Charles III à Versailles : quand la République en appelle au Roi

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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce jeudi, il revient sur les enjeux de la visite d'État de Charles III en France.

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Transcript
00:00 L'édito politique sur Europe 1 avec le Figaro. Bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:05 Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07 Vincent, vous n'étiez pas invité hier pour le dîner dans la galerie des glaces à Versailles autour du roi d'Angleterre,
00:13 mais vous avez comme nous tous regardé les images de la place d'armes à Versailles. Vous en avez pensé quoi ?
00:18 Alors curieusement j'ai songé à ce journaliste qui il y a quelques années avait dit à la télévision,
00:23 c'était d'ailleurs devant Sonia Mabrouk, que s'il était président de la République,
00:27 sa première mesure serait de raser le château de Versailles, raser le château de Versailles,
00:31 pour débarrasser la politique du surplomb du roi Soleil.
00:34 Ces mots de Jean-Michel Apathy, car c'est de lui qu'il s'agit, n'étaient pas seulement l'expression d'une outrance absurde.
00:39 Ces mots faisaient la preuve par la négative que dans les grandes circonstances,
00:43 la République pour atteindre le sommet de la liturgie du pouvoir doit retourner dans un décor royal.
00:48 Et il en va de même d'ailleurs pour les obsèques nationales, elles se déroulent le plus souvent
00:52 dans la magnifique et très monarchique cour des Invalides.
00:55 Cela nous ramène aux phrases d'Emmanuel Macron en 2015, je ne sais pas si vous vous souvenez,
00:59 Dimitri, c'est l'interview qu'il avait donnée au journal Le1.
01:01 Emmanuel Macron disait "il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent,
01:06 dans la politique française cet absent c'est la figure du roi,
01:09 dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort".
01:13 En fait devant ces très belles images accompagnées par la musique de la garde républicaine,
01:17 on avait sous nos yeux la formule de Charles Péguy qui résume et qui réconcilie tout,
01:21 la République, notre royaume de France.
01:23 - Vous n'allez pas trouver tout de même décalé ces smoking, ces robes longues, cette vaisselle,
01:28 quand le carburant est à 2 euros le litre et que les français ont du mal à joindre les deux bouts ?
01:32 - Alors absolument pas. Je pense que Jean-Luc Mélenchon en a avalé son bonnet phrygien,
01:36 mais dans cette histoire je suis plus du côté de Charlotte Gainsbourg,
01:39 qui était invitée hier soir et qui a affirmé dans un grand sourire "dans ces cas-là, on joue le jeu".
01:43 Après je connais mon histoire de France, je sais la charge révolutionnaire que peut contenir
01:48 un menu trop raffiné, une réception trop spectaculaire,
01:51 mais je ne crois pas que nous sommes dans ce cas-là.
01:53 Le président de la République reçoit le roi d'Angleterre à Versailles,
01:55 et pour cela il met les petits plats dans les grands, c'est l'usage.
01:58 Les personnes comptent moins dans cette affaire que les institutions qu'elles sont censées représenter,
02:02 leur seul devoir en fait, et de ne pas être trop en décalage dans leur attitude avec ce qu'elles doivent incarner,
02:08 il faut que le roi soit royal, et il faut que le président soit présidentiel.
02:12 - Et est-ce que ce fut le cas ?
02:14 - Alors on regrettera un peu les réflexes tactiles d'Emmanuel Macron,
02:17 qui contraste avec la retenue britannique, mais hormis ce détail chacun a tenu son rôle.
02:22 Charles III a cité Big Moustache, le héros de la grande vadrouille, dans son discours,
02:26 et Emmanuel Macron a mis en concurrence les Stones et les Beatles, donc tout était bien en place.
02:33 Mais le fait sans doute le plus frappant, c'est la grande indifférence de beaucoup de Français pour cette visite.
02:38 Il y avait peu de gens sur les Champs-Élysées, et l'on ne peut pas dire qu'une ferveur britishe se soit emparée du pays.
02:44 On peut y voir un signe de plus de la dépolitisation de l'opinion,
02:47 plus soucieuse des prix à la pompe que de la pompe versaillaise.
02:50 Cette histoire nous dit en fait que s'il y a évidemment une dimension théâtrale dans la politique,
02:55 jamais un défilé, un concert, un dîner royal n'auront l'effet d'une action publique résolue.
03:01 Pour la monarchie britannique, c'est pas grave, son pouvoir est uniquement symbolique.
03:05 Mais pour la République française, c'est beaucoup plus préoccupant.
03:08 Un président sans autre pouvoir que celui de se mettre en scène, ça oui, ce peut être un ferment révolutionnaire.
03:13 - Il a toujours les mots pour le dire.
03:15 L'édito politique sur Europe 1, merci beaucoup Vincent Trémolet de Villers.

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