SMART TECH - Emission du mardi 19 septembre

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Mardi 19 septembre 2023, SMART TECH reçoit Romain Bonenfant (directeur général, Fédération Française des Télécoms) , David Lacombled (Président, La villa Numeris) et Édouard Beaucourt (Directeur Général France et vice-président Europe du Sud, Snowflake)

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00:00 [Musique]
00:07 Bonjour à tous, invité spécial aujourd'hui dans Smartech, le nouveau directeur général de la Fédération française des télécoms.
00:13 Il est au cœur évidemment des grands sujets de la rentrée.
00:17 Tiens par exemple, on va l'interroger sur "passera, repassera, repassera pas" à marcher de 4 à 3 opérateurs.
00:25 En tout cas, il y a des bruits qui courent sur une concentration sur ce secteur.
00:30 On va parler évidemment de l'arrêt du cuivre, c'est quand même un événement très important.
00:34 Il va falloir que tous les Français basculent sur une autre solution de connexion pour accéder à Internet.
00:38 Et aujourd'hui, on sait combien c'est difficile quand on veut se raccorder à la fibre optique.
00:43 On va parler aussi du cofinancement des réseaux européens par les GAFA.
00:48 Et oui, pourquoi pas, en tout cas, il y a une réflexion qui est engagée en ce moment à Bruxelles.
00:53 Et puis, ce projet de loi pour sécuriser et réguler Internet qui va être en discussion à l'Assemblée nationale très prochainement,
01:00 a un impact direct aussi sur ce métier des télécoms.
01:03 Vous voyez, on a beaucoup de sujets ensemble. Ce sera tout à l'heure dans la grande interview de Romain Bonenfant.
01:09 Et puis, on aura rendez-vous avec la Villa Numéris.
01:12 Le Think Tank a interrogé ses membres, dirigeants d'entreprises, des experts du secteur sur quels étaient ces signaux de la rentrée,
01:19 quelles sont les grandes tendances.
01:21 Mais d'abord, je vous propose qu'on s'interroge sur pourquoi tant de modèles d'IA génératives ?
01:28 Alors, je suis en compagnie d'Edouard Beaucourt.
01:36 Vous êtes le directeur général France-Evis, président Europe du Sud de Snowflex.
01:41 Snowflex, c'est un peu une star française, mais enfin, j'exagère, c'est quand même une entreprise californienne
01:45 qui est spécialisée dans l'hébergement des données dans le cloud,
01:48 mais qui a été créée en 2012 par deux Français avec un succès retentissant.
01:53 Et alors là, l'actualité de Snowflex, c'est la naissance d'un nouveau modèle de langage, un LLM, Large Language Model,
02:01 comme on dit en anglais, évidemment boosté à l'IA générative.
02:05 Donc, ma question première, c'est est-ce qu'on est là dans un effet de mode ?
02:09 Est-ce qu'on a besoin d'autant de modèles d'IA génératives différents ?
02:13 Pourquoi Snowflex propose ceci, cette nouvelle IA boostée à l'IA générative ?
02:19 Parfait, écoutez, déjà, je suis ravi d'être avec vous pour parler de ce qui semble être l'épicentre des discussions
02:24 depuis quelques mois et depuis le début de l'année calendaire.
02:27 Et mon premier principe, il serait essayer de remettre un petit peu les choses à leur place
02:33 quand on parle d'intelligence artificielle, de Gen AI, et donc d'intelligence artificielle générative et de Large Language Model.
02:41 Donc, nous sommes précisément dans une révolution qui est probablement une des plus fortes que la tech ait connue depuis ces 40 dernières années.
02:50 Mais comme toute révolution, elle a trouvé sa source dans quelque chose d'assez naturel et qui n'est pas arrivé du jour au lendemain.
02:58 Donc, ça fait déjà 30, 40 ans que les hommes se demandent comment interagir avec les faits qu'on stocke dans des systèmes, tout simplement.
03:06 Et ce n'est pas nouveau. On a parlé dans les années 70-80 de langage qu'on appelait Common Object Business Language.
03:14 Donc, on essayait déjà de parler avec des machines, les gros systèmes IBM, si vous vous souvenez.
03:18 Et puis ensuite, IBM encore avait mis au point un langage qui s'appelait le SQL,
03:23 qui permettait aussi en langage naturel, pour peu qu'on parle très bien anglais, d'échanger, d'interagir avec les faits qui étaient stockés dans des bases de données.
03:32 Et aujourd'hui, tout s'accélère. C'est pour ça qu'on parle vraiment d'un moment d'inflexion, de révolution.
