SMART PATRIMOINE - Emission du mardi 27 juin

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Mardi 27 juin 2023, SMART PATRIMOINE reçoit Laurent Ovion (Directeur Innovation, Groupe DLPK) , Henry des Horts (Collaborateur senior, cabinet d’avocats Addleshaw Goddard) et Vincent Heno (Président, Beefordeal)

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver dans Smart Patrimoine, le rendez-vous quotidien de Bsmart dédié à vos finances personnelles.
00:17 Au sommaire de cette édition, CGP et crypto, la rencontre inéluctable.
00:22 Ce qui devait arriver à RIVE, de plus en plus de conseillers en gestion de patrimoine, montrent leur intérêt pour les crypto-monnaies.
00:29 Mais conseille-t-on de la même manière un client lorsqu'il s'agit d'un actif comme le bitcoin par exemple, comment leur donner toutes les clés de compréhension et prévenir des risques ?
00:37 Et puis dans Jeu Patrimoine, les plateformes de crowdfunding immobiliers n'ont plus que quelques mois pour obtenir le nouvel agrément européen PSFP,
00:45 une opportunité pour se développer à l'échelle européenne, plus de garantie et de transparence pour l'investisseur, ça c'est l'objectif.
00:51 Mais qu'est-ce que cela implique comme changement de modèle économique pour ces plateformes ? Réponse en deuxième partie d'émission.
00:58 Mais d'abord nous parlons crypto dans Smart Patrimoine, c'est parti !
01:02 Les CGP se mettent au crypto malgré une année 2022 difficile et un marché des crypto-monnaies ébranlé par la chute de la plateforme FTX.
01:13 On s'en rappelle, les conseillers en gestion de patrimoine eux affirment haut et fort leur intérêt pour ces actifs alternatifs.
01:19 Il faut dire aussi que c'est une demande de leurs clients. Mais alors comment aborder le sujet avec eux ?
01:25 Derrière ça se pose la question effectivement d'approcher prudemment un actif spéculatif.
01:30 Pour en parler notre invité aujourd'hui est Laurent Ovion, directeur innovation du groupe DLPK. Bonjour Laurent.
01:35 Bonjour Eva.
01:36 Merci beaucoup de nous accompagner aujourd'hui dans Smart Patrimoine. L'intérêt des CGP pour les cryptos, c'est récent ça ?
01:42 Alors ce n'est pas récent, ça a démarré, on a eu un vrai intérêt sur le début de l'année 2022.
01:48 Alors en pleine euphorie des marchés crypto, on se souvient que Bitcoin était monté jusqu'à quasiment 70 000 dollars.
01:54 Donc il y avait un intérêt surtout des clients des CGP qui les sollicitaient énormément en disant "mais cet actif là j'en ai entendu parler, j'ai vu qu'il y avait des performances formidables etc etc".
02:03 Et les CGP ont commencé à s'y intéresser mais à chaque fois de manière assez prudente et ils ont plutôt bien fait à l'époque.
02:11 Et c'est vrai que la deuxième partie de l'année, vous le disiez en introduction, avec FTX, avec tout ce qui s'est passé, ça a vraiment refroidi tout le monde.
02:17 Pour autant, le travail de fond qui a été initié, notamment par des acteurs plus traditionnels, nous avec Norsia au sein du groupe DLPK mais d'autres sociétés de gestion, a perduré.
02:29 On est dans une logique de construction, d'accompagnement des CGP sur ces sujets là.
02:34 Et donc le travail de formation et d'information perdure.
02:36 Et donc on retrouve là, avec des marchés, on va en parler plus sains, une régulation plus claire avec Mika, un certain nombre d'éléments également au niveau français qui se clarifient.
02:47 Donc les CGP reviennent sur le sujet mais aussi parce que les clients reposent la question et donc ils reviennent s'intéresser à ces sujets là.
02:54 Parce que dans quel sens cette rencontre s'est faite ? On imagine que les acteurs de la crypto eux aussi avaient intérêt à s'intéresser et à les toquer à la porte des CGP ?
03:01 Alors il y a un intérêt évident. Le premier, il est sur les encours.
03:06 C'est-à-dire que si on prend au niveau du groupe DLPK, ce sont 12 milliards d'euros d'encours.
