Tous les soirs et pendant tout l'été, les invités de #HDProsEte débattent des grands thèmes de l'actualité
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00:00 Bonsoir à tous, bienvenue dans l'heure des pros 2. Avec moi pendant une heure pour m'accompagner Michel Taubes, bonsoir.
00:06 Vous êtes fondateur Opinion Internationale Olivier Dardigolle, rebonsoir. Vous étiez là déjà.
00:11 Chroniqueur politique et Lucas Jakubowicz, bonsoir. Vous êtes journaliste et rédacteur en chef chez Decider Magazine.
00:16 On va ouvrir cette heure des pros avec les suites de l'affaire Eddy à Marseille.
00:21 Vous en souvenez, un certain nombre de policiers s'étaient mis en arrêt maladie.
00:25 Il y a eu ensuite les menaces de refuser leur arrêt maladie ou d'avoir des sanctions et des retenues sur salaire.
00:31 On va prendre justement un petit pouc de la situation sur place avec vous.
00:34 Rudy Mana, bonsoir. Vous êtes porte-parole du syndicat policier Alliance Sud.
00:38 Rudy Mana, nos confrères de RTL nous disent que certains de vos collègues à Marseille ont certes repris le travail,
00:43 mais à minima qu'ils ne sortent pas le LBD, qu'ils font attention à ne pas procéder à des interpellations qui sont violentes.
00:50 Est-ce que c'est aussi les remontées que vous avez sur le terrain ?
00:53 Oui, effectivement. Bonsoir à tous. Effectivement, on a pas mal de collègues aujourd'hui qui ont repris le travail,
00:59 je vous le confirme, mais qui se sentent en totale insécurité juridique.
01:03 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ils se disent qu'on a rétabli l'équilibre en France,
01:09 on a arrêté ces violences urbaines, cette guérilla urbaine.
01:14 Quand il y a des refus tempérés, on prend des risques inconsidérés pour essayer de stopper ces individus qui sont prêts à tout
01:21 et qui parfois blessent des gens dans la rue ou des piétons avec les risques qu'ils prennent.
01:28 Et en fait, quand il y a quelque chose qui ne va pas, ça retombe sur le policier.
01:32 Donc en fait, cette insécurité juridique que nous demande de faire la police dans son sens global
01:38 est difficile à entendre pour les policiers de terrain aujourd'hui.
01:42 Donc ils vont continuer à faire leur travail, bien évidemment, sur des appels d'urgence, bien sûr qu'ils vont intervenir,
01:47 bien sûr qu'ils auront interpellé des individus si ils sont extrêmement dangereux pour autrui.
01:53 Mais clairement, nous Allianz, on leur demande de faire attention, de prendre toutes les précautions d'usage
01:59 pour éviter justement de se mettre en insécurité juridique.
02:02 Et donc concrètement, Rudy Menas, ça veut dire quoi ?
02:04 Ça veut dire que l'un de vos collègues sous couvert d'anonymat, bien sûr, à RTL, explique
02:08 "on ne sort plus le LBD du placard ni les grenades défensives.
02:10 Si on a un individu trop menaçant à interpeller, tant pis, on fera marche arrière".
02:14 Ça veut dire que c'est ça aussi concrètement aujourd'hui l'état d'esprit des policiers, de se dire
02:18 "aucun risque, donc on ne prend pas une partie du matériel avec nous
02:21 et on évite toute interpellation qui pourrait devenir violente éventuellement".
02:26 On l'a bien vu pendant les émeutes et les violences urbaines qu'on a vécues pendant 5 jours.
02:32 Les individus nous jetaient des cocktails Molotov, nous jetaient des mortiers d'artifice.
02:37 Et nous, il fallait bien qu'on trouve une solution pour rétablir l'ordre public,
02:41 pour interpeller ces individus et pour éviter le maximum de pillages.
02:45 Parce qu'on peut dire que les centres-villes de toutes les grandes villes de France
02:49 ont été mises à feu et à sang.
02:51 Donc effectivement, on utilisait le LBD, on utilisait des grenades de désencerclement,
02:56 mais malheureusement, quand vous utilisez ces armes,
03:00 ça peut blesser gréavement des individus, des individus qui pour le coup
03:04 créaient des émeutes ou créaient des violences.
03:07 Et à la fin de l'histoire, on a pu s'en rendre compte sur quelques affaires,
03:10 en tout cas pendant ces épisodes-là.
03:12 C'est les policiers qui trainent, c'est les policiers qui vont en garde à vue,
03:15 c'est les policiers qui sont tenus par l'UGTN et parfois, c'est les policiers qui vont en prison.
03:19 Donc aujourd'hui, il faut faire très attention parce que vous savez,
03:22 nous on aime notre métier passionnément, on le fait pour le peuple de France.
03:25 Mais on a envie aussi de rentrer le soir à la maison, revoir nos femmes, nos enfants
03:30 et leur apporter aussi le salaire qui leur permet de vivre.
03:33 Et concrètement, combien de temps ça peut durer selon vous cette situation
03:37 de se dire on est entre guillemets à minima, vous le disiez, bien entendu,
03:40 vous assurez les urgences, mais de se dire on prend le moins de risques possibles,
03:45 est-ce que c'est tenable en fait sur le long terme ?
03:48 Bien sûr, parce qu'il faut bien comprendre que les interventions,
03:52 toutes les interventions d'urgence, quand il faudra prendre des risques
03:55 pour sauver la veuve et l'orphelin, on le fera.
03:58 Le souci c'est qu'on n'utilisera peut-être pas les armes non létales
04:03 qu'on nous met à disposition parce qu'on se rend compte qu'en utilisant
04:07 ces armes non létales, parfois les policiers sont mis en difficulté juridique.
04:12 Parfois les policiers, ou souvent les policiers sont entendus par l'IGPN,
04:16 ils sont placés en garde à vue et parfois ils sont même placés en détention provisoire.
04:20 C'est dans ce sens que je vais vous expliquer ce qui va se passer.
04:23 Clairement, on prendra les risques nécessaires pour sauver une dame
04:28 qui se fait violenter par son époux, on prendra les risques nécessaires
04:31 pour interpeller un individu qui a arraché le colis à une mamie,
04:35 mais ce que je veux vous dire c'est qu'on ne va pas prendre tous les risques
04:38 s'il y a des nouvelles émeutes, s'il y a des nouveaux mouvements sociaux d'importance.
04:42 On ne va peut-être pas prendre tous ces risques, on ne va peut-être pas utiliser
04:46 tous ces grenades de désencerclement et ces lanceurs de balles de défense
04:51 parce qu'on sait que derrière, souvent, c'est le policier à qui on a donné l'ordre,
04:55 parfois de le faire, qui est embêté.
04:57 Rudy Mana, vous restez avec nous, je voulais juste qu'on entende aussi mes invités.
05:01 Michel Taubes sur cet "équilibre compromis" qui est trouvé par les forces de l'ordre,
05:06 on peut l'entendre, on assure le service et la sécurité des Français.
05:10 En revanche, on ne veut pas prendre le moindre risque pour ne pas se retrouver
05:13 en détention provisoire ou ne pas encore avoir des émeutes,
05:17 comme on a pu le voir ces derniers mois.
05:18 Écoutez, on est quand même dans une situation paradoxale.
05:21 J'ai envie de dire que les insoumis sont en train d'obtenir, d'atteindre leurs objectifs.
05:27 Leur objectif, c'est de désarmer les policiers et d'entendre un policier,
05:30 des policiers annoncer qu'ils vont en partie, je dis bien en partie, se désarmer
05:35 en refusant d'employer des armes non létales, c'est d'une part fortement les affaiblir
05:40 dans l'exercice de leurs fonctions, parce que ces armes non létales
05:43 ne sont pas n'importe quelles armes, elles sont utiles dans certaines circonstances.
05:47 Pour protéger aussi ces policiers d'ailleurs.
05:49 Voilà, au maintien de l'ordre.
05:50 Et donc effectivement, moi je trouve qu'il y a un affaiblissement de la fonction d'assurance
05:57 de la sécurité publique collective dans les conséquences des émeutes.
