• il y a 2 ans
Olivier Benkemoun revient sur la journée d'infos et de débats traités sur l'antenne de CNEWS dans #lemeilleurdelinfo

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Transcription
00:00 Bonsoir à tous, merci d'être avec nous pour le Meilleur de l'Info,
00:03 une édition totalement consacrée ce soir aux événements de Nanterre.
00:09 Tatiana Renard-Barzac, journaliste et Jean-Michel Fauverg, l'ancien patron du RAID, vont m'accompagner.
00:14 On va commencer par revenir sur les émeutes de cet après-midi à Nanterre,
00:18 émeutes entre jeunes manifestants et forces de l'ordre,
00:21 émeutes qui ont démarré en marge du cortège et de la marche blanche organisée pour Naël,
00:26 émeutes qui ont démarré aux alentours de 15h.
00:30 C'est la première séquence du Meilleur de l'Info.
00:31 Depuis quelques minutes maintenant, la tension s'est nettement accrue.
00:40 Et là, cette charge policière pour tenter de venir à bout de ces éléments agitateurs
00:46 et qui veulent en découdre, semble-t-il.
00:53 On parle de devantures d'entreprises caillassées,
00:58 avec évidemment les caméras qui ont été cassées,
01:00 et surtout dans la rue dans laquelle nous sommes,
01:01 il y a six épaves de voitures maintenant calcinées, des voitures retournées, pillées.
01:07 La raison pour laquelle je vous dis "pillées", elle est simple,
01:09 c'est que tout à l'heure, nous avons vu une jeune fille dans les bras de son copain en pleurs.
01:14 C'était son véhicule, celui que vous voyez actuellement à l'écran, son véhicule.
01:18 [Bruits de pas]
01:28 On est juste à côté du parc André Malraux, juste à côté du Crédit Mutuel,
01:31 Crédit Mutuel qui a été éventré, littéralement éventré, plus aucune vitre n'est en place.
01:37 Le Crédit Mutuel, les affaires, vous voyez, sont par terre,
01:39 tous les documents des clients sont par terre, les ordinateurs ont évidemment disparu.
01:44 Ce que l'on constate, c'est que ce sont des jeunes de quartier qui "défient" les forces de l'ordre,
01:48 entre guillemets, je dis bien entre guillemets, de manière amateur,
01:52 ce qui fait que là, les forces de l'ordre procèdent à des charges régulières pour tenter de les disperser.
01:56 [Bruits de pas]
02:08 Vas-y !
02:09 On les voit détruire les biens de leur quartier.
02:12 Et moi, ce qui me marque particulièrement dans ces images que nous voyons, Laurence,
02:16 c'est le changement de paradigme, c'est-à-dire que la police a peur des délinquants,
02:21 alors que normalement, les délinquants doivent reculer face à l'offensive de la police.
02:26 [Bruits de pas]
02:30 La BRU, le GÉGEN et le RAID seront mobilisés en alerte ce soir ?
02:33 Tout le monde est mobilisé, en fait ils sont déjà toujours en alerte en réalité,
02:36 avec des délais d'intervention très courts,
02:39 et c'est vrai que d'habitude, leur mission première, c'est de lutter contre par exemple des prises d'otages,
02:43 ou ce type d'événements.
02:44 Effectivement, tout le monde sera mobilisé ce soir.
02:47 Mais concrètement, elles vont servir à quoi, ces unités d'élite ?
02:50 Une fois de plus, partout où on aura besoin d'elles,
02:53 ils ont du matériel particulier, ils ont des techniques d'intervention particulières
02:56 dont nous pourrions avoir besoin ce soir.
02:58 [Bruits de pas]
03:00 Ce soir, on craint une montée de la violence et de la généralisation des violences.
03:05 Bonsoir Jean-Michel Fauvergue, ancien chef du RAID.
03:08 Bonsoir Tatiana, Renard Barzac, journaliste avec vous.
03:11 On va suivre les événements et on va revenir sur les événements de la soirée.
03:16 Évidemment, s'il se passe quelque chose du côté de Nanterre,
03:18 on vous montrera les images en direct.
03:23 On a appris aujourd'hui, donc,
03:25 Jean-Michel Fauvergue, risque de généralisation de la violence pour les prochaines nuits,
03:29 évidemment, c'est à ce que dire les autorités.
03:33 Le RAID, l'ABRI notamment, sont prêts à intervenir s'il le faut ?
03:38 Le RAID, l'ABRI, le GIGN sont en réserve.
03:42 Ils sont en réserve sur la plaque parisienne,
03:45 en particulier pour le RAID, l'ABRI et le GIGN dans le sud,
03:49 et sur toute la France, puisque vous avez des antennes BRI,
03:52 des antennes GIGN sur toute la France.
03:55 Mais ils sont en réserve pour intervenir dans le cadre de leur spécialité,
03:59 dans le cadre de ce qu'ils font d'une manière générale.
04:01 C'est-à-dire que s'il y avait des débordements de type armé,
04:07 ils interviendraient à ce moment-là parce qu'ils ont des moyens de protection.
04:10 Ils peuvent aussi aider les collègues CRS, Gendarmes mobiles,
04:13 parce que justement, ils ont des engins blindés et ils peuvent avancer,
04:17 et les colonnes peuvent avancer derrière eux.
04:19 On pouvait s'attendre à ce qui s'est passé cet après-midi ?
04:22 C'est une escalade de la violence.
04:23 Vous citiez justement les renseignements qui ont fait cette note,
04:27 justement, avec un risque d'embrasement.
04:29 Je pense malheureusement que c'est la suite aussi de ce qu'on a vécu en 2005.
04:34 C'est évidemment qu'on pouvait s'attendre à ça.
04:36 À la fois la justice est passée.
04:38 Aujourd'hui, le policier est incarcéré en attente d'un jugement.
04:42 J'espère que ça apaisera un peu les choses.
04:45 Malheureusement, je pense que c'est plus général.
04:47 Je ne suis pas sûr que la justice soit passée.
04:49 On ne peut pas dire que la justice est passée.
04:50 Il y a une première décision.
04:52 Non, il est toujours présumé innocent,
04:53 mais il y a déjà une prise en compte, si vous voulez,
04:56 de quelque chose qui s'est passé et qui était grave dans ce tir.
04:59 Tout à l'heure, on entendra le procureur.
05:01 On entendra aussi l'avocat de ce policier qui est intervenu en exclusivité
05:05 sur ce nid, il faisait quelques minutes.
05:06 Je voulais qu'on revoie maintenant des images de la marche blanche
05:09 organisée pour Nahel, ce jeune homme de 17 ans
05:12 qui a été tué par un tir de police au volant d'une voiture il y a deux jours.
05:16 Plus de 6000 personnes étaient là avant que les choses dégénèrent.
05:18 Plus de 6000 personnes ont défilé avant ce qu'on peut appeler des aides-menues urbaines.
05:23 Sur un camion en tête de cortège, la maman de Nahel est acclamée par la foule.
05:34 En tête de marche, aucun politique, seulement les proches de Nahel
05:38 qui tiennent une banderole avec inscrit "Justice pour Nahel"
05:41 et la date de la mort de l'adolescent.
05:43 Ce sont des milliers de personnes, de Nanterriens et de personnes
05:47 venues de d'autres villes qui se joignent à cette marche blanche.
05:51 Sa mère était présente sur place.
05:55 Elle était sur un camion pour faire toute cette marche,
05:58 entourée d'un certain nombre de ses proches.
05:59 Et puis on a cette image insolite aussi sur une moto.
06:03 Voilà, peut-être qu'il faut prendre ces images avec le recul nécessaire
06:09 en sachant que c'est une maman qui a perdu son fils
06:13 et donc qui est sans doute sous le choc.
06:15 Ce que l'on veut retenir pour le moment,
06:17 c'est des gens qui ont eu une pensée pour un gamin,
06:22 quel que soit ce qu'il a pu faire, qui n'aurait pas dû mourir.
06:26 Et en plus, dans les conditions que l'on connaît.
06:31 Je pense que cet hommage et cette mobilisation
06:33 montrent que des gens ont été touchés
06:35 par ce qui est arrivé à Naël et sa maman qui a perdu son fils.
06:39 Pour que ce slogan anti-police soit scandé,
06:45 des journalistes sont insultés.
06:47 Dès 15h30, les premiers affrontements éclatent.
06:50 Parole mêlée, on a ces images en direct des dégâts qui ont été commis.
06:53 C'est Nanterre, toujours, on voit des scènes de dévastation,
06:57 des jeunes qui courent dans tous les sens,
06:59 avec des choses dans les mains.
07:01 Chacun a peut-être été se servir.
07:03 Jean-Michel Fauvergue, la dernière image qu'on a vue,
07:06 je ne propose de ne pas commenter ce qui s'est passé
07:08 avec la maman de Naël,
07:10 mais la dernière image qu'on a vue, c'était du pillage, en réalité.
07:14 C'est une image de pillage.
07:15 Et ça aussi, ça fait partie des craintes des autorités.
07:18 Hier, violence, montée de violence depuis deux jours,
07:21 mais en plus, pillage.