03:09 12 milliards d'euros d'encours, si vous en transformez 1%, ce qui est plutôt recommandé quelques pourcents, ça fait quand même beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent dans la transformation à destination des cryptos.
03:21 Donc il y a un réel intérêt de la part des acteurs cryptos qui viennent s'intéresser à ce que nous, nous faisons.
03:27 Mais la réciproque est vraie. Parce que nous au sein du groupe Norcia, on a toujours cette logique d'innovation, de proposer des produits un petit peu innovants, un petit peu différents.
03:34 Et ces produits là en font partie. Vous avez parlé de Bitcoin. Il n'y a pas que Bitcoin. Il y a plein d'autres sujets abordés.
03:40 Et c'est d'ailleurs un petit peu la complexité du sujet. On mélange parfois Bitcoin avec le secteur d'activité, avec la blockchain.
03:46 C'est-à-dire la technologie sous-jacente à toute cette classe d'actifs qui permet de faire des choses qui n'ont absolument rien à voir avec Bitcoin.
03:53 Dans le vin, dans le gaming, dans le luxe et un certain nombre d'activités. Et là, il y a des choses intéressantes à faire aussi en termes d'investissement pour les CGP et leurs clients.
04:01 D'où l'intérêt de faire de la pédagogie. C'est ce que vous disiez encore, donner les clés de compréhension.
04:05 Début 2023, quand on vous avait reçu, les cryptomonnaies retrouvaient les chemins haussiers. Est-ce que c'est toujours le cas là ?
04:11 C'est toujours le cas. Alors ça reste prudent. Et surtout, c'est une construction haussière qui est beaucoup plus intéressante.
04:17 C'est-à-dire qu'on n'est pas sur des phénomènes de +20, +30% en quelques jours. Et puis une consolidation.
04:22 On a globalement le point bas de l'année 2022, c'est à peu près 15 000 dollars pour Bitcoin. Là, on oscille entre 26 000 et 32 000 dollars.
04:30 On est à 30 000 et quelques ce matin. Donc ça fait quand même une hausse de 100% par rapport au point bas.
04:36 C'est toujours facile de se dire par rapport au point bas, j'aurais pu doubler ma mise. Mais on a des clients, et nous on fait le constat, de clients qui prennent leur plus-value.
04:44 Ils sont venus sur le marché en octobre, novembre l'année dernière. Ils ont fait +70%, c'est pas mal, en quelques mois, 6-8 mois.
04:51 Et donc ils prennent leur plus-value pour sécuriser une partie de l'investissement et puis l'investir sur d'autres sujets.
04:56 Et justement sur des sujets peut-être de private equity ou d'OPC sur des thématiques blockchain, crypto ou des sujets comme cela.
05:03 Parce qu'aujourd'hui, quelles sont les motivations mises en avant par les clients qui vous demandent de les aider sur ces sujets-là, à investir dans les cryptos ?
05:09 Aujourd'hui, j'ai envie de dire, les clients qui restent intéressés par le sujet sont vraiment les clients qui ont une vision long terme.
05:17 Ils ne sont pas là du tout pour se dire "tiens, j'ai entendu dire que je veux faire 30%, 40%, 100% en quelques jours".
05:22 Dieu merci, on a un peu mis de côté ces types d'investisseurs-là. Et donc les clients qui viennent nous voir nous disent "ok, moi j'ai vraiment, je pense qu'à 3, 5, 10 ans,
05:32 il y a une très forte croissance, une très forte dynamique sur le sujet". Et beaucoup, j'en fais partie, font la comparaison à la fin des années 90, début des années 2000,
05:42 avec le web et la forte croissance qui en a suivi. Je prends un exemple, puisqu'il est assez sympathique. On a une personne assez âgée qui a dit "écoutez, moi je vais mettre un peu d'argent
05:51 et si ça se passe comme je veux, pour mes petits-enfants, ça financera leurs études ou des choses comme ça". C'est un peu cette logique-là.
05:57 - C'est pas la frénésie crypto, on pense qu'on ferme. - Non, c'est plus du tout la frénésie crypto, c'est vraiment de se dire "il y a quelque chose qui est en train de se passer d'un point de vue technique et technologique,
06:04 je souhaite participer à cette évolution technique et technologique". Alors évidemment, Bitcoin, Ethereum, les deux cryptos majeurs en font partie. Il y en a d'autres.
