"Je voulais qu’Emmanuel Macron explique aux Français ce qui allait changer dans leurs vies"

  • l’année dernière
"Je voulais qu’Emmanuel Macron explique aux Français ce qui allait changer dans leurs vies", Marine Tondelier revient sur les annonces d'Emmanuel Macron dan le cadre de la planification écologique.

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Transcript
00:00 Bonjour Marine Fondelier. – Il ne voulait pas partir, il s'est déjà avec vous.
00:02 – Mais vous l'avez très bien fait.
00:03 Merci d'être notre invité secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts.
00:07 On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la presse régionale.
00:11 Bonjour Stéphane Vernet. – Bonjour, bonjour.
00:13 – Stéphane de Ouest-France, merci également d'être avec nous.
00:15 On va parler de la feuille de route de la transition écologique.
00:18 On imagine que vous l'attendiez avec impatience Marine Fondelier.
00:20 – Évidemment.
00:21 – Vous l'avez eue hier soir, Emmanuel Macron l'a dévoilée,
00:23 on va revenir dans les détails, mais d'abord,
00:25 est-ce qu'il vous a convaincu le chef de l'État hier soir ? – Je vais vous décevoir,
00:28 parce que tout le monde me pose cette question en disant
00:30 "c'est bon, vous êtes contents maintenant les écolos ?"
00:32 Et c'est vrai que j'aurais adoré pouvoir venir ce matin me réjouir en me disant
00:36 "c'est bon, tout est sous la bonne voie et tout est sous contrôle".
00:40 Malheureusement, ce n'est pas le cas.
00:42 J'ai été la première à dire que l'exercice de planification était extrêmement intéressant,
00:47 parce que le constat qui est posé par ce document est assez lucide, inédit,
00:51 et c'était un bon exercice.
00:52 Mais quand on voit tous les constats qui sont posés,
00:54 par exemple, on nous dit qu'il y a 20 à 30 000 hectares
00:58 qui sont artificialisés par an en France,
01:00 c'est deux à trois fois la surface de Paris tous les ans qui sont artificialisés en France.
01:04 Quand on nous dit qu'il y a 60% des oiseaux des champs d'Europe
01:07 qui ont disparu en 40 ans, quand on nous dit qu'il y a 85 communes
01:10 qui n'avaient plus d'eau au robinet cet été, on attend un plan d'ampleur.
01:13 Et quand on entend les annonces d'Emmanuel Macron dimanche soir et puis lundi,
01:17 forcément on est déçus.
01:18 Je vous donne deux exemples.
01:19 Le premier, c'est des centrales à charbon.
01:21 En 2017, Emmanuel Macron, candidat, dit
01:24 "En 2022, il n'y aura plus de centrales à charbon dans ce pays".
01:28 Là, on est en 2023, donc on regarde le bilan, elles sont encore là.
01:31 Et il nous dit, il prend la même phrase, c'est l'économie circulaire,
01:34 vous savez le recyclage, il prend la même phrase, il change la date.
01:36 Il dit "Nous sommes en 2023, en 2027, il n'y aura plus de centrales à charbon".
01:40 Mais comment on le croit quand c'est exactement la même phrase ?
01:42 – Il dit qu'elles seront converties en biomasse, ce n'est pas une bonne idée.
01:45 – Mais il avait dit la même chose en 2017, en faisant "Je m'y engage",
01:48 en 2022, il n'y aura plus de centrales à charbon.
01:50 – Donc vous ne les croyez pas. – En 2023, elles sont encore là.
01:51 Le glyphosate, c'est encore plus saisissant parce que là,
01:54 il regresse sur l'objectif.
01:56 En 2017, là il est président de la République, et il fait,
02:00 vous savez c'était au moment de Greta Thunberg, de la scène internationale,
02:03 il met le hashtag #MakeOurPlanetGreatAgain,
02:07 et il dit "le glyphosate, je m'y engage, dans trois ans, la France en sera sortie".
02:11 Et donc là, tous les journalistes disent "Mais alors les écolos, vous êtes calmés,
02:14 vous ne servez plus à rien, l'écologie c'est Macron, etc."
02:16 Il avait dit "On sera sortis, donc en 2020, du glyphosate".
02:19 On est en 2023, on n'en est pas sortis du tout,
02:21 et là dans le plan, c'est écrit, non mais mesure d'ampleur,
02:24 on va baisser la dépendance au glyphosate de 30%.
02:28 – Mais parce qu'il n'y a pas de solution pour les agriculteurs,
02:30 et il a dit "Si Emmanuel Macron ne veut pas faire une écologie
02:33 contre les agriculteurs, il ne peut pas les laisser de côté".
02:35 – Donc il les avait en 2017 et il ne les a pas en 2023.
02:37 Bon ben c'est un peu compliqué quand on est président de la République.
