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Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Les auditeurs sont invités à réagir, par téléphone ou via les réseaux sociaux aux grandes thématiques développées dans l'émission du jour. Aujourd’hui, il revient sur la mort d'une jeune femme de 24 ans à son domicile, à cause d'une balle perdue.

Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

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Transcription
00:00 - Europe 1 - Pascal Praud et vous.
00:02 0180 20 39 21 c'est le numéro non surtaxé que vous composez pour réagir à l'antenne
00:07 puisque jusqu'à 13h, Pascal Praud vous écoute sur Europe 1.
00:10 - Une femme de 24 ans est morte, vous le savez, après avoir été touchée chez elle dimanche soir par une balle perdue,
00:15 une rafale de kalachnikov tirée à l'aveugle.
00:17 Nous sommes avec José qui nous appelle régulièrement déjà depuis le début de cette émission.
00:23 Bonjour José.
00:24 - Bonjour, c'est Praud.
00:25 - Vous connaissez Marseille, vous connaissez ses quartiers, vous connaissez ses gangs.
00:29 On a l'impression qu'il n'y a plus rien à faire qu'une sorte de fatalité désormais règne sur cette ville.
00:36 Est-ce que vous partagez cet avis ?
00:39 - Il n'y a plus rien à faire ? Pour quelle raison, M. Praud ?
00:41 Parce que vous avez des gens comme Darmanin, Macron et Moretti qui ont du sang sur les mains.
00:49 Tout simplement parce qu'ils ont organisé leur impuissance, leur lâcheté, ils ont consenti à tout ça.
00:55 - Les ministres de l'Intérieur, depuis quelques mois, Gérald Darmanin, c'est 40 ans de laxisme, c'est pas tant lui.
01:01 - Je peux finir, M. Praud ? - Je vous en prie.
01:03 - Ça fait 6 ans qu'ils sont là.
01:05 M. Praud, qu'est-ce que je dis ? Ils ont consenti à leur impuissance, à leur faiblesse, à leur lâcheté.
01:12 Quand vous ne construisez pas des places de prison, quand vous ne construisez pas de centres d'éducation fermés pour mineurs,
01:18 quand vous ne construisez pas des tribunaux pour mineurs...
01:21 - Mais ça c'est la justice, ce n'est pas le ministre de l'Intérieur.
01:23 - Non, d'accord. Mais alors, M. Praud, quand on ne vous donne pas la possibilité de faire ça parce que Macron,
01:30 il a fait esprit de mettre, comme il s'appelle, Moretti, le pur socialiste, et, comme il s'appelle, Darmanin,
01:36 qui brasse du vin, du vide et de l'air pour rien faire, et lui, il aura une décennie de feuilles mortes, ça ne peut pas fonctionner.
01:41 Vous comprenez ce que je veux dire ? Vous consentez à ça, vous comprenez, M. Praud ?
01:45 - Je pense que M. Darmanin n'est pas le responsable, si vous voulez, c'est tout un système depuis 40 ans...
01:51 - Mais, mais, mais... - ... qui n'a pas pris à bras le corps ce sujet.
01:55 - Mais je ne vous dis pas le contraire, M. Praud. Les deux plus... - Mais tous les politiques...
01:57 - Les deux plus gros tragiques de l'histoire qu'on a eus comme président, d'accord ?
02:01 Je ne parle pas de Mittan et tout ça, c'est Hollande et Macron.
02:06 Pourquoi ? Parce qu'ils ont baissé leurs culottes devant ces gens-là.
02:09 Vous comprenez ? Je pleure, moi, chaque fois qu'il y a des dommages collatéraux des femmes de 24 ans.
02:14 Je n'arrive pas à y penser. Comment ils font pour vivre comme ça, eux ?
02:18 Je voudrais savoir. Moi, Darmanin, pour moi, il doit démissionner.
02:21 Il doit démissionner dans le sens... On ne te donne pas les moyens de faire ce que tu veux.
