Les finances publiques du royaume sont à la croisée des chemins, et la Cour des Comptes vient de dresser un constat sans appel. Déficits grandissants, retraites au bord de l’effondrement, pressions climatiques croissantes : le Maroc fait face à des défis structurels qui mettent en jeu la viabilité économique et sociale du pays. Ce rapport annuel 2023-2024 agit comme un miroir implacable, reflétant les retards accumulés et appelant à des réformes urgentes. La question n’est plus de savoir si le Maroc doit agir, mais comment et avec quelle rapidité.
Brahim Rachidi, avocat membre du bureau politique de l'USFP
Hicham El Bayed, directeur du centre d'accueil, d’information, d’orientation et de carrière de l'université Hassan 1er de Settat
Brahim Rachidi, avocat membre du bureau politique de l'USFP
Hicham El Bayed, directeur du centre d'accueil, d’information, d’orientation et de carrière de l'université Hassan 1er de Settat
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00:00Les décodeurs d'Atlantique Matin. Débat, analyse, opinion. Le réveil de l'info, c'est Atlantique Radio.
00:09C'est un constat froid et lucide que vient de faire la Cour des comptes dans son dernier rapport annuel.
00:16La plus haute juridiction financière du Royaume relève de nombreuses irrégularités et autres incohérences,
00:25en proposant des recommandations sur plusieurs thématiques, notamment la pression exercée sur nos finances publiques,
00:32la nécessité de réformer notre système de retraite ou encore l'urgence d'une gestion rationnelle et efficace de la ressource hydrique.
00:42Pour les retraites, c'est simple en fait. A l'horizon 2028, les réserves de la CMR seront épuisées si rien n'est fait d'ici là.
00:49Une réforme systémique est inévitable, mais comment concilier soutenabilité et justice intergénérationnelles ?
00:56Car au-delà des chiffres, ce sont les vies de milliers de retraités et d'actifs de demain qui sont en jeu.
01:02John Fitzgerald Kennedy disait « si vous ne pouvez résoudre un problème, agrandissez-le ».
01:07Peut-être est-il temps d'élargir la réflexion à une réforme plus globale intégrant le secteur informel et des mécanismes novateurs de financement.
01:14Sur la gestion de l'eau, la situation est connue de tous. Elle est critique et le stress hydrique est devenu un paramètre structurel dans notre pays.
01:21Certes, le Maroc ne manque pas de projets ambitieux et nécessaires, mais les retards s'accumulent, nous dit la Cour des comptes.
01:28Dessalement, irrigation localisée, barrages, le rapport met en lumière des avancées notables, mais insuffisantes face à la gravité de la situation.
01:35Et enfin, pour résumer le constat de la Cour sur la situation de nos finances publiques,
01:39nous avons des dépenses qui explosent, des recettes fiscales qui s'essoufflent et un déficit budgétaire qu'il faut dompter.
01:46A cela s'ajoutent les exigences de grands projets nationaux de l'organisation du Mondial 2030 à la reconstruction post-séisme de l'House.
01:53La Cour des comptes nous rappelle que chaque dirame mal utilisé est un dirame de trop.
01:59On parle donc ce matin du rapport annuel de la Cour des comptes avec Hicham Lobied, directeur du centre d'accueil d'information, d'orientation et de carrière de l'Université Hassan Ier de Stade.
02:09Et c'est Brahim Rachdi, avocat, membre du bureau politique de l'USFP.
02:14Bonjour messieurs, bonjour Hicham Lobied.
02:17Bonjour Adil.
02:18On va laisser notre ami Brahim Rachdi s'installer.
02:20Allez-y maître, allez-y maître, calmement, tout doucement.
02:23C'est Hicham Lobied, directeur du centre d'accueil d'information, d'orientation et de carrière de l'Université Hassan Ier de Stade.
02:28Bonjour.
02:29Bonjour Adil.
02:30Comment ça va ?
02:31Très très bien et très heureux de revoir mon professeur Maître Rachdi.
02:34Notre professeur à tous, c'est Maître Brahim Rachdi, avocat et membre du bureau politique de l'USFP.
02:40On va vous laisser reprendre vos esprits et votre souffle avant votre prise de parole.
02:47Je commence par vous, donc tout naturellement c'est Hicham Lobied.
02:50Ce que je vous disais juste avant la prise d'antenne, c'est que c'est un rapport assez dense dans lequel la Cour des comptes s'intéresse à tous les sujets, il faut le dire.
02:59C'est la plus haute juridiction financière du royaume et dans ce sens elle s'intéresse aux dépenses, à l'utilisation de l'argent public d'abord,
03:09mais elle émet aussi des constats et des recommandations sur différents sujets.
03:14J'ai choisi de nous intéresser particulièrement ce matin sur trois volets parce que sinon ça ne sera pas possible.
03:21En fait, compte tenu du timing de cette émission, on va parler des finances publiques dans leur globalité, ce que nous dit la Cour des comptes, du système des retraites.
03:29Puisque là aussi, c'est un constat alarmant.
03:32Si rien n'est fait d'ici 2028, les caisses de la CMR seront vidées tout simplement.
03:38Et puis la question de l'eau, pourquoi ? Parce que c'est devenu une problématique et un paramètre structurel de notre économie et c'est l'un des défis majeurs qui attend le royaume à court moyen terme.
03:48On commence par une petite vue de hauteur sur l'ensemble de ce qui a été dit par la Cour des comptes.
03:54Qu'est-ce que vous en retenez ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
03:56On va commencer, si vous le permettez, par mettre le texte dans son contexte, cette Cour des comptes, de quoi elle retourne.
04:02Parce qu'assez souvent, on a tendance à penser que la mission première, peut-être exclusive de la Cour des comptes, c'est juste vérifier la régularité, la conformité des dépenses publiques.