07:22 Vous avez trois types dans ce type d'émeute,
07:27 on va le dire comme ça.
07:28 Vous avez trois types d'émeutiers, de personnes qui sont sur place.
07:33 Vous avez les gens qui sympathisent et qui, véritablement,
07:37 ont envie d'apporter leur soutien à la mère
07:40 et qui sont, qu'on soit d'accord ou non avec ça,
07:44 et qui sont vraiment très sincères dans le cadre de leur douleur
07:51 et des critiques qu'ils font vis-à-vis de la police.
07:55 Qu'on soit d'accord ou qu'on ne soit pas d'accord.
07:56 Ça, c'est la première partie.
07:57 La deuxième partie, vous avez des émeutiers.
07:59 Vous avez deux types d'émeutiers.
08:00 Vous avez d'abord le plus classique,
08:02 celui qui vient faire ses courses, c'est-à-dire qui va piller,
08:05 qui arrive d'endroits d'un peu partout
08:09 et qui va piller les magasins et récupérer tout ce qu'il peut récupérer.
08:12 On a vu ça.
08:13 Ou alors, qui va casser par plaisir.
08:15 Et le deuxième type d'émeutier, c'est celui qui est politiquement
08:20 drive, politiquement engagé par des forces politiques extérieures,
08:24 par des groupes d'extrême gauche, par des anarcho-libertaires
08:27 et qui vont diriger avec un plan très précis et très particulier.
08:33 On en reparlera tout à l'heure parce qu'il y a des remontées d'informations
08:36 qu'avait la police en disant que tout ça, hier soir en tout cas,
08:39 était prémédité, voire coordonné.
08:42 Mais ce que décrit Jean-Michel Fauvergue,
08:43 c'est au fond ce qui s'est passé dans les manifestations qu'on a suivies,
08:47 avec un cortège de manifestants qui disaient non à la réforme des retraites
08:52 et qui manifestaient évidemment de bonne foi.
08:54 Et puis une agrégation de ce qu'on appelait les black box, les ultras.
08:57 Enfin, ça ressemble à ça.
08:58 Oui, des dégradations de biens publics en effet.
08:59 Sauf que là, ce qui est un peu différent quand même,
09:01 c'est que Gérald Darmanin, il est à l'intérieur,
09:03 le rappelait tout à l'heure à une conférence de presse.
09:05 90 bâtiments publics dégradés hier soir, presque d'ailleurs au même moment.
09:08 Donc ça, ça dit quand même quelque chose.
09:10 En effet, on s'en prend à l'autorité, à ce qu'il représente l'État dans les quartiers.
09:14 Et puis ensuite, dégradation aussi de commissariats,
09:17 d'écoles et de biens de ces quartiers.
09:19 D'ailleurs, ça a été le leitmotiv aujourd'hui des autorités publiques
09:21 et des ministres régaliens.
09:22 Ça a été de dire en fait, vous vous en prenez aux structures, aux quartiers
09:26 et donc aux personnes, les premières victimes, ce sont les habitants des quartiers.
09:30 On y reviendra. On y reviendra tout à l'heure parce qu'effectivement,
09:32 on va entendre Gérald Darmanin, on entendra le maire de l'une de ses commines
09:36 qui se retrouve sans équipement public.
09:38 En réalité, toutes les voitures de la police municipale,
09:41 ça se passe à nuit sur marde, ont été brûlées.
09:43 Mais d'abord, je voulais qu'on fasse un point sur l'enquête.
09:48 Ce soir, le policier, l'auteur du tir a été mis en examen pour homicide volontaire,
09:53 homicide volontaire et placé en détention provisoire.
09:56 Le procureur a fait le point ce matin sur le déroulé des faits.
09:59 À la suite du décès du jeune Naël survenu le matin du 27 juin 2023,
10:08 il est possible de reconstituer, au vu des éléments dont nous disposons à cette heure,
10:13 le déroulement des faits de ce début de matinée de la façon suivante.
10:16 Le véhicule avait refusé quelques instants plus tôt de s'arrêter,
10:20 c'est ce qu'affirme le procureur.
10:21 Les motards l'ont alors pris en chasse
10:24 alors qu'ils mettaient en danger un piéton et un cycliste.
10:27 Les policiers ont sorti leur arme pour les dissuader de redémarrer.
10:31 C'est ce qui a été dit.
10:32 Le véhicule a malgré tout redémarré.
10:34 Le policier a fait feu.
10:36 Le décès a été constaté à 9h15.
10:39 L'autopsie réalisée le 28 juin au matin fait état d'un décès dû à un tir unique
10:45 ayant traversé le bras gauche et le thorax de gauche à droite.
10:49 Les policiers ont eu peur, ont-ils expliqué que cette voiture renverse à nouveau plusieurs personnes ?
10:56 Le policier a-t-il dit éviter une nouvelle fuite du chauffeur ?
11:02 Après de premières déclarations,
11:04 les éléments recueillis ont conduit au placement en garde à vue du policier,
11:09 du chef d'homicide volontaire.
11:12 En l'état des investigations et des éléments recueillis,
11:16 le parquet considère que les conditions légales d'usage de l'arme ne sont pas réunies.
11:22 C'est-à-dire qu'il y avait une première tentative d'interpellation,
11:25 ils ont refusé, il y a eu une deuxième tentative, ils ont redémarré.
11:28 Voilà, ça change un peu la vision,
11:30 même si le procureur l'a dit, ça ne justifie pas l'usage des armes.
11:32 Ce qu'il y a d'incohérent, c'est que lorsqu'on voit tout ce qu'il explique le procureur,
11:36 on ne comprend pas qu'à la fin, il dise "je ne vois pas du tout que les conditions,
11:40 je vois que les conditions n'étaient absolument pas réunies",
11:42 alors qu'il a prouvé tout le contraire avant.
11:44 La question, ce n'est pas forcément ce qui s'est passé avant.
11:46 Il peut y avoir trois heures de délit de fuite, ça ne justifie pas qu'on tire sur les gens.
11:50 La question, c'est au moment où la voiture repart,
11:53 est-ce que ça correspond aux règles qui sont fixées par la loi ?
11:56 C'est-à-dire, est-ce que c'est absolument nécessaire de tuer cette personne
11:59 pour se protéger, soit pour protéger les autres ?
12:01 - Effectivement, l'erreur n'est pas arrivée.
12:02 Mais là, le procureur qui me dit que les conditions de l'emploi, des armes n'étaient pas réunies,
12:05 très bien, mais quelles sont-elles pour qu'on puisse l'utiliser ?
12:07 - Nécessaires, simultanées et proportionnées.
12:10 - Est-ce que c'était absolument nécessaire ?
12:12 Est-ce que c'était strictement proportionné ?
12:14 - Quand vous avez le capot d'une voiture et que la voiture redémarre,
12:16 je suis désolé, mais vous avez, dans votre tête,
12:19 un autre raisonnement que celui quand on est autour d'un plateau sur scène.
12:22 - Avant de vous donner la parole, j'aimerais qu'on écoute l'avocat,
12:26 la première réaction de l'avocat du policier qui a pris la parole,
12:29 et c'était pour la première fois, aux alentours de 20h dans l'heure des pros.
12:33 - On a eu une journée extrêmement frustrante,
12:37 parce que la justice ne nous a pas du tout écouté.
12:40 Les jeux étaient faits, quand on est arrivé ce matin, les jeux étaient faits.
12:46 Les jeux étaient tellement faits que le procureur a fait une conférence de presse
12:50 en indiquant que le cadre légal n'était pas respecté,
12:52 c'est-à-dire qu'il a pris un petit peu d'avance,
12:55 parce que la décision, elle sera prise dans plusieurs années,
12:57 de savoir si le cadre légal a été respecté ou pas.
13:00 Donc, il aurait dû parler d'indice,
13:02 il a parlé de manière assez brutale de sa position,
13:06 et puis il a émis publiquement le fait qu'il avait sollicité la détention provisoire.
13:12 - Depuis 48h, j'ai souvent dit ici qu'on a le sentiment que cette mort était évitable.
13:17 J'avais le sentiment, en voyant cette vidéo,
13:20 que le policier pouvait laisser partir le conducteur,
13:23 qu'il n'était pas en danger de mort, c'est ce que semble montrer la vidéo.
13:28 Vous ne partagez pas cette analyse ?
13:30 Est-ce que vous auriez dit la même chose si,
13:32 10 secondes après le départ de cette voiture,
13:34 à 25, 30, 50 km/h, puis 100, 150 km/h,
13:40 une mère de famille avait été tuée avec ses deux gamins ?
13:43 Est-ce que vous auriez considéré qu'il était normal de laisser partir ?
13:46 - J'imagine qu'il a eu des mots, sans doute pour Naël,
13:50 et qu'évidemment, il a pu regretter, je ne sais pas si c'est le terme exact,
13:55 évidemment, la mort de ce jeune homme,
13:57 et qu'il a pu en faire part devant les enquêteurs,
13:59 devant le magistrat instructeur, je l'imagine.
14:02 - Évidemment, évidemment.
