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Fondé par une ancienne journaliste de Paris-Match, le magazine sort son 3e numéro

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00:00Bonjour Céline Baillevercourt. Bonjour Jérôme. Votre invitées médias sont, il y en a deux ce matin,
00:04deux anciennes journalistes de Paris Match, désormais dans l'équipe de
00:07multi nouveaux médias culturels dont le troisième numéro est disponible depuis quelques jours.
00:13Clémence Duranton, Catherine Schwab, bonjour à toutes les deux et merci d'être là.
00:17Clémence, c'est vous qui avez fondé ce magazine et vous avez fait appel à Catherine,
00:21légende de Paris Match, ancienne rédactrice en chef, experte culture,
00:25mode people et plein d'autres choses. Elle a fait beaucoup de postes à Paris Match,
00:29Catherine. C'est courageux de lancer un média. Le secteur de la presse n'est pas très en forme.
00:33Il y a déjà beaucoup de sites spécialisés dans la culture. Qu'est-ce qui vous a pris Clémence ?
00:38Écoutez, c'est vrai que moi, ça faisait quand même quelques années que j'étais en presse
00:40traditionnelle, du coup un peu dinosaure. Et c'est vrai que je ne suis pas une jeunette,
00:46mais c'est vrai que je me sentais quand même en décalage avec cette presse-là et que j'avais
00:51l'impression que ça manquait de modernité et d'un petit vent de fraîcheur.
00:54Par rapport à quoi ? Pourquoi pas moderne ?
00:56Parce que c'est vrai que quand on travaille chez Paris Match, c'est quand même très institutionnel.
01:01Donc dans la façon de faire, il y a quand même une façon de faire qui est particulière et qui
01:05est très institutionnelle. Et puis c'est vrai que même sur les outils, c'est-à-dire qu'on
01:10sait qu'aujourd'hui les gens lisent la presse sur leur téléphone. Je trouvais ça dommage que les
01:13gens lisent la presse sur leur téléphone et que ce soit juste du PDF plat et qu'on ne puisse pas
01:18utiliser les outils qu'on a à disposition aujourd'hui. Donc c'était important pour moi de le faire.
01:23Catherine, vous qui avez fait quasiment toute votre carrière, voire toute votre carrière dans
01:27la presse papier, c'est une manière différente de travailler pour un média numérique ?
01:30Exactement. Et c'est un ton nouveau. C'est quelque chose qui correspond mieux aux gens
01:36qui m'entourent et à ceux qui s'informent de la vie culturelle, de la vie médiatique. J'ai
01:46l'impression qu'on manque un peu de cette réflexion sur comment s'adresser aux lecteurs
01:55aujourd'hui pour les garder, les maintenir, titiller leur curiosité et trouver un ton.
02:02Vous avez la réponse à ces questions ?
02:05Non, malheureusement. Alors après, nous c'est vrai que Multi a un ton très chaleureux, très
02:11bienveillant. On fait en sorte d'être proche des gens. C'est hyper important. On veut qu'on
02:15entende les gens parler, même en lisant le magazine. On laisse le ton d'épigistes qui ont
02:22des plumes. Je fais en sorte aussi que ce soit des gens qui puissent être très expressifs par
02:26écrit et je trouve ça important. Et aussi, on raconte les coulisses, donc on emmène les gens
02:29avec nous. L'idée, c'est de ne pas prendre les gens pour des idiots, si je puis dire. C'est-à-dire
02:36d'être très honnête sur les choses, sur ce qu'on raconte, sur la façon dont on monte un sujet,
02:43donc je pense que ça joue beaucoup parce qu'aujourd'hui, il y a besoin de transparence.
02:46C'est aussi différent sur la forme, parce que Multi se feuillette comme un magazine. On tourne
02:51les pages. Oui, on tourne les pages et il y a de la vidéo qui apparaît, il y a du son. Alors,
02:57on me dit souvent que c'est une gazette du sorcier. C'est assez marrant, c'est un truc
03:01qui ressort beaucoup. Ce n'est pas très moderne, ça. Non, ce n'est pas très moderne, c'est vrai,
03:05mais c'est vrai qu'il y a quand même ce truc où effectivement, quand on le feuillette, il s'anime,
03:10c'est interactif, c'est multimédia, d'où le nom d'ailleurs. Faire appel à Catherine Schwab,
03:14Clémence, qui a longtemps dirigé la rubrique culture de Paris Match, qui a un gros carnet
03:18d'adresses. Ça aide à se faire connaître et à décrocher des interviews ? Alors oui,
03:23effectivement. Et puis Catherine, moi j'aime sa fraîcheur, son ton. Oui, on s'aime beaucoup,
03:28déjà. C'est une bonne base. Exactement, c'est une bonne base. Et c'est vrai que je trouvais ça
03:33chouette de pouvoir avoir un autre point de vue. Catherine, elle est très tranchée et j'aime bien
03:39ça. J'aime bien qu'on puisse dire aussi ce qu'on pense. Quand elle aime quelque chose, elle l'adore.
