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00:00Les décodeurs d'Atlantique Matin. Débat, analyse, opinion. Le réveil de l'info, c'est Atlantique Radio.
00:08Que les choses soient claires, le dernier remaniement ministériel n'a fait que conforter Aziz Arnaouj comme figure centrale du pouvoir exécutif au Maroc
00:15en accentuant l'emprise du RNI sur plusieurs ministères stratégiques. La nomination de personnalités proches du chef du gouvernement
00:22comme Amine Tahraoui à la santé ou encore Mohamed Saad Barada à l'éducation traduit une approche orientée vers la fidélité et la loyauté au chef.
00:31La nouvelle composition gouvernementale nous donne donc des allures de conseil d'administration d'une où seules les profils alignés, politiquement et fiables demeurent en place.
00:40Il apparaît alors que le chef du gouvernement favorise une approche issue du monde des affaires pour la deuxième partie de son mandat politique,
00:47renforcer une équipe dévouée et verrouiller l'exécutif dans une logique de cohésion autour du parti majoritaire.
00:53Dans une telle architecture, les départements de l'éducation, de la santé et des affaires sociales, qui constituent des leviers électoraux influents,
00:59tombent sous l'autorité directe de personnalités proches du chef, ce qui nourrit la stratégie de positionnement en vue des prochaines élections.
01:07Néanmoins, l'opinion publique qui observe de près ce remaniement peut s'interroger sur la capacité de cette équipe resserrée autour du RNI
01:13à répondre aux défis socio-économiques actuels. Alors que le Royaume est confronté à une crise hydrique, sociale et économique,
01:19avec un chômage persistant et une conjoncture régionale très tendue, on peut aisément penser que le jugement des citoyens sera à la hauteur de leurs attentes.
01:28Rendez-vous donc peut-être en septembre 2026 pour voir si le pari de la fidélité, de la cohésion et de la loyauté a été gagné ou perdu.
01:37Nous allons en parler aujourd'hui avec Mohamed Zeynebi et Hicham Lebied dans votre émission Les Décodeurs d'Atlantique Matin,
01:42juste après l'Essentiel de l'Info avec Mourad Babar. Les Décodeurs d'Atlantique Matin, ce lundi 28 octobre 2024.
01:51Je suis ravi d'accueillir sur ce plateau Mohamed Zeynebi à ma droite, rédacteur en chef de Pouvoir d'Afrique.
01:56Bonjour, c'est Mohamed. Bonjour, c'est Adil. Et Hicham Lebied à ma gauche, directeur du centre d'accueil d'information,
02:01d'orientation et de carrière de l'Université Hassan Ier de Stade. Bonjour, c'est Hicham.
02:05Bonjour, c'est Adil. Bonjour, c'est Mohamed. L'actualité de ces derniers jours est assez riche, assez dense.
02:11Et je pense que dans les jours à venir, la visite d'État d'Emmanuel Macron au Maroc éclipsera tout le reste.
02:18La raison pour laquelle j'ai choisi d'aborder la question du remaniement ministériel aujourd'hui, avant qu'on passe à autre chose.
02:23Mais nous allons parler bien évidemment de la visite d'État du chef de l'État français au Maroc, parce qu'il y a pas mal de choses intéressantes à aborder.
02:30Mais revenons donc à ce qui a été le fait marquant politique de la semaine dernière, ce remaniement tant attendu qui a finalement eu lieu.
02:39Et de l'avis de tous ou presque, j'ai lu un petit peu ce qui s'est dit à droite et à gauche, c'est un remaniement qui, j'ai l'impression,
02:49et je vous pose la question, apporte plus d'interrogations que de réponses aux interrogations qu'on se posait avant le remaniement.
02:56Est-ce que vous partagez ce sentiment ou pas ? Je commence par vous, Mohamed Zeynabi.
03:00Alors très bien, tout remaniement va impérativement susciter des interrogations, parce que quand on choisit de ministraliser des personnes qui ne sont pas très connues, etc.,
03:18on se pose des questions. Est-ce qu'ils vont pouvoir assurer la fonction ? Mais en particulier, concernant ce remaniement, d'abord, il y a eu une surprise,
03:29parce que les pronostiqueurs disaient, par exemple, que Wabi était partant, par exemple, et que c'était lui qui serait remplacé comme, par exemple, la ministre de l'Énergie à un certain moment.