14:04 Ce sont les premiers mots, les derniers mots qu'il a prononcés,
14:08 c'est qu'il est désolé pour la mort de ce jeune homme.
14:11 D'ailleurs, il visait vers le bas, il a toujours visé vers le bas,
14:15 il voulait appliquer un tir dans les jambes,
14:18 de manière à stopper ce véhicule,
14:20 et c'est le véhicule qui le pousse et qui fait remonter l'arme.
14:24 Et c'est la raison pour laquelle la balle est mortelle,
14:27 c'est parce que le véhicule l'a poussé et l'a désarçonné.
14:30 Alors que si le véhicule à ce moment-là ne part pas,
14:34 la balle est fichante et il aurait évidemment évité de le tuer.
14:39 - Voilà, ça c'est une information importante que donne l'avocat
14:42 qui défend ce soir le policier, qui je le rappelle est en prison,
14:47 a été mis en examen pour homicide volontaire,
14:52 il dit que si la voiture n'avait pas démarré,
14:55 le policier qui avait ajusté son tir n'aurait pas eu le bras qui avait bougé,
14:59 il visait la jambe, voilà ce que dit ce soir l'avocat.
15:03 - Oui, on voit se dessiner l'axe de défense
15:08 que cet avocat spécialiste d'ailleurs dans la défense des policiers,
15:12 et brillant, va défendre.
15:15 Mais en fait, on a entendu beaucoup de choses sur ce reportage-là.
15:19 La première chose qu'on a entendue, c'est le procureur de la République
15:21 qui dit que l'usage des armes n'était pas justifié,
15:24 il ne dit pas exactement comme ça, mais voilà.
15:26 Ça c'est la première chose.
15:27 Deuxième chose qu'on sait, c'est qu'il s'est passé des choses avant aussi.
15:30 - 26 minutes avant.
15:32 - Oui, mais ça contrairement à ce qui est dit en plateau,
15:35 et c'est la différence entre la justice qui peut se placer en plateau médiatique
15:40 et la justice qui va faire son job, y compris avant l'action,
15:46 ça, ça apporte aussi quelques éléments, on verra en quoi c'est important,
15:49 en quoi c'est nécessaire, si c'est important et si c'est nécessaire.
15:52 Mais il y a aussi un fait qui demeure, malgré toute l'horreur et toute la peine,
16:00 l'émotion que ce jeune homme de 17 ans nous suscite,
16:05 la chose qui demeure, c'est qu'il était au volant d'un véhicule à 17 ans,
16:10 c'est qu'il a visiblement déjà fait ça, c'est qu'il ne s'est pas arrêté aux injonctions,
16:17 et donc voilà, les faits sont là, c'est à la justice à faire la part des choses.
16:21 - Ce n'est pas une raison pour mourir.
16:22 - Mais bien sûr que non.
16:25 - Tout le monde pourra le dire.
16:27 - C'est le problème en fait, s'il y a la loi, les images et le son.
16:30 La loi, en effet, là on comprend la démarche de l'avocat de ce policier
16:34 qui veut rentrer dans le cadre légal de la loi 2017 justement,
16:37 qui a étendu les armes à feu en cas de refus d'obtempérer
16:41 et qui parle d'intégrité physique d'un policier ou d'un usager,
16:45 donc d'un piéton en l'occurrence si la voiture avait démarré.
16:48 Évidemment, on voit bien son angle de défense, ça c'est la première chose,
16:51 et puis légitime défense évidemment.
16:52 Deuxième chose, il y a ses images, c'est-à-dire que s'il n'avait pas eu ses images,
16:55 évidemment qu'on aurait eu la version de ce policier
16:57 qui expliquait qu'il était en fait devant la voiture et qu'il aurait pu se faire écraser.
17:00 Donc cette défense-là a été mise à mal par ses images.
17:03 - Pardon, ça veut dire que ce ne sont pas les seules images qui existent ?
17:05 - Non, bien sûr, sauf que c'est ce que disait le procurant encore ce matin,
17:08 c'est que justement, ses images contredisent pour l'instant la version initiale,
17:12 je dis bien pour l'instant puisque c'est la seule vidéo qu'on a vue, du policier.
17:15 Et troisième chose, il y a le son, et donc il y a ces phrases qu'on entend dans cette vidéo,
17:20 "shoot le, je vais te tirer une balle dans la tête",
17:22 qui sont encore en analyse, mais qui peuvent aussi, si elles s'avéraient exactes,
17:27 poser une vraie question par rapport à ce qu'approche le monde de l'indicesse.
17:29 - Juste rebondir sur ce que disait Tatiana, sur le fait de dire,
17:32 s'il n'y avait pas eu la vidéo, on aurait eu juste la version du policier.
17:36 Certes, on aurait eu la version du policier,
17:38 mais l'enquête judiciaire ne se serait pas, elle non plus, à ce moment-là, bornée là.
17:44 Il y aurait eu des trajectoires de balles, il y aurait eu des tas de choses qui auraient été faites
17:48 pour prouver si le policier disait vrai ou non.
17:50 Ce n'est pas un quitus qu'on donne à un policier.
17:53 Et puis, il faut savoir que quand un policier fait usage de son arme,
17:57 dans 99% des cas de ce type-là, c'est-à-dire quand on n'obéit pas,
18:03 quand il fait usage de son arme, c'est parce qu'il craint pour sa vie.
18:06 – Oui, c'est ça, mais on rappelle quand même qu'il y a une enquête aussi,
18:08 pour fois, en écriture publique, il faut quand même bien le préciser.
18:10 – Oui, bien sûr.
18:11 – Ce n'est pas une enquête, c'est une plainte.
18:13 – Une plainte, oui, une deuxième plainte, il y a deux plaintes, l'une...
18:16 – On va revenir, s'il vous plaît, aux images en direct de Nanterre que vous voyez.
18:21 En ce moment, c'est le travail des policiers et surtout des pompiers.
18:27 Il semble qu'il y a encore un incendie qui a été allumé,
18:30 mais en même temps, sur cette image, on voit à la fois qu'il y a des passants,
18:34 qu'il y a des policiers qui observent, qu'il y a une zone qui a été sécurisée,
18:37 sans doute qui a été la cible de violentes attaques.
18:41 Tout à l'heure, on repère cette banque qu'on a vue dans la séquence précédente.
18:45 Je voulais vous dire que ce soir, il y a des incidents également à Marseille
18:50 où il y a eu deux interpellations et un policier qui a été légèrement blessé.
18:54 Le RAID a été déployé à Lille et il y a eu six interpellations,
18:59 19 interpellations pour Nanterre dont on a parlé.
19:04 Je voulais évidemment qu'on revienne sur ce qui s'était passé hier soir.
19:10 Ce soir, on attend beaucoup d'incidents.
19:15 40 000 policiers sont déployés, c'est monumental. C'est beaucoup.
19:18 Je ne me souviens pas avoir vu un déploiement aussi.
19:24 -Donc autant de policiers, dont 5 000 à Paris.
19:29 -La nuit dernière, les émeutes urbaines ont fait de gros dégâts
19:32 qui ont notamment été listés par Jean-Marc Morandini.
19:36 -A Nanterre, la ville dans laquelle le jeune homme a été tué.
19:42 Un centre Enedis a été incendié.
19:44 Le secteur a été évacué en raison d'un risque d'explosion.
19:47 Dans cette ville, les policiers ont dû quitter le quartier Pablo Picasso
19:50 sous les projectiles.
19:52 A Nantes, l'école primaire Angela Davis a été incendiée.
19:55 A Neuilly-sur-Seine, les locaux de la police municipale ont été incendiés.
19:58 A Neuilly-sur-Marne, pardon.
20:00 Toutes les voitures de police municipales ont été incendiées.
20:04 A Clamart, un tramway a été incendié.
20:06 Vous voyez les images en ce moment.
20:08 A la Courneuve, une vingtaine de barricades ont été dressées.
20:11 Un camion incendié.
20:13 Au Blanc-Ménil, un bus et un engin de chantier ont été brûlés.
20:17 A Damaril-Elis, un commissariat a été pris d'assaut.
20:20 En Seine-Saint-Denis, des jeunes s'en sont pris aux forces de l'ordre
20:23 dans le quartier des Framboisins.
20:25 A Grigny et à Brunois, des bus ont brûlé.
20:27 A Clichy-la-Garède, une foreuse et un chariot élévateur ont été incendiés,
20:31 provoquant une explosion qui a réveillé les habitants.
20:34 Je voudrais qu'on regarde cette carte ensemble qui est édifiante.
20:37 Beaucoup de villes, et il y a quand même quelque chose de très particulier,
20:39 c'est qu'il y a eu des petites villes, communes, provinces, etc.
20:43 Et donc cette contagion de Ni-Jacob.
20:45 Il manque Rouen, Alençon, Ouattrolo.
20:48 - Compiennes. - C'est Villiers 93.
20:51 Donc la question d'y avoir contagion, elle est déjà dépassée,
20:54 parce que c'était le cas hier.
20:56 La contagion a déjà eu lieu.