06:01 Mais j'aimerais ajouter tout de suite la chose suivante, c'est que les policiers
06:05 sont en train dans un état de fatigue, d'épuisement, de colère, de non reconnaissance
06:10 par la société politique, homédiatique j'ai envie de dire,
06:13 parce que les français sont très largement derrière eux,
06:16 qui expliquent qu'on en est arrivé à la situation d'aujourd'hui.
06:19 Et les seuls qui ont les éléments de réponse à la demande de reconnaissance des policiers,
06:25 c'est l'État, c'est le pouvoir.
06:27 Or Gérald Darmanin a reçu de façon très forte, il les a soutenus il y a 15 jours
06:33 les deux patrons de la police nationale, Laurent Nunez et le directeur de la police nationale,
06:38 puis les syndicats, et en fait il leur a tenu un discours qui manifestement
06:44 les a satisfaits, qu'en partie, mais dont les réponses très concrètes
06:48 aux demandes des policiers, notamment en matière de sécurisation
06:51 de leur statut juridique, ne dépendent pas de Gérald Darmanin.
06:54 Elles dépendent du pouvoir exécutif d'Emmanuel Macron,
06:57 elles dépendent peut-être d'une réforme législative, d'une modification de la croix pénale
07:01 pour protéger davantage les policiers dans l'exercice du monopole de la violence légitime.
07:07 Et donc là-dessus, ils n'ont pas été entendus.
07:09 Et je pense que le seul moyen pour que les policiers sortent de cette grève larvée
07:14 ou de ce service minimum, c'est de tirer les conséquences en matière de sécurité,
07:20 pas que sur le plan social, mais en matière de sécurité,
07:23 et ça c'est aux politiques de prendre le relais.
07:25 Et dernier petit point, je voudrais dire, quel autre paradoxe que de voir hier
07:30 le ministère de l'Intérieur, tout fier, publier les statistiques des violences
07:35 commises au mois de juillet, qui font apparaître une baisse de la délinquance
07:39 dans notre pays, mais pour une raison purement arithmétique,
07:42 c'est que comme depuis début juillet, il y a une grève du zèle de la part des policiers,
07:46 cette politique du chiffre, elle a forcément diminué.
07:50 Mais le paradoxe, c'est que ça entraîne, soi-disant, un affichage d'une baisse de la délinquance.
07:55 Non, la réalité, c'est qu'il y a eu moins de plaintes déposées, enregistrées,
07:59 c'est qu'effectivement, il y a eu cette grève du zèle qui entraîne.
08:01 Donc on est vraiment dans une situation paradoxale, dont le seul moyen de sortir,
08:04 c'est que la politique réponde aux demandes des policiers.
08:07 Et ça, ce n'est pas que des paroles, ça va passer par un débat parlementaire
08:10 et probablement une réforme législative.
08:12 Rudy Mana, je voudrais que vous réagissiez à ce que vous avez entendu au début du propos de Michel Taube,
08:16 quand il dit finalement on donne presque raison à Jean-Luc Mélenchon,
08:18 on est en train de désarmer la police. Est-ce que c'est le sentiment que vous avez ?
08:21 Oui, c'est un raccourci. Vous savez, s'il y a bien une personne à qui on n'a pas envie de donner raison,
08:29 nous les policiers, c'est Jean-Luc Mélenchon.
08:31 Mais il faut comprendre que cette situation où on se trouve toujours,
08:34 excusez-moi l'expression, le cul entre deux chaises, ça commence à devenir pénible.
08:38 En fait, c'est ça nos difficultés et cette insécurité juridique que l'on vit au quotidien,
08:42 je vous assure, les collègues n'en peuvent plus.
08:44 Ils n'en peuvent plus, ils n'ont plus le démontré d'ailleurs ces 15 derniers jours,
08:49 parce que j'ai entendu plein de choses, des certificats médicaux de complaisance,
08:54 mais je vous assure que moi, tous les mecs que j'ai eu au téléphone,
08:57 tous les mecs avec qui j'ai discuté, ils étaient au bout du rouleau.
09:00 Ils étaient au bout du rouleau parce que c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase,
09:04 très clairement, cette affaire de Marseille, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
09:08 Mais c'est l'attente depuis de nombreuses années et on en a marre, nous en tant que flics,
09:12 d'essayer de faire notre boulot et à la fin, quand on le fait correctement,
09:16 on nous dit "Ah c'est bien, vous l'avez fait correctement".
09:18 Mais par contre, quand on fait une connerie, tout le monde s'acharne sur nous,
09:21 tout le monde s'acharne sur ces policiers qui ont essayé avec courage et dévouement
09:25 d'accomplir une mission et ça je vous assure, c'est hyper difficile à vivre
09:31 pour la totalité des policiers de France.
09:33 Et quand on voit que des policiers sont mis en prison,
09:35 tous les policiers de France disent "Mais en fait, ça aurait pu aussi être nous
09:39 qui serions mis en prison".
09:41 C'est ça qui est difficile et c'est ça qu'aujourd'hui, effectivement,
09:44 je suis d'accord avec ce qui a été dit, c'est plus tellement du ressort de Gérard Darmanin.
09:49 Aujourd'hui, il faut qu'on ait une prise de conscience du plus haut niveau de l'État
09:52 et il faut effectivement qu'on protège aussi juridiquement tous ces policiers
09:56 qui mettent beaucoup de cœur et beaucoup de dévouement
09:58 pour essayer de protéger nos concitoyens.
10:00 Olivier Dardigolle, on peut comprendre ce que vivent ces policiers
10:04 et ces mesures de se dire "Pas de risque, pas de vague, mais il vaut mieux ça"
10:08 plutôt qu'on se retrouve cloué au pylori.
10:11 D'abord, je salue Rudy Mana, je sais qu'il ne va pas être d'accord
10:15 avec tout ce que je vais dire, mais c'est le débat.
10:17 C'est le but aussi ?
10:18 C'est le débat. D'abord, il faut toujours rappeler que les conditions d'exercice du métier
10:23 de la police, des forces de l'ordre dans leur ensemble, sont de plus en plus difficiles.
10:28 Insupportables même.
10:30 Que ça ne date pas de l'affaire de Marseille, pour le propos de Rudy Mana,
10:34 que c'est une crise profonde, qui ne date pas des dernières semaines,
10:39 qui porte sur la situation dans les commissariats, la formation,
10:45 les déroulements de carrière, les salaires, la considération qu'on doit.
10:49 Moi j'aime bien dire que ce sont des gardiens de la paix,
10:52 et c'est souvent des fils du peuple d'ailleurs.
10:54 Ce sont des ouvriers de la paix et de la sécurité publique.
10:56 Moi j'ai beaucoup de respect pour eux.
10:58 Et il existe encore une gauche dans le pays qui respecte la police.
11:03 Ça c'est la première chose.
11:04 La deuxième chose, c'est de dire qu'en matière correctionnelle,
11:08 la détention provisoire est exceptionnelle.
11:11 Et elle est motivée.
11:13 Je l'ai déjà dit, je pense que les syndicats de police
11:16 se prennent avec cette affaire de Marseille.
11:18 Ce n'est pas le bon dossier, il me semble.
11:20 Tout simplement parce que je fais écho aux paroles d'Eddy et de son avocat,
11:25 qui eux-mêmes disent que ces policiers devaient être surmenés
11:29 en situation de stress total.
11:32 On n'en veut pas à l'ensemble de la police, à l'institution policière,
11:36 mais ce qui s'est passé n'est pas normal.
11:38 Et c'est à l'enquête de le déterminer, à la justice de faire son travail,
11:42 mais on a quelques éléments pour se dire que là, ça dysfonctionne.
11:46 Et quand ça dysfonctionne, il me semble qu'on défend d'autant plus efficacement
11:50 l'ensemble de la police, qu'on est aussi en capacité de dire
11:53 dans certaines situations, ça ce n'est pas possible.
11:56 Et heureusement que la police continue à travailler sous l'autorité judiciaire.
12:00 Parce que dans les pays où ça ne se passe plus comme ça,
12:02 nous ne sommes tout simplement plus en état de droit et en démocratie.
12:05 Donc je pense que ce n'est pas le bon dossier.
