Chaque jour, découvrez la pépite du jour dans la France Bouge avec Elisabeth Assayag.
Retrouvez "La pépite" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-france-bouge-academie
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00:00 - Europe 1, la France bouge. - La pépite.
00:03 - C'est la pépite de ce soir Clarisse Merlet. Vous étiez venue nous présenter votre start-up il y a trois ans, vous avez des besoins
00:08 donc on vous donne un petit coup de main c'est normal c'est ça, la France bouge.
00:12 Clarisse vous avez grandi en Vendée c'est ça ? - Oui. - Et puis vous êtes allée à Paris
00:16 parce que vous avez toujours voulu faire de l'architecture.
00:19 - Oui. - Ça c'est votre passion ? - Ouais depuis toute petite déjà je jouais beaucoup au Lego, je construisais beaucoup de maisons, beaucoup de maquettes
00:26 et donc je me suis orientée très vite vers des
00:28 études d'archi. - Donc des études en arts plastiques.
00:31 Vous avez donc un bachelor en arts plastiques puis un bachelor en architecture et un master en architecture. Pendant votre quatrième année
00:38 vous avez commencé à réfléchir à vos briques fabriquées à partir de matières recyclées. Elles sortent d'où les briques ?
00:44 Ça vient de vos... à l'école vous les avez trouvées ça vient d'où ?
00:47 - Oui, les premiers prototypes je les avais fait en carton en réalité parce que j'avais vraiment envie de développer un matériau nouveau
00:54 et finalement je me suis rendu compte qu'en France le carton est déjà très bien recyclé
00:58 et je me suis dit qu'est ce que je peux compresser d'autres comme déchets et donc j'ai pensé au textile et c'était en quatrième année
01:04 à l'école. - Donc on est en 2018,
01:06 vous faites vos stages, vous partez sur le carton avec des briques en carton, vous vous rendez compte qu'on recyclait déjà très très bien le carton
01:13 en France. Donc là c'est pas hyper pertinent parce que ça existe, vous allez du côté de la filière textile
01:18 il y a énormément de choses à faire. - Oui, en fait au début je voulais trouver une solution pour le domaine de la construction
01:24 et finalement en m'attaquant aux déchets textiles je me suis rendu compte que le domaine de l'industrie textile aussi avait
01:30 beaucoup à faire. - Allez vous allez nous dire ce qu'est Fabrique, F A 2 B R I C K, vous aussi vous avez
01:38 une minute on vous écoute. - Une minute, ok.
01:40 Alors chez Fabrique du coup on est un studio de création, on est basé à Paris et on recycle du textile pour faire un matériau
01:46 pour le design et l'architecture d'intérieur. Donc on construit, on fabrique justement du mobilier,
01:52 des muraux et on peut jouer avec la couleur des textiles qu'on recycle pour faire des matériaux de différentes couleurs.
01:58 Donc j'ai créé ça en 2019 donc effectivement au départ c'était un projet d'école,
02:03 aujourd'hui c'est une société qui a huit salariés.
02:05 La première année j'ai recyclé 1000 kg toute seule pour les premières commandes et aujourd'hui avec mon équipe
02:11 on a dépassé la barre des 40 000 kg recyclés, on est très fiers de ça.
02:16 Et au tout départ j'étais dans un petit garage de 20 mètres carrés avec une petite presse que j'avais bricolé par moi-même
02:22 et aujourd'hui mon système de production il est breveté en France et en Europe.
02:26 Donc on est super fiers du développement et l'idée pour la suite,
02:31 c'est en ce moment on est en train de lever des fonds parce qu'aujourd'hui je vous ai ramené une brique.
02:34 Donc c'est sous forme de brique et c'est pour faire de l'architecte intérieure et demain ça sera sous forme de parpaing pour faire de la construction.
02:41 Merci pour votre pitch, merci Clarisse Merlet, fondatrice de Fabrique. Je me tourne vers la coach de ce soir,
02:47 Erika Lenohan, vous êtes la présidente de Daman Frères. Qu'avez-vous pensé de son pitch ? Vous le trouvez bien ?
02:51 Oui, il est très bien, il était très clair et je dois dire que j'admire beaucoup ce que fait Clarisse.
02:56 Je ne connaissais pas l'entreprise et les produits,
02:59 mais je suis allée sur internet, je me suis renseignée et je trouve que c'est magnifique d'avoir pu et su transformer une idée en
03:05 quelque chose de très concret.
03:08 Dans le concret, c'est quoi ? Qu'est-ce qui vous a frappé sur le site ? Qu'est-ce que vous avez vu ?