03:38 Tout s'accélère parce que ce qui est la Gen AI est finalement de la mathématique boostée avec des modèles de mathématiques
03:49 et des modèles d'apprentissage par les machines préentraînés et déployés sur des machines plus puissantes que ce qu'on n'a jamais vu.
03:58 Préentraînés à comprendre ce qu'on leur dit, en fait, c'est ça ?
04:00 Tout à fait. Préentraînés à comprendre ce qu'on leur dit, à se nourrir des faits qui ont déjà été mis en place,
04:05 des formules mathématiques qui ont déjà fait leurs calculs et ainsi de suite. Donc là, on parle de modèles fondamentaux.
04:12 Mais alors la deuxième question, c'est donc pourquoi ce besoin de multiplier les modèles ?
04:17 Alors pourquoi on multiplie les modèles ? Les modèles, déjà, par rapport à ce à quoi on a, quels sont les sujets qu'on adresse, doivent être différents.
04:24 Donc LLM, typiquement, ce sont ces modèles fondamentaux basés sur les mots seulement.
04:29 Dès qu'on va commencer à s'adresser aux images, à des données synthétiques qui ont été reproduites depuis des données de base,
04:37 dès qu'on va regarder du texte et autres ou de l'audio, on va s'adresser avec des nouveaux modèles.
04:41 Et puis les modèles, ils doivent être aussi pris par rapport au contexte dans lequel on est.
04:45 Donc quand on veut étudier des choses liées à la logistique d'une entreprise, ça ne va pas être les mêmes modèles que lorsqu'on est sur des essais cliniques
04:52 pour accélérer du texte et du code, par exemple.
04:58 Donc il faut des modèles beaucoup plus spécialisés, c'est ça que vous nous expliquez.
05:02 Tout à fait.
05:03 Alors la troisième question, c'est la préoccupation. On s'interroge aujourd'hui beaucoup sur ce qu'il advient des données qui sont collectées par ces IA génératives.
05:11 Tout à fait. Ce qu'il faut comprendre, c'est que dans l'IA générative, il y a trois grands blocs.
05:16 Il y a les data, donc les données. Il y a les modèles fondamentaux dont on a parlé, qui, comme vous le soulignez, se multiplient.
05:23 Et puis il y a les prompteurs, ce qui est l'interface entre vous et tous ces systèmes.
05:28 Alors on a parlé beaucoup de chaque GPT qui a été le prompteur que tout le monde a vu, mais il y en a plein, plein, plein des prompteurs.
05:33 Et donc une de nos missions chez Snowflake, c'est de faire en sorte d'amener une capsule de gouvernance et de sécurité sur tous ces aspects-là.
05:40 Notre métier de base, c'est d'aider les clients à sécuriser, à gouverner et à traiter leurs données à très grande échelle.
05:46 Et donc un de nos principes de base, c'est d'amener des modèles qui sont bien souvent pas les nôtres,
05:50 amener les modèles typiquement de Azure AI, donc OpenAI et tous ces modèles qui sont nés de chat GPT, mais aussi bon nombre d'autres modèles.
05:58 On a un partenariat très fort avec Nvidia, qui est un gros fournisseur de modèles, mais aussi les modèles de nos clients,
06:04 dans une capsule de sécurité où les données sont seule, je dirais, propriété du client et où tout le monde ne peut pas voir ce qui se passe.
06:15 Merci beaucoup, Edouard Beaucourt. C'était trois questions sur ces nouveaux modèles d'IA génératifs.
06:21 Edouard Beaucourt, je rappelle que vous êtes le directeur général France et le vice-président Europe du Sud de Snowflake.
06:26 Merci beaucoup.
06:27 Merci à vous.
06:28 Et c'est l'heure de la grande interview avec la Fédération française des télécoms.
06:32 [Musique]
06:37 Grande interview aujourd'hui de Romain Bonenfant. Bonjour. Merci beaucoup d'être avec nous dans Smartech.
06:42 Vous êtes le directeur général de la Fédération française des télécoms depuis quelques jours,
06:47 puisque c'est le 28 août que le Conseil d'administration a procédé à votre nomination.
06:52 Un mot sur la FF télécoms. Vous représentez le secteur des télécoms, les principaux opérateurs, les grands opérateurs,
06:59 à l'exception de Fri.
07:01 Tout à fait. La Fédération française des télécoms est une association des opérateurs de communication électronique dans toute leur diversité.
07:08 C'est-à-dire que ce sont des grands opérateurs commerciaux, des opérateurs d'infrastructures telles qu'on les connaît,
07:12 donc Orange, SFR, Buick Télécom, mais aussi des opérateurs spécialisés entreprises, comme Colt, Verizon, Odigo, Boone, par exemple.
