L'invitée: Michèle Benzeno, directrice générale de WEBEDIA, vient parler du documentaire évènement d'INOXTAG : KAIZEN
Focus : Quelles conclusions pour les états généraux d'information ? avec Nathalie Sonnac, ancien membre du CSA, spécialiste de l’économie des médias et auteur du livre « Le Nouveau monde des médias, une urgence démocratique » et Philippe Bailly, Président-Fondateur de NPA Conseil
Fred In New York : Frédéric Raillard, (Fred&Farid) nous parle de l'importance du Ton pour les candidats Donald Trump et Kamala Harris!
Focus : Quelles conclusions pour les états généraux d'information ? avec Nathalie Sonnac, ancien membre du CSA, spécialiste de l’économie des médias et auteur du livre « Le Nouveau monde des médias, une urgence démocratique » et Philippe Bailly, Président-Fondateur de NPA Conseil
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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans Hebdocom, votre rendez-vous média pub et com sur BFM Business.
00:07Ensemble, on décrypte l'actualité économique de nos meilleurs communicants et acteurs du monde de
00:12l'information, de la diffusion, des plateformes et des réseaux sociaux. Hebdocom, saison 3, épisode 3, c'est parti.
00:17Au menu aujourd'hui, on va parler de ce documentaire événement qui révolutionne le modèle de la
00:37production et de la distribution Kaizen par le créateur Enoxtag avec plus de 20 millions de
00:42vues en trois jours. Et pour nous en parler, Michèle Benzéno, directrice générale de Webezia, est avec nous.
00:47Notre focus du jour, que retenir des conclusions des états généraux de l'information parue la
00:52semaine dernière ? A quoi ressemblera l'information en 2050 ? Pour en parler, Nathalie Sonnac, ancien
00:58membre du CSA et Philippe Bailly de NPA Conseil, nous éclairerons sur le sujet. Et puis en fin
01:04d'émission, notre rendez-vous américain Frédéric Rayard, fondateur de l'agence Fred et Farid,
01:09qui nous tient son carnet de campagne jusqu'aux élections américaines depuis New York, nous
01:14dira tout sur l'importance du ton des candidats. Voilà le programme et c'est parti !
01:20On va donc parler de ce documentaire événement, une petite révolution pour le monde de l'audiovisuel,
01:29du cinéma et des plateformes. Kaizen, le documentaire du créateur Enoxtag aux 26 millions
01:34d'abonnés, produit par le groupe Webedia. Bonjour Michèle Benzéno. Bonjour Rebecca. Merci d'être là,
01:39vous êtes directrice générale et membre du directoire de Webedia. Kaizen est donc d'abord
01:45sorti en salle le temps d'une journée, une séance unique dans les salles partout en France. Vendredi
01:50dernier, puis le lendemain sur YouTube, plus de 340 000 entrées en salle, plus de 20 millions de
01:56vues sur YouTube en trois jours. C'est énorme. Est-ce que vous vous y attendiez ? Alors, je
02:02dois dire que c'est un phénomène, même je dirais un marqueur sociétal. Et la réponse, est-ce qu'on
02:09s'y attendait ? En fait, Enoxtag est un créateur qui fait partie de la famille Webedia depuis 2017,
02:16donc on le suit de très près. Il a toujours eu quelque chose d'assez particulier et d'exceptionnel.
02:23Et c'est vrai qu'il a, par le passé, un œil cinématographique. C'est un des rares créateurs
02:30à utiliser la 3D, des effets spéciaux. Il a fortement investi aussi dans la production et
02:38notamment sur YouTube. Donc pour nous, c'est une suite logique de l'évolution de cette industrie,
02:45de la creator economy. On vit une période absolument passionnante. Nous, c'est vrai qu'on
02:50est arrivé humblement sur ce marché il y a dix ans avec des influenceurs, notamment les pionniers
02:55de YouTube, les plus connus, qui sont arrivés chez Webedia et on a appris ensemble une nouvelle
03:00grammaire qui était la grammaire de YouTube. Et là, tout a commencé puisqu'ils sont devenus des
03:05studios de production, on les a accompagnés avec des auteurs, des créateurs, des scénaristes. Et
03:09Kaizen, pour nous, est la parfaite illustration de ce qu'est devenue cette économie où les
03:14créateurs eux-mêmes sont devenus influenceurs, créateurs et producteurs de contenu et on rentre
03:18vraiment dans une économie de format. Donc oui et non, c'est une suite logique de l'évolution du
03:23marché. Moi, c'est ça qui me surprend parce que vous dites que c'est une suite logique mais vous
03:27vous rendez compte quand même qu'il y a une convergence qui est inédite entre le monde
03:31du digital, le monde du net et le monde du septième art, du cinéma traditionnel. Oui, complètement.