12:07 On verra si l'enquête…
12:08 En fait, le procès de la police en se rend compte.
12:11 Et puis il y a aussi des… On dit l'ensemble…
12:13 C'est quoi un bon dossier, Olivier ?
12:15 C'est quoi un bon dossier ?
12:17 Non, je dis, c'est mon droit.
12:18 Mais Michel, c'est mon droit, je ne vous ai pas interrompu.
12:21 C'est mon droit de penser que ce dossier concernant la BAC de Marseille
12:27 sur le tir de LBD, certainement à 3 mètres, suivi d'après ce qu'on nous dit,
12:34 si l'enquête devra le déterminer, d'une baston et d'un passage à tabac,
12:37 ce n'est pas, d'après moi, le bon dossier à défendre.
12:42 Mais on peut contester ça.
12:45 Et puis, attention sur tous les policiers.
12:48 C'est un mouvement qui s'organise beaucoup sur la boucle WhatsApp,
12:51 qui n'est pas totalement maîtrisé par les syndicats.
12:54 Et il y a aussi beaucoup de policiers qui témoignent,
12:58 certains l'ont fait dans la presse,
12:59 pour dire qu'il y a quand même des problèmes dans l'institution,
13:01 qu'il faudra traiter, que le climat n'est pas toujours bon.
13:04 On s'aime même des commissariats.
13:07 Et que la déontologie doit être un combat permanent,
13:09 au respect de la déontologie.
13:10 Comme dans toutes les professions.
13:11 Donc voilà, c'est à quoi je pense.
13:13 Lucas Jakubowicz, effectivement, c'est aujourd'hui aussi un problème politique.
13:17 On a vu le ministre de l'Intérieur un peu embêté,
13:19 on a vu le président de la République rester à distance,
13:22 ce qu'on peut comprendre.
13:23 Mais on comprend aussi que le malaise des policiers est tellement profond
13:25 qu'ils ont envie d'une vraie réflexion, d'un vrai soutien au plus haut niveau de l'État.
13:30 On sait que Gérald Darmanin soutient les forces de l'ordre.
13:32 Il le fait depuis qu'il a été nommé au gouvernement.
13:34 On le sent quand même parfois un peu essolé,
13:36 même par rapport à la première ministre, souvent.
13:38 Alors pour le coup, je ne suis pas du tout d'accord.
13:39 Il suffit de regarder vraiment avec attention
13:42 les prises de position de tous les membres du gouvernement,
13:45 depuis le début des émeutes urbaines.
13:48 Pas un seul a dit des mots contre ou allant à l'encontre des policiers.
13:53 Le président de la République a dit que c'est une faute inexcusable,
13:55 pas de présomption d'une absence pour le policier national.
13:58 Oui, mais il n'a plus rien dit depuis son allocution.
14:00 C'était déjà pas mal.
14:01 Il n'a pas une seule fois prononcé le mot "Denial", par exemple.
14:03 Donc non, tous les dirigeants de la majorité
14:06 donnent l'impression d'être vraiment derrière la police.
14:09 Et on a l'impression aussi que cette grève du zèle
14:12 qui est dans la continuité de tous les arrêts maladie
14:14 qui ont été déposés ces semaines précédentes,
14:16 c'est d'une certaine façon comme si la police voulait mettre
14:21 le couteau sous la gorge au pouvoir politique,
14:25 en disant, et c'est ce qu'a dit le syndicaliste tout à l'heure,
14:29 Rudy Maddab, voilà, si jamais il y a des émeutes,
14:34 nous, on n'utilisera pas le LBD.
14:36 Et comme ce qui fait le plus peur au pouvoir politique,
14:39 c'est le désordre, forcément le pouvoir politique
14:41 va être obligé d'écouter, peut-être de faire des concessions à la police.
14:45 Maintenant, la question la plus importante, c'est
14:47 qu'est-ce que veut vraiment la police ?
14:49 Est-ce que c'est une amélioration des conditions de travail ?
14:52 Ou bien est-ce que c'est s'affranchir de certaines règles du droit commun ?
14:56 C'est ça en fait la question qu'il va falloir se poser dans les semaines qui arrivent.
15:00 Michel Tauvre, rapidement, puis on va réécouter Rudy Maddab
15:02 avant de clore cette partie.
15:03 Non mais il ne s'agit pas de s'affranchir du droit commun,
15:06 il ne s'agit pas de sortir de l'état de droit.
15:08 Ah bah dans le cas précis, si.
15:11 Il s'agit d'adapter le droit.
15:13 La police est la profession avec l'armée
15:15 qui exerce le monopole de la violence légitime.
15:18 On peut trouver normal que les conditions d'exercice
15:21 de cette violence soient encadrées et protégées par une loi.
15:24 La police est parmi les professions, peut-être la profession la plus contrôlée,
15:27 la plus surveillée.
15:29 Donc arrêtons de dire que leur demande,
15:31 ce n'est pas une justice d'exception que demandent les policiers.
15:34 C'est un aménagement du droit qui leur permette
15:37 de mieux exercer les conditions de la sécurité,
15:40 en tenant compte notamment du...
15:42 Pourquoi je disais il n'y a pas de bons dossiers, il n'y a pas de mauvais dossiers ?
15:44 Parce que tout simplement, dans une société
15:47 où la violence augmente de plus en plus,
15:49 dans une société où sans prendre, regardez ce qu'a dit Bouba,
15:52 sans prendre... - On va en parler après.
15:54 - Une bavure, c'est une bavure par exemple.
15:57 - Mais oui, mais pourquoi y a-t-il des bavures ?
15:59 - On peut le dire une chose aussi simplement.
16:00 - Mais Olivier, pourquoi y a-t-il des bavures ?
16:02 Il y a des bavures parce qu'on est dans une société de plus en plus violente
16:05 où en plus, sans prendre au flic, regardez les discours
16:08 des insoumis et compagnie, sans prendre au flic,
16:11 c'est un fait de gloire.
16:13 Donc je comprends les policiers qui sont en mode prudence
16:16 pour eux-mêmes parce qu'ils sentent bien qu'une partie,
16:19 une minorité de la société est de plus en plus engagée contre eux.
16:22 Ensuite, et surtout, le politique ne relaie pas
16:25 la demande de sécurité de nos concitoyens.
16:28 Moi je note que depuis les émeutes, 533 villes
16:31 qui ont été touchées par ces émeutes,
16:33 dans le remaniement gouvernemental, il y a eu des changements
16:36 sur la politique de la ville, sur la politique du logement,
16:38 rien sur le régalien, ils auraient pu renforcer le régalien,
16:42 ils auraient pu créer, je sais pas, moins de secrétariat aux victimes,
16:45 il y a une demande très très forte.
16:46 Quelles sont les mesures prises en matière de renforcement
16:50 de la sécurité par le pouvoir ?
16:52 Pour l'instant, on ne voit rien venir.
16:54 Et donc je dis que protéger les policiers,
16:56 c'est pas sortir de l'état de droit, c'est adapter le droit
16:59 à une réalité.
17:00 Les 25 000 refus de l'obtempérer, c'est quand même extrêmement grave.
17:04 Qu'est-ce qui est fait pour pouvoir protéger davantage les policiers ?
17:07 C'est ça qui est demandé, selon moi.
17:09 Je voudrais vous laisser quand même le dernier mot, Rudy Mana,
17:11 notamment vous qui parlez avec vos collègues marseillais
17:14 dans la zone sud, quel est l'état d'esprit aujourd'hui ?
17:17 Vous le disiez tout à l'heure, évidemment, ils n'en pouvaient plus.
17:20 Quelle issue vous voyez à ce ras-le-bol, à cette crise de la police ?
17:24 Si vous me laissez 30 secondes avant, je voudrais répondre à M. Dargirol.
17:27 Sa première minute a été exceptionnelle, j'ai rien à dire là-dessus.
17:30 Par contre, effectivement, quand il a dit il faut choisir,
17:33 il faut choisir ses combats.
17:35 Moi, je vais vous raconter une histoire qui va durer 30 secondes.
17:38 C'était l'histoire de la BAC, c'était l'histoire de la BAC Nord,
17:40 il y a 10 ans, et c'était le syndicat Alliance qui les avait défendus.