20:58 Si la position des forces de l'ordre hier était de maintenir l'ordre public
21:01 et protéger les personnes, ce qu'ils ont fait,
21:03 je crois avec beaucoup de courage, qu'on peut nous saluer,
21:06 ce soir, des interpellations seront faites
21:09 dès que nous constaterons que des personnes veulent s'en prendre
21:11 à des bâtiments publics.
21:13 Si vous demandez aux policiers de faire vraiment leur travail,
21:17 c'est-à-dire de ne pas prendre de pincettes,
21:19 et d'y aller vraiment, c'est-à-dire rétablir l'ordre public,
21:22 vous allez vous retrouver avec des émeutes semblables à 2005.
21:26 Parce que les policiers, aujourd'hui, ne peuvent plus être
21:29 ce dernier couvercle de la cocotte minute sociale qui va exploser.
21:34 - Un mot de la nouvelle stratégie qui va être appliquée ce soir.
21:39 40 000 policiers sur le terrain, on vient de le dire,
21:41 5 000 à Paris, et des interpellations.
21:44 On ne va pas se contenter de regarder, ce qu'a dit Gérald Darmanin.
21:47 - Oui, on voit une montée en puissance très nette.
21:51 Hier, ce n'était pas le cas, ça a été expliqué,
21:54 Gérald Darmanin l'a expliqué.
21:58 Aujourd'hui, on monte en puissance, cette nuit,
22:00 on va voir ce que ça donne, avec des interpellations demandées.
22:03 La problématique des interpellations, c'est qu'il faut,
22:05 non seulement faire les interpellations,
22:07 mais en plus, bien faire le PV d'interpellations
22:10 pour bien notifier qui a fait quoi.
22:15 Parce que si vous prenez juste un groupe...
22:17 - On a eu l'exemple avec les Black Blocs,
22:19 on sait très bien que la difficulté...
22:21 - Tout à fait. Et ensuite, vous avez quelque chose d'important
22:23 qui se passe derrière, c'est la justice.
22:25 Il va falloir aussi que la justice, dans ce domaine-là, soit dure.
22:31 - Dans la liste qu'on a eue de villes qui ont été touchées
22:34 par les émeutes, il y a beaucoup de petites villes.
22:36 Ça, c'est remarquable, également.
22:38 - C'est remarquable et c'est, pour tout dire, un peu effrayant,
22:41 parce que lors des émeutes de 2005, justement,
22:43 c'est ce qui s'est passé.
22:45 Cet embrasement, cette contagion, tout à coup,
22:47 s'est propagée très rapidement à des petites villes.
22:49 Et donc, c'est vrai que c'est ça qui inquiète, en effet,
22:51 les autorités et l'exécutif en particulier.
22:53 C'est pour cela, d'ailleurs, qu'hier, qu'on signe avait été donné
22:55 qu'il n'y ait pas trop d'interpellations
22:57 et qu'il n'y ait pas d'affrontements,
22:59 parce que c'est aussi la ligne de crête.
23:01 S'il y a des affrontements trop importants et qu'il y a des morts,
23:03 on va avoir un embrasement magistral.
23:05 - Ça, c'est la grande crainte.
23:07 - Et donc, ça, c'est vraiment la crainte absolue de l'exécutif aujourd'hui,
23:09 avec, comme vous le disiez, en effet, une envie aussi de montrer
23:12 que la main est ferme, ne tremblera pas.
23:14 Ce que disait le ministre de l'Intérieur aujourd'hui,
23:16 il le disait, il disait qu'il y a des organisations qui s'en seront prises
23:18 à des établissements symboliques de la République.
23:20 Et donc, il y aura une fermeté absolue.
23:22 Et je pense que les comparutions immédiates risquent de faire floresce,
23:24 en effet, en la matière, s'il y a encore des exactions comme les dernières.
23:27 - Les émeutiers ont visé l'État.
23:29 On va voir l'exemple de Neuilly-sur-Marne,
23:31 quand on divisait l'État, c'est-à-dire les services publics,
23:34 les équipements municipaux, commissariats, etc.
23:37 Le maire de Neuilly-sur-Marne témoignait ce matin.
23:39 - Vous parlez de sauvagerie contre la République.
23:45 Qu'est-ce qui s'est passé dans votre ville ?
23:47 On va voir les images, bien sûr.
23:49 - Je suis terriblement choqué.
23:51 Ce qu'on a eu, c'est qu'à partir d'une heure du matin,
23:53 on a eu tous les véhicules de la police municipale
23:55 que nous avions créés il y a deux ans maintenant
23:57 ont été complètement brûlés.
23:59 Le service logement a été totalement calciné.
24:01 La médiathèque a été brûlée.
24:03 On a une école maternelle qui a été caillassée en plein cœur du quartier.
24:07 - A besoin dans le Val d'Oise, c'est la façade d'une école qui a été incendiée.
24:11 Partout en France, des dizaines de bâtiments publics ont été incendiés ou dégradés.
24:16 Rien qu'en Ile-de-France, près de 1000 feux de voies publiques ont été déclarés.
24:20 - Une médiathèque, un gymnase, une école,
24:23 alors qu'il faut des efforts monumentaux pour livrer de l'équipement public dans ces quartiers populaires.
24:29 C'est les populations, les usagers locales.
24:31 Donc, il faut que…
24:33 C'est là où le tweet de Jean-Luc Mélenchon,
24:35 qui connaît parfaitement les quartiers populaires,
24:37 fait preuve d'une hypocrisie crasse.
24:39 Parce qu'il sait très bien que les principales victimes des émeutes,
24:43 ce sont les populations.
24:45 - Moi, ce que je demande, c'est que les services de l'État,
24:47 que l'État, Gérald Darmanin, Emmanuel Macron,
24:49 prennent la mesure de la situation.
24:51 - On ne parle pas des victimes de ces dégradations.
24:54 C'est qui, les victimes ?
24:55 Ce sont les habitants des quartiers populaires.
24:57 - Bah oui.
24:58 - On ne parle pas des policiers.
25:00 On ne parle pas des 113 policiers qui ont été blessés.
25:03 Policiers et gendarmes.
25:05 Mais je rappelle que dans les policiers et gendarmes,
25:07 nous avons aussi des enfants issus des quartiers populaires
25:10 qui composent nos services de police.
25:12 - Moi, ce que j'aimerais dire, c'est que depuis 2005, il s'est passé 18 ans.
25:16 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce sont les enfants des émeutiers de 2005
25:19 qui sont dans la rue, qui caillassent
25:21 et qui sont en train de brûler leur propre cité
25:23 pour lesquelles nous avons investi des milliards d'euros
25:26 et pour lesquels nous allons encore investir des milliards d'euros.
25:29 C'est-à-dire que nous avons aujourd'hui loupé une nouvelle génération
25:32 qui haït la France.
25:34 - On a investi des milliards, c'est vrai,
25:38 mais des milliards, on a visé à côté une génération.
25:41 Une génération depuis 2005.
25:44 - C'est vrai qu'il y a eu beaucoup d'argent,
25:46 notamment en matière de politique de la ville,
25:48 pour avoir des emplois dans ces quartiers.
25:50 - Et pour avoir des services publics, de proximité.
25:53 - Et pour avoir évidemment des services publics.
25:55 Et de ce qui pourtant d'ailleurs, parfois malheureusement,
25:57 il n'en a pas non plus assez.
25:59 Et Dieu sait combien les habitants de ces quartiers se plaignent de cela.
26:01 La déficience ou la défaillance de certains services publics.
26:03 Donc c'est vrai que c'est extrêmement triste.
26:05 Et d'ailleurs, c'est le leitmotiv encore une fois aujourd'hui de l'exécutif.
26:08 C'est-à-dire en fait, vous vous en prenez à vos voisins,
26:10 aux habitants des quartiers, vous pénalisez en fait
26:12 les habitants de vos propres quartiers.
26:14 Cela dit, ce qui pose une vraie question en la matière,
26:17 au-delà de cette question du rapport à la police, etc.
26:20 C'est en fait la question des banlieues.
26:22 C'est-à-dire qu'il y avait une lettre qui s'appelait
26:24 "Lettre à ceux qui ignorent les banlieues".
26:26 Elle date de 2010. Ce sont des maires de différentes villes,
26:28 exactement les villes aujourd'hui qui sont dans l'embrasement.
26:30 Il y avait notamment la ville de Nanterre.
26:32 Donc le maire de Nanterre déjà signé cette lettre.
26:34 C'était à l'initiative d'une RPS de Clichy-sous-Bois,
26:37 qui expliquait qu'en fait, les M2 2005 risquaient de perdurer,
26:40 de continuer, si justement, on ne voyait pas le problème
26:43 plus général des banlieues, le phénomène de ghettoïsation.
26:46 La question justement de la colère de ces habitants
26:48 qui se sentent relégués et qui ont une haine viscérale de la police.
26:51 C'est tout ce qu'il représente l'État.
26:53 Mais au lycée 2005, il y avait déjà eu depuis 1968
26:56 autant de violences urbaines.
26:58 Donc il y a un problème là qui n'est pas résolu.
