Chaque jour, découvrez la pépite du jour dans la France Bouge avec Elizabeth Assayag.
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00:00 européen. La France bouge.
00:02 Elisabeth Assayag. La France bouge, si vous nous rejoignez, merci d'être avec nous. La France bouge avec des entrepreneurs, des startups, des pépites.
00:10 Aujourd'hui, le luxe, c'est le thème de votre émission avec une maison emblématique
00:14 française, l'un des florons français du luxe qui a choisi Lille et le campus
00:19 Euratechnologie pour présenter ce qu'on appelle Hermès in the making. C'est la découverte des métiers.
00:25 Ça se passe du 8 au 16 juillet et on en parle avec vous, Guillaume Dessaines, vous êtes le directeur général d'Hermès.
00:32 On va rester dans cet univers du luxe et des produits nobles avec Fanny Déléache, fondatrice de la tannerie végétale.
00:37 La France bouge.
00:39 La startup du jour. Fanny, vous avez 35 ans, vous, vous avez toujours souhaité travailler dans les laboratoires et sauver le monde.
00:46 Exactement, avec une blouse. Avec une blouse, vous avez fait des études à
00:50 l'ENS chimie de Rennes, puis ensuite vous êtes allé à Montpellier, vous êtes devenu docteur en chimie et science des matériaux.
00:57 Ça a commencé par la recherche et le développement avec,
01:00 pour Constante, la transformation des matières végétales. C'est parti de là l'idée de votre boîte.
01:05 Oui, exactement. C'est à dire, vous aimez ces matières ? J'ai toujours été fascinée depuis l'enfance par la matière.
01:12 Quels sont nos matériaux qui nous entourent, exactement comment on les fabrique, comment on maîtrise la matière.
01:20 Et avec cette conscience écologique qui s'est développée petit à petit, il fallait que j'aille vers les biomatériaux.
01:24 Vers les biomatériaux, d'ailleurs il paraît que c'est dans la cuisine de votre maman que vous avez expérimenté votre idée de matière,
01:30 sans traces de plastique. Et vous avez trouvé la recette, c'était en 2019, la recette de la tannerie
01:37 végétale. Alors vous allez nous dire ce que c'est. Vous avez apporté des échantillons, je vais laisser Guillaume Dessaines les
01:42 toucher, puisque vous vous y connaissez. Mais en attendant, vous allez pitcher, Fanny, la tannerie végétale c'est quoi ? Vous avez une minute.
01:50 C'est parti !
01:51 Lorsque les fabricants d'articles de cuir choisissent leur matière première, ils ont le choix entre un cuir d'origine animale et chimique,
01:57 et un simili d'origine pétrochimique. Donc dans un cas un problème éthique et dans les deux cas un désastre écologique.
02:04 Pour proposer une solution durable aux marques de luxe, à propos de laquelle ils seront fiers de communiquer sans greenwashing,
02:09 nous avons créé Philly. Philly, c'est une nouvelle matière souple, unique au monde et brevetée. Elle est complètement naturelle,
02:17 garantie zéro plastique et éco-conçue. Et surtout elle est aussi performante et durable qu'un cuir de luxe.
02:22 La noblesse de cette matière, elle vient de sa sensorialité aux possibilités infinies, mais aussi de l'histoire de son développement.
02:29 La tannerie végétale c'est aujourd'hui sept personnes engagées, quatre ans ou plus même de R&D
02:35 acharné pour atteindre le cahier des charges du luxe, et une ambition industrielle avec 80 emplois dans cinq ans.
02:41 Merci, moins d'une minute, mais merci pour votre pitch
02:46 Fanny Delehage, fondatrice de la tannerie végétale. Vous avez regardé Guillaume Dessene, vous avez eu des échantillons ?
02:51 - Oui, absolument. - Alors qu'est ce que vous en pensez vous ?
02:54 Parce que c'est pas la même matière que le cuir, c'est végétal. - Je dirais deux choses. D'abord
03:00 le cuir pour nous c'est évidemment une matière fondamentale et il faut quand même rappeler que le cuir c'est
03:07 l'utilisation d'un déchet, puisque les animaux sont élevés pour la viande et le cuir est un déchet de l'élevage
03:14 qui est rendu cette matière, qui est transformé pour faire cette matière extraordinaire depuis des milliers d'années.
03:20 Une fois qu'on a dit ça, nous on est
03:23 très en recherche de matières alternatives, on l'a toujours été, on a toujours regardé les choses.
03:28 Évidemment on a notre exigence de qualité et donc on regarde beaucoup de choses
03:35 mais il faut que ces matières puissent correspondre à l'image que nous avons
03:42 et aux attentes que les clients ont. - Mais sur la Star Trek en Romandie et les objets ?
03:47 - Là je découvre, il faudrait voir quel usage on pourrait en faire, mais je découvre,
03:51 c'est vrai que l'apparence est assez troublante. - Ça ressemble étrangement et c'est troublant à du cuir.
03:57 Alors justement Fanny, on en fait quoi une fois que vous avez réussi à fabriquer cette matière, c'est à dire ce
04:03 substitut du cuir, cette tannerie végétale, on en fait quoi ?
04:06 - Donc en fait nous on fabrique des rouleaux qui vont être prêts à l'emploi, donc ils seront totalement
04:11 personnalisés avec la texture, la souplesse qui est demandée par le client de luxe
04:16 et on livre nos rouleaux à leur manufacture, leur sous-traitante.
04:21 - Donc vous, vous êtes en train de créer une sorte d'industrie de l'alternative au cuir.