03:11 Alors sur le site, j'ai vu plusieurs produits, plutôt des produits de design et d'intérieur, mais comme elle vient de l'expliquer, elle a aussi
03:17 d'autres projets en tête, notamment d'aller vers le B2B, en tout cas vers
03:20 les professionnels de la construction.
03:24 Arrêtons-nous sur ce qui existe déjà. Donc il y a quoi comme produit ?
03:26 Déjà, il y a les bruits que je vous ai ramenés.
03:28 Donc elles servent à construire du mobilier, donc on peut faire des assises, des luminaires, des bibliothèques,
03:33 de toutes les couleurs, puisqu'il suffit de trier le textile avant de le broyer. En fait, on ne rajoute pas du tout de colorant.
03:38 Et ensuite, notre best-seller, c'est une brique qui est beaucoup plus fine, qu'on va venir
03:42 appliquer en revêtement, comme il y a ici sur l'image. Donc on le colle au mur, on peut faire des dégradés, faire des terrazzo,
03:48 et en plus d'être esthétique, ça a de grandes qualités
03:51 acoustiques et c'est aussi isolant thermique, puisque le vêtement de base est fait pour nous isoler du froid, pour nous habiller,
03:57 nous réconforter, et donc nous, on réconforte nos intérieurs.
04:00 - Ils viennent d'où les déchets ?
04:04 - Alors, on a deux axes.
04:06 On a un fournisseur, donc on travaille avec beaucoup d'organismes comme Le Relais, JBtec, Synergy, TLC,
04:10 puisque eux, en fait, quand ils collectent, c'est pour vendre à des free-prix, et il y a plein de vêtements qui sont trop abîmés pour être
04:15 revendus. Donc nous, on récupère cette matière qui est triée par couleur,
04:19 mais dans la majorité des cas, et j'espère de plus en plus, on travaille avec le déchet textile de nos clients, parce que nos clients
04:24 sont principalement des marques de retail qui ont beaucoup de déchets textiles.
04:28 - J'imagine que vous avez beaucoup de déchets de jeans ?
04:30 - Mais moi, je ne suis pas sûre que chez Tufree, il y a des déchets, puisqu'il ne fabrique...
04:32 - Bah non, il n'y a pas beaucoup de déchets chez vous.
04:34 - Non, non, vu qu'on est fabricant...
04:36 - Il y a toujours un petit peu dans un petit coin.
04:38 - Ah non, mais c'est sûr qu'il y a des tout petits déchets de coupe, mais en fait, déjà, on n'a pas les gros rouleaux.
04:40 Nous, on a tout ce qui est chutes, on garde, on valorise, et en fait, on les utilise.
04:45 Et ensuite, c'est le jean en fin de vie.
04:47 Donc le jean, par exemple, qu'on ne peut plus réparer, même si c'est rare de ne pas pouvoir réparer un jean.
04:51 - C'est quoi un jean en fin de vie ?
04:53 - Mais en fait, foncièrement, ça pourrait ne pas exister, parce qu'on peut toujours le réparer.
04:56 Vous savez, au Japon, il y a des kimonos qui ont 350 ans.
04:58 - Mais il est troué, il est quoi ?
05:00 - Il est troué, il est usé, c'est-à-dire qu'en vendre...
05:02 - Plus ils sont troués, plus ils sont chers.
05:04 - C'est pour ça qu'on a peu de déchets, parce qu'évidemment, et puis nous, en plus, ils prennent un peu de valeur quand ils vieillissent,
05:09 et ils sont si beaux.
05:11 - Il y a toujours une passion autour du jean.
05:13 C'est un produit qui peut être immortel.
05:15 - Mais je pense qu'il est immortel.
05:17 Moi, j'ai une veste en jean d'une marque américaine qu'on connaît tous,
05:20 mais qui date de ma grand-mère, je crois.
05:22 - Et vous la filerez à vos enfants, et c'est ce qui est génial.
05:25 - Oui.
05:26 - J'ai une question, justement, il y a le PDG de Levis qui avait déclaré il y a quelques années qu'il n'avait pas lavé son jean depuis un an.
05:32 Est-ce que ça se lave ou ça ne se lave pas un jean ?
05:34 - Ah, bonne question, Benjamin.
05:36 - Tout le monde me traite de gros dégueulasses dans mes actions,
05:38 parce que je les lave une fois par mois.
05:42 - Ah les jeans ?
05:43 - Mais c'est beaucoup trop !
05:45 - Quand on va dans le métro, moi, ça me dégoûte de remettre le jean, je le lave tout de suite.
05:49 - Évidemment, si je mets ma casquette de puriste du jean,
05:53 un jean ne se lave très très peu, voire même ne se lave pas.
05:56 Pourquoi ? Il y a quand même une explication.