27:00 Au-delà de la question de l'intégration,
27:02 qui est une vraie question, et de la question de la justice
27:04 pour les mineurs, qui est aussi une vraie question,
27:06 il y a la question des banlieues.
27:08 Comment est-ce qu'on fait pour arriver à déghétoïser
27:10 ces banlieues et à faire en sorte que ces jeunes
27:12 n'aient plus cette relation à l'autorité de façon générale
27:14 et à la police en particulier ?
27:16 C'est la politique de la ville, c'est le chômage,
27:18 c'est l'emploi, c'est l'école, c'est la formation.
27:20 Ça passe par plein de choses malheureusement.
27:22 Tout ça a été dit, tout ça a été dit à plusieurs reprises.
27:24 Mais ça fait 30 ans.
27:26 Et très juste, mais est-ce que ça a été fait ?
27:28 Et est-ce qu'on ne se trompe pas de combat aussi ?
27:30 Parce que, on parle beaucoup des émeutes de 2005
27:34 et on compare les émeutes d'aujourd'hui aux émeutes de 2005.
27:37 Il s'est passé deux choses principales importantes.
27:39 D'abord en 2005, on n'avait pas les réseaux sociaux,
27:42 enfin il y avait des réseaux sociaux,
27:44 mais pas utilisés de cette manière-là.
27:46 Et la deuxième chose, c'est qu'on n'avait pas un truc extraordinaire
27:50 qui s'appelle la LFI, la France Insoumise et l'extrême gauche
27:53 qui est au sein du Parlement.
27:55 Pourquoi je vous dis ça ?
27:57 Parce que les émeutes qu'on voit aujourd'hui fleurir un peu partout,
28:01 il y a une vraie architecture derrière.
28:04 Et ça, on se sert sans doute des structurations
28:08 de l'extrême gauche et des anarcho-libertaires d'une manière générale,
28:13 surtout de l'extrême gauche, pour faire des émeutes de ce type-là.
28:16 C'est pour ça que je me dis qu'elles ne ressemblent pas tout à fait aux...
28:18 Pour faire des émeutes ?
28:20 Bien sûr, pour mener un combat contre l'État,
28:23 pour mener un combat contre les institutions,
28:26 pour mener un combat de séparatistes.
28:28 C'est là où on en est.
28:30 Vous trouvez que la main de la LFI se trouve derrière
28:32 chaque manifestant, chaque émeutier qu'on a vu hier et avant-hier ?
28:36 Pas forcément que la LFI, mais vous avez une structuration d'extrême gauche en France,
28:40 qui est une structuration importante,
28:42 et bien évidemment, cette structuration-là est à l'œuvre aujourd'hui.
28:46 Très rapidement. C'est vrai qu'il y a une volonté de récupération,
28:49 on le voit, parce que des groupuscules d'ultra-gauche
28:51 appellent notamment demain à 20h à des rassemblements devant les mairies.
28:55 Donc c'est vrai qu'il y a aussi, par ailleurs,
28:57 une tentative de convergence des luttes, si j'ose dire,
29:00 avec la LFI notamment, qui fait des propositions,
29:02 notamment l'abrogation de cette loi 2017, justement,
29:04 parce qu'il considère que c'est un permis tué,
29:06 avec des propos extrêmement durs et même très violents,
29:08 et qui mettent de l'huile sur le feu de la part de Jean-Luc Mélenchon.
29:10 C'est vrai. Mais ce qui est vrai aussi, c'est que je ne suis pas d'accord avec vous.
29:13 Je pense qu'il y a aussi une grande partie, malheureusement,
29:15 qui n'est pas structurée. C'est une colère,
29:17 c'est une cocotte minute des banlieues et une colère extrême.
29:20 Et justement, le problème, c'est qu'il n'y a pas de colonne vertébrale à cela.
29:23 Et c'est ça qui est extrêmement effrayant.
29:25 L'idée, ce n'est pas de structurer tout le monde
29:27 et que tout le monde adhère à tel ou tel truc.
29:29 C'est effectivement les banlieues et les gens,
29:31 avec un plan préétabli par certains, par quelques-uns.
29:35 Et là, on se sert...
29:36 Là, vous vous trompez de cause, sincèrement.
29:38 Une autre réaction, celle de Jordan Bardella,
29:41 qui lui a aussi pointé tout à l'heure LFI,
29:44 et c'était dans Punchline.
29:46 Le RED, le GIGN sont en alerte et seront sur le terrain également.
29:53 L'État fait ce qu'il faut pour tenter de faire respecter l'ordre républicain.
29:56 Dans l'état actuel des choses, il faut évidemment mobiliser des forces de l'ordre.
30:00 Mais on a un peu le sentiment
30:02 qu'aucune leçon n'a été tirée des MEC de 2005.
30:05 Et que, jour après jour, mois après mois,
30:09 ces quartiers ressemblent à des zones de non-droit
30:11 où le droit de la République française ne s'applique plus.
30:14 Et moi, je veux avoir une pensée pour tous les gens qui habitent dans ces quartiers.
30:17 Pour toutes les familles qui vont subir cette nuit
30:21 les jets de cocktails Molotov, les jets de pierre,
30:24 les violations de violence, ce sont les premières victimes
30:26 de cette situation qui est de plus en plus insupportable.
30:29 Et puis, encore une fois, pardon, on parlait du président de la République.
30:32 Mais quand on voit le comportement aujourd'hui,
30:34 Gennevilliers est une ville dirigée par le Parti communiste français,
30:37 quand on voit le comportement aujourd'hui de la gauche, de la gauche nuppesse,
30:41 des déclarations de M. Mélenchon,
30:43 qui est à mon sens devenu un danger public aujourd'hui,
30:45 qui tient des discours insurrectionnels,
30:47 qui refuse d'appeler au calme,
30:49 et qui a un discours ambigu à l'égard des casseurs,
30:51 qui refuse même de condamner les agressions contre les forces de l'ordre.
30:55 C'est une honte et ces discours participent évidemment
30:58 à jeter des bidons d'essence sur le feu.
31:00 Et je vais même vous dire, il y a un article dans le Code pénal,
31:03 qui est l'article 433 alinéa 10,
31:05 qui sanctionne très sévèrement les provocations ou les incitations à la rébellion.
31:09 Et je pense que des mouvements comme la France insoumise
31:11 ou des associations qui appellent justement à la rébellion dans ces territoires
31:14 devraient être poursuivis par la justice de notre pays.
31:18 Elisabeth Borne, je voulais qu'on écoute Elisabeth Borne,
31:21 qui a appelé aujourd'hui à l'apaisement.
31:23 Et je rappelle que l'état d'urgence n'a pas été prononcé.
31:26 C'est une option qui n'est pas impossible dans les prochains jours,
31:28 mais le choix a été de ne pas choisir l'état d'urgence.
31:34 On en dira un mot tout à l'heure, mais on écoute d'abord Elisabeth Borne.
31:37 Comme beaucoup d'élus l'ont fait,
31:41 j'appelle vraiment à l'apaisement.
31:43 Laissons la justice faire son travail.
31:45 Et je peux vous assurer que mon gouvernement est très mobilisé
31:49 pour accompagner le retour au calme.
31:51 Je crois que la position du gouvernement a été à la fois nuancée,
31:56 claire et équilibrée.
31:58 Et que nous attendons de tous les responsables politiques, quels qu'ils soient,
32:01 tous les responsables politiques,
32:03 parce que dans les responsables politiques, il y a politique,
32:04 mais il y a surtout responsable,
32:06 qui leur appartient pour le bien de l'intérêt général,
32:08 pour le bien des populations,
32:10 pour le bien des institutions de la République, d'appeler au calme.
32:12 Le calme, ça ne se décrète pas.
32:14 On voit bien que c'est le ministre des Intérieurs
32:16 qui a un comble à Gérald Darmanin d'incarner ce côté-là et ce rôle-là.
32:21 Ça montre à quel point, dans quelle crise nous sommes plongés,
32:23 d'avoir autant de réactions ministérielles les unes derrière les autres.
32:27 Il y a vraiment une crainte de revivre dans la durée
32:30 les émeutes de 2005, qui avaient duré trois semaines.
32:32 Et il y a quelque chose qui inquiète le gouvernement.
32:34 On n'est pas du tout dans la même temporalité.
32:36 Les émeutes de 2005, c'était entre octobre et novembre.
32:39 Il y avait, par exemple, un très mauvais temps
32:41 qui était à ce moment-là sur la France, un temps météorologique.
32:45 Là, en plus, on est dans les périodes de vacances scolaires.
32:47 Donc vous pouvez très bien embrigader facilement les plus jeunes qui sont à l'école.
32:52 C'est un pays plus fracturé aujourd'hui.
32:54 Aussi, bien sûr.
32:56 Gérald Darmanin dit que ce soir, il appelle à un retour au calme.
32:59 Mais il est extrêmement improbable.
33:01 Sur la question de l'état d'urgence, le ministre des Intérieurs a dit
33:05 qu'il n'y a pas besoin de mettre l'état d'urgence puisqu'on a les moyens
33:07 et que ce soir, grâce à mon appel, le calme va revenir.