17:43 Et à ce moment-là, on nous a dit, ce n'est pas le bon dossier.
17:46 Et pourtant, 10 ans après, alors que 7 sont partis en préventive,
17:49 il y en a plusieurs qui ont été relaxés, et d'autres qui n'ont eu que de la prison
17:52 avec sursis sur des faits totalement minimes.
17:54 Donc, en fait, vous savez, il ne faut pas anticiper la suite des affaires.
17:58 Effectivement, on a des éléments qui laissent penser que,
18:01 mais de grâce, accordons cette présomption d'innocence aux policiers,
18:05 parce qu'on l'a vu avec l'affaire de la BAC Nord,
18:07 on l'a vu aussi avec l'affaire Théo,
18:09 souvent les policiers sont coulés au cul au riz,
18:11 et pourtant, derrière, on se rend compte que la montagne n'accouche que d'une souris.
18:16 Donc, effectivement, pour répondre à votre question,
18:18 la police aujourd'hui, elle est dans un état, comme vous pouvez l'imaginer,
18:22 dans un état de désespoir, dans un état de désarroi,
18:25 mais nous sommes des policiers républicains, nous aimons notre boulot,
18:28 nous sommes fiers d'être des policiers,
18:30 et il faut reconnaître que ce dernier mois, on était beaucoup moins fiers d'être policier.
18:35 Comme beaucoup de policiers m'ont dit, je réfléchis vraiment à la suite de ma carrière,
18:39 je réfléchis vraiment à faire autre chose,
18:41 parce que je n'ai plus de sens dans ce métier,
18:44 et quand on perd le sens dans notre métier,
18:46 alors qu'on y rentre pour ça, dans ce métier,
18:48 on n'y rentre pas pour l'argent, on n'y rentre pas pour autre chose,
18:51 on y rentre pour le sens du métier de policier,
18:53 et bien quand on perd ce sens, on a peut-être moins envie de s'investir,
18:57 de prendre des risques inconsidérés parfois,
19:00 pour protéger l'aveugle orphelin.
19:03 Les policiers seront toujours là, vous le savez,
19:05 et on le fait fièrement,
19:06 mais il faut juste comprendre que ce désarroi que l'on vit,
19:09 on aura besoin aussi d'être aidés, comme on l'a dit tout à l'heure,
19:12 par une plus haute autorité de l'État,
19:13 par une protection juridique supplémentaire,
19:15 pour que nous puissions continuer à accomplir notre tâche.
19:18 Merci beaucoup Rudi Mana d'avoir été avec nous,
19:21 et c'était important aussi de refaire le point sur l'État,
19:24 et notamment le moral des troupes.
19:26 Lucas Joukowicz, vous vouliez tout à l'heure ajouter quelque chose.
19:28 Oui, juste rajouter un petit truc à Prozeïk,
19:30 c'est que le policier qui est en détention préventive,
19:33 c'est une détention qui a été décidée par des juges,
19:35 et donc dans le cadre de l'État droit,
19:37 donc en fait, entendre des policiers,
19:39 par plusieurs lieux,
19:40 donc entendre les policiers qui disent,
19:42 on demande juste le respect de l'État droit,
19:44 dans les faits, ça il est respecté,
19:45 que ça plaise ou non à la police.
19:47 Olivier Dardigolle pour Clore sur ce dossier,
19:50 effectivement on voit que ça a été comme le disait Rudi Mana,
19:52 la petite goutte d'eau qui fait déborder le vase,
19:53 et remonte toutes les revendications salariales,
19:56 de considérations, d'organisation en interne,
19:58 d'organisation parfois entre police nationale et police municipale.
20:01 Dossier très lourd pour l'exécutif sur la rentrée,
20:04 tout simplement parce qu'on sent que la situation est en phase de pourrissement,
20:08 qu'il n'y a en effet pas eu de signal politique fort sur le remaniement,
20:13 tant bien même le dernier rencontre entre le ministre de l'Intérieur,
20:17 les syndicats de police,
20:18 ont fait que toutes les cases ont été cochées sur un certain nombre de demandes,
20:22 il faut voir s'il y aura une traduction législative,
20:24 avec des policiers qui sont d'ores et déjà,
20:26 qui bénéficient de choses dans la loi aujourd'hui,
20:31 qui ont été renforcées pour eux sur la dernière période.
20:34 Donc le débat politique législatif aura lieu,
20:37 mais avec une difficulté pour l'exécutif,
20:41 dans un moment où la société est une cocotte minute,
20:45 où il peut y avoir des mouvements sociaux,
20:47 où il y a de la colère,
20:48 où on sent que le pays ne va pas bien,
20:51 on sait très bien que l'exécutif a besoin d'une police,
20:55 d'un appareil sécuritaire,
20:57 d'une police qui ne soit pas en dispute publique,
21:03 pour ne pas dire plus, avec l'exécutif,
21:06 tout en ayant en plus cette tension avec le judiciaire.
21:12 Donc on sent bien que les trois pouvoirs,
21:15 exécutif, législatif, judiciaire,
21:17 sont là dans un rapport de force qui s'aggrave,
21:21 et ce n'est pas un climat serein.
21:24 Michel Thaubon, en Oumu pour terminer,
21:26 c'est vrai que c'est paradoxal,
21:27 on demande de plus en plus aux forces de l'ordre,
21:29 on va avoir la coupe du monde du rugby,
21:30 on va avoir les Jeux Olympiques,
21:31 et c'est au moment où on sent que la police est déjà à bout,
21:34 et on a du mal à comprendre comment ils vont pouvoir trouver
21:36 aussi du ressort et de la motivation
21:38 pour aller notamment sur ces grands événements sportifs
21:40 qui vont les monopoliser.
21:41 Écoutez, il y a dix jours, Robert Ménard, le maire de Béziers,
21:44 a tiré la semaine d'alarme en disant qu'à la fin de cette semaine-ci,
21:48 il y avait la féria de Béziers,
21:49 et qu'il n'avait pas assez de policiers pour recevoir
21:52 près d'un million d'aficionados des férias.
21:55 Et il disait "mais je n'ai pas assez de forces à ma disposition".
21:59 Ce que vit Robert Ménard risque de se passer au niveau national,
22:03 notamment avec la coupe du monde du rugby,
22:05 où en plus les syndicats de transport osent annoncer
22:10 de possibles grèves pendant cet événement mondial.
22:13 Non, effectivement, l'affaiblissement de la police,
22:17 c'est un affaiblissement de la société,
22:18 c'est un affaiblissement du vivre ensemble,
22:20 et on ne peut pas se le permettre.
22:23 Mais la seule manière d'y répondre, c'est une réponse politique.
22:26 Il faut peut-être un débat national sur les conditions
22:29 de détention provisoire pour les policiers,
22:31 mais ça finira au Parlement,
22:33 et je ne vois pas ces signes arriver de la part de l'exécutif,
22:35 et c'est fort dommage.
22:37 Merci à tous les trois.
22:38 On marque une courte pause et on se retrouve
22:39 pour la deuxième partie de l'Heure des pros 2.
22:41 A tout de suite.
22:42 De retour pour la deuxième partie de l'Heure des pros.
22:50 On va continuer évidemment les débats avec mes invités,
22:52 mais tout de suite le rappel de l'actualité avec Isabelle Piboulot.
22:55 À Forbach en Moselle, le procureur de la République de Sargumin
23:01 émet des doutes dans l'affaire de la quinquagénaire
23:04 qui affirme avoir été séquestrée par son mari depuis 2011.
23:07 Pour les enquêteurs, à ce stade, aucun élément évoque une séquestration.
23:12 Selon les promis examens médicaux,
23:14 l'Allemande de 53 ans ne souffre d'aucune fracture
23:17 ni d'échymose évidente.
23:19 La garde à vue de l'époux a tout de même été prolongée de 24 heures.
23:23 Mauvaise nouvelle pour les automobilistes.
23:25 Les prix des carburants repartent à la hausse.
23:27 Les tarifs n'ont pas été aussi élevés depuis des mois,
23:30 en raison notamment d'une forte demande mondiale.
