• l’année dernière
Créé en 1873, l’hebdomadaire du groupe Bayard est le plus ancien de France.

Au départ, c’était juste un petit bulletin de liaison fabriqué par la congrégation des Augustins de l’Assomption. Il avait pour but d’accompagner les fidèles sur le chemin de Lourdes. 150 ans plus tard, Le Pèlerin détient le record de longévité pour un hebdomadaire français. Le magazine d’information d’inspiration catholique compte 100 000 abonnés. Pour son anniversaire, il publie 2 numéros : une édition spéciale dont la Une est une mosaïque d’anciennes couvertures et un hors-série collector avec les archives du journal pour revenir sur les grands événements qui ont traversé ce siècle et demi d’existence. Samuel Lieven, le directeur de la rédaction du Pèlerin, est l’invité médias de Célyne Baÿt-Darcourt

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Transcription
00:00 Bonjour Céline Baïdarkour, votre invité média dirige la rédaction du plus vieil hebdomadaire
00:05 d'actualité en France, Le Pèlerin, fête son 150e anniversaire avec un numéro spécial
00:10 en kiosque et un hors série à commander sur le site de Bayard son éditeur.
00:13 Bonjour Samuel Niven, 150 ans ça fait 2326 numéros, si j'ai bien compté ?
00:19 7600 et quelques.
00:20 Mais comment c'est possible que j'ai un chiffre totalement farfelu ?
00:26 En 2000 on devait être quelque part dans les années 1910.
00:29 Bon allez on essaye de reprendre quelque chose de correct, en tout cas de mon côté,
00:32 Le Pèlerin a vu le jour en 1873, là c'est bon, il appartient au groupe Bayard, comment
00:37 est né ce magazine ?
00:38 Il est né sous la forme d'un petit bulletin de liaison tout simple bricolé sur un coin
00:41 de table par des religieux qui s'appellent toujours les Augustins de l'Assomption.
00:45 L'idée à l'époque c'était d'accompagner le grand mouvement des pèlerinages, on est
00:49 en pleine époque de l'essor des chemins de fer et les gens commencent à se rendre
00:54 devant une grotte qui s'appelle Lourdes qui est aujourd'hui bien connue.
00:56 C'était au départ un simple bulletin de liaison pratique.
00:59 Et quand est-ce que c'est devenu un magazine ?
01:00 Très vite, quelques années plus tard, ces religieux ont eu le souci de devenir très
01:04 populaires et pour ça ils se sont dit qu'il fallait qu'on introduise des nouveautés.
01:07 Ils ont introduit l'illustration, ils ont diversifié les sujets, ils en ont fait peu
01:11 à peu une sorte de grande hebdomadaire familiale.
01:14 C'est comme ça que le tirage a explosé et que c'est devenu un petit peu, pour le
01:18 dire vite, le pari-match catho de la campagne.
01:20 J'ai vu que vous disiez ça, une sorte de pari-match de la France rurale.
01:23 Mais il y a du people dans Le Pèlerin ?
01:25 Oui, encore aujourd'hui on fait régulièrement des couv' soit avec des anonymes qui ont
01:28 un engagement fort dans la société, ou ça peut effectivement être des gens très connus
01:32 comme Omar Sy ou des grands acteurs.
01:34 Dernièrement on a fait des couvertures comme celle-là.
01:36 Et donc ça a toujours été dans les gènes du Pèlerin.
01:38 Et comme en plus très tôt on a pris le virage de la télé qui est entrée dans les foyers
01:43 dans les années 60, on a forcément mis à la une des gens de la télé.
01:48 C'est la première fenêtre que sur le monde.
01:50 Daniel Gilbert notamment, ce que j'ai vu.
01:51 Oui, tout à fait.
01:52 Donc tous les gens connus de chaque époque se sont retrouvés à un moment donné dans
01:55 Le Pèlerin.
01:56 Il y a quand même une période sombre du Pèlerin, il faut le dire, début du XXème
01:59 siècle, il est un petit peu même carrément vrillé vers l'antisémitisme.