33:10 Sous-entendu, si le calme ne revient pas, on pourra passer ensuite à l'état d'urgence.
33:15 Mais ce qui est sûr, c'est que les deux jours et les deux nuits qui viennent sont détournants.
33:18 Donc déterminants, sont détournants, l'état d'urgence.
33:22 Il y avait le choix. Ce matin, il y a eu une cellule interministérielle de crise
33:26 à laquelle a présidé Emmanuel Macron.
33:30 C'était à Beauvau. Il était question de savoir si on mettait le pays en état d'urgence.
33:35 Le choix a été fait. C'est non.
33:37 Je pense que c'était très compliqué aujourd'hui de prendre cette décision.
33:40 Ça aurait peut-être encore plus embrasé et envenimé les choses.
33:43 Je rappelle que lors des émeutes de 2005, ça avait eu lieu dix jours après,
33:47 qu'il y avait d'ailleurs eu un bras de fer entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin,
33:50 à l'époque Premier ministre émise de l'Intérieur,
33:52 parce que Dominique de Villepin voulait même envoyer l'armée dans les quartiers à ce moment-là.
33:57 Et donc je pense que pour l'instant, ce n'est pas le cas.
34:00 Cela dit, je rappelle aussi qu'en 2005, ça avait duré trois semaines.
34:03 Ça avait même été voté pour trois mois, cet état d'urgence.
34:05 Et je pense que le Covid est passé par là, que ça restreint énormément,
34:08 comme il faut bien dire, les libertés publiques et les libertés individuelles.
34:11 Et donc le gouvernement a peur quand même que ça soit mal reçu.
34:14 Mais cela dit, pardon de la précision Olivier,
34:16 la ville de Clamart a mis en place un couvre-feu qui aura lieu de demain jusqu'à dimanche.
34:21 Et c'est une sorte de couvre-feu, d'état d'urgence quelque part.
34:25 Ça ressemble quand même, là, à les mesures qui sont prises entre ça,
34:28 le bus et le tramway qui ne vont pas circuler là depuis,
34:31 ne circulent plus depuis 21h en région parisienne et dans d'autres villes.
34:34 Ça ressemble quand même à des petites mesures qui pourraient aboutir à un état d'urgence à un moment donné.
34:39 Vous avez raison, les villes de Clamart et Compiègne ont décidé de mettre en place un couvre-feu jusqu'à lundi matin,
34:43 entre 21h et 6h à Clamart et entre 22h et 6h pour les mineurs à Compiègne.
34:48 Et Lille, interdiction de tout attroupement près de l'hôtel de police.
34:52 Et puis vous avez vu peut-être sur les images, il y a un instant,
34:54 ça c'était le camion de la BRI qui est arrivé à Nanterre.
35:01 Sur l'état d'urgence, régime qui permet de renforcer les pouvoirs des autorités civiles
35:05 en restreignant certaines libertés, en facilitant la mise en place de certaines mesures
35:08 comme les assignations à résidence, l'interdiction de manifestation ou encore les perquisitions administratives.
35:13 L'état d'urgence, c'est la bombe atomique, c'est-à-dire c'est la dernière chose qu'on peut mettre en place.
35:21 Et donc, il y a une progression logique quand on gère une crise, il y a une progression logique.
35:28 Et il était assez logique de ne pas le mettre immédiatement.
35:31 Et il était assez logique d'ailleurs que les oppositions le demandent immédiatement.
35:34 Et il était assez logique que le gouvernement ne le mette pas immédiatement.
35:37 L'état d'urgence, ce n'est pas forcément parce que vous avez un état d'urgence que vous avez des couvre-feux.
35:41 Et ce n'est pas forcément parce que vous avez des couvre-feux que vous avez un état d'urgence,
35:45 puisqu'à Clamart on a un couvre-feu.
35:47 Donc il y a des mesures qui peuvent se faire de manière ponctuelle, soit par les autorités locales,
35:51 soit par les préfectures, de manière générale.
35:53 Gérald Darmanin a précisé qu'on n'avait pas besoin de l'état d'urgence pour mobiliser des policiers,
35:58 beaucoup de policiers et de procéder à des interpellations.
36:01 Je rappelle que tous les congés ont été annulés, que les gens sont revenus.
36:04 Et d'ailleurs, je tiens à féliciter ces policiers et ces gendarmes qui sont jour et nuit sur le terrain.
36:10 Pour Matignon, ce n'est pas une option envisagée.
36:12 Aujourd'hui, l'état d'urgence.
36:14 Le ministre de l'Intérieur a donc parlé ce matin, c'est assez important, je voulais qu'on y revienne,
36:19 d'attaques coordonnées et pensées qui n'avaient rien à voir avec la mort de Nahel.
36:25 Les policiers ont payé un lourd tribut, les policiers et les gendarmes,
36:31 puisqu'il y a eu 170 blessés chez les policiers et chez les gendarmes.
36:34 On a vu quelques images des commissariats de police municipales, des commissariats de police nationale,
36:40 des brigades de gendarmerie qui ont été attaquées, on n'en parle pas beaucoup,
36:43 mais dans plusieurs endroits en France et en particulier en province.
36:46 Et j'ajoute un fait qui, à ma connaissance, est inédit, c'est que plusieurs unités de force mobile
36:51 ont été attaquées près de leur caserne vers 5h du matin en rentrant chez elles,
36:54 par des gens qui les attendaient en embuscade.
36:56 En embuscade, donc vous parlez d'attaques qui sont coordonnées, qui sont préparées.
37:00 C'est là que je veux en venir, Sonia Mabrouk.
37:02 Nous avons affaire plus du tout à des gamins de 15 ans qui sont très énervés,
37:05 nous avons affaire à des adultes qui sont coordonnés.
37:08 Il ne s'agit pas, sauf exception, de quelques petits rassemblements qui auraient mal tourné.
37:14 Il s'agit de gens qui, à une certaine heure, ont décidé, même s'ils n'étaient pas très nombreux,
37:18 mais ont décidé d'attaquer les symboles de la République.
37:21 Je rappelle qu'il y a eu 90 bâtiments publics qui ont été attaqués cette nuit quasiment en même temps.
37:24 Certaines attaques ont commencé à 3h du matin, qui est en heure militaire,
37:28 l'heure la plus favorable au combat parce que l'ennemi est endormi.
37:32 Donc nous avons affaire manifestement à des gens qui sont très bien organisés,
37:36 qui épuisent nos forces de l'ordre, puisqu'il y a certains endroits
37:39 où il y a un problème de munitions de catégorie intermédiaire,
37:42 où des munitions ont déjà été tirées depuis de nuit.
37:45 Il y a des endroits, je ne vais pas dire où pour des raisons évidentes,
37:48 où la police a été appelée et n'a pas pu aller parce qu'il n'y avait plus de véhicules disponibles,
37:52 et où des petites villes ont été livrées à elles-mêmes aux émeutiers,
37:55 qui pour l'instant ne s'en sont pas pris aux habitants.
37:58 Mais de là à ce qu'ils le fassent, il y a quand même un petit pas qui n'est plus long à franchir.
38:02 Donc je dis solennellement, pour finir, ce matin, que la situation est gravissime.
38:07 Et gravissime au point qu'on ne pourrait naitre qu'au début des violences, qu'au premier stade.
38:14 Les armes n'ont pas été sorties. Il y en a.
38:16 Alors qu'on a des images de la BRI à Nanterre qui vient de procéder à trois nouvelles interpellations.
38:22 Oui, alors espérons que ça ne va pas durer, mais personne n'en sait rien.
38:28 Et on est parti, en tout cas psychologiquement, pour durer là-dessus,
38:35 mais pour durer avec 40 000 personnes sur le terrain, il va falloir s'organiser, il va falloir organiser des relèves.
38:41 Et c'est effectivement quelque chose qui peut être lourd.
38:47 Je reviens sur l'organisation. Ce que je disais tout à l'heure,
38:50 l'organisation qui semble s'être mise en place dans quelques cas bien particuliers,
38:56 c'est exactement ce que l'on disait. La France a une grande tradition, on l'oublie peut-être,
39:02 mais des meutes et des meutes organisées en particulier par des anarchistes.
39:07 Quelquefois par l'extrême droite, je parle en particulier de ce qui s'est passé en 1934,
39:13 mais les camelots du droit et l'action française.
39:17 Mais on a cette tradition-là, en particulier avec l'extrême droite.
39:21 Je vais vous poser la question différemment. Est-ce que ceux qui ont cassé aujourd'hui,
39:25 notamment, ou incendié le crédit mutuel, on a vu des images tout à l'heure,
39:28 et d'ailleurs la BRI a procédé à trois interpellations,
39:31 les interpellés ont participé à l'incendie du crédit mutuel.
39:36 Est-ce que ceux qui ont cassé aujourd'hui, qui se sont affrontés avec les policiers,
39:41 sont les mêmes que ceux qu'on a trouvés il y a quelques semaines dans les manifestations contre les retraites ?
39:47 Est-ce que ce sont les mêmes profils ? Est-ce que ce sont les mêmes personnes ?
