SMART BOURSE - Emission du vendredi 30 juin

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Vendredi 30 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Thomas Friedberger (Directeur général adjoint, Tikehau Capital) , Valérie Gastaldy (Stratégiste, DaybyDay) , Pierre-Olivier Beffy (Gérant et chef économiste, Boussard et Gavaudan) et Michel Ruimy (Économiste, SPAK)

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00:00 [Musique]
00:07 Bonsoir à tous et bienvenue dans Smart Bourse.
00:10 Smart Bourse, votre rendez-vous bourse deux fois par jour en direct sur Bsmart.
00:14 À midi et demi, tout d'abord une demi-heure pour prendre le pouls de la séance boursière à la mi-journée.
00:19 Avant la grande édition du soir, une heure cette fois-ci pour revenir sur l'actualité politique, économique et surtout financière dans Smart Bourse.
00:25 Je vous rappelle que vous pouvez retrouver Smart Bourse en replay sur bsmart.fr mais aussi nous écouter en podcast sur toutes les plateformes de podcast.
00:32 Et au sommaire de cette édition, les marchés européens et américains évoluent actuellement dans le vert alors que la séance a été marquée par la publication des chiffres de l'inflation de part et d'autre de l'Atlantique.
00:42 Aux Etats-Unis, tout d'abord l'indice PCE montre une décélération de l'inflation au global passant de 4,3% en avril à 3,8% au mois de mai.
00:51 Une décélération que l'on constate également dans sa version Core, la plus suivie par les banquiers centraux qui passe de 4,7% en avril à 4,6% au mois de mai.
01:00 En mensuel, cette même inflation Core passe de 0,4% en avril à 0,3% au mois de mai.
01:05 Et aux Etats-Unis, toujours, on note que les revenus des ménages américains augmentent encore légèrement.
01:11 Ils progressent de 0,4% sur le mois de mai après 0,3% au mois d'avril.
01:16 Tandis que les dépenses de ces mêmes ménages décélèrent sur la période.
01:21 Et puis inflation toujours mais en zone euro. Cette fois-ci, la progression des prix accélère également en juin.
01:25 Dans sa première estimation, la progression des prix décélère en juin.
01:32 Elle passe de 6,1% en mai à 5,5% en juin.
01:36 L'inflation sous-jacente, elle, progresse cependant légèrement sur le mois.
01:41 Elle passe de 5,3% en annuel en mai à 5,4% en annuel en juin.
01:46 On note dans le détail que les prix de l'énergie continuent à reculer.
01:49 Tandis que l'alimentaire progresse de plus de 11%.
01:51 Le secteur des services affiche lui aussi des prix en progression.
01:56 Une progression de 5,4% contre 5% en annuel le mois précédent.
02:00 Nous commenterons ces chiffres et leurs incidences sur les stratégies des banques centrales dans un instant dans Planète Marché.
02:05 Nous reviendrons également sur ces marchés actions très concentrés de part et d'autre de l'Atlantique.
02:10 Une poignée de valeurs capte une majorité des flux et réalise donc une majorité de la performance.
02:14 Parmi ces valeurs, Apple qui a franchi aujourd'hui pour la deuxième fois les 3000 milliards de dollars de capitalisation boursière.
02:20 Un niveau que le titre avait déjà franchi au début de l'année.
02:23 Nous décrypterons donc dans Planète Marché les dynamiques de marché à l'oeuvre dans un instant avec nos invités.
02:28 Et enfin dans Marché Athème, le dernier quart d'heure thématique de Smart Bourse.
02:32 Nous reviendrons sur le sommet qui s'est tenu à Paris la semaine dernière en vue d'un nouveau pacte financier mondial entre pays du nord et pays du sud.
02:39 Un nouveau pacte financier nécessaire notamment face au sur-endettement d'un certain nombre de pays en développement et face aux enjeux de la transition climatique.
02:46 On se retrouve tout de suite sur le plateau de Smart Bourse.
02:48 Et nous commençons tout de suite avec Tendance mon ami.
03:01 Le résumé complet de l'actualité boursière du jour proposé par Alix Enghlien.
03:05 Alix, les marchés européens sont bien orientés ?
03:07 Oui, le CAC renoue avec les 7400 points.
03:10 Wall Street de son côté accélère après les données de l'inflation de mai.
03:14 L'inflation américaine ralentit.
03:16 L'indice des prix des dépenses de consommation personnelle a augmenté de 3,8% sur une base annuelle.
03:22 Hors composante volatile, l'indice des prix Corps-PCE a augmenté de 4,6%.
03:27 Sur le front obligataire, on remarque une détente.
03:30 Et puis à noter que pour le mois de juin, l'indice de confiance des consommateurs du Michigan ressort supérieur aux attentes.
03:36 Avant cela, et plus près de nous, on découvrait qu'en juin, le taux d'inflation annuel de la zone euro a poursuivi sa baisse.
03:43 Il tombe à 5,5% grâce à un net reflux des prix de l'énergie dans l'alimentation.
03:49 La hausse des prix à la consommation reste cependant particulièrement élevée à 11,7%.
03:55 Du côté des valeurs européennes, à Francfort, Adidas et Puma grimpent alors que Nike a raté le consensus sur son bénéfice au quatrième trimestre.
04:04 L'entreprise indique s'attendre à une croissance de ses revenus nulle ou faible.
04:08 Nike s'efforce toujours d'écouler ses importants stocks de marchandises, des stocks qui ont érodé sa rentabilité.
04:15 Et puis aux Etats-Unis, Apple a brièvement franchi les 3 000 milliards de capitalisation.
04:20 Un cap déjà franchi en cours de séance au tout début de l'année 2022.
04:25 Depuis le début de l'année, Apple a vu son action bondir de pas moins de 45%.
04:30 En six mois, elle a gagné plus de 900 milliards de dollars de capitalisation boursière.
04:35 Aux Pays-Bas, à présent, Alix, ASML est sous pression.
04:38 Le gouvernement néerlandais annonce de nouvelles règles visant à limiter les exportations de certains équipements de semi-conducteurs.
04:46 Une annonce qui s'inscrit dans un contexte de pression de Washington sur ses alliés.
04:51 Pour rappel, Washington souhaite restreindre les ventes de semi-conducteurs à la Chine.
04:55 Les nouvelles règles en question obligeront les entreprises produisant des équipements destinés à la fabrication de puces à obtenir une licence avant toute exportation.
05:05 Elles doivent entrer en vigueur le 1er septembre.
05:08 À noter qu'ASML a déclaré ne pas avoir l'intention de modifier ses prévisions financières suite aux nouvelles règles.
05:14 Voilà donc Tendance, mon ami, le résumé complet de l'actualité boursière du jour proposée par Alix Enguyen.
05:19 (Générique)
05:30 Et c'est parti pour Planète Marché, une quarantaine de minutes ensemble pour décrypter l'actualité, parfois politique, souvent économique et surtout financière dans Smart Bourse.
05:38 Ce soir, nous avons le plaisir d'être accompagnés par Thomas Friteberger.
05:41 Bonsoir Thomas Friteberger.
05:42 Bonjour Nicolas.
05:43 Vous êtes le directeur général adjoint de TKO Capital.
05:45 À vos côtés, nous avons le plaisir d'accueillir également Valérie Gastaldi.
05:47 Bonsoir Valérie Gastaldi.
05:48 Bonsoir Nicolas.
05:49 Vous êtes stratégiste chez Day by Day et nous accueillons également avec plaisir Pierre-Olivier Béfy.
05:53 Bonsoir Pierre-Olivier Béfy.
05:54 Bonsoir Nicolas.
05:55 Vous êtes gérant et économiste chez Boussard et Gavodin, fondateur également de l'association L'Echo à Venir.
06:00 On va commencer avec vous Pierre-Olivier Béfy.
06:02 On donnait il y a un instant les chiffres de l'inflation dans le cours de l'euro et aux Etats-Unis qui viennent clôturer quelque part une semaine chargée en indicateurs économiques.
06:10 Des indicateurs économiques globalement bons. Si on met de côté le sujet Allemagne avec un ifo un petit peu décevant et un sujet inflation allemande sur lequel on pourra revenir.
06:19 Quelle lecture vous avez d'abord de ces indicateurs et d'une incidence potentielle sur le questionnement des marchés, celui des stratégies monétaires des banques centrales ?
06:28 Sur l'inflation d'abord, les chiffres sont plutôt, je dirais légèrement mieux mais plutôt en ligne avec ce que les gens attendaient.
06:36 Je pense que le point qui est très important maintenant pour ce qui va se passer c'est plutôt la question de savoir une fois qu'on a tous les effets de base qui étaient très favorables à la baisse de l'inflation,
06:45 on sait que ça va se compliquer un peu pour la suite.
06:48 Donc le marché il est assez anxieux là-dessus, on l'a vu après ce qui s'est passé au Royaume-Uni.
06:53 Donc le marché obligataire je pense qu'il se comporte de la manière suivante, c'est-à-dire qu'il se dit aujourd'hui où est-ce que je vais m'arrêter ?
07:01 Et je pense qu'il est assez rassuré par les derniers chiffres, ils ne vont pas aller très loin finalement, on a encore quelques hausses mais ça ne va pas aller très loin.
07:07 Donc ça valide un scénario qui n'est pas celui dit par les banques centrales mais qui est celui auquel croit le marché ?
