Xavier Driencourt : "Le hasard est un mot qui n’existe pas en Algérie"

  • l’année dernière
Avec Xavier Driencourt, diplomate, ancien ambassadeur de France en Algérie, auteur de “L’énigme algérienne” aux éditions l'observatoire et de “Evian face à l’étranger”.

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Transcription
00:00 Sud Radio André Bercoff.
00:02 "Ça balance pas mal !"
00:04 Bercoff dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:08 "C'est l'hymne national algérien, effectivement l'hymne national d'Algérie.
00:12 Et voilà, et effectivement un pays qui a pris son indépendance après une guerre terrible,
00:21 puis 62 et on connaît le drame, et de tous les côtés, dans toutes les populations,
00:27 et bien les plaies sont encore ouvertes, ou certaines plaies sont encore ouvertes, hélas.
00:33 Plus de 60 ans plus tard, et bien les plaies sont encore ouvertes.
00:39 Alors, quelle information ? Pourquoi on en parle ?
00:42 Et bien un décret présidentiel paru au journal officiel algérien de 21 mai 2023,
00:48 il y a quelques jours, a modifié les circonstances dans lesquelles l'hymne national algérien,
00:54 "Kassaman", c'est-à-dire "Nous jurons", doit être joué en version abrégée à un couplet,
01:00 ou dans sa version intégrale de cinq couplets.
01:02 Alors je ne vais pas rentrer dans les détails, dans certaines circonstances il y avait les cinq couplets,
01:07 dans d'autres ça avait été abrégé, effectivement, pour telle ou telle ou telle cérémonie.
01:12 Voilà, l'hymne intégral était réservé au congrès du FLN et à la vestiture du président de la République,
01:18 et le troisième couplet disparaissait de la vue publique.
01:21 Et c'est quoi le troisième couplet ?
01:23 Eh bien je vais vous lire le troisième couplet quand même de l'hymne national.
01:27 Eh bien c'est celui-ci, je vous le cite en intégralité dans sa traduction française.
01:33 "Ô France, le temps des palabres est révolu, nous l'avons clos comme on ferme un livre.
01:39 Ô France, voici venu le jour où il te vaudra rendre des comptes.
01:43 Prépare-toi, voici notre réponse.
01:46 Le verdict, notre révolution le rendra, car nous avons décidé que l'Algérie vivra."
01:51 Je rappelle que ce poème a été écrit en pleine guerre d'Algérie en 1955,
01:57 et a été adopté en 1963 comme hymne national,
02:01 qui a été écrit par le poète algérien Moufdi Zakaria.
02:04 Voilà, donc c'est effectivement écrit en pleine guerre, et ô France, rendez compte.
02:10 Le problème, simplement, c'est de savoir qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui.
02:15 Et nous avons avec nous, et je le remercie d'être avec nous, Xavier Driancourt.
02:20 Bonjour M. Driancourt.
02:22 - Bonjour M. Bercoff.
02:23 - Vous êtes diplomate, vous êtes ancien ambassadeur de la France en Algérie,
02:26 on vous avait reçu pour ce très très beau livre,
02:29 "L'énigme algérienne aux éditions de l'Observatoire".
02:32 - Oui, tout à fait.
02:34 - Voilà, alors qu'est-ce que ça signifie ce retour en grâce,
02:38 si je peux dire, peut-être en disgrâce pour les Français, en grâce pour les Algériens,
02:42 de ce fameux troisième couplet où on dit "bon ben il doit revenir dans toutes les cérémonies".
02:47 - Oui, ce troisième couplet, il n'était la plupart du temps pas joué, pas exécuté.
02:54 Par exemple, dans les fêtes nationales à Alger, auxquelles j'ai assisté lorsque j'étais ambassadeur,
03:01 il y a toujours l'hymne du pays dont c'est la fête nationale, et l'hymne national algérien.
03:06 Mais on appelle le troisième couplet, il y avait en général le premier, le deuxième couplet, etc.
03:13 Donc il n'était en général pas joué ce troisième couplet, dont vous avez rappelé les paroles.
03:20 Alors là, le décret que vous avez cité rétablit le troisième couplet,
03:26 et donc l'hymne national dans sa pureté originelle, de Moctezac-Aria,
03:32 avec les phrases, les propos anti-français,
03:36 "En France, le temps des palabres est rigolu, l'heure des contes a sonné".