39:50 Est-ce que ce sont d'autres infiltrations par d'autres réseaux ?
39:52 Alors il faudra le vérifier avec les gardes à vue et les noms, si un jour on les a, et les comparer.
39:58 Mais il n'y a pas, en termes d'émeutiers, dans notre pays, contrairement...
40:04 Je sais que la visualisation de ce qu'on a aujourd'hui peut tendre à prouver le contraire,
40:12 mais on n'a pas 50 000 personnes qui vont vous faire des émeutes.
40:16 Donc vous allez retrouver sans doute les mêmes.
40:18 Gérald Darmanin parlait d'organisation en effet.
40:21 Alors c'est vrai qu'il y en a qui étaient à l'œuvre, on le voit,
40:24 puisque 90 bâtiments publics attaqués simultanément, ça pose une question de coordination.
40:28 Et ça pose aussi la question des réseaux sociaux et de la coordination, évidemment, via les réseaux sociaux.
40:34 Cela dit, il y a plein d'images aussi qu'on a vues circuler hier et dans les médias aujourd'hui,
40:38 d'attaques un peu éparses, on va dire, et même d'ailleurs de certains groupes de jeunes
40:43 s'en prenant carrément à des immeubles d'habitation, je pense notamment à Villeurbanne,
40:47 ce drame de cet immeuble brûlé, parce que des voisins leur intimaient l'ordre de faire moins de bruit.
40:51 Donc je pense que malheureusement ce ne sont pas que des organisations,
40:54 c'est aussi des jeunes isolés qui sont dans un souci de justice,
40:57 et plus largement je le disais encore une fois, dans un souci de colère beaucoup plus générale,
41:01 et d'atteinte, voilà, d'écoute, de colère.
41:07 Est-ce que les mots du procureur aujourd'hui les ont apaisés pour l'instant ?
41:13 A ce qu'on a vu, non. Mais ça a été extrêmement violent.
41:17 Je le rappelle, dans la séquence qui suit, vous allez entendre un policier qui témoigne,
41:20 à visage couvert évidemment, de la violence des immeubles d'hier soir.
41:23 Il était en service. Et puis vous allez entendre des jeunes rappeler le spectre des immeubles de 2005
41:27 qui avaient suivi la mort de Ziad et Ebbouna, qui avaient été, je le rappelle, électrocutés dans un transformateur.
41:33 Ils s'étaient réfugiés parce qu'il y avait une course-poursuite avec la police. La séquence.
41:41 L'objectif, ce ne serait pas de repartir comme en 2005, où il y a des émeutes à tout le monde.
41:45 C'est Ebbouna, de base, ça doit être une leçon.
41:47 Ça doit être une leçon, que ça soit pour tout le monde. Donc pourquoi ça recommence en 2023 ?
41:52 Ce qui se passe en ce moment, c'est une répétition générale.
41:54 Parce que pour l'instant, on n'a pas vu de Kalachnikov, on n'a pas vu de fusils d'assaut.
41:58 Mais ce que je veux dire, c'est qu'on est au stade 1, on est à 10% de ce qui pourrait se passer.
42:03 Vous êtes très pessimiste.
42:05 Mais bien entendu.
42:06 Dans la nuit, on a été en manque de munitions. On était obligés de partir sur plusieurs missions en même temps.
42:15 On s'est retrouvés des fois même à battre en retraite.
42:18 Parce qu'on a subi des tirs vraiment intenses et puissants.
42:24 Et vraiment une volonté réelle de tuer.
42:27 Ça fait deux nuits d'émeutes. Je pèse mes mots.
42:30 L'intensité de la violence entre les deux nuits que nous devons vivre, elle est exponentielle.
42:34 C'est-à-dire que la nuit que nous venons de vivre n'a rien à voir avec la nuit d'avant.
42:39 Il y a de nombreuses différences avec 2005, qui toutes sauf une concourent à dire que ce que nous vivons est d'ores et déjà pire que 2005.
42:49 La seule chose qui n'est pas encore arrivée, qui moi me paraît inéluctable compte tenu du cycle,
42:54 mais qui n'est pas encore arrivée et qui était arrivée en 2005, c'est l'utilisation d'une arme de catégorie B,
43:00 c'est-à-dire d'une arme à feu, sur les policiers.
43:03 Et on sait que dans les quartiers, dans les cités, il y a ces armes à feu. Elles existent, ces armes à feu.
43:08 Oui, bien sûr. Bien sûr, ne serait-ce que pour protéger les trafics de stups.
43:13 Au fait, d'ailleurs, tout ça est bon pour le trafic de stups ?
43:17 Non, tout ça est mauvais pour le trafic de stups.
43:19 En général, quand vous avez des banlieues qui bougent, les trafiquants ne font plus leur business.
43:23 Et certaines mauvaises langues disent que 2005 s'était arrêté aussi parce que les trafiquants de stups avaient mis le haut là.
43:33 Ce que je ne crois pas du tout. Je ne crois pas qu'ils aient ce pouvoir-là, mais c'est mauvais pour leur business.
43:38 Deux choses. D'abord, je pense, si vous voulez, qu'il y a la question... Je reviens là-dessus, pardon, mais il y a deux problèmes.
43:44 Il y a la question du rapport à la police, que montre cette affaire, et la question du rapport à l'autorité de façon plus générale.
43:50 Je rappelle quand même que le premier quinquennat d'Emmanuel Macron a été pourri par des questions de bavure aussi policière.
43:56 Il y en a malheureusement, elles sont isolées, mais il y en a. Je rappelle Cédric Chouviat, je rappelle Michel Zecler, le producteur de rap tabassé.
44:03 Et Emmanuel Macron, d'ailleurs, a beaucoup évolué dans son discours par rapport à ça.
44:06 Souvenez-vous, le président candidat en 2016 parlait de violences policières. Le président ensuite ne parlait plus de violences policières.
44:12 Et aujourd'hui, il condamne même le policier avant même qu'il soit condamné lui-même par la justice.
44:18 Ce qui d'ailleurs a hérissé au plus haut point les syndicats de police, en disant que c'est inexcusable, injustifiable et impardonnable.
44:24 Donc ça, c'est la première chose. Mais deuxièmement, pardon...
44:26 Mais ça, on a entendu, mais tout le monde a... Je veux dire, même le procureur ce soir a condamné ce soir.
44:30 Mais non, non, le procureur n'a pas condamné. Le procureur, c'est son rôle de dire par rapport aux éléments qu'il a sur l'enquête
44:38 que l'usage des armes, c'est légitime, c'est pas légitime selon lui, etc. et que l'enquête va continuer.
44:44 Il devait pas poser la question, plutôt ? Il a pris une position.
44:48 Non, mais s'il y a bien quelqu'un qui peut se prononcer là-dessus, c'est le procureur de la République.
44:53 Moi, ce que je juge, par contre, complètement délirant, mais alors délirant, c'est la minute de silence à l'Assemblée nationale
44:59 pour le chauffeur qui a fait le refus de... Enfin, pour la victime.
45:06 Pour Naël ? Pour les jeunes ?
45:07 Délirant, une minute de silence à l'Assemblée nationale. C'est absolument délirant.
45:11 C'est un symbole politique important. C'est un jeune de 17 ans qui est tué.
45:15 La minute de silence, elle se fait pour quelqu'un qui a donné sa vie à l'État.
45:19 Il y a eu une minute de silence il y a quelques jours également, après Annecy.
45:25 Il y a eu l'attaque au couteau, les enfants, on a fait une minute de silence.
45:29 Pour les victimes ? Pour les victimes.
45:31 Pardon, mais je me permets quand même le présenter.
45:33 Je pèse mes mots.
45:34 Il a parlé d'émotion de la nation, quand même.
45:37 Et ça se comprend, c'est quand même un jeune de 17 ans.
45:40 Quelles que soient les circonstances, c'est un jeune de 17 ans qui a été tué.
45:43 Je voulais qu'on écoute ce soir sa maman.
45:46 Elle a donné une interview à France 5, dont on a un extrait.
45:53 Elle ne condamne pas la police. Je pense que ces mots sont importants.
45:57 Elle ne condamne pas la police, elle condamne un homme.
46:01 Je n'en veux pas la police.
46:06 Vous n'en voulez pas la police ?
46:07 J'en veux à une personne, celui qui a enlevé la vie de mon fils.
46:10 Il n'avait pas tué mon fils. Il y avait d'autres manières de le faire.
46:14 Il n'avait pas tué mon fils.
46:16 Une palpe, une palpe, si près de son torse.
46:21 Non, non, je ne peux pas imaginer ça.
46:24 Je ne peux pas, je ne peux pas.
46:26 Non, frapper, le faire sortir, oui, il n'y a pas de problème.
46:30 Mais une palpe, pour un... Non, non, non.
46:33 Il y a d'autres moyens de les faire sortir.
46:35 Tuer des petits comme ça, ça va durer combien de temps ?
46:40 Encore combien d'enfants vont partir ?
46:42 Dites-moi, encore combien d'enfants vont partir ?
46:45 Combien de mères vont être comme moi ? Combien de mères ?