07:11 Oui et le deuxième point, alors ça dépend parce que pour la BCE ils sont assez en ligne, peut-être la Fed ils attendent une de moins,
07:17 mais enfin la Fed, celle qu'on attend de moins c'est celle de novembre donc on a le temps peut-être de voir ce qui va se passer d'ici là.
07:22 Et puis le deuxième point c'est aussi que je pense que le marché maintenant sa question c'est plus, c'est là, il y a quand même un peu de resserrement,
07:28 c'est de savoir combien de temps les banques centrales vont rester à ce niveau-là.
07:31 Et je pense que c'est un peu ce qu'on a vu à Sintra, d'ailleurs après il y avait pas mal de banquiers centraux qui disaient la même chose,
07:36 qui disaient grosso modo on a déjà fait tellement, on ne va pas continuer à monter comme ça jusqu'au ciel,
07:40 maintenant il faut laisser le temps pour voir ce que donne la politique monétaire.
07:43 Oui parce qu'on n'a pas non plus entendu à Sintra qu'ils envisageaient des baisses tout de suite pour le coup,
07:47 l'idée c'est plutôt de marteler l'idée qu'on restera dans un environnement de taux élevés.
07:51 Ce qui est très compliqué et je pense que c'est très constant dans tous les commentaires de banquiers centraux,
07:56 c'est qu'on sent que la politique monétaire ne s'est pas vraiment encore transmise à l'économie.
08:01 Alors c'est un peu bizarre parce qu'on a quand même des très fortes hausses de taux,
08:03 donc on commence à avoir quand même une pression assez forte sur certains acteurs les plus fragiles,
08:08 on l'a vu avec SVB, avec les banques, mais de manière globale c'est un poison un peu lent.
08:14 Et puis la deuxième chose, il ne faut pas oublier que dans l'après-Covid,
08:17 il y a eu beaucoup d'entreprises de ménage et d'État qui ont loqué des taux très très bas.
08:22 Alors quand on est à des taux plus variables, je prends l'exemple du Royaume-Uni qui a par exemple pour l'État un tiers de sa dette indexée sur l'inflation,
08:28 donc c'est une taux variable sur un tiers, ça va très très vite, donc il y a une pression supplémentaire.
08:32 Mais si on regarde l'exemple français par exemple, c'est encore à diffusion lente,
08:35 alors qu'on sait que d'ici trois ans il va sans doute falloir trouver 70 milliards d'économies pour combler la hausse des charges d'intérêt.
08:42 Donc le poison est lent, il est là, il va grossir, mais pour l'instant il n'est pas...
08:46 donc les banques centrales se disent "bon, pour l'instant tous ces acteurs on ne sait pas encore ce qui se passe",
08:50 donc elles veulent voir un peu ce qui se passe.
08:52 Mais justement là-dessus, alors effectivement on peut envisager une diffusion lente
08:56 ou on peut aussi se poser la question de "est-ce que le logiciel d'avant marche toujours ?"
08:59 Effectivement avec une démographie qui évolue, avec un niveau d'épargne qui est toujours très conséquent,
09:03 avec des stocks d'entreprises qui sont toujours très présents aujourd'hui dans certains secteurs.
09:07 Est-ce qu'on regarde les bons indicateurs effectivement, ou il faut s'attendre aussi à une nouvelle normalité
09:11 où le marché du travail ne baisse pas et où l'épargne continue à soutenir la consommation pendant encore quelques mois ?
09:17 Oui, c'est une bonne question. Moi je trouve que c'est une question très compliquée.
09:20 Personnellement je pense qu'on est quand même dans un changement de régime structurel
09:24 avec une inflation qui sera structurellement plus élevée.
09:27 Mais après il y a quand même un point, ce cycle est très particulier,
09:32 parce que d'habitude si vous voulez quand on a une mauvaise nouvelle,
09:34 après derrière on a une baisse des taux, les gouvernements font des submises budgétaires,
09:38 voilà ce qui s'est passé, c'est qu'en fait les gouvernements sont encore en mode d'expansion budgétaire massif.
09:44 On l'a vu aux Etats-Unis avec le deal qui a été fait, finalement il n'y aura quasiment pas de resserrement budgétaire.
09:51 En Europe on a des fonds de partout qui arrivent, enfin bref on crée de la dette encore de partout.
09:54 Donc le stimulus budgétaire est extrêmement puissant et donc il maintient toute une partie de l'économie en place,
10:00 notamment les services, etc.
10:02 A contrario, le secteur manufacturier, à part au Japon où ils ont dévalué de manière fantastique,
10:07 sinon toutes les économies sont en récession manufacturière.
10:10 D'où aussi des déceptions plus grandes dans les grands pays manufacturiers comme l'Allemagne, la Suède, etc.
10:15 Mais grosso modo ce découplage il est là.
10:17 Je pense qu'il y a une partie qui est due au fait qu'il y a eu beaucoup de biens qui ont été consommés pendant le Covid.
10:22 Donc voilà, on devrait quand même à un moment avoir un peu de soutien.
10:26 On a beaucoup coupé dans les biens, ça va un peu revenir.
10:30 Mais structurellement on peut aussi se poser des questions.
10:32 Il y a d'un côté la politique monétaire qui devient de plus en plus pénalisante sur le financement,
10:36 qui va graduellement affecter de plus en plus de secteurs et de manière de plus en plus forte.
10:41 Et je pense que le moment qui sera encore plus dangereux pour l'économie mondiale,
10:44 c'est quand vraiment on aura aussi du resserrement budgétaire qui va arriver inévitablement.
10:48 Ce n'est peut-être pas le sujet tout de suite, c'est pour ça que le marché est peut-être trop relax pour certains,
10:54 mais je pense que c'est un vrai sujet à un moment.
10:57 Valérie Gasteldi, je rebondis sur ce que nous a dit Pierre-Olivier Béfy.
11:01 Est-ce que le marché est trop relax en ce moment par rapport au sujet resserrement monétaire ou gestion budgétaire ?
11:07 Je ne réfléchis pas en ces dernières années, je ne juge pas le marché.
11:16 Vous êtes arrivé tout de suite à la partie difficile.
11:22 Comment rebondir et continuer sur ce qu'a dit Pierre-Olivier ?
11:27 Je partage cette vision que l'inflation est sans doute...
11:33 On ne va pas rejoindre les objectifs que nous annoncent les banques centrales.
11:38 La fleur au fusil, dans deux ans, on ne sera pas à 2%.
11:42 Il y a des côtés négatifs qui ont été soulignés.
11:48 Je vais proposer des aspects positifs pour équilibrer.
11:52 Pour une entreprise, face à des problèmes d'emploi,
12:04 parce que trouver les employés dont on a besoin avec les qualifications qu'on a besoin aux endroits où on les cherche,
12:10 il y a une série de contraintes auxquelles il faut répondre,
12:14 on sait que ce n'est pas facile.
12:16 C'est pour ça que ce chômage ne baisse pas alors que l'activité ralentit.
12:25 Pour une entreprise, les employés qu'elle a ne veulent pas les laisser partir
12:30 parce que le coût de formation, de remplacement, etc. est élevé.
12:34 Elle se dit qu'il vaut mieux payer quelqu'un pendant un an plutôt que de faire tourner tout trop vite.
12:40 En plus, c'est une incitation assez forte à investir et à faire des gains de productivité.
12:46 Si l'inflation et l'inflation des salaires sont là pour durer,
12:51 jusqu'à présent, on a vécu dans un monde où il n'y avait pas d'inflation et pas d'inflation des salaires.
12:55 Les baisses de gains de productivité, ce n'était pas si difficile à gérer pour une entreprise.
13:01 Pour satisfaire ses actionnaires, elle empruntait à taux bas,
13:05 elle achetait ses actions, elle retournait de l'argent aux actionnaires,
13:08 et puis elle ne touchait pas aux salaires.
13:10 Tout ça, finalement, ça marchait d'un point de vue boursier,
13:13 ce qui est le mandat qu'ont les chefs d'entreprise, c'est de faire un peu le cours de bourse.
13:17 Là, ça va être un petit peu plus difficile parce qu'emprunter à 5% pour faire du rachat d'actions,
13:24 ça a moins de sens que ça n'en avait auparavant.
13:27 On se retrouve à prendre des décisions industrielles,
13:31 des décisions dans son métier pour recréer de la valeur dans son métier
13:35 et pas de la valeur financière comme on l'a fait au cours des 10 ou 15 années précédentes.
13:40 Donc on revient à un sujet de productivité.
13:42 On revient à un sujet de productivité.
13:44 Pour voir le côté positif, je suis tout à fait d'accord qu'on peut aussi le modérer,
13:49 mais je viens apporter un autre son de cloche.
13:52 Finalement, c'est ce qui peut nous arriver de bon parce qu'on sait très bien
13:56 que si on veut réellement relancer l'économie pour plusieurs années
14:01 et pas juste vivre des plans de la largesse des gouvernements,
14:07 il faut que ces entreprises investissent et qu'on trouve des nouveaux modèles de développement
14:12 auxquels il va falloir rajouter des nouveaux modèles sociaux de distribution
14:16 parce que si ça passe par de l'intelligence artificielle et peut-être moins de main-d'œuvre
14:21 pour faire beaucoup de tâches de service ou du tertiaire que l'on connaissait,
14:26 il faut quand même que ces gens continuent de consommer.
14:29 Mais ça ne veut pas dire qu'on ne va pas trouver de solution.
14:32 Ce que je veux dire, c'est que ce type de situation fait qu'une entreprise, pour s'en sortir,
14:38 est obligée de faire des gains de productivité.