04:11Sa mission va au-delà.
04:14Bien entendu, juste un petit rappel historique, la première commission des comptes a été créée en 1960.
04:23Elle est passée par 1979 et puis par les deux constitutions 1996-2011 pour justement retrouver la Cour des comptes d'aujourd'hui avec plusieurs prérogatives et une efficacité dans l'action.
04:38Parce qu'assez souvent, on reproche à la Cour des comptes de faire des constats et que ça s'arrête là.
04:42Il faut savoir qu'il y a 222 présidents de conseils locaux qui sont poursuivis grâce au travail qui est fait par la Cour des comptes.
04:51Et il y a une restitution de l'argent de l'État de part de certains partis, de certaines organisations syndicales.
04:58À quoi on reconnaît un professeur universitaire ? Il ne peut pas s'empêcher de faire des rappels historiques.
05:03On est mécanologique.
05:05Maintenant, on va y aller.
05:07On a 45 minutes.
05:09Alors maintenant, la Cour des comptes, effectivement, a sorti un rapport, une centaine de pages justement, où on fait un constat par rapport à ce qui est fait par le gouvernement.
05:19Rappelons que la Cour des comptes, elle est là pour conseiller mais aussi contrôler l'action du gouvernement.
05:24Premier constat, c'est qu'on est sur des agrégats, des indicateurs macroéconomiques qui donnent froid au dos.
05:33Ça, il faut le dire tout de suite.
05:34Vous l'avez rappelé, il y a un déficit public.
05:38Aujourd'hui, il est de 4,4%.
05:41Il y a effectivement une projection pour le ramener à 3% d'ici 2026.
05:46Mais au jour d'aujourd'hui, l'État, le gouvernement s'est engagé dans des dépenses phénoménaux.
05:53Et la Cour des comptes le rappelle.
05:55Il y a la reconstruction post house.
05:58Il y a le projet de l'État social initié par Sa Majesté.
06:02Les grands chantiers à l'horizon 2030, notamment la Cour du Monde.
06:06Il y a la nécessité de revoir la cartographie de l'industrie marocaine, de font-en-compte,
06:13parce qu'il s'agit de diversifier, parce qu'il s'agit d'aller chercher des marges budgétaires, etc.
06:17Tout ceci fait qu'on s'est engagé dans des dépenses publiques sans précédent.
06:22De 2015 à 2023, les dépenses publiques ont augmenté de 33%.
06:29Et en contrepartie, les établissements et entreprises publiques n'arrivent pas effectivement à dégager la rentabilité nécessaire.
06:37On parle d'une contribution dans le budget de l'État à hauteur de 16,8 milliards de dirhams.
06:41C'est pour dire tout simplement qu'il y a une lenteur dans l'exécution des actions du gouvernement.
06:46Et la Cour des comptes le rappelle.
06:48Il y a une inefficacité effectivement dans les projets menés, en l'occurrence en matière d'eau, en matière d'irrigation.
06:56Il y a trop d'argent qui est mis sur la table.
06:59Mais en retour, le retour sur investissement n'arrive pas effectivement à donner l'efficacité nécessaire.
07:04Et surtout, surtout, la Cour des comptes le dit, il y a beaucoup plus des intentions politiques qui sont visées par les actions du gouvernement que des réformes structurelles à moyen et long terme.
07:14Et ce que nous dit la Cour des comptes précisément sur toutes ces questions, c'est que la Cour insiste sur cette notion de pression exercée sur les finances publiques.
07:23C'est le budget général de l'État qui finance quasiment toutes ces initiatives, tous ces projets.
07:29Et la Cour, vous l'avez dit et vous avez raison de le dire, ne fait pas que faire des constats, mais elle recommande.
07:35Elle met aussi certaines recommandations.
07:37Et parmi les recommandations sur cette question de la pression exercée sur les finances publiques, c'est d'essayer d'innover pour mobiliser les ressources nécessaires à l'avenir.
07:45Pour tous ces chantiers, que ce soit en matière de gestion de l'eau, des chantiers structurants à l'horizon 2030, du chantier de l'État social.
07:52Et là, c'est un appel direct lancé au gouvernement, celui-ci et ceux à venir, pour essayer d'innover en matière de mobilisation des ressources.
08:00Sur cette question de la pression exercée sur les finances publiques, quel regard vous portez sur les recommandations et le constat fait par la Cour des comptes ?
08:07C'est Brahim Rajdi.
08:08Bonjour, c'est Adil. Bonjour, c'est Hicham. Je suis content de vous retrouver.
08:13Tout d'abord, je voudrais féliciter les magistrats de la Cour des comptes et la présidente pour le travail scientifique et objectif qui est réalisé.
08:24Il s'agit réellement d'un diagnostic efficace, objectif, de toute la stratégie du développement économique.
08:33Bien sûr, il y a des secteurs qui échappent encore au contrôle de la Cour des comptes.
08:37Mais ça permet d'avoir une vue d'ensemble sur où en sommes-nous concrètement.
08:42C'est un tableau de bord qui permet au gouvernement de réorienter sa politique.
08:48Et aussi à l'opinion politique.
08:50On ne va pas dire que c'est une institution qui est présidée par quelqu'un qui est partisan.
08:54Attendez, on n'a pas encore eu prise de parole du chef du gouvernement.
08:58Il a fait pour le CEC, pour le HCP, rien ne l'empêche de faire pour la Cour des comptes.
09:02La Cour des comptes, devenue depuis la constitution de 2011, comme cela a été signalé par le professeur Hicham Bied, est une institution qui rend des arrêts.
09:11Et comme votre radio tout à l'heure a bien parlé d'un certain nombre de restitutions d'argent public suite aux arrêts de la Cour des comptes.