03:45Et donc, déjà, la première surprise, c'était sur les postes pour lesquels on a décidé de changer de ministre.
03:56Le deuxième élément, les profils choisis aussi interrogent. On l'est dit, dans leur majorité proche ou du IRNI, ce qui marque une domination forte de ce parti au sein du gouvernement.
04:15Ce n'est pas une mauvaise chose, puisque c'est le chef du gouvernement en particulier qui monte en première ligne pour assumer et assurer le programme qu'il a présenté, etc.
04:32Est-ce que vous ne pensez pas que, justement, cette logique qui fonctionne très bien, d'ailleurs, dans le monde des affaires, dans le monde de l'entreprise, n'est pas forcément la plus judicieuse lorsqu'on gère la chose publique ? Je m'explique.
04:49Oui, oui. C'est-à-dire qu'on reproche aujourd'hui certains reproches, d'autres louent cette qualité d'arnouche de gérer le gouvernement.
05:02Mais la majorité, croyez-moi, depuis la semaine dernière, j'ai lu tous les avis, toutes les analyses et les commentaires. La majorité ne loue pas cette approche, mais la critique.
05:13D'abord, on clarifie de quelle approche on parle. On parle de cette gestion du gouvernement, de la chose gouvernementale, de la chose publique, comme s'il s'agissait d'une société.
05:24On peut bien réussir en affaires, et on l'a vu à travers le monde, sans être d'aucun succès en politique.
05:34Jusqu'à présent, écoutez, au Maroc, il y a une particularité. Le cap est tracé. Les politiques stratégiques sont déjà en place. Et ce remaniement ne changera rien,
05:48puisque, avant même les nouvelles nominations, on a bien vu qu'une stratégie aussi importante, par exemple, que la stratégie numérique nationale, Maroc Digital 2013, était déjà lancée.
06:05Et que la nouvelle venue, en l'occurrence, n'aura qu'à appliquer ce qui a été décidé. C'est pareil pour l'énergie.
06:19Alors il y a cette question, effectivement, d'essayer d'appliquer la logique ou l'approche managérielle dans le monde de l'entreprise à la chose publique et à la politique.
06:29Et dans ce sens, les avis divergent. Il y en a ceux qui la critiquent, qui estiment que c'est une approche qui n'a pas lieu d'être.
06:36D'autres, effectivement, estiment qu'un chef d'entreprise ou un manager qui est réussi dans les affaires peut appliquer la même méthode pour gérer un parti politique ou même un gouvernement.
06:48Maintenant, la critique qui revient le plus au-delà de cette dualité ou de cette interrogation, c'est qu'on reproche notamment aux chefs du gouvernement de se projeter dès maintenant vers septembre 2026,
07:04en plaçant ses plus proches collaborateurs, les fidèles parmi les plus fidèles, pour s'assurer des revenus politiques et électoraux positifs en septembre 2026.
07:16Qu'est-ce que vous en pensez ?
07:18J'ai beaucoup aimé la traduction que vous avez faite au départ en disant que ça inquiète beaucoup plus que ça rassure sur un remaniement ministériel.
07:30C'est pratiquement une tompette dans un verre d'eau. On s'attendait à ce que ce soit un remaniement dans le sens des critiques positives, constructives,
07:39qui ont été faites à l'encontre du gouvernement pour qu'ils se ressaisissent par rapport à la question de l'emploi.
07:44À juste titre, un taux de chômage de 13%, ça doit faire froid au dos.
07:49Je peux vous interrompre sur cette question de l'emploi, parce que j'ai vu, on critiquait Aziz Arnaud sur cette antenne,
07:54notamment depuis pas mal de jours pour son manque de communication et d'interaction avec l'opinion publique et les médias.
08:01Il a donné une interview dernièrement à l'un de nos confrères pour expliquer en quelque sorte ce remaniement sur la question de l'emploi.
08:11Il était aux abonnés.
08:13Non, mais dire que l'emploi reviendra à son niveau normal ou stable s'il pleut, c'est un bilan.