14:40 Et faire des gains de productivité, ça veut dire investir et ça peut enclencher.
14:43 Si la confiance est là, et c'est pour ça que moi je m'intéresse au comportementalisme
14:47 et pas tellement au fondamental,
14:50 parce que finalement on revient toujours à ce problème,
14:52 c'est est-ce que les entreprises ont suffisamment confiance pour franchir le pas
14:56 et dire on va investir et donc on part dans une dynamique positive
15:00 et tous les problèmes auxquels on fait face, on va réussir peu à peu à les surmonter
15:04 parce que pendant 10 ans on va être porté par ce cycle de l'investissement
15:07 ou alors il n'y a pas de confiance et là les problèmes de dette, les problèmes bancaires,
15:11 tout ça, ça nous écrase et on part pour une deuxième décennie perdue.
15:17 Après 2008, on a eu une décennie perdue.
15:19 Ce sujet confiance, il est central, mais ça n'a pas l'air d'être la préoccupation des banques centrales aujourd'hui.
15:24 Ils ne sont pas là pour parler de ça.
15:26 Non, mais c'est quand même regardé de près par les marchés.
15:29 Une banque centrale, elle ne parle pas des marchés, elle parle du système bancaire.
15:33 Effectivement, mais ça joue quand même sur la confiance qu'on peut avoir vis-à-vis de la croissance d'une économie
15:38 comme les Etats-Unis ou la zone euro pour une entreprise.
15:42 Je crois que c'est plus difficile à décoder la confiance que ce que disent les banques centrales.
15:48 Les banques centrales, bien sûr, elles sont là pour établir une confiance dans la monnaie,
15:52 dans la stabilité du secteur financier, oui, mais la confiance dans le futur,
15:59 ce n'est pas la banque centrale qui la décide parce que sinon elle ne disparaîtrait jamais.
16:03 Bien sûr, bien sûr, bien sûr.
16:04 Non, mais je veux dire, l'incidence sur la croissance d'un pays ou d'une zone
16:08 en lien effectivement avec des décisions monétaires peut jouer sur la confiance d'une entreprise
16:12 à décider d'investir sur les prochaines années.
16:15 Peut-être que ça se joue en sens inverse.
16:18 La confiance, elle émane de tous les éléments du système,
16:24 donc de vous, de moi, de l'entreprise, des gens qui sont des gouverneurs des banques centrales,
16:30 de plein de choses.
16:31 Elle est complètement diffusée dans la société.
16:35 Et en fait, pour moi, il y a justement des périodes qui sont plus propices à cette confiance que d'autres.
16:44 A priori, on est plutôt dans une période où…
16:47 La confiance repart.
16:48 Elle doit revenir. On n'y est pas encore.
16:51 Mais on l'attend.
16:53 Oui, quand on a aussi ces situations de conflits extrêmement forts dans les sociétés,
17:02 comme on l'a actuellement, on est un peu au fond du trou.
17:08 Il y a un moment où on reconstruit quelque chose,
17:11 où on reconstruit en modèle et où on a à nouveau un avenir.
17:15 Elle est toujours venue.
17:19 Bien sûr.
17:20 J'observe le passé, ce qui s'est passé dans l'histoire.
17:23 Et l'homme a cette particularité qu'il s'en sort.
17:29 Il rebondit.
17:31 Il y a des groupes, des leaders.
17:34 Il y a une histoire, des cycles qui se répètent avec des moments où il y a des conflits
17:39 parce que la confiance se dissipe et d'autres où les choses s'améliorent, etc.
17:43 Donc, avec plusieurs strates dans le temps.
17:48 Mais d'un point de vue de l'industrie, on a cette opportunité qu'il y ait cette pression sur les entreprises
17:55 à se décider à investir, plus qu'elles ne l'ont fait au cours de la décennie précédente,
17:59 justement parce qu'il y a des hausses de taux et de l'inflation.
18:01 Et donc, un nouveau paradigme.
18:03 En fait, si je comprends bien, il serait illusoire pour une entreprise de s'attendre à retrouver les conditions d'avant,
18:10 d'avant Covid et il faut se réinventer effectivement dans un monde d'inflation élevée
18:15 et de taux qui resteraient élevés face à une inflation élevée.
18:18 Oui, on est d'accord.
18:19 Ça, c'est une certitude.
18:21 Pour moi, c'est une certitude.
18:23 Après, on peut en débattre.
18:26 Thomas Friedberger, avant peut-être de passer aux entreprises et à la saison des résultats,
18:29 sur le contexte macro, que ce soit de part et d'autre de l'Atlantique,
18:32 qui sont alors certains dits sur deux cycles différents,
18:35 d'autres militent plutôt sur le fait que les États-Unis sont en avance de phase vis-à-vis de la zone euro.
18:40 Quelle lecture vous en avez avec les chiffres qu'on a eu cette semaine, mais de manière plus globale également ?
18:45 Sur le cycle d'investissement, je pense que tout a été dit pour le coup.
18:49 Je vais le redire avec d'autres mots, mais on rentre dans une phase de temps long.
18:51 Pendant 35 ou 40 ans, même la baisse des taux continue et la mondialisation ont fait que la création de valeur économique
19:00 s'est faite principalement par génération de déficience.
19:03 On a sur-optimisé tout un tas de choses.
19:06 L'endroit où les entreprises produisent, d'où les salaires bas d'ailleurs,
19:09 l'endroit où elles payent leurs impôts, les coussins de capitaux propres avec lesquels elles opèrent,
19:13 avec ces fameux rachats d'actions financés par de la dette.
19:16 Et là, les tensions entre les USA et la Chine, puis la crise de la Covid, puis la guerre en Ukraine
19:21 font qu'on passe dans un cycle de remontée de taux d'intérêt, de démondialisation,
19:25 de relocalisation des écosystèmes qui obligent les entreprises à générer de la valeur financière,
19:30 non pas par création d'efficience, mais par création de résilience.
19:32 Et ça, ça va les forcer à investir.
19:34 Clairement, elles doivent investir pour créer cette résilience-là dans la transition énergétique
19:38 en adressant l'efficience énergétique de leurs bâtiments, de leurs process industriels, de leurs flottes.
19:43 Parce que si elles ne le font pas, elles ne seront pas compétitives,
19:46 parce que leurs coûts par ailleurs ont augmenté.
19:48 Elles doivent investir dans la cyber, les États doivent investir dans la défense, etc.
19:52 Donc création de résilience.
19:53 Donc on repasse dans un temps long.
19:54 C'est pour ça que je ne suis pas sûr que la confiance soit...
19:56 La confiance, c'est un indicateur de temps court qui dépend beaucoup de la conjoncture,
20:00 qui a son importance, bien sûr.
20:01 Mais là, on passe dans un cycle où les entreprises n'ont pas le choix,
20:04 elles vont devoir investir massivement.
20:05 Mais ça, ça veut dire quoi ?
20:06 Ça veut dire déjà beaucoup moins d'optimisation,
20:09 moins de levier, moins d'ingénierie financière,
20:15 et donc une croissance plus faible partout.
20:17 Sauf peut-être dans les endroits où justement les vendeurs de pelle de la résilience,
20:21 dans la transition énergétique, dans la cyber, etc.
20:23 où là, il y a peut-être des méga tendances de croissance.
20:25 Mais la croissance doit ralentir.
20:27 Et c'est plutôt une bonne nouvelle d'ailleurs, puisque ce cycle-là de 40 ans,
20:30 il a quand même mis le climat dans le mur, les inégalités aussi.
20:33 Et puis il y a quand même des mauvaises allocations de capital.
20:35 Donc on retrouve le SLG là.
20:38 Donc ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle.
20:40 Là où c'est compliqué, c'est qu'on assiste dans ce cadre-là.
20:45 Et parce qu'il y a un aspect structurel à l'inflation, je suis assez d'accord avec ça,
20:49 pour des raisons démographiques, pour des raisons de mix énergétique,
20:51 et pour des raisons de démondialisation qui est inflationniste,
20:55 les banques centrales et les gouvernements,
20:59 pour la première fois depuis ce cycle de baisse des taux du milieu des années 80,
21:03 qui date du milieu des années 80, sont dans un désalignement d'intérêt total.
21:07 Les banques centrales doivent combattre l'inflation, et le disent.
21:11 Le marché ne veut pas trop l'entendre, mais cette inflation est beaucoup plus structurelle
21:17 que ce qu'on veut bien penser.
21:19 Et puis les États, eux, sont dans une trajectoire budgétaire qui, je pense, ne va pas s'arrêter.
21:26 Parce qu'aux États-Unis, le premier budget, c'était la défense,
21:32 mais maintenant, les dépenses de santé commencent également à prendre le pas,
21:36 alors que les budgets de défense ne vont pas baisser, pour plein de raisons.
21:39 En Europe, c'est l'inverse. C'était le welfare state qui coûtait cher aux États,
21:43 maintenant c'est aussi la défense.
21:45 Et donc, en fait, tous les États, en tout cas dans les pays développés,
21:48 sont dans des trajectoires budgétaires qui se dégradent.
21:51 Et le fait que cet épisode du plafond de la dette soit intervenu à un moment
21:55 où il y a le plein emploi aux États-Unis,
21:57 on était tous très contents que le plafond de la dette ne soit plus un problème,
22:00 mais c'est quand même assez inquiétant, parce que d'ici à la fin de l'année,
22:03 le Trésor va quand même mettre plus d'un trillard de T-bills à 5% de rendement,
22:09 ce qui va assécher la liquidité.
