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Payer son loyer, retirer de l’argent, envoyer un colis ou même contracter un micro-prêt… chez l’épicier du coin.
Ce qui aurait semblé improbable il y a encore quelques années est aujourd’hui un projet en cours au Maroc. Les épiciers de quartier, véritables piliers de la vie économique locale, s’apprêtent à élargir leur champ d’action en intégrant des services financiers et postaux. Transferts d’argent, paiements de factures, voire même certaines opérations bancaires simples… L’objectif affiché est double : soutenir les petits commerces, concurrencés par les grandes surfaces et le e-commerce. Et accélérer l’inclusion financière, notamment pour les populations qui n’ont pas accès aux banques traditionnelles. Mais derrière cette ambition, des questions se posent :
Quel impact sur le système bancaire traditionnel et les opérateurs télécoms ? Quel encadrement et quelles garanties pour éviter les dérives ? Va-t-on vers une révolution financière qui bénéficiera réellement aux citoyens ou un nouveau marché réservé aux grands acteurs économiques ?

Hicham Amadi, CEO Toogo
Ismail Bargach, CEO WafR

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Transcription
00:00Les décodeurs d'Atlantique Matin en ce jeudi 6 mars 2025 avec Hicham Hamedi et Ismail Barghash.
00:10Ce matin on parle de Moulhanout, l'épicier du coin.
00:13On le sait bien plus qu'un simple commerçant.
00:16Il est souvent le confident, le dépanneur, celui qui accepte de faire crédit à la fin du mois quand les finances sont serrées.
00:21Désormais il pourra devenir un acteur financier à part entière.
00:25L'idée n'est pas totalement nouvelle.
00:27Les services de charge téléphonique ou de paie mobile se sont installés progressivement auprès de ces épiciers.
00:32Aujourd'hui c'est une autre dimension qui s'ouvre devant eux.
00:36Transfert d'argent, retraite de cash, paiement des factures d'eau, d'électricité et d'internet,
00:41distribution de colis en lien avec les activités e-commerce et à terme des microcrédits accordés aux clients.
00:46Le gouvernement voit en ce modèle une double opportunité.
00:49D'abord faire du commerce de proximité, un levier de modernisation financière.
00:53En tout cas c'est comme ça que cela est présenté.
00:56Et d'un autre côté soutenir aussi ces petits commerçants face à la montée en puissance.
01:00On le constate tous les jours des grandes surfaces et du e-commerce.
01:03Mais ce projet soulève autant de questions que de défis.
01:07Encadrer la sécurité des transactions d'abord.
01:09Qui garantira la fiabilité de ces nouveaux services ?
01:12Certains détaillants prêtent déjà de l'argent à leurs clients avec des commissions parfois élevées.
01:16Là aussi se pose la question des abus à éviter.
01:19Et puis la concurrence avec les banques et les autres opérateurs télécoms
01:23qui raflera la mise entre les banques, les établissements de paiement et les opérateurs déjà présents sur ce segment.
01:30Cette nouvelle transformation en tout cas du commerce de proximité peut être une révolution pour l'inclusion financière au Maroc.
01:37Ou la question qui se pose c'est est-ce qu'on risque au contraire d'une financiarisation incontrôlée d'un secteur déjà très fragile ?
01:44C'est ce que nous allons décoder, tenter en tout cas de décoder aujourd'hui avec mes deux invités du jour.
01:49Hicham Ahmedi à ma droite, président de Tougo. Bonjour Hicham.
01:53Bonjour Abdelhali.
01:54Ramadan Moubarak Saïd. Il y a un temps de latence, qu'est-ce qui se passe ? C'est Ramadan, c'est quoi ?
01:59Non, non, c'est simplement la concentration.
02:01Ah, qui te fait défaut ce matin peut-être ?
02:04Exactement.
02:05Ismaïl Bargach à ma gauche, cofondateur et président de la start-up marocaine Oufer. Bonjour Ismaïl.
02:10Bonjour.
02:11Et d'ailleurs, avec votre start-up, vous travaillez en étroite collaboration, j'ai envie de dire, avec ces petits épiciers, ces commerçants de quartier.
02:22C'est Mouline l'Houanette, comme on dit. Et c'est vrai que j'imagine que c'est un sujet qui vous intéresse également.
02:28Première question que j'ai envie de vous poser, de prime abord, est-ce que c'est une bonne idée si le projet est mené à terme ?
02:35Parce que là, pour l'instant, c'est un projet qui est piloté, chapeauté par le ministère de l'Industrie et du Commerce et notamment le ministre Ariadne Mzour.
02:42Mais on attend de voir concrètement ce que ça va donner sur le terrain.
02:47Ou est-ce que c'est, comme on dit communément, la fausse bonne idée ? Ismaïl Bargach.
02:52C'est une excellente idée. C'est définitivement une excellente idée.
02:55Ce qu'il faut savoir, c'est que le but derrière cette initiative, c'est un but d'inclusion financière.
03:01Concrètement, ce que les autorités appellent leur vœu, et ce que l'intégralité des Marocains appellent leur vœu,
03:06c'est d'être en mesure de pouvoir faire que les Marocains transactent davantage avec des moyens de paiement digitaux plutôt qu'avec du cash.
03:14Parce que quand on arrive à faire que la majorité des citoyens d'un pays transactent avec des moyens digitaux, en fait, on enrichit tout le monde.
03:20Je fais un raccourci énorme, mais la conclusion, c'est celle-ci.
03:23Or, on se rend compte d'une chose, c'est qu'il y a une corrélation très fine entre la quantité d'endroits où on peut distribuer ses services financiers,
03:30ses services en général, et la quantité de gens qui les adoptent.
03:33C'est une industrie qui est driveée par la quantité de ce qu'on appelle dans le jargon de supply, la quantité de gens qui fournissent le service,
03:45et la quantité de gens qui adoptent le service est un facteur de la quantité de gens qui le distribuent.
03:51Et vous n'avez pas de réseau de distribution plus fort au Maroc que les épiciers.