05:59 Vous savez, il y avait des Canadiens qui avaient fait une étude.
06:03 Ils avaient étudié un jean qui est porté pendant une semaine ou un an.
06:08 Lequel est le plus sale ? En termes de bactériologie, ils étaient les deux aussi sales.
06:13 - Ah bon ? Pourquoi la matière tue les bactéries ?
06:17 - Parce qu'à un moment donné, il y a un équilibre où il ne peut pas y avoir plus de bactéries que ceux qu'il y a déjà.
06:20 Et pourquoi on ne lave pas un jean ?
06:22 Pour le coup, surtout les nôtres, nous, on dépense beaucoup dans la qualité de la matière,
06:26 et notamment la qualité de l'indigo.
06:28 Et en fait, c'est super le lavage.
06:29 - L'indigo, c'est la couleur.
06:30 - C'est la couleur.
06:31 - Pendant une heure, ça frotte.
06:33 Et le principe du bel indigo de jean, c'est que ça se met en périphérie du fil.
06:37 Donc en gros, pendant une heure, la fibre s'érode, et c'est la fibre qui porte le bleu.
06:41 C'est pour ça que les plus riches ne lavent pas, parce qu'ils disent en fait, à chaque lavage,
06:44 j'ai des milliers de particules de fibre de coton qui partent avec l'indigo.
06:49 C'est pour ça qu'un jean que vous lavez beaucoup blanchit.
06:51 - Oui, moi j'aime bien.
06:52 Ça donne un petit côté usé, un petit côté vécu.
06:55 - C'est pour l'hygiène, ils aimaient surtout.
06:57 - Je le lave, je prends le métro, je le lave.
06:59 Je trouve ça immonde.
07:00 - Le conseil qu'on dit à nos clients, c'est que de base, lavez peu.
07:03 Faites ce que vous voulez, évidemment ça ne va pas le détériorer.
07:06 Par principe, lavez peu.
07:07 Ça fera du bien aux jeans et à la planète.
07:09 - Parce que moi je connais pas mal de jeans made in France, super rigides.
07:13 Et ça c'est assez con.
07:15 - Mais ça va dépendre de ce que vous avez.
07:16 C'est l'avantage d'avoir sa propre filière, c'est qu'on peut tout faire.
07:19 On a des jeans qui sont hyper souples, hyper soyeux.
07:21 Et puis on a des jeans plutôt très workwear, qui sont très durs.
07:24 - Bon, vous restez avec nous, parce que là on était sur la partie Clarisse,
07:27 mais vous êtes bavard Julien.
07:29 - Et passionnant, mais tout comme Clarisse.
07:31 Donc vous restez autour de la table de la France Bouche,
07:32 parce que Clarisse, vous avez des besoins pour fabrique.
07:35 Vous aimeriez industrialiser cette production de briques.
07:39 Parce que là, aujourd'hui, vous faites tout à la main.
07:41 Vous êtes combien ?
07:42 - On est 8.
07:43 - C'est pas mal.
07:44 - C'est déjà pas mal.
07:45 - Mais bon, vous avez envie de l'industrialiser.
07:46 Vous avez atteint votre plafond de capacité de production.
07:49 Donc c'est pas possible, vous avez un carnet de commandes rempli,
07:53 mais vous pouvez pas toujours y répondre.
07:54 Donc là il y a problème.
07:55 Vous aimeriez investir dans une ligne semi-automatique.
07:58 Et pour cela, vous avez besoin d'avoir plus de briques,
08:01 donc plus de textiles.
08:02 C'est pour ça qu'elle vous a fait un petit appel du pied, Julien.
08:05 Et puis vous avez besoin juste de 3 millions d'euros.
08:08 Comment va-t-elle faire ?
08:09 Vous restez avec nous.
08:11 Érika Lenohan, la coach de ce soir, a les réponses.
08:13 Mais juste avant, on écoute Jean-Jacques Goldman.
08:16 Il changeait l'avis sur Europe 1.
08:17 - Europe 1, la France bouge.
08:27 - Elisabeth Assayag.
08:28 - La France bouge, c'est sur Europe 1.
08:30 C'est du lundi au jeudi, de 20h à 21h.
08:33 On met en avant les initiatives positives françaises.
08:36 Bienvenue dans notre bulle d'oxygène.
08:39 Et ça fait du bien parce que ce soir,
08:40 on est en train de bousculer tout l'univers du jean
08:43 grâce à Julien Tuffry.
08:45 Vous êtes le directeur des ateliers Tuffry.
08:47 Nous sommes avec Benjamin Lévesque.
08:49 Nous sommes avec la pépite de ce soir.