03:37Alors, ça fait écho aussi à une révolution à la fois des nouveaux modèles de production puisque
03:43je le rappelle, le cinéma est central dans la stratégie de distribution mais à l'origine,
03:50Inox Tagg est producteur de ce documentaire. Il a toujours voulu produire une oeuvre diffusée sur
03:55YouTube puisqu'il voulait rendre aussi hommage à sa communauté. Donc à l'origine, ce documentaire,
04:01ce film documentaire était produit pour YouTube. Et puis comment ça s'est décidé ? Alors, au fur et à
04:05mesure de la production, puisque vous avez pu remarquer qu'on utilise des codes cinématographiques
04:10qui a une réalisation de très grande qualité, des caméras, des drones, la post-prod, une bande-son
04:17originale, des sous-titres puisque le film est traduit en français, en anglais, en espagnol. Et
04:21il se trouve qu'Inox est aussi passionné de cinéma et de séries et au fur et à mesure qu'il visionnait
04:27les images, on s'est dit que le cinéma était une évidence. Et c'est comme ça qu'est arrivé le
04:33partenariat avec MK2 qui nous a accompagné, Inox Tagg, dans sa stratégie de distribution. Et
04:39l'objectif, c'était dans le cadre du label YouTube Ciné-Club MK2, c'était une évidence pour eux qui
04:46ont cru en notre projet de d'abord distribuer le documentaire en salle. Et en fait, on a, je vous
04:53avoue, été dépassé par l'événement parce que pour la petite anecdote, le jour où on a mis en
04:57ligne sur Allociné la billetterie, le site a bugué. Entre 17h et minuit, on ne pouvait plus avoir accès
05:03quasiment à la fiche film de Kaizen. Tous les exploitants partenaires, leur billetterie était
05:09surchargée, on ne pouvait même plus réserver de billet. Et donc, en étant très honnête, c'est vrai
05:14que c'est un phénomène inédit, mondial, qui nous a dépassé. Oui, c'est vrai. Qui révolutionne le
05:21modèle complètement. Oui, en effet, un nouveau modèle de production. Je voudrais aussi parler,
05:26vous l'abordiez, de la convergence des canaux et des médias. Alors, c'est vrai que nous, on a
05:31l'intime conviction chez Webedia que lorsqu'on pense à un format à haute valeur ajoutée de
05:36qualité, on doit le penser pour qu'il soit le plus distribué, qu'il soit multidistribué sur un
05:43maximum de plateformes. Et c'est vrai que là, on voit une convergence intéressante, puisque diffusée
05:50d'abord au cinéma, une séance unique en France métropolitaine, dom-tom et à l'étranger. Et on
05:55est aujourd'hui à 365 000 entrées. C'est le dernier chiffre. Et il y a un point que je voulais mettre en
05:59avant aussi, c'est que vous me disiez que 40% des entrées se sont effectuées dans des petites
06:04agglomérations et que des jeunes enfants qui n'avaient jamais été au cinéma avant se sont déplacés en salle pour voir Innoxty.