03:57Et par ailleurs, quand vous faites un benchmark et vous regardez les autres pays où les services financiers ont décollé,
04:04vous vous rendez compte qu'il y a un point de distribution de ces services financiers pour environ 350 habitants.
04:10Nous, les plus gros réseaux ne servent même pas un point de vente pour 10 000 habitants.
04:20C'est un objectif qui est un maillon critique de la chaîne pour pouvoir faire du développement économique.
04:30Je pense que c'est une excellente chose que le politique s'en saisisse.
04:36Hicham, même question ?
04:38Je pense que le privé s'y intéresse depuis très longtemps.
04:41Je ne sais pas comment le politique va l'aborder au-delà des annonces,
04:45au-delà du fait d'annoncer des chiffres en nous rappelant des choses qu'on connaît déjà,
04:50par rapport au fait que ces points de vente servent les quartiers, font le crédit,
04:57ils ont le scan de l'ensemble des ménages.
05:01Ça, ils le font depuis très longtemps.
05:03Je ne sais pas comment ils vont l'adresser.
05:05Maintenant, je sais que le privé l'adresse depuis très longtemps avec des solutions d'inclusion financière,
05:10avec le fait qu'on paie de la CNSS, avec le fait qu'on puisse distribuer de la recharge.
05:14C'est quelque chose qui a du sens.
05:17Mais peut-être que la différence entre le privé et le public, c'est que si le projet ou l'objectif est chapeauté
05:22et pris en charge par l'État, pour être simple, ça permettra peut-être une généralisation,
05:28une implémentation à l'échelle nationale beaucoup plus facilement.
05:33Vous voulez mon opinion par rapport à ça ?
05:35Comme toujours.
05:36Ça risque de ne pas marcher.
05:38Tant que c'est le privé qui le fait, il a des métriques, il a des logiques.
05:43Regardez la situation aujourd'hui.
05:45Vous avez dit qu'il y a eu des initiatives privées qui allaient dans ce sens.
05:48Des initiatives qui marchent.
05:49Oui, qui marchent, mais pas à grande échelle.
05:51Moi, je vous dis que la différence, c'est de généraliser le processus à l'ensemble des épiciers et du territoire national.
05:57L'État ou l'administration est capable de généraliser quelque chose qui est homogène.
06:02On est en train de parler d'un réseau hétérogène.
06:05On a l'impression que c'est des distributeurs qui distribuent les mêmes produits, non ?
06:08Qui distribuent la même chose de la même manière.
06:11Vous avez des petits commerces, des commerces un peu plus grands, mais globalement, ils font la même activité.
06:16Ils vendent des produits de base aux citoyens.
06:18Vous allez descendre dans la granularité.
06:20Vous avez trouvé qu'un point de vente gagne de l'argent avec un produit.
06:23Un autre gagne avec un autre produit, sachant qu'ils vendent le même produit.
06:27Soit il gagne sur le crédit, soit il gagne sur des produits de première nécessité.
06:31Soit il gagne sur les services qu'il rend.
06:33Soit il gagne sur l'avance de cash qu'il fait.
06:35En fait, ce n'est pas un réseau qui est complètement homogène.
06:40Et l'adresser d'une manière globale me semble difficile.
06:44Il faut l'adresser tel que c'est fait, avec le privé actuellement,
06:47qui s'adapte à chaque spécificité de quartier.
06:52On pose la question à un acteur privé qui est au contact avec ses épiciers.
06:56C'est vrai ce qu'il dit ? Il y a un peu de nuances à rapporter.
07:00A la base, votre question, c'était quoi ?
07:04A la base, ma question, c'était celle que je vous ai posée.
07:07Est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise idée ?
07:09Après, la discussion a dévié vers ce qu'on était en train de dire à l'instant avec Guichem.
07:14Écoutez, l'idée de mon point de vue, elle est excellente.
07:18Parce que, comme je vous dis, à la fin de la journée,
07:21vous êtes dans une configuration où ce que les pouvoirs publics essayent de faire,
07:25c'est de servir le citoyen.
07:27Ils ont une conviction forte.
07:29C'est celle qui consiste à dire que si vous drivez le citoyen vers des moyens de paiement digitaux,
07:33vers le fait d'avoir de l'argent sur un compte plutôt qu'en cash dans la poche,
07:36c'est un moyen de développement économique de manière générale pour le Maroc.
07:40Pourquoi ? Parce qu'en fait, vous mettez plus d'argent dans le bilan des banques.
07:44Quand les banques ont plus d'argent sur le bilan, elles financent plus facilement l'économie.
07:48Financer plus facilement l'économie, c'est-à-dire qu'elles donnent plus de crédits aux entreprises
07:52qui, par conséquent, peuvent, eux, créer plus d'activités économiques.
07:55Elles donnent plus de crédits aux ménages qui, donc, peuvent consommer davantage.
07:59Et donc, vous rentrez dans une configuration macroéconomique qui est plus favorable.
08:04Le point cardinal qui est poursuivi, c'est celui-ci.
08:06Donc, est-ce que l'idée de dire qu'on va augmenter la distribution pour augmenter l'adoption, elle est bonne ?
08:12Du point de vue d'un opérateur qui regarde ces questions-là tous les jours,
08:16il n'y a pas d'autre moyen que d'intégrer l'épicier dans cette boucle pour pouvoir atteindre cet objectif.
08:21Oui, ça, c'est une certitude. Mais maintenant, la question qui a été soulevée par Richem, c'est…
08:27Bon, il dit que ça ne sera pas forcément plus simple et plus efficace si le projet échapoté est pris en charge par l'État.
08:33Il estime que c'est le privé qui peut éventuellement accélérer…
08:38Vous savez, il y a beaucoup d'initiatives qui ont été faites. Je vous donne des exemples.
08:43Le ministère du Commerce et de l'Industrie, à travers la NPME dans le temps, avait essayé de digitaliser ses points de vente.
08:49Il avait mis tout un programme qui permettait aux points de vente d'avoir un laptop. Ça n'a jamais marché.
08:55Il avait essayé aussi de mettre une sorte de rationalisation des moyens. Il avait mis beaucoup de choses qui n'ont jamais marché.