09:20Un petit mot avant de répondre à votre question. Parce que la Cour des comptes, c'est un tribunal.
09:25Là aussi, on reconnaît les professeurs universitaires que vous êtes.
09:29Non mais vous êtes incroyable en fait. Allez-y, allez-y.
09:31Pour que les gens comprennent. Parce qu'avant d'incriminer quelqu'un, on lui envoie des questions, des imperfections, pour répondre.
09:37Il y a même la possibilité d'aller devant les magistrats de la Cour des comptes pour apporter les éclaircissements nécessaires.
09:43Donc ce rapport est un rapport qui est très bien fait.
09:46Parce qu'il a passé à la loupe tous les secteurs essentiels de la stratégie de développement économique avec les secteurs publics, etc.
09:54La pression qui est exercée vient du fait que le gouvernement dépense de l'argent d'une manière qui n'est pas très contrôlée.
10:00Il y a les frais de fonctionnement, le budget de fonctionnement dans plusieurs secteurs ministériels et communs qui n'est pas encore maîtrisé.
10:12Il y a des dépenses superflues. C'est normal qu'il y ait une pression sur les finances publiques.
10:19Et le déficit qu'on veut ramener à 3%, ça met en avec l'absence de contrôle des dépenses de fonctionnement dans tous les secteurs.
10:28On ne peut pas y arriver.
10:30A cela s'ajoute aussi le fait qu'au niveau du commerce extérieur, le Maroc continue encore à importer des choses qui sont futiles et dont on n'a pas besoin.
10:41Bien sûr, il y a l'Organisation mondiale du libre-échange, etc. Mais quand même, nous devons nous contenter sur le « made in Morocco ».
10:50Les choses qu'on peut fabriquer au Maroc.
10:52Et cette pression, tant qu'il y a ce laxisme en matière de gestion publique des données publiques, on ne va pas pouvoir y répondre.
11:01Comment rationaliser les dépenses pour un État qui a lancé des chantiers dans tous les domaines, que ce soit dans le domaine du social, dans les grandes infrastructures ?
11:12C'est radical.
11:13Oui, c'est vrai. Je n'ai pas terminé ma question.
11:17En fait, c'est parce que c'est ça la grande question que pose et nous pose la Cour des comptes.
11:21D'un côté, il y a la nécessité de mobiliser des fonds et des financements pour tous ces projets très importants.
11:28Mais d'un autre côté, il y a la nécessité, comme vous l'avez dit, de rationaliser les dépenses. Comment on fait ?
11:33Je précise ma pensée. En ce qui concerne les dépenses consacrées strictement aux investissements, c'est très bien.
11:40C'est une très bonne décision. Il n'y a rien à dire.
11:43Vous parlez des dépenses futiles.
11:45C'est des investissements qui ont des impacts terribles, qui ont des conséquences.
11:51Mais c'est ceux-là qui coûtent beaucoup d'argent.
11:54Je vais même plus loin. En s'endette pour ça, c'est très bien.
11:58Mais quand on s'endette pour faire la fête, pour les fêtes de fonctionnement, je ne suis pas d'accord.
12:02Je vous donne un petit exemple.
12:04Avons-nous besoin d'une flotte de voitures pour les élus communaux au Maroc ?
12:10Ça coûte combien ?
12:11Pour Casablanca, ça coûte des milliards.
12:14Des milliards de dirhams ?
12:16De centimes.
12:18Parlez-moi en dirhams.
12:20Moi, je peux vous dire très simplement qu'aujourd'hui, il est anormal qu'un élu qui s'est présenté lui tout seul puisse bénéficier d'une voiture de location
12:29qui coûte 5 000 dirhams à 7 000 dirhams par mois à l'État, plus un téléphone, plus l'essence, etc.
12:35Ça, c'est des dépenses superflies.
12:37Ça ne veut pas dire que les fonctionnaires doivent marcher à pied.
12:41Au contraire, il faut leur donner la logistique pour accomplir leur véritable tâche.
12:46Mais il faut rationaliser les dépenses.
12:47C'est très strict en matière de rationalisation des choix budgétaires et des dépenses.
12:51Et je suis en bien sur cette question de la rationalisation des dépenses.
12:53Absolument, et je reviens sur une recommandation de la Cour des comptes, c'est la concentration sur les secteurs stratégiques.
12:58On est, encore une fois le professeur qui parle, dans la nécessité effectivement d'allocation optimale des ressources.
13:04On est un pays en voie de développement, il ne faut pas se tromper de cheval de bataille.
13:07Donc, le budget dont nous disposons nécessite effectivement qu'on soit très rationnel dans son exécution.
13:13Et ce que disait le professeur Rachidi à l'instant, pour des esprits chagrins, comme on vous le dit souvent,
13:19on a tendance à penser que ce n'est pas grand chose par rapport à ce qui est réellement dépensé,
13:24mais des petites fuites peuvent couler de grands navires.
13:26Ça veut dire que ce sont des dépenses inutiles, futiles, ostentatoires.
13:32Et encore, on n'est pas dans le Médimorocco.
13:36Ça m'a fait plaisir de voir Cyril Adamsol, effectivement, rouler dans la voiture 100% marocaine.
13:41Oui, mais c'est plus symbolique qu'autre chose, vous le savez très bien.
13:43Symbolique, mais ça a de la valeur.
13:45En tout cas, c'est très important qu'on soit dans la rationalisation, parce que c'est un pas vers la moralisation de la chose publique.
13:51On va marquer une petite pause avec le journal de 9h, présenté par Kamal Hassan.
13:55On se retrouve pour la suite du débat.
13:56On va parler notamment de la question du système des retraites et de la gestion de la ressource hydrique.
14:02Parce que là aussi, ce sont deux éléments commentés et analysés par la Cour des comptes.