06:12On a eu des testimoniaux d'exploitants qui disaient notamment dans West France, depuis 40 ans, on n'a
06:16jamais vu ça de toute notre carrière. Une fierté de se dire qu'on a aussi contribué à faire venir
06:22les jeunes au cinéma. Et c'est bien la preuve que lorsqu'on a une expérience unique et qu'on rassemble
06:28des communautés, le cinéma reste, je veux dire, le meilleur endroit pour vivre ce type d'expérience
06:33unique. Et en effet, certains jeunes n'étaient jamais venus en salle. C'était complètement
06:39inédit pour eux. Et donc, pour revenir à la stratégie de distribution, d'abord au cinéma,
06:44puis sur YouTube dès le lendemain, avec les chiffres que vous avez cités, je pense que c'est
06:50aussi une grande première historique pour YouTube en France. Et puis sur TF1 Plus dès le 28 septembre
06:57et TF1 en l'inert. Et en l'inert, on reviendra sur la deuxième partie de la diffusion. Petite
07:03question sur la sortie en salle. Parce qu'il y a cette réussite pour la jeunesse, pour les
07:10petites salles, les petites agglomérations. Mais si on voit les choses aussi sous l'angle,
07:15sous un autre angle, faire sortir une œuvre en salle et utiliser, entre guillemets, le cinéma
07:24pour faire la promotion d'un documentaire, d'un film qui sera derrière, justement diffusé sur
07:28une plateforme. Est-ce que là, ce n'est pas un petit peu dangereux pour la filière d'utiliser
07:32le cinéma et les salles de cinéma comme outils de promotion ? Alors, très important de le rappeler
07:37déjà. Je le précisais à la base, le documentaire était destiné à être diffusé sur YouTube.
07:44Ensuite, nous avons, via notre partenaire MK2, qui est le distributeur, bénéficié d'un visa
07:50exceptionnel. Et dans le cadre de ce visa exceptionnel, nous avons diffusé ce film
07:58juste avant YouTube. Et donc, il ne faut surtout pas penser que l'objectif était d'instrumentaliser
08:05les salles et de s'en servir comme outils de promotion, puisque, comme le font certains
08:10producteurs dans le cadre du spectacle vivant, des concerts, etc., on est complètement dans la règle
08:14du visa d'exploitation qui limite un certain nombre de séances. Mais en aucun cas et à aucun
08:20moment, il a été question de détourner la réglementation, non seulement qu'on respecte et
08:25qu'il est important dans la mesure où c'est aussi, je dirais, lié au financement du cinéma. Et c'est
08:30pour ça qu'en plus, le label YouTube Ciné-Club faisait tout son sens, puisqu'il a été créé par
08:35YouTube et MK2 pour justement donner la possibilité aux créateurs de contenu de s'exprimer au cinéma.
08:41Et c'est le CNC qui le dit via ses études. On voit bien que ce type d'expérience fait revenir les
08:45jeunes en salles. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est qu'on a été complètement
08:49dépassés. On le disait tout à l'heure, les billets tri-down. Et donc, tous les protagonistes se sont
08:54retrouvés à ne même plus piloter le nombre d'entrées des séances sold out. Donc, ils ont tout
08:58simplement ouvert des séances, mais avec aucune volonté de se mettre en marge par rapport à la
09:03réglementation. Et enfin, je pense que vous voyez bien qu'on parlait de convergence des médias dans
09:09un moment où tout se plateforme. C'est assez amusant de se dire que nous, on part du digital.
09:13Ce documentaire est complètement financé par les partenaires, par les marques et pas par des droits.
