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Art et designTranscription
00:00 Bonjour, oui ça marche, tu peux y aller.
00:05 Donc pour cette rentrée, comme à l'accoutumée, nous présentons trois romans.
00:10 Le roman, alors c'est un roman, c'est une rentrée en art.
00:15 Tout un art chez EHO, puisque nous publions Frédéric Ploussart, Alice Renard et Sander Kollar.
00:23 Je vais donc commencer par Frédéric Ploussart, que certains d'entre vous ont repéré avec la tonitruante, vibrionnante "Mobilette",
00:33 où Frédéric, ancien éducateur social, revenait dans les Vosges et parlait des déboires et des aventures d'un éducateur social.
00:46 Là, avec "Tout blanc", roman qui à mon avis sera le plus hilarant, le plus drôle de la rentrée.
00:54 Frédéric est toujours sur cette même veine de la comédie satirique, grinçante et drôlatique.
01:03 À l'époque, il avait été ensorcé par la critique et notamment par les inrocs, il faisait partie des coups de cœur des inrocs de la rentrée 2021.
01:13 Gérard Kollar, mais là je fais appel à Alice qui elle a mémorisé cette phrase.
01:19 Gérard Lefort qui a dit dans les inrocs à propos de ce livre "Dangereux parfois, hilarant souvent, zinzin en permanence".
01:30 Eh bien, "Zinzin en permanence", il l'est à nouveau avec "Tout blanc",
01:35 puisque "Tout blanc", il s'agit, ouvre avec une femme qui échappe au féminicide, qui parvient à couper court, à prendre la fuite,
01:48 non sans avoir réservé une sacrée surprise à son mari.
01:53 Donc une femme de caractère, une femme qui arrive à surmonter les difficultés et qui part retrouver son frère à Bourgeuvel.
02:01 Bourgeuvel sans aucun lien avec cette station de sport d'hiver des Trois-Vallées à laquelle vous pourriez penser.
02:10 Et à Bourgeuvel, Blanche, puisque notre héroïne, évidemment, s'appelle Blanche,
02:16 Blanche va être embauchée dans une entreprise de textile qui est en pleine expansion,
02:21 parce qu'un chercheur avait une découverte inouïe, il a trouvé le coton thermorégulé à 19 degrés.
02:28 Et ce coton thermorégulé à 19 degrés, évidemment, est fabuleux, parce que 19 degrés, c'est la température idéale.
02:36 Le seul problème, c'est que ce coton, il n'arrive à le produire que dans une couleur qui est assez peu attractive,
02:44 qui est une sorte de kaki, on pourrait dire autre chose.
02:49 Donc le chercheur fou essaye de faire pas mal d'essais pour trouver une couleur plus attrayante.
02:57 Et ne va pas trouver le moyen de changer cette couleur, mais en revanche, il va trouver une neige éternelle.
03:04 Et là, c'est évidemment la fortune qui est a priori faite pour cette entreprise.
03:10 Maintenant, vous pouvez bien vous imaginer que rien ne va se passer comme prévu,
03:14 que ça va engendrer toutes sortes d'aventures et de mésaventures.
03:20 Le livre, il est follement loufoque.
03:23 Je pense que c'est un livre qui est plein de fantaisie, de loufoquerie, il n'y en a pas beaucoup de nos jours.
03:29 La littérature est un peu normée, souvent triste.
03:33 Vraiment, Frédéric Poussin va vous entraîner, il est désepilant, plein d'énergie, plein de trouvailles.
03:43 Un tueur à gages névrosé, un astronaute qui lui aussi ressemblerait pas mal à Thomas Pesquet et qui est dépressif.
03:56 Enfin bon, toutes sortes de figures truculentes.
03:59 La facon de Frédéric est vraiment très très très plaisante.
04:04 Et nous sommes vraiment très heureux de vous présenter ce livre,
04:08 qui est l'épreuve que vous trouverez dans le petit carton, dans le panier garni Interforum.