02:25 Si tu es un homme d'honneur qui a un minimum de dignité, tu t'en vas. Vous comprenez, M. Praud ?
02:29 - Il se bat, sans doute, direct, Darmanin, par exemple... - Mais arrêtez, M. Praud, de lui dresser des lauriers.
02:34 Vous voulez que je vous dise ce qui se passe dans les quartiers ? Non, moi.
02:36 - Ah, dites-le moi, oui. Dites-le moi. Dites-moi, ça m'intéresse. - Vous voulez que je vous dise ce qui se passe dans les quartiers ? Non, moi.
02:39 C'est envahi par les OQTF et les sans-papiers. Vous avez des familles qui partent, qui pleurent
02:44 parce qu'elles sont squattées par les OQTF, qui les menacent de mort et tout.
02:49 - Mais M. Lecray, dites-le, comment on fait ? - Ils cherchent quoi, Darmanin ? Ils cherchent quoi ?
02:52 Ils cherchent qu'un jour, ces gens-là, ces OQTF, ces sans-papiers, ces migrants qui arrivent des décomores
02:57 du Mali ou du Sénégal ou je sais pas d'où, ils cherchent quoi ?
03:00 Qu'ils s'attaquent un jour à des familles qu'ils ne font pas et qu'ils ont une carnage ?
03:03 Parce que c'est ça qui peut arriver. Parce qu'il y a des gens qui rigolent pas, moi je vous garantis.
03:06 Vous comprenez ? Que ce soit dans les quartiers nord ou dans les quartiers sud.
03:09 Ils ont consenti à tout ça, M. Pau. Darmanin, j'ai l'impression que c'est le croque-morts de service, hein,
03:15 qui grêne les morts. Il a la palme d'or, lui. Des morts sur Marseille, 40 de morts.
03:20 - Je répète que Gérald Darmanin... - Il y a un minimum de plus de pull. Démissionne !
03:23 - Je suis pas là pour défendre Gérald Darmanin. - Je suis ministre de l'Intérieur. Démissionne !
03:27 Là, il est encore passé ce matin à mes condoléances. Mais t'en as pas marre de faire le croque-morts ?
03:34 - Je pense pour te dire que... - Mais je le supporte plus ! J'ai l'âne contre ces gens-là.
03:39 Je pleure, moi. Vous comprenez ce que je veux dire ?
03:42 - Bon, restez avec lui. - Ils ont pas de structure, ils ont pas d'état d'âme, ils ont pas d'amour propre à ces gens-là.
03:46 Oh ! Ah, mais par contre, ils sont très forts pour les drag queens dans les maternelles, hein, ou les transgenres.
03:51 Là, ils sont très très forts, hein. Mais avec les offres, ben, ils baissent en culottes.
03:55 - José, le sentiment que j'ai, c'est qu'aujourd'hui, la prise de conscience va peut-être exister,
04:03 et que chacun va imaginer des solutions radicales, ce qui n'était pas le cas depuis 40 ans sur ces sujets-là.
04:07 - Vous savez ce qu'il faut faire ! - D'abord, commencez par... Et il en a parlé, d'ailleurs on va l'écouter.
04:12 Pour la première fois, c'est une petite musique qui se met en place, on commence à "attaquer" les consommateurs.
04:18 Écoutez ce qu'a dit Gérald Darmanin, parce que, moi je veux bien qu'on attaque les dealers, etc.
04:23 Mais ceux qui prennent de la cocaïne, ceux qui prennent de la cocaïne, dans tous les milieux, dans tous les milieux,
04:29 ils encouragent les filières, et il va falloir aller peut-être les chercher, ces gens-là.
04:35 Et Gérald Darmanin en a parlé, et c'était pas si fréquent, écoutez.
04:40 - Il y a moins de 10% de Français qui fument du cannabis. Il y a moins de 5% de gens qui consomment de la cocaïne ou des drogues de synthèse.