22:12 Ce qui m'inquiète le plus, ce n'est pas tellement le débat entre inflation et récession,
22:16 qui est ce qu'il est, tout le monde a son avis là-dessus.
22:19 Ce n'est pas le plus gros sujet d'inquiétude aujourd'hui.
22:21 Le plus gros sujet, c'est la liquidité.
22:23 On est dans une crise de liquidité qui nous arrive dessus,
22:25 et qui va être assez compliquée à gérer.
22:27 Du fait des politiques budgétaires des États ?
22:29 Du fait que les gouvernements sont obligés d'émettre beaucoup de dettes,
22:34 qu'il n'y aura plus assez de croissance pour absorber cette dette.
22:39 On va avoir des primes de risque plus élevées, une volatilité plus élevée,
22:44 une incertitude plus élevée, un financement de l'économie réelle qui sera un peu plus compliqué,
22:48 parce que si ce n'est pas les banques centrales,
22:50 si ce n'est pas la Chine qui achète la dette des États,
22:53 il faudra bien que quelqu'un l'achète, et à quel prix et comment ?
22:57 Quand ils achètent ça, ils ne financent pas l'économie forcément réelle.
23:01 Nous, on prend ça comme une opportunité,
23:05 apporter de la liquidité à des gens qui en ont besoin.
23:07 Mais il ne faut pas se leurrer,
23:10 ça se fera avec des primes de risque plus élevées, plus de volatilité,
23:15 et il va falloir avoir une sélectivité beaucoup plus forte qu'avant.
23:18 Si je comprends bien ce que vous dites,
23:20 et je caricature peut-être un peu,
23:22 les entreprises sont face à la nécessité de se réinventer,
23:25 et pour cela, il va falloir investir beaucoup,
23:28 donc potentiellement emprunter un peu plus cher,
23:30 et trouver ces capitaux dans un contexte où la liquidité va être beaucoup plus complexe.
23:37 C'est là que la vertu paiera,
23:39 c'est-à-dire que les meilleures entreprises,
23:43 celles qui ont une bonne allocation de capital,
23:46 des bons retours sur capitaux investis,
23:48 des bonnes équipes de management qui ont une vraie vision,
23:50 pas celles qui changent d'avis toutes les trois semaines,
23:53 pourront continuer à financer dans le temps long leur croissance,
23:57 mais celles qui ont été plus imprudentes, plus agressives,
24:02 avec des murs de la dette qui se présentent,
24:05 qui se présenteront en 2024,
24:07 vont être assez compliquées à franchir.
24:10 Donc, grande sélectivité,
24:12 et donc, prime aux asset managers qui sauront être sélectifs et discriminants.
24:19 Le temps de l'allocation de capital laisse sa place au temps de la sélection de valeur,
24:22 très clairement pour nous.
24:24 Pierre-Olivier Béfige, allez enchaîner sur la saison des résultats.
24:26 On parle des entreprises, on peut en parler,
24:28 parler de la saison des résultats,
24:29 mais ouvrir un petit peu en réaction à ce qu'il vient de dire.
24:31 On a quand même effectivement cette échéance dans quelques jours à présent,
24:35 où on va découvrir les résultats du second trimestre,
24:39 notamment des entreprises du S&P 500.
24:41 Qu'est-ce qu'on y regarde dans le contexte qu'on vient d'évoquer actuellement ?
24:45 Sur les résultats, je pense que le discours des entreprises est un peu en train de changer.
24:51 Jusqu'à présent, c'était qui est-ce qui arrive à passer les plus grosses hausses de prix,
24:54 on va dire ça comme ça.
24:56 Maintenant, c'est qu'est-ce qui fait du cost-cutting ?
24:58 On est revenu un peu dans cette thématique-là.
25:00 Donc, c'est les entreprises qui font des gains de productivité, etc.
25:04 C'est un peu le son de cloche qu'on commence à entendre.
25:08 Donc, c'est pour ça que le marché, pour l'instant, il se dit,
25:10 bon, je vais avoir moins d'inflation,
25:12 je vais avoir moins de capacité à augmenter mes prix,
25:14 en même temps, on va pouvoir couper les coûts, etc.
25:17 Donc, les marges seront préservées ?
25:19 Je pense qu'encore une fois, je pense que les marges, c'est un sujet...
25:24 Je pense que l'impact du stimulus budgétaire
25:27 et le fait que la demande globale tient très bien en nominale
25:30 est quand même quelque chose d'assez puissant pour les marges.
25:32 Tant que pour l'instant, on n'a pas de craquage sur la demande nominale,
25:35 les marges vont continuer à bien se maintenir.
25:37 Donc, je n'ai pas de gros sujets sur la saison de résultats.
25:40 Non, mais je pense que Thomas, c'est très intéressant ce qu'il dit sur la liquidité,
25:44 ça me fait beaucoup réfléchir.
25:45 Alors, moi, je l'aborde sur un autre point,
25:48 qui est de me dire que pour que le système soit soutenable,
25:51 c'est-à-dire que pour qu'à la fin, on puisse financer tout ce qu'on veut financer,
25:54 alors...
25:55 - Parce qu'il y en a des choses à faire, effectivement.
25:57 - L'énergie éthique, la défense...
25:58 - La dette existante.
25:59 - Voilà.
26:00 - Les infrastructures aussi.
26:01 - La création des modèles avec les nouvelles technologies, etc.
26:05 Donc, avoir de nouveaux modèles productifs, etc.
26:07 Tout ça va coûter énormément d'argent.
26:09 - Bien sûr.
26:10 - Et le problème, c'est qu'on ne peut pas garder des taux aussi élevés pour les financer.
26:15 Ça va coûter trop cher.
26:16 Je veux dire, tout le monde va aller dans le mur.
26:18 Donc, je pense qu'à la fin, je dirais, la fin des fins de tout ça,
26:22 c'est d'avoir un peu de contrôle de courbe des taux,
26:24 d'avoir en quelque sorte aussi de la liquidité qui revient via les banques centrales
26:28 en disant, voilà, on ne peut plus mettre les taux à zéro,
26:30 mais on vous les mettra quand même à un certain niveau,
26:32 mais par contre, pour la liquidité, vous en aurez.
26:35 Et après, la grande interrogation pour moi, c'est quel chemin on va pour aller vers cet équilibre.
26:41 Et il y a des bons et des mauvais scénarios.
26:44 Les mauvais scénarios, c'est qu'on peut se dire, voilà,
26:46 il y a peut-être trop d'entreprises qui sont un peu zombies dans le système,
26:48 qu'il va falloir nettoyer.
26:50 - Mais ça, on le disait déjà il y a deux ans.
26:52 - Oui, mais là, je pense qu'elles vont arriver au moment où ça va quand même commencer à être un peu…
26:56 - Il y a eu un sursis, quoi.
26:57 - Quand on est à taux zéro, on peut rester zombie tant qu'on veut,
26:59 mais à la fin, là, on n'est plus à des taux…
27:01 Et même en taux réels, si on regarde ce qui se passe devant,
27:03 les taux réels vont quand même être très élevés.
27:05 Ça va commencer à être plus compliqué.
27:07 Donc voilà, je pense qu'on est arrivé à un moment critique là-dessus.
27:10 Et après, donc il y a des bons et des mauvais scénarios.
27:12 On peut sortir par le haut.
27:13 Peut-être que l'intelligence artificielle va tous nous sauver.
27:15 Et puis qu'au final, on va pouvoir créer tellement de croissance
27:18 que par-dessous, on va pouvoir restructurer de manière soft, etc.
27:21 Voilà, moi, je pense que c'est des questions ouvertes.
27:24 À titre personnel, je reste quand même assez inquiet pour 2024.
27:28 Mais moi, je suis un peu comme Thomas.
27:29 Je partage aussi la vie.
27:30 Après, il y a des histoires timées.
27:32 C'est-à-dire que dans toutes ces grandes transitions,
27:35 il y a toujours des moments où…
27:37 Par exemple, qui est-ce qui avait prévu qu'ESVB allait se passer cette année ?
27:40 Personne.
27:41 Et puis bon, quand ça arrive, avoir des banquiers,
27:44 ce n'était pas l'idée de génie.
27:46 Après, une fois que c'est passé, on se dit,
27:48 finalement, on a trouvé une petite solution,
27:50 on a fait un petit bricolage et finalement, on remonte.
27:52 Avoir des banquiers depuis ESVB, c'était fantastique.
27:54 Donc voilà, il faut aussi naviguer un peu tous ces éléments.
27:58 Et puis l'économie reste résiliente.
27:59 Je pense qu'on a déjà une crise financière.
28:01 On a déjà une crise bancaire.
28:02 Je pense que les gros problèmes ne viendront pas de là.
28:04 Mais c'est vrai que maintenant, on est plutôt sur un problème
28:06 qu'on n'a jamais eu, la crise de l'économie réelle.
28:08 Parce que depuis 2008-2009, on a toujours subventionné l'économie réelle.
28:11 On a toujours évité le crash, en quelque sorte.
28:13 On a eu des récessions, mais je veux dire,
28:15 on a toujours remis de l'argent, on a toujours remis de la liquidité,
28:18 on a remis du stimulus.
28:19 Et je pense qu'on arrive à un moment où les États,
28:21 dans leur capacité, vont être plus restreints à remettre du stimulus,
28:24 à moins que les banques centrales les aident,
28:25 mais on n'est pas dans ce régime-là aujourd'hui,
28:27 puisque les banques centrales nous disent qu'elles veulent moins d'inflation.