07:22 On représente vraiment les opérateurs dans tout leur métier, finalement. Et comme vous le remarquez, Fri n'est pas membre de la FFT,
07:30 mais nous travaillons régulièrement avec Fri.
07:32 C'est son côté trubliant. Mais d'ailleurs, j'ai noté que vous étiez passé à l'ARCEP l'année du lancement de FriMobile.
07:39 Ça m'amène à cette question. Partout, on se demande, est-ce qu'on va repasser à un marché à trois, trois grands opérateurs au lieu de quatre ?
07:48 Alors, bien évidemment, la Fédération française des télécoms n'est pas impliquée dans la question concurrentielle.
07:52 Donc, je ne vais pas répondre directement à votre réponse. Peut-être de manière générale, si on regarde la réglementation des télécoms
07:58 avec un prisme assez large, ce qu'on peut constater, c'est qu'effectivement, depuis la libéralisation, l'ouverture à la concurrence,
08:05 qui a commencé globalement en 1998 et après, aujourd'hui, le monde a changé, finalement.
08:11 C'est-à-dire qu'on a des opérateurs qui représentent aujourd'hui 40 % de l'économie numérique française, mais qui pourtant représentent
08:18 peut-être beaucoup plus en termes d'attention réglementaire, en termes de régulation, en termes également d'impôts.
08:24 40 % de l'économie numérique française en termes de valeur, mais 80 % des impôts et des taxes de l'économie numérique sont payés par les opérateurs.
08:32 Et où est-ce qu'il vous amène à certaines démarches dont on va parler ? Juste pour vous présenter un petit peu plus précisément,
08:38 vous êtes ingénieur général des mines, vous êtes passé par la Commission européenne, les services du Premier ministre, le ministère de l'économie et des finances,
08:47 je l'ai dit également à l'ARSEC, vous avez exercé comme ça de nombreuses fonctions diverses dans les secteurs publics et privés également,
08:55 en lien avec les sujets de régulation, mais également les questions de politique industrielle, de soutien à l'innovation.
09:01 Et là, vous êtes au cœur d'une rentrée très importante pour le secteur des télécoms. On va commencer avec l'arrêt du cuivre, la fin du cuivre.
09:09 Donc tous les Français vont être déconnectés de la paire du cuivre, du réseau historique de téléphones et donc de l'Internet par la DSL.
09:18 L'enjeu, c'est de les raccorder à la fibre optique. C'est un projet qui avance assez vite, mais qui rencontre quand même quelques problèmes sur le terrain.
09:25 Tout à fait. D'abord, le déploiement de la fibre en France est un succès. Je pense qu'il faut quand même commencer par là.
09:31 Si on regarde par rapport notamment au déploiement du réseau téléphonique, au réseau de cuivre, le déploiement de la fibre en France est fait de manière extrêmement rapide.
09:38 Aujourd'hui, on a 80% des logements ou locaux à usage professionnel qui sont raccordables, c'est-à-dire qu'on peut y installer la fibre,
09:45 ce qui fait de la France le premier pays en Europe, le premier pays fibré en Europe. Donc c'est absolument considérable.
09:51 Là où sur le cuivre, si on regarde un déploiement équivalent, on était sur l'ordre d'une trentaine d'années. Pareil sur le réseau ferré, etc.
09:57 Donc c'est vraiment le plus grand chantier d'infrastructure du pays qui s'est déroulé de manière incroyable en termes de vitesse.
10:02 Et effectivement, aujourd'hui, on constate un certain nombre de difficultés qui sont quand même localisées aujourd'hui sur les processus opérationnels de la fibre.
10:09 Donc on a d'abord un certain nombre de réseaux qui ont été construits avant la réglementation, qui avaient des processus un petit peu atypiques qui doivent être repris.
10:16 Donc des plans de reprise ont été demandés et notifiés à Carstel.
10:20 Les problèmes, c'est principalement sur la fibre optique qui a été posée il y a quoi, 10 ans ?
10:24 Alors il y a une concentration de problèmes sur un certain nombre de réseaux très localisés, effectivement.
10:28 Et puis après, il y a une question un peu plus générale d'organisation des processus opérationnels sur la fibre.
10:32 À la différence du cuivre, où il y avait un opérateur d'infrastructure, un opérateur du réseau, qui était l'opérateur historique France Télécom devenu Orange,
10:39 sur la fibre, on a une variété d'opérateurs qui ont déployé, notamment dans des réseaux d'initiatives publiques, qui doivent communiquer avec des opérateurs commerciaux.