04:49 Et bien si ces gens arrêtaient de consommer de la drogue, arrêtaient de fumer des joints, arrêtaient de prendre des rails de coke,
04:54 ça peut paraître festif comme ça, mais vous faites naître ce genre de règlement de compte,
04:58 vous faites naître d'exploitation des personnes, d'exploitation des mineurs, des assassinats, le financement du terrorisme,
05:04 le financement de la prostitution, et il y a un lien évident pour chaque citoyen entre consommation d'une matière illicite,
05:09 la drogue, et trafic, et malheureusement règlement de compte.
05:12 Nous sommes très mobilisés pour gagner cette bataille contre la drogue, mais je veux dire que chaque Français, chaque citoyen Français,
05:19 a une part de responsabilité en arrêtant de consommer de la drogue.
05:22 - Et bien il a raison sur ce qu'il vient de dire José, mais Rudy Mana est avec nous aussi, il est porte-parole d'Allianz Police.
05:30 Bonjour M. Mana. - Bonjour.
05:32 - Moi j'ai le sentiment désormais que si on ne prend pas des solutions radicales,
05:39 si on ne change pas complètement notre façon d'opérer, et donc de logiciel, ça perdurera.
05:46 Est-ce que c'est ce sentiment que vous avez également M. Mana ? Bonjour.
05:50 - Bien sûr, vous avez raison Pascal Praud, le logiciel doit être changé en totalité,
05:55 parce que vous savez nous, dans ces cités, moi je suis flic, je suis habitant marseillais,
05:59 et aujourd'hui il faut se dire les choses, j'ai honte pour ma ville, je me dis est-ce que je dois continuer à vivre à Marseille ?
06:07 Parce que c'est tellement impressionnant tout ce qui se passe,
06:10 c'est tellement hallucinant de voir qu'il y a des règlements de comptes quasi tous les jours.
06:14 La procureure de la République l'a dit, on a plus de 100 blessés par balle suite à des règlements de comptes,
06:19 on a 44 morts, c'est du jamais vu quasiment à Marseille.
06:23 Et face à ça, on a des policiers qui luttent avec courage, détermination, et pourtant rien n'évolue.
06:30 On n'a jamais fait autant de saisies de stup', on n'a jamais fait autant de saisies d'art à feu,
06:34 on n'a jamais cassé autant de réseaux de stup',
06:37 et pourtant on n'a jamais eu autant de morts par balle suite à des règlements de comptes.
06:41 Alors vous savez, on nous envoie dans l'arène, et on y va, je vous l'assure,
06:45 parce que tous les policiers de France travaillent avec cœur, ils aiment leur métier.
06:49 Mais aujourd'hui on est arrivé au rupteur, parce que si on y va tout seul dans cette arène,
06:53 on n'y arrivera jamais, on n'y arrivera jamais.
06:55 - Mais qu'est-ce qu'il faut faire ? Parce qu'une fois qu'on a tout dit,
06:58 est-ce qu'il faut criminaliser les consommateurs ?
07:03 Est-ce qu'il faut prendre des sanctions nouvelles pour les dealers ?
07:10 C'est-à-dire que la deuxième, troisième ou quatrième fois qu'ils sont pris,
07:13 on fait comme aux États-Unis, ils ne sortent plus.
07:15 Voilà, ils ne sortent plus.
07:17 Donc c'est simple, à la cinquième infraction, tu ne sors plus, c'est tolérance zéro.
07:22 Est-ce que vous avez des idées de solutions
07:27 pour quelque chose qui nous paraît précisément sans solution ?
07:31 - Ecoutez, moi je pense que là, je m'expliquerai,
07:34 mais la solution c'est restaurer l'autorité de l'État.
07:36 Comment on restaure l'autorité de l'État ?
07:38 Primo, effectivement, je suis assez d'accord avec le ministre de l'Intérieur,
07:41 s'il n'y a pas de consommateurs, il n'y a pas d'acheteurs.