09:18En même temps, les plateformes de TF1, M6, avec M6+, TF1+, Netflix qui s'ouvrent à la publicité font
09:25le chemin inverse. Donc, c'est assez amusant de voir que tout converge. Et donc, le marché bouge,
09:30c'est une matière vivante et on peut parier que ça fera peut-être évoluer la réglementation,
09:36mais ce n'est pas à nous de le dire. On laisse les experts décider, mais en tout cas, ça fait
09:40partie de l'évolution de la filière. Alors, vous disiez que ça a été complètement financé par les
09:44marques. Il y a eu de nombreux partenaires qui ont été faits. Je pense à des marques comme Nike,
09:49comme Deliveroo, comme Deezer, comme Orange qui prônent la déconnexion à travers le film. Il faut
09:55voir le film pour le comprendre, mais donc, ça a été des partenariats logiques. Vous, ça vous a
10:00coûté combien concrètement et combien ça vous rapporte parce qu'on sait qu'on ne gagne pas
10:05beaucoup d'argent sur YouTube. Vous gérez l'image d'Innox depuis 2017. Comment est-ce que vous,
10:11vous avez géré le budget ? Alors déjà, je le redis, nous, Innoxtag est producteur délégué,
10:17Webedia est producteur exécutif par le prisme d'IdZ, le talent de Basile Monod qui a réalisé
10:24le film. Nous, on a eu un rôle d'accompagner Innox pour financer et intégrer des partenaires,
10:32dès le début du scénario d'ailleurs, de travailler sur la stratégie de distribution dont on a parlé
10:36et puis évidemment d'amplifier et jouer des synergies avec Allociné, l'ensemble de nos
10:41médias sociaux. Cette production, elle a coûté cher et c'est vrai que c'est là où on vit une
10:48révolution dans les modèles de production puisqu'à la base, elle a été conçue pour YouTube, mais
10:54avec des moyens très proches de l'univers du broadcast, donc c'est plutôt à 6 chiffres. Cette
10:59préparation, elle a demandé beaucoup d'encadrement et donc un financement colossal. Je ne peux pas
11:04vous donner les chiffres parce qu'ils sont confidentiels, mais néanmoins, j'en profite
11:09pour remercier les partenaires qui nous ont tout de suite fait confiance. J'imagine que c'est un
11:13modèle qui vous a inspiré et qui vous donne envie de le reproduire. Bien sûr, bien sûr. Merci
11:19beaucoup Michèle Benzino, directrice générale de Webedia. Merci d'avoir été avec nous. Au revoir.
11:23Tout de suite, c'est parti pour le Focus. Dans un rapport très attendu, les états généraux de
11:30l'information ont été délivrés jeudi dernier, leur conclusion pour redessiner le paysage
11:35médiatique. Ces dernières dévoilent 15 propositions pour soutenir économiquement les médias, contrer
11:41la désinformation et protéger le pluralisme. Et pour en parler, avec moi au plateau aujourd'hui,
11:46Nathalie Sonnac. Bonjour. Bonjour. Merci d'être là. Vous êtes ancien membre du CSA, spécialiste
11:51de l'économie des médias et auteur du livre « Le nouveau monde des médias, une urgence
11:55démocratique ». Et en face de vous, Philippe Bailly. Bonjour. Vous êtes président fondateur de
12:00NPA Conseil. Rapidement, pour démarrer, la même question à tous les deux. Les EGI, états généraux
12:06de l'information, sont bien des travaux commandés et financés par le gouvernement qui ont donc pour
12:12but de repenser le futur des médias. Nathalie. Je vais commencer peut-être par Philippe qui fait
12:17partie. Alors Philippe. Un des groupes de travail. Ils ont été initiés par le président de la
12:22République, annoncé le 13 juillet 2023. Ensuite, ils se sont organisés pour ce que j'en sais. Moi,
12:28j'étais qu'une cheville ouvrière dans l'histoire, mais dans une grande économie. Vous parliez de
12:34financement. Je pense qu'il a été limité. En tout cas, tous ceux qui ont contribué au groupe de
12:39travail l'ont fait de manière totalement bénévole. Donc, les EGI n'étaient pas une affaire d'argent.
12:46En revanche, c'est vrai qu'à la fin, il y a des enjeux économiques importants sur la survie et la
12:51sauvegarde et la préservation de médias d'information capables de délivrer une information de qualité
12:58en France. Nathalie. Très heureuse, moi, de participer à cette aventure. Effectivement, il y avait cinq groupes
13:02de travail dont Philippe Bailly faisait partie. Moi, j'ai appartenu à une petite cellule de
13:08prospective et nous avons sorti un rapport qui est évidemment compris dans ce grand travail
13:13d'études sur l'information en 2050. Et ce n'était pas une mince affaire, effectivement, de mener cette histoire.
13:19On y reviendra tout à l'heure. Condamnez ces conclusions qui sont donc parues jeudi dernier.