23:33 Une augmentation de plus de 10 centimes pour le sans-plomb 98,
23:37 plus de 12 centimes pour le sans-plomb 95
23:40 et plus de 16 centimes pour le gazole.
23:42 Et puis c'est une première.
23:43 Depuis 1976, la Russie lancera son premier engin
23:48 à la Lune en fin de semaine.
23:50 Le lancement de l'atterrisseur Luna 25 aura lieu
23:53 vendredi à 2h10 heure de Moscou.
23:56 Le vol devrait durer entre 4 à 5 jours.
23:58 L'engin se posera près du pôle sud de la Lune.
24:02 L'objectif est de prélever des échantillons,
24:04 analyser le sol et mener des recherches scientifiques à long terme.
24:08 On va parler maintenant d'Angoulême.
24:11 Le maire Les Républicains de la ville avait pris un arrêté le mois dernier
24:14 pour limiter l'occupation de l'espace public
24:16 et ciblant les "marginaux".
24:18 La juge des référés a suspendu partiellement l'exécution de cet arrêté.
24:22 Précisément, l'arrêté avait été publié le 11 juillet.
24:24 Il proscrivait notamment la station assise ou allongée
24:27 lorsqu'elle constitue une entrave à la circulation des piétons
24:30 et à l'accès aux immeubles riverains des voies publiques,
24:32 ainsi que la station debout lorsqu'elle entrave manifestement
24:35 la circulation des personnes, la commodité de passage,
24:37 la sûreté dans les voies et les espaces publics.
24:40 On va voir la réaction du maire adjoint en charge de la sécurité de la ville.
24:45 Il s'appelle Jean-Philippe Pousset.
24:46 Vous allez voir qu'il est quand même content de cette décision. Écoutez-le.
24:49 Une grande satisfaction puisque globalement,
24:52 le président ultradémocratique de Poitiers
24:55 confirme notre volonté d'action sur l'espace public.
25:00 Donc voilà, la disposition principale de l'arrêté n'est pas suspendue.
25:07 Elle est maintenue et ça va permettre à nos policiers municipaux
25:12 de continuer à travailler.
25:14 Dès aujourd'hui, dès demain, nous sommes sur le terrain
25:17 pour, grâce à cet arrêté, intervenir sur l'espace public.
25:21 Michel Thobes, c'est une affaire assez compliquée.
25:23 D'un côté, le maire adjoint a toujours expliqué
25:25 que ça n'était un arrêté ni anti-mandicité, ni anti-SDF.
25:28 C'était un outil, dit-il, pour retrouver une gestion paisible de l'espace public.
25:31 Il faut en arriver là maintenant, d'interdire la station assise
25:34 ou debout dans certains endroits pour qu'on puisse tous circuler.
25:37 Il faut vraiment en arriver là ?
25:38 Écoutez, si la mairie l'a jugé utile,
25:41 et effectivement, comme vient de le dire l'adjoint,
25:43 le tribunal ne l'a pas totalement démentie.
25:45 Donc c'est qu'elle a restreint la zone,
25:47 parce qu'il y avait notamment la gare qui était conservée
25:49 et c'était compliqué d'attendre son train.
25:51 Mais en fait, si vous voulez, la pauvreté augmente dans notre pays.
25:55 Il y a des problèmes d'ordre public, on le voit tous les jours,
25:57 que ce soit avec des syndromes civiques, avec des migrants,
26:01 parfois qui sont les deux, en fait.
26:05 Et qu'il y ait des mairies qui veuillent adresser un message politique
26:09 en disant "nous, au niveau de la population de notre commune,
26:13 souverainement, nous ne voulons pas qu'il y ait trop de mandiants
26:16 ou trop de migrants qui soient présents, je distingue bien entendu les deux,
26:19 pourquoi pas ?
26:20 De même, vous avez des villes, plutôt de gauche,
26:23 qui se disent "ville refuge", par exemple,
26:25 pour les réfugiés, pour les migrants, et qui s'affichent comme telles.
26:29 Donc si vous voulez, voilà, qui puisse avoir des nuances politiques
26:31 d'appréciation d'un problème social, je trouve cela normal.
26:34 Après, on est dans un état de droit, il y a des cadres qui sont fixés,
26:38 mais l'état de droit ne tient pas lieu non plus de politique publique.
26:41 C'est quand même au maire d'être libre de pouvoir prendre des arrêtés
26:45 qui correspondent au consensus que la dite municipalité estime avoir
26:50 face à un problème de plus en plus criant dans notre société.
26:53 On rappelle quand même qu'en 2014, la même ville d'Angoulême
26:56 avait déjà provoqué un tollé en dessinant de grillager certains bancs publics
26:59 pour éviter que les SDF ne s'y installent avant de reculer face à la polémique.
27:02 Olivier Dardigolle sur cette décision, sur cette arrêtée.
27:06 Je me souviens bien de cette actualité, de cette photo.
27:09 Moi, je pense bien sûr qu'il y avait eu des priorités nationales édictées
27:13 pour apporter des solutions à ces sans-domicile fixe,
27:19 à ces pauvres parmi les pauvres, des munis parmi les démunis,
27:24 qui souffrent d'ailleurs beaucoup dans les périodes d'été,
27:26 on en parle l'hiver, mais la situation aux sans-domiciles fixes l'été,
27:29 sur les périodes de canicule, dans des villes qui sont parfois des îlots de chaleur,
27:33 c'est redoutablement difficile, d'autant plus que les associations qui leur viennent en aide
27:38 n'ont pas toujours le personnel et les effectifs tels qu'ils l'ont.
27:41 Oui, toute l'année.
27:42 Il y a beaucoup de critères qui rentrent en ligne de compte.
27:45 Je trouve qu'à partir du moment où il n'y a pas de trouble à l'ordre public manifeste,
27:50 et alors que les polices municipales peuvent aussi être des polices de la civilité,
27:56 d'essayer de trouver des solutions avec les centres sociaux,
27:59 moi je suis pour, bon, vous ne vous étonnez pas, pour une approche humaine et humaniste,
28:03 qui fait qu'on n'en est pas à tout simplement vouloir dégager ces indésirables,
28:10 pour qu'ils soient dans une forme d'invisibilité pour les mèges de nos ciseaux.
28:14 Donc moi je suis pour une réponse sociale adaptée.
28:17 On va changer de sujet, puisque vous l'avez peut-être vu, Gérald Darmanin a annoncé
28:21 avoir demandé à ses services d'instruire la dissolution de Civitas, ce parti d'extrême droite
28:26 qui est un groupe notamment des catholiques traditionnalistes intégristes.
28:30 Il condamne la demande de déchéance de nationalité pour les Juifs.
28:33 Elle avait été formulée lors de l'université d'été de l'organisation.
28:36 On voit ici le tweet de Gérald Darmanin, il dit ceci
28:39 "L'antisémitisme n'a pas sa place dans notre pays. Je condamne fermement ces propos ignominieux"
28:44 et saisit le procureur de la République.
28:46 Par ailleurs, j'ai demandé à mes services d'instruire la dissolution de Civitas.
28:49 On rappelle les propos, c'est Pierre Hilard qui participait à ces universités d'été,
28:53 qui disait "La naturalisation des Juifs en septembre 1791 ouvre la porte à l'immigration.
28:58 Si on rétablit les lois de catholicité et qu'on fait du catholicisme traditionnel une religion d'Etat,
29:02 peut-être voudrait-il retrouver la situation d'avant 1789."
29:07 Lucas Jacobovitch, sur cette dissolution demandée par l'Isle de l'Intérieur ?
29:11 Je ne peux pas trop cacher mon nom de famille, donc je me sens un peu visé par ce brave homme.
29:16 Dans ce cas-là, qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut prendre les choses avec détachement peut-être.
29:20 Ce n'est pas la première fois en plus que ce même Pierre Hilard tient des propos de ce genre.
29:24 Non, mais d'une certaine façon, si on est cynique, j'ai envie de lui dire merci.
29:28 Il fait survivre une tradition qu'on a en France depuis Philippe Lebel ou Saint-Louis,
29:33 c'est l'antisémitisme catholique d'extrême droite qu'on croyait un peu en voie de disparition.