07:43 Sauf que les consommateurs, depuis trois ans, nous les policiers,
07:46 avec la création de l'amende forfaitaire délictuelle, cette fameuse AFD,
07:50 on essaye de lutter avec cette arme-là.
07:51 Et puis on nous dit qu'il n'y a que 35% des gens qu'on interpelle
07:55 et à qui on met une amende forfaitaire, qui payent ces contraventions.
07:58 Déjà, il y a un premier problème.
08:00 Ça veut dire qu'il y a 65% qui passent au travers des gouttes.
08:03 Donc oui, il faut davantage taper sur les consommateurs.
08:07 La deuxième chose, si on veut lutter contre ces trafics de stups,
08:10 mais c'est une approche globale qu'il faut avoir.
08:12 C'est-à-dire que ce n'est pas normal qu'en France,
08:13 on ait des gamins de 13, 14, 15 ans qui soient embauchés dans ces trafics de stups
08:18 et qui ne soient pas à l'École de la République.
08:19 On doit restaurer aussi l'autorité de l'école, des profs.
08:23 - J'entends bien, mais comment ?
08:25 Tout le monde est d'accord avec ce que vous dites, mais comment ?
08:29 - Écoutez, il faut que chacun se prenne en main.
08:31 Il faut qu'on ait un désir politique.
08:35 Il faut qu'à un moment donné, tout le monde mette les mains dans le cambouis.
08:38 Parce que j'ai l'impression qu'aujourd'hui, les seuls qui mettent les mains dans le cambouis,
08:41 ce sont les flics de France.
08:43 Et aujourd'hui, on a besoin de tout le monde.
08:46 Alors bien sûr que c'est facile après, d'autant plus que les flics de France,
08:49 pardon, mais les flics de France, ensuite, quand ils ont rétabli l'ordre,
08:51 comme on a pu le voir pendant les émeutes,
08:53 pendant la guérilla urbaine qu'on a subie,
08:55 encore une fois, Marseille a été l'épicentre.
08:57 Et puis derrière, qu'est-ce qui se passe ?
08:59 C'est les flics de France qui vont en prison.
09:01 C'est les flics de France qui sont mis à l'examen.
09:03 - Je rappelle effectivement que le policier qui a tué Nahel est toujours en prison
09:09 et qu'on peut considérer que ce n'est pas sa place qu'il soit en prison.
09:13 Puisqu'il n'échappera pas à la justice, par définition,
09:19 il a toutes les garanties pour être présent durant l'instruction.
09:23 Et j'ai appris également, ce qui m'avait beaucoup choqué,
09:25 c'est que le juge d'instruction, depuis le mois de juin,
09:29 ne l'a toujours pas entendu une seule fois.
09:32 J'ai envie de dire que ce policier croupit dans une prison de France,
09:36 ce qui ne me paraît pas sa place.
09:38 - Vous avez tout à fait raison de le dire.
09:40 Et vous savez, quand on est flic de terrain,
09:42 vous parlez de ce collègue de Nanterre, qui effectivement, c'est une réalité ce que vous dites.
09:46 Puis on a eu le collègue de la BAC de Marseille,
09:48 qui a passé 43 jours en prison.
09:50 Alors, comme vous le dites si bien, il aurait eu des garanties de représentation,
09:54 il serait présenté au juge, et il n'aurait pas pris la fuite au Venezuela.
09:58 Parce que les flics, ce n'est pas des voyous.
10:00 Les flics, ce n'est pas des délinquants.
10:02 Les flics, quand ils rentrent dans la police, c'est pour garantir la paix.
10:06 Gardien de la paix, M. Prot.
10:08 On est des gardiens de la paix, et on est fiers de ce terme-là.
10:10 On a envie de garantir la paix publique.
10:12 Sauf qu'aujourd'hui, on n'a pas les moyens.
10:14 On n'a pas la sécurité juridique pour le faire.