08:22Je préférais ne pas passer l'extrait en question à l'antenne, parce que bon, ça reste un extrait sur une longue interview,
08:31mais ça en dit long sur l'approche politique.
08:34Non, mais ce n'est pas ça que je dis.
08:36Et ce qui m'inquiète, moi, comme l'a si bien dit Mohamed, c'est qu'il faut être dans le wait and see.
08:42Bien entendu, un changement de ministre, on rajoute des secrétaires d'État, ça va plomber davantage les finances publiques,
08:49parce que c'est des salaires qu'il faut distribuer.
08:51C'est des primes aussi.
08:53C'est des ministres qui sont partis, j'ai lu ça dans la presse, avec quelque chose comme la rente Médiaram jusqu'à la fin de leur jour.
09:01Tout ceci, effectivement, il y a une dimension budgétaire quand même assez souvent qu'on oublie.
09:05Mais revenons au plus important.
09:08La question de remaniement à cet instant T, effectivement, c'est une façon de se redéployer justement par rapport aux achéances qui arrivent.
09:19Mais ce qui m'inquiète.
09:21J'étais en train de partager cette réflexion avec vous.
09:24C'est quand le pouvoir et l'argent se mettent ensemble.
09:26Ça, c'est une menace pour la démocratie.
09:28Quand vous avez des chefs d'entreprise qui sont, qui ont pinant sur eux.
09:34Je vous pensez bien.
09:37Notre ministre de l'Éducation nationale.
09:39C'est vrai que toutes les critiques se sont cristallisées autour du personnage de Mohamed Saad.
09:45Après, moi, je ne veux pas avoir de préjugés sur les personnes.
09:51C'est trop facile de lui taper dessus alors qu'il n'a pas encore.
09:57Mais par contre, c'est vrai qu'on peut se poser la question de savoir pourquoi lui et pas un autre.
10:04Pourquoi un tel profil, un chef d'entreprise qui a réussi dans la confiserie, me semble.
10:11Pourquoi lui confier le département de l'éducation ?
10:14On peut légitimement se poser la question.
10:17On peut aller plus loin.
10:20En s'interrogeant même sur l'opportunité de changer.
10:24Chakib Boumoussa, qui a de la vie maintenant générale,
10:28était en train de réussir l'une des grandes réformes de l'éducation nationale au Maroc.
10:33Il y a une petite nuance dans le sens où...
10:36...ni remercier, ni démis de ses...
10:39...la voit au contraire comme une promotion parce qu'il a été nommé haut commissaire au plan.
10:43Moi, je relève juste qu'on peut regretter le fait que quelqu'un,
10:47depuis le temps qu'on attendait une vraie réforme de l'éducation nationale,
10:52on peut regretter le redéploiement d'un tel profil.
10:56Oui. Après, certains estiment qu'il n'a pas forcément réussi au département de l'éducation
11:00et qu'un changement était nécessaire.
11:02Vous savez, les avis divergent.
11:04Je reviens vers Hicham.
11:07Moi, ce qui m'inquiète encore une fois, c'est qu'on a lancé des projets, des plans.
11:12Prenons juste un exemple.
11:15Mme Zour a bossé comme forçat sur l'histoire du Maroc digital 2030.
11:21Là, on bascule vers une spécialiste, bien entendu.
11:24C'est une sommité nationale et internationale.
11:27Les deux étaient spécialistes dans leur domaine respectif.
11:30Ceci dit, Mme Zour était en train de percer.
11:34Elle commençait à maîtriser les dossiers.
11:37Je ne suis pas en train de l'infondre, mais je dis des changements de cap à un moment donné.
11:43Pour moi, c'est une façon de plomber cette machine de transformation.
11:49Pas forcément. Vous savez pourquoi ?
11:51Parce que c'est ce que disait en filigrane, vous avez vu tout à l'heure.
11:55Au Maroc, les réformes ne sont pas incarnées par des personnes.
12:00Souvent, c'est porté par des personnes.
12:02Ça, je le prends aussi par rapport à ce qui se passe chez nous au niveau de l'université,
12:05ou même des universités marocaines.
12:07Vous avez toujours quelqu'un qui porte le projet, qui incarne le projet.