29:38 Il existe toujours. Moi, je suis quand même content dans la mesure où c'est un bord politique
29:44 qui est vraiment devenu très marginal. Il faut bien avoir conscience que Civitas ne parle que à eux-mêmes.
29:49 C'est une petite frange de catholiques radicalisés.
29:53 Si on fait un sondage dans la rue, on ne se...
29:56 Personne ne sait qui est Civitas. C'est vraiment, pour paraphraser Jérôme Fourquet, un archipel.
30:00 Ils font partie d'un archipel de la société française, mais qui est bien isolé.
30:04 Ils ne pèsent pas du tout. Je pense que limite, en prenant la parole d'Armenin,
30:10 les met en avant, leur fait de la pub, les légitimise. On aurait dû les ignorer.
30:14 Et puis aussi, dire quelque chose qui peut aussi fâcher, c'est qu'en réalité, aujourd'hui,
30:19 il y a une hausse de l'antisémitisme en France depuis une vingtaine d'années.
30:22 Il y a des tas de familles juives qui...
30:24 De plus en plus assumées, malheureusement, aussi, pour certains.
30:26 Assumées. Beaucoup de familles, et ça, je suis bien placé pour vous le dire,
30:29 qui déménagent de certains endroits de France, qui déscolarisent leurs enfants,
30:32 qui n'achètent pas leur appartement n'importe où, parce qu'eux, ils se disent qu'avec un nombre de familles comme ça,
30:37 on ne peut pas mettre un enfant dans une école publique ou autre.
30:40 Et ces gens-là, ils ne sont pas menacés par Civitas.
30:44 Ils sont menacés par un autre antisémitisme, qui vient plutôt de la gauche,
30:47 et qui est une différence, enfin, d'une partie de la gauche, il faut bien le dire,
30:50 et qui a une divergence et un point vraiment différent par rapport à Civitas,
30:54 c'est que d'abord, ils croissent, ils essayent de séduire du monde à des fins électorales,
30:59 alors qu'entre guillemets, Civitas, c'est, allez, 50 000 pauvres abrutis qui sont dans leurs coins.
31:04 Oui, c'est une biche qui se parle entre eux, quoi.
31:06 Voilà.
31:07 Et je voudrais qu'on regarde justement la réaction de Jean-Luc Mélenchon,
31:10 qui avait demandé à Gérald Darmanin la dissolution de Civitas.
31:14 Eh bien, il dit ceci.
31:15 On voit que finalement, cette affaire a réussi à mettre d'accord Jean-Luc Mélenchon et Gérald Darmanin.
31:30 Il faut toujours rappeler que l'antisémitisme est un véritable poison.
31:35 Et ça n'est pas d'une opinion, mais bien d'une vie.
31:37 C'est quelque chose d'odieux, d'insupportable,
31:39 parce que les juifs en France, c'est 1% de la population,
31:42 mais c'est une part très, très considérable des attaques, des discriminations et de la haine.
31:47 Donc c'est inacceptable.
31:50 Et il y a en effet des recrudescences, telles que vous les avez caractérisées.
31:56 Donc de telles paroles qu'il refuse en fait à ses compatriotes la nationalité, la citoyenneté.
32:06 Rien que ça.
32:07 Ce qu'il y a de terrible dans cette vidéo, c'est après les applaudissements.
32:12 Oui, on choisit évidemment de ne pas diffuser la vidéo, mais il est très largement applaudi par la salle.
32:16 Donc il y a une initiative du ministre de l'Intérieur qui fait aussi,
32:22 il ne faut pas être totalement naïf, beaucoup de politique.
32:24 Comme Mélenchon.
32:26 Oui, voilà. C'est un sujet qui va faire réagir et il est en initiative.
32:32 Après, je pense que de telles paroles ne doivent absolument pas passer comme ça,
32:39 sans qu'il y ait une réaction.
32:41 C'est pour ça que la décision, il faut que ce soit instruit.
32:45 La décision n'est pas encore prise.
32:47 Par contre, j'avais pas vu la réaction de Mélenchon, je la découvre à l'instant.
32:51 Et franchement, mon sang bout.
32:54 Parce que quand même, Jean-Luc Mélenchon est un des responsables,
32:57 même s'il s'en défend de la montée de l'antisémitisme en France.
33:01 On sait aussi les lois qui ont tenté de faire passer son groupe à l'Assemblée nationale.
33:05 Voilà, en fait, il dit non, je ne suis pas antisémite, mais je suis antisioniste.
33:09 Mais pour l'électorat ou pour les gens qui sont vraiment antisémites,
33:12 on sait exactement à qui il s'adresse.
33:15 Je rappelle qu'il fait partie d'un parti dans lequel, même si il s'en défend, c'est habile.
33:19 Mathilde Panot fait des jeux de mots qui auraient fait rire Jean-Marie Le Pen.
33:23 En disant qu'Elisabeth Borne, qui est une fille de déporté, une rescapée.
33:26 Ça, c'est un truc que Jean-Marie Le Pen aurait pu faire dans les années 80.
33:29 C'est un groupe parlementaire qui applaudit l'arrivée d'un avocat palestinien
33:34 qui a été inculpé pour avoir essayé de tuer un rabbin.
33:37 C'est un parti qui, effectivement, est très engagé pour la cause palestinienne
33:40 et c'est respectable et ça se comprend.
33:42 Mais qui le fait aussi dans un but identitaire dont les Juifs de France sont des victimes aussi.
33:47 Donc vraiment, sur ce coup-là, je pense que Mélenchon aurait vraiment dû se taire
33:50 parce qu'il y a une part de responsabilité dans l'antisémitisme actuel
33:53 encore plus grande que cet abruti de Civitas.
33:55 Je vais engager un débat sévère avec vous parce que je n'en ai pas envie.
33:59 Parce que je partage essentiellement ce que vous avez dit avant.
34:01 Il est parfaitement possible d'être très ferme dans la lutte contre l'antisémitisme
34:07 tout en ayant un discours et un jugement sur la politique menée par le gouvernement israélien.
34:14 Ah mais ça, tout à fait.
34:15 Sur un certain nombre de dossiers, la question palestinienne étant une.
34:18 Le changement qui est proposé concernant la justice aujourd'hui
34:22 et qui secoue la société israélienne en est un autre.
34:25 Donc je pense que là-dessus, on est certainement d'accord.
34:27 Mais je voudrais le repréciser.
34:29 Michel Thaub ?
34:30 Plusieurs choses.
34:31 D'abord, Civitas est archi-hyper minoritaire, notamment parmi les catholiques
34:36 parce que c'est un parti qui se dit catholique et qui veut rétablir…
34:40 Certains veulent rétablir un monarchie, d'autres veulent rétablir le catholicisme
34:45 comme religion d'État.
34:47 Civitas s'était transformé en parti politique
34:50 et a même présenté des candidats aux élections législatives en 2017.
34:54 Parti depuis 2016, exactement.
34:56 Ils avaient présenté 14 candidats et ils ont recueilli 2100 voix,
35:00 c'est-à-dire à peu près 150 voix par candidat.
35:03 Non, mais je pense que plus qu'il y a des solutions,
35:05 si un parti profère des propos antisémites et profondément racistes,
35:11 mais là en l'occurrence antisémites, il faut tout simplement l'interdire.
35:15 Parce qu'il y a des moyens légaux, comme vous le rappelez fort justement,
35:18 l'antisémitisme est un délit, ce n'est pas une opinion, c'est un délit.
35:21 Et donc du coup, ça devrait tomber sous le coup de la loi.
35:26 Après, effectivement, sur des propos aussi abjets qui remontent à une longue histoire,
35:31 parce que parler de la Révolution française, ça réveille des choses parfois douloureuses
35:38 et en même temps toute une libération pour beaucoup de concitoyens de confession juive.
35:44 Mais c'est vrai qu'il faut une fermeté, peut-être plus que la dissolution,
35:49 c'est plus de se demander pourquoi y a-t-il un parti politique
35:52 qui professe des idées antisémites.
35:54 Découvrir ça quelque part, c'est très très touchant.