14:07A tout de suite.
14:08La suite des Décodeurs d'Atlantique matin avec Maître Ibrahim Rajdi et Professeur Hicham El-Bied.
14:14On parle ce matin du rapport annuel de la Cour des comptes au titre de l'année de l'exercice 2023-2024.
14:21Et parmi les points soulevés par la Cour des comptes dans ce rapport, c'est la question, évidemment, de la pression exercée sur les finances publiques.
14:28On en a parlé en première partie d'émission.
14:30La question des retraites ou le dossier des retraites.
14:33Si la Cour s'intéresse et dit les termes, dit les choses clairement sur notamment la caisse marocaine de retraite, la CMR.
14:41En fait, c'est très simple.
14:42C'est ce que je disais en introduction.
14:44Et ça, on le sait.
14:45On n'a pas attendu le rapport de la Cour pour avoir ce constat qui est implacable.
14:52Si rien n'est fait d'ici 2028, c'est simple.
14:55Les caisses seront vidées.
14:57D'où la nécessité de réformer ce système dans sa globalité.
15:02Reste à savoir si les uns et les autres auront le courage politique nécessaire pour entamer la réforme, puisqu'on est en 2025.
15:12Il reste trois ans à cette échéance de 2028.
15:15Si rien n'est fait, les caisses seront vidées.
15:19Alors, ni la hausse des cotisations, ni la hausse de l'âge de départ en retraite n'ont résolu le problème.
15:26Parce que c'était les deux leviers à mettre en place pour pouvoir endiguer la descente aux enfers des caisses de retraite.
15:37Un déficit de pratiquement 10 milliards de dirhams.
15:41C'est un petit peu ce qu'on a reçu du rapport en 2023.
15:46Moi, je trouve tout d'abord, avant d'aller vers des mesures plus drastiques, plus courageuses, comme vous le disiez à l'instant,
15:55qu'il y a lieu effectivement de rationaliser, d'aller justement vers ces rééditions des comptes.
16:01Assez souvent, on lit des articles dans la presse qui parlent effectivement de fonctionnaires de l'État qui détournent de l'argent,
16:10qui se permettent effectivement de dépenser de façon abusive l'argent public.
16:18Je crois que la première des choses qu'il s'agit de faire à travers un audit, et il y a au cours des comptes à l'heure assurée,
16:24c'est d'aller justement vers cet assainissement.
16:28Deuxièmement, on revient faire ce qu'on disait tout à l'heure par rapport au taux de croissance.
16:34On est parti de 4,4% de taux de croissance en 2022. On parle de 2,5% pour 2023.
16:47Je crois que le problème numéro un, par rapport à la situation du pays de façon générale, c'est créer de la valeur, créer de la richesse, créer de la croissance.
16:55Et troisièmement, et c'est dit effectivement dans le rapport, il va falloir faire un effort pour le secteur informel.
17:03Cette foultitude, on va dire, de Marocaines et de Marocains qui échappent au radar,
17:09qui aurait dû effectivement s'inscrire dans la démarche formelle et assurer justement cet élargissement de l'assiette,
17:19que ce soit par rapport à la fiscalité ou par rapport justement aux cotisations,
17:22aurait pu effectivement permettre à ces caisses de retraite déjà de disposer de cotisations,
17:28d'éviter effectivement de sombrer dans ces déficits. Et il me semble, lorsqu'on parle de 2028, la situation risque effectivement d'être chaotique.
17:39Je crains que ça ne soit le cas.
17:42– Brahim Rajdi, la réforme du système des retraites, ça passe par quoi concrètement selon vous ?
17:46– Moi, je pense que le problème des retraites se pose dans tous les pays du monde et démocratique.
17:52Tout d'abord…
17:54– Justement, on ne peut pas dire qu'on n'était pas prévenus, parce qu'on a vu les exemples,
17:57notamment dans les pays européens, vieillissant, et on y arrive nous aussi.
18:00– Si vous permettez, je vais encore reprendre mon toque de prof.
18:04À l'époque, les ressources de la caisse marocaine des retraites n'étaient pas bien placées.
18:10Ils étaient placées à un taux d'intérêt de 2%, alors que le taux d'intérêt qui était pratiqué par les banques était de 14%.
18:16Donc il y avait un problème de gestion de ces ressources.
18:20Il y a eu des réformes, la réforme de 2016 et 2022 font qu'aujourd'hui, la réforme paramétrique,
18:26c'est-à-dire qu'on fait une projection financière sur les années, ne marchera pas.
18:30– Ce n'est pas la bonne approche.
18:31– Ça ne marchera pas.
18:32Pourquoi ? Parce que le problème, c'est un problème qui est lié tout d'abord à la structure démographique du Maroc.
18:37Avant, un retraité, un employé, finançait un retrait.
18:42Maintenant, un employé, il en a 7 ou 6.
18:45Donc automatiquement, c'est une caisse qui va être déficitaire.
18:48Quelles sont les possibilités de restructuration des caisses de retraite au Maroc ?
18:55– Il n'y a pas 36 000 solutions. Élargir la base des cotisants.
18:58– Pas suffisant, comme cela a été dépassé, Hicham le Bien.
19:02C'est vrai, moi je suis d'accord pour qu'il y ait une augmentation des cotisations.
19:07Tout à fait normal, de la part patronale et de la part salariale.
19:10Et l'âge aussi, contrairement à ce qu'a dit Hicham.
19:14Moi je suis pour l'âge de la retraite, 65 ans.
19:18– Ça dépend des métiers.
19:20– Sauf pour les métiers pénibles, où ça doit être volontaire.
19:25Moi je pense qu'aujourd'hui, l'espérance de vie augmente.
19:30Aussi bien des femmes que des hommes.
19:32Les femmes vivent plus longtemps que les hommes.
