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« Tous en mêlée », c'est le rendez-vous rugby qu'on vous propose tous les lundis et tous les jeudis pendant la Coupe du monde. Anne-Sophie Bernadi et sa bande d'experts vous présentent tous les enjeux de ce Mondial avec, aujourd'hui, l'internationale française Coumba Diallo et Yann Chabenat, journaliste rugby.

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Sport
Transcription
00:00 Est-ce que certains matchs ne servent à rien
00:02 dans cette Coupe du monde à 20 ?
00:04 -C'est dur de dire ça. -Un match déséquilibré,
00:07 par exemple, samedi soir, entre l'Ecosse et la Roumanie,
00:10 ces fameuses nations du top 10,
00:12 face aux nations émergentes, comme on les appelle.
00:15 Faut-il revoir le format de la compétition ?
00:18 Est-ce que c'est pas normal de voir la France
00:20 qui atomise la Namibie, 96 à 0 ? Yann, t'en penses quoi ?
00:24 -On est tous d'accord pour regretter
00:26 la différence qui existe et le fossé qui s'élargit d'année
00:29 en année de Coupe du monde, en Coupe du monde,
00:32 entre ces nations dites en développement
00:34 et celles installées.
00:36 Ces matchs ne servent pas à rien.
00:38 Ils servent, avec un peu de provocation,
00:40 à dire qu'ils cachent la forêt.
00:42 Avec cette Coupe du monde, ça permet à tout le monde
00:45 de dire que, regardez, elles sont là.
00:47 Alors, oui, ils en prennent 90, mais ils sont là.
00:50 Les solutions, elles appartiennent à World Rugby.
00:53 World Rugby est aux mains des grandes nations dirigeantes.
00:56 Je vois pas pourquoi ça bougerait.
00:58 -Je rejoins, je rejoins tout à fait.
01:00 Ca permet de matcher,
01:02 ça permet de rencontrer d'autres équipes de haut niveau.
01:05 C'est tous les 4 ans, mais quand même,
01:07 c'est une expérience quand tu joues contre des très grosses nations.
01:11 Ces équipes, au-delà de revenir avec un tillet,
01:14 de faire des grosses performances,
01:16 le fait de participer à une Coupe du monde,
01:18 ça a peut-être suscité de l'engouement dans leur pays,
01:21 comme le Chili, peut-être, ou le Portugal,
01:24 en se disant qu'ils ont tourné 30 minutes contre l'Angleterre,
01:27 et que ça a peut-être suscité des vocations,
01:30 que ce soit chez les féminines ou chez les garçons.
01:33 Je pense qu'ils peuvent jouer sur cet aspect
01:35 sans forcément gérer, mais on s'est ridiculisés.
01:38 On participe à la Coupe du monde,
01:40 mais derrière ça, l'engouement va susciter ce pays.
01:43 -Tu le vois côté joueur ou côté joueuse,
01:45 et en tout cas côté pratiquant.
01:47 Ce serait bien que ce soit comme ça, malheureusement,
01:50 c'est politique, avant tout.
01:52 Les joueurs et les joueuses ont l'occasion de se frotter au meilleur.
01:56 Qu'est-ce que les joueurs, quand on a pris 90,
01:59 raconteront à leurs petits-enfants ?
02:01 Oui, parce que c'est ça, dans l'idée,
02:03 "Papi a joué une Coupe du monde en 2023."
02:06 "Ah ouais ? T'as fait quoi ?" "On a pris 90 contre les Blacks."
02:09 -Et Papi a blessé Antoine Dupont. -Et blessé, voilà.
02:12 Sportivement, il y a aucun intérêt.
02:14 Ce qui aurait du sens, c'est de permettre à ces équipes,
02:17 on va en revenir là-dessus,
02:19 mais à la Géorgie, d'avoir accès au tournoi destination
02:22 avec un match d'accession-rélégation,
02:25 qui est fermement opposé.
02:26 On a des compétitions annexes qui sont créées
02:29 et sur lesquelles le rugby communique
02:31 en disant, sur le continent américain,
02:33 le continent asiatique, la province indienne
02:36 qui a intégré le super-rugby.
02:38 On fait des efforts, mais on est encore très, très loin
02:41 de ce qu'il devrait être un sport professionnel,
02:43 sur cet aspect-là des choses,
02:45 sur l'accession et la promotion des petites nations
02:48 au plus haut niveau. On n'a pas de plan pour ça.
02:51 -Il y a ce projet de Ligue des Nations,
02:53 qui a dit en 2025 pas plus de matchs,
02:55 car le calendrier serait calqué sur les tournées d'été et d'automne,
02:59 avec un système de promotion-rélégation.
03:01 Ca, ça pourrait marcher ?
03:03 -Ce qui est concerné par cette Ligue mondiale ?
03:05 Les grandes nations, avec des invitations,
03:08 qui sera pénalisée au final.
03:10 Les petites nations, sur ces années-là,
03:12 il n'y aura pas de tournée.