02:39 Et la question n'est pas de faire de l'écologie pour ou contre les agriculteurs.
02:42 Vous pensez que moi, je me lève le matin en disant
02:44 "Bon ben aujourd'hui, je vais faire de l'écologie contre les agriculteurs".
02:47 La question c'est de leur dire aussi la vérité.
02:49 Et si vraiment on veut aider l'agriculture,
02:52 moi je pose des mesures qui sont très écologiques sur la table.
02:54 Par exemple, la fin, la suspension des projets de fermes-usines.
02:59 Parce que les fermes-usines, ce ne sont pas des fermes, ce sont des usines.
03:02 Quand vous offrez une ferme à vos enfants, à vos neveux et nièces à Noël,
03:05 vous n'offrez pas un truc de 26 étages avec des ports à tous les étages,
03:09 pas de fenêtres et des animaux qui ne peuvent pas bouger.
03:11 Vous offrez une petite ferme, la prairie, etc.
03:13 C'est ça la vision de l'élevage qu'on a en France.
03:15 Et aujourd'hui, 60% de la viande dans notre pays
03:18 est produite par 3% des exploitants.
03:21 Dans des fermes qui sont un désastre pour l'écologie,
03:24 un désastre pour le bien-être animal,
03:25 et un désastre, il faut le dire, pour le bien-être paysan.
03:27 – Donc en résumé, vous lui dites "c'est bien, mais il peut mieux faire".
03:30 C'est ça la note que vous mettez ?
03:31 – Il a passé sa soirée à dire "écologie au service de l'économie,
03:36 économie, économie, économie".
03:37 – Écologie, la française.
03:39 – Oui, mais l'écologie à la fin, ce n'est pas pour l'économie,
03:41 c'est pour les gens, c'est pour le vivant.
03:43 Et les gens ne sont pas dans son plan.
03:45 Moi, je voulais qu'il explique aux Français ce qui a changé dans leur vie.
03:47 Je n'ai pas compris ça.
03:48 – Alors ça, ça viendra peut-être après,
03:49 mais vous dites que l'exercice de planification est extrêmement intéressant,
03:52 le constat est lucide.
03:53 Mais par contre, sur les méthodes ou les propositions,
03:55 vous vous attendiez à une rupture.
03:58 C'est ça qui vous manque aujourd'hui dans cette démarche ?
04:01 – Parce que planification, c'est bien, les réunions, la communication,
04:04 mais il faut de l'action.
04:05 Et comment vous faites une planification écolo
04:08 sans ne supprimer aucun grand projet autoroutier,
04:10 sans ne supprimer aucun projet de mégabassine,
04:12 sans ne supprimer aucun projet de ferme-usine ?
04:14 Ça ne marche pas.
04:15 Et surtout, ce qu'il faut dire aux gens,
04:17 puisqu'on est là pour leur dire la vérité,
04:18 c'est que tous ces projets, ça coûte énormément d'argent public.
04:21 Énormément d'argent public pour des projets anachroniques, obsolètes,
04:25 dégradants pour l'humain, pour le vivant.
04:27 Et donc, si on économise cet argent public,
04:29 si d'un autre côté, et il n'en a pas du tout parlé,
04:31 on met en place un ISF climatique, un impôt sur les grandes fortunes,
04:35 ça, on est pour depuis bien longtemps chez les écolos,
04:38 mais ciblé sur le climat, c'est-à-dire qu'on taxe plus
04:40 celles et ceux qui vivent de projets climaticides,
04:43 et cet argent est réattribué à des politiques écologiques.
04:47 Alors, on dégage beaucoup de marge financière.
04:48 Et avec ces marges financières, on peut faire un truc très simple,
04:52 plus de bonheur pour les gens, faire en sorte qu'ils vivent mieux,
04:54 qu'ils mangent mieux, qu'ils se déplacent mieux,
04:56 qu'ils aient accès à des transports en commun de qualité,
04:58 qu'ils respirent meilleur.
04:59 – Mais est-ce que selon vous, Marie-Antoine Delis, avec ce qui…
05:00 – C'est quand même très simple comme projet.
05:01 – Avec ce qui a été proposé ces deux jours,
05:03 l'objectif de baisse des émissions de gaz à effet de serre
05:05 de 55% d'ici 2030 sera tenu par la France ?
05:08 – Là aussi, je suis inquiète parce qu'il dit "c'est bon,
05:11 on a baissé les cinq dernières années de 2% par an les émissions de CO2",
05:14 comme si c'était la pensée magique grâce à lui, donc on continue, c'est bon.
05:18 La réalité, c'est que… – Il dit qu'il faut aller plus vite.
05:20 – Non mais vous étiez là les trois dernières années, comme moi.
05:22 Il y a eu le Covid, toute l'activité économique a été ralentie.
05:25 On ne va pas refaire un Covid tous les ans pour tenir nos objectifs CO2.
05:29 [Musique]

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