03:42Quand elle n'aime pas quelque chose, elle le dit aussi. Et je trouve ça génial. J'ai une question
03:46sur vos lecteurs. C'est le troisième numéro. Vous savez déjà qui ils sont, qui va vous lire et même
03:51qui est-ce que vous ciblez ? Alors, ce qui est très marrant, c'est qu'on avait une cible au départ,
03:55pour être très honnête, qui n'est pas du tout notre lectorat. C'est-à-dire qu'en fait, moi,
03:59je me rends compte que j'ai des personnes beaucoup plus âgées que ce que je pensais. C'est-à-dire
04:02qu'on est sur un média très moderne. Donc, j'avais l'impression que ça allait rebuter
04:06certaines personnes. Et au final, on a quand même des gens qui ont la soixantaine en majorité qui
04:12sont là et c'est très surprenant. Parce que c'est la deuxième partie de ma question. Est-ce que les
04:16jeunes, ils lisent toujours la presse, qu'elle soit papier ou numérique ? On en a aussi. On en a
04:20aussi. Alors, ils arrivent par d'autres biais, mais ils arrivent. Et en fait, c'est marrant
04:23parce qu'il y a une espèce de scission. C'est-à-dire que j'ai des gens qui ont entre 25 et 30 ans et
04:29des gens qui vont entre 60 et 70 de l'autre côté. Donc, c'est assez marrant. Alors, je ne vais pas
04:33vous interroger ni l'une ni l'autre sur Vincent Bolloré, car vous n'avez pas travaillé avec lui.
04:37Vous avez quitté Paris Match avant que son groupe Vivendi n'en prenne le contrôle. On peut supposer
04:41que votre départ soit tout de même lié à son arrivée ? Moi, j'ai travaillé sous le règne de
04:46Bolloré et j'ai effectivement vu la différence. Donc, il y a eu un moment où ça n'était plus
04:54possible, mais il a imposé à la direction de la rédaction quelqu'un avec lequel il y avait
05:05incompatibilité absolue. Donc, je n'ai pas eu affaire à Bolloré directement, mais à un personnage
05:13avec lequel il était impossible pour moi de collaborer. Catherine, redevenir freelance
05:19après une telle expérience, une telle carrière qu'est la vôtre, c'est un coup dur ou finalement
05:24une opportunité, une chance d'être enfin libre ? Oui, enfin, ce n'est ni un coup dur ni une
05:29opportunité extraordinaire, puisque j'ai été dix ans journaliste freelance avant d'être à Paris
05:36Match. Et c'est vrai que c'est une liberté quand même géniale. Alors, si on a besoin d'argent,
05:45il faut vraiment être sur tous les fronts. Et il y a toujours, moi, j'ai toujours cultivé une
05:52polyvalence. Je fais un peu de radio par ailleurs et des podcasts, des trucs, mais il faut maintenir
06:01toujours une polyvalence, même quand on est dans un média à 100 %, je trouve, quand on est
06:08journaliste, ne serait-ce que pour s'oxygéner. Mais pour le coup, multi, c'est vraiment une
06:14priorité pour moi, parce que je trouve ça vaut la peine d'investir ses efforts, ses relations,
06:22mon carnet d'adresses pour quelque chose qui doit et qui impérativement doit trouver sa place
06:32aujourd'hui. Il est faux de penser que les jeunes n'ont pas besoin de critiques, de gens qui les
06:42pilotent dans leur appréhension de la vie, de la vie culturelle. Ça, je l'ai ressenti à Match,
06:48mais je le ressens aussi par ailleurs dans ma vie. Donc, on a presque une mission, je trouve, et aussi
06:55vis-à-vis des fake news, une mission d'expertise qu'il faut imposer et pour laquelle il faut faire
07:03des sacrifices. Mais parce que sur Internet, il y a de plus en plus d'influenceurs qui font
07:09concurrence aux journalistes. Oui, ce qui est fou. Les influenceurs, c'est des influenceurs,
07:14ce n'est pas des journalistes, ce n'est pas des gens qui ont une compétence. Et ça, c'est donc la
07:19difficulté pour vous Clémence de faire connaître multi, parce que l'offre est justement multiple
07:24et il y a des magazines, en tout cas des sites, notamment dédiés à la culture, qui ne sont pas
07:30très sérieux. C'est exactement ça. C'est vrai qu'aujourd'hui, c'est le problème qu'on a, c'est
07:33qu'à partir du moment où on est sur Internet, on a du mal à trouver la confiance des gens, parce
07:37qu'il y a de tout en fait, à boire et à manger. Et donc c'est vrai que nous, venir dire mais nous,
07:42on a une expertise, on sait ce qu'on fait, on fait ça bien, on le fait de la même manière que chez
07:48Paris Match par exemple. C'est vrai qu'on a une façon de travailler qui est la même. Ça, c'est
07:53compliqué, c'est sûr. Mais l'info, ça se paye et l'abonnement à multi, c'est 4 euros par mois.
07:57C'est ça, c'est vraiment pas grand chose. Merci à toutes les deux d'être venus sur France Info.
08:01Voilà, le magazine numérique Multi, dédié à l'actualité culturelle, vient de sortir son
08:05troisième numéro. Merci à toutes les deux et merci à vous Céline.

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