10:45 Et donc ça, ça nécessite beaucoup d'interactions, beaucoup d'échanges entre ces opérateurs commerciaux et ces opérateurs d'infrastructure,
10:51 et ces processus opérationnels qui sont en train d'être fiabilisés.
10:54 Donc les opérateurs, en lien avec la Fédération française des télécoms, ont présenté il y a un an au gouvernement et à l'ARCEP un plan pour améliorer la qualité sur la fibre.
11:02 Donc ça passe par quoi ? Ça passe par de la certification des intervenants, c'est-à-dire des sous-traitants, des opérateurs,
11:07 la limitation des sous-traitants à deux rangs, c'est-à-dire des sous-traitants, des sous-traitants, des sous-traitants, mais pas au-delà,
11:14 des échanges d'informations renforcés sur le terrain, c'est-à-dire savoir quand un opérateur est venu intervenir dans un point de utilisation,
11:21 c'est-à-dire un point de réseau, et ensuite être capable de faire des corrélations, etc., des comptes rendus d'intervention avec des photos.
11:26 Donc voilà, l'échange d'informations qui est au cœur finalement des processus, j'allais dire, industriels de la fibre, qui sont en train de se faire aujourd'hui et de se déployer.
11:33 Ou utiliser les outils de communication dans votre industrie finalement.
11:37 Tout à fait, bien évidemment.
11:38 Alors autre sujet majeur que vous portez au sein de la Fédération française des télécoms, c'est cette demande de cofinancement des réseaux européens par les GAFA.
11:47 Alors quand on dit les GAFA, on s'adresse à qui ? Google, Meta, Netflix ?
11:52 Alors en fait, la réflexion provient tout simplement d'un constat très factuel, c'est-à-dire qu'on constate aujourd'hui sur les réseaux,
11:58 et je pense que c'est homogène dans l'ensemble des pays européens, qu'on a un très petit nombre de fournisseurs, 5, 6, qui globalement consomment plus de 50% du trafic.
12:06 Alors ça va varier un petit peu suivant que l'on regarde les réseaux mobiles, les réseaux fixes, suivant les pays, etc.
12:10 Mais globalement, on retrouve les noms que vous avez cités.
12:13 Et disons que ces grands fournisseurs de services de l'Internet n'ont pas le même statut que les autres finalement.
12:18 C'est-à-dire que ce sont des opérateurs qui, par leurs actions individuelles, peuvent avoir un effet direct sur le trafic constaté sur les réseaux des opérateurs,
12:26 et donc sur les investissements des opérateurs.
12:28 Et pourtant, ces entreprises ne participent pas au financement des réseaux.
12:31 Vous avez des accords de peering quand même sur le réseau ?
12:34 Alors effectivement, il y a des accords de peering, mais il n'y a pas de normalisation de ces accords de peering.
12:38 Et donc la réflexion, c'est de constater quand même qu'aujourd'hui, la charge du financement de ces réseaux, du très haut débit fixe, on en a parlé,
12:45 mais également du très haut débit mobile avec la 5G, pèse essentiellement sur les opérateurs télécoms.
12:49 Les opérateurs télécoms ont dépensé l'an dernier plus de 14 milliards d'euros en investissement dans les réseaux.
12:56 Et donc l'idée, c'est de faire participer ces grands fournisseurs de services au financement des réseaux.
13:01 Et il y a également un autre aspect de la question, qui est la dimension environnementale.
13:06 C'est-à-dire que quand on regarde l'empreinte environnementale du numérique, c'est globalement ce qui est lié au matériel,
13:11 c'est-à-dire la construction des équipements de réseau, des smartphones, etc.
13:15 Et puis l'énergie qu'on va utiliser dans les réseaux.
13:17 Donc on a toujours cette impression que finalement, le trafic, entre guillemets, c'est gratuit d'un point de vue environnemental,
13:21 parce que ce qui pèse le plus, c'est la partie équipement.
13:24 C'est encore plus grand en France, parce qu'en France, notre électricité est décarbonée.
13:27 Donc la part relative de l'équipement est encore plus importante.
13:30 Néanmoins, on a cette dynamique finalement avec les fournisseurs de services,
13:33 qui amènent toujours plus de débit sur les réseaux,
13:35 qui font qu'on est obligé de monter en gamme progressivement les réseaux et les équipements,
13:39 pour les redimensionner, pour les dimensionner à la hauteur de leur flux,
13:42 et sans participation directe de leur part.