08:51 C'est Clarisse Merlet qui est la fondatrice de Fabrique.
08:54 Clarisse, vous êtes venue avec des briques,
08:56 des briques issues de déchets textiles.
08:59 Grâce à ces briques, vous fabriquez des bibliothèques,
09:02 des lampadaires, du revêtement mural, des tas de choses.
09:06 On n'imagine pas tout ce que l'on peut faire avec du textile.
09:10 Et notre coach de ce soir, c'est Érika Lenohan.
09:12 Vous êtes la présidente de Damanfraer.
09:15 Vous savez, le bon thé fumé que l'on boit au camp du feu.
09:18 C'est vous, c'est Damanfraer.
09:20 Julien Tuffry, vous en pensez quoi de Fabrique ?
09:23 Au niveau des briques, il y a quelque chose à faire.
09:26 De toute façon, par principe, c'est un enjeu colossal.
09:30 Le recyclage du textile.
09:32 Le recyclage de la matière de manière globale.
09:34 Donc, évidemment, le textile.
09:35 Vous avez annoncé les chiffres de la consommation du textile.
09:38 Donc, in fine, ça fait un déchet.
09:40 Moi, je trouve ça juste brillant.
09:42 Ça fait un petit moment que je vous suis Fabrique sur Insta et tout.
09:45 Question, comment je te les achète, Clarisse, tes briques ?
09:48 Aujourd'hui, on travaille surtout avec des entreprises.
09:51 Donc, c'est du B2B aujourd'hui.
09:52 C'est ça. Parce qu'en fait, les entreprises ont des déchets textiles.
09:54 Donc, elles viennent vers nous pour ça.
09:56 Mais effectivement, sur Instagram, on est très suivi.
09:58 Et on avait beaucoup de demandes de particuliers
10:00 qui voulaient s'acheter des lampes ou du revêtement mural.
10:03 Donc, j'ai créé un petit e-shop en ligne
10:05 où on vend des briques, comme tu le disais tout à l'heure.
10:08 Et on peut aussi acheter des lampes.
10:10 Mais, Elika, justement, je me suis faillie sur le site Internet
10:13 et j'ai vu qu'il y avait malheureusement quelques produits
10:15 qui étaient en rupture de stock.
10:18 Déjà, c'est un bon problème.
10:20 Elle est victime de son succès.
10:21 En fait, elle a le bon business model.
10:23 Et forcément, un bon business model,
10:25 c'est un business model qui répond à une demande.
10:27 Et donc, il y a forcément énormément de demandes aujourd'hui.
10:30 En fait, on est vraiment dans le cœur du réacteur.
10:32 Donc, dans toute la partie RSE, l'éco-conception.
10:35 Et donc, avec Fabrique, Clarisse,
10:38 elle rend service même, je dirais, à ses clients
10:41 plus qu'en répondant à leurs besoins.
10:43 - Mais moi, si je veux vous apporter des textiles
10:45 qui sont chez moi et dont je n'en fais rien,
10:46 je peux vous les apporter ?
10:47 - Si vous voulez.
10:48 Je rêve de mettre en place des collectes directes Fabrique particuliers.
10:52 Mais je pense que ça, c'est encore un autre métier,
10:54 une autre logistique à gérer.
10:55 - Et vous avez dit le mot, c'est de la logistique.
10:57 Parce que si on commence tous à venir vous déposer nos vieux tissus...
11:00 - Et ça coûte cher, Clarisse, ou pas, les briques ?
11:02 - Alors, on est assez premium.
11:04 Le mètre carré, on est à partir de 200 euros le mètre carré.
11:06 Donc, c'est assez élevé.
11:08 - Ça veut dire qu'une lampe, elle coûte combien ?
11:10 - Nos lampes, elles sont entre 200 et 400 euros.
11:12 Ça dépend de la taille.
11:13 - Parce qu'une fois que vous avez récupéré les briques,
11:15 vous fabriquez comment l'objet ?
11:18 - On fait tout dans notre atelier.
11:20 On a un broyeur textile,
11:22 on a une presse pour venir le compresser,
11:24 on a un ancien pétrin de boulanger pour mélanger notre liant.
11:28 C'est un liant écologique, je ne l'ai pas dit tout à l'heure,
11:30 mais c'est hyper important.
11:31 - La résine, c'est une résine ?
11:32 - C'est une résine justement.
11:34 Je voulais vraiment aller au bout du truc, ça a été très long.
11:36 J'ai mis six mois à le développer à l'école,
11:38 et ensuite pour le rendre commercialisable,
11:40 j'ai dû le redévelopper.
11:41 Mais c'est que des ingrédients biosourcés,
11:43 donc c'est 100% écologique.