10:18 On est en insécurité juridique.
10:20 Déjà, ça, ça sera un premier point.
10:22 Et puis, de grâce, redonnons du sens à notre travail.
10:25 Et le sens à notre travail, on le donne quand un policier interpelle des mecs.
10:29 Il faut que ce mec, il soit condamné, qu'il ait une sanction pénale.
10:32 Et que cette idée d'impunité n'existe plus en France.
10:38 C'est ça dont ont besoin les policiers aujourd'hui.
10:40 Parce que je vous assure que le moral, et vous le savez, M. Prot,
10:43 le moral est au plus bas dans la police.
10:45 On n'a jamais eu autant de démissions.
10:47 On n'a jamais eu autant de gars qui veulent partir.
10:49 J'entends, M. Mana, et je rappelle que vous êtes porte-parole à Alliance Police
10:52 et qu'on peut vous écouter à l'instant même à 11h28 sur Europe 1.
10:57 Mais lorsque, parallèlement à ce que vous dites,
11:00 j'apprends que le syndicat de la magistrature sera ce week-end à la fête de l'humanité,
11:04 que ce syndicat participera à des tables rondes
11:07 dont les intitulés ne laissent aucun doute sur le parti pris des logiques,
11:10 comment le mouvement social peut-il faire face aux violences policières,
11:14 je suis un peu inquiet, évidemment, pour la justice de France
11:18 quand le garde des Sceaux laisse faire ça.
11:22 Et il ne peut pas faire autrement, puisque c'est un syndicat de la magistrature
11:27 qui a tout pouvoir, en France en tout cas, qui a un pouvoir d'influence important,
11:32 mais qui surtout est autorisé.
11:34 On pourrait imaginer que les magistrats ne soient pas syndiqués.
11:39 Je rappelle qu'un magistrat, a priori, doit être impartial et ne fait pas de politique.
11:43 Ce qui n'est pas le cas manifestement avec ce syndicat de la magistrature.
11:46 La pause, on revient à tout de suite.
11:49 Europe 1, Pascal Praud.
11:51 Merci de nous rejoindre sur Europe 1, Pascal Praud et vous,
11:54 on vous accompagne jusqu'à 13h et on vous donne la parole, c'est votre émission,
11:57 vous appelez au 01 80 20 39 21, Pascal.
11:59 Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, était l'invité ce matin de Sony à Mabrouk,
12:03 à 8h10 sur Europe et sur CNews également.
12:07 Il a évoqué cette situation des dealers.
12:11 Ce qui est en train de se passer, c'est qu'on dérange les dealers dans les quartiers.
12:15 On mobilise, vous le voyez, les CRS 8 dans les quartiers des villes,
12:18 on mobilise, on ajoute des forces de police,
12:20 il y a une lutte qui est acharnée contre la drogue et contre le trafic.
12:24 Nous faisons reculer le trafic, il y a des points de vente qui sont supprimés
12:27 tous les jours dans des grandes villes, prenez l'exemple de Marseille,
12:29 puisqu'il s'agit de Marseille, il y a des dizaines de points de vente
12:31 qui ont été supprimés et qui n'ont pas été rétablis sur place,
12:35 avec l'action des forces de police et de sécurité intérieure.
12:38 On va continuer à le faire. C'est une lutte, encore une fois,
12:41 qui n'est pas un problème franco-français, mais qui est particulièrement aiguë
12:43 dans certains quartiers des villes.
12:45 - Je vois peut-être un élément de langage, parce que Gérald Darmanin disait la même chose,
12:48 c'est-à-dire que le gouvernement dit "comme on dérange les dealers,
12:52 ils se sont un petit peu déplacés, et cette femme qui est morte
12:55 peut être une des conséquences de ce déplacement".
12:58 Rudy Mana, vous avez écouté le porte-parole du gouvernement,
13:02 est-ce que vous partagez cet avis ?
13:04 Est-ce que la politique est assez offensive ?