19:34Et il est anormal que dans certains secteurs, mini, on envoie les gens à 55 ans.
19:39C'est une aberration.
19:41Aujourd'hui, je pense que 62 ans, on y est. 64 ans, 65 ans.
19:46Une chose, c'est que pour les magistrats, l'âge de la retraite est prorogé à 75 ans.
19:53– Oui, c'est ce que je disais, ça dépend des métiers.
19:55– Pour les profs universitaires, 65 ans.
19:57Depuis longtemps, on était à 65 ans. On peut le proroger à 70 ans.
20:01– Oui, mais c'est bien ça.
20:02Parce que justement, dans les métiers intellectuels,
20:05c'est vrai que le poids du travail n'est pas le même.
20:07– Sauf pour le travail pénible. Je suis d'accord.
20:09Et donc il y a cette vision-là.
20:11Et il y a aussi autre chose, c'est l'efficience de la gestion des ressources des caisses de retraite.
20:18Et puis il faut réfléchir aussi à l'unification des caisses de retraite.
20:21Il y a la CMR, la Caisse Marocaine des Retraites.
20:24Il y a la CIMR, Caisse Marocaine des Retraites, secteur privé.
20:28Il y a aussi plusieurs organismes qui ont leurs caisses de retraite,
20:31tels que les avocats par exemple.
20:33Moi, je pense qu'il faut une refonte totale de ce système,
20:37sur la base de la capitalisation.
20:39Qui dit capitalisation dit que la cote par des salariés et des patrons doit être égale.
20:46Et doit être évolutive en fonction de l'évolution de l'indice du coût de la vie.
20:52Parce que là, vous parlez dans la loi de finances de 2025 sur l'augmentation des retraites.
20:58C'est du pipeau.
20:59On n'en a pas parlé, qui en a parlé ?
21:01Vous en avez parlé il y a quelque temps dans cette émission.
21:03Vous êtes très attentif à ce que je dis.
21:05Absolument. On vous contrôle, on vous suit.
21:08Donc ça, c'est une vision globale.
21:11Et l'échéance de 2028, c'est une échéance réelle.
21:14C'est demain en fait, il y a trois ans.
21:17Parmi les causes qui ont amené cette caisse marocaine des retraites à être déficitaire,
21:20c'est la défaillance des ressources de l'État.
21:23Avant, l'État ne versait pas sa cote par régulièrement à la caisse marocaine des retraites.
21:29Donc c'est l'État qui avait provoqué ce dysfonctionnement,
21:32ce déséquilibre entre les ressources et les emplois.
21:36Au-delà de cette question des retraites, il faudrait peut-être aussi penser autrement la fonction publique dans ce pays.
21:43Il faut dégraisser le mammouth, c'est une expression consacrée qui colle parfaitement à la situation.
21:48Quand on voit ce qu'il se passe aux États-Unis,
21:50généralement toutes les innovations et toutes les bonnes choses commencent au Tratlantique aux États-Unis
21:56et font leur petit chemin d'une manière ou d'une autre chez nous.
21:59Quand on voit ce que s'apprête à faire Donald Trump avec son ami Elon Musk
22:02pour réformer la fonction publique américaine,
22:04j'ose espérer que les bonnes idées feront leur chemin jusqu'à...
22:10Vous avez entièrement raison, le Code du Travail aux États-Unis comporte un seul article.
22:16Les relations de travail sont contractuelles.
22:18Après, il faut trouver un juste milieu entre le modèle excessif américain
22:22et le modèle, disons, laxiste marocain.
22:25Parfois, pas tout le temps.
22:269h15 sur Atlantique Radio, une pause.
22:28Le Point Info avec Karim Droneh.
22:30On se retrouve pour la suite du débat.
22:31A tout de suite.
22:32Suite F1 des Décodeurs d'Atlantique matin,
22:34avec Brahim Rajdi et Hicham Labied,
22:36on parle du rapport de la Cour des comptes.
22:39Juste avant de clore le chapitre des retraites,
22:42je ne vous ai pas entendu, Brahim Rajdi,
22:44sur la question de l'intégration du secteur informel
22:48dans le cadre de cette réforme appelée du régime des retraites.
22:55Lorsqu'on parle de fiscalité,
22:58ou lorsqu'on parle de tous les mots MAUX de notre système économique,
23:03socio-économique,
23:04on revient toujours à cette question du secteur informel.
23:07Est-ce que c'est une bonne piste de réflexion
23:10pour réformer notre système,
23:12nos systèmes de retraite,
23:14d'essayer d'intégrer d'une manière ou d'une autre ce secteur informel ?
23:17Tout d'abord, il faut contrôler le système informel.
23:19C'est très difficile.
23:20Il faut l'intégrer.
23:21Le système informel répond à un certain nombre de problèmes aussi.
23:24N'oubliez pas que le chômage
23:26pousse les gens à aller vers l'informel aussi.
23:29Parce qu'il y a beaucoup de jeunes
23:31qui n'ont pas trouvé d'emploi
23:33et qui se dirigent vers l'informel.
23:35Comme je dis à chaque fois sur cette antenne,
23:37je ne parle pas forcément, et jamais d'ailleurs,
23:40de l'informel de survie,
23:41mais je parle de l'informel structuré.
23:43C'est-à-dire ?
23:44L'informel de survie, c'est ce que vous...
23:46Non, structuré.
23:48L'informel structuré, c'est des gens,
23:51des chefs d'entreprise par exemple,
23:53qui utilisent différents moyens pour échapper au contrôle,
23:56que ce soit du fisc ou...
23:58qui ne cotisent pas, qui...
23:59Moi, je renverse la chose.
24:01Il faut simplifier aussi la fiscalité marocaine.
24:04Que la fiscalité marocaine soit attractive.