04:17 Après Alice Renard, je passe la parole à Alix qui va vous présenter Alice Renard, notre premier roman de la rentrée.
04:27 Louise vous a présenté le livre qui, on l'espère, est le plus drôle de la rentrée littéraire.
04:33 Et moi je vous présente le livre qui peut-être a été écrit par l'autrice la plus jeune de la rentrée,
04:39 parce que Alice Renard a donc 21 ans.
04:43 Elle est étudiante en littérature médiévale, elle est en train de terminer son master et elle a écrit ce livre qui nous a ébloui,
04:50 qui nous a beaucoup séduit, qu'on est très fiers de présenter aujourd'hui aux libraires en rentrée littéraire.
04:56 Il s'appelle donc "La colère et l'envie". C'est un court roman de 152 pages.
05:01 Ce court roman est construit en trois actes.
05:05 Au premier acte, on rencontre deux parents, Maud et Camilio, qui sont un couple de Parisiens ordinaires qui vivent à Bercy, dans le 12e arrondissement de Paris.
05:14 Leur vie est complètement bouleversée le jour de la naissance de leur fille, Isor.
05:19 Isor est le personnage principal de ce livre fabuleux.
05:23 Isor est un bébé tout à fait charmant, très très mignon, et en grandissant, elle a un an, puis deux ans, trois ans, elle ne développe pas le langage.
05:33 C'est une enfant qui ne parle pas.
05:36 Ses parents ne savent pas quoi faire. Trois ans, quatre ans, elle ne parle pas.
05:39 Et non seulement elle ne parle pas, mais elle ne joue pas.
05:42 Elle ne les joue, elle ne l'intéresse pas. Elle n'apprend pas non plus, apprendre ça ne l'intéresse pas, elle ne se fait pas d'amis à la crèche.
05:48 Tout ça, elle ne fait rien en fait.
05:51 Ce qu'elle sait faire, c'est se concentrer sur son petit monde intérieur qui est complètement accessible.
05:58 Dans ce premier acte, on rencontre cette petite fille à travers les points de vue alternés de ses parents,
06:04 le point de vue de la mère et le point de vue du père, qui sont très aimants, très entourants, mais très très inquiets.
06:13 Ils se tournent vers le corps médical, commence alors un ballet de spécialistes, de psychiatres, de gastro-entérologues,
06:21 de spécialistes d'assistantes qui tous et toutes apportent des réponses les plus frustrantes les unes que les autres.
06:28 La gastro-entérologue dit c'est parce qu'elle ne digère pas le lait.
06:32 Un autre spécialiste leur dit mais c'est parce qu'elle pleure trop, elle a trop de larmes.
06:38 Le frère du père leur dit il faut qu'elle revienne en Italie, c'est l'air de Paris qui lui fait du mal.
06:44 En fait, la vérité c'est que Isor est sur le spectre de l'autisme, mais aucun médecin n'arrive à mettre le diagnostic précis,
06:52 juste, qui entraîne derrière une méthodologie précisée, juste pour que cette petite fille accède au langage
06:58 et cesse aussi de piquer ses colères terribles, destructrices, qui destruisent tout sur son passage et qui épuisent nerveusement ses deux parents.
07:07 Les deux parents décident de l'éduquer en huis clos, de fermer la porte à tous ces gens,
07:13 surtout après la remarque d'un psychiatre qui leur dit "elle pourrait parler mais elle ne veut pas".
07:19 Cette phrase est très importante dans le livre, "elle pourrait parler mais elle ne veut pas",
07:23 elle frustre énormément ses parents qui décident de se mettre en horaire aménagé et de faire l'école à la maison pour Isor.
07:31 Un jour, Isor est confié à un voisin, Lucien, ouvre alors le deuxième acte et on va découvrir Isor à travers les yeux de ce voisin Lucien.
07:40 Lucien a 70 ans, il est seul depuis des années, il a fermé la porte à toutes et tous depuis très longtemps,
07:45 on comprend qu'il y a une fêlure quelque part dans son passé qui fait qu'il a décidé de ne plus vivre de relation amoureuse et familiale.