13:44 Effectivement, il y a certains accords de péril, etc.
13:46 Donc c'en est où au niveau des discussions sur ce sujet du fair sharing ?
13:51 Alors effectivement, le commissaire breton a engagé cette discussion,
13:54 et il y a une consultation publique qui a été lancée par la commission au printemps de cette année.
13:59 On en attend les résultats sur, globalement, l'avenir de ce cadre de réduction des délais d'école,
14:04 mais notamment cette partie fair share.
14:06 On l'attend pour quoi ? Pour quand ? La fin de l'année ?
14:09 On attend pour, normalement, les prochaines semaines.
14:12 Très bien.
14:13 Mais c'est d'autant plus important ce qui se passe,
14:17 c'est que ces grandes plateformes du numérique ne se contentent plus
14:21 de faire leur métier de diffuseurs de contenu.
14:24 Ils viennent aussi marcher sur les plates-bandes des métiers des opérateurs.
14:27 Aujourd'hui, on les voit tirer des câbles transatlantiques.
14:30 Ils sont en train de vous pousser aussi sur vos modèles,
14:34 de changer un peu la donne et la concurrence ?
14:37 Alors, ils interviennent sur des segments très spécialisés.
14:39 Il reste quand même un métier d'opérateur qui est vraiment très spécifique
14:43 et qui est aussi, et je souhaite insister là-dessus,
14:46 des métiers qui sont extrêmement intéressants,
14:48 qui sont peut-être moins bien connus, finalement, notamment des jeunes.
14:52 Quand on pense "champion du numérique", c'est vrai qu'on a tendance à penser au GAFA.
14:55 On ne pense pas forcément aux opérateurs de communication électronique.
14:58 En France, on a toujours cette tentation de vouloir faire le Google européen,
15:02 faire l'Open AI européen, etc.
15:04 Il ne faut pas oublier qu'on achète des champions du numérique en France.
15:07 C'est les opérateurs télécom, 4 opérateurs avec une assise française
15:11 et dedans des métiers qui sont tout à fait innovants,
15:14 qui vont utiliser de l'intelligence artificielle pour la relation client
15:17 ou l'optimisation des réseaux, de la cybersécurité,
15:20 du logiciel avec la virtualisation des réseaux, la 5G, etc.
15:25 Donc, plein de choses sur lesquelles la FFT travaille également.
15:28 Vous avez raison de le rappeler.
15:30 Cet autre sujet qui nous intéresse en France,
15:32 c'est le projet de loi porté par le ministre Jean-Noël Barraud
15:35 pour sécuriser, réguler Internet,
15:38 qui va finalement avoir un impact assez important aussi sur votre activité.
15:43 On a notamment le filtre anti-arnaque dont vous allez être partie prenante.
15:48 Alors, sur quoi vous travaillez ?
15:50 Qu'est-ce que ça va demander comme investissement et où est-ce qu'on en est ?
15:53 De manière générale, les opérateurs télécom sont des partenaires,
15:57 finalement des autorités publiques, pour promouvoir un Internet responsable.
16:01 C'est-à-dire qu'eux-mêmes initient, indépendamment de l'activité législative,
16:05 des actions dans le domaine, que ce soit pour la lutte contre la fraude,
16:08 que ce soit des filtres de contrôle parental à disposition des familles.
16:14 La Fédération française des télécoms est également active dans ce domaine.
16:18 Nous éditons, par exemple, un guide à destination des parents
16:21 pour accompagner les enfants sur Internet.
16:23 Donc, la FFT, globalement, ses membres, se retrouvent dans les objectifs de ce projet de loi.
16:28 Vous l'avez dit, ce projet de loi comporte un certain nombre de dispositions
16:31 qui concernent directement les opérateurs télécom,
16:33 comme le filtre anti-arnaque.
16:35 Ou le blocage aussi de sites pornographiques,
16:38 s'ils n'appliquent pas la reconnaissance, l'identification de l'âge.
16:42 Oui, le blocage.
16:44 Tout cela est tout à fait possible pour les opérateurs.
16:47 La question est plus technique, de savoir comment on le fait, dans quel délai,
16:50 avec quel moyen, et également la partie coût associée.
16:55 Et donc, là, on devrait avoir des réponses sur comment on le fait,
16:58 sur toute cette partie technique, assez rapidement.
17:00 Tout à fait, le détail, comme d'habitude, c'est dans le processus législatif qui est en cours.
17:05 À propos de ces processus législatifs et, plus globalement, de la régulation,
17:10 on entend aussi beaucoup cette inquiétude de la part du marché en Europe
17:15 de sur-régulation européenne.
