Agathe Lemaitre, dont la sœur, victime de harcèlement scolaire s'est suicidée : "Elle commence à se mutiler et pense que tout est de sa faute"

  • l’année dernière
Viols, agressions, deuils insurmontables, accidents de la vie : dans "Trauma", anonymes et célébrités reviennent pour Yahoo sur un traumatisme qui a bouleversé leur vie.Sa sœur avait 21 ans lorsqu’elle a décidé de mettre fin à ses jours. Victime de harcèlement scolaire pendant de nombreuses années, Diane n’a pas trouvé d’autres solutions pour venir à bout de son mal-être. Pour Yahoo, son aînée Agathe a accepté de se livrer sur ce drame, revenant notamment sur des années de souffrance, un dénigrement quotidien fait d'insultes et de brimades.Comme le rappelle le gouvernement sur son site Internet, le harcèlement scolaire se fonde sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines caractéristiques, telles que l’apparence physique, le sexe, l’identité de genre, un handicap, un trouble de la communication, l’appartenance à un groupe social particulier ou encore des centres d’intérêts différents. Cette violence et la répétition des agressions, qu’elles soient physiques ou psychologiques, participent à l’isolement de la victime.
Transcript
00:00 Le 4 mai 2016, ma petite soeur s'est suicidée à Toulouse
00:03 suite à un harcèlement scolaire qu'elle a vécu au collège et au lycée pendant 7 années.
00:08 Ma petite soeur s'est attachée les bras et elle a mis sa tête dans une sorte de sac plastique
00:16 de manière à respirer son oxygène et a décédé par manque d'oxygène.
00:22 Moi je ne savais pas qu'elle avait vécu un harcèlement scolaire.
00:24 Personne ne savait qu'elle avait vécu quelque chose au collège ou au lycée
00:28 donc on est tous tombés de très haut.
00:30 Moi je découvre son journal intime qui commence quand elle a 10 ans
00:33 et puis rapidement en tournant les pages je me rends compte qu'il y a une jeune fille qui se moque d'elle dans sa classe.
00:38 Quelques mois plus tard elle continue à raconter qu'il y a plusieurs personnes qui se moquent d'elle
00:42 sur son poids, sur ses cheveux, sur le fait qu'elle ait des très bonnes notes.
00:46 Et puis en 5e, des élèves découvrent qu'elle est homosexuelle.
00:50 Et donc forcément il y a des moqueries sur son identité qui la blessent encore plus
00:56 et ce qu'elle raconte c'est qu'elle fait semblant que ça ne la blesse pas
00:58 parce qu'elle ne sait pas comment réagir.
00:59 Quand elle arrive au lycée, c'est moqueries, il y a des moqueries sexistes, beaucoup plus agressives.
01:05 Il y a des agressions sexuelles qui ont lieu.
01:07 Quand elle arrive à 18 ans, elle porte plainte à la police pour le harcèlement scolaire qu'elle a subi
01:11 et elle répète qu'on la traitait de "machine à calculer", de "tête d'un télo", de "singe à lunettes".
01:17 Et puis ensuite qu'on lui disait qu'elle était sale, qu'elle puait parce qu'elle était homosexuelle
01:22 et donc les gens trouvaient que ça posait un problème d'hygiène.
01:27 Elle raconte qu'un enfant de sa classe, quand elle a 13 ou 14 ans,
01:33 essaie de la toucher en plein cours, que tout le monde le voit, que personne ne réagit
01:38 et qu'elle, comme elle est terrorisée, elle n'arrive plus à bouger, elle n'arrive à rien faire.
01:42 Et elle n'arrive même pas à parler à des adultes de ce qui se passe.
01:45 Et il faudra un certain nombre d'années pour qu'elle comprenne que le harcèlement scolaire qu'elle a subi
01:49 l'a fait se sentir illégitime à s'exprimer.
01:52 Et c'est pour cette raison qu'elle ne trouve plus les mots pour raconter ce qu'elle vit,
01:55 parce qu'elle a l'impression que finalement tout ce qu'elle vit, ce n'est pas grave.
01:58 Et que c'est presque normal qu'on se moque d'elle au quotidien, que les gens essayent de la toucher
02:03 ou de la déprécier finalement, devant tout un groupe.
02:07 Et cette culpabilité, elle s'exprime lorsque, par exemple, elle commence à se mutiler,
02:11 parce qu'elle a l'impression que c'est sa faute.
02:13 [Générique]
02:15 Merci.

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