13:26J'ai lu quelques articles. J'ai eu le sentiment, mais vous pouvez me corriger si je me trompe,
13:31qu'il y a une forme d'insatisfaction de la part de certains médias. Est-ce que les conclusions vous
13:37semblent satisfaisantes ? Philippe. Je pense que quand on a participé à un travail, on n'est
13:45par définition pas le mieux placé pour en juger, juger de sa qualité. Sur la déception que vous
13:51évoquez, elle a surtout été le fait dans les réactions des positions prises sur ce qu'on
13:57appelle la gouvernance des rédactions. Faut-il faire court que les journalistes aient un droit
14:03de vote sur la désignation de leur directeur de la rédaction ou pas ? Finalement, ce qui a été
14:08choisi, ce n'était non pas le vote, une mécanique un peu exécutoire, mais des mécanismes de
14:16collaboration, de concertation, d'échange au sein des rédactions. En particulier, s'il y a un moment
14:21où on peut se poser un sujet d'éthique, de déontologie, avec une généralisation des comités
14:27d'éthique, avec l'obligation par contre, quand un actionnaire veut nommer un nouveau patron de la
14:31rédaction, d'en avertir les journalistes, de discuter avec leurs représentants syndicaux et avec
14:38le comité d'éthique, et puis potentiellement d'entendre leur avis, peut-être de changer d'avis.
14:43En tout cas, c'est plus une organisation du dialogue qui s'est passé qu'une confrontation.
14:48Ça, c'est pour la partie des déceptions dont vous parliez. À côté, moi, j'ai surtout lu des médias
14:55qui se félicitaient d'une prise de conscience. Encore une fois, l'information ne se fait pas
15:04d'amour et d'eau fraîche. Elle nécessite des journalistes, elle nécessite des moyens pour les
15:09envoyer sur le terrain, des matériels pour diffuser ce qu'ils réalisent, etc., ce qu'ils
15:14produisent. Autrement dit, il y a une économie qui est essentielle. Et donc, à la fin, un certain
15:20nombre de propositions, notamment visant à préserver l'économie des médias. Je pourrais aller plus
15:25loin, mais je laisse Nathalie. L'économie de l'information à protéger. Nathalie, vous me
15:30disiez que le contexte politique a impacté, a relativement impacté ces EGI ? Non, ce que je
15:37voulais dire par là, c'est qu'effectivement, et je rejoins quand même l'analyse de Philippe dans
15:41son premier constat, c'est qu'effectivement, il y a eu la question, il y a encore la question qui
15:46concerne les journalistes. Aujourd'hui, de façon plus générale et globale, c'est une analyse qui
15:50est extrêmement intéressante. Il y a 200 propositions qui sont aujourd'hui sur la table. Elle a été
15:56rejointe hier par une centaine de propositions, par une formation parlementaire qui avait été
16:02pilotée par Violette Spilboul sur tous citoyens de l'information. Il y a surtout une prise de
16:07conscience que nous sommes dans une situation, et vous avez la gentillesse de le mentionner,
16:11d'une urgence démocratique où l'information, la fabrique de l'information, la production de
16:16l'information de qualité est en danger et que nos démocraties sont totalement aujourd'hui
16:21déstabilisées. Alors déstabilisées, pourquoi ? Parce que les gens s'informent majoritairement
16:26aujourd'hui sur les réseaux sociaux, parce que l'information coûte extrêmement cher à produire,
16:31mais que les médias, les consommateurs sont de moins en moins prêts à payer pour cette
16:36information, parce qu'on a une circulation de fake news, parce qu'il y a une défiance à l'égard
16:42des journalistes, il y a une méfiance à l'égard des institutions. Et finalement, effectivement,
16:46la question immédiatement devient politique. Aujourd'hui, il faut absolument repenser
16:51l'écosystème informationnel. La question est politique, mais les réponses apportées et
16:56l'urgence des réponses est beaucoup économique. Est-ce que ces états généraux de l'information
17:02sont la solution à cette urgence ? Est-ce que ça suffit ? Alors, ça suffit parce qu'il y a
17:07déjà 200 propositions sur la table et qui sont complétées par les 100 propositions des
17:12parlementaires. Oui, ça suffit. Aujourd'hui, le constat est bien fait de la déstabilisation totale
17:17de nos démocraties. Ça ne se passe pas qu'en France, ça se passe dans toute l'Europe, ça se
17:21passe beaucoup aux Etats-Unis. La prise du capital, ce n'est pas un hasard, ça ne s'est pas fait comme
17:26ça. Aujourd'hui, nos démocraties sont fragilisées et surtout les médias, qui sont les garants de la
17:32fabrication d'une information de qualité, à la fois les médias écrits, mais également les médias
17:36audiovisuels, qui eux sont encadrés, ont des conventions. Ceux qui nous garantissent cette
17:41production de qualité sont totalement déstabilisés et voient leur modèle économique vacillé au profit
17:48d'acteurs qui n'ont aucune obligation de production de l'information et qui, eux, se nourrissent
17:53beaucoup de la polarisation de par leur modèle économique, de la polarisation, du siphonnage des
17:59recettes publicitaires des médias traditionnels et d'une circulation de manipulations, voire de
18:03désinformation. Et c'est là que, véritablement, cette production est en danger et qu'il y a
18:08urgence démocratique. Philippe, quelles sont les pistes à privilégier quand on entend tout ça ?