13:07 - Il a raison, on lutte avec acharnement, les policiers luttent vraiment
13:12 avec acharnement contre ces trafics de stups.
13:14 Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, on n'a jamais serré autant de délinquants
13:18 qui sont dans les trafics de stups, et jamais saisi autant de produits.
13:21 Mais vous savez, pour la fermeture des points de stups, bien sûr que quand on y est tous les jours,
13:24 les mecs ne sont pas débiles non plus, ils ferment ce point de stup,
13:28 mais souvent ils essayent de le réouvrir ailleurs.
13:31 Parce que pour ce drame qui s'est passé hier, et croyez bien que quand on est flic
13:34 et qu'on arrive des premiers sur un drame comme ça, pour cette jeune femme de 24 ans
13:38 qui se trouve à son domicile, dans sa chambre, et qui prend une balle dans la tête d'une arme de guerre,
13:44 c'est horrible pour un policier d'arriver sur une scène comme ça.
13:47 Et on voit que ce quartier, je vous assure, c'est un quartier plutôt tranquille de Marseille.
13:52 C'est un quartier qui est très bien fréquenté, c'est pas une cité sensible.
13:56 Et quand on voit que les délinquants viennent là, quand on voit que ces voyous,
13:59 que ces fous furieux viennent là pour tirer à l'arme de guerre,
14:02 on peut penser que c'est des points de stup qu'ils veulent récupérer.
14:05 Parce qu'au départ, ils tirent sur un lieu où il y a une implantation de points de stup.
14:09 J'appelle ça la terrorisation de ces points de stup.
14:12 - Bon, ils n'ont pas été interpellés, bien sûr.
14:14 - Non, pas encore.
14:15 - L'enquête est en cours sans doute, et ça ne doit pas être simple, j'imagine, de les interpeller.
14:19 - Bien sûr, la police judiciaire marseillaise, vous avez bien compris, Pascal Praud,
14:23 qu'elle a un boulot gigantesque, parce qu'on a à peu près un mort tous les deux jours.
14:26 Donc, effectivement, elle fait un travail remarquable.
14:29 Je crois que l'année dernière, les statistiques, c'était un tueur sur deux avait été interpellé.
14:33 - Mais il y a des pistes, par exemple, dans cette affaire, précisément.
14:35 Est-ce qu'on sait, est-ce qu'on peut savoir, à votre avis,
14:38 est-ce que celui qui a tué, ou celle qui a tué d'ailleurs, sera retrouvé ?
14:42 - Moi, je crois qu'on va arriver à le retrouver.
14:45 Vous savez, ce sont souvent des équipes qui se structurent, des équipes de flingueurs.
14:51 Parce qu'il faut se dire les choses.
14:52 Je crois que la PJ marseillaise a déjà chopé 5 équipes de flingueurs cette année.
14:57 5 équipes hyper bien structurées, des commandos qui tuent pour des règlements de comptes.
15:03 Parce que ça existe.
15:04 Ça existe à Marseille, ça existe en France.
15:06 Il faut le savoir.
15:07 Donc, la PJ travaille d'arrache-pied.
15:09 Je crois qu'on arrivera à les retrouver.
15:11 Il faut juste leur laisser le temps de l'enquête.
15:14 Et croyez bien que ce sont des mecs formidables et qui trouveront ces satanés tueurs.
15:19 - Merci beaucoup, Rudy Manin.
15:20 Vous êtes porte-parole de Alliance Police.
15:22 Et vous interveniez ce matin, évidemment, sur ce thème.
15:25 Comment lutter contre le trafic de drogue.
15:27 Nous sommes avec Sébastien, toujours à Marseille, qui est chauffeur de taxi et qui connaît sans doute très bien les cités et ces endroits où on deal.
15:36 Bonjour Sébastien.
15:38 - Bonjour Monsieur Prot.
15:39 - Et merci d'être avec nous.