06:11 Après, plus vous allez aller loin dans le classement de la capitalisation globale des cryptos, plus vous prenez de risques. Et donc il faut faire très attention.
06:21 - Comment vous expliquez cet appétit grandissant des investisseurs pour le risque justement ? - Parce que les cryptos ont fait rêver, mais pas que.
06:31 On sait que les valeurs tech, au moment du Covid, on a eu des croissances des fois 2, des fois 3 sur certaines valeurs technologiques. Donc il y a cette espèce de mirage qui s'est produit.
06:42 Les gens se sont dit "ben tiens, il y a la possibilité de faire beaucoup d'argent, en tout cas de belles plus-values à très court terme". Et ça, comme je disais, c'est parti.
06:50 Et ce qu'il reste, ce qui est beaucoup plus intéressant, à la fois pour l'écosystème crypto et pour les investisseurs en termes de finances traditionnelles, c'est cette idée de se dire
06:58 "je vais investir aujourd'hui et j'ai une perspective de croissance qui est extrêmement forte à un horizon de 3, 5, 10 ans". - Mais les cryptos, c'est un actif financier comme les autres ?
07:08 - Non, alors ça n'est pas un actif financier. - Quand on est CGP et qu'on confesse son client ? - Il faut comprendre ça. Je dis toujours avec beaucoup de prudence et de pédagogie, on parle souvent des marchés cryptos.
07:20 Ce ne sont pas des marchés financiers au sens où ils ne sont pas régulés comme les marchés traditionnels que nous connaissons. Il n'y a pas de market making, il n'y a pas de contrôle des transactions.
07:30 L'information circule de manière pas toujours très coordonnée, très ordonnée. Donc vous avez des choses qu'on a vécues au début des années 2000, fin des années 90 sur les marchés asiatiques par exemple,
07:44 qui n'étaient pas aussi régulés que les marchés européens ou américains. Et donc il faut être extrêmement prudent. Après, Bitcoin, ça reste un actif dont la trajectoire est assez claire sur lequel on peut aller.
07:54 Sur d'autres actifs, je dis toujours il faut être extrêmement prudent. Et je citerai Yves Chieffoiti de Tobham qui dit "si vous considérez qu'un actif est 10 fois trop risqué pour vous, soit vous n'y allez pas, soit vous en prenez 10 fois moins".
08:06 - Parce que comment on leur explique la volatilité de cet investissement tout de même ? - Alors, la volatilité, elle est dans la faible capitalisation. On a toujours l'impression que Bitcoin, aujourd'hui, c'est à peu près 600, 700 millions de dollars de capitalisation.
08:23 Ce qui est pas mal, mais ça reste extrêmement faible au regard des flux quotidiens. Et comme vous n'êtes pas sur des marchés qui sont parfaitement encadrés, vous pouvez avoir des phénomènes de variation à la hausse comme à la baisse qui sont assez violents.
08:40 Et donc c'est pour ça qu'on dit toujours "attention, dans un investissement long terme, c'est bien de revenir". Quand on voit qu'il y a une baisse assez abrupte, on peut en profiter pour revenir, pour profiter de la baisse.
08:51 Mais surtout, surtout pas se dire "ça y est, c'est parti, ça part en flèche, il faut que j'entre, il faut que j'enlève". Il faut vraiment avoir une attitude très raisonnée, très raisonnable par rapport à ses actifs numériques.
09:02 - Sans faire peur non plus à son client ? - Non, sans faire peur. Parce que souvent la demande vient du client et après, dans une allocation de patrimoine, avoir quelques pourcents, 1 ou 2% sur pas que Bitcoin, mais sur les actifs numériques et la technologie blockchain et le secteur d'activité émergent, ça n'a rien d'incohérent.
09:21 Et vous avez des clients qui veulent dire "non, c'est un risque que je ne veux pas prendre". Très bien, certains clients ne font pas d'immobilier, certains clients ne font pas de produits structurés, certains clients ne font même pas d'action parce qu'ils ne souhaitent pas, ils trouvent que c'est trop volatile.