09:07Pourquoi ? Parce qu'ils ne répondent pas à l'impératif simple qui est d'apporter de la valeur à ce point de vente.
09:13Ce n'est pas une question de modernisation, c'est une question de « qu'est-ce que tu m'apportes ? ».
09:17Le privé répond à cette question. Quand un smile se déplace, c'est globalement « je t'apporte de la valeur, je t'apporte du business ».
09:24Le débat est très basique. Et donc avec cela, le point de vente est capable de s'adapter.
09:30La question n'est pas l'adoption des moyens, la question est « qu'est-ce que tu m'apportes à la fin ? ».
09:34Si tu m'apportes quelque chose, ok. Par contre, si tu me demandes de faire des efforts versus ce que je fais actuellement, il n'y a pas de réponse.
09:41Et l'État, en général, il ne sait pas adresser, il n'a pas de driver qui est le business. Il a un driver qui est la modernisation d'ailleurs.
09:49Modernisation, rationalisation, faire en sorte de l'inclusion. Il n'a pas un driver business. Alors que le privé, il a un autre driver.
09:56Oui, on est d'accord là-dessus. Mais le rôle du politique et l'importance du politique, c'est qu'il donne peut-être le « là » à l'action qui suivra.
10:03Il ne donne que le cadre. Il met simplement le cadre.
10:06On parle de ça.
10:07C'est tout.
10:08C'est très important.
10:10Ce que vous avez dit tout à l'heure, c'est que c'est piloté ou chapeauté. C'est différent.
10:16Le privé, quand il s'adresse, il s'attaque à une spécificité. Il s'adapte à la taille du point de vente. Il s'adapte aux produits qu'il vend.
10:25Et puis après, il lui apporte des réponses, on va dire pragmatiques, d'augmentation de son chiffre d'affaires.
10:31Il est sur quelque chose qui est du gagnant au gagnant.
10:35Et avec cela, le point de vente est capable de s'adapter, de se moderniser, d'accepter des moyens de paiement, d'accepter des reportings, d'accepter un certain nombre de choses.
10:45Si vous n'apportez pas ces réponses là et que vous arrivez en lui disant écoute, il te faut un laptop.
10:51Vous allez attendre pendant longtemps.
10:53Il ne s'agit pas de dire aux uns et aux autres qu'il vous faut un laptop.
10:57Autrement, la modernisation passe par quoi ?
11:00C'est pas ça.
11:01Par une connexion.
11:02Il faut être très pragmatique.
11:04C'est quoi moderniser ?
11:05C'est pouvoir fournir des services financiers aux clients.
11:09Donc il faut un laptop.
11:10Il ne faut plus qu'un laptop.
11:12Aujourd'hui, ils sont connectés.
11:13Il faut un iPad.
11:14Asmaïl, il travaille avec eux quotidiennement.
11:17Ils sont connectés déjà aujourd'hui.
11:19Il faut un device.
11:20Ils ont un device, ils ont une connexion.
11:21Ils l'ont déjà.
11:23C'est pas ça.
11:24Il faut une connexion.
11:25Non, il faut plus qu'une connexion.
11:27Il faut changer de mindset et apporter de nouveaux services aux clients initiaux.
11:32Croyez-moi, c'est des gars qui sont plus smart que nous.
11:35Je sais, mais c'est ce que je dis.
11:37Vous dites le contraire.
11:38On va leur ramener un laptop et une connexion comme s'ils n'étaient même pas connectés.
11:43Je suis en train de vous expliquer.
11:45Ça se voit que vous faites le ramadan.
11:48Ça se voit que vous jeûnez aujourd'hui.
11:50Moi, ça m'apaise.
11:52Je suis sur un autre mode.
11:54Ce que je vous dis, c'est que la réponse en disant qu'on apporte de la modernisation n'est pas une réponse.
12:00Par contre, si vous attaquez ce réseau, ces points de vente en disant
12:03je vais vous apporter du chiffre d'affaires, du revenu.
12:07C'est la vraie réponse.
12:08C'est ça, la différence.
12:10C'est que d'un côté, le privé a augmenté les revenus.
12:14C'est la finalité.
12:15Ça passe par la modernisation.
12:16Définitivement, il fait le ramadan pour répondre.
12:19Peut-être juste chacun dans son rôle.
12:22L'État, son rôle, c'est de mettre un cadre.
12:24Les opérateurs privés, c'est de trouver le fameux product market fit pour que les épiciers adhèrent.
12:31Je ne sais pas si c'est l'option qui sera privilégiée par ceux qui sont en charge de mettre en œuvre ce projet.
12:38Effectivement, le politique est là pour mettre le cadre et déléguer tout le reste aux acteurs privés.
12:44Aussi, c'est le public ou le ministère qui va chapeauter tout de A à Z.
12:49On va marquer une pause parce qu'une pause s'impose à 9 heures.
12:52Surtout avec Hicham Ahmedi.
12:54Ce matin, on va prendre le temps de discuter hors antenne.
12:58On va se retrouver juste après le journal de 9 heures.
13:01Journal présenté par Mourad Baba.
13:05La suite des Décodeurs d'Atlantique matin en ce jeudi 6 mars 2025.
13:11Nous sommes ensemble jusqu'à 9h30 avec Hicham Ahmedi.
13:14Je pense que c'est 9h37 parce qu'on a perdu 7 minutes au départ.
13:16Oui, c'est vrai.
13:17Mais bon, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
13:19C'est le mois de ramadan.
13:21Comme ça, il y a des impératifs.
13:23Je crois qu'il faut juste que vous lui disiez que vous allez lui donner 7 minutes de plus.
13:26Je peux lui donner la parole jusqu'à 9h30 s'il est d'accord.
13:30Moi, ça ne me dérange pas.
13:31Non, je ne suis pas d'accord.
13:33Bon, Moulhanout, on en parle.
13:35On en parle aujourd'hui parce qu'il sera amené vraisemblablement à l'avenir
13:38à faire plus que ce qu'il ne fait aujourd'hui,
13:41à savoir vendre des biens de première nécessité à ses clients
13:45avec une ouverture vers des services financiers.