28:30 Et donc, ça va être un peu plus compliqué.
28:33 Mais je ne dis pas, encore une fois, sur les deux prochaines semaines qui se passent.
28:36 Oui, bien sûr.
28:37 Là, on est effectivement au moyen terme.
28:41 Valérie Gasteldi, sur tout ce qui a été dit,
28:44 peut-être qu'on peut apporter une touche marché également sur ce contexte.
28:48 Oui, moi j'entends le discours des banques centrales
28:52 peut-être un tout petit peu, de façon un petit peu moins pessimiste.
28:56 C'est normal, elles sont tristes les banques centrales.
28:59 Non, mais elles ne peuvent pas dire qu'elles abandonnent la lutte contre l'inflation,
29:06 vu que l'inflation n'est pas encore sur leur cible.
29:08 Donc, elles sont obligées de maintenir au moins un discours restrictif.
29:12 Par ailleurs, elles trouvent qu'elles ont déjà fait une bonne partie du chemin
29:16 et elles savent que si elles vont trop vite sur la fin,
29:19 elles risquent d'avoir un effet CISO très défavorable
29:22 et de précipiter une récession violente,
29:24 ce qui n'est pas leur but et ce qu'elles ne veulent pas faire,
29:28 qu'il ne faut pas qu'elles fassent.
29:29 Donc, elles jonglent entre un besoin de potentiellement monter encore un petit peu les taux,
29:35 mais pas tant que ça, enfin pas tout de suite,
29:38 il faut qu'elles attendent, six mois peut-être,
29:40 et puis un discours qui doit rester restrictif
29:44 parce qu'elles attendent que les acteurs économiques s'ajustent
29:48 à un monde dans lequel ils planifient avec de l'inflation,
29:51 donc eux-mêmes font attention et vont avoir un impact favorable sur cette lutte anti-inflation.
29:57 Mais après, je pense qu'elles vont rester dans un univers de taux réels négatifs
30:05 pendant encore assez longtemps, en moyenne, peut-être pas à tout moment,
30:09 parce qu'il n'y a pas d'autre solution pour résorber les dettes d'État
30:13 que d'avoir des taux réels négatifs.
30:15 Parce que moi, c'est ce qu'on a toujours fait.
30:18 Une fois encore, moi, je n'invente absolument rien.
30:21 L'histoire du monde et l'histoire des dettes, c'est ça, c'est l'inflation,
30:24 la résorption de la dette par l'inflation.
30:26 Alors, je sais qu'on a une Banque Centrale Européenne
30:28 qui va être plus difficile à convaincre d'accepter ce modèle-là
30:31 que d'autres banques centrales, que l'américaine notamment,
30:34 mais je pense qu'il n'y a pas d'autre solution
30:37 et que donc c'est celle qui va être suivie,
30:39 parce que c'est toujours ce qui s'est passé.
30:41 Alors, c'est sur le long terme, ça prend des années,
30:44 et c'est vrai que par rapport à d'autres cycles économiques équivalents
30:48 dans ma vision de très long terme,
30:51 en général, quand on arrive au début d'un cycle inflationniste,
30:53 les États sont relativement peu endettés,
30:55 alors que là, on commence un cycle inflationniste
30:57 avec des États qui sont très endettés.
30:58 Donc, je ne sais pas très bien comment ça va pouvoir jouer,
31:01 mais c'est un facteur qui est limitateur de la croissance,
31:05 effectivement, dans ma vision à moi.
31:07 Je rejoins votre vision, vous disiez
31:09 qu'on ne va pas avoir une croissance énorme dans les années qui viennent.
31:11 Oui, sans doute que la croissance économique réelle
31:13 va être limitée par ces stocks de dettes préexistants
31:15 qui font qu'il y a un moment où, quand même,
31:17 on ne va pas pouvoir continuer à...
31:19 l'État ne va pas pouvoir continuer à investir
31:21 dans la transition énergétique, dans le soutien social,
31:23 dans tout ça.
31:25 Comment ça va se gérer ? Quand est-ce que ça va se produire ?
31:27 C'est difficile.
31:28 Et à partir du moment où on se projette dans un monde
31:30 où les taux d'intérêt sont plus élevés, en fait,
31:32 le taux d'intérêt, c'est quelque chose...
31:35 C'est une volatilité de l'économie aussi,
31:37 et ça se reflète par une volatilité des marchés.
31:40 Il faut se dire que les 10 ans qu'on a à vivre
31:43 sur les marchés financiers doivent ressembler
31:46 à ce que l'on a vécu au cours des années 70 à 80.
31:49 C'est-à-dire qu'on peut avoir...
31:51 A posteriori, quand on regarde aujourd'hui ce qui s'est passé,
31:53 on a l'impression que c'était un plat.
31:55 En fait, pas du tout, parce qu'on passait du plus bas au plus haut,
31:58 on doublait, et donc, en sens opposé, on divisait par deux.
32:01 Donc, quand on le vit, c'est... Ouf !
32:04 Et après, on en sort et c'est plus grand-chose.
32:07 Mais, a priori, ce qui se présente pour les États-Unis,
32:09 c'est plutôt quelque chose de cet ordre-là.
32:11 Peut-être que le sommet le plus haut de cette longue phase séculaire
32:15 n'est pas encore en place.
32:17 Peut-être que le S&P 500, il va réussir marginalement
32:20 à aller chercher un nouveau sommet qu'on ne lui connaissait pas.
32:24 Après, selon la façon dont...
32:28 Il y a un moment où l'Europe va surperformer les États-Unis,
32:31 parce qu'il y a un moment, justement,
32:33 où c'est les secteurs value qui vont clairement prendre le dessus.
32:36 Je pensais que ça allait être plus tôt,
32:39 et là, ce qui s'est passé au cours des derniers mois m'a donné tort.
32:42 Est-ce que... Mais bon...
32:45 Je ne sais pas si j'ai complètement tort pour l'année 2023,
32:48 et si c'est la croissance qu'il faut jouer pour la deuxième partie de l'année,
32:52 ou si la deuxième partie de l'année va revenir sur la value.
32:56 - Au-delà des indices, ces...
33:00 Enfin, justement, ces indices, mais surtout ces marchés très...
33:04 - Très concentrés ? - Très concentrés.
33:06 Comment est-ce qu'on l'analyse aujourd'hui ?
33:08 - Enfin, ils sont semi-concentrés.
33:10 Ils sont peut-être plus concentrés...
33:13 En fait, ce qui est fulgurant, c'est qu'une fois encore,
33:17 on a ces fangs, certaines de ces fangs, en tout cas,
33:21 qui ont repris le devant de la scène,
33:23 et on a les projecteurs braqués sur eux,
33:25 et ils font toujours une grosse pondération sur les indices américains, etc.
33:28 Quand je regarde le marché européen,
33:30 tous les indices de small cap ne sont vraiment pas sexy.
33:34 Mais quand je regarde la participation sectorielle,
33:38 les secteurs, il y a une vraie rotation,
33:40 parce que, tiens, le retail, la distribution...
33:44 Je sais pas, moi, j'étais à l'école il y a très longtemps,
33:47 et quand même, on m'apprenait que la distribution,
33:49 ça vivait de la trésorerie,
33:52 et que quand les taux montaient, la distribution, ça devait monter.
33:55 Oui, je suis vachement étonnée que les gens n'aient pas acheté la distribution il y a un an.
33:59 J'ai eu tort pendant un certain temps sur ce secteur,
34:01 mais là, ça a explosé.
34:03 C'est des toutes petites valeurs, les valeurs de la distribution, pourtant.
34:06 Les biotech, ça va pas du tout, on remarque pas trop.
34:09 Mais l'immobilier, c'est des petites valeurs, ça va pas du tout.
34:13 Le tourisme, c'est toutes petites valeurs en bourse,
34:16 c'est toutes petites capilles.
34:17 Ça va très bien, ça se reprend, enfin, ça va très bien.
34:20 Ça avait pris beaucoup de retard, mais cette année, ça va très bien.
34:23 Donc, en fait, il y a une rotation sectorielle,
34:26 et il y a des choses qui, je pense, sont plus que des rattrapages.
34:29 Enfin, c'est potentiellement les points bas qu'on a connus sur les actions.
34:33 Pour certaines, les points bas, c'était en 2020.
34:37 Pour d'autres, ça a été en 2022.
34:39 Mais c'est peut-être des points bas relativement durables.
34:43 Mais ça veut dire quoi, dernière question, peut-être avant de passer à Thomas Trisbergé,
34:45 mais c'est qu'il y a deux marchés, il y a la lévitation des méga-capes,
34:48 et ensuite, effectivement, des rotations sectorielles.
34:50 Les méga-capes, c'est ce dont on parle beaucoup,
34:51 mais moi, je trouve qu'en dehors de ces méga-capes,
34:53 donc quand on regarde le marché européen,
34:55 finalement, il y a une rotation sectorielle qui n'est pas ridicule
34:59 et que je trouve plus importante que celle qu'on a eue avant 2021,
35:07 fin 2021, début 2022.
35:09 Voilà, parce que jusqu'à un peu après Covid,
35:14 c'était croissance, croissance, croissance, croissance, croissance, croissance.
35:17 Voilà, il fallait avoir du luxe, puis du luxe,
35:20 puis des techs aux Etats-Unis, et puis c'était tout.