24:07Et ne soit pas une cause qui...
24:10qui pousse les gens à truander.
24:12Moi, je vous donne un exemple.
24:14Pour le fisc, tout Marocain est un fraudeur.
24:17Vous achetez un appartement,
24:194 ans, au moins 15 jours,
24:21on vous envoie une lettre de mise en demeure,
24:23vous avez sous-déclaré la valeur.
24:25Parce qu'on est supposé être...
24:28Non, non...
24:30Un mauvais contributeur.
24:34Il y en a tellement que ça devient la norme,
24:36alors que ce n'est pas normal.
24:38J'ai toujours donné un exemple.
24:41Si, par exemple, la taxe sur les profils immobiliers
24:44qui est de 20% aujourd'hui,
24:45si on la réduit à 10%,
24:47il faut qu'on fasse l'étude,
24:48il faut que M. Leclerc fasse l'étude.
24:50Si on la réduit à 10%,
24:51je suis sûr et certain que la courbe de l'affaire,
24:54ça veut dire qu'on va élargir la base des contribuables,
24:56et les recettes vont suivre, vont être plus importantes.
24:59Parce qu'il y a un certain nombre de Marocains qui disent
25:03« Tiens, au lieu de passer 20%, je vais sous-déclarer,
25:06je vais dire que je l'ai acheté à 80 alors que je l'ai acheté à 100. »
25:09Au contraire, si on baisse les taux d'imposition,
25:12dans ce domaine-là, je suis sûr et certain
25:15qu'on peut rentabiliser davantage,
25:18les recettes vont augmenter,
25:20et on va vraiment inclure dans le secteur légal,
25:26pas informel, le secteur légal,
25:28beaucoup de contribuables qui étaient dans l'informe.
25:30Ça, c'est une théorie parmi tant d'autres.
25:32Proposition.
25:33Proposition, oui, une théorie.
25:34Mais moi, ce que je pense intimement,
25:36c'est que vous aurez toujours,
25:37quelles que soient les mesures que vous prenez,
25:39si vous baissez à 0%,
25:41quelles que soient les mesures que vous prenez,
25:43vous aurez toujours une catégorie de personnes,
25:45de contribuables qui n'en sont pas,
25:47qui trouveront un moyen ou un autre
25:49pour ne pas payer leur juste part d'impôt.
25:51Et cela, je suis désolé, il faut sévir.
25:55Et ce qui explique, entre autres,
25:58cette façon de faire au niveau de la fiscalité chez nous,
26:02à savoir que tout contribuable est suspecté
26:06ou supposé être un mauvais payeur jusqu'à preuve du contraire,
26:09ce n'est pas né de rien ou de nulle part.
26:13Ça fait écho à une certaine forme de rapport
26:17que nous avons, nous, mahocains,
26:19pas tous, mais globalement,
26:21avec l'impôt qu'on doit payer,
26:23notre juste part d'impôt à payer.
26:25Si vous permettez, j'ajoute une chose.
26:27L'administration est responsable de ce qui se passe.
26:29Je vous donne un exemple.
26:30Il y a un référentiel en ce qui concerne Casablanca
26:32pour les prix de l'immobilier.
26:34À Bourgogne, c'est 15 000 dirhams le mètre carré.
26:38Aujourd'hui, j'ai des gens de la famille
26:40qui proposent des appartements à 10 000 dirhams le mètre carré.
26:43Il n'y a pas preneur.
26:44Donc l'administration doit simplifier sa manière de voir.
26:47Elle doit avoir une autre vision du contribuable.
26:49Et Jean-Luc Biard ?
26:50Oui, absolument.
26:51Je dis à juste titre.
26:53Le contribuable est fraudeur jusqu'à preuve du contraire.
26:56Je crois que c'est une démarche qui a fait son temps.
26:59Il est important.
27:00Bien entendu, on n'exclut pas qu'il y ait toujours
27:03des mauvais citoyens fiscaux
27:07qui chercheront toujours à profiter du système.
27:10Il faut se sévir contre les mauvais citoyens.
27:12Et traiter normalement les autres.
27:14Mais il ne faut pas oublier, c'est à dire aussi,
27:16parce qu'il y a aussi ce qu'on appelle l'optimisation fiscale.
27:18Il y a des gens qui vont être dans la régularité,
27:20qui vont être en train de profiter du système.
27:22Si ce n'est pas illégal, ça ne me dérange pas.
27:24Mais ils seront beaucoup plus, on va dire,
27:26impactants sur le système
27:28que des gens qui vont être dans la fraude.
27:30Ça aussi, il faut le comprendre.
27:32Deuxième chose, il me semble qu'il va falloir
27:34que l'État et les pouvoirs publics du gouvernement
27:36fassent un bon marketing du secteur formel.
27:38Parce que jusque là,
27:40l'image que l'investisseur monde a,
27:43qu'il soit national ou étranger,
27:45a toujours cette idée qu'il y a de la pression fiscale,
27:47il y a de la bureaucratie,
27:49il y a des difficultés.
27:52C'est le parcours du combattant, justement,
27:54pour se lancer dans les affaires.
27:56Donc il va falloir faire un effort là-dessus.
27:58Et deuxièmement,
28:00cette question du secteur informel,
28:02il me semble qu'il est temps
28:04d'organiser une réflexion nationale,
28:06à l'image de ce qu'on avait dit sur les...
28:08Non, mais les réflexions...
28:10Non, mais ce n'est pas une question de réflexion,
28:12ce n'est pas de la théorie.
28:14Parce que, est-ce que vous avez déjà entendu parler...
28:16Est-ce que vous avez déjà entendu parler
28:18d'une rencontre qui s'est faite avec les gens
28:20qui sont dans le secteur informel ?
28:22Jamais, on ne les a jamais écoutés,
28:24on ne les a jamais...