03:40 Alors, je ne peux m'empêcher de voir dans ce rétablissement un lien avec la visite du président Tebboune en France,
03:52 la visite d'État qui est une troisième fois reportée,
03:56 plus la visite du président Tebboune depuis hier à Moscou, en pleine offensive de la guerre d'Ukraine.
04:04 Donc voilà, ce n'est pas tout à fait un hasard, parce que le hasard est un mot qui n'existe pas en Algérie.
04:12 - Alors oui, en fait, oui, mais vous avez raison, c'est ce que les surréalistes appelaient le hasard objectif.
04:18 C'est vrai que d'un côté, effectivement, dix-trois fois reportée la visite du président Tebboune,
04:25 le rapprochement avec la Russie, au moment où nous, enfin pas seulement la France,
04:30 mais d'une partie de l'Europe, appuie, comme on sait, l'Ukraine.
04:35 Mais qu'est-ce qu'il vaut cet éloignement ? En tout cas, en disant à la France, encore une fois,
04:41 vous connaissez mieux que personne les relations à la fois fascination-répulsion, amitié-passé, etc. et convulsion.
04:51 Qu'est-ce qui fait qu'on a l'impression que c'est encore un petit pas de plus vers, je dirais, une dissociation,
04:58 ou en tout cas, une séparation, si on peut encore dire le mot ?
05:02 - Non, je dirais que c'est la normalité des relations franco-algériennes.
05:09 Parce que si vous regardez depuis six mois, vous avez eu le voyage de Mme Borne,
05:14 première ministre à la fin de l'année 2022, accompagnée de 16 ministres.
05:21 Puis ensuite, une nouvelle crise franco-algérienne en début d'année, au moment de ce qu'on a appelé l'affaire Bouraoui,
05:28 c'est-à-dire cette femme qui a reçu la protection consulaire française en Tunisie.
05:34 Le rappel de l'ambassadeur d'Algérie en France, rappelé à Alger à ce moment-là, pendant trois semaines.
05:41 Ensuite, on a reparlé éventuellement d'une visite du président Tebboune, reportée une première fois, une deuxième fois,
05:49 depuis cette semaine, une troisième fois.
05:52 Donc voilà, les relations franco-algériennes, ce sont des hauts et des bas, et c'est un peu la normalité.
06:00 - Oui, mais alors vous dites normalité, pardon monsieur l'ambassadeur, mais normalité, là, ça tire plutôt vers le bas, quand même, à Bose Repetiti.
06:08 - Oui, ça tire vers le bas, ça va peut-être remonter dans le courant de l'été, et puis à l'automne, il y aura peut-être la fameuse visite du président algérien.
06:17 Cela étant, cette visite, elle risque d'intervenir et de se télescoper avec les débats sur l'immigration, puisque vous en parliez à votre antenne.
06:27 Donc voilà, on risque d'avoir à nouveau une difficulté.
06:31 - Un report, peut-être un report encore.
06:33 - Peut-être un quatrième report.
06:36 - Oui, c'est assez... Non mais, c'est quand même pas... Est-ce que ça ne va pas au-delà, quand même, de l'anecdote ?
06:42 Parce que c'est quand même hautement symbolique de reparler aux Frances et de dire "Rendez compte", etc.
06:49 Nous sommes 60 ans après, plus de 60 ans après, et on dit "Allez France, rendez compte, France, attention, c'est fini, tout ça".
06:57 C'est quand même plus que symbolique, non ?
07:01 - C'est surtout parce que ce décret prévoit les circonstances dans lesquelles l'intégralité de l'hymne algérien, donc avec ce couplet, doit être exécutée.
07:12 Et notamment quand le président de la République algérienne est présent, et puis dans un certain nombre de cérémonies officielles.
07:20 Alors, on imagine mal le président algérien venant en France, écoutant la Marseillaise d'une part,
07:28 et puis ensuite le président Macron écoutant l'hymne algérien demandant à la France de rendre des comptes, vous voyez ?
07:36 - Oui, c'est assez spécial. En tout cas, vous faites très bien de rappeler effectivement les circonstances à la fois nationales et internationales.
07:45 - Voilà, oui.
07:46 - En tout cas, c'est un feuilleton, hélas, qui va encore nous occuper longtemps.
07:52 - Voilà, ça me donne l'occasion de vous reparler.
07:54 - Tout à fait. Merci.
07:56 Merci, vous avez très beaucoup.

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