12:11On va parler de votre amie.
12:15Je vous ai entendu parler de la fameuse scène.
12:18Je corrige pour nos auditeurs et auditrices.
12:20Non, vous allez corriger après la pause.
12:22Parce qu'on a deux minutes de pub et le journal.
12:24Il n'y a rien à corriger. La scène est claire.
12:278h58, la pub, la pause info.
12:29On se retrouve pour la suite du débat tout de suite.
12:31La suite des décodeurs d'Atlantique Matin,
12:34avec Mohamed Zeynabir, rédacteur en chef de l'Observatoire du Maroc et de Pouvoir d'Afrique.
12:39Et Hicham Labied, professeur universitaire, directeur du Centre d'accueil d'information,
12:43d'orientation et de carrière de l'Université Hassan Ier de Stade.
12:47On va parler dans quelques instants de l'actualité du jour et de la semaine.
12:51Même cette visite d'état du président Emmanuel Macron au Maroc.
12:54Mais juste avant, on poursuit notre débat initial sur le remaniement ministériel.
12:58Et Hicham, tu voulais évoquer le cas de Abdel Latif Miraoui,
13:04qui a été gentiment remercié, qui a été remplacé par Midaoui.
13:08On a changé de lettre. Le D a remplacé le R.
13:12Peut-être qu'on changera aussi d'approche et de gestion des dossiers.
13:15Oui, oui. Vous pensez bien entendu aux dossiers des étudiants de médecine.
13:20Tout à fait.
13:21Mais par ailleurs, pour ce qui est du pacte ESRI, le fameux plan de transformation de l'écosystème,
13:27à mon humble avis et en toute objectivité, il y a des percées qui sont en train de se concrétiser,
13:34que ce soit par rapport à la digitalisation, que ce soit par rapport à la capacitation,
13:37que ce soit par rapport au développement de la recherche, que ce soit par rapport au développement des profils.
13:43Il faut que vous sachiez que des étudiants dans des universités, dans des établissements à accès non régulé,
13:50ce qu'on appelle souvent accès ouvert, les facultés d'économie de gestion, faculté de droit,
13:55c'est des étudiants assez souvent qui sont frappés par ce que j'appelle le syndrome de l'imposteur.
14:00Par manque d'estime de soi, parce qu'ils n'ont pas la possibilité effectivement de pouvoir prendre la parole en public,
14:05parce qu'ils viennent de milieux peut-être un peu défavorisés.
14:08Le pacte ESRI est venu effectivement rendre, effectivement, les lattes de Noblesse justement à cette frange de la population marocaine.
14:15On revient au remaniement.
14:17On est dans le remaniement pour dire qu'effectivement, il faut faire du changement dans la continuité.
14:21Il y a des projets qui sont là. Il ne faut pas tout balayer d'un trait de plume.
14:27Donc, voir ce qui marche, capitaliser dessus.
14:30S'il y a des choses qui ne marchent pas, il faut y remédier.
14:33Au-delà des profils choisis, nommés à des postes ministériels au niveau des secrétariats d'État fraîchement créés.
14:42D'ailleurs, petite parenthèse, dans les nombreux profils annoncés, les nouveaux entrants au sein de l'équipe gouvernementale,
14:50il y a des noms qui posent problème. C'est vrai, on en a évoqué il y a quelques instants.
14:56Mais il y en a d'autres où là, pour le coup, il y a une unanimité sur la compétence des profils et le choix pertinent de ces personnes-là.
15:06Je pense notamment au duo au niveau du ministère de l'Agriculture.
15:10C'est Ahmed Bouhari qui était jusque-là en charge de tout ce qui est irrigation et de l'eau.
15:18C'est un choix pertinent compte tenu du contexte que nous vivons, marqué par un stressérique.
15:23Et puis, Madame, j'ai oublié son nom, qui est en charge du département de la pêche maritime.
15:30Zakia Dreyfus, qui était secrétaire générale du ministère depuis pas mal d'années et qui est la spécialiste du pôle pêche maritime.
15:50Tout ça pour dire que dans ce nouveau casting, il y a des noms où il n'y a pas de débat et ça ne suscite ni polémique, ni interrogation, etc.