03:13 Les petites nations n'auront plus l'occasion
03:16 de jouer contre une nation, même pas du top 3,
03:18 mais du top 5 ou du top 10. Cette compétition-là,
03:21 c'est une compétition qui a plus d'importance,
03:24 plus intérêt à préserver les intérêts des grandes nations
03:27 et à générer beaucoup d'euros et de dollars.
03:30 Même les grandes fédérations sont en difficulté.
03:32 La fédération anglaise, australienne, néo-zélandaise
03:35 vont capitaliser sur leurs propres ressources à elles
03:38 avant de distribuer le gâteau.
03:40 -Sur les 4 dernières années, depuis la dernière Coupe du monde,
03:44 la Namibie n'a joué que 7 matchs officiels.
03:46 On entend aussi beaucoup
03:48 "c'est l'occasion de les faire progresser".
03:51 Le sélectionneur chilien Pablo Lemoyne,
03:53 après la rouste face à l'Angleterre,
03:56 il dit que dans 4 ans, ce sera la même chose.
03:59 -Il va même plus loin en disant que oui.
04:01 Il pose la question,
04:02 que sera le rugby dans les prochaines années.
04:05 On va vers une captation du rugby et de l'audience rugby
04:10 par les plus grandes nations qui ont décidé
04:12 de se répartir le gâteau entre elles.
04:14 Clairement, le choix, il est fait.
04:17 -Il faut un programme, un plan par vente rugby
04:20 pour développer ces nations.
04:22 Il faut réfléchir.
04:23 Dans 2 ans, la Namibie n'aurait pas un niveau top.
04:26 C'est du long terme qu'il faut réfléchir.
04:28 -Augustine Pitchard, par exemple, avec l'Argentine,
04:31 qui a longtemps été le fer de lance de l'action politique
04:34 auprès des instances dirigeantes,
04:36 après les résultats sur le terrain,
04:38 il a fallu 15 ans, 20 ans pour que l'Argentine
04:41 soit aujourd'hui considérée.
04:43 On voit que l'Argentine n'a pas encore cette stabilité.
04:46 Tous les meilleurs joueurs
04:48 ont été exilés pour venir en Europe.
04:49 Mais on a trouvé quand même un certain modèle
04:52 pour que cette équipe d'Argentine se développe.
04:55 Les Fidji, on est en construction,
04:57 mais Tonga, Samoa, rien.
04:59 Géorgie, rien.
05:00 Sur le rugby espagnol, portugais, des prémices d'eux,
05:03 mais rien en termes de compétition et d'espoir pour les joueurs
05:07 de se dire qu'un jour, on peut y accéder.
05:09 Il y a un plafond de verre
05:11 et je vois pas comment on pourra le briser.
05:14 -Tu prends du plaisir à regarder
05:16 ces fiches dites déséquilibrées ?
05:18 -Non, je regarde les 21e minutes où les équipes tiennent
05:21 et après...
05:23 Non, pas du tout.
05:24 -Parce que c'est un sport de combat.
05:27 Si un rapport de force est trop déséquilibré,
05:29 si vous mettez un poids lourd face à un poids coq,
05:32 en boxe, il n'y a pas de combat.
05:34 Si il y a judo, ceinture noire contre ceinture jaune,
05:37 il n'y a pas de combat.
05:38 On n'est pas au tennis avec un 50e mondial
05:41 qui peut taper un numéro un mondial.
05:43 Non, au rugby, c'est un sport de combat.
05:45 -Il faut du combat, il faut du jeu,
05:47 il faut du jeu, c'est pas trop facile,
05:49 c'est pas plaisant à voir.
05:51 -Et heureusement, on touche du bois,
05:53 que ces matchs-là n'ont pas occasionné de blesser.
05:56 Parce que moi, c'était la crainte avant ces matchs-là.
05:59 Les gars sont pas préparés.
06:00 Il y a des joueurs comme de Fédéral,
06:02 dans 4e division française,
06:04 qui ont joué à la Coupe du monde,
06:06 c'est des athlètes de haut niveau préparés.
06:09 Antoine Dupont, ça plaque sur le visage.
06:11 Oui, il y a inquiétude, mais il y avait certains joueurs,
06:14 qui, mentalement, psychologiquement,
06:16 sont des machines.
06:17 Pour rentrer sur le terrain et se dire "J'y vais",
06:20 ouais, voilà. Non, coach, non, j'ai pitié.
06:23 -Fallait prendre Mario.
06:24 -Voilà, le courage de ces mecs-là...
06:26 -Il fallait prendre Mario.
06:28 -Il y a rien à dire.
06:29 -Donc, il y a 2 minutes, est-ce que ces matchs servent à rien ?
06:33 Vous vous indignez, "non, faut pas dire ça",
06:35 mais vous me dites qu'il y a pas d'intérêt ?
06:37 -Sportivement, aucun intérêt.
06:39 C'est l'arbre qui cache la forêt.
06:41 Ca permet aux politiques de s'excuser,
06:43 mais c'est pas le sport. Vous êtes là, quand même.
06:46 Estimez-vous heureux d'être là ? Vous en prenez 80 ?
06:49 Les gens sont contents. Les gens vous applaudissent.
06:52 Les mecs en prennent 80.

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