11:44 Ça a été long à développer,
11:45 parce qu'au début, quand on met des ingrédients naturels,
11:47 ça fait des moisissures.
11:48 - Mais comment on arrive d'une brique à une lampe ?
11:50 - J'ai une lampe où ça va être ce format-là, justement,
11:53 et on empile six briques, on visse entre elles,
11:55 et ça devient le pied de lampe.
11:57 Et on a une lampe où c'est des plus grandes briques,
11:59 et on les a collées entre elles pour faire un abat-jour.
12:01 - Qui c'est qui vient travailler chez vous ?
12:03 Parce qu'il faut savoir le faire, ça.
12:04 Vous prenez quoi comme profil ?
12:05 - Je vous l'avais très bien dit tout à l'heure,
12:07 moi j'ai dû former aussi,
12:08 parce que ça n'existe pas.
12:09 Briqueurs, on les appelait les briqueurs.
12:11 - Briqueurs ! J'adore, c'est que des nouveaux métiers.
12:13 - Et tu parlais du bâtiment après,
12:15 donc quasiment de l'agglomération, enfin du parpaing.
12:17 - Oui, mon rêve.
12:18 - C'est un rêve tangible ?
12:20 - Oui, bien sûr, c'est un rêve tangible.
12:21 On a déjà fait des prototypes cette année,
12:23 on les a envoyés en laboratoire pour essayer de les casser,
12:25 et ça a résisté à plus de 9 mégapascales,
12:28 donc c'est comme un parpaing.
12:29 - Parce qu'après il y a toute l'accréditation, non ?
12:31 - Oui, ça ça va être un travail.
12:33 - Ça je crois que c'est très très long.
12:34 - On travaille déjà avec le CSTB,
12:35 comme je disais tout à l'heure,
12:36 pour le design en fait on doit déjà avoir des certifications.
12:39 On l'oublie trop souvent,
12:41 mais on travaille dans des établissements
12:42 recevant du public,
12:43 donc on ne peut pas mettre n'importe quoi comme matériau.
12:45 - Voilà.
12:46 - Justement, avant de venir à l'émission,
12:48 j'ai contacté en fait notre promoteur immobilier,
12:50 parce que la maison d'Amanfraer est en train de construire
12:53 un nouveau site de production.
12:54 - Un très beau siège, vous nous aviez dit,
12:56 quand on a fait la délocalisation l'année dernière.
12:58 - Tout à fait, donc je les ai interrogés,
13:00 puisqu'ils sont aussi spécialistes du BTP,
13:02 et je me suis dit,
13:03 mais comment avec des briques en textile recyclé,
13:06 comment vous vous feriez ?
13:07 Et ils m'ont dit qu'ils étaient très intéressés par ce projet,
13:10 qu'en fait ils vous connaissaient,
13:11 et qu'en réalité, effectivement,
13:14 ils ont confirmé que c'était un secteur très normé,
13:17 avec des règles,
13:18 et qu'on devait beaucoup anticiper les nouvelles gammes professionnelles,
13:22 et que le mieux, ce serait de travailler main dans la main
13:25 avec un partenaire du BTP.
13:26 Donc ils sont prêts, en tout cas, à vous rencontrer,
13:29 et je peux vous mettre en lien avec la société GSE,
13:33 qui est notre partenaire.
13:34 - Ça fait du bien.
13:35 - Donc pour premier contre un, nous, et vous, Julien Puffry.
13:37 - Tu dois les connaître, mais nous, pour le coup,
13:39 donc on investit dans une très belle et grande manufacture,
13:41 là on a fini les travaux cette année,
13:42 et nous, pour le coup, on a une chute de digne,
13:44 en fait on servit à isoler le bâtiment.
13:46 On a bossé avec le métis.
13:47 - Oui.
13:48 - Qui est super.
13:49 - Ils sont isolants, les métis.
13:50 - Oui, c'est la même, je pense que c'est le début,
13:52 mais Clarisse va nous l'expliquer,
13:53 en fait on déchiquette, on broie,
13:55 et plutôt que de le compacter, on le laisse un panneau de 16 cm,
13:59 et en gros ça fait des panneaux en remplacement de la laine de verre,
14:02 de la laine de bois.
14:03 - C'est ce qu'on avait vu aussi dans la France Bouche,
14:05 on avait eu il y a quelques années,
14:06 les uniformes de pompiers, à un moment donné,
14:09 ils ne servent plus,
14:11 et il y a une entreprise qui s'était montée,
14:14 je ne me souviens plus de son nom,
14:16 il s'a servi d'isolant aussi,
14:19 grâce à la technique que vous venez d'énoncer, Julien.
14:21 - Et c'est hyper, en fait...