35:56 Oui, d'autant plus qu'on le disait, malheureusement,
35:58 ce n'est pas la première fois qu'il y a ce genre de propos,
36:00 ni de cet homme, ni globalement dans le parti.
36:03 On va changer de sujet et on va parler d'une interview qui peut-être peut étonner.
36:07 C'est celle du rappeur Booba, qui s'est confié à nos confrères du groupe Ebra
36:12 et il dit un certain nombre de choses qui peut-être peuvent étonner.
36:15 La première, il dit ceci,
36:16 "Quant aux émeutes, je trouve surtout que la police, le système judiciaire au carcéral
36:20 et plus globalement l'État ne se font pas respecter.
36:22 Les jeunes n'ont pas peur de la police, l'État est beaucoup trop mou et faible."
36:26 Lucas Jakubowicz, ces mots-là n'étonnent pas, on les entend beaucoup.
36:30 En revanche, ce qui étonne peut-être, c'est qu'ils viennent de la part de Booba.
36:33 Ah bon ? Ça ne m'étonne pas.
36:35 En réalité, si vous allez dans les quartiers sensibles,
36:38 si vous parlez aux personnes souvent issues de l'immigration,
36:41 les plus démunies, c'est les premières victimes de l'insécurité.
36:43 Et c'est des gens qui sont aux premières loges, effectivement,
36:46 pour voir que les gens de leur quartier, souvent très jeunes,
36:48 ont de moins en moins peur de la police.
36:50 Ils en sont les premiers révoltés.
36:52 Et Booba, quelque part, c'est le porte-parole de ces personnes-là.
36:57 Et donc non, moi je ne suis pas du tout étonné des propos de Booba.
37:00 Et beaucoup se moquent de lui à cause du fait qu'il vit tranquillement à Miami.
37:04 Mais en réalité, je pense qu'assez souvent,
37:07 quelque part, c'est presque un politicien ou un lanceur d'alerte.
37:10 On le voit dans son combat contre les influenceurs qu'il appelle les infuvoleurs,
37:14 contre l'impuissance de l'État.
37:16 C'est quelqu'un qui a une parole publique qui pèse
37:18 et qui mérite d'être entendue et non pas moquée.
37:21 Il vit à Miami et il dit "c'est loin d'être parfait, mais tu ne défies pas la police à la bagarre quand tu habites à Miami".
37:27 Olivier D'Artigolle, est-ce que ça peut être aussi important, cette prise de parole d'un rappeur,
37:30 entendu peut-être par les jeunes, plus que les politiques qui appellent...
37:34 Ce qui vient d'être exprimé est très important,
37:37 parce qu'on aurait tendance à l'oublier.
37:39 Ceux qui défient la police, qui ne respectent pas la loi,
37:43 qui sont vraiment, à l'échelle de ces quartiers,
37:47 des personnes qui se comportent mal, qui pourrissent la vie de ces quartiers,
37:52 sont la minorité.
37:54 L'écrasante majorité des personnes qui habitent les quartiers populaires
37:59 veulent la sécurité, veulent la tranquillité publique,
38:03 veulent pouvoir se réveiller sans trouver la voiture brûlée,
38:06 veulent pouvoir se dormir la nuit et ne pas être soumis à...
38:10 Et donc, d'une certaine manière, ce qu'il dit là
38:13 fait écho à une opinion très largement majoritaire dans les quartiers populaires.
38:19 Mais on aurait tendance parfois à l'oublier,
38:22 en laissant à une infime minorité l'idée qu'ils seraient représentatifs
38:27 de ces populations-là. Ce n'est pas le cas.
38:29 Une autre citation du rappeur, il parle notamment des émeutes
38:33 et de ce qu'il en comprend. Il dit que ce n'était pas forcément dû à la mort du petit Nahel.
38:37 C'est l'expression du mal-être dans Ralbol, de l'ennui en banlieue,
38:40 de la situation financière. Il dit plus loin,
38:42 les émeutiers se sont défoulés, ils savaient très bien que ça ne résoudrait rien.
38:45 C'est histoire d'exister. Est-ce que vous trouvez que ce constat,
38:49 ce bilan qu'il fait est plutôt pertinent ?
38:51 Oui, parce qu'il commence par la sécurité.
38:54 Et je pense que peut-être qu'il pourrait devenir conseiller sécurité d'Emmanuel Macron.
38:59 Tout à l'heure, je me demandais s'il ne pouvait pas devenir ministre de l'Intérieur,
39:01 mais je me suis peut-être remballée.
39:03 Non, parce qu'au ministre de l'Intérieur, on a déjà un ministre qui, je trouve,
39:05 sur le discours régalien...
39:08 Mais je trouve qu'au niveau de Matignon et d'Élysée,
39:10 c'est là que ça pêche davantage.
39:12 Donc, Bouba pourrait peut-être les conseiller pour renforcer le pôle régalien de la Macronie.
39:16 Non, et puis ensuite, Bouba, il a une influence considérable.
39:19 Alors là, du coup...
39:21 Oui, c'est ça qui est important. C'est pour ça que sa parole, elle compte.
39:23 C'est pour ça qu'on en parle.
39:25 Elle compte et je suis sûr qu'il a beaucoup, beaucoup plus d'influence que nous auprès des jeunes qui,
39:29 effectivement...
39:31 Après, je mettrai deux réserves, quand même.
39:34 Je mettrai quand même deux réserves.
39:36 D'abord, je regrette qu'il ait eu des rixes avec d'autres rappeurs,
39:38 parce qu'il n'a pas vraiment donné l'exemple.
39:40 Oui, c'est pas l'homme.
39:42 Et après, il y a aussi les paroles.
39:45 Non pas forcément dans les chansons de Bouba, mais dans le rap.
39:48 Cette année, en fait, les 50 ans du rap et du hip-hop,
39:51 c'est déjà une longue histoire qui commence à s'inscrire, évidemment, dans la durée.
39:55 Et là, il y a quand même beaucoup de violence.
39:57 Beaucoup de violence, beaucoup de propos sexistes,
40:00 beaucoup de propos en parlant d'antisémitisme.
40:02 Il y a énormément, beaucoup d'antisémitisme, aussi, parfois,
40:04 je mets des nuances, mais quand même,
40:06 dans certaines chansons issues de ce genre musical.
40:09 Et donc, si vous voulez,
40:11 qu'on vienne après s'étonner que des jeunes qui écoutent à longueur de journée
40:14 des chansons extrêmement violentes, notamment très sexistes,
40:18 et souvent vis-à-vis de la police, totalement inadmissibles.
40:21 Après, c'est un petit peu facile de répondre à...
40:24 Pour moi, la question la plus importante, c'est que le groupe Hébra,
40:27 très belle interview.
40:29 J'espère que cette interview sera diffusée sur tous les réseaux sociaux de Bouba,
40:32 parce que c'est là qu'elle aura beaucoup d'impact.
40:34 - Et qu'elle sera entendue. - Ou pas.
40:37 Il y a aussi des paroles de rap qui sont aussi...
40:41 - Très pacifiques. - Oui, sur la situation faite aux femmes,
40:45 contre les violences conjugales,
40:47 sur la société telle qu'on la souhaiterait.
40:52 Il ne faut pas caricaturer le rap.
40:56 On en trouve malheureusement aussi beaucoup.
40:59 Pour terminer, Luc Ajaccio.
41:01 Il y a toujours une caricature en disant que le rap, c'est la musique
41:04 des jeunes de banlieue, rebelles, etc.
41:06 Juste à préciser que Bouba est né en 1976.
41:09 Il est plus vieux qu'Emmanuel Macron, par exemple.
41:12 Et il a toujours pris ses distances avec la politique française.
41:15 Vous vous souvenez peut-être que pendant la dernière présidentielle,
41:18 Jean-Luc Mélenchon avait essayé de l'instrumentaliser en lui disant
41:21 de parler au nom des quartiers locauleurs, pauvres, etc.
41:24 Il a dit "Pourquoi je parlerais à ces gens-là ?
41:26 Moi, je roule en Lamborghini à Miami."
41:28 C'est plus un rappeur qui représente la jeunesse des quartiers populaires.