02:01 Oui, anti-dréfusard parce que c'était une époque qu'il faut bien se resituer.
02:05 Les 50 premières années, grosso modo, c'est celle qu'on appelle la guerre des deux
02:09 Frances.
02:10 Celle qui croyait au ciel contre celle qui n'y croyait pas.
02:12 Celle qui croit au ciel a très gros traits, elle est plutôt contre-révolutionnaire et
02:14 anti-républicaine.
02:15 Et puis donc avec toute la suite, anti-dréfusard, etc.
02:18 Et puis donc le Pèlerin, au départ, il est une espèce aussi de, pas simplement d'organe
02:23 qui relie des gens qui vont prier, mais c'est aussi quelque part une démonstration de force
02:28 de cette France catholique.
02:29 Il faut attendre les années 20, en fait, plus précisément l'interdiction de l'action
02:32 française par le pape Pie XI en 1926 pour que la ligne éditoriale change celle du Pèlerin
02:37 et puis celle des autres journaux, de ce qui est devenu le groupe La Bonne Presse, à savoir
02:43 La Croix et Bayard aujourd'hui.
02:45 - Puisque vous venez de parler du pape, enfin d'un ancien pape, vous avez rencontré l'actuel,
02:49 le pape François, le mois dernier, c'est un lecteur du Pèlerin ?
02:51 - Alors oui, tout à fait.
02:52 Le pape François, forcément, il est surpris d'apprendre qu'il peut encore y avoir des
02:57 journaux aussi populaires, catholiques, dans un pays aussi laïque que la France.
03:01 Et donc oui, il était bien content d'apprendre notre existence.
03:04 Et donc voilà, c'était une rencontre Place Saint-Pierre avec des pèlerins justement,
03:07 parce qu'on continue toujours d'accompagner des pèlerins à Lourdes ou à Rome ou ailleurs.
03:12 - Mais le Pèlerin est une sorte de porte-parole du Vatican ?
03:14 - Pas du tout.
03:15 En fait, il est complètement indépendant.
03:17 Cette congrégation religieuse, en fait, elle garantit notre indépendance.
03:21 C'est notre actionnaire unique.
03:22 Et donc on s'intéresse absolument à tous les sujets.
03:24 Les journalistes ne sont pas forcément catholiques, d'ailleurs, aux pèlerins ou dans le groupe.
03:28 Et d'ailleurs, le groupe a aussi développé d'autres titres qui ne sont pas nécessairement
03:31 catholiques.
03:32 Et c'est aussi sa richesse, c'est justement de pouvoir faciliter la confrontation des
03:35 points de vue, même dans la rédaction, en fonction de l'actualité.
03:39 - Il n'y a pas une volonté de prosélytisme de la part du pèlerin ?
03:42 - Pas du tout.
03:43 C'est une ligne qui, de ce côté-là, en réalité, a évolué avec son siècle.
03:47 On a parlé des 50 premières années, qui étaient plutôt un organe de reconquête.
03:49 À partir de ce qu'on a appelé Vatican II, c'est-à-dire l'adjornamento de l'Église,
03:53 sa modernisation, en fait, ça a été, au contraire, c'est devenu un catholicisme d'ouverture
03:57 qui se veut une passerelle entre l'Église et la société.
03:58 Et c'est ça que nos lecteurs recherchent chez nous.
04:00 - Et quelle place occupe la spiritualité dans vos colonnes ?
04:02 - Alors, une grande place parce que, évidemment, je veux dire, dans les années 60-70, c'était
04:07 une France massivement catholique et pratiquante.
04:10 Aujourd'hui, c'est plus du tout ça.
04:11 Et donc, il faut accompagner aussi cette France qui devient de plus en plus plurielle dans
04:16 ses options spirituelles.
04:17 Il y a quand même toujours la recherche de sens, la recherche de sens dans la vie qui
04:21 fait qu'au minimum, quand on aborde ces questions, on essaie de le faire en ne s'adressant pas
04:26 seulement aux catholiques, mais à tous ceux qui, à un moment donné, se posent des questions
04:29 parce que dans la vie, il leur arrive un tas de choses.