14:22 - Ils ont gagné le trophée de l'avenir européen en 2019.
14:25 - Exactement.
14:26 - Mais c'est surtout que c'est super,
14:27 le recycling et le recyclage,
14:28 mais c'est toujours se poser la question,
14:29 est-ce que le produit final est performant ?
14:31 Bon, pour le questionnement de Clarisse, il n'y a pas débat,
14:33 mais en fait, cet isolant était super performant,
14:39 donc dans ces enjeux aujourd'hui,
14:41 de pouvoir mieux isoler nos bâtiments,
14:43 c'était super.
14:44 - Donc, ça peut servir d'isolant,
14:46 ça peut servir d'objet de décoration,
14:48 ça peut même vous servir, vous,
14:50 pour un siège social chez Daman.
14:53 - Pour de la construction.
14:54 - Donc vous avez un business,
14:55 totalement un boulevard devant vous,
14:57 sauf qu'il faut produire.
14:59 Alors, que pouvez-vous lui conseiller, Érika ?
15:02 C'est le moment du conseil du coach.
15:04 - Le conseil.
15:05 En fait, je pense qu'effectivement,
15:06 le réseau La France Bouge.
15:08 C'est à vous, Érika.
15:10 - Oui, je pense que les enjeux ici,
15:11 c'est de passer d'une phase qui est artisanale,
15:13 ou semi-industrielle,
15:15 à une véritable phase industrielle,
15:17 pour pouvoir faire des économies d'échelle.
15:19 Parce que les économies d'échelle,
15:20 elles peuvent servir à deux choses.
15:21 Soit à baisser les coûts,
15:24 donc quand on baisse les coûts,
15:25 soit on fait plus de marge,
15:27 et cette marge-là, elle est réinjectée
15:28 dans la recherche et le développement,
15:29 et elle permet justement de lancer de nouvelles gammes,
15:32 et d'être dans l'innovation.
15:34 Ou alors, elle sert à faire baisser les prix de vente,
15:37 et du coup, à vendre plus,
15:38 parce que les produits deviennent plus compétitifs
15:40 et plus attrayants.
15:41 Donc, il faut vraiment passer à une économie d'échelle,
15:43 et donc faire le saut, je pense,
15:45 en investissant dans des lignes de production
15:49 qui vont être un peu plus automatisées,
15:51 ou carrément, en créant un nouveau site de production
15:54 qui va vous permettre de pouvoir répondre aux commandes,
15:57 parce que refuser des ventes,
15:59 ça fait vraiment mal au cœur, pour le coup,
16:01 et avoir des produits en rupture,
16:02 c'est vraiment dommage.
16:03 Donc, moi, je pense qu'il faut passer cette étape,
16:06 et pour le faire,
16:07 alors il faut deux choses essentielles
16:08 pour une start-up.
16:09 Du temps, être bien entouré,
16:11 et puis surtout des financements, en fait,
16:13 des financements ou des subventions.
16:15 - Ça, c'est compliqué ?
16:17 - Alors, c'est compliqué.
16:18 Alors, moi, j'ai commencé à avoir une expérience dans ce domaine-là,
16:20 parce qu'on est, Dame-Ène Frère,
16:21 en train de chercher des subventions aussi pour le nouveau site,
16:24 et donc, on s'est mis en contact avec une société
16:26 qui est consultante,
16:28 et qui s'appelle ABF,
16:30 et qui va chercher, justement, des aides publiques,
16:32 parce qu'en ce moment,
16:33 le gouvernement a quand même,
16:34 propose beaucoup de choses,
16:35 notamment, il y a un projet qui s'appelle
16:37 France 2030 Rebond Industriel,
16:41 et dans ce cadre-là,
16:42 ils financent des projets comme le vôtre,
16:45 qui est hyper, comme je disais,
16:47 actuel, en fait,
16:48 puisqu'il y a éco-conception.
16:49 Donc, moi, je suis sûre et certaine
16:51 qu'avec un consultant,
16:53 il prendrait le temps d'aller faire,
16:55 enfin, de remplir les kilomètres de questionnaires
16:58 qu'il faut remplir pour l'administration,
16:59 mais je suis sûre et certaine
17:00 que vous avez le droit à des subventions.
17:02 - À des accompagnements, pour ça.
17:03 - Et c'est gratuit,
17:04 parce qu'en fait, si jamais il n'y arrive pas,
17:06 ça ne coûte pas.
17:07 Voilà, ils sont payés en pourcentage à la réussite.
17:09 Donc, ils décrochent des subventions.
17:11 - On vient d'avoir une subvention,
17:13 très grosse subvention,
17:14 de la régionale de France.
17:15 - Bah, donc, ça va.