07:51 Pourtant, quand cette petite fille qui a 13 ans, au moment où elle entre dans son appartement et elle sème un bordel noir,
07:58 il ne peut rien faire, il est complètement démuni, il est ébloui et elle prend toute la place dans son cœur et dans sa vie.
08:05 La force de ce livre réside dans cette rencontre complètement improbable entre deux personnages que tout oppose,
08:10 ce vieil homme grincheux et cette petite fille dont on n'accède pas au monde intérieur puisqu'elle ne dit jamais rien.
08:17 Ce livre est construit comme une explosion et donc au troisième acte, on va enfin entendre la voix unique et magique
08:24 de ce personnage merveilleux que je vous invite à découvrir sans plus tarder.
08:29 Merci Elix.
08:31 Donc comme vous l'aurez compris, un livre très très poétique, incandescent, sur lequel on commence déjà à avoir des retours très favorables.
08:50 Dernier titre de notre rentrée, une traduction d'une Irlandaise, "Une journée de chien" de Sander Collard.
08:57 "Une journée de chien" de Sander Collard a remporté le prix Libris qui est l'équivalent du prix Goncourt aux Pays-Bas.
09:04 Et pourquoi Sander Collard a-t-il remporté ce prix ? Il raconte une histoire très très simple.
09:12 C'est l'histoire de Henk. Henk, il a 56 ans. Il a, de son point de vue, une vie assez rangée, assez banale, qui le satisfait plus ou moins.
09:24 Son frère passe son temps à lui dire qu'il a raté sa vie parce qu'il est juste locataire, qu'il n'a pas une belle autre voiture,
09:32 qu'il est divorcé et qu'il n'a jamais retrouvé de compagne. Mais bon, Henk, il est relativement, encore une fois, content dans son existence.
09:44 Et il a surtout un plaisir, une joie, c'est son chien, Canaille. Et Canaille, le seul problème d'Henk, c'est que Canaille est un vieux chien
09:55 qui commence à montrer des signes de fatigue. Nous sommes quand le livre s'ouvre, un samedi matin d'été, et donc Henk va pouvoir faire ce qu'il raffole de faire,
10:04 c'est-à-dire se promener, tout simplement se balader avec Canaille. Et Canaille va être pris d'un malaise, et là il va être secouru par une jeune femme
10:12 qui va lui apporter une écuelle avec un peu d'eau. Évidemment, Henk et la jeune femme vont commencer.
10:18 Cette histoire vous paraîtra peut-être presque trop simple, trop romantique, mais pour remporter le prix du libris, il faut un tout petit peu plus
10:27 que d'être charmant et romantique. Il y a des petites aspérités, il y a vraiment du relief dans l'écriture de Sander Collard,
10:36 qui est un philosophe du quotidien. Le texte est émaillé, donc ce texte qui est éminemment accessible, absolument charmant,
10:46 il est émaillé de petites réflexions sur la vie, comment est-ce que circule le sang dans notre organisme.
10:55 Le livre s'ouvre, Henk vient de se réveiller, et il a du sang qui tape contre sa tempe, comme ça nous arrive à tous.
11:01 Henk va se poser la question "Pourquoi est-ce que c'est toujours contre la tempe que le sang finit par..."
11:07 Et tout le roman se déroule avec ces petits aphorismes, ces petites réflexions, et ce livre en fait, il vous prend, il vous séduit,
11:18 il vous charme par surprise, un peu en tapinois. C'est-à-dire qu'au départ vous vous dites "Oui, c'est tout à fait mignon",
11:24 et puis progressivement vous vous rendez compte qu'il y a vraiment une substance, une épaisseur et une réflexion très profonde.
11:33 Donc un texte qui est assez merveilleux pour vous les libraires, je pense, parce que c'est un texte qui est très accessible,
11:40 tout en étant très profond. Nous avons fini avec la présentation de notre rentrée.
11:46 [Applaudissements]