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Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.

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Transcription
00:00 Le Medef va bientôt changer de président. L'élection aura lieu le 6 juillet.
00:06 Je suis avec Pierre Brageux. Merci d'être avec nous.
00:09 Vous étiez candidat à la présidence du Medef, mais vous avez décidé de rallier Dominique Carlac,
00:13 qui est venue récemment sur CNews.
00:15 Vous dirigez une entreprise de sécurité, Torane France.
00:18 On parlera des JO tout à l'heure, parce que vous en avez en partie la responsabilité pour la sécurité.
00:22 Mais d'abord, ce Medef, vous avez lâché la présidence, la candidature. Pourquoi ?
00:28 Je n'ai pas lâché. J'ai fait alliance avec Dominique Carlac.
00:30 Je faisais partie des trois finalistes pour les deux derniers mois de campagne pour arriver au 6 juillet à l'élection.
00:36 Avec Dominique Carlac, nous partageons énormément de convictions, de valeurs.
00:41 On a décidé de jouer collectif, de nous renforcer, de peser plus dans le débat.
00:47 Nous avons fait alliance, mais dans une équipe, puisque nous avons constitué une équipe avec également Guillaume Quirau et Olivier Clot.
00:53 Dans une équipe, il y a une capitaine. En l'occurrence, c'est Dominique Carlac.
00:56 Il faut préciser qu'en face, il y a Patrick Martin, qui est candidat. Donc ça fait deux candidats, finalement.
01:02 C'est un duel.
01:03 C'est ça. Vous avez été reçu par Elisabeth Borne à Matignon. La question, c'est, elle vous demande d'augmenter les salaires.
01:09 Qu'est-ce que vous lui avez répondu ?
01:11 Est-ce que nous, chefs d'entreprise, nous demandons au gouvernement et à l'État d'augmenter les salaires des fonctionnaires ?
01:17 Non. Ce n'est pas notre rôle. Donc chacun reste dans son rôle.
01:21 Vous avez parlé de l'emploi des seniors. C'était un sujet. Souvent, on se demande, est-ce que les patrons sont prêts à jouer le jeu,
01:27 notamment conserver les seniors au-delà de 64 ans ?
01:31 Bien sûr.
01:32 Ou au moins jusqu'à 64 ans, j'allais dire.
01:33 Absolument. Il faut être cohérent avec nous-mêmes. Le Medef a été peut-être un peu absent de ce débat sur la réforme des retraites.
01:40 Maintenant, nous avons à gérer la mise en place de cette réforme. Il faut que nous soyons cohérents.
01:44 Effectivement, il faut qu'on fasse tout ce qu'il faut pour garder les personnes dans l'emploi.
01:49 Mais il ne faut pas voir simplement ça sur le plan de la fin de carrière. Il faut vraiment voir l'ensemble du parcours professionnel,
01:55 de l'entrée dans la vie professionnelle à la sortie. Et effectivement, il faut qu'on puisse encourager les entreprises à garder les personnels
02:01 le plus longtemps possible dans l'entreprise et dans l'emploi.
02:03 Mais votre entreprise de sécurité, vous employez du monde puisque vous êtes chargé de la surveillance humaine.
02:09 Et en ce moment, les agents de sécurité sont importants. Ils restent jusqu'à quel âge chez vous ?
02:14 Écoutez, j'ai des départs à la retraite pratiquement tous les mois. Donc effectivement, nous pouvons garder les gens.
02:19 Ce qui est important, c'est voir l'évolution de carrière. Vous ne faites bien évidemment pas le même métier.
02:24 Vous n'exercez pas la même fonction quand vous avez 60 ans et quand vous en avez 25.
02:27 C'est une évidence à nous de faire en sorte qu'il y ait des parcours professionnels.
02:30 Mais est-ce que le Medef n'a pas eu tort de plus s'engager sur les retraites quand la question était vraiment très vive ?
02:36 Écoutez, ça peut être un regret de ma part. Je pense que le Medef aurait probablement dû être un peu plus offensif sur ce sujet
02:41 parce que je pense que les entreprises sont en première ligne sur cette question des retraites.
02:45 Donc j'ai été un peu déçu que nous ne soyons pas plus présents dans le débat d'idées.
02:49 À titre anecdotique, je vous invite à relire une étude que j'ai co-signée avec l'Institut Sapiens.
02:56 On a simplement, en ce qui me concerne, proposé des idées.
02:58 Par exemple, introduire une dose de capitalisation pour sauver le régime de retraite par partition.
03:03 Je pense qu'on aurait pu être plus présents dans ce débat-là puisque ça concerne aux premiers chefs des entreprises.
03:07 Et vous pensez que c'est un sujet qui est enterré maintenant, ça y est, c'est acté ?
03:10 Ou est-ce que ça peut encore rebondir ?