13:48Et on était en train de discuter en première partie d'émission
13:51sur la pertinence de cette idée.
13:56Globalement, il y a un consensus pour dire que ça va dans le bon sens
14:00de donner effectivement cette marge de manœuvre aux épiciers du coin.
14:04Maintenant, ce que vous dites, c'est que tout dépend de ce qu'on va mettre
14:08dans ce projet qui a été présenté par le ministère de tutelle.
14:11Si c'est pris en charge effectivement par l'État,
14:14ça risque de ne pas être implémenté assez rapidement.
14:17Puis du rôle des acteurs privés qui, déjà aujourd'hui,
14:20sont en contact étroit avec ces épiciers, ces petits commerçants du coin.
14:26Et puis la question que j'ai envie de vous poser,
14:29elle s'était posée lorsque l'on avait essayé d'implémenter
14:32les solutions de mobile payment au Maroc.
14:35Est-ce qu'on va se retrouver dans la même configuration
14:38où vous aurez des grands acteurs financiers, bancaires et télécoms
14:42qui vont essayer d'une manière ou d'une autre de s'immiscer
14:45dans ce segment pour s'accaparer ces activités qui sont,
14:50en principe, si on a bien compris, destinées à ces petits commerçants
14:53qui souffrent d'une concurrence féroce, déloyale.
14:57On le voit de jour en jour avec les petits supermarchés
15:00qui pilulent dans les villes notamment.
15:03On n'est pas dans le secret des dieux, on ne connaît pas
15:06quelle est l'intérêt de ce projet, mais il y a quelque chose d'assez important
15:09qui, à mon sens, peut dénouer beaucoup de choses.
15:12Par exemple, les droits de douane qui étaient imposés
15:15sur les équipements électroniques, notamment les smartphones,
15:18qui étaient de 17% l'année dernière.
15:20Ça, c'est quelque chose de rédhibitoire, qui ne permet pas,
15:23qui ne facilite pas l'équipement.
15:25Si vous voulez qu'on puisse faire en sorte
15:28à ce que chaque point de vente puisse disposer d'un device
15:31à partir duquel il va accéder à un ensemble de services
15:34qu'il va pouvoir monnayer, il faut que ça ne soit pas cher.
15:37Un des piliers, c'est la connexion et le device.
15:41Quand je dis la connexion, il faut que la connexion soit disponible partout.
15:44Parce que quand on parle de point de vente, on parle de localités
15:47qui sont lointaines et il faut qu'il ait un accès au débit
15:51pour qu'il puisse permettre le paiement,
15:54pour que vous puissiez payer des factures, pour que vous puissiez
15:57payer de l'impôt, pour que vous puissiez payer vos cotisations.
16:00Il faut que ça soit accessible.
16:02Ça, c'est un pilier sur lequel l'État peut facilement travailler.
16:05Deuxième chose, comme vous l'avez si bien dit,
16:08c'est qu'il va falloir s'ouvrir à d'autres types d'acteurs.
16:11Typiquement, sur le mobile payment, ça a été,
16:14ou sur les organismes de paiement, 80%...
16:17Des filiales d'acteurs classiques.
16:19Des filiales.
16:20De banque.
16:21À travers des filiales, qui ont été créées spécialement pour...
16:24Et donc, ça fait qu'on est en train de dupliquer
16:27globalement le modèle qui n'a pas marché.
16:30Donc peut-être qu'il faudrait interdire à ces acteurs...
16:33Non, pas interdire.
16:35Je suis un libéral convaincu.
16:38Je ne pense pas qu'on puisse faire un développement
16:41avec de l'interdiction.
16:42Mais on peut favoriser, plutôt, les startups.
16:44Favoriser les fintechs.
16:45Dans l'absolu, je suis d'accord avec vous.
16:47Il ne faut pas interdire.
16:48Parce que dès que vous mettez une interdiction,
16:49les gens ont spontanément l'envie de...
16:51Ils trouveront le moyen.
16:52Oui, mais justement, si je le dis, c'est parce que...
16:55Regardez ce qui s'est passé avec le segment
16:57ou le marché du mobile payment.
16:59Vous avez, comme vous l'avez dit, essentiellement
17:01des acteurs classiques qui...
17:02Alors que ce n'était pas fait pour ça, à la base.
17:04Exact, parce qu'on n'a pas favorisé les startups.
17:07Et comment on favorise ?
17:08C'était le cahier des charges, pour qu'on puisse soumettre.
17:11Vous avez un certain nombre d'impératifs
17:13qui font que seuls les organismes financiers
17:15auraient pu passer.
17:16Donc, pour favoriser, il va falloir être flexible.
17:19Il va falloir que le papier A4 qu'on écrit soit simple.
17:22Et que ce soit une sorte de cahier des charges
17:24dans lequel l'innovation est un critère important
17:28plus qu'autre chose.
17:30Si on met autre chose, notamment la stabilité
17:32ou la disponibilité du cash
17:35ou disposer déjà d'un ensemble de réseaux,
17:39ça fait que ces gens seront privilégiés.
17:41Smaël ?
17:42Moi, je pense qu'il faut voir le problème
17:43comme un entonnoir.
17:44Effectivement, tout en haut de l'entonnoir,
17:46vous avez les pouvoirs publics
17:48où vous avez le fameux papier A4
17:50dont est en train de parler Hichem
17:52avec un cadre dans lequel on peut...
17:54Ensuite, en dessous, vous avez les établissements
17:56qui disposent des agréments,
17:58donc les banques ou les établissements de paiement.
18:00Et en dessous des établissements de paiement,
18:01vous avez les acteurs qui vont réellement
18:03faire les opérations sur le terrain.
18:05Les épiciers ?
18:06Avant, les épiciers, les fintechs.
18:08C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
18:09vous êtes dans une configuration
18:10où ce que Hichem appelle de ses voeux,
18:12c'est que n'importe qui, en se réveillant le matin,
18:14puisse décider de faire ce que fait
18:16un établissement de paiement.
18:17De l'autre côté, vous avez la Banque du Maroc
18:19qui vous dit qu'un établissement de paiement,
18:20il gère quand même l'argent des gens.