04:26 - Oui voilà, comme une tannerie ou comme une industrie du simili.
04:30 - D'ailleurs vous êtes en phase de pré-industrialisation,
04:32 vous avez même investi dans une petite ligne pilote pour produire des bandes de 15 cm de large, c'est ça ?
04:39 - C'est ça, exactement.
04:41 - Et alors qui sont vos clients ?
04:44 - Eh bien les clients, on n'a pas le droit de les nommer mais forcément ce sont des grandes marques de luxe.
04:48 - D'abord un, est-ce que vous en avez et qui sont-ils, dans quel univers ?
04:53 - Oui en fait on les accompagne, c'est comme on l'a dit, ils sont dans une transition, ils cherchent des alternatives,
04:57 c'est bien les grandes marques de luxe et on est sur un projet moyen-long terme avec eux
05:04 puisque c'est quand même beaucoup de changements pour eux,
05:08 pour nous c'est énormément de développement, on en est à 4 ans et on n'a toujours pas encore
05:12 atteint l'échelle industrielle et pour eux aussi c'est un énorme changement.
05:15 - C'est un énorme changement, en effet Guillaume Dessens, vous êtes le patron d'Hermès,
05:18 on y vient à ce substitut du cuir, même si les sacs emblématiques on sait
05:23 il y aura toujours des personnes qui vont vouloir se les offrir et tant mieux parce qu'on n'est pas là pour dire
05:28 "à balle cuir" et on est opposé, non on est là pour pouvoir avoir toutes sortes de matériaux.
05:34 Comment vous, vous abordez cette transition environnementale et cette demande j'imagine aussi de clients ?
05:39 - Comme je l'ai dit, chez Hermès on a toujours été intéressé par des matières alternatives.
05:43 Dans les années 30, mon arrière-grand-père a introduit une toile dans l'univers Hermès qui était en fait, je ne sais pas
05:51 exactement comment il avait trouvé ça, mais qui était la toile qui servait pour les embouts de lances de pompiers
05:56 et c'est en fait une toile qu'on utilise toujours en combinaison souvent avec le cuir qu'on appelle la toile H,
06:01 toile H comme Hermès évidemment, et qui est une toile magnifique, très résistante.
06:05 Donc notre objectif nous c'est de trouver des matériaux complémentaires du cuir éventuellement,
06:11 mais qui répondent à nos attentes et qui fassent des objets magnifiques et des objets qui vont durer.
06:16 Alors on regarde beaucoup de choses comme je l'ai dit,
06:19 aujourd'hui on n'a pas encore concrétisé, il faut être honnête.
06:22 - Oui mais c'est cool parce que l'exigence est très élevée.
06:24 - Oui, très élevée.
06:26 - Donc vous regardez ce que font les start-up ?
06:28 - Bien sûr, bien sûr.
06:30 - Et vous vous collaborez parfois avec certains entrepreneurs ?
06:32 - Oui, oui absolument, absolument.
06:34 - Ça fait partie de l'innovation ?
06:36 Il y a un pôle innovation ?
06:38 - Bien sûr.
06:40 - Parce qu'on a l'impression que c'est les mêmes sacs depuis...
06:42 - Non, non, ne croyez pas ça.
06:44 On est dans cette démarche là, mais comme je le répète,
06:46 il faut que...
06:48 on ne va pas baisser la qualité d'un objet Hermès pour introduire une nouvelle matière.
06:50 C'est la condition sine qua non.
06:52 Donc c'est une contrainte très forte,
06:54 parce que ça veut dire qualité bien sûr d'assemblage,
06:56 de possibilité de le travailler avec nos méthodes artisanales,
06:58 et puis la qualité dans la durée qui est essentielle chez nous.
07:00 Le vieillissement, à la fois de l'aspect, de la résistance.
07:02 Le cuir reste une matière assez extraordinaire,
07:04 à la fois souple et très résistante.
07:06 - Fanny, votre atelier est à Villeurbanne.
07:08 - Oui.
07:10 - Aujourd'hui vous avez même créé des emplois ?
07:12 - On a cinq emplois.
07:14 - Cinq emplois, et bien déjà, félicitations et bravo.
07:16 On vous souhaite bonne chance,
07:18 et on vous souhaite une bonne année.
07:20 - Merci.
07:22 - Merci beaucoup.
07:24 - Merci et bravo.
07:26 On vous souhaite bonne chance, surtout,
07:28 parce que votre objectif, c'est d'être
07:30 parmi les premiers acteurs du secteur mode luxe
07:32 à commercialiser des produits
07:34 entièrement ou partiellement conçus
07:36 avec votre technique. Vous avez déposé des brevets, j'imagine ?
07:38 - On a un brevet.
07:40 - Un brevet. - Oui, très important.
07:42 - Ça s'appelle la tannerie végétale.
07:44 Vous restez avec moi tous les deux autour de la table de la France Bouche.
07:46 C'est le moment de vous présenter l'autre pépite du jour,
07:48 avec vous, Audrey Ducardonnais.
07:50 Vous vous avez fondée Rose Pirate.
07:52 - Merci.
07:54 - Vous vous recyclez.
07:56 On a toutes des tubes de rouge à lèvres au fond du tiroir.
07:58 On se dit qu'on ne va pas les jeter parce que l'emballage est très beau.
08:00 Vous, vous avez une solution pour nous.
08:02 - C'est ça. Je propose un service de remplissage.
08:04 - Allez, à tout de suite dans la France Bouche.
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