18:14Est-ce que c'est la régulation avant tout ? Non, c'est la régulation, mais c'est plus
18:20globalement le rassemblement des forces, l'union des forces. À l'échelle nationale ? À l'échelle
18:28européenne aussi, il y a un certain nombre de propositions dans celle des États généraux qui
18:33en appellent à la Commission européenne. Vous avez des exemples à nous donner ? Oui, il y a eu un
18:39règlement européen qui vise notamment la lutte contre la désinformation, qui s'appelle le DSA,
18:45qui est entré en vigueur il y a à peine un an et à peine est-il entré en vigueur, qui,
18:50effectivement, se pose la question de l'intelligence artificielle et de l'impact que ça va avoir dans
18:55la circulation de l'information, voire dans la production de fausses informations, parce que
19:00c'est plus facile de manipuler des images, parce que c'est plus facile de manipuler des sons,
19:05etc. Donc, un danger plus grand est peut-être du coup déjà la nécessité de repenser un acte 2 de
19:14ce règlement DSA pour qu'il soit plus efficace. Mais au-delà, juste pour revenir sur le côté
19:18rassemblement des forces, peut-être pour partir quand même de celui pour lequel tout ça est fait,
19:23qui est à la fin le lecteur, le téléspectateur, l'internaute. Il y a sa part des enfants à
19:28l'école, leur apprendre, leur donner les moyens de savoir consommer, de ne pas se faire tromper ou
19:36duper par des fake news. Ça, c'est de l'éducation aux médias. C'est prévu aujourd'hui un petit peu
19:41dans l'éducation nationale. Un point, c'est sans doute de le rajouter. Il y a un deuxième point
19:45qui est que ceux parmi les jeunes adultes ou les adolescents qui veulent s'informer correctement
19:51et pour ça, acheter des médias payants, sous le cadre des médias payants, ils en aient les
19:56moyens. Et il y a un pass culture qui existe. Une des propositions, c'est de dire qu'une partie de
20:01ce pass culture aille plutôt à des abonnements à des journaux en ligne ou des journaux papier,
20:05peu importe, ou des médias d'information. En tout cas, ce que je veux dire, c'est qu'on part de
20:10choses. Il y en a 200. Nathalie l'a dit. Il y en a 200. À la fin, il y a quelques lignes de force,
20:18celle qui touche aux citoyens et à plus de moyens pour les citoyens, le modèle économique des médias
20:22et quand même aussi, de l'autre côté, le renforcement des moyens de la lutte contre la
20:28désinformation. Et tout ça, de ces trois ou quatre idées forces, se découlaient des pistes. Voilà,
20:34exactement. Nathalie, vous me disiez tout à l'heure que vous avez travaillé sur ce que pourrait être
20:40l'information en 2050. Vous me disiez que vous avez fait trois scénarios, un clair, un entre
20:47deux, un sombre. Est-ce que vous pouvez m'en dire un petit mot ? Alors, au moins, je vous en dis deux sur
20:52cette information en 2050. Évidemment, on a travaillé en interviewant une quarantaine de
20:58personnalités issues du monde militaire, de la défense, issues de la recherche, des médias, des
21:05éditeurs, des journalistes. Donc, on a un panel assez large de ceux qui pensent l'information,
21:11qui travaillent à l'information et comment ils l'imaginent en 2050. Alors, je vous passe la
21:16méthodologie de la création d'une matrice avec cinq chocs que forcément la société va traverser
21:21en 2050. On a mis en évidence, on va dire, je vais vous prendre les deux cas polaires, un scénario qui
21:27est le scénario clair, qu'on a appelé l'âge d'or de l'information, où là, l'information, mais c'est
21:33très intéressant comme résultat, l'information n'est plus un enjeu de prédation capitalistique.