18:21Donc moi, je veux un minimum...
18:23Ça appelle à un changement de paradigme,
18:25de mindset.
18:26Peut-être que le juste compromis entre les deux,
18:28c'est de permettre à certaines entreprises
18:30qui ont une assise particulière
18:32de disposer d'un agrément
18:33pour pouvoir donner ces services-là.
18:35Aujourd'hui, pour connaître un peu le sujet,
18:38pour disposer de l'agrément, c'est lourd.
18:41Et que ces établissements de paiement
18:43puissent travailler avec des fintechs
18:45par le biais de ce qu'on appelle...
18:46Déjà, le terme agrément,
18:50vous l'employez sur n'importe quel sujet,
18:52dans n'importe quelles circonstances.
18:54Ça a une connotation négative.
18:56De prime abord.
18:57C'est vrai.
18:58Dans le contexte marocain.
18:59Il ne faut pas...
19:00Ça ne devrait pas être le cas.
19:01Parce qu'un agrément,
19:02ça devrait être juste une démarche administrative
19:05pour pouvoir réguler un petit peu...
19:07Il y a un cahier des charges.
19:08Moi, ce que je pense,
19:09c'est que le sujet,
19:13ce n'est pas un sujet de sémantique.
19:14D'un côté, c'est un sujet de protection.
19:17Ce n'est pas un sujet de sémantique.
19:18Mais ça va percuter.
19:19J'ai entendu le mot agrément,
19:22j'ai automatiquement pensé
19:23à notre précédente émission
19:24sur la question des VTC
19:26avec les bandits de grands chemins
19:28qui sévissent dans nos rues.
19:29Et c'est vrai que je n'ai pas pu m'empêcher
19:31de vous interrompre.
19:33Je vais interrompre.
19:34Tout à fait.
19:35Désolé.
19:36Le premier juré après la pause,
19:38vous avez la majorité.
19:39En général, je n'interromps plus.
19:41Je suis vraiment désolé.
19:42Pourquoi ?
19:43Parce qu'il a raison.
19:44Globalement, c'est logique.
19:46Pour une fois, ça arrive.
19:50Globalement, le logiciel de l'administration,
19:52il est ainsi fait.
19:54Il est fait par autorisation.
19:56Il n'est pas fait par dérogation.
19:58Il n'est pas fait par cahier des charges
20:00et présomption d'innocence.
20:01Le logiciel est fait comme ça.
20:03Tout le monde est présumé coupable
20:05jusqu'à preuve du contraire.
20:06On va vous demander de démontrer
20:08que vous n'êtes pas de blanche
20:09avant d'aller plus loin.
20:10Lui aussi, il est présumé coupable
20:12jusqu'à preuve du contraire.
20:13C'est Karim Droni qui nous a rejoint.
20:15Lui, il est coupable.
20:16Il n'est pas présumé coupable.
20:18Non, juste une parole de bon sens.
20:21Le Versailles sur Atlantique Radio.
20:23Le Point Info avec Karim Droni.
20:24La suite, juste après.
20:28Suite et fin des décodeurs d'Atlantique.
20:30Je ne sais pas si nous aurons le temps
20:32de parler d'Elon Musk.
20:33C'était l'autre sujet que je voulais aborder
20:35avec vous ce matin.
20:36Mais on va rester sur Moulhanout.
20:38Ça nous concerne plus directement.
20:41Et je te donne la parole, Smaïd.
20:44Effectivement, on ne t'a pas assez écouté ce matin.
20:49Je ne sais plus c'était quoi exactement
20:52le sens de la question.
20:53Mais de manière générale,
20:54ce que j'en retiens,
20:55c'est qu'effectivement,
20:56ce que j'étais en train de dire,
20:57c'était que d'un côté,
20:58vous avez les établissements de paiement.
21:00Le sujet, c'était est-ce qu'on autorise
21:02tout le monde à faire des services
21:04qui peuvent poser des problèmes ?
21:05Ou alors, est-ce qu'on met une barrière
21:07à l'entrée ?
21:08Et ensuite, si on met une barrière à l'entrée,
21:09à quel point cette barrière à l'entrée
21:10doit être élevée ou basse ?
21:11Aujourd'hui, force est de constater
21:13que pour pouvoir faire ces services-là,
21:15la barrière à l'entrée est très, très élevée.
21:17C'est très lourd de pouvoir disposer
21:18d'un agrément d'établissement de paiement.
21:20On n'en donne pas à n'importe qui.
21:22Et je pense que le fond du débat
21:25ou le combat à mener n'est pas celui
21:27de dire qu'il faut donner des agréments
21:28à tout le monde.
21:29Là, il faut annuler la notion d'agrément
21:30et que n'importe qui qui veut puisse.
21:32Parce que ça n'arrivera pas.
21:34Pas parce que c'est la bonne chose
21:35ou la moche.
21:36Parce que ce n'est pas quelque chose
21:37qui va arriver.
21:38C'est votre intime conviction ?
21:39Oui.
21:40C'est bon, c'est fini.
21:41C'est un esprit défaitiste, ça.
21:43Non, ce n'est pas un esprit défaitiste.
21:45Ce qu'il faut, c'est aller chercher
21:46les solutions là où elles sont.
21:47Il y a des solutions.
21:48Les solutions, c'est que vous ayez
21:49des fintechs qui soient très agiles,
21:51très légères, petites, etc.
21:53qui puissent travailler de manière
21:54très facile avec des établissements
21:55de paiement.
21:56Aujourd'hui, vous avez des établissements
21:57de paiement.
21:58Certains d'entre eux proposent
21:59des services qu'on appelle BAS.
22:01BAS, ça veut dire Bank as a Service.
22:03C'est-à-dire qu'ils vous fournissent
22:04des API.
22:05Les API sont des protocoles informatiques
22:07qui vous permettent, vous en tant que fintech,
22:09d'aller consommer le système d'information
22:12de l'établissement de paiement
22:14en lecture ou en écriture.