35:23 Alors que là, maintenant, c'est un petit peu plus compliqué.
35:25 Dans le luxe, ça dépend de ce que vous avez,
35:27 c'est pas bon toujours le luxe.
35:29 Donc il y a beaucoup plus de dispersion au sein des secteurs.
35:33 Il faut avoir les bons chevaux dans les secteurs,
35:37 mais il y a beaucoup plus d'opportunités,
35:40 il y a beaucoup plus de changements,
35:41 il y a plein de valeurs qui ne faisaient rien pendant des années
35:43 et qui sont en train franchement de se réveiller,
35:45 que je trouve super intéressante pour les deux ans qui viennent.
35:47 Thomas Fritberger, quelle analyse vous avez effectivement de ce secteur ?
35:51 Alors on attend le moment small and mid,
35:53 on attend le moment où c'est le retour effectivement de la value.
35:57 Comment est-ce que vous analysez ce marché ?
36:00 Nous on a un style d'investissement qui est très,
36:02 qui est déjà vraiment dans le très long terme
36:05 et on privilégie des sociétés de qualité.
36:07 Donc on ne regarde pas trop les modes et les rotations.
36:12 On préfère investir longtemps dans des entreprises
36:14 qu'on trouve nous de qualité.
36:17 Et le temps donnera raison peu importe les cycles de marge ?
36:19 Oui, alors on n'est pas structurellement des investisseurs value,
36:25 même si tout le monde dit qu'on aime bien faire de la value
36:28 parce que c'est vrai qu'on est comme les autres,
36:29 on aime bien acheter des trucs pas trop chers,
36:31 donc ça c'est value.
36:32 Mais le value, deep value, je ne sais pas comment ça s'appelle,
36:35 la vraie value, donc acheter des boîtes systématiquement pas chères.
36:39 Il y a David Einhorn, le fondateur de Greenlight aux Etats-Unis,
36:43 qui est un des meilleurs gérants au monde
36:44 avec un track record incroyable sur plus de 30 ans,
36:47 qui a dit, je ne sais pas s'il a raison ou tort,
36:50 mais c'est intéressant ce qu'il dit,
36:52 il dit en fait la structure du marché fait qu'aujourd'hui
36:54 l'investisseur value a beaucoup moins de chances de performer qu'avant
36:58 parce qu'avant il suffisait de trouver avant les autres
37:01 un bon dossier value et puis les autres fondamentaux
37:05 regardaient ce que vous faisiez et puis vous disiez
37:07 "ah bah en fait il a raison, on achète",
37:08 mais aujourd'hui il n'y a plus les autres.
37:10 C'est-à-dire qu'aujourd'hui le marché est drive par la gestion passive,
37:12 le retail et les machines.
37:14 Donc lui il dit aujourd'hui vous pouvez avoir raison
37:17 en prenant une valeur value, mais si vous êtes le seul,
37:20 parce que tous les autres c'est des machines ou du retail
37:22 qui regardent ce qu'il se dit sur les réseaux sociaux,
37:25 dépendant des effets de mode ou de la gestion passive,
37:28 en fait vous pouvez rester tanqué avec votre truc pas cher.
37:31 Vous avez raison, mais c'est tout.
37:33 Voilà, et donc ça c'est ce qu'il dit.
37:34 Moi je trouve que c'est intéressant à mentionner,
37:36 je n'ai pas d'avis là-dessus,
37:38 mais en tout cas sur les sociétés de qualité,
37:39 pour le coup celles qui arrivent justement,
37:41 le père le disait, à passer les coûts aux consommateurs,
37:44 à passer l'inflation aux consommateurs,
37:45 parce qu'elles font des produits de qualité
37:47 qui sont incrémentalement un peu plus chers,
37:50 parce que c'est des petits objets qui sont vendus,
37:53 ou des petits biens de consommation
37:55 qui sont vendus partout dans le monde,
37:58 pas trop chers.
38:00 C'est plus ça notre style de gestion.
38:03 Après sur la concentration, effectivement,
38:05 moi je trouve qu'elle est assez forte.
38:07 C'est-à-dire qu'aux Etats-Unis,
38:09 c'est nouveau, au-dessus de 20% du S&P 500,
38:11 je crois que c'est plus de 40% du Nasdaq, je crois.
38:14 Et puis en Europe même, ça c'est assez nouveau,
38:16 parce que sur le stock 600, les fameux granola,
38:18 les 11 valeurs européennes,
38:21 je crois que c'est 25% du stock 600 maintenant.
38:23 Ça n'avait jamais été le cas avant.
38:25 Donc ça, ça masque quand même une dispersion,
38:27 par ailleurs, assez massive,
38:29 mais on a l'impression qu'elle est masquée par ça.
38:35 Et donc effectivement, aux Etats-Unis,
38:36 il y a ce thème de l'intelligence artificielle
38:38 qui va pomper le sang de tout le reste.
38:41 C'est sûr qu'NVIDIA, qui doit traiter à 30 fois les ventes,
38:46 quelque chose comme ça,
38:48 qui a fait une augmentation de capitalisation boursière
38:50 le 25 mai de 185 milliards de dollars,
38:52 ce qui est plus que 20 années de revenus accumulés.
38:56 Mais l'intelligence artificielle ne peut pas expliquer
38:58 à elle seule la concentration des marchés de partout.
39:01 Non, mais c'est des effets de...
39:03 Il y a une année dernière, on ne parlait que de métaverse,
39:04 maintenant plus personne n'en parle.
39:05 Maintenant c'est l'intelligence artificielle.
39:07 Ce qui est assez étonnant d'ailleurs,
39:09 parce que justement, quand il y a une liquidité abondante,
39:12 on peut comprendre la création de bulles comme ça.
39:14 Quand il y a une liquidité qui est en train de s'assécher,
39:17 c'est beaucoup plus surprenant.
39:18 Donc il faut vraiment que ce soit des tendances,
39:21 ou en tout cas des croyances très ancrées.
39:23 Alors c'est vrai que l'intelligence artificielle,
39:25 avec Chad J. Petey, il se passe quelque chose.
39:27 Maintenant, est-ce que ça va révolutionner nos vies
39:30 au point qu'il n'y aura plus que ça ?
39:32 Ce qui semble...
39:33 Enfin, quand vous regardez le S&P, c'est ça que ça vous dit.
39:35 Ça nourrit aussi les espoirs de productivité dont on parlait tout à l'heure.
39:37 Il y a peut-être...
39:38 Oui, ça ne se fera pas du jour au lendemain non plus.
39:41 Et voilà.
39:42 Après, nous, on est beaucoup interrogés sur ces sujets-là.
39:46 Évidemment que l'intelligence artificielle va beaucoup nous aider
39:50 dans nos process, notamment de reporting,
39:53 de middle office, d'automatisation de tâches, etc.
39:57 Mais a priori, en tout cas, tant que je serai là,
40:01 une intelligence non humaine ne prendra pas de décision d'investissement.
40:04 Et au contraire, je pense que le facteur humain,
40:07 auquel on croit beaucoup chez nous,
40:09 va créer beaucoup de valeur dans les années qui viennent.
40:12 Parce que, je prends votre exemple,
40:14 quand vous êtes le seul prêteur en dettes privées,
40:16 ce qui est le cas dans 80% des dossiers qu'on traite,
40:19 le fait d'avoir un dialogue direct avec l'émetteur
40:21 et de pouvoir anticiper ces problèmes,
40:24 parce que vous êtes tout seul avec lui autour de la table,
40:26 au lieu d'avoir 15 personnes qui vont regarder la doc
40:28 et appliquer ce qui est écrit dans la documentation sans se parler,
40:31 ça crée une valeur énorme.
40:33 Même chose dans l'immobilier, quand vous connaissez votre locataire,
40:36 vous ne lui envoyez pas un huissier quand il ne paye plus son loyer,
40:39 vous lui parlez avant, il va dire "j'ai un problème, on en parle,
40:42 on essaie de réaménager, etc."
40:43 Et dans le private equity, c'est évidemment absolument crucial
40:46 d'avoir cette relation humaine.
40:48 Et avec la relocalisation des marchés,
40:50 à mon avis la fin de la mondialisation, on va retomber là-dedans.
40:52 Et donc l'intelligence artificielle, ok,
40:54 pour automatiser plein de trucs,
40:56 mais la valeur financière, vous verrez qu'elle va se créer avec du facteur humain.
40:58 - Pierre-Olivier Béfi, on finit avec l'intelligence artificielle ?
41:01 - Oui, je trouve que sa conclusion était déjà fantastique.
41:05 Je partage cet avis-là.
41:09 Non, mais sur l'intelligence artificielle, je n'ai pas grand-chose à dire.
41:13 Il y a beaucoup de choses qui sont dites.
41:15 A titre personnel, je pense aussi que c'est un process d'optimisation.
41:19 Je suis aussi d'accord que la place de l'humain va rester prépondérante,
41:22 heureusement que c'est encore le cas.
41:25 Mais je voulais juste peut-être revenir sur un autre point,
41:29 je trouve que le Japon est intéressant en ce moment.
41:33 Encore ?
41:34 Sur l'histoire des taux réels, négatifs, etc.
41:36 Parce que c'est le seul pays qui garde des taux super bas.
41:40 Ils ont un policy mix qui est fantastique.
41:42 Ils ne font pas trop d'aides publiques, ils en ont déjà beaucoup.