03:12 Écoutez, de toute façon, je pense que cette réforme ne réglera pas sur le moyen et le long terme les questions
03:16 puisqu'elle part sur des hypothèses qui me paraissent extrêmement optimistes.
03:19 Elle part d'une hypothèse d'un taux de chômage à 4,5%, ce qui n'est pas exactement le chiffre que nous connaissons aujourd'hui.
03:24 Donc très clairement, de toute façon, il faudra retravailler ce sujet à un moment ou à un autre.
03:28 Alors vous êtes chef d'entreprise et c'est pour ça que je vous interroge.
03:31 Lors des manifestations pour les retraites, on a bien vu que le vrai sujet, c'était surtout la hausse des salaires.
03:37 De plus en plus, c'est le pouvoir d'achat. Est-ce qu'il faut les augmenter les salaires ?
03:41 Est-ce que c'est urgent de remonter les salaires quand on est patron d'une PME comme vous ?
03:45 Alors d'abord, dès qu'on peut le faire, on le fait.
03:47 Mais il faut bien voir que vous avez des équations économiques qui sont complètement différentes suivant les secteurs d'activité.
03:53 Dans mon secteur d'activité, la surveillance humaine, la masse salariale, c'est 90% du chiffre d'affaires.
03:59 Donc un impact sur les salaires, un impact immédiat sur la rentabilité, sur la survie de l'entreprise.
04:05 Donc nous sommes dans une équation économique extrêmement contrainte.
04:08 D'autres secteurs d'activité ont une équation qui est complètement différente.
04:11 De toute façon, nous avons aussi la problématique du SMIC.
04:14 Je vous rappelle que 4 augmentations en un an, plus de 6% d'augmentation.
04:18 Dans notre convention collective, la branche professionnelle, nous avons revalorisé les salaires de 7,5% au 1er janvier dernier.
04:24 Donc de toute façon, il y a une pression sur les salaires, d'autant plus que vous avez des difficultés de recrutement dans beaucoup de secteurs d'activité.
04:31 La surveillance humaine n'y échappe pas.
04:33 Aujourd'hui en France, vous avez à peu près 175 000 agents de sécurité privée en activité.
04:37 La branche estime qu'il nous manque, au moment où nous parlons, 20 000 agents pour fonctionner en rythme de croisière.
04:41 Et je ne parle même pas des Jeux olympiques.
04:43 Oui, j'allais vous dire, les Jeux olympiques, on ne sera pas prêts, vous voulez dire, pour la surveillance ? On n'aura pas assez de main d'oeuvre ?
04:47 La question ne se pose pas.
04:49 Nous devons être prêts.
04:50 C'est une question d'image, c'est une question de réputation de la France dans le monde entier.
04:54 Donc nous devons être prêts.
04:56 Mais l'équation est extrêmement compliquée.
04:58 Il va falloir passer de -20 000 aujourd'hui à +25 000 ou +30 000 au moment des Jeux olympiques.
05:03 Donc c'est une équation extrêmement difficile, surtout que les problématiques de recrutement, il n'y a pas que la sécurité qui est en compte.
05:08 Mais on va les trouver où ces agents ?
05:10 Je me souviens que l'Angleterre, pour ses JO à Londres, avait manqué au dernier moment de la manœuvre suffisante.
05:14 Absolument.
05:15 La vraie problématique, c'est effectivement ce déficit de ressources, ces problématiques de recrutement.
05:19 Nous ne les trouverons pas, ou seulement de façon anecdotique, dans l'effectif actuel.
05:24 Donc il faut aller chercher des nouveaux entrants.
05:26 À titre d'exemple, parce que faire des constats c'est très bien, ce qu'il faut c'est trouver des solutions, proposer des solutions.
05:32 La Fédération française de la sécurité privée, dont je suis le président délégué, a lancé il y a quelques jours une campagne sur la féminisation des métiers de la sécurité.
05:40 Parce qu'il serait extrêmement surprenant, pour ne pas dire aberrant, qu'on se prive, consciemment ou inconsciemment, de 50% de la population.
05:46 Donc il faut changer l'image de notre métier, pour expliquer aux femmes qu'elles y ont toute leur place.
05:50 Ah oui, vous lancez une campagne de recrutement chez la manœuvre féminine.
05:54 Absolument. Énormément de postes peuvent être tenus, et d'excellente façon, par du personnel féminin.
05:59 Et d'ailleurs, sur les Jeux olympiques, ne serait-ce que pour les palpations de sécurité, vous aurez besoin d'effectifs féminins extrêmement importants.
06:05 Or, ça n'est pas forcément spontané, et ce n'est pas l'image que nous avons dans le grand public.
06:10 Merci beaucoup Pierre Brageux, président de Torane France, entreprise de sécurité, et ancien candidat à la présidence du MEDEF.
06:16 Merci d'être venu sur CNews.
06:18 Merci à vous.
06:20 [Musique]
06:23 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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