22:16Concrètement, ce que ça veut dire,
22:17c'est que vous pouvez aller chercher
22:18les données qu'il y a dans
22:19l'établissement de paiement
22:21pour pouvoir en faire ce dont
22:23vous avez besoin
22:24ou aller écrire des opérations
22:26dans les livres de l'établissement de paiement.
22:28Et donc, ce faisant, ce que vous créez,
22:30c'est une configuration générale.
22:32Parce que si vous voulez réellement
22:34que ce genre d'initiative prenne,
22:36la seule manière d'y arriver,
22:37c'est de créer une prolifération
22:39des initiatives.
22:40Vous êtes dans une configuration...
22:42En général, les pays dans lesquels ça marche,
22:45vous avez 100 fintechs qui se font.
22:46Sur les 100, il y en a une qui fonctionne.
22:48Et c'est ça, la difficulté de compréhension
22:51quand on regarde le sujet
22:53de manière top-down.
22:54D'en haut, on se dit, ce qu'il faut,
22:55c'est que les PCA fonctionnent.
22:56Donc, il nous faut des initiatives
22:57avec les PCA, etc.
22:58La vérité, c'est qu'il n'y a pas
22:59une initiative pour aller convertir les PCA.
23:01Il y en a 1 000.
23:02Vous avez 1 000 manières de le faire.
23:04Vous avez 1 000 manières...
23:05Faut-il donner l'opportunité
23:07à ceux qui veulent instaurer ce changement
23:09de bosser ?
23:10C'est bien ce que je suis en train de vous dire.
23:12Le compromis, aujourd'hui,
23:14est en train de commencer à se construire.
23:15On a aujourd'hui des entreprises
23:17qui ont consommé les API des établissements
23:19de paiement et qui ont proposé des services.
23:21Pour l'instant, ce n'est pas encore
23:22des grands succès.
23:23Il faut appeler un chat un chat.
23:24Il faut dire ce qui est.
23:25Maintenant, c'est normal
23:27parce que pour que ce genre d'initiative fonctionne,
23:29il faut une prolifération
23:31de ce genre d'initiative.
23:32Aujourd'hui, on n'a pas encore une prolifération.
23:34C'est les premiers
23:35qui ont commencé à le faire.
23:36Et vous avez 2 grands bottlenecks,
23:392 grands freins
23:41pour pouvoir faire que ça se fasse.
23:43La première, c'est la tech.
23:45Aujourd'hui, la tech,
23:46c'était le gros sujet il y a quelques années.
23:48Aujourd'hui, c'est beaucoup moins un sujet.
23:50C'est beaucoup moins un sujet
23:51parce que vous avez 4 établissements de paiement
23:53qui, aujourd'hui, sont en pignon sur rue
23:55et vous disent à toutes les startups
23:57si vous voulez, venez prendre mon API
23:59et vous avez de quoi travailler.
24:00Et le second, c'est le réglementaire.
24:02Le règlementaire, en général,
24:03la Banque du Maroc vous demande
24:05de voir votre dossier
24:07avant de vous permettre
24:09de montrer pas de blanche.
24:11Le temps que ça prend est quand même
24:13pour l'instant encore beaucoup trop élevé.
24:15Aujourd'hui, ce n'est plus un sujet tech,
24:16c'est davantage.
24:17Et des initiatives,
24:18vous en avez énormément.
24:20Vous en avez énormément.
24:21Et c'est vrai que la barrière à l'entrée
24:23est encore aujourd'hui un peu trop haute.
24:25Pour aller dans le même sens,
24:27ce que peut faire l'administration,
24:29c'est toujours un papier A4
24:31pour permettre aux fintechs
24:32d'accéder à ces APIs,
24:33d'obliger tous les établissements
24:35d'ouvrir les APIs.
24:36De un, de deux sur la partie prix.
24:38Obliger ?
24:39Vous ne voulez pas interdire,
24:41il ne faut pas l'obliger non plus.
24:42Obliger, c'est d'ouvrir.
24:43C'est tout.
24:44Si une startup vous demande...
24:47Ça fait sens de dire
24:48qu'on va obliger.
24:49Si jamais on donne un droit particulier
24:51à quelqu'un,
24:52on peut l'obliger
24:53à faire quelque chose
24:54en parallèle de ce droit.
24:55Dis comme ça, oui.
24:56Je suis convaincu.
24:57Super.
24:58J'ai un traducteur.
24:59C'est excellent.
25:00C'est très bien.
25:01La pédagogie,
25:02c'est tout un art.
25:03Il faut trouver les bons mots
25:04avec Aed.
25:05Clairement, il fait l'art maintenant.
25:06Ça, c'est sûr.
25:07Deuxième chose,
25:08c'est qu'il n'y a pas longtemps,
25:10le conseil de la concurrence
25:11s'est intéressé à la question
25:12et il a sévi
25:14en demandant
25:15à une réduction de marge.
25:16Par exemple, l'État,
25:17ce qu'elle peut faire,
25:18c'est que sur l'ensemble
25:19des prestations publiques,
25:21qu'elle mette un discount
25:25si c'est payé de manière digitale.
25:28Et ça, ça permet
25:29de faire réellement
25:30à ce que ces fintechs
25:31gagnent de l'argent.
25:32Moi, de mon point de vue,
25:33le sujet n'est pas un sujet prix.
25:34C'est d'abord,
25:35si on parle de l'épicier,
25:36c'est d'abord un sujet distribution.
25:38Les prix vont se réguler
25:39avec la taille critique
25:41des initiatives.
25:42Vous regardez aujourd'hui
25:43les pays où ça fonctionne.
25:44Ce qui s'est passé,
25:45c'est que les prix étaient élevés
25:46au début
25:47et dès que la distribution
25:48a progressé,
25:49c'est des secteurs
25:51qui deviennent oligopolistiques.
25:52Très rapidement,
25:53vous n'avez pas 520 coeurs.
25:54Vous en avez 3 ou 4.
25:55Et quand vous en avez 3 ou 4,
25:56ce qui se passe,
25:57c'est que...
25:58Pourquoi vous n'avez que 3 ou 4 vainqueurs ?