04:31 Et donc, ils ont envie de se tourner vers une publication qui prend un peu plus le temps
04:34 d'explorer les questions qu'on porte devant eux.
04:36 - Il y a des non-catholiques, des non-croyants qui lisent le pèlerin ?
04:39 - Alors évidemment, ça reste plutôt une minorité encore à l'heure actuelle, mais
04:43 il y a des manières d'aborder certains sujets qui peuvent toucher aussi bien la famille,
04:50 qui peuvent toucher le rapport aux autres religions, etc.
04:52 Ce qui fait que d'autres que des catholiques nous lisent parce que ça les intéresse.
04:56 En fait, le catholisme redevient de nouveau un sujet de curiosité après avoir été
04:59 quelque chose de très banal dans la société.
05:01 - Qui sont vos lecteurs ?
05:02 - Alors, nos lecteurs sont des gens traditionnellement très engagés dans la société, qu'ils le
05:05 sont soit dans la paroisse traditionnellement ou dans la cité ou dans les associations.
05:09 Il y a beaucoup d'élus locaux, il y a beaucoup de soignants, beaucoup d'agriculteurs ou
05:12 du milieu rural au sens large.
05:13 Et donc, le pèlerin, il est populaire parce qu'il a essayé de toujours garder le contact
05:18 avec toutes les couches de la population partout en France.
05:22 Parmi nos 100 000 abonnés, il y en a partout dans toutes les régions.
05:25 Et puis aussi, le lien entre les générations.
05:28 Au fond, le bulletin de liaison dont je vous ai parlé au début est resté fondamentalement
05:30 un bulletin de liaison dans le sens où il relie les générations, il relie les croyants
05:34 entre eux et aussi les croyants et de plus en plus les non-croyants ou ceux qui croient
05:38 autrement.
05:39 L'idée étant, à travers croire, c'est surtout avoir envie de se projeter dans l'avenir
05:43 et au fond, diffuser plus une forme d'espérance que véritablement une doctrine.
05:48 Les églises se vident, les ventes de journaux papiers s'érodent.
05:52 Comment un journal comme le vôtre arrive à survivre avec ces deux données ?
05:56 Alors c'est vrai, comment rester populaire dans une France qui est de moins en moins
06:00 catholique alors que c'est ça qui a porté le journal ?
06:01 Et c'est ça le défi aujourd'hui éditorial qui est vraiment intéressant, c'est justement
06:04 de réunir nos lecteurs autour d'une volonté de se projeter dans la société.
06:10 En gros, dans Le Pèlerin, on traite une actualité toujours de manière très incarnée à travers
06:13 des rencontres, des reportages et surtout des solutions.
06:16 C'est-à-dire quand on est face à un problème, quelque part en France, que ce soit l'économie,
06:22 la culture, on va chercher à mettre en avant les initiatives solidaires, les bonnes idées
06:28 que d'autres auront envie de reproduire ailleurs.
06:31 Et au fond, c'est ça qui relie aujourd'hui les gens, cette volonté de se projeter et
06:34 de cultiver une espérance concrète.
06:35 Peu de femmes, une seule me semble-t-il, pour diriger la rédaction.
06:39 Anne Ponce nommée en 2009, Le Pèlerin serait-il sexiste ?
06:42 Alors je dirais oui mais dans l'autre sens parce que c'est vrai que je suis directeur
06:46 de la rédaction mais je suis entouré de trois rédactrices en chef et de deux rédactrices
06:49 en chef adjointes et d'un seul rédacteur en chef adjoint.
06:52 C'est vous qui avez le poste à plus haute responsabilité ?
06:55 Après celle d'Anne Ponce mais après sur la prochaine, moi je n'ai pas d'option et
06:59 si c'est une femme, j'en serai très heureux.
07:01 Merci beaucoup et bon anniversaire au Pèlerin Samuel Yémen.
07:04 Merci beaucoup.
07:05 Et pour découvrir le hors-série du Pèlerin spécial anniversaire, rendez-vous sur le
07:09 site de la librairie Bayard.

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