15:40 Quel témoignage vous pouvez nous apporter sur les points de deal à Marseille ?
15:44 - Alors, déjà, moi je voulais intervenir.
15:47 C'est vrai que le quartier où ça s'est passé, c'est un quartier qui, dans l'ensemble, est relativement calme.
15:52 On n'est pas gangrené comme dans le quartier Nord, puisque ce n'est pas le quartier Nord.
15:55 On sait qu'il y a des points de deal.
15:57 C'est un quartier où on arrive encore à passer tranquillement.
16:00 On n'est pas forcément fouillé.
16:02 - Qu'est-ce qu'on vous appelle fouillé ?
16:04 - Ah ben, moi je sais qu'en tant que taxi et dans les ambulances avant, parce que je suis ambulancier,
16:10 quand on rentrait dans le quartier Nord, dans certaines de nos cités, c'était ouverture de l'ambulance, ouverture des voitures, du coffre,
16:17 pour voir si personne ne se cache dedans, si, quand je parle personne, c'est la police.
16:22 - Donc c'est-à-dire que c'est les dealers qui faisaient la fouille ?
16:26 - Alors, je vais pas le dire en même temps, mais les guetteurs, voilà.
16:30 C'est-à-dire que quand vous arrivez, et que vous arrivez face à un mur,
16:33 parce que quand on arrive dans des cités comme les Rosiers, puisqu'elle est très très défavorablement connue,
16:39 quand vous arrivez et que vous avez des gravats de partout, des poubelles, des frigos,
16:43 vous êtes obligé de manœuvrer pour pouvoir essayer de rentrer dans la cité pour aller travailler.
16:47 Parce que, bon, moi je ne fume pas, je n'ai jamais fumé, je n'ai jamais touché aucune drogue,
16:52 mais par contre, je suis obligé de rentrer dans ces quartiers pour aller chercher mes patients ou amener les clients.
16:57 - C'est-à-dire que vous acceptez encore, parce que j'imagine qu'il y a des confrères à vous, des collègues à vous,
17:02 qui ne veulent même plus aller dans ces cités à Marseille.
17:05 - Ah oui, il y en a qui ne veulent plus rentrer.
17:08 - Mais vous, vous y allez ?
17:09 - Quand j'arrive à rentrer, oui.
17:12 - C'est-à-dire que parfois vous ne pouvez même pas rentrer ?
17:15 - Non, il y a deux mois de cela, j'avais un patient qui sortait de chimiothérapie,
17:22 j'étais obligé de le laisser à 500 mètres de chez lui parce que je n'ai pas pu rentrer dans la cité.
17:26 - Et vous cherchez à négocier avec les guetteurs ?
17:29 - Non, non, non, sincèrement non. De toute façon, mon patient qui était avec moi, il m'a dit "laisse-moi là".
17:36 Donc je l'ai laissé, je ne cherche même pas à négocier parce que je vais essayer de rentrer. Pourquoi ?
17:41 - Et ces guetteurs ont quel âge ?
17:43 - Jeunes, jeunes, entre 15 et 20 ans.
17:48 Quand on arrive à les identifier, parce que souvent grâce au Covid, ils avaient tous le masque,
17:54 les cagoules, les capuches même en plein été, c'est très bien organisé.
18:01 Ils font leur petit feu pour se réchauffer l'hiver quand il fait froid, ils ont leur parasol quand il pleut.
18:06 C'est très bien organisé.
18:08 - Vous ne pouvez pas rentrer et moi ça me fait très mal parce que Marseille c'est une ville magnifique.
18:14 Régulièrement on parle ensemble de Cassis, du Vieux-Port, de la Corniche, des plages, des calanques, c'est magnifique.
18:21 Et en fait, ce n'est pas Marseille.
18:23 Marseille, c'est malheureusement les quartiers Nord, c'est ce trafic de drogue.
18:27 Et les dilats, on trouve de toute façon toujours des moyens.
