Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.
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00:00 Les délais de paiement s'allongent pour les entreprises qui souffrent de leur trésorerie,
00:04 qui sont parfois même à sec, on va en parler avec URFER,
00:07 URFER, le cabinet spécialisé dans le recouvrement de créances.
00:10 Merci Franck Alhally d'être avec nous.
00:12