28:26Mais justement, parce qu'ils ne sont pas structurés,
28:28vous ne pouvez pas les rencontrer.
28:30Il faut qu'on comprenne.
28:32Moi, je vous emmène à Derbrelev pour les rencontrer,
28:34mais ça sert à quoi ?
28:36Mais attendez, il faut qu'il y ait effectivement
28:38une progression dans la construction.
28:40Vous les écartez, vous considérez effectivement
28:42qu'ils sont fraudeurs, qu'ils sont des pariés,
28:44qu'ils sont des victimes de la société.
28:46Comment voulez-vous que demain, ils puissent s'aligner
28:48sur ce qui se passe, sachant que, là encore,
28:50vous êtes en train de donner le mauvais exemple
28:52du secteur formel pour dire que c'est contraignant,
28:54c'est abusif, etc.
28:56Un petit mot, pour reconnaître une chose,
28:58c'est que la Direction Générale des Impôts
29:00fait beaucoup d'efforts en matière de digitalisation,
29:02et la digitalisation simplifie
29:04beaucoup de choses, et il y a beaucoup de gens
29:06qui contribuent actuellement,
29:08alors qu'ils n'étaient pas contribuables avant.
29:10C'est sans doute l'administration marocaine
29:12la plus performante.
29:14En matière de solutions numériques.
29:16Il nous reste 7 minutes.
29:18Je veux parler de la question
29:20de la gestion de l'eau, et je veux parler
29:22de la possible élection
29:24du Maroc pour avoir un siège permanent
29:26au Conseil de sécurité de l'ONU.
29:28Permettez-moi de passer
29:30rapidement au sujet
29:32qui nous attend.
29:34La gestion de l'eau, c'est le dernier élément que j'ai choisi
29:36pour ce premier sujet,
29:38celui du rapport de la Cour des Comptes.
29:40Alors, que nous dit
29:42la Cour des Comptes qu'on ne le savait pas ?
29:44Pas grand chose, parce qu'on sait que la situation
29:46hydrique est critique, elle est ce qu'elle est.
29:48Mais quand même, la Cour des Comptes
29:50pointe du doigt certains éléments
29:52que nous devons voir en face et essayer de
29:54résoudre. Le retard notamment dans l'exécution
29:56des projets
29:58liés justement à la gestion de l'eau,
30:00la suexploitation des eaux souterraines,
30:02c'est un sujet que nous abordons à plusieurs
30:04reprises, et puis la réutilisation
30:06limitée des eaux usées. C'est un projet
30:08qui a été initié, mais qui reste limité
30:10justement à ce que nous dit la Cour des Comptes.
30:12Aujourd'hui, ce qu'on sait, c'est que la ressource hydrique
30:14se fera, et se fait, de plus en plus rare.
30:16C'est une donnée qui devient structurelle dans notre économie.
30:18Ce que nous dit
30:20la Cour des Comptes, c'est qu'il faut
30:22accélérer la cadence des solutions
30:24mises en place et déjà entamées par le Maroc pour
30:26pallier à ce manque de la ressource
30:28hydrique. Les stations de désinstallement d'eau de mer,
30:30c'est un exemple.
30:32L'utilisation des eaux usées,
30:34il faut peut-être généraliser le processus
30:36à l'ensemble du territoire national.
30:38Quel regard vous portez rapidement sur
30:40cette question de la gestion de l'eau ?
30:42La sixième année de suite,
30:44nous vivons la sécheresse. Ca veut dire que
30:46encore une fois, au risque de
30:48me répéter, on est dans une donne structurelle.
30:50La pénurie d'eau
30:52devient structurelle au niveau du Maroc.
30:54Les actions qui sont menées, la Cour des Comptes
30:56le rappelle, elles sont
30:58lentes. L'exécution
31:00se fait de façon lente.
31:02L'efficacité,
31:04l'efficience de ces actions, on n'arrive pas
31:06effectivement à
31:08donner le résultat escompté.
31:10Et les
31:12palliatifs, on va dire, à cette situation
31:14ne sont pas au rendez-vous.
31:16La réutilisation
31:18des eaux usées, la surexploitation
31:20de ressources. N'oublions pas, effectivement, encore une fois,
31:22je le dis, les choix
31:24entre guillemets, parce qu'on peut encore discuter
31:26de cette question, est-ce qu'on a choisi ou pas,
31:28les choix du Maroc
31:30par rapport à ces industries,
31:32par rapport à ces activités de type
31:34aquiculture, etc. Est-ce que vous savez que
31:36pour construire une voiture,
31:38on dépense quelque chose comme 300 000 litres d'eau ?
31:41Oui, oui, même l'industrie minière,
31:43ça on le sait, ça.
31:45L'eau est une ressource
31:47qui est utilisée dans toutes les industries,
31:49tous les secteurs. Et les secteurs dans lesquels
31:51nous nous sommes spécialisés, les secteurs mondiaux
31:53dans lesquels nous sommes, c'est des secteurs qui sont
31:55très consommateurs d'eau.
31:57Donc, ces palliatifs dont je parlais
31:59à l'instant, le dessalement
32:01de l'eau de mer,
32:03le recyclage
32:05des eaux usées,
32:07éviter effectivement cette
32:09pression en termes de sur-exploitation
32:11des ressources de la part de ces secteurs
32:13économiques, tout ceci, effectivement, c'est des choses
32:15qu'on sait déjà, mais il y a nécessité
32:17d'aller plus en avant avec plus d'efficacité
32:19et c'est ce que rappelle justement la Cour des comptes.
32:21Brahim Rajdi, comment...
32:22Je continue dans la même lancée
32:24que notre ami ici, Hicham.
32:26Il faut que le Maroc cesse aussi d'exporter
32:28de l'eau pour importer du blé.