41:31 C'est plutôt un riche, un producteur qui a fait une sorte d'exil peut-être
41:36 fiscal et culturel en dehors des quartiers qui l'ont vu grandir.
41:39 C'est joliment dit, fiscal et culturel.
41:41 On va parler d'un autre sujet pour terminer l'émission.
41:44 Une pratique qui inquiète l'administration pénitentiaire.
41:46 Les établissements ont constaté une inquiétante augmentation
41:49 du nombre de survols par des drones au-dessus des prisons.
41:52 Des survols pour des livraisons de drogue et d'objets interdits,
41:54 évidemment en détention.
41:56 Voici les précisions et ce reportage de Raphaël Lasreg.
41:58 C'est la bête noire des services de sécurité, le drone.
42:04 L'an dernier, l'administration pénitentiaire a constaté 68 survols de ces prisons,
42:08 dont 29 qui ont servi à livrer des objets illicites à des détenus.
42:12 Un chiffre en nette augmentation par rapport aux années précédentes
42:15 et qui risque d'augmenter en 2023.
42:18 A Perpignan, c'est toutes les nuits, pratiquement,
42:20 qu'on lande des livraisons par drone.
42:23 Malheureusement, comme ils viennent livrer entre 3 et 4 heures du matin,
42:27 il y a des livraisons qui passent inaperçues.
42:31 On récupère généralement des portables, des produits stupéfiants,
42:35 après ça passe des clés Amazon, des écouteurs.
42:39 La crainte c'est évidemment les armes et les explosifs surtout.
42:43 42 prisons possèdent un dispositif anti-drone en France,
42:46 mais ça c'est suffisant pour stopper ce phénomène de livraison.
42:49 Les dispositifs tels qu'on les connaît aujourd'hui sont efficaces,
42:52 suffisants dans leur efficacité,
42:54 mais très largement insuffisants sur leur déploiement.
42:57 C'est l'ensemble des établissements du parc pénitentiaire
43:00 qui devrait être doté de dispositifs anti-drone.
43:03 Les sommes allouées dans le budget 2023 pour la sécurité
43:06 et en particulier l'autorité d'adoption d'un drone,
43:08 je dirais 3,2 millions d'euros, c'est très largement insuffisant.
43:11 Le survol d'une zone interdite est un délit puni de 6 mois d'emprisonnement
43:14 et de 15 000 euros d'amende.
43:17 Michel Taubes, ces images sont totalement affolantes.
43:21 On a notamment des syndicalistes qui représentent le personnel pénitentiaire
43:24 qui nous disent qu'en plus c'est la nuit,
43:26 donc on ne les voit pas forcément.
43:28 On entend aussi la personne qui a interrogé dire
43:31 "heureusement que ce ne sont pas des explosifs",
43:33 on marche un peu sur la tête.
43:34 En prison, grâce à son téléphone portable,
43:36 on reçoit de la drogue, du téléphone, du matériel informatique.
43:39 D'abord, l'effet sur nos concitoyens est désastreux
43:42 parce que ça montre bien que l'État est faible
43:45 avec ses propres moyens régaliens.
43:47 Ce qui n'est pas dit dans le reportage,
43:49 c'est combien il y a d'établissements pénitentiaires.
43:51 44 sont dotés de dispositifs anti-drone,
43:54 mais il y a 173 établissements pénitentiaires.
43:57 Ça veut dire que vous en avez plus de 120 qui ne le sont pas.
44:00 Et il y a que, on le rappelle, 3 millions d'eux
44:02 pour remoderniser toutes les prisons, etc.
44:04 et donc on ne peut pas mettre un dispositif anti-drone à tout le monde.
44:07 Emmanuel Macron s'en orgueille d'avoir augmenté très fortement
44:09 le budget de la justice depuis qu'il est arrivé au pouvoir,
44:12 et qui met le paquet sur la sécurisation
44:14 parce que ça concerne évidemment la protection
44:16 vis-à-vis des détenus qui pourraient être davantage malveillants,
44:20 mais c'est aussi une sécurité pour les gardiens de prison,
44:23 qui eux-mêmes n'ont pas les moyens,
44:26 le nombre de prisonniers dans chaque gardien de prison.
44:29 Oui, on l'a vu, on a encore malheureusement
44:31 battu le record de surpopulation carcérale.
44:33 Donc c'est effectivement une priorité,
44:35 et c'est vraiment très inquiétant
44:37 sur le tas de déliquences de notre État.
44:39 Olivier Dardigolles.
44:40 Malgré les... pour rejoindre ce que dit Michel,
44:42 malgré les annonces et les réalités budgétaires
44:46 de la période la plus récente,
44:48 la justice en France reste sous-dotée
44:52 par rapport à d'autres pays européens.
44:56 Ou le PIB par abidjan, pas celui de l'Allemagne.
44:58 Oui, pour 1000 personnes, par exemple, c'est le double.
45:00 Donc il y a vraiment une situation de retard budgétaire,
45:05 d'investissement important.
45:08 On voit bien qu'il faudrait des investissements anti-drone
45:12 sur l'ensemble des maisons d'arrêt,
45:15 des prisons françaises.
45:16 Pour l'instant, les budgets ne sont pas là.
45:19 Il faut dire que le drone va devenir une question
45:21 sur le plan sécuritaire très difficile,
45:24 puisque c'est vraiment l'un des sujets très difficiles
45:28 à traiter pour les prochains grands événements sportifs
45:33 à Paris et Île-de-France.
45:35 C'est vrai, Lucas Jakubowicz,
45:36 quand on voit les forces de l'ordre en permanence dire
45:38 qu'on ne peut pas utiliser les drones,
45:39 c'est très encadré sur un certain nombre de choses,
45:41 on voudrait les utiliser.
45:42 La loi a un peu évolué,
45:43 mais on n'est pas encore sur une utilisation comme on le veut.
45:45 Et dans le même temps, on a quand même des délinquants
45:48 qui se font livrer ce qu'ils veulent en prison.
45:49 Là, ça ne pose pas de problème.
45:50 Je caricature, mais on est un peu là-dessus.
45:52 Je dirais que c'est quelque chose d'assez logique
45:54 et qui ne s'applique pas que à la sécurité.
45:56 C'est qu'en fait, et ça c'est toujours le cas,
45:58 le progrès technique va toujours plus vite que la loi.
46:01 Donc le temps que le législateur trouve la parade,
46:04 effectivement, il y a un petit moment d'opportunité
46:07 ici pour les conducteurs de drones dans les prisons.
46:11 Je sais que parfois je suis un très mauvais polémiste
46:14 ou chroniqueur parce que je suis attaché aux chiffres,
46:16 à la précision, quitte à être un peu aride.
46:18 Et c'est important.
46:19 Continuez.
46:20 Mais juste pour prolonger ce que disait M. D'Artigolle tout à l'heure,
46:23 effectivement, le budget de la justice en France,
46:25 c'est 72 euros par habitant.
46:27 En Allemagne, je crois que c'est 129.
46:31 Et dans la moyenne de l'OCDE, c'est 114.
46:33 Et dans des pays qui sont pourtant plus pauvres que nous,
46:36 comme l'Espagne, c'est 88.
46:38 Donc effectivement, il y a un sous-investissement dans la justice.
46:41 Ce qui explique d'ailleurs pourquoi, effectivement,
46:43 il y a des prisons sans drones,
46:45 mais des prisons qui sont en moyenne remplies à 114 %.
46:48 Merci beaucoup en tout cas d'avoir été avec nous,
46:50 de nous avoir suivis.
46:51 Merci Olivier D'Artigolle.
46:52 Merci à Michel Thaume.
46:53 Merci à Lucas Jakubowicz d'avoir été avec nous.
46:55 Je remercie aussi les équipes en régie qui m'ont aidé
46:57 à préparer cette émission.
46:58 Louna Daoudi, Briak Japio, à la réalisation.
47:01 Laurent Capra, à la vision.
47:02 Boukha Bella, au son.
47:03 Titouan Lepage et Philippe.
47:05 Évidemment, les débats et l'information continuent sur ces news.
47:08 Tout de suite, vous retrouvez Barbara Klein et ses invités pour Soir Info.
47:11 [Musique]