41:45 Mais bon, je veux dire, les déficits sont assez contraints,
41:47 alors que nous on balance du pognon avec le quoi qu'il en coûte.
41:51 Le Covid a donné une espèce de bouffée d'air au gouvernement
41:54 pour qu'il fasse n'importe quoi.
41:55 Donc là, on est encore dedans, etc.
41:57 Puis on trouve toujours une raison, c'est la guerre,
42:00 il y a la révolution énergétique à financer.
42:02 Enfin, on trouve une raison pour dépenser de l'argent.
42:06 Et en même temps, ils ont une politique monétaire
42:09 qui est très cohérente avec l'idée de fournir de manière infinie
42:13 de la liquidité au système, avec en plus une restructuration
42:15 de la dette publique qui va arriver très très vite.
42:17 Parce que quand on commence à voir les niveaux d'inflation qu'ils ont,
42:19 en taux réel, ça va commencer à baisser assez significativement.
42:22 Et je trouve que les autres pays développés sont un peu éloignés par rapport à ça.
42:26 - Et même avec un Ikea qui est un peu en dessous de 30% de performance
42:30 depuis le début de l'année, ça reste quand même
42:32 une terre d'opportunités intéressantes en matière d'investissement ?
42:35 - Oui. Quand on fait les bonnes politiques, Macron,
42:38 à la fin ça va marcher.
42:40 Et je pense qu'eux, ils font vraiment les bonnes.
42:42 Après, on peut toujours dire qu'il faudrait peut-être
42:44 qu'ils remontent un peu leur cible de taux long, etc.
42:46 Ça c'est de l'ajustement.
42:48 Mais finir sur le fond, ils font quelque chose de très bien.
42:50 Alors que nous, on va essayer bientôt de combattre une inflation
42:54 où finalement on pourrait vivre avec 3% d'inflation,
42:57 qu'on cherche peut-être à 2%, je veux dire, il faut arrêter le délire.
43:00 Essayer les plus structurels, c'est pas grave,
43:02 qu'il y en ait un peu plus.
43:03 Et en plus, ça sera très bien, on est endettés de partout, etc.
43:05 Et puis, contrairement à nous,
43:07 le Japon, ça a commencé à des niveaux de valorisation extrêmement bas.
43:10 Nous, tout est cher. L'immobilier était cher.
43:12 Les jeunes n'arrivaient plus à se financer, etc.
43:14 Il y a des restructurations qui sont plutôt bonnes d'ailleurs pour le futur.
43:17 Les marchés actions, les PE.
43:19 Si on a des taux à 5% sur le taux américain à 10 ans,
43:25 bon, des PE de 20, ça commence à faire très très cher.
43:29 Donc voilà.
43:30 Un mot de conclusion, Pierre-Olivier Béfi,
43:34 sur cette association, l'EcoAvenir.
43:36 Oui, alors je t'en dis un petit mot,
43:37 comme ça, ça me fait un peu de retard pendant 20 secondes.
43:39 C'est une association qui a été lancée par une quarantaine d'économistes,
43:43 il n'y a même pas deux semaines,
43:44 et qui a l'objectif de développer l'esprit critique.
43:47 Voilà, je crois que de développer le débat en économie,
43:50 parfois il y a beaucoup de fausses bonnes idées,
43:52 beaucoup d'idéologies aussi, parfois, qui se mettent aussi dans l'économie.
43:54 Donc là, il y a des podcasts qui sortent tous les jours en ce moment,
43:56 sur le thème de l'inflation.
43:57 Je vous invite tous à cliquer.
43:59 Ça fera le lien avec ce qu'on s'est dit ce soir.
44:01 Voilà, exactement.
44:02 Et puis, merci en tout cas pour me permettre d'introduire un peu cette association,
44:06 qui, je l'espère, aura un grand avenir aussi.
44:08 Merci beaucoup, Pierre-Olivier Béfi,
44:10 gérant et économiste chez Boussard et Gavodin,
44:12 et fondateur de l'association l'EcoAvenir.
44:13 Merci Valérie Gastel, distratégiste chez Day by Day.
44:16 Merci Thomas-Philippe Berger, directeur général adjoint de TKO Capital.
44:19 Merci à vous de nous avoir suivis.
44:21 On se retrouve tout de suite dans Marché à thème.
44:24 Et nous enchaînons à présent avec Marché à thème,
44:36 le dernier quart d'heure thématique de Smart Bourse.
44:39 Nous allons revenir sur un sommet qui s'est tenu à Paris la semaine dernière.
44:43 Le sommet en vue d'un nouveau pacte financier mondial
44:48 entre pays dits développés et pays dits en développement,
44:51 notamment pour faire face au sur-endettement d'un certain nombre de pays en développement,
44:56 mais aussi face aux enjeux liés à la transition énergétique et notamment climatique.
45:02 Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Bourse Michel Rumi.
45:06 Bonjour Michel Rumi.
45:07 Bonjour Nicolas.
45:08 Bienvenue sur le plateau de Smart Bourse.
45:10 Vous êtes économiste chez SPAC.
45:12 On va parler d'un nouveau pacte financier mondial,
45:16 ou en tout cas d'espoir d'un nouveau pacte financier mondial,
45:19 parce que tout n'a pas été réglé la semaine dernière.
45:22 Avant d'aller sur ces nouvelles propositions,
45:25 peut-être un mot rapide sur le système que l'on connaît actuellement,
45:29 celui qui est en place, ce système qu'on appelle le système de Bretton Woods.
45:32 Oui, cette question va nous ramener à nos vieux cours d'économie du passé
45:37 et en même temps, je dirais, c'est très évocateur.
45:40 Qu'est-ce qu'il faut voir ?
45:41 C'est que pourquoi ces accords de Bretton Woods sont importants ?
45:44 Parce qu'ils ont imprimé, on va dire, les transactions internationales et financières
45:50 tout de suite après l'après-guerre,
45:53 dans la mesure où ils ont posé les bases d'un nouveau système financier mondial,
45:58 mais également aussi ont favorisé la reconstruction et le développement
46:02 de pays après les dégâts de la seconde guerre mondiale, notamment les pays européens.
46:09 Et puis, ce qu'il faut bien voir, c'est que ce système, comme tout système,
46:13 a besoin de certains fondements et donc il y a plusieurs caractéristiques.
46:18 Première des choses, il y a des institutions pour surveiller ce système,
46:22 c'est notamment le FMI, le Fonds Monétaire International,
46:25 et la banque, la beurre de ce qu'on appelle la Banque Internationale de Reconstruction et de Développement,
46:30 qui va devenir la Banque Mondiale, qui régulait tout cela.
46:33 Puis également aussi, il fallait donc, on va dire, le sang pour faire circuler tout le système.
46:40 Et donc, on s'est basé sur l'once d'or, Troy, qui équivalait à 35 dollars américains.
46:49 Et ce qu'ils faisaient, c'est que comme les États avaient déterminé leur monnaie en fonction de poids d'or,
46:55 implicitement, ils étaient arrimés, on va dire, au dollar, d'une certaine manière.
47:00 Et puis, il y avait aussi un taux de change qui était fixe mais ajustable,
47:03 c'est-à-dire qu'il y avait des parités fixes, mais on pouvait fluctuer avec plus ou moins 1%.
47:09 Et puis, tout cela s'est bien développé, tout s'est bien passé.
47:12 Et puis, ce qui s'est passé, c'est que tout le monde s'est développé
47:16 et on a mis en péril, on va dire, la capacité des États-Unis à pouvoir, on va dire,
47:22 convertir leur dollar en or.
47:25 Et 27 ans plus tard, 15 août 1971, le président Nixon annonce que le dollar est inconvertible en or.
47:34 Et donc, du coup, ça a un premier tremblement parce que, compatible, on va dire,
47:39 pour mettre en parallèle, c'est que d'un seul coup, autant auparavant, on va dire,
47:44 on avait une valeur de la monnaie en or éventuelle, et là, d'un seul coup, on n'a plus rien.
47:49 Et ça me rappelle des effets avec la crypto dans la mesure où on n'a rien de tangible.
47:54 Et donc là, le billet de banque n'a rien de tangible non plus, à part, on va dire, la confiance.
47:58 Et donc, c'est ça qui est très important.
48:00 Pourquoi le système financier international ne marche-t-il plus aujourd'hui, Michel Auvry ?
48:05 Alors, ce qu'il faut bien voir, c'est que l'objet de ces deux institutions qui étaient le FMI et la Banque mondiale,
48:11 c'était de financer le développement et d'assurer la stabilité économique.
48:14 Et aujourd'hui, ce n'est plus tout à fait le cas, notamment à l'égard des pays du Sud,
48:22 et encore moins à les aider à faire face aux changements climatiques.
48:25 Ce qui s'est passé, c'est que la pandémie du coronavirus, qui est passée par là,
48:31 il y a eu également les conséquences de la crise de l'Ukraine,
48:34 qui fait que, alors qu'il y avait une trajectoire de développement pour les pays, on va dire, les moins développés,
48:41 ont été un peu stoppés. Et ce qui s'est passé, c'est qu'aujourd'hui, on peut observer pratiquement des taux de pauvreté
48:50 dans l'Afrique subsaharienne, des taux qu'on avait enregistrés il y a à peu près 30 ans.
48:56 Donc ça, c'est la première des choses. Et puis surtout, ces deux éléments sont venus s'ajouter à une crise d'endettement.