18:30 Ils avaient créé le "cheat drive", vous allez rester directement à la portière de votre cheat.
18:36 Les livraisons de drogue par scooter, ils arrivent toujours à trouver une solution.
18:42 C'est désastreux de voir ces quartiers-là à l'abandon et c'est eux qui détruisent le quartier
18:48 et qui le rendent complètement pourri parce qu'il n'y a pas d'autre mot.
18:52 C'est des tabotonis, je comprends que les gens ne veulent pas investir, ne veulent pas reprendre possession des quartiers.
18:59 - Merci beaucoup Sébastien de ce témoignage parce que vous êtes chauffeur de taxi,
19:02 donc vous êtes en prise directe avec le terrain et ce que vous nous dites, on le sait d'ailleurs.
19:07 Vous témoignez d'une réalité qu'on connaît, des taxis fouillés, des taxis qui ne peuvent pas entrer dans les cités,
19:13 des points de deal gardés par des jeunes de 15 ans.
19:17 Mais c'est toujours aussi effrayant d'entendre un témoignage comme celui-là.
19:20 Il est 11h39, dans quelques instants on va marquer une pause.
19:23 Mais, monsieur Olivier Guenec est là.
19:26 Monsieur Olivier Guenec est l'homme de la page Facebook qui a créé cette page Facebook.
19:31 - A combien d'ailleurs ? - On est presque à 1500 personnes dessus.
19:35 - 1500, donc en gros c'est 500 par jour. - A peu près.
19:39 - On a dit qu'à peu près, donc 500 par jour, ça fait 5000 en 10 jours.
19:45 - Ça fait exactement 5000 en 10 jours. - Ça fait donc 10 000 en 20 jours.
19:49 - Oui c'est ça. - Donc à mon avis, la page Facebook pourrait être à 10 000 dans une vingtaine de jours.
19:54 - Donc dans une vingtaine de jours, vous me payez un dîner avec un auditeur.
19:57 - C'est quand même faux ça à la vie. - Moi je le paye, je le paye.
20:01 Mais si c'était une auditrice, évidemment, ça pourrait être plus intéressant pour vous.
20:06 - Ah ben oui, forcément. - Mais c'est le hasard qui dira.
20:09 - La mort de Dieu ! - Ça posera sur notre destin.
20:13 Et imaginez que cette dix-millième personne, c'est la femme de ma vie.
20:18 - Ça serait formidable. - Ça serait incroyable.
20:20 - Eh bien moi je vous paye un dîner dans un bel endroit de Paris.
20:23 - Oh, merci beaucoup. - Exactement.
20:25 - On tourne là, c'est enregistré. - Je ferai une note de frais.
20:27 - On est en direct ? - Je ferai une note de frais.
20:31 Non mais vraiment, on le dit aux auditeurs, auditrices.
20:34 - Ah mais c'est fou, merci beaucoup, c'est un rêve qui se réalise.
20:36 Bon, allez-y, c'est parti, les réseaux sociaux.
20:39 Pour Éric, il faudrait un jour qu'on affronte le problème au lieu de ne pas vouloir s'en occuper.
20:44 Annie écrit "L'État le sait mais ne fait rien car c'est une économie dont on dépend maintenant."
20:50 On finit avec Yasmine, "Comment peut-on laisser des quartiers entiers devenir une jungle incontrôlable ?"
20:54 Vous dites bien à votre mère de ne pas s'inscrire en dix-millième auditrice.
21:00 - Ni ma mère, ni mes zouzous, ni personne. - Mais mes zouzous, je le dis pour les auditeurs qui ne connaissent pas, c'est votre grand-mère.
21:07 - Exactement, oui, oui. Ah non mais ça ne m'arrangerait pas. - Non, non, non.
21:10 - Franchement, non, non, mais elle serait capable. Parce que vous savez qu'elle me contrôle, elle me surveille.
21:15 - Ne dire pas gratos, personne n'est con dans la famille Boubouk.

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