17:17 De manière générale, c'est vrai qu'on voit que le marché européen, par exemple,
17:22 est très fragmenté, si on regarde par rapport au marché américain.
17:26 Si on se donne une certaine taille, on a à peu près une quarantaine d'opérateurs mobiles en Europe,
17:32 comparé à à peu près 3, 4, 5, suivant comment on compte, aux Etats-Unis.
17:36 Et puis, une législation spécifique, effectivement, aux opérateurs télécoms.
17:40 Donc, ça rejoint ce que je disais un peu au début, le fait que l'attention, quelque part,
17:44 réglementaire, historiquement, est liée à la libéralisation.
17:47 Il reste des questions concurrentielles sur lesquelles la Fédération française des télécoms
17:51 n'intervient pas, où cette législation est nécessaire.
17:53 Il y a des choses qui sont spécifiques aux télécoms,
17:55 mais quand même, il faut avoir une vision, quand même, beaucoup plus large,
17:57 finalement, de la régulation du numérique.
17:59 On voit bien que ça arrive.
18:00 On a parlé du projet de loi "Sécuriser et réguler l'espace numérique",
18:04 qui touche bien les services.
18:06 On a, au niveau européen, le DSA, le Digital Service Act,
18:10 et le DMA, le Digital Market Act.
18:12 Donc, on voit que le rééquilibrage est engagé,
18:15 mais l'équilibre n'est pas encore tout à fait là.
18:17 On en est loin, encore.
18:19 Alors, il y a cette info qui est tombée au moment de la keynote Apple,
18:24 la présentation de son nouvel iPhone.
18:26 Cette information qui est venue de l'ANFR,
18:28 la Vigie, on va dire, sur l'émission "Don des smartphones",
18:33 qui a demandé à Apple de procéder au retrait de la vente des iPhone 12
18:37 parce qu'il dépassait les seuils recommandés par l'ANFR.
18:41 Apple ne vend plus son smartphone directement,
18:45 mais en revanche, on a encore un marché de l'iPhone 12 en France.
18:50 Qu'est-ce que ça veut dire pour les opérateurs télécoms ?
18:53 Comment vous allez vous organiser si on doit procéder à un appel
18:56 au retrait total, par exemple, de ce modèle ?
18:59 Aujourd'hui, on est dans une situation un petit peu intermédiaire, effectivement,
19:02 où l'ANFR a demandé un lever temporaire de la commercialisation.
19:06 Donc, ça concerne directement les opérateurs qui peuvent vendre des smartphones.
19:09 Les opérateurs se sont organisés et s'organisent pour cesser de manière temporaire
19:14 cette commercialisation, à la fois sur les canaux physiques, en boutique,
19:17 mais également en ligne.
19:19 La question maintenant est, j'allais dire, chez Apple,
19:21 pour savoir quelle va être sa réaction.
19:23 On a vu que plutôt dans un début de bras de fer.
19:26 Oui, ils contestent.
19:27 Mais les options sont effectivement que Apple, par exemple,
19:31 fasse une mise à jour logicielle, comme ça a été fait dans d'autres cas
19:33 tout à fait comparables, pour revenir dans la norme,
19:36 ou bien décide d'un retrait sur le marché.
19:39 Je vous propose qu'on passe, Romain Bonenfant, à l'interview express.
19:44 On va peut-être repasser certains des sujets qu'on a vus ensemble,
19:46 mais avec des questions très binaires, vous allez voir.
19:48 D'accord.
19:49 Alors, oui ou non, vous allez faire le ménage et mettre fin, enfin,
19:53 aux problèmes sur les raccordements en fibre optique ?
19:56 Oui, définitivement. Il est clair que les opérateurs sont engagés.
19:59 C'est leur intérêt clair.
20:01 Les premiers pénalisés, bien évidemment, sont les clients.
20:04 Mais à la fin, un client mécontent, c'est un problème pour un opérateur.
20:08 Donc, bien évidemment, les opérateurs sont engagés
20:11 pour améliorer les processus fibres.
20:13 Néanmoins, il faut quand même regarder le marché de manière un petit peu plus large,
20:16 aujourd'hui, et rappeler qu'il y a quand même pas mal de raccordements en fibre,
20:20 même une majorité de raccordements en fibre,
20:22 qui se déroulent sans problème.
20:24 Pour ou contre rester à quatre opérateurs en France ?
20:27 Je ne peux pas me prononcer. Ce n'est pas un sujet sur lequel la Fédération intervient.
20:32 Vrai ou faux ? On peut totalement décarboner l'industrie des télécoms.