15:59Par contre, et là, je vous pose une question, parce qu'il y a eu un remaniement ministériel, mais il y a eu un remaniement plus large.
16:04On a eu des nominations de nouveaux ambassadeurs par Sa Majesté le Roi.
16:09On a des nominations à des postes stratégiques pour des institutions constitutionnelles, par exemple.
16:17Et sur ce point, il y a une remarque qui a été faite par pas mal de personnes.
16:23Les quelques voix dans le système de gouvernance nationale qui étaient quelque peu critiques envers l'action gouvernementale ont été bifurquées vers d'autres.
16:34Je pense notamment à Ahmed Rehda Chami, qui était à la tête du CESE, qui est nommé ambassadeur à Bruxelles.
16:41Et bien évidemment, Ahmed Rehda Chami, il achève sa carrière, donc il arrête.
16:49L'inquiétude qui peut nous intéresser, c'est de savoir si cette voix indépendante, ces voix indépendantes, ces voix non consensuelles qui sont dans la réalité des chiffres et des constats, ne va pas manquer d'ici 2026.
17:06C'est ça l'interrogation qu'on peut se poser.
17:09Alors d'abord, la critique doit venir de l'opposition.
17:13Et là, on doit interpeller l'opposition pour qu'elle joue réellement son rôle au lieu de verser dans le show, dans la recherche de la polémique stérile, sans réellement de fondements chiffrés, etc.
17:28Mais d'un autre côté, l'interprétation que vous venez d'évoquer, oui, elle se tient.
17:35Mais demain, rien n'empêche le HCP de sortir des chiffres très critiques par rapport à ce qui va se passer demain.
17:48Est-ce qu'on va dire qu'à ce moment-là, Chakib Ben Moussa cherche une oise à Aziz Arnouj ?
17:55Moi, je ne verse pas dans ces interprétations.
17:58Il y a les chiffres et puis il y a les prises de parole du haut commissaire au plan.
18:05Parce qu'un rapport ou une note du HCP, c'est une série de chiffres, effectivement.
18:09Ce qui était intéressant avec Ahmed Arad El Halimi, c'est ses prises de parole et ses analyses conjoncturelles.
18:14Mais rien n'empêchera, c'est vrai.
18:17Chakib Ben Moussa, dont on dit qu'il ne s'entendait pas avec Aziz Arnouj, l'ayant interviewé, ayant analysé pas mal de fois ses sorties, etc.
18:33C'est quelqu'un de très consensuel et c'est quelqu'un qui n'ira jamais dans le conflit.
18:38Mais demain, s'il y a des chiffres qui vont paraître à l'encontre des intérêts du gouvernement,
18:46c'est quelqu'un qui l'ira. C'est un haut commis de l'État qui se positionne au-delà des conjonctures.
18:52On va poursuivre le débat juste après la pause pub et la pause info.
18:56A tout de suite.
18:57Dernière partie des Décodeurs d'Atlantique matin.
18:59Toujours avec Mohamed Zeynebi et Hicham Labide.
19:02Peut-être un dernier mot, Hicham, sur le premier sujet, à savoir le remaniement.
19:05Je posais la question tout à l'heure à Mohamed Zeynebi sur ses voix indépendantes
19:10qui sortaient un petit peu du cadre et qui titillaient en quelque sorte l'action gouvernementale.
19:16Est-ce qu'il n'y a pas un risque, justement, de les voir partir, se faire de plus en plus rares
19:23dans les mois qui arrivent et dans les mois qui nous séparent de la prochaine échéance électorale ?
19:28C'est pour ça que je disais tout à l'heure, le pouvoir et l'argent, c'est une menace pour la démocratie.
19:32Si vous voyez ce que je veux dire.
19:34L'indépendance d'institutions comme le HCP, en l'occurrence, c'est une condition sine qua non,
19:41justement, pour développer, j'allais dire, une pensée autre que la pensée unique,
19:48justement, dans un pays qui cherche et qui se cherche, justement, dans la démocratie.
19:53Alors, la solution pour le gouvernement, elle est très simple.
19:55C'est de bosser pour faire avancer les choses.
19:57C'est pour lutter contre le chômage, la précarité, faire plus d'emplois, créer plus de croissance.