46:49 Ils s'attendent à quoi, en fait ? Ils s'attendent à quoi ?
46:52 Pas d'un système. Un homme, un homme.
46:56 Il a vu une tête d'un Arabe, d'un petit gamin.
47:00 Il a voulu lui ôter sa vie.
47:02 J'ai des amis policiers. Ils sont tous là avec moi.
47:06 Ils sont tout cœur. Il n'y a rien de méchant.
47:10 Ils ne sont pas d'accord de ce qu'il a fait.
47:14 Ils ne sont pas d'accord.
47:17 Ils payent la peine de mon fils. La souffrance que j'ai là.
47:21 Il a tué mon fils, il m'a tué. À son tour.
47:24 Vraiment ferme. Ce n'est pas après six mois, après il est dehors.
47:28 Vraiment ferme.
47:31 Voilà, ce sont les mots très forts de la maman de Naël,
47:36 ce soir recueillie par nos confrères de France 5.
47:39 C'est à vous.
47:41 Elle a des mots très justes.
47:43 Ne pas faire d'amalgame et bien dire que c'est une personne, un policier,
47:47 et non pas jeter l'opprobre sur toute la police.
47:49 Déjà, c'est bien parce qu'aujourd'hui, malheureusement,
47:51 on a trop entendu de voix, notamment politiques, s'élever
47:54 en jetant l'opprobre sur toute la profession.
47:56 Donc, ça, il faut vraiment se garder cet amalgame.
47:58 Et déjà, rien qu'en cela, chapeau madame.
48:01 Et puis, deuxième chose, pardon, mais il y a quand même un souci.
48:04 13 tirs mortels l'année dernière pour refus d'autopérer.
48:07 Ça pose une vraie question sur cette loi.
48:09 Combien de refus d'autopérer, Tatiana ?
48:11 En tout cas, 20 minutes.
48:13 Il y en a 30. En 2021, il y a 26 000 refus d'autopérer.
48:16 C'est juste mon raisonnement. Je ne jette pas du tout la pierre.
48:19 C'est juste mon raisonnement.
48:21 Ce que je veux dire, c'est que cette loi de 2017,
48:24 tout le monde parle d'imprécision dans cette loi.
48:27 Et peut-être qu'il faut y réussir.
48:29 Comme ça, c'est clair. Que dit la loi sur l'usage des armes de service
48:32 pour les policiers ? Dans quel cas s'applique-t-il sur la légitime défense ?
48:35 Question soulevée. Ce matin, on regarde, on commente.
48:38 Dans certaines circonstances, lorsque les policiers sont eux-mêmes
48:43 en danger de mort, qu'ils puissent utiliser leur arme.
48:46 Est-ce que ce policier était en danger de mort pour utiliser son arme ?
48:50 C'est ce que montrera l'enquête judiciaire.
48:53 A priori, les images que nous avons toutes vues sont choquantes
48:56 parce que ça ne correspond pas à la loi de 2017.
48:59 Les policiers avec qui j'ai échangé remettent en cause cette loi de 2017
49:02 et disent qu'elle est incompréhensible.
49:04 C'est l'article 435.
49:06 Il y a 5 cas de figure pour lesquels le policier peut ouvrir le feu.
49:10 Le premier cas, on est d'accord, c'est s'il y a une atteinte à sa vie
49:13 ou son intégrité physique. C'est clair.
49:15 Deuxième, après sommation, si c'est la seule façon de protéger
49:18 les personnes autour de lui. C'est toujours clair.
49:20 Troisième cas de figure, pour empêcher la réitération d'un meurtre
49:23 ou d'une tentative de meurtre. Ce point fait clairement référence
49:26 aux attentats qui ont touché la France.
49:28 Le quatrième point, celui-là est absolument incompréhensible.
49:31 Vous qui avez été député et les députés qui ont écrit cette loi
49:34 ont mis une ambiguïté.
49:37 Que dit ce quatrième point ?
49:41 Pour neutraliser une personne qui cherche à leur échapper
49:45 et risque de s'en prendre à des tiers dans sa chute.
49:49 Eh bien là, il y a un flou. Et à l'aune de ce quatrième cas,
49:53 le policier qui a tiré sur Nahel peut dire
49:57 "effectivement, neutraliser une personne qui cherche à leur échapper
50:00 et risque de s'en prendre à des tiers dans sa fuite".
50:03 Là, il y a une ambiguïté. Et c'est ça qui est compliqué.
50:06 - C'est aussi pour ça que la justice ne se range jamais sur un plateau de télé
50:09 ou sur un Twitter. - Je suis d'accord avec vous,
50:11 mais moi je fais le "procès" aux législateurs.
50:16 Qui a mis cela ? Qui a mis cette ambiguïté en 2017 ?
50:20 - Il faut préciser que dans un contexte qui était celui où on utilisait des voitures
50:24 pour commettre des attentats.
50:26 - En l'état des investigations et des éléments recueillis,
50:30 le parquet considère que les conditions légales d'usage de l'arme
50:35 ne sont pas réunies.
50:37 - La raison pour laquelle on a mis le procureur à la fin de cette séquence,
50:40 c'est parce que lui a strictement pris le texte.
50:44 Il y a un texte compliqué, qui peut être interprété,
50:47 mais il a décidé que sa vision, c'était celle-là.
50:51 Vous faites partie de ceux qui ont rédigé ce texte ?
50:54 - Non, pas rédigé. J'étais au RAID quand ce texte a été rédigé sur l'usage des armes.
51:00 Nous, il nous a intéressé ce reste, ce qu'on appelle le périple meurtrier,
51:03 c'est-à-dire le deuxième ou le troisième cas.
51:05 C'est-à-dire quand une personne commence à tuer des gens dans la rue,
51:08 de manière à ce qu'on puisse ouvrir...
51:10 A l'époque, on ne pouvait pas ouvrir le feu sur elle.
51:12 C'était la légitime défense pour autrui,
51:15 existant dans les textes, mais n'étant jamais reconnu par les magistrats.
51:19 Donc voilà, ça, ça m'intéressait de ce point de vue-là.
51:22 Maintenant, il y a les autres cas, effectivement,
51:24 il faut bien les interpréter différemment.
51:26 Mais ça ne s'interprète pas sur un...
51:28 Je suis désolé de le dire, mais ça ne s'interprète pas sur un plateau de télé,
51:31 comme ça a été fait.
51:32 Ça s'interprète par le procureur de la République, quel qu'il soit.
51:36 Là, dans ce cas-là, il a tranché dans un sens.
51:38 - Il a tranché.
51:39 - Dans le cas de tir, ça a été tranché, la plupart du temps,
51:43 pour l'intérêt du policier.
51:46 Ça s'est avéré exact.
51:48 - Je n'aurais pas de discussion juridique,
51:50 parce que je ne suis pas juriste.
51:52 En revanche, ce que je veux dire, pour suivre ce que vous venez de dire,
51:54 c'est qu'en fait, cette loi, la Case-Neuve,
51:56 a été faite dans un contexte post-attentat.
51:58 Donc en effet, pour une tuerie de masse, on va dire,
52:01 et pour l'exemple après Nice, justement, la tente à Nice,
52:04 pour un homme qui, au bord d'un camion, écrasait une tonne de piétons,
52:07 pour pouvoir le tuer, pour ne pas qu'il continue à...
52:09 Donc c'était ça, l'histoire de cette loi.
52:11 Peut-être qu'elle est quand même dans un contexte
52:13 qui est un peu différent, première chose.
52:15 Et puis, deuxième chose, je vais poursuivre ce débat un peu plus long,
52:17 en disant que la proposition de certains,
52:19 je pense notamment à Marine Le Pen, ou même à certains à droite,
52:22 notamment Éric Ciotti, qui a été instauré
52:24 lors de la dernière campagne présidentielle,
52:26 une présomption de légitime défense de la part des policiers,
52:28 semble extrêmement compliquée et même impossible,
52:31 quand on voit le débat déjà qu'on a aujourd'hui
52:33 sur l'interprétation de loi et sur la façon dont on gère les armes à feu.
52:36 - On va s'arrêter là pour ce soir, merci beaucoup.
52:38 - C'est la moche.
52:40 - Oui, merci beaucoup.
52:42 Mais on va continuer, d'abord, dans un instant,
52:44 il y a sur Info Julia Pasquet,
52:46 puis nous on va se retrouver à minuit,
52:48 parce que ce soir, on va prolonger l'antenne
52:50 jusqu'à 2h du matin pour suivre en direct
52:52 et au plus près ce qui se passe et ce qui va se passer,
52:54 crainte des meutes croniques de violence,
52:56 enfin quasi sûre, d'ailleurs ça a déjà commencé.
52:58 RAID, BRI, GIGN sont prêts à intervenir,
53:02 sont même déployés pour la BRI.
53:04 Je vous propose d'aller tout de suite à Nanterre
53:06 pour faire le point peut-être de ce qui s'est passé
53:08 autour de ce crédit mutuel qui a pris feu tout à l'heure.
53:11 Et au-dessus du crédit mutuel, il y a des habitations.