32:30Je savais que vous alliez le dire et c'est la raison pour laquelle
32:32j'ai ouvert le journal L'Economiste parce que j'ai lu ce matin
32:34un article qui reprend... Non mais je vous connais par cœur.
32:37Le ministre de l'Agriculture, le nouveau ministre
32:39de l'Agriculture, c'est Ahmed Bouhari
32:41qui donne les chiffres, parce que
32:43bon, après, ce sont ces chiffres, et c'est vrai que
32:45à chaque fois on parle de cette question que nous
32:47devons rationaliser notre façon de faire de l'agriculture
32:49dans ce pays et arrêter d'exporter de l'eau.
32:51C'est une expression que vous venez de répéter à l'instant
32:53et qui est tout le temps répétée. Que nous dit Ahmed Bouhari ?
32:55Les produits agricoles
32:57exportés ne représentent que 1%
32:59de la superficie cultivable au niveau national
33:01et ne consomment que 5%
33:03des ressources en eau utilisées en agriculture.
33:06Ce sont les chiffres du ministre de l'Agriculture.
33:08J'ose espérer que ce sont des bons chiffres
33:10et ça développe avec ce qu'on dit.
33:12Il faut que le ministre nous donne une autre chose aussi.
33:14Il nous donne combien ça coûte
33:16les importations de blé, combien ça rapporte
33:18les exportations de ces fruits
33:20qu'on envoie à l'étranger. J'aimerais bien qu'il nous donne...
33:22parce qu'il connaît très bien le secteur et je suis...
33:24Là, je reconnais l'avocat que vous êtes.
33:26Vous trouvez toujours une issue de secours.
33:29Si ces chiffres sont
33:31véridiques, et c'est ce que je pense,
33:33ça veut dire que tout ce que nous disons
33:35sur notre modèle agricole, ce n'est pas vrai.
33:37Nous n'exportons pas que de l'eau.
33:395%
33:41des quantités d'eau
33:43utilisées dans l'agriculture
33:45servent aux
33:47produits agricoles exportés. A peine 5%.
33:49Ça relativise un petit peu le débat
33:51qu'on peut avoir sur cette question.
33:53Le plan vert dont on a souvent parlé ici,
33:55il faut un jour vraiment faire une analyse
33:57objective du résultat du plan vert.
33:59On l'a fait, on l'a déjà fait, nous.
34:01Oui, je sais. Mais là, je peux vous dire
34:03qu'en matière de diagnostic
34:05fait par la Cour des comptes
34:07pour l'eau, je suis totalement
34:09d'accord parce qu'il y a beaucoup
34:11de pistes à exploiter.
34:13Vous avez la réutilisation
34:15des eaux usées pour l'arrosage.
34:17Vous avez le dessalement de l'eau
34:19qui commence, mais il faut l'accélérer.
34:21Et ça, c'est une très bonne chose.
34:23Le stress hydrique
34:25existe dans plusieurs pays.
34:27Mais heureusement, au Maroc, je pense
34:29qu'on va dépasser cette phase délicate de stress hydrique
34:31parce que dans certaines régions,
34:33il y a quand même des pluies, des barrages
34:35qui ont commencé à redémarrer
34:37et à avoir un niveau
34:39supérieur à celui de l'année dernière.
34:41Autre chose, c'est que
34:43l'eau,
34:45c'est vital pour la vie.
34:47Il faut le rationaliser.
34:49Il faut vraiment
34:51apprendre aux consommateurs marocains
34:53de rationaliser l'eau.
34:55C'est les petites routes d'eau qu'ils font.
34:57Oui, je sais, on doit rendre à l'antenne.
34:59On me dit à l'oreillette qu'on doit rendre à l'antenne.
35:01Je sais qu'on ne va même pas aborder le dernier sujet.
35:03On peut faire un mot pour chaque chose.
35:05Pour l'ONU ?
35:07Non, on n'a pas le temps.
35:09Là, je suis en train de lire une phrase
35:11qui a été prononcée par Ahmed Debbouali,
35:13le ministre de l'Agriculture.
35:15Il faut y consacrer une émission à part entière.
35:17Alors, qu'est-ce qu'il nous dit ?
35:19Il nous dit que le secteur agricole n'utilise que
35:21les barrages après avoir satisfait
35:23et sécurisé tous les besoins en eau potable
35:25dans l'industrie et le tourisme.
35:27Du coup, l'agriculture est le secteur
35:29le plus affecté par la harte et de l'eau.
35:31D'un autre côté, nous avons des spécialistes qui nous disent
35:33que quand vous avez des experts
35:35qui nous disent que 85%
35:37des ressources en eau au Maroc
35:39sont destinées à l'agriculture,
35:41c'est un petit peu contradictoire
35:43avec cette déclaration.
35:45Vous voulez que je vous donne la parole ?
35:47Dernier élément, ce que je ne retrouve pas dans le rapport
35:49au cours des comptes, c'est un clin d'oeil
35:51à la question de l'intelligence artificielle.
35:53Ça n'a pas été dans le rapport.
35:55Au niveau de l'agriculture,
35:57en usant les techniques de l'intelligence artificielle,
35:59on peut optimiser...
36:01C'est dans le sens, effectivement,
36:03de ces exploitations innovantes
36:05pour aller de l'avant.
36:07Je dois rendre l'antenne.
36:09Merci beaucoup, Hicham Le Biat.
36:11Merci, Ibrahim Rajdi.
36:13La prochaine fois, si vous étiez à l'heure,
36:15vous aurez plus de temps de parole.
36:17Je vous taquine.
36:19Merci beaucoup, Ibrahim Rajdi et Hicham Le Biat.
36:21Karim Droneh revient dans quelques instants
36:23pour Le Point Info de 9h30.