20:36 Partiellement vrai, parce qu'on est engagé dans une démarche de responsabilité,
20:42 bien évidemment. Les opérateurs, notamment, se sont engagés
20:45 avec la Fédération française, les principaux opérateurs
20:48 avec la Fédération française des télécoms, fin 2021,
20:51 dans une charte pour le numérique durable,
20:54 dans laquelle les opérateurs ont pris l'engagement de parvenir à la neutralité carbone
20:58 en scope 1, c'est-à-dire leurs propres émissions,
21:01 et en scope 2, c'est-à-dire l'énergie qu'ils utilisent, à horizon 2040.
21:05 C'est un objectif qui est déjà extrêmement ambitieux,
21:07 plus ambitieux que l'objectif européen,
21:09 et nous, FFT, publions des indicateurs en lien avec cette charte.
21:13 Allez, provocation encore. J'aime ou j'aime pas les GAFA ?
21:17 Je pense que la question est, si je peux me permettre, pas tout à fait bien posée.
21:22 Les GAFA sont des partenaires.
21:24 C'est très binaire, vous l'accordez, c'est le principe.
21:26 Je vais sortir de cette binarité, vous me le direz.
21:28 Les GAFA sont des acteurs essentiels de l'Internet,
21:31 bien évidemment des services qui sont utilisés et transmis
21:34 sur les réseaux des opérateurs télécoms.
21:36 Maintenant, il faut que ce partenariat soit équilibré, finalement,
21:39 et c'est ça notre rôle, ou en tout cas l'action qu'on mène
21:42 à la Fédération française des télécoms, en particulier sur la question du fair share dont on a parlé.
21:46 C'est mieux ou c'était mieux avant Starlink ?
21:51 Starlink, c'est un service de satellite.
21:54 De manière générale, dans les télécoms, il y a toujours eu l'utilisation d'une forme de mix technologique.
21:59 Ce sont des services, et encore une fois, je ne prononce pas sur les services individuels.
22:04 Certains de nos membres fournissent des services par satellite.
22:07 La France a quand même fait résolument le choix de la fibre optique.
22:11 On a parlé de ce très grand chantier.
22:13 On a déjà atteint une couverture qui est extrêmement importante au niveau français.
22:18 On peut aller plus loin.
22:20 D'ailleurs, le gouvernement a des objectifs beaucoup plus ambitieux à horizon fin 2025.
22:24 Il y a encore un certain nombre d'obstacles à lever parce que là, on va arriver sur des raccordements
22:30 qui sont beaucoup plus difficiles, où on arrive dans des zones où il n'y a pas de génie civil,
22:33 où il va falloir rentrer dans des zones où on n'a pas forcément les accords, etc.
22:37 Donc, on va supprimer ces obstacles, mais en tout cas, l'objectif cible, c'est ce réseau fibre pour tout le monde.
22:42 Merci beaucoup de vous être prêté au jeu, Romain Bonenfant,
22:45 directeur général de la Fédération française des télécoms, était avec nous dans Smartech.
22:49 Merci encore. On passe au rendez-vous dans Smartech.
22:52 C'est notre rendez-vous avec David Lacomblette, le président de la Villa Numéris.
23:03 Bonjour David. Bonjour Delphine. Tout va bien ? Heureux de vous revoir.
23:06 Moi aussi, également. Alors, vous avez tendu l'oreille en cette rentrée.
23:10 Vous avez écouté vos membres, des dirigeants d'entreprises, mais aussi les experts du secteur,
23:15 pour connaître un peu quels étaient les signaux de la rentrée. Qu'est-ce qu'on peut retenir ?
23:19 De l'IA, toujours de l'IA et encore de l'IA. Oui, principalement. Autre chose quand même un peu ?
23:25 Ce n'est pas complètement une surprise que l'intelligence artificielle soit la vedette de la rentrée.
23:29 Il y a des chances, effectivement, pour que ça nous accompagne pas mal dans la saison à venir, cette affaire.
23:35 Peut-être une note de méthodologie. On a interviewé effectivement des dirigeants et des experts parmi nos membres.
23:42 Alors, il y a du lourd. C'est Rakuten, Meta, DocaPost, Open Value, Google, Engie, Criteo, EPSF, n'en demandez plus.
23:51 Daphnis et Myologique, DataVest et j'en passe et des meilleurs.