21:38Les pouvoirs publics maintiennent une politique active de régulation et l'éducation aux médias
21:46et à l'information est une des branches de la RSE des entreprises. Et ça, je vous prends trois idées
21:52forces, il y en a beaucoup d'autres, mais pour qu'au moins... C'est le scénario idéal. C'est le scénario idéal, c'est
21:57pour ça qu'on l'appelle l'âge d'or de l'information, mais c'est important parce que la raison que nous
22:01nous sommes posées finalement de ce que l'on veut, quelle est l'information et quelle sera l'information
22:06en 2050, finalement, la question qui est posée, c'est quel monde de demain voulons-nous ? Et donc,
22:12dans ce scénario clair, ce qui ressurgit, c'est que nous avons besoin d'une régulation et d'une
22:17réglementation fortes, que nous avons besoin d'une éducation aux médias qui existe déjà depuis
22:24une quarantaine d'années, qui soit aujourd'hui, qui est déjà très présente. Chaque année, on en met
22:30un petit peu plus, mais on voit bien qu'il faut que l'organisme qui s'appelle le Clémy, qui pilote
22:35cette éducation aux médias, soit beaucoup renforcé et passe à l'échelle. Et puis, effectivement, pour
22:41que le consommateur ne soit pas ce qu'il devient peu à peu sur les réseaux sociaux ou sur les
22:45plateformes, un simple consommateur, mais justement un citoyen et un acteur à part entière. Et pour
22:50pouvoir être un acteur à part entière, il faut savoir ce qu'il y a sous le capot, comment ça se
22:54fabrique, comment je me protège, comment je l'utilise et comment j'en fais un outil de connaissance et
22:59de recherche, parce que c'est quand même le moteur de recherche. Alors, ça, c'est pour la belle
23:04version. Ça, c'est pour la version, en tout cas, celle qu'on espère la plus jolie que l'on souhaite.
23:09Et puis, évidemment, il y a le pendant qui est un monde chaotique où on est allé jusqu'à ce que
23:15l'information soit morte. Donc, il n'y aurait plus d'information. Les médias publics ont totalement
23:21disparu. La réglementation a été délaissée par les pouvoirs politiques et ce sont les grandes
23:26entreprises qui ont récupéré le bébé, si vous me permettez cette expression. Et là, évidemment, on
23:32voit bien que c'est un monde dans lequel on n'a pas du tout envie d'entrer. Le consommateur n'est
23:36plus du tout un citoyen. Il n'est plus arbitre. Il n'a plus son libre arbitre. Ce n'est pas lui qui
23:41choisit son vote. Ce n'est pas lui. C'est celui qui se fait totalement balader. Et c'est intéressant,
23:47finalement, de se dire qu'évidemment, ça ne sera ni l'un ni l'autre et que la réalité se portera
23:51entre les deux. Mais néanmoins, ça permet justement de montrer, de mettre en évidence que
23:55aujourd'hui, le pouvoir politique a les moyens d'actionner sur l'information qu'il veut pour
24:01demain et donc le monde pour nous tous, citoyens, que nous voulons pour demain. Et puis de faire des
24:06scénarios peut-être vous aident également à trouver les clés pour s'orienter vers le scénario
24:11le plus clair, disons. Exactement, pour mettre en évidence quels sont les leviers qu'il faut
24:16actionner. Donc, je pourrais peut-être en retenir deux. Pour moi, il y a véritablement deux leviers
24:22essentiels que j'avais souligné précédemment. Un premier levier qui est clairement celui de la
24:26réglementation, une réglementation à l'échelle européenne, mais également une réglementation à
24:31l'échelle nationale. La loi de 86 qui régit et qui garantit la liberté de communication est
24:36aujourd'hui désuète. Donc, il faut véritablement aujourd'hui, à bras le corps, s'emparer de ce sujet.