20:01C'est ça. Là, les chiffres vont faire foi, effectivement, de bons avocats pour le gouvernement.
20:07Et il n'y aura pas de souci par rapport aux statistiques qui vont sortir.
20:10Donc, les nominations d'Ahmadinejad Chami, effectivement, à l'Union européenne,
20:17on ne va pas sous-estimer l'importance de si Chami pour dire, effectivement,
20:24qu'il a été le dindon de la farce, justement, par rapport à cette histoire.
20:28Il mérite le poste pour lequel il a été destiné, dans le sens où, effectivement,
20:34on est sur un dossier et ça pourrait être une bonne transition pour le deuxième sujet, l'Union européenne.
20:38On est à un moment crucial, justement, de l'histoire du Maroc.
20:41Et il fallait effectivement chercher la bonne personne, ce que j'ai dit la dernière fois.
20:44La bonne personne au bon moment, au bon endroit.
20:46On va en parler tout de suite. Il nous reste dix minutes.
20:48On va évoquer, effectivement, cette visite d'État qu'entame aujourd'hui Emmanuel Macron au Maroc,
20:54selon le programme officiel que nous avons à disposition.
20:59Peut-être que ça changera entre temps, mais en tout cas, on sait que l'arrivée du président français
21:04est prévue cet après-midi à la place du Meshwar, avec une cérémonie officielle prévue à 17h30.
21:12Ensuite, une rencontre, un entretien en tête à tête est prévu entre Emmanuel Macron et le roi Mohamed VI
21:22et une cérémonie de signature d'accord en présence des deux chefs d'État.
21:26Et puis, le lendemain, et j'en parlais tout à l'heure en aparté avant la prise d'antenne,
21:32de mémoire, je n'ai pas une image ou le souvenir d'un chef d'État ou d'un responsable d'un autre pays
21:41qui s'est adressé au cours des dernières années. En tout cas, peut-être qu'un épisode m'a échappé,
21:46mais devant les deux chambres du Parlement réunies.
21:48Tout ça pour dire que c'est une visite qui n'est pas anodine, c'est une visite en grande pompe
21:55où l'entente politique diplomatique n'a été en fait que le prélude à cette entente économique à venir.
22:06Le fait qu'Emmanuel Macron se déplace avec quasiment la moitié, si ce n'est plus, de l'exécutif français
22:11en dit long sur les intentions et de Paris et de Rabat pour renforcer, relancer, redynamiser
22:18cette relation bilatérale entre les deux pays. Qu'est-ce que vous attendez, vous, Mahmoud Zeynebi,
22:25de cette rencontre au-delà des rencontres officielles, protocolaires et des signatures des accords ?
22:31Est-ce que ça ne dénote pas, là pour le coup, d'une vraie nouvelle page dans les relations entre Paris et Rabat ?
22:38Alors clairement, on entre le Maroc et la France dans une nouvelle phase qui est littéralement inédite.
22:47Pourquoi inédite ? Parce qu'elle intervient au lendemain de la reconnaissance par la présidence française
22:53de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. C'est un élément important, c'est l'origine même de cette...
23:03Alors, bruit et aussi réconciliation. C'est le point de départ de la refondation.
23:12C'est le mot qui revient le plus dans les quelques déclarations déjà données par les responsables français.
23:21La refondation des relations franco-marocaines sur de nouvelles bases.
23:26Et le chef de la diplomatie française l'a clairement dit dans une interview publiée hier dans la tribune
23:33en disant que nous devons tirer les enseignements nécessaires des erreurs du passé.
23:40Et donc la France reconnaît ces erreurs, notamment celles conditionnant par exemple l'octroi des visas aux Marocains
23:47par l'acceptation du Maroc des personnes refoulées de France qui sont marocains.
23:55Alors, on a bien compris que les rapports entre la France et le Maroc ne doivent pas s'inscrire dans une logique transactionnelle,
24:04dans une logique de chantage, mais dans le cadre d'une bonne entente.
24:09Et ne l'oublions pas, vous aviez parlé de prélude. Il y a le prélude certes diplomatique, mais auparavant sécuritaire aussi.
24:17C'est un élément fondateur aussi des relations maroco-françaises, ne l'oublions pas.