23:55 Avec un récit qui n'est pas celui d'une science-fiction, mais au contraire, un récit optimiste, après tout,
24:02 si on ne l'est pas nous, qui le sera ? Avec des opportunités dans un nouveau monde, très clairement,
24:09 des opportunités sur notre manière de faire, notre manière de travailler, d'imaginer, de créer, d'inventer,
24:17 pour laisser place au génie humain, pour reprendre l'expression de Fabien Versaveau, qui est le PDG de Rakuten France,
24:24 et qui voit une opportunité extraordinaire de mettre les êtres sur la valeur ajoutée qu'ils vont pouvoir réellement apporter.
24:32 Et donc, c'est synonyme de croissance, bien sûr, pour les entreprises. Et on est clairement en train de passer d'une phase d'emballement
24:39 à une phase d'accomplissement. L'emballement, c'était le buzzword depuis un an. De toute façon, si on s'était retrouvé ici il y a un an
24:45 et si on avait parlé de Tchad GPT, tout le monde aurait écarquillé les yeux en se demandant de quoi on parlait.
24:51 Ça avait été une citation dans la presse française en septembre 2022.
24:56 Je ne veux pas la ramener, mais quand même, dans Smartech, on en avait parlé également.
25:00 Exactement. D'ailleurs, c'était là. Aujourd'hui, c'est 10 000 citations par mois dans la presse française.
25:05 De toute façon, il suffit d'ouvrir les journaux pour s'en rendre compte. Et quand on parle d'accomplissement, la disponibilité des data le permet,
25:15 des architectures robustes le permettent et une puissance de calcul sans égal dont les professionnels nous disent eux-mêmes
25:23 qu'ils ne l'avaient pas anticipé à ce point-là. Et bien sûr, le succès des intelligences artificielles proviendra de la valeur
25:32 qu'ils vont créer et de l'usage. Alors là-dessus, on est un peu rassuré parce qu'on utilise beaucoup les intelligences artificielles
25:38 sans même s'en rendre compte. Il suffit de rechercher sa direction dans un plan ou de choisir une série télé sur une plateforme.
25:45 Et vous êtes déjà dans une expérience de solution d'intelligence artificielle.
25:49 Bon, mais il n'y a quand même pas que l'IA, David Lacomblede.
25:52 Ah bon ? Non. Il y a des technologies qui avancent à bas bruit. La blockchain, les technologies immersives, la 5G.
26:05 Autant de technologies dont on a pu se dire qu'il y avait eu des effets de mode, mais la réalité, c'est qu'elles s'ancrent, qu'elles se développent.
26:12 Et c'est l'expression de Guillaume Le Boucher que vous connaissez bien sur ce plateau, le patron d'Open Value, qui l'assimile à une course de haies.
26:21 Vous sautez une haie, mais vous avez l'obligation déjà de regarder la suivante. Et pour garder le cap, finalement, il faut avoir cette notion
26:29 d'anticipation très forte. Et puis il y a le quantique, qui peut être une affaire française et européenne. Déjà, vous voyez le prix Nobel de physique l'année dernière.
26:39 C'est un Français à l'un aspect, certes, avec deux chercheurs américains. Mais très clairement, c'est l'opportunité pour un continent comme le nôtre
26:47 de reprendre de l'avance dans une course technologique. On ne peut pas dire qu'on soit les plus en avance sur les réseaux sociaux.
26:52 Loin s'en faut sur l'intelligence artificielle non plus. Mais là, avec des ordinateurs qui promettent une puissance de calcul hors normes, dont on a peine
27:01 à imaginer ce qu'elles vont produire en matière d'innovation biologique, physique ou chimique, qui peut nous permettre de reprendre d'un coup d'un seul pied dans la course.
27:11 – Allez, d'un mot, vraiment, sur quoi insistent principalement les membres de la Villa Numéris pour cette rentrée ?
27:16 – Ils insistent, vous parliez tout à l'heure de sur-régulation sur ce plateau avec l'invité précédent. Tout le monde veut de la régulation, mais pour les autres.
27:25 Et donc, effectivement, comment vous arrivez à protéger des consommateurs sans attraver des acteurs économiques ?
27:32 Et donc, comment vous les encouragez à investir, à prendre des risques, à innover, à imaginer ?
27:38 Et comment vous leur permettez finalement que des investisseurs étrangers viennent aussi les accompagner ?
27:44 C'est tout le paradoxe de la souveraineté que de pouvoir être ouvert aussi aux autres.
27:49 – Merci beaucoup David Lacour, président de la Villa Numéris, pour ce ton donné pour la rentrée.
27:55 Merci à vous de nous suivre, c'était Smartech.
27:57 On se retrouve évidemment très vite pour de nouvelles discussions sur la tech.
28:00 À bientôt sur Bsmart.
28:02 [Musique]

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