"Tata Yoyo" raconté par Guy Calier.
Guy Carlier raconte une chanson, chaque matin sur Sud Radio.
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##RACONTE_MOI_UNE_CHANSON-2023-08-10##
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Transcript
00:00 *musique*
00:15 Raconte-moi une chanson, Guy Carlier.
00:18 Bonjour Guy.
00:19 Bonjour Guy.
00:20 Bonjour Marilyn, bonjour Benjamin, bonjour à tous.
00:24 Annie Cordy était une dame polie, elle avait la politesse du désespoir,
00:28 elle avait décidé d'être définitivement joyeuse et de partager son optimisme
00:33 et sa joie de vivre avec les autres, c'était sa façon de remercier le public
00:37 qui l'avait fait vedette.
00:39 Je rencontrais un jour où on m'avait demandé de lui écrire un duo avec Enrico Macias
00:43 pour une émission de télé de Patrick Sabatier.
00:46 Alors j'avais trouvé une idée dont j'étais très fier,
00:48 la chanson s'intitulait "L'étoile du Nord et la Croix du Sud",
00:51 vous avez compris, Annie c'était l'étoile du Nord, Enrico la Croix du Sud,
00:55 le symbole occuménique et le refrain disaient "quand on regarde vers le ciel
00:59 en oubliant nos certitudes, on voit briller d'un même soleil
01:03 l'étoile du Nord et la Croix du Sud".
01:04 J'en étais vraiment très fier, très content.
01:07 Je donne le texte à Annie Cordy qui me dit "oh là là, c'est beau,
01:11 mais si on fait un duo avec Enrico, c'est pour délirer,
01:14 c'est ce que le public attend, ils ont envie de s'amuser, tu comprends ?
01:17 Il faut qu'Enrico parle de couscous, moi de frites,
01:20 il faut que tu mettes aussi le mot "shashouka", c'est rigolo ça, la shashouka".
01:23 J'étais un peu déçu et je suis revenu avec un texte où elle disait
01:27 "quand la shashouka m'appelle, je mange du couscous à Bruxelles".
01:31 Elle était ravie, elle s'est mise à chanter "quand la shashouka nous appelle".
01:35 Aïe ! Oui, elle avait mal car elle souffrait beaucoup,
01:38 elle était tombée la veille et s'était cassé le coccyx
01:41 et malgré la douleur, elle n'avait pas annulé le gala prévu le lendemain en Bretagne
01:46 qui lui promettait donc plus de 4 heures de voiture, le coccyx pété.
01:49 Elle disait "oui mais ça fait rien, je chante dans un palais des congrès
01:53 qui est complet depuis des semaines, je ne voudrais pas les décevoir".
01:56 Tu vois, dans un palais des congrès, la semaine dernière, il y avait la foire aux cochons.
02:00 C'est mon public, j'en suis fier et je ne vais pas les emmerder avec des chansons dramatiques.
02:05 C'est la moindre dépolitesse. De toute façon, je ne sais pas faire dans le drame.
02:08 Tu vois, par exemple, "quand Brayl écrit "ne me quitte pas, laisse-moi devenir l'ombre de ton chien",
02:13 moi ma chienne, elle s'appelle Pépette, je ne vais quand même pas chanter "laisse-moi devenir l'ombre de Pépette".
02:19 On dit que les chants désespérés sont les chants les plus beaux, mais crois-moi,
02:23 c'est plus difficile de chanter "tata yo yo" que "ne me quitte pas".
02:28 Quand Annie Cordy nous a quittés, Jean-Pierre Foucault a déclaré
02:32 "elle est partie au paradis des enchanteurs des samedis soir télévisés, retrouvés Carlos et Henri Salvador".
02:38 Oui, ça c'est son truc, Jean-Pierre Foucault, la métaphore paradisiaque.
02:42 Il la ressort à chaque fois qu'en France Gallée morte, elle est partie retrouver Michel Berger au paradis blanc.
02:47 Quand Birkin nous a quittés récemment, elle est partie retrouver Gainsbourg.
02:50 Il a déjà préparé Sylvie Vartan qui ira retrouver Johnny.
02:53 Mais là où il a raison, Foucault, c'est qu'Annie Cordy est sans doute au paradis de ceux
02:58 qui font danser et qui sauvent la fin des fêtes de famille, qui viennent nous sauver lorsqu'on est assis,
03:04 par exemple, à côté d'un oncle bourré qui ne nous lâche pas, qui est en boucle sur les ronds-points.
03:09 Non mais tu te rends compte, ils ont foutu 9 ronds-points sur la départementale 765 contre Romorantin et Chauverny.
03:15 9 ronds-points et tu sais pourquoi ? Juste pour éponger l'excellent budgétaire.
03:20 C'est dingue, tu m'écoutes ? Et à cet instant, la chenille qui vient de démarrer sur Tata Yo-Yo
03:26 passe devant vous et vient vous sauver la vie en vous happant au passage.
03:30 Et c'est ça le génie d'Annie Cordy, de nous sortir la tête des emmerdements.
03:33 Alors ce matin, je vais faire passer la chenille devant vous.
03:36 Vous allez oublier vos ennuis car à partir de maintenant, rien n'est plus important
03:41 que de savoir ce qu'il y a sous le grand chapeau de Tata Yo-Yo.
03:46 Qu'est-ce qu'il y a sous ton grand chapeau ?
03:50 Tata Yo-Yo, dans ma tête il y a des tatouages.
03:57 Tata Yo-Yo, on m'a dit qu'il y a même un gros lot.
04:05 Mais moi, j'aime ça quand ça fait ding-ding-ding-ding-ding comme une samba.
04:12 J'ai mon bohac, mon vieux chapeau, ma robe à fleurs et mon mugot, mon parasol.
04:21 Et mes foussiles et une poussole sur mon envoy.
04:26 Les Brésiliens m'ont surnommé la folle de Rio, mais les enfants me donnent un nom plus rigolo.
04:33 Oh oh oh, Tata Yo-Yo, qu'est-ce qu'il y a sous ton grand chapeau ?
04:41 - Et ça fait du bien d'entendre ça. - Ah oui, c'est bon de l'entendre.
04:44 - Quelle formidable femme en tout cas. - Oui.