25:59Parce que c'est driveé
26:00par la taille critique
26:01que vous arrivez à atteindre.
26:02Donc, si vous restez à petite taille,
26:03vous ne pouvez pas vivre.
26:04C'est comme ceux
26:05qui font de la distribution
26:06des Glovo,
26:07Jumia Food
26:08et Uber Eats, etc.
26:09Vous n'en avez pas 500
26:10parce qu'il faut une taille critique
26:11pour que ça fonctionne.
26:12Là, c'est la même chose.
26:13Et quand vous êtes
26:14à une taille critique
26:15et que vous êtes
26:16deux ou trois acteurs
26:17en concurrence,
26:18ce qui se passe,
26:19c'est que les prix baissent.
26:20Moi, je ne pense pas
26:21que...
26:22Le fond du sujet,
26:23je pense que c'est contre-productif
26:24de venir dire...
26:25Non, ça peut être
26:26un vrai support au départ.
26:27C'est qu'au départ,
26:28effectivement,
26:29pour construire le network,
26:30il faut du temps,
26:31il faut des mois de travail,
26:32il faut du marketing.
26:33Et si au départ,
26:34l'État stipule
26:35qu'on paye
26:36d'une manière digitale
26:37et qu'il puisse accéder
26:38pour payer,
26:39je ne sais pas,
26:40quelqu'un d'autre
26:41avec un discount
26:42de 3, 4, 5 %,
26:43c'est un vrai incentive.
26:44Et donc,
26:45ça apporte de la valeur
26:46et à l'épicier
26:47et au client final.
26:48Donc, ça permet
26:49d'accompagner
26:50dans ce cas-là.
26:51Mais dans ce cas-là,
26:52ce que tu es en train
26:53de prôner,
26:54c'est qu'il faut
26:55augmenter les prix
26:56pour mieux payer
26:57la distribution.
26:58Non, réduire les prix.
26:59Si vous réduisez les prix,
27:00aujourd'hui,
27:01le principal problème
27:02de ce dont vous êtes
27:03en train de parler,
27:04qui sont les commissions
27:05sur le settlement,
27:06sur la compensation
27:07des grands facturiers,
27:08c'est un problème
27:09de distribution.
27:10Aujourd'hui,
27:11parce que celui
27:12qui vend la compensation,
27:13c'est un petit épicier.
27:14Ça peut être
27:15une mesure d'accompagnement
27:16montmontanais.
27:17Avec le petit épicier.
27:18Aujourd'hui,
27:19un petit épicier gagne
27:201 000 dirhams
27:21quand il paye
27:22une facture de 1 000 dirhams.
27:23Peanuts.
27:24Peanuts.
27:25Il le fait vraiment
27:26pour rendre service.
27:27C'est pour compléter son offre.
27:28C'est vraiment un produit d'appel.
27:29C'est pour cela que,
27:30probablement,
27:31si l'administration se dit
27:32je mets un budget
27:33d'accompagner pendant
27:34les six premiers mois
27:35une start-up
27:36dans son déploiement,
27:37ça permet de faire en sorte
27:38que le service
27:39puisse être généralisé,
27:40disponible,
27:41parce qu'on connaît
27:42comment ça se passe.
27:43L'attraction,
27:44au départ,
27:45ça se passe
27:46via la disponibilité
27:47et le prix.
27:48Et si les deux
27:49sont les mêmes,
27:50c'est parce que
27:51moi, ce que je pense,
27:52c'est que sur cette question
27:53en particulier,
27:54il faut être
27:55radicalement libéral.
27:56Il faut laisser le marché faire.
27:57Les prix,
27:58il ne faut pas y toucher.
27:59Les prix,
28:00de toute façon,
28:01se régulent.
28:02Vous regardez les pays
28:03dans lesquels ce genre
28:04d'industrie est mature,
28:05les prix sont extrêmement bas.
28:06Ils sont extrêmement bas
28:07du fait d'une adoption
28:08très forte des gens
28:09et de leur disponibilité.
28:10J'ai une dernière question
28:11à vous poser.
28:12Il y a les services financiers
28:13effectivement qu'on a évoqués
28:14puis aussi les services postaux.
28:15L'idée,
28:16c'est de faire en sorte
28:17que ces épiciers
28:18puissent vendre
28:19pour les livraisons
28:20des colis
28:21adressés
28:22par des entreprises
28:23à leurs clients.
28:24C'est une idée
28:25qui coule de source.
28:26On est à combien ?
28:27On est à plus de 200 000
28:28épiciers
28:29sur l'ensemble du territoire ?
28:30Non, pas autant.
28:31Moins ?
28:32On est à moins ?
28:33Combien ?
28:34Si vous prenez
28:35la population
28:36des épiciers
28:37plus Mousséria,
28:38aux environs
28:39de 120 000.
28:40Très bien.
28:41Ça fait quand même
28:42un réseau
28:43très, très important.
28:44C'est le plus gros
28:45réseau du monde.
28:46De point de chute
28:47au-delà
28:48des services financiers,
28:49de point de chute
28:50pour les livraisons
28:51des colis
28:52pour toutes les activités
28:53e-commerce
28:54ou autres.
28:55Ça me semble être
28:56une idée
28:57qui coule de source.
28:58Il y a beaucoup
28:59d'entreprises
29:00qui se sont investies
29:01dans ça.
29:02Il y en a beaucoup
29:03qui font ça.
29:04Vous avez aujourd'hui
29:05des épiciers
29:06qui réceptionnent
29:07des colis
29:08des clients.
29:09Principalement
29:10des libraires.
29:11Je parle de ça,
29:12des épiciers.
29:13Je m'interroge
29:14qu'on ait attendu
29:15en 2025
29:17une boîte que j'ai vue naître
29:18qui s'appelle Ghiblili
29:19qui fait ça depuis très longtemps.
29:20Cathédis
29:21qui sont très forts.
29:22Ghiblili.
29:23Il y a des petites boîtes
29:24qui font ça.
29:25Ghiblili ?
29:26Oui, oui.
29:27C'est mignon.
29:28C'est mignon.
29:29C'est une boîte marocaine
29:30et c'est une vraie pipite.