09:34 Donc chaque client a ses particularités. Par contre pour ceux qui s'exposaient à minima sur cette technologie, oui, il y a un intérêt à le faire.
09:41 - Les CGP sont formés au crypto ? - De plus en plus.
09:44 En fait, les chambres syndicales sont emparées du sujet. La semaine dernière, la CNCGP a tenu son "mid-summer" avec énormément de ses partenaires.
09:54 Des acteurs crypto étaient là, il y avait des tables rondes sur le sujet, il y a des formations qui sont en train de se mettre en place.
09:59 Donc des formations par les chambres, des formations qui sont dispensées directement au CGP.
10:04 Alors elles ne sont pas encore validantes, mais elles sont extrêmement importantes. Et je dis toujours au CGP, c'est important de comprendre la technologie et à quoi elle sert.
10:15 Je fais toujours la comparaison, quand vous conseillez à un client d'investir sur l'intelligence artificielle, vous ne devenez pas spécialiste des algorithmes,
10:22 mais vous n'avez pas la volonté d'aller creuser dans le capot et de comprendre comment ont été codés les algorithmes.
10:27 Non, vous avez une conviction par rapport à ce que ça peut apporter en termes de valeur ajoutée, toute la création de valeur que ça peut avoir.
10:33 Bitcoin, la blockchain et les cryptos, c'est exactement la même chose.
10:37 Quelle régulation encadre aujourd'hui ce conseil des CGP en crypto ? On a le droit de faire à peu près ce qu'on veut ?
10:44 Non, le CGP ne fait pas ce qu'il veut sur ces sujets-là, il faut qu'il soit prudent. Il y a plusieurs choses.
10:50 C'est la dernière thématique à encadrer. Le conseil, comme ce n'est pas un actif financier, il n'est pas encadré.
10:57 Ce qui est préconisé par les chambres à destination des CGP, c'est de dire à leurs clients, on peut les orienter en disant
11:04 "je pense que cette technologie-là est intéressante, ces sous-jacents-là sont intéressants, tournez-vous vers un acteur, PSAN, prestataire de service en actif numérique,
11:12 pour vous conseiller sur quel produit aller".
11:16 Si on est sur le token, sur l'actif numérique, si on fait de l'OPC ou du private equity, ça rentre dans le cadre du conseil du CGP,
11:25 donc il n'y a aucune difficulté à dire tel OPC, Toban, BNY, Mellanion, Financiel d'Arbevel, Rothschild & Co ont lancé un produit également,
11:33 et en private equity vous avez énormément de fonds qui sont disponibles. Là le CGP est dans le cadre de ce qu'il sait faire, de ce qu'il maîtrise et de ce qu'il a le droit de faire.
11:40 Donc l'actif numérique en tant que tel, au sens Bitcoin, il faut dire "regarde, mais oriente-toi vers un PSAN qui lui est parfaitement autorisé et régulé pour pouvoir le faire".
11:48 On va terminer par un petit conseil quand même, meilleur wallet crypto pour vous en 2023 ?
11:53 Meilleur wallet, c'est-à-dire en termes d'allocation ?
11:55 Oui.
11:56 Alors je rappelle que Norcia n'a pas vocation à donner de conseil, et je viens d'expliquer qu'il y a des gens qui étaient très spécialistes pour ça.
12:02 Notre position par rapport à ça, c'est rester sur les produits qui sont éprouvés, Bitcoin, Ethereum, qui ont un historique, qui ont été utilisés, travaillés dans tous les sens.
12:15 Après vous pouvez aller un petit peu plus loin, des produits comme Aave, Solana, Cosmos, Elrond, etc. sont des produits intéressants, mais attention, attention, attention, soyez très très prudents sur ces produits-là.
12:26 Attention, merci beaucoup Laurent Evion d'avoir répondu à nos questions aujourd'hui dans Smart Patrimoine. Je rappelle, vous êtes le directeur innovation du groupe DLPK.
12:32 Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
12:33 Merci de votre invitation et avec plaisir.
12:35 Merci à vous de nous avoir suivis. Tout de suite, c'est Enjeu Patrimoine.
12:37 Et c'est parti pour Enjeu Patrimoine où nous répondons chaque jour à une grande question liée à la gestion de votre patrimoine.