24:41Et puis, le deuxième levier qui est indispensable, c'est véritablement le levier de l'éducation
24:47aux médias, à l'information et à la citoyenneté numérique. Merci, on va devoir s'arrêter là
24:52malheureusement. Merci beaucoup Nathalie Sarnac d'être venu. Merci Philippe Bailly d'avoir partagé
24:57votre expérience durant ce chantier des États généraux de l'information. C'est l'heure pour
25:02nous de passer à notre pastille américaine avec Frédéric Rayart, fondateur de l'agence
25:06Fred et Farid et A-Imagination qui nous tient son carnet de campagne depuis New York avec son
25:11oeil de communicant sur la stratégie des deux candidats aux élections américaines. Et Fred,
25:15aujourd'hui, vous allez nous parler de l'importance du ton, de la façon de communiquer justement,
25:20de la façon de parler des deux candidats. Bonjour Rebecca, alors on parle de l'élection
25:26présidentielle américaine sous l'angle de la communication. Et aujourd'hui, je vais vous parler
25:31du ton des deux candidats et des deux parties en fait. Donc le ton, c'est extrêmement important
25:36aux États-Unis. Il y a ce qu'on dit, il y a comment on le dit et comment on le dit est parfois
25:38plus important que ce qu'on dit. Ils prennent ça très, très au sérieux quand ils construisent des
25:42marques, quand ils construisent des institutions, des personnalités médiatiques. Et donc le ton
25:46qu'a choisi le camp démocrate autour de Kamala Harris, c'est vraiment l'ultra-enthousiasme.
25:51Alors c'est exacerbé, c'est-à-dire qu'ils arrivent sur scène en éclatant de rire, même
25:56Valls qui a priori n'est pas du tout comme ça dans la vie, mais il a épousé complètement cette
26:00personnalité de Kamala, parce qu'en fait c'est vraiment autour d'elle, elle est comme ça,
26:03elle a des grands éclats de rire, elle se définit comme une guerrière enthousiaste. Certains adorent,
26:07d'autres détestent, mais en tout cas, ils ont décidé de tout s'aligner derrière elle. Et de
26:11l'autre côté, il y a le camp républicain, alors ça n'a rien à voir. Alors déjà, au niveau du
26:16contexte, ils sortent quand même de la tentative d'assassinat de leur leader, ils sont un peu
26:20traumatisés par ça, et il y a une dimension presque messianique, c'est-à-dire que Trump,
26:24quand il parle, il est presque persuadé d'avoir été sauvé par Dieu de cet attentat. Et donc,
26:30il y a un côté, on est la résistance, on est le camp du bien contre le camp du mal,
26:34on est l'espoir de l'Amérique, on doit tout faire dans cette période dramatique pour « make
26:39America great again », et donc le ton est beaucoup plus solennel et beaucoup plus dramatique.
26:43Voilà, on peut très bien imaginer que le camp démocrate a choisi cet hyper-enthousiasme pour
26:48casser ça, justement. Voilà, en tout cas, c'est très intéressant de voir à quel point les
26:52positions sont polarisées et de voir comment tout ça va évoluer. Merci beaucoup Fred Rayard,
27:02et puis merci à tous de nous avoir suivis. C'est la fin de cette émission, rendez-vous la semaine
27:06prochaine, même heure, même endroit, mais évidemment et surtout partout, dispo en replay
27:12sur toutes les plateformes et sur l'application BFM Business. Et comme chaque semaine, on termine
27:16par notre campagne préférée de la semaine qu'on a sélectionnée avec CB News. Et cette semaine,
27:21c'est une campagne qui rend hommage aux portes périphériques de Paris, qui ont souvent mauvaise
27:26réputation, alors qu'elles sont bien pratiques pour des millions de Franciliens, ces portes. Et
27:31c'est Itch, le VTC, qui franchit toutes ces portes et qui les connaît mieux que personne. Je vous
27:36laisse avec cette campagne signée BTC. Très bonne soirée sur BFM Business.
27:46Une porte, ça parle pas. Mais ça invite. Ça invite à casser les murs, à laisser passer la lumière, à passer derrière, à entrer sans prévenir, sans frapper.
28:00Attendez, juste une question. Pourquoi on dit Grand Paris, quand on a déjà le Grand Bondi, le Grand Saint-Denis, le Grand Ivry ?