29:31C'est très sympa
29:32ce qu'ils font.
29:33Ils ne travaillent pas
29:34avec les épiciers.
29:35Ils travaillent avec
29:36les boîtes de vente
29:37de proximité.
29:38Ça peut être un épicier
29:39ça peut être autre chose.
29:40Principalement,
29:41c'est des libraires.
29:42Mais effectivement,
29:43c'est une très bonne idée.
29:44Pourquoi ça fait sens ?
29:46Parce que ces petits épiciers
29:47gagnent leurs marges
29:48et les dérisoires
29:49sur les biens
29:50et les services
29:51qu'ils proposent
29:52et les biens
29:53qu'ils vendent.
29:54En plus,
29:55avec la concurrence
29:56féroce
29:57des supermarchés
29:58qui pilulent.
29:59À côté de chez moi,
30:00j'ai deux,
30:01sans citer d'ancienne,
30:02mais deux supermarchés
30:03flambant neuf
30:04qui ont encerclé
30:05un petit épicier.
30:06Il y en a un à droite
30:07et un à gauche.
30:08Il fait comment le gars ?
30:09Il doit diversifier
30:10effectivement.
30:11Il doit diversifier
30:12ses petits épiciers
30:13et les vendre.
30:15Il doit diversifier
30:16effectivement
30:17ses activités.
30:18Moi,
30:19de mon point de vue,
30:20quand vous parlez
30:21du service
30:22dont vous êtes
30:23en train de parler,
30:24concrètement,
30:25l'épicier,
30:26ce qu'il va faire,
30:27c'est la même chose
30:28que ce qu'il va faire
30:29quand il va payer une facture.
30:30Il faut regarder
30:31le sujet dans sa globalité,
30:32c'est-à-dire le sujet
30:33qu'on appelle dans notre jargon
30:34le settlement,
30:35la compensation.
30:36C'est effectivement
30:37la quantité de services
30:38que vous pouvez mettre
30:39dans ce grand bucket
30:40de compensation.
30:41Il y en a
30:42énormément
30:44et vous avez
30:45des entreprises
30:46qui le font très bien
30:47aujourd'hui.
30:48Le problème qu'on a,
30:49c'est qu'il n'y a pas encore
30:50assez d'adoption
30:51chez les épiciers.
30:52Pourquoi ?
30:53Pour plusieurs raisons.
30:54D'abord,
30:55parce qu'originellement...
30:56Parce qu'ils n'ont pas
30:57une connexion ?
30:58Non,
30:59ils sont tous connectés
31:00les épiciers,
31:01ça,
31:02ce n'est pas vrai.
31:03La raison,
31:04c'est parce que
31:05ce n'était pas possible
31:06jusqu'à récemment.
31:07Déjà,
31:08ce n'était pas possible
31:09jusqu'à récemment.
31:10Pourquoi ?
31:11Il y avait des raisons
31:12parce que
31:13vous avez eu
31:14la première version
31:15de l'agrément
31:16des établissements
31:17de paiement.
31:18La première chose
31:19qu'ils vous demandaient
31:20pour convertir un épicier,
31:21c'était que vous leur ameniez
31:22la patente personne physique.
31:23Or,
31:24chez les épiciers,
31:2595% des épiciers
31:26fonctionnent avec
31:27le phénomène
31:28de glesse.
31:29Donc,
31:30ce n'est pas possible
31:31d'aller demander
31:32à un glesse
31:33une patente
31:34qui ne lui appartient pas,
31:35ensuite d'ouvrir
31:36un compte
31:37d'agent détaillant
31:38au nom du propriétaire
31:39qui n'est pas le glesse.
31:40Oui,
31:41c'est ce qui se passe.
31:42Non,
31:43mais c'est ça
31:44qui est intéressant.
31:45C'est de parler
31:46du réel
31:47et du concret.
31:48Vous avez une heure ?
31:49Malheureusement.
31:50Mais on peut continuer
31:51la discussion hors antenne.
31:52Bon,
31:53les éditeurs seront privés
31:54de la discussion,
31:55mais le temps
31:56qui vous est apparti
31:57est terminé.
31:58Mais c'est très intéressant
31:59et ce que je vous propose,
32:00c'est...
32:01En tout cas,
32:02si vous voulez
32:03une phrase pour résumer,
32:04aujourd'hui,
32:05le fait de pouvoir
32:06faire des services financiers
32:07chez l'épicier,
32:08jusqu'à aujourd'hui,
32:09c'est encore
32:10je pense,
32:11de mon point de vue,
32:12encore beaucoup
32:13trop régulé.
32:14D'accord.
32:15La conclusion,
32:16c'est qu'il faut déréguler.
32:17C'est ce par quoi
32:18Hicham a commencé
32:19cette émission tout à l'heure.
32:20On a trop de restrictions
32:21et il faut
32:22de la disruption dans...
32:23Finalement,
32:24j'avais raison
32:25une heure avant.
32:26Oui, oui.
32:27Tout est bien
32:28qui finit bien,
32:29Hicham.
32:30Merci beaucoup,
32:31messieurs.
32:32Il est 9h30.
32:33Ce que je vous propose,
32:34c'est de reprogrammer
32:35ce sujet.
32:36On va reparler
32:37de Moulhanoz
32:38parce qu'effectivement,
32:39Moulhanoz,
32:40c'est le chef
32:41du pays.
32:42Et c'est vrai
32:43qu'il y a pas mal
32:44d'autres aspects
32:45que nous n'avons pas abordés
32:46ce matin,
32:47faute de temps.
32:48Merci beaucoup,
32:49Ismail.
32:50Merci, Hicham.
32:51Hicham devrait faire une syncope
32:52parce qu'il est 30.
32:53Il n'a pas fait
32:54les 7 minutes
32:55que vous lui avez...
32:56Exactement.
32:57Il se vengera
32:58la prochaine fois.
32:59Ramadan Moubarak,
33:00encore une fois
33:01à vous tous.
33:02Et Karim Droneh
33:03revient pour
33:04le journal de 9h30.
33:09Sous-titrage Société Radio-Canada

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