12:47 Aujourd'hui, qu'est-ce qui va changer avec le PSFP, les plateformes de crowdfunding immobilier, où en effet jusqu'au mois de novembre, pour obtenir le nouveau statut européen de prestataire européen de services de financement participatif, un agrément censé donner aux investisseurs de nouvelles garanties.
13:03 Nous recevons aujourd'hui pour en parler le président de la première plateforme à l'obtenir, Vincent Hainaut. Il est le président de Beerford Hill. Bonjour.
13:10 Bonjour.
13:11 Bienvenue dans Smart Patrimoine, Vincent. Merci beaucoup d'être avec nous. Henri Désor nous accompagne également, collaborateur senior au cabinet d'avocats à Delcho-Godard. Bonjour.
13:19 Bonjour.
13:20 Bienvenue également dans Smart Patrimoine. Merci beaucoup à tous les deux d'être avec nous aujourd'hui. Henri Désor, dans quel contexte cet agrément, il avait-il été mis en place ?
13:27 Alors, il a été mis en place dans le cadre d'une réglementation européenne, un règlement européen plus précisément, qui date de 2020 et qui a prévu en fait d'encadrer l'ensemble de ces prestataires qui offrent des services de financement participatif.
13:42 Et donc, on a eu une série de textes qui est venue justement préciser les obligations de ces plateformes et qui prévoient justement un nouvel agrément. Donc, vous l'évoquiez il y a un instant, à la date du 10 novembre 2023, date butoir à laquelle ces plateformes doivent s'enregistrer sous peine de sanction pénale.
13:59 On va en reparler. Quelle était la réglementation jusqu'ici en vigueur ?
14:03 Alors, en France, il y avait une réglementation qui datait de 2015, en fait, une réglementation purement nationale qui proposait deux statuts, un statut de CIP et d'IFP, donc pour les plateformes de prêts et pour les plateformes d'instruments financiers.
14:19 Il y avait aussi un autre type de plateforme qui était plutôt rattachée à celle du prêt, qui est la plateforme de dons, par exemple pour des cagnottes en ligne ou pour organiser des financements communautaires, par exemple.
14:29 Donc, il était temps de réglementer ça au niveau européen ?
14:33 Il était temps, oui, pour permettre justement d'établir un cadre puisque certains Etats membres avaient déjà eu un cadre purement national, mais ça ne permettait pas justement d'avoir un régime unifié et avec des différences de traitement pour les investisseurs ou sur les obligations pesant sur ces plateformes.
14:52 Donc là, effectivement, on vient vraiment apporter un cadre global au sein de toute l'Union européenne et avoir des obligations équivalentes et les mêmes pour tout le monde.
15:01 Et qui permettra de se développer plus facilement à l'échelle européenne parce que je crois que c'est ça l'ambition, l'objectif affiché ?
15:06 Oui, c'est un des objectifs. Il faut savoir que le cadre, alors la France en matière de réglementation au niveau du crowdfunding est précurseur en Europe. C'était déjà très avancé ou assez proche de ce qu'est le règlement PSFP aujourd'hui.
15:22 Mais c'est vrai que le territoire national est intéressant, mais aussi un peu petit en comparaison avec d'autres marchés tels que les Etats-Unis d'où est arrivé le crowdfunding.
15:33 Et c'est vrai que pour les acteurs français du crowdfunding, il était important de pouvoir élargir, entre guillemets, sa zone d'intervention.
15:40 Par ailleurs, on avait déjà quelques pays qui commençaient à proposer des services de financement participatif à des investisseurs en France.
15:48 Et il était assez important et urgent, oui, de pouvoir harmoniser les pratiques au niveau de tous les pays, sachant qu'en plus la France était précurseur et donc bien en avance par rapport à d'autres.
15:59 Donc nous, on a vu ça plutôt d'un bon oeil. Et le fait d'avoir un agrément qui n'était pas supportable pour pouvoir aller intervenir dans les autres pays européens, c'est effectivement un plus.
16:08 Parmi les objectifs, donner de nouvelles garanties aux investisseurs aussi, c'est ce que je disais grâce à cet agrément. Ça veut dire quoi ça ?
16:14 Pour l'investisseur, en fait, ça va lui donner une meilleure lisibilité avec des choses assez simples.
16:20 Mais déjà, l'obligation de communication pré-contractuelle, typiquement jusqu'à maintenant, en tout cas avec l'agrément en conseillant d'investissement participatif,
16:29 la plateforme pouvait communiquer le jour J de l'ouverture d'une campagne de financement sur les informations.
16:36 Et comme certaines collectes vont très, très vite, en réalité, l'investisseur avait parfois pas du tout le temps, finalement, de lire la documentation réglementaire pour pouvoir participer.
16:45 Avec le PSFP, c'est différent. Le PSFP, on a l'obligation de communiquer 5 jours avant, en fait, sur les éléments qui composent la campagne de financement.
16:56 Donc l'investisseur a toute la possibilité, le loisir d'avoir le détail de l'information et de communiquer avec les plateformes pour répondre aux questions complémentaires.
17:04 Ça, c'est un premier élément. Le deuxième élément, c'est que pour les investisseurs dits non avertis, on reviendra peut-être sur la nouvelle catégorisation des investisseurs entre avertis et non avertis,
17:13 et ça donne la possibilité à l'investisseur non averti, très souvent non professionnel, de se rétracter jusqu'à 4 jours après son acte de souscription.
17:22 Donc finalement, on donne plus de confort à l'investisseur dans la réalisation de son investissement.
17:28 On va prendre point par point ce qui va changer avec ce nouvel agrément. Vous parliez tout à l'heure des statuts de conseiller en investissement participatif, d'intermédiaire en financement participatif.
17:38 En quoi ils consistaient ces statuts ? Et là, qu'est-ce que ça change ?
17:41 Alors, c'était des statuts purement nationaux, tout à fait, pour permettre à certaines plateformes de faire soit des prêts, soit des titres financiers, sous la forme d'obligations, très concrètement.
17:55 Ça concernait surtout des plateformes de type immobilière. C'est là où ça a surtout très bien marché. Et ce nouveau régime vient justement fondre les régimes.
18:06 Alors, il sera toujours possible de proposer des prêts ou des titres financiers. Mais là, on essaie vraiment de rassembler, en fait, de ne plus distinguer.
18:16 D'ailleurs, au niveau de l'agrément, ça ne se fera que devant l'AMF, avec le cas échéant la sollicitation de la CPR. Mais le but, c'est vraiment d'avoir un régime uni.
18:26 Mais ça, c'est bien, pas bien de fusionner ces statuts ?
18:29 C'est un parti pris. C'est un parti pris qui peut être bien positif dans un certain sens, puisque ça permet à toutes les plateformes d'avoir les mêmes obligations,
18:43 des obligations alignées en fonction des différents instruments proposés. Et également, ça permet d'aller beaucoup plus loin en termes de possibilités pour certaines plateformes
18:57 qui ne posaient que des titres financiers ou que des instruments. Il y a même une nouvelle activité qui est proposée, c'est la gestion de portefeuille de prêts.
19:07 Si je ne dis pas de bêtises, c'est un terme exact qui est prévu par la réglementation.
19:13 Vincent Henault, peut-être que vous pouvez l'aider ?
19:14 La gestion de portefeuille de prêts.
19:16 Oui, c'est ça.
19:17 Il y a une notion importante dans quelle est la différence entre IFP, CIP et aujourd'hui PSFP. La grosse notion, le gros changement, c'est de passer d'une logique de conseil
19:28 à une logique responsable des transmissions des ordres. Jusqu'à maintenant, qu'on soit IFP ou CIP, on a une obligation de conseil vis-à-vis de l'investisseur
19:37 avec des contraintes spécifiques aux uns et aux autres. En passant PSFP, ce n'est pas qu'on oublie la logique de conseil, mais en réalité, on va plus passer dans une logique
19:49 de gestion des risques opérationnels au sens large. La grosse différence, et pour les thèmes qu'on abordera après, c'est typiquement être capable finalement
20:00 de gérer ces activités presque plus comme une société de gestion que comme un conseiller dont le panel des procédures de gestion était assez réduit.
20:13 Donc ça implique une révision du modèle économique tout de même ?
20:16 Ça implique une révision de ces processus et de ces procédures de traitement. En tout cas, si ce n'est pas une révision, c'est un approfondissement très large.
20:26 Vous parliez tout à l'heure aussi du plafond des collectes. Qu'est-ce que ça change en termes de plafond des collectes ?
20:31 Je vais parler du CIP puisque c'est ce que côté Biford-Dillon, on maîtrise. L'agrément CIP a évolué au fil du temps entre 2014, sa mise en application, et 2022,
20:46 son abandon au profit du PSFP. Et on est passé petit à petit de 1 million d'objectifs, de capacité maximale de collecte, d'autorisation maximale, à 8 millions.
20:57 Le fait de repasser de 8 millions à 5 millions, alors il y a probablement des secteurs que ça va toucher assez peu. Pour Biford-Dillon, nous on œuvre dans le secteur immobilier.
21:07 Dans l'immobilier, effectivement, ça peut avoir un impact parce que, qui plus est aujourd'hui, on est dans un contexte où les financements d'opérations nécessitent de plus en plus de liquidités.
21:18 C'est vrai qu'il y a tout un panel d'opérations immobilières qui ne seront pas suffisamment dotées en fonds propres avec chaque million.
21:28 Ceci dit, il y a aussi dans la façon dont on peut opérer des alternatives à ça, c'est-à-dire qu'on peut limiter la participation finalement en crowdfunding à hauteur de 5 millions
21:39 et avoir d'autres mécanismes de financement qui sont parallèles pour répondre aux besoins de l'opérateur.
21:46 Vous, comment ça s'est passé ce processus d'obtention de l'agrément chez Biford-Dillon ? Est-ce que c'était important pour vous puisque, je l'ai dit, vous êtes la première entreprise,
21:54 la première plateforme à l'obtenir ?
21:56 Alors oui, c'était important pour nous. On ne fait pas partie des plateformes qui avons le volume le plus important en matière de collecte.
22:04 En revanche, on veut démontrer qu'on est une des plateformes les plus sérieuses en matière de réglementation et d'accompagnement pour l'investisseur.
22:13 Et c'était pour nous important d'être les premiers. Donc on s'était préparés déjà en amont. Pour nous, ça s'est passé assez bien, si on regarde bien,
22:26 parce qu'on a eu 8 à 9 mois de procédure. On était déjà assez bien préparés en réalité en matière de procédure et processus et cartographie des risques.
22:37 Donc en fait, on a suivi un processus avec un échange avec l'AMF qui a été assez fluide et assez simple.
22:45 Henri Désor, je le disais, révision, révolution, je ne sais pas, du modèle économique. Là, le retour des plateformes aujourd'hui, c'est quoi ?
22:53 Ça change beaucoup pour elles ou alors, comme peut-être pour Biford-Dillon, on avait déjà une réglementation qui tenait la route en France.
23:00 On était déjà engagés sur cette voie. Donc finalement, ça se fait plutôt simplement d'une manière assez fluide.
23:07 Alors j'ai envie de vous répondre oui et non. C'est-à-dire qu'effectivement, le cadre existant était déjà bien établi.
23:14 Là, on a vraiment un approfondissement. On a des obligations supplémentaires. Il y a des choses qui sont totalement nouvelles pour certaines plateformes,
23:20 d'autres qui sont bien connues. Ça soulève un certain nombre d'opportunités, d'autres des interrogations. En effet, je ne dirais pas peut-être une révolution,
23:32 mais en tout cas un approfondissement qui ouvre des opportunités à travers le passeport, à travers la nouvelle définition d'investisseur averti, non averti aussi,
23:42 et toutes les nouvelles réglementations.
23:46 Mais donc il y a des plateformes pour qui ce sera plus facile que d'autres d'obtenir cet agrément ?
23:51 Alors à titre personnel, je pense que ce sera beaucoup plus simple dès lors que la plateforme est adossée à un établissement régulier déjà existant,
24:00 qui a bien entendu tout le support, toute l'expérience et qui a la connaissance de ce qui est entendu par les régulateurs
24:09 et comment fonctionnent justement les activités de financement de ces plateformes.
24:17 Et donc je pense que ce sera beaucoup plus simple. A l'inverse, pour un acteur qui n'était pas existant, qui souhaite démarrer à l'aune de ce nouveau régime,
24:28 je pense que là on doit s'attendre à quelques difficultés supplémentaires, en tout cas un chemin beaucoup plus long.
24:35 Il a un coût ce régime ?
24:38 Oui, il a un coût. Il a un coût qui va différer d'une plateforme à l'autre, selon que les collaborateurs de la plateforme soient impliqués ou non dans cette démarche,
24:51 parce que c'est quand même du temps, de la réflexion, qu'un conseil ne peut pas complètement apporter.
24:59 Ça va avoir aussi un coût en modification des parcours digitaux, puisqu'on est par définition dans un processus de souscription complètement digital,
25:09 qui dit nouvelle réglementation, dit nouveau parcours, ou nouvelle contrainte dans ce parcours.
25:14 Et à partir du moment où on a obtenu cet agrément avec des nouvelles procédures, il faut que ces procédures soient adaptées au niveau de la plateforme.
25:21 Et donc les coûts d'accompagnement conseil qu'on peut aussi avoir.
25:25 Oui, ça a un coût. Et puis il y a un autre coût induit qui peut passer inaperçu à première lecture,
25:31 c'est que dans les nouvelles contraintes ou méthodes d'encadrement, la plateforme se doit aujourd'hui aussi d'avoir une liquidité ou des fonds propres suffisants
25:42 pour pouvoir couvrir une partie de ses dépenses fixes et garantir à l'investisseur que même en cas de difficultés économiques ou de contexte un petit peu plus tendu,
25:51 la plateforme sera toujours là pour arriver à ne serait-ce que suivre les emplois.
25:56 Et ça c'est normal ?
25:57 Et ça c'est complètement normal.
25:59 Que va-t-il se passer, puisque le temps file, Henri Désor vous le disiez tout à l'heure, pour les plateformes qui n'obtiendraient pas cet agrément ?
26:05 Alors l'AMF a communiqué là-dessus. C'est déjà prévu par l'Economie et l'État financier. Elles s'exposent à un risque pénal en fait.
26:12 Donc des sanctions pénales qui pourraient leur être appliquées dès lors qu'elles exercent ces services sans agrément.
26:20 D'où l'urgence justement d'obtenir une licence auprès de l'AMF sans plus tarder.
26:27 Parce que là à quelques mois de l'échéance pour les plateformes françaises, on en est où à peu près ?
26:32 Si on a des chiffres là-dessus sur les plateformes qui ont déjà réussi à obtenir cet agrément ?
26:36 Alors il y en a certaines, mais ce n'est certainement pas la totalité aujourd'hui.
26:40 Je crois savoir qu'il y a environ 70 plateformes grosso modo enregistrées à leur IAS actuellement, soit au statut de CIP ou d'IFP.
26:49 Et donc la plupart ne sont pas encore enregistrées, ce qui laisse à prévoir de petites difficultés, sachant qu'il faut un peu de temps pour se réenregistrer.
27:02 Même si on est tout à fait prêt, on risque d'y avoir pas mal de difficultés, pas mal d'interrogations avec toutes ces demandes d'agrément
27:14 qui ne pourront pas arriver tout au même moment, ne serait-ce que le temps de traitement pour le régulateur.
27:23 Vincent Hainaut, 20 secondes, c'est une opportunité cet agrément ? On terminera là-dessus ?
27:28 Alors oui, c'est une opportunité. C'est une opportunité pour les plateformes qui vont avoir cet agrément à temps.
27:36 C'est une opportunité pour les plateformes qui ont des velléités à aller sur le marché européen.
27:42 C'est aussi une opportunité pour les plateformes de démontrer auprès de leurs investisseurs qu'elles sont dans la démarche réglementaire, qui est avant tout à leur bénéfice.
27:50 Merci beaucoup à tous les deux d'avoir été avec nous aujourd'hui.
27:52 Vincent Hainaut, je rappelle que vous êtes le président de B4Deal, Henri Désor, collaborateur senior au cabinet d'avocats, Adelcho Godard.
27:59 Merci beaucoup à tous les deux d'avoir été avec nous. Merci à vous de nous avoir suivis.
28:02 On se retrouve demain même heure pour un nouveau numéro de Smart Patrimoine.
28:06 A demain sur Bsmart. Ciao.
28:08 [Musique]

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