17:16 Il y a le côté régional,
17:17 mais il y a aussi au niveau national.
17:18 Vous pouvez passer aussi à une plus large échelle,
17:21 parce qu'en fait,
17:22 vous allez avoir besoin d'argent, clairement,
17:23 pour pouvoir investir,
17:24 et puis recruter,
17:25 parce que je pense que vous avez aussi besoin de talents
17:27 et du temps pour les former.
17:29 Donc, voilà, l'argent,
17:31 c'est le nerf de la guerre, en fait,
17:32 pour pouvoir grossir,
17:33 faire des économies d'échelle
17:34 et être encore plus connue
17:36 et communiquer sur tous vos produits.
17:38 - T'es prête à ouvrir le capital ?
17:39 - Oui, bien sûr.
17:40 - Ouais ?
17:41 - J'ai déjà fait.
17:42 - Ah, super.
17:43 - J'ai fait une première levée de fonds
17:44 où j'ai cédé 20% du capital en 2021
17:46 pour la première machine.
17:47 Et là, en ce moment,
17:48 je suis en cours de levée de fonds.
17:50 J'ai commencé à pitcher il y a un mois.
17:52 Donc, j'enchaîne les pitches avec les investisseurs,
17:54 et donc, je vais rouvrir mon capital.
17:55 - Tu es pressée ou pas, Clarisse ?
17:56 Tu as une notion de temps,
17:57 à part ton engouement entrepreneurial ?
17:59 - Je voulais closer en mars.
18:01 - Pourquoi ?
18:02 Il y avait une raison technique ?
18:03 - Je voulais recruter plus de commerciaux,
18:05 parce qu'aujourd'hui, on n'a qu'un seul commercial,
18:06 et plus d'ingénieurs,
18:07 parce qu'aujourd'hui, elle est toute seule sur la R&D.
18:09 - Et tu sens une pression de la concurrence ?
18:10 Tu sens quelque chose pour aller si vite ou pas ?
18:11 - Non, la pression de nos clients.
18:13 - Donc, on a trouvé un nouveau coach ce soir.
18:15 - Il s'appelle Julien Tuffry.
18:17 Ils sont deux ce soir.
18:18 On a Éric Alainon et Nélia Duvouz.
18:20 - Mais c'est passionnant, du coup.
18:21 - Vous êtes passionnants tous les deux.
18:22 C'est formidable.
18:23 - C'est vrai qu'il y a de la concurrence,
18:24 parce que j'ai vu aussi
18:25 qu'il y avait des solutions de briques de chanvre
18:27 ou des briques qui sont faites en terre cuite.
18:29 Donc, en fait, quels sont les avantages
18:31 par rapport à des briques faites par d'autres produits ?
18:34 - Parce que nous, on ne prend pas de matière
18:36 qu'il faut fabriquer ou aller extraire.
18:38 On prend une matière qui est déjà faite,
18:39 qui est déjà produite,
18:40 qui est le déchet.
18:41 Et vous parliez du métis tout à l'heure.
18:43 Il y a de plus en plus d'isolation
18:45 fait en laine de gin effilochée.
18:48 Et donc, ce n'est pas de déchiqueter,
18:49 c'est effiloché.
18:50 Et en fait, il faut rajouter un liant polyester,
18:52 souvent pour venir stabiliser la matière.
18:54 Et nous, chez Fabrique,
18:56 je ne l'ai pas dit tout à l'heure,
18:57 on mélange toutes les compositions.
18:58 On va prendre du polyester, du polyamide, du coton,
19:01 de la viscose,
19:02 toutes les matières qui sont autant plastiques que naturelles.
19:05 Et ça, on est les seuls à le faire aujourd'hui.
19:07 Et on prend le vêtement dans son entièreté,
19:09 on n'enlève pas les boutons.
19:10 - C'est ce qu'on appelle une pépite française.
19:11 Je viens à dire que c'était les pompiers de l'Indre
19:15 qui avaient reçu le trophée de représentation
19:17 de la Solidarité.
19:18 On a regardé avec Benjamin,
19:19 c'était des tenues de pompiers transformées en isolants.
19:22 Toutes ces...
19:23 Toutes matières peuvent être transformées
19:25 et être utiles à la société,
19:27 être utiles pour nos entreprises.
19:28 Et ça, ça fait du bien.
19:30 Érika, il y avait autre chose sur votre carnet d'adresses ?
19:33 - Non, moi j'avais surtout des...
19:34 Alors, sur des carnets d'adresses, oui, bien sûr,
19:36 mais j'avais quand même encore une dernière question
19:37 sur le sourcing,
19:38 parce que c'est vrai que, justement,
19:40 je regardais comment étaient collectés les vêtements.