24:24Je crois sincèrement que l'entente politique sur le dossier du Sahara est la base de tout.
24:30Exactement.
24:31Le prélude sécuritaire, en fait, ce n'est pas un prélude, c'est une conséquence de l'entente politique.
24:35Mais clairement.
24:36Si on est en phase, on peut se mettre d'accord sur tous les sujets.
24:38Mais c'était aussi un signal fort avec la déclaration de Sarkozy en France avant même ce début de réconciliation.
24:48C'était un signe avant-coureur.
24:50Maintenant, on n'est pas dans les signes avant-coureurs, on est dans les déclarations et dans les signaux forts et concrets.
24:57Et du concret, il y en aura.
24:58Parce que là, on parle de coopération basée sur des actions concrètes dans l'énergie, dans l'agriculture, dans la formation et dans le domaine sécuritaire, etc.
25:11Mais ce que je tire de cette phase que viennent de traverser les relations entre la France et le Maroc, c'est que la France et derrière la France, l'Occident,
25:24commencent à comprendre que cette logique d'être supérieur, l'ancien colonisateur qui se croit encore porteur de cette idée,
25:34de venir avec l'ancien colonisé, avec l'idée, le regardant de haut, etc. C'est terminé.
25:40Par contre, l'ancienne puissance coloniale, la France en l'occurrence, c'est vrai que vous avez raison sur ce que vous venez de dire à l'instant,
25:47mais sa voix compte sur des dossiers tels que celui du Sahara marocain. Pourquoi ?
25:53Et j'ai lu ça ce matin, ça reste à prouver, mais selon certains de nos confrères, l'un des faits marquants aussi de cette visite,
26:00c'est le fait que la France va remettre officiellement au Maroc les archives.
26:05Les archives qui attestent une bonne fois pour toutes de la légitimité de la cause du Maroc.
26:16Et ça, pour le coup, c'est un changement radical et c'est la raison pour laquelle la voix...
26:21On annonce même l'ouverture d'un consulat à la RION et d'un institut français aussi.
26:282 500 000 documents, effectivement, qui vont être remis au Maroc et, allez savoir, au milieu de cette panoplie de documents,
26:39des preuves, si on a besoin, pour reconnaître encore plus la marocanité du Sahara marocain.
26:46Maintenant, revenons sur les relations franco-marocaines ou maroco-françaises.
26:50Il est clair qu'il y a un cordon ombilical qui ne pourra jamais être rompu.
26:55À un moment donné, on s'est donné un cœur joie pour tirer un boulet rouge sur la France et la francophonie,
27:01pour dire c'est fini avec la langue française. Maintenant, il faut aller vers l'anglais, etc.
27:05Et tout le monde s'est pressé pour dénoncer tout ça parce que la France a été à un moment donné,
27:10on porte à faux par rapport à la cause marocaine, justement, par rapport aux questions du Sahara.
27:16Le premier investisseur au Maroc, il est français. Le deuxième client du Maroc, il est français.
27:24Le troisième fournisseur, il est français. 30% des touristes qui viennent au Maroc, ils sont français.
27:30Premier créancier. Oui, premier créancier. Premier, effectivement, pourvoyeur en termes d'aide internationale de développement, c'est français.
27:39Au garage de Tesla, 1 600 000 Marocains, ils sont résidents en France. 53 000 étudiants marocains, ils sont en France.
27:4653 000 résidents français, ils sont au Maroc.
27:49Oui, c'est ce que je disais tout à l'heure.
27:52Le premier investisseur, non, le plus africain en France, c'est le Maroc.
27:56Encore une fois, pour dire qu'il y a une osmose incroyable, justement, entre le Maroc et la France.
28:02Et ce qui s'est passé, c'était une brouille, on va l'appeler comme ça.
28:05C'était effectivement une vraie crise diplomatique, un passage.
28:11C'était très tendu. On a eu des brouilles par le passé.
28:15Mais là, dernièrement, la séquence que nous avons tournée fort heureusement, c'était une vraie crise diplomatique.
28:20Et c'est généralement comme ça la réconciliation qui reprend de plus belle.
28:24Après la pluie, le beau temps.
