02 J'ai entendu ce débat dans d'autres pays. Je ne sais pas si au Maroc on a les mêmes problèmes.
26:07 Oui, oui, oui, on a les mêmes problèmes.
26:09 Vous avez pesé ? Vous avez pesé ?
26:10 Non, non, mais j'ai remarqué ça.
26:12 Vous avez des sacs qui sont à 75% remplis, vous avez des matières, des composants qui ne sont pas en totalité.
26:23 En fait, ça combine des industriels d'une manière générale.
26:25 C'est dans un contexte d'inflation.
26:27 Au lieu d'augmenter les prix, ce qui aura un impact sur leur vente,
26:30 ils décident, sans forcément prévenir les clients, de réduire la quantité du produit dans l'emballage.
26:37 Et ça crée tout un débat maintenant, si on prend le cas français.
26:40 D'ailleurs, au mois de novembre, il y a eu une décision de la Première ministre pour dire que ça sera interdit.
26:46 Du moins, les industriels doivent communiquer là-dessus.
26:49 On n'est pas hors sujet.
26:50 On est en train de parler de l'inflation qui persiste et de la nécessité que l'État reste vigilant par rapport à cette inflation.
27:03 Nous avons pratiquement le sentiment que nous sommes en train de composer à cette inflation.
27:12 C'est devenu une donnée structurelle.
27:15 Le carburant à deux chiffres, c'est devenu normal.
27:19 Les matières alimentaires...
27:21 Ça l'est depuis une dizaine d'années maintenant.
27:25 Le litre de gasoil à 9, 8 ou 7 dirhams, ça ne se note.
27:29 Après le Covid, on a pratiquement pris ça pour une partie de décor.
27:34 Pour moi, il est important que l'État reste vigilant en termes de contrôle des prix.
27:39 Que l'État fasse le boulot comme il se doit par rapport à la protection du pouvoir d'achat des citoyens.
27:47 Et puis, il y a un débat, et ce matin même, on parle sur votre rôle.
27:52 Le dialogue social, effectivement, qu'il doit reprendre.
27:56 Et l'idée, effectivement, c'est de veiller à ce que les Marocains et les Marocaines puissent disposer d'un pouvoir d'achat qui soit tout à fait solvable.
28:04 - Ça a dû se faire le mot de la fin.
28:06 Sur la question de l'inflation, est-ce que ça vous inquiète toujours autant ou est-ce que c'est l'histoire ancienne ?
28:11 - L'inflation, c'est un véritable baromètre de l'activité économique.
28:15 Donc, une surveillance est exigée.
28:18 L'inflation, il faut contrôler.
28:20 Le contexte actuel, on a entre 4,7 et 5.
28:23 Il me semble que c'est un taux d'inflation quand même assez maîtrisable.
28:27 Ça n'a rien à voir avec le taux d'inflation qu'on avait il y a quelques mois, deux chiffres.
28:31 Mais maintenant, les indicateurs macroéconomiques à surveiller.
28:36 Et il me semble que M. Jouhary et M. Ban Ki-mari font un excellent travail en la matière.
28:41 Ils doivent continuer dans ce sens en observant la donne macroéconomique, mais aussi macroéconomique,
28:47 mais aussi le contexte aujourd'hui qui est un contexte de crise, de reconstruction.
28:53 À mon sens, on a oublié de le dire, que la reconstruction va générer une valeur en interne.
29:00 Il va dynamiser une région.
29:02 Il y aura des effets d'entraînement intéressants sur la croissance, sur le développement économique.
29:07 - C'est ce qu'on souhaite et on saura aujourd'hui, dans quelques heures, ce que décidera le Conseil de Banque de Montréal,
29:13 qui sera réuni pour la troisième fois de l'année.
29:16 Merci beaucoup, messieurs. Merci Hicham Labied, au plaisir de vous retrouver prochainement.
29:20 Merci Sissi Haïd Youssef, au plaisir de vous retrouver également pour d'autres émissions et d'autres débats.
29:25 Bientôt 10h sur Atlantique Radio. Vous retrouverez évidemment Mourad Baba pour le traditionnel flash d'informations en langue arabe.
29:31 Bonne fin de journée.
29:32 [musique]

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