19:43 Il y a une grosse moitié qui part directement à la poubelle.
19:46 Enfin, les particuliers jettent à la poubelle leurs vêtements.
19:49 - Ah bon ? - Très clairement, mais oui.
19:50 - Je pensais qu'on donnait.
19:51 - Et ensuite, il y a 20...
19:52 Il y a des produits...
19:53 Oui, il y a aussi de la collecte,
19:54 mais il y a une grosse partie de la collecte
19:55 qui va partir à l'export.
19:57 Et en fait, il se trouve que, finalement,
19:59 les produits qui sont collectés et recyclés
20:01 ne sont pas très nombreux,
20:02 alors qu'il y a pas mal de gens qui s'intéressent,
20:04 justement, au recyclage de ces produits.
20:06 Donc, est-ce que...
20:07 Est-ce que vous vous êtes inquiète ?
20:09 Est-ce qu'au contraire, aujourd'hui,
20:10 vous n'arrivez pas à faire face, malgré tout,
20:13 à cette manne textile ?
20:15 Ou est-ce que, justement, il n'y en a pas assez ?
20:17 Enfin, quelle est...
20:18 - La seule inquiétude que j'ai pas
20:20 pour le développement de fabrique,
20:21 c'est vraiment le sourcing et la matière première.
20:23 Je pense qu'il y en aura vraiment toujours beaucoup trop.
20:25 On continuera à s'habiller.
20:27 Avec la fast fashion, malheureusement,
20:28 on achète de plus en plus.
20:30 Et j'ai pas l'impression que c'est parti pour s'arrêter.
20:32 Aujourd'hui, en France, il y a plus de 700 000 tonnes
20:34 de déchets textiles chaque année,
20:36 juste en France.
20:37 Il y en a 4 millions en Europe.
20:38 Et effectivement, il y a 54 %
20:40 qui vont en incinération directement
20:42 parce qu'on n'est pas assez sensibilisés
20:43 au fait qu'on peut donner...
20:45 Par exemple, les bornes qu'il y a dans la rue,
20:46 souvent on met des vêtements qui sont en bon état
20:48 alors qu'en fait, on peut mettre des vêtements
20:50 qui sont déchirés, plus à la mode.
20:51 - Parce qu'ils sont vendus au kilo, après, c'est ça ?
20:53 - Oui, ils sont vendus en free-prix.
20:54 Et du coup, on pense qu'il faut pas mettre
20:56 des vêtements abîmés.
20:57 Donc, les vêtements abîmés partent à la poubelle
20:58 alors qu'en fait, on pourrait les mettre,
20:59 ils seraient recyclés.
21:00 Et aujourd'hui, sur ce qui est collecté,
21:01 il n'y a que 6 % qui sont recyclés.
21:03 - C'est ça, je vous rapportais 2 sacs.
21:05 - C'est ça, je me dis qu'il n'y a que 6 %
21:07 de textiles qui est recyclé réellement.
21:09 - Et le groupe Emmaüs, au nord de la France,
21:11 cela fait un travail extraordinaire.
21:13 En plus, c'est une ESS, le travail extraordinaire,
21:15 le relais Emmaüs-Métis.
21:17 - Oui, mais on travaille de plus en plus
21:19 avec des organismes comme ça,
21:20 parce que les pauvres, en quelques années,
21:22 ils sont passés de tout ce qu'ils collectent,
21:23 ils pouvaient revendre 80 %,
21:24 aujourd'hui, ils sont tombés à 40 %,
21:25 tellement les vêtements sont de mauvaise qualité.
21:27 Donc maintenant, on travaille même avec des vêtements.
21:29 - Vous voyez, quand on disait "ça, ça coûte cher".
21:31 - Ils sont de mauvaise qualité.
21:32 - Non, mais quand vous disiez qu'un jean
21:33 à un jean à un jean à 39 euros, c'est pas cher.
21:35 - On ne l'a pas voulu.
21:36 - Mais non, mais parce qu'encore une fois,
21:37 ça rejoint.
21:38 Là, on est au cœur de la chose.
21:39 Alors oui, on va le porter 6 mois,
21:40 et on va le donner à Orsay.
21:42 Super, ça fait le bonheur de Clarisse.
21:43 - Sauf qu'en fait, non.
21:44 - Mais à la fin, c'est ça qui coûte cher.
21:45 C'est pour ça.
21:46 Et le jean à sang qu'on répare,
21:47 qu'on va porter plus longtemps,
21:48 évidemment, ça fait un peu moins de matière à Clarisse,
21:50 mais peut-être que ça a un peu plus de sens.
21:51 - Et ça a plus de sens.