28:27La visite du président Macron avec tout le staff derrière.
28:30N'oublions pas, il va y avoir des représentants du MEDEF.
28:33Quand on voit effectivement le listing, le manifeste.
28:41Effectivement, on est frappé parce qu'il y a un peu de tout.
28:44Ça veut dire, et même le gouvernement, parce qu'on voit les ministres.
28:48Je vais les citer. On a le ministre de l'Intérieur, Bruno Rotailleau.
28:51Anne Jeuneté, ministre de l'Education nationale.
28:53Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud.
28:56Rachida Dati, ministre de la Culture.
28:58Sébastien Lecornu, ministre des Armées et des Anciens Combattants.
29:02Antoine Armand, le ministre de l'Economie.
29:04Annie Gennevard, ministre de l'Agriculture.
29:06Patrick Hetzel, ministre de l'Enseignement supérieur.
29:09Olga Giverny, ministre déléguée auprès du ministre de la Transition écologique.
29:14C'est au moins une dizaine de ministres.
29:18Sans parler des hauts responsables d'institutions françaises.
29:21Le confort, il est venu aussi de la culture.
29:23Tahar Majloun, Leïla Suleimani, Jamel Debbouze, Hubert Védrine aussi.
29:29Des anciens ministres aussi, ils sont de la partie.
29:32Tout le monde est là parce que c'est le moment ou jamais pour sceller justement
29:36cette réconciliation et barrer la route justement à tout ce qui pourrait paraître
29:40comme du parasitisme.
29:42Et on suivra avec beaucoup d'intérêt justement les...
29:45Les détails, les détails.
29:47Pas les détails, mais les premières images, les premiers sourires.
29:50Dans ce genre de manifestation, les images sont très puissantes.
29:54Et peut-être que ça nous permettra aussi de faire le lien
29:58ou le contraste sera saisissant entre cette visite.
30:01Et souvenez-vous, la visite qu'Emmanuel Macron avait effectuée en Algérie,
30:06alors qu'il y avait une certaine forme de brouille,
30:09on va dire ça comme ça, entre Paris et Rabat.
30:12Et juste demain, et je donne la parole à Mohamed Zainabi,
30:15la prise de parole d'Emmanuel Macron au Parlement sera très suivie
30:18parce que, je le répète de mémoire, c'est un fait inédit qu'un chef d'Etat se...
30:22Alors c'est un moment fort qui a une symbolique très importante.
30:29Donner la possibilité au président Macron, c'est un message politique fort
30:38qui va nous faire oublier sa tentative de prise de parole directe
30:42au peuple marocain en ce moment.
30:44C'est-à-dire qu'on revient aux relations institutionnelles.
30:50C'est vrai qu'il avait commis un impair diplomatique.
30:52On revient à la refondation de la relation sur une base institutionnelle.
30:59Et c'est au mieux pour l'avenir.
31:01L'Elysée, dans son communiqué d'annonce de cette visite,
31:04parle de coopération pour les 30 années à venir.
31:10C'est engageant pour la France.
31:13Ce n'est pas aujourd'hui le président Macron dont on sait que le mandat va se terminer dans pas longtemps.
31:23Mais c'est la présidence française, c'est la France qui s'engage avec le Maroc sur le long terme.
31:29Mais au-delà de l'émotion, nous ne l'oublions pas,
31:33si le Maroc aujourd'hui a gagné cette estime de la partie française
31:39comme il l'a gagné auprès de ses voisins immédiats espagnols et allemands,
31:46c'est parce qu'aujourd'hui notre pays devient incontournable
31:51quant aux relations géopolitiques dans un monde tourmenté.
31:54Et puis un dernier élément par rapport à l'ouverture potentielle d'un consulat français à la IONE,
31:59ce sera le premier du genre d'une représentation européenne, en plus d'un institut français.
32:04Et ça, ça a beaucoup de symbolique justement.
32:06On va conclure là-dessus. Merci beaucoup messieurs, merci Hicham El-Bedouine, merci Simon-Ahmed Zainabi.
32:09Au plaisir de vous retrouver prochainement pour d'autres émissions et d'autres sujets de débat.
32:12Karim Droneh revient tout de suite pour le journal de 9h30.