49:03 Qui fait que, par exemple, aujourd'hui, il y a des pays qui sont non soutenables,
49:08 leur dette n'est pas soutenable, c'est le Sri Lanka, c'est le Ghana, c'est le Suriname, par exemple.
49:12 Et en fait, certains pays dépensent plus à rembourser cette dette qu'à investir, on va dire, pour maintenir à flot leur service public,
49:21 voire à lutter contre le développement climatique. Mais vous pourriez me dire, mais oui,
49:25 mais que l'événement climatique n'était pas un enjeu de 1945.
49:28 Donc tout cela fait qu'aujourd'hui, il faut une révision totale de notre logiciel, on va dire, de pensée.
49:33 Et certaines études montrent qu'il faudrait, pour aider uniquement les pays du Sud, à peu près 2000 milliards de dollars par an, jusqu'en 2030,
49:41 pour justement permettre à ces pays du Sud de réduire leurs émissions et s'adapter aux nouveaux, on va dire, éléments
49:49 et faire face aux premières pertes et préjudices déjà subies.
49:52 2000 milliards de dollars par an, est-ce que c'est tenable, envisageable ?
49:58 Ou alors, est-ce qu'il faut plutôt réfléchir du côté de la restructuration des dettes, Michel Rumi ?
50:02 Alors, la restructuration des dettes, c'est une bonne chose. Alors, ce qu'il faut voir, c'est qu'il y a eu déjà des initiatives
50:08 qui ont été déjà lancées depuis l'an 2000, à peu près. C'est l'initiative des pays pauvres très endettés.
50:15 Il y a aussi l'initiative d'allègement de la dette multilatérale. Tout ça, c'était aux alentours des années 2000.
50:23 Et puis, avec le Covid, eh bien, les pays du G20 ont, on va dire, adopté l'initiative de suspension des dettes,
50:30 c'est-à-dire que la dette n'était pas annulée vis-à-vis de ces pays, mais on ne payait pas les... on payait que les intérêts.
50:36 Et puis, tout cela, en fait, ces initiatives revenaient à l'initiative, on va dire, du Club de Paris, grosso modo.
50:44 Mais aujourd'hui, le grand problème de la restructuration de la dette, c'est qu'il est beaucoup plus complexe,
50:48 parce que les pays en voie de développement se sont ouverts à de nouveaux créanciers bilatéraux qui ne font pas partie du Club de Paris,
50:58 mais qui sont, on va dire, des émetteurs privés, aussi des pays émergents.
51:02 Et c'est ça qu'il convient de noter, parce que c'est ce qui rend plus complexe, on va dire, la restructuration de la dette.
51:07 Et donc, dans cette perspective, 2 000 milliards par an, ça peut repenser beaucoup, mais au regard des sommes mises par les pays
51:15 lors de l'année 2020 face au Covid, on a dépensé près de 28 000 milliards de dollars. Donc 2 000, c'est vraiment un peu, on va dire.
51:24 — Mais le sujet, c'est juste une question d'argent ? — Non. Ce qu'il faut bien voir, c'est qu'on ne va pas gagner d'argent à financer la transition écologique.
51:34 L'objet est surtout d'au moins ne pas en perdre. — D'accord.
51:38 — Parce que ce qu'il faut bien voir, c'est que la transition écologique et tout, on va dire, le changement climatique,
51:42 tous les pays vont être touchés par ce phénomène. Donc il faut faire de telle manière que l'impact soit le moins lourd possible pour chacun.
51:51 Et l'idée, c'est de ne pas dépenser plus, mais de dépenser, on va dire, mieux. Et le problème est qu'aujourd'hui, la Banque mondiale
52:00 et les banques multilatérales de développement financent, on va dire, des projets d'éoliennes, on va dire, des centrales photovoltaïques.
52:11 — Bien sûr. — Mais ce sont des choses qui peuvent être faites par les institutions financières privées.
52:18 — Bien sûr, bien sûr. — Et c'est ça qui fait... Donc il serait bien que ces entreprises et ces banques de développement accompagnent,
52:26 on va dire, dans une certaine mesure, les pays dans leur restructuration et tout. Donc ce qu'il faut bien voir, c'est pas une question d'argent.
52:33 C'est de mieux dépenser. Et parce que tout le monde va être touché. Donc se dire qu'on va être exclus de cela, c'est complètement erroné.
52:41 — La question qu'on peut se poser aussi, c'est que si on réfléchit à un nouveau pacte au niveau mondial, un pacte financier au niveau mondial,
52:48 est-ce que ça a un intérêt ? Est-ce que c'est une nécessité pour les pays dits « du Nord », les pays dits « développés » ?
52:55 — Alors là, on sort un peu de la phase un peu économique, puisque en fait, la crise n'est pas qu'économique. Elle est aussi géopolitique,
53:03 dans la mesure où aujourd'hui, on s'aperçoit... Et je vais pas entrer dans un terrain qui est un peu difficile.
53:09 C'est qu'on voit par exemple que la Russie n'est pas toute seule, puisque les pays africains, l'Amérique du Sud, les Moyens-Orient,
53:15 ils n'ont pas condamné... Ils n'ont pas dit pour ni contre la Russie. Et donc il y a une certaine défiance vis-à-vis des pays du Nord,
53:21 de l'Occident, sur fond de promesses non tenues, en fait. On reviendra peut-être tout à l'heure. Et donc cette cassure s'est de plus en plus agrandie
53:29 ces derniers mois, parce que ces pays ont trouvé de l'argent pour aider l'Ukraine. Et ils n'ont pas trouvé... Ils ne trouvent pas d'argent pour aider
53:37 les pays moins développés à faire face à leur dette. Donc il y a une certaine, je dirais, défiance. Et c'est ça qui fait que c'est qu'on se tourne
53:45 vers d'autres, je dirais, partenaires. Et c'est ça, le risque. Le risque, il est en fait qu'elle se détourne du système monétaire international
53:54 mis depuis Brenton Woods et se tourne vers d'autres systèmes, comme on l'a vu, notamment la Chine. Et il faut bien voir que la Chine a plus aidé
54:01 ses pays en développement que le FMI cette année. Et donc c'est ce qui peut arriver, on va dire, de négligeable, parce que l'influence risque de disparaître
54:09 et d'une certaine mesure, eh bien, de voir un peu. Donc c'est ça qu'il convient de voir. C'est de réformer Brenton Woods d'une certaine manière,
54:17 mais en tenant compte de la présence de la Chine. Et en ce sens, le sommet de la semaine dernière a été important parce que le Premier ministre chinois
54:27 était présent. Et donc ça montre que c'est un sujet qui est pris au sérieux par les Chinois.
54:35 Et alors justement, ce sommet pour un nouveau pacte financier mondial, quel bilan on peut en tirer ? Est-ce qu'on a des résultats ?
54:43 Alors, il y a déjà un consensus. Tout le monde est d'accord pour réformer en profondeur le système financier mondial, mais en fait,
54:53 on va dire, la montagne a accouché d'une souris. Il y a eu très peu d'avancées. L'idée, c'est que tout ce qui a été fait, c'était, on va dire,
55:02 la répétition de vieilles promesses qui ont été recyclées. C'est-à-dire qu'en 2009, on avait dit oui qu'il faudrait amener 100 milliards de dollars par an
55:11 chaque année pour, on va dire, pour les pays. Et on est arrivé pour la première fois cette année, pratiquement 12 ans après.
55:19 Ce qui s'est passé aussi, c'est qu'il y a eu 100 milliards de dollars en DTS allocation à destination des pays du Sud. Et ça, c'est une promesse de 2021.
55:28 Donc on voit qu'il n'y a pas eu de, on va dire, la répétition de promesses, mais l'argent neuf, il n'y en a pas eu puisque, et c'est ça qui est très important
55:37 dans une certaine mesure, c'est que toutes les taxes qui pouvaient prévaloir sur les taxes financières internationales, sur les avions, sur le transport maritime,
55:45 n'ont pas abouti. Donc il y a une certaine déception. Et ce qui fait qu'il n'y a pas d'argent neuf pour la crise climatique qui risque de nous arriver bientôt.
55:56 Très rapidement, que faut-il en penser de cet immobilisme, si je comprends bien sur le sujet ?
56:01 En fait, ce qu'il faut bien voir, c'est que ces appels à renouveler le système monétaire financier international n'est pas nouveau.
56:10 Parce que depuis la mondialisation, on voit qu'il y a beaucoup de chaos. Et donc, du coup, il conviendrait de changer.
56:17 Et ce qui serait vraiment plus important, mais on est encore très très loin, c'est qu'il n'y a aucune institution qui pourrait réguler les mouvements financiers
56:29 au Nouveau Mondial, comme l'OMC, comme d'autres aspects. Et à ce moment-là, si tous les pays sont conscients, on pourrait faire moins de difficultés là-dessus.
56:39 Et permettrait aux dettes de pouvoir être mieux gérées pour l'ensemble du monde.
56:45 Merci beaucoup, Michel Rumi, de nous avoir accompagné dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse dans Marché ATM.
56:50 Je rappelle que vous êtes économiste chez SPAC. Merci beaucoup.
56:53 Merci.
56:54 Merci à vous également de nous avoir suivi. Je vous rappelle que vous pouvez retrouver Smart Bourse en replay sur bsmart.fr.
57:00 Que vous pouvez également nous écouter en podcast sur toutes les plateformes de podcast.
57:04 Et je vous donne rendez-vous pour un nouveau numéro de Smart Bourse, lundi à midi et demi, en direct sur Bsmart.
57:10 [Musique]

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