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Le le président de l'Association nationale des industries alimentaires était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 22 juin 2023.

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00:00 - Bonjour Jean-Philippe André. - Bonjour.
00:01 - Vous êtes donc le président de l'Ania, l'association nationale des industries alimentaires,
00:05 qui représente 17 000 entreprises depuis des semaines.
00:08 Le ministre de l'économie Bruno Le Maire vous met la pression
00:10 pour que vous acceptiez de renégocier avec les distributeurs pour faire baisser les prix.
00:15 Est-ce que tout le monde est revenu autour de la table des discussions ?
00:19 - Vous avez fait référence, on a eu deux réunions avec Bruno Le Maire et son équipe,
00:23 parce qu'il y avait deux autres ministres d'ailleurs autour de la table.
00:25 On s'est vus encore récemment la semaine dernière.
00:27 Et le sujet est toujours le même, c'est de dire, il faut faire correspondre le moment où,
00:33 effectivement, on peut dans nos prix, dans nos tarifs qu'on va proposer à nos clients,
00:39 insérer la vraie évolution des coûts.
00:43 Et on a essayé, première chose, vous avez évoqué les 17 000 entreprises.
00:47 On a dit la première chose qui est extrêmement importante,
00:49 c'est que la très grande majorité des entreprises, c'est les PME,
00:52 il faut les exclure de toute cette discussion,
00:55 parce qu'elles ne peuvent pas aujourd'hui entrer dans un circuit de baisse des prix,
01:00 parce que ça ne correspond pas.
01:01 On a donc décidé, pour faciliter un peu le débat, mais aussi pour mieux cibler,
01:06 de cibler les 75 plus grandes entreprises.
01:08 - Et sur les 75, combien sont en discussion aujourd'hui ?
01:10 - Et sur les 75, il y en a à peu près 45 qui sont de l'agroalimentaire.
01:14 Je n'ai aucune compétence à parler d'hygiène et de...
01:18 - Alors sur les 45 ?
01:19 - Et sur les 45, à peu près 90 %, on dit,
01:22 ont répondu à l'appel de ce ministre,
01:27 et on peut constater qu'aujourd'hui, à peu près 80 % vont activer des leviers
01:32 pour faire en sorte que, dans les trois prochains mois,
01:35 les prix en rayon puissent baisser sur leurs produits.
01:38 - 80 % des grandes entreprises de l'agroalimentaire
01:42 vont baisser leurs prix dans les mois qui viennent ?
01:44 - Oui. - C'est ça.
01:45 - Après, ce qui est important, c'est de redire une chose qui est très importante.
01:49 Sur ces 40 entreprises à peu près,
01:52 la majorité ne peut pas baisser les prix de tarif.
01:56 Pourquoi ? Parce que pour le faire,
01:58 il faudrait qu'il y ait correspondance dans le même temps d'une baisse des cours.
02:02 Il y en a, on peut en parler si vous voulez.
02:04 - Oui, une matière première.
02:04 - Et par ailleurs, il faut que je puisse acheter ces cours.
02:07 Par contre, pour aller dans la démarche que vous décrivez,
02:13 ce qu'on a dit, c'est que tous les autres, et c'est la grande majorité,
02:16 on va faire des promotions spéciales
02:17 qui auront un vrai impact sur le fond de rayon
02:20 de manière à ce que les produits soient un peu plus...
02:22 - Mais attendez, pour les consommateurs, ça change rien,
02:23 que ce soit des promotions ou des baisses de prix,
02:25 à part que l'une est temporaire et l'autre définitive.
02:27 - C'est un problème de technique et de cohérence économique.
02:29 On y est très attaché, d'accord ?
02:30 - Mais attendez, si 80 % des grands groupes reviennent autour de la table et pas les autres,
02:34 pourquoi les autres, elles ne reviennent pas autour de la table ?
02:36 C'est quoi leurs arguments ?
02:38 - Les groupes, les sociétés, ces grandes sociétés...
02:41 - Les grandes marques.
02:42 - Des grandes marques, toutes les marques qui sont maintenant
02:44 sur la table du petit déjeuner avec vous,
02:47 elles le font parce qu'on ne veut pas...
02:49 Il y a une petite musique qui circule là depuis quelques mois
02:52 qui, de notre côté, est assez insupportable, c'est-à-dire
02:55 il y aurait d'un côté ceux qui ont la compréhension de l'inflation,
02:58 la compréhension des problèmes des gens,
03:00 et de l'autre côté, il y aurait l'industrie agroalimentaire...
03:03 - Vous en avez marre, pas si pour les méchants de l'affaire.
03:05 - Voilà, et on n'est ni indifférents, ni les méchants de l'affaire.
03:10 Je le répète, la grande majorité,
03:12 vous ne pouvez pas baisser immédiatement vos tarifs,
03:16 simplement parce qu'à part les céréales, la volaille,
03:20 un peu le café, il n'y a pas de baisse.
03:23 Par contre, ces groupes-là et ces marques-là
03:26 veulent appuyer la démarche du gouvernement, qui est légitime,
03:29 de dire "Tiens, on veut absolument accélérer la baisse de l'inflation",
03:32 et donc s'engagent à faire des promotions pour aller dans ce sens.
03:36 - Vous nous dites qu'il y a une partie aujourd'hui des industriels
03:37 qui ne peuvent pas baisser les prix.
03:39 Quand on regarde le taux de marge du secteur de l'industrie agroalimentaire
03:44 au premier trimestre, il y a quelques mois, 48% de marge.
03:48 Ce sont les chiffres de l'INSEE.
03:50 C'est du jamais vu depuis six ans.
03:52 En France, on est revenu au-dessus du niveau d'avant Covid.
03:55 Ça, c'est bien de la marge de manœuvre, non ?
03:57 - Alors, moi, j'aime commenter des chiffres qui sont sur une année complète.
04:03 - Oui, mais c'est comme ça.
04:05 - La chance, on est en juin.
04:06 - Oui, mais je crois que c'est intéressant.
04:09 Il y a l'Inspection générale des finances
04:11 qui a publié son rapport sur l'ensemble de l'année et sur l'ensemble de la filière.
04:14 - C'était l'année dernière, ça ?
04:15 - Oui, mais sur les chiffres de 2022.
04:16 - Et depuis, il s'est passé ce qui s'est passé, c'est-à-dire la baisse des coûts ?
04:19 - Je me permets d'insister, c'est sur les chiffres de 2022
04:22 et on dit quoi entre 2022 et 2019 ?
04:24 Grosso modo, le monde agricole,
04:26 et c'est très bien à reconstituer une partie de ses marges,
04:29 la distribution a fait +9 et nous, on a fait +1.
04:31 Premier truc.
04:32 Dans la fameuse réunion que vous évoquiez avec Bruno Le Maire de la semaine dernière,
04:37 nous, on a été très étonnés par ces chiffres que vous évoquez.
04:40 Moi, je ne vais pas ici contester les chiffres de l'INSEE,
04:42 parce que dans le même temps, je vais vous dire que l'inflation est à +5,
04:44 on ne conteste pas.
04:45 Et donc, on est convenus et on l'a fait vendredi dernier,
04:47 il y a eu une première réunion de travail
04:49 pour essayer de comprendre ce que l'INSEE met dans ses coûts.
04:52 Pourquoi je dis cela ?
04:53 - Vous ne savez pas à quoi correspondent aujourd'hui ces 48% de marge de votre secteur ?
04:57 - Nous, on ne peut pas imaginer,
04:59 on ne peut pas imaginer que sur le premier trimestre,
05:01 on ait effectivement 5 ou 6 points de marge en plus,
05:03 simplement parce que 1, sur le premier trimestre,
05:06 2 mois sur 3, c'est encore les prix de l'ancienne année,
05:09 donc tout le monde peut comprendre ça.
05:11 Et que si vous interrogez, ce n'est pas notre job,
05:13 mais on a des remontées, sur les fameuses 75,
05:16 vous avez, mais je crois que ça doit se compter sur les deux premiers doigts de la main,
05:20 une entreprise qui nous dit aujourd'hui, droit dans les yeux,
05:23 j'ai conservé mon niveau de marge par rapport à l'an dernier.
05:26 Tout simplement parce qu'on a peut-être passé le coût des matières premières agricoles,
05:30 on n'a largement pas passé le reste.
05:32 - Vous ne savez pas d'où vient ce chiffre aujourd'hui ?
05:34 - Ah non, pas du tout.
05:35 - 48%, c'est quand même énorme.
05:36 - Mais c'est pour ça que nous, on le conteste,
05:38 on le conteste sur la méthodologie.
05:41 Et on est très intéressé de voir avec l'INSEE,
05:44 et on le fait avec les gens de Bercy,
05:46 pour dire comment ça...
05:47 - Donc quand l'INSEE dit, ce sont les industriels de l'agroalimentaire
05:50 qui ont fait gonfler l'inflation dans les supermarchés,
05:53 vous dites non ?
05:54 - Non, moi je dis non, et clairement non, voilà.
05:56 - Les prix alimentaires ont augmenté de 14% sur un an,
06:01 les négociations ont repris, si on vous écoute,
06:03 à partir de quand les consommateurs vont pouvoir voir dans les rayons,
06:07 les premiers prix baisser ?
06:08 Est-ce que ça commence déjà maintenant ou pas ?
06:10 - Nous, on s'est engagé,
06:11 notamment sur la partie du dispositif de promotion,
06:14 de faire en sorte que ça puisse démarrer dès le mois de juillet.
06:16 Si on perd deux, trois mois,
06:17 donc je pense qu'entre début juillet, le 15 juillet,
06:19 et sur les trois prochains mois, de manière à ce que ça couvre la rentrée,
06:22 vous allez avoir sur plusieurs centaines,
06:24 je pense entre 200, 300 références,
06:26 de marques nationales, là pour le coup,
06:28 parce qu'on ne parle plus de marques distributeurs.
06:30 Vous allez voir en rayon, évidemment,
06:32 nos clients vont jouer le jeu.
06:33 Je n'ai aucun doute là-dessus,
06:35 que les systèmes U, les Auchan, les Carrefour vont jouer le jeu.
06:38 Vous allez avoir la possibilité de baisser ces prix dans les toutes prochaines années.
06:41 - Et c'est quoi ? Ce sera juste des promos ou alors vraiment les produits vont baisser ?
06:44 - Je le répète, vous allez avoir à peu près 4, 5 marques qui vont pouvoir baisser
06:47 parce qu'elles sont dans les céréales, les volailles, etc.
06:50 Et tous les autres vont faire des opérations promotionnelles
06:52 qui n'étaient pas prévues,
06:53 qui aient de l'investissement additionnel.
06:55 Et puis ce que vous venez de m'interroger sur les marges,
06:57 ça veut dire quoi ?
06:57 C'est-à-dire qu'on va prendre sur des marges pour faire cette opération.
07:00 - Des baisses de quel montant ?
07:01 - C'est à peu près entre 7,5 et 10%.
07:04 - Il y a 200 à 300 produits de grandes marques qui, de juillet à septembre,
07:08 pardon je réduis mal, vont baisser de...
07:11 - Entre 7,5, 7,5 et 10% à peu près.
07:14 - Pour 3 mois et pas au-delà ?
07:16 - Parce que pour l'instant, on s'est engagé sur faire cette opération sous 3 mois.
07:19 - Pour être parfaitement précis,
07:20 quels produits vont baisser sur ces 200 à 300 ?
07:22 Ça concerne quoi ?
07:23 La bouteille de soda, les fournitures ?
07:25 Je sais que ce n'est pas chez vous, les produits transformés.
07:28 Qu'est-ce qui va baisser ?
07:28 - Je pense que, je vous ai dit tout à l'heure, 80% des sociétés participent.
07:34 Je pense que si vous prenez la liste des 75,
07:36 tout le monde, toutes les sociétés, feront une opération de promotion.
07:39 Et puis des secteurs, je le répète, comme la volaille ou les pâtes,
07:42 les pâtes alimentaires, là ça va être plus structurel,
07:44 il y aura de vraies baisses de prix parce que les céréales ont baissé
07:47 ou parce que la volaille a baissé.
07:48 - Jean-Philippe André, président de l'Association nationale des industries alimentaires,
07:51 invité de France Info jusqu'à 9h.
07:52 Il est 8h41, voici Sophie Echenne pour le Fil info.
07:57 Contrairement à ce qu'affirmait sur France Info le premier adjoint
07:59 à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, tout à l'heure,
08:02 les recherches se poursuivent bien ce matin au lendemain de l'explosion d'un immeuble
08:05 dans le 5e arrondissement.
08:07 On ne connaît toujours pas son origine.
08:08 Une personne est toujours portée disparue à ce stade.
08:11 Il y a une trentaine de blessés, dont quatre en urgence absolue.
08:14 Toujours pas de nouvelles du Titan.
08:16 Ce petit sous-marin est parti explorer l'épave du Titanic
08:18 à près de 4000 mètres de profondeur dans l'Atlantique Nord,
08:21 avec cinq passagers à son bord.
08:23 À partir de midi, heure française, les réserves d'oxygène
08:26 seront officiellement épuisées à bord.
08:29 Ils se réunissent à Paris pendant deux jours pour transformer
08:31 le système financier mondial.
08:33 Une quarantaine de chefs d'État, de gouvernement,
08:35 des représentants d'institutions et d'ONG,
08:37 avec l'objectif de trouver des solutions pour réduire le fossé
08:40 entre le Nord et le Sud, notamment en soutenir les pays pauvres
08:43 alors que les crises sociales et climatiques se multiplient.
08:46 Le site internet du centre hospitalier de Rennes,
08:48 toujours inaccessible ce matin, le CHU, est victime d'une cyberattaque
08:52 depuis hier soir.
08:53 Ses directions précisent qu'il n'y a pas d'impact
08:55 sur la prise en charge des patients.
08:56 - Toujours avec Jean-Philippe André, le président de l'ANIA,
09:07 l'association des industries alimentaires.
09:10 Vous disiez juste avant le Fil info que 80% des grosses entreprises,
09:14 des grandes marques allaient baisser soit le prix des produits,
09:19 soit effectuer des opérations de promotion.
09:24 Globalement, est-ce que vous nous dites ce matin aussi,
09:26 on ne retrouvera jamais les prix d'avant la crise, avant l'inflation ?
09:31 - Je suis d'accord avec ça.
09:31 Je crois qu'il faut le dire parce qu'aujourd'hui, on peut imaginer,
09:37 nous on n'est pas des prévisionnistes,
09:38 mais aujourd'hui, vous avez une inflation alimentaire de 14%,
09:40 elle va baisser progressivement d'ici la fin de l'année,
09:42 on sera aux alentours de 6 ou 7.
09:44 Il faut dire clairement, le français est une langue précise.
09:47 Quand vous êtes à 6 ou 7, vous êtes toujours encore en augmentation.
09:49 Et quant à dire, parce que beaucoup de gens nous interrogent,
09:51 mais nos prix de 2019, d'avant crise, avant Covid, avant la guerre, etc.
09:55 Alors, ça n'engage que moi, d'accord ?
09:57 Mais je pense qu'il faut dire aux gens, on ne reviendra jamais à ces niveaux-là
10:00 parce que tous les circuits économiques ont été chamboulés,
10:03 les salaires ont augmenté, donc on ne retrouvera pas ces prix-là.
10:07 Et par ailleurs, ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui,
10:11 mais on va très rapidement être confronté à d'autres sujets
10:14 puisque en tant que citoyen et consommatrice, consommateur,
10:18 vous allez vouloir avoir des produits plus décarbonés, plus local, etc.
10:23 Tout ceci va faire en sorte qu'aujourd'hui, on change de paradigme
10:28 et on va passer dans une autre époque.
10:29 – Et donc ce sera plus cher quand on produit local ?
10:31 – Non, ça veut dire simplement, pour répondre à la question de Madame,
10:34 c'est que je crois qu'il est juste et honnête de dire en 2024, 2025,
10:40 on ne reviendra pas aux prix de 2019, ça c'est certain.
10:43 – On constate, ce sont les distributeurs qui le disent,
10:45 que les consommateurs qui aujourd'hui doivent rogner sur leurs achats
10:48 privilégient les marques consommateurs et les marques premier prix
10:51 à celles ou grandes marques que vous représentez,
10:54 Jean-Philippe André, vous l'avez chiffré, cette désaffection ?
10:57 – Si vous prenez la situation à fin mai, d'accord,
11:03 vous avez, grosso modo, des volumes,
11:06 parce qu'aujourd'hui, il ne faut plus parler en chiffre d'affaires,
11:08 je l'ai dit une fois pour toutes,
11:09 chiffre d'affaires ça ne correspond plus à grand-chose,
11:11 vous avez des volumes qui s'en baissent de l'ordre de 4%,
11:13 – Pas plus que ça ?
11:15 – En volume, c'est beaucoup, c'est malheureusement beaucoup,
11:18 et à l'intérieur de ce 4%, vous avez les marques nationales
11:21 qui sont plus affectées que les marques de distributeurs.
11:23 – De combien pour les marques nationales ?
11:24 – On est aux alentours de 5-6%, donc c'est beaucoup.
11:29 Mais ça revient bien à dire que, vous comprenez bien que,
11:32 en tout cas pas les marques nationales, les marques régionales,
11:34 marques en général, personne n'a intérêt à alimenter un système d'inflation
11:38 qui à la fin se retourne en arrière contre nous,
11:40 et simplement favoriserait les marques nationales.
11:42 – Mais vous pensez qu'ils vont revenir, ces consommateurs qui ont abandonné
11:44 les produits de grandes marques pour aller vers les marques Auchan,
11:47 Carrefour, System U, etc., ils vont revenir à coup de promo ?
11:50 – Je pense parce qu'il y a fondamentalement,
11:53 nous en tout cas c'est notre métier, il y a un attachement viscéral à la marque.
11:57 – Après tout ils ont pu découvrir que le produit distributeur
12:00 il n'est pas plus mauvais et qu'il est moins cher.
12:01 – Mais je dis peut-être, mais je dis il ne faut pas,
12:04 il ne faut pas parce que nous notre métier c'est de continuer à faire en sorte
12:07 de démontrer ça, mais en creux par contre, il y a dans votre question,
12:12 il y a quand même le problème du consentement au prix,
12:15 c'est-à-dire qu'on veut la marque, on veut le local, on veut le bio et tout ça,
12:19 et aujourd'hui il y a une partie de la population,
12:22 ça il faut quand même le reconnaître, qui a un problème d'accès au prix,
12:27 ça il faut l'avoir.
12:28 – Mais on a l'impression que vous ne jouez pas suffisamment le jeu,
12:31 je donne l'exemple du trimestre anti-inflation
12:34 qui a été largement incité par le gouvernement,
12:37 les distributeurs ont accepté de prolonger le trimestre anti-inflation
12:39 qui devait s'arrêter au 15 juin, pour chaque magasin,
12:43 la plupart des produits choisis pour ce trimestre anti-inflation
12:47 sont des marques distributeurs, ça veut dire quoi ?
12:49 C'est parce que vous n'avez pas joué le jeu,
12:50 vous n'avez pas voulu faire les efforts du côté des grandes marques ?
12:53 – Moi je… loin de moi l'idée de critiquer ce qu'ont fait les distributeurs là-dedans,
12:57 parce que je dis ça va dans le sens d'aider les gens sur l'inflation.
13:00 Maintenant si je… sur un magasin, sur un supermarché, hypermarché,
13:04 vous avez à peu près 3500 marques de distributeurs,
13:07 quand vous faites un panier de 150 à 500,
13:09 ça relativise quand même l'effort qui est fait.
13:12 Nous maintenant on vient de proposer cette démarche de type promotionnel,
13:16 on part sur 3 mois, puis on verra bien comment fonctionne le dispositif sur la fin de l'année.
13:21 – Vous parliez des promos, il y a quelques instants Jean-Philippe André,
13:23 il y a les vrais et les fausses, l'association Foodwatch a épinglé récemment
13:26 12 produits de grandes marques qui sont vendus en lot, plus cher qu'à l'unité,
13:31 je vous donne un exemple, le prix au kilo des Pépitos,
13:33 les célèbres biscuits, augmente de 25% quand ils sont vendus par paquet de 2,
13:38 vous trouvez ça normal ?
13:39 – Écoutez, nous on a… là encore, quand nous on fait une promotion,
13:43 on a intérêt à ce que ce soit efficace.
13:45 – Tout le monde quand il achète plusieurs paquets pense faire une bonne affaire,
13:50 est-ce qu'il est possible que ce ne soit pas le cas ?
13:52 – Je dis que l'industriel qui fait de la promotion,
13:54 parce que c'est lui qui la paye, il a intérêt à ce que ce soit efficace,
13:57 donc ce que vous évoquez là, ce n'est pas le sommaire de l'efficacité.
14:01 – Les Pépitos c'est chez vous ?
14:02 – Non, non, enfin… – Ah c'est chez vous ?
14:04 – Bien sûr, ça relève.
14:05 – Dans ces cas-là, il n'y a pas de discussion pour dire attention ?
14:08 – Et après, le distributeur, c'est comme le distributeur aussi
14:10 qui fait l'offre promotionnelle finale.
14:14 Tout ce qui va dans le sens d'une information claire du consommateur,
14:18 il faut le faire, et tout ce qui pourrait l'induire en erreur, il faut le…
14:24 – On ne peut pas bannir tout simplement ce genre de pratiques
14:27 qui ressemblent quand même à de l'arnaque, même si tout ça est légal ?
14:29 – Moi, je ne sais pas, je l'ai dit tout à l'heure,
14:31 moi j'ai découvert le point de Foodwatch avant de rentrer en studio,
14:35 vous parlez de 12 produits, il y a 47 milliards d'actes d'achat dans l'année,
14:42 je répète 47 milliards, passez-moi le point de dire que 12 sur 47,
14:48 même s'ils existent c'est trop, mais c'est 47,
14:50 la très grande majorité des promotions a pour but, pour nos marques, de vendre plus,
14:54 donc on a intérêt à l'efficacité et pas à produire de l'inefficacité.
14:58 – Jean-Philippe André, en début de semaine, on recevait le ministre de la Transition écologique
15:02 qui s'inquiétait de la sécheresse cet été, est-ce que c'est votre cas à vous aussi ?
15:06 Est-ce que ça va avoir un impact sur ce qu'on va trouver
15:08 ou pas dans les rayons dans les prochains mois ?
15:10 Et quels produits pourraient être impactés ?
15:12 – Alors, il y a deux angles, enfin, je vous propose deux angles de lecture à la question,
15:16 un, il y a sécheresse en général, pas plus tard qu'hier,
15:20 on commence à voir des pêches AFP qui ressortent,
15:22 sécheresse aux États-Unis, sécheresse en Europe,
15:27 Poutine qui menacerait d'interrompre la livraison de la céréale,
15:34 point d'alarme, point d'interrogation, pas de réponse immédiate,
15:38 et deuxième chose c'est l'eau en général,
15:41 et l'eau en général, l'eau c'est un, je ne sais pas comment on va appeler ça,
15:44 c'est un partenaire de notre industrie, moi je suis un ancien brasseur,
15:47 j'ai travaillé pour une très grande brasserie française,
15:50 à mon époque pour faire un litre de bière, il fallait 7, 8 litres d'eau,
15:55 en process, en fabrication, etc.
15:57 Les derniers chiffres que moi j'ai de nos amis brasseurs qui font partie de l'ANIA,
16:01 c'est qu'aujourd'hui on en a moins de 4, d'accord ?
16:03 Vous avez l'association bretonne de l'agroalimentaire qui se penche sur ça,
16:09 ils ont un projet qui regroupe à peu près une trentaine de sites industriels
16:14 où ils disent, ils ont identifié la possibilité d'économiser
16:17 2 millions et demi de mètres cubes d'eau,
16:19 2 millions et demi, on ne sait pas ce que c'est,
16:21 c'est 1000 piscines olympiques,
16:23 simplement pour dire que ça va devenir une constante, qu'on le veuille ou pas,
16:29 on fait partie de ces pays qui historiquement,
16:31 on a eu ce luxe incroyable de ne pas devoir s'en occuper.
16:35 - Là par exemple cet été il va y avoir des restrictions d'eau.
16:38 - Oui.
16:39 - Comment vont faire les industriels ?
16:40 Est-ce que par exemple vous, vous demandez au pouvoir public,
16:42 il nous faut des dérogations pour telle industrie, tel secteur,
16:44 parce que sinon on n'y arrivera pas, on n'arrivera pas à produire ?
16:47 - Nous ce qu'on demande, alors d'abord on a besoin d'eau,
16:49 sinon vous n'avez plus ni vos pépitos, ni la bière,
16:52 - Même à 25% plus cher.
16:54 - Même des pépitos très très bons qui ne sont pas un excellent produit.
16:56 Non, par contre ce qu'on demande au pouvoir public,
16:59 c'est de dire, tiens, alors en très mauvais français,
17:01 c'est le "re-use", la réutilisation des eaux usées.
17:04 La France est un pays, si vous comparez...
17:07 - Moins de 1% aujourd'hui en France.
17:08 - Si vous comparez Israël, c'est 90%, mais même les Espagnols c'est à 10%.
17:12 Donc il faut absolument accélérer la production des décrets
17:15 qui permettent, vous n'avez pas besoin d'eau potable
17:18 pour un certain nombre d'opérations de nettoyage en agroalimentaire.
17:21 Et en faisant cela, évidemment, on ne touchera en rien
17:24 au haut niveau de qualité que nous avons sur l'industrie agroalimentaire française.
17:27 C'est la meilleure au monde d'ailleurs.
17:29 - Jean-Philippe André, président de l'Association Nationale des Industries Alimentaires.
17:32 Vous restez avec nous, il est 8h50.
17:34 Le Filinfo, Sophie Eschel.
17:36 - Il reste encore une personne disparue,
17:39 près de 16 heures après l'explosion d'un immeuble à Paris,
17:41 dans le secteur du Panthéon, qui a fait une trentaine de blessés.
17:44 Le pronostic vital de 4 d'entre eux est toujours engagé.
17:47 La mairie de Paris revient sur ce qu'elle avait dit un peu plus tôt
17:50 et affirme que les pompiers continuent de déplayer les décombres ce matin.
17:54 Des manifestations dans plusieurs villes françaises,
17:56 hier en soutien au soulèvement de la terre, après l'annonce de sa dissolution.
17:59 A Toulouse, le maire Jean-Luc Moudin,
18:01 dénonce avoir été pris à partie par des membres de l'ultra-gauche.
18:05 Deux hommes interpellés à Saint-Brévin, en Loire-Atlantique,
18:07 et des témoins entendus dans le cadre de l'enquête
18:09 sur l'incendie au domicile du maire en mars dernier.
18:12 Incendie qui avait mené à sa démission.
18:14 Et puis il rentrera dans l'histoire du basket américain la nuit prochaine.
18:17 Victor Wemba Niyama qui s'apprête à devenir le premier français numéro 1 de la draft.
18:21 Événement majeur de la NBA qui permet de sélectionner
18:24 de nouveaux jeunes joueurs à travers le monde.
18:26 À 19 ans, l'ancien joueur de boulogne levallois va très probablement rejoindre
18:29 les Spurs de San Antonio, ancienne équipe d'un incertain Tony Parker.
18:34 France Info.
18:39 Le 8/30 France Info, Salia Brakia, Marc Fauvelle.
18:42 Toujours avec le président de l'Association Nationale des Industries Alimentaires,
18:45 Jean-Philippe André, les ventes de bio ont reculé assez nettement l'an dernier.
18:50 En France, 9% de baisse dans les enseignes spécialisées,
18:53 5% de baisse dans la grande distribution.
18:55 Comment vous voyez son avenir ?
18:57 Je pense que le bio est au cœur de la problématique du consentement au prix.
19:04 C'est malheureux parce que d'abord il y a beaucoup d'agriculteurs.
19:09 Ce n'est pas notre métier, mais on est très lié à eux,
19:11 qui ont beaucoup investi.
19:12 Et qui aujourd'hui sont en train de revenir à l'ancienne méthode.
19:16 Oui, et qui se trouvent dans cette impasse du consentement au prix.
19:20 Quand vous avez des problèmes de pouvoir d'achat,
19:21 tels qu'ils se manifestent aujourd'hui,
19:24 aujourd'hui le premier critère d'arbitrage pour ces gens-là,
19:27 c'est inévitablement le prix.
19:28 Mais ça veut dire que si la demande redémarre dans quelques mois,
19:31 dans quelques années, on n'est pas sûr que l'offre soit suffisante
19:34 si aujourd'hui les agriculteurs sont en train de changer.
19:36 C'est pour ça, mais ce n'est pas notre domaine de spécialité en tout cas,
19:38 mais c'est le message que nous on passe aux autorités.
19:40 Parce qu'on a des adhérents chez nous qui sont sur le bio.
19:44 Il faut arriver à gérer cette transition, ce passage difficile,
19:49 de manière à ne pas faire ce que vous venez d'évoquer.
19:51 Un, j'ai beaucoup poussé, je détruis,
19:53 et on se retrouve dans 2, 3, 4 ans, on a de nouveau plus rien.
19:56 Et on serait décalé par rapport à des tendances de marché.
19:58 Il faut je crois accompagner intelligemment,
20:00 intelligemment ça veut dire sans doute aussi peut-être par des aides,
20:03 ces métiers-là, de manière à ce qu'ils ne désinvestissent pas.
20:06 Alors que nous, massivement, société, on l'a dit, on veut du bio.
20:10 Donc il faut absolument y s'aider.
20:11 - Jean-Philippe André, l'association UFC Que Choisir
20:13 demande aux autorités européennes
20:15 de rendre l'affichage du Nutri-Score obligatoire.
20:18 C'est cet affichage qui permet de savoir si un produit est bon pour la santé.
20:22 Est-ce qu'il faut le faire ? Est-ce que vous y êtes favorable ?
20:24 - Je pense que l'Ania et nos adhérents,
20:27 on est vraiment constants sur le sujet.
20:29 Aujourd'hui, on peut estimer qu'il y a à peu près 700 entreprises
20:31 qui affichent un Nutri-Score.
20:35 Nutri-Score, c'est information.
20:37 Nous sommes pour l'information.
20:38 - Mais comme tout le monde ne le fait pas,
20:40 est-ce qu'il faut le rendre obligatoire ?
20:41 - Oui, mais je crois que le plus important,
20:43 c'est de dire "nous sommes pour l'information".
20:45 Après, il y a aujourd'hui des points qui n'ont pas encore été traités.
20:51 Pour certains produits, surtout monoproduits, je pense au fromage,
20:55 le Nutri-Score, les rejettes dans une catégorie de produits
20:59 en affichage C ou D, qui ne correspondent en tout cas pas à la culture de ce pays,
21:04 vous avez par ailleurs des alliances de mets.
21:09 Si j'achète un jambonneau tout seul, je vais être en D.
21:12 Je mets le jambonneau dans la même barquette,
21:14 chez le même industriel, et je mets des lentilles,
21:18 je vais me retrouver en B ou C.
21:20 J'ai un problème de portionnage, vous, habituellement, qui est à 100 grammes,
21:23 c'est comme ça que c'est fait.
21:25 Vous, aujourd'hui, vous n'allez pas manger spontanément toujours 100 grammes de beurre.
21:28 C'est rare.
21:29 Donc, il faut à la fois faire ça, il faut le faire au niveau européen,
21:32 information oui, il faut le faire au niveau européen,
21:35 et il faut se caler un peu plus dans ce qu'on appelle
21:37 la projection d'une alimentation équilibrée.
21:41 Une fois qu'on a dit ça, il faut le faire.
21:42 Pourquoi il n'y a pas de Nutri-Score, par exemple, sur le Coca-Cola ?
21:45 Mais parce que, sans doute, d'abord, moi ici, je n'ai pas à commenter...
21:48 C'est l'un de vos adhérents.
21:50 C'est un de... Bien sûr, c'est un très, très, très bon adhérent,
21:52 je suis très fier d'avoir cet adhérent, mais là, on a une démarche...
21:57 Non, mais on a une démarche... Là, la question, aussi, elle est très anglophone,
22:00 elle est très ancrée et très orientée sur la France.
22:03 Coca-Cola, ça ne vous a pas échappé, c'est une marque internationale.
22:06 Suivant les situations des différents pays,
22:07 il faut qu'ils aient quelque chose d'harmonisé.
22:09 Et je pense que si demain...
22:10 - Même si au niveau européen, on demande à Coca-Cola de faire Nutri-Score.
22:13 - Évidemment, ils le feront également, bien sûr.
22:16 - Ils n'ont pas envie de le faire parce que ça pourrait faire baisser les ventes ?
22:19 - Je ne crois pas, parce que je crois qu'ils sont vraiment dans la même démarche.
22:24 Et je répète, je n'ai pas à commenter Coca ici, mais ils sont dans cette démarche.
22:27 Dès que ça sera harmonisé, bien fait, au niveau de l'ensemble des pays,
22:31 on le fera, mais comme d'autres.
22:32 - Dans la même logique que le Nutri-Score,
22:35 le gouvernement veut mettre en place un étiquetage environnemental,
22:37 ce qui pourrait s'appeler l'éco-score,
22:39 pour informer le consommateur sur le bilan carbone du produit,
22:42 dire s'il a été traité ou pas avec des pesticides.
22:46 Est-ce que vous y êtes favorable, là aussi ?
22:49 - De nouveau, c'est de l'information.
22:50 Il faut éviter les combats de dinosaures, d'accord ?
22:54 Les dinosaures sont morts parce qu'ils ne se sont pas adaptés.
22:57 Nous, nos métiers sont en évolution perpétuelle.
23:00 Si vous m'aviez interviewé il y a 10 ans, on n'avait pas les mêmes recettes,
23:03 on ne commercialisait pas de la même manière, etc.
23:05 Donc tout ça, c'est quelque chose qui va se mettre en place progressivement.
23:09 Donc on pouvait demain avoir un éco-score,
23:11 parce que vous allez être intéressé sur l'origine de vos produits.
23:13 Demain, vous allez avoir en plein des scores, je le dis sous forme de boutade,
23:16 laissez-moi juste encore un tout petit peu de place.
23:19 - Pour mettre le nom de la marque.
23:20 - De manière à mettre le nom de la marque, de manière à ce que vous voyez,
23:22 si vous achetez des petits pois ou un shampoing, c'est la seule chose, d'accord ?
23:25 Mais sur le fond, c'est quelque chose qui va se mettre en place.
23:28 J'insiste sur le fait qu'il faut que ça se mette en place dans un cadre européen.
23:33 - Je voudrais qu'on dise un mot sur quelque chose d'important.
23:35 Les banques alimentaires voient ces derniers mois, depuis le Covid
23:38 et encore plus depuis l'inflation, le nombre de leurs bénéficiaires augmenté.
23:42 Est-ce que vous avez transmis des consignes particulières aux industriels
23:45 pour qu'ils donnent davantage de produits maintenant et pour l'hiver prochain ?
23:50 - Alors, je n'avais pas prévu votre question.
23:51 Et je trouve que l'ANIA, en tant que représentante de ces plats qui sont chez vous,
23:57 on est partenaire des banques alimentaires.
23:59 Et on se voit régulièrement avec eux.
24:02 On donne les consignes.
24:04 Je crois qu'on fait l'effort maximum.
24:06 Il y a même un effet un peu pervers, c'est incroyable,
24:09 c'est qu'à force d'optimiser l'organisation des entreprises,
24:13 et on sort d'une période Covid où chaque volume était important,
24:17 vous avez de moins en moins de stocks supplémentaires,
24:19 vous avez de moins en moins de produits qui sont en limite de date de DLUO, etc.
24:26 Donc je pense que nous-mêmes, il va falloir qu'on change un peu ça.
24:29 Mais bien sûr, on soutient ça.
24:32 Ça ne cache pas derrière le vrai problème, c'est qu'il faut veiller dans ce pays
24:36 à ce qu'une alimentation saine et équilibrée puisse être accessible à tout le monde.
24:42 Et je le répète, ce n'est pas que l'apanage et le souci du gouvernement,
24:47 ce n'est pas que le souci des distributeurs,
24:49 c'est aussi nous, parce que nous on est chez vous toute la journée, du matin au soir.
24:53 Merci à vous Jean-Philippe André, président de l'ANIA,
24:55 l'Association Nationale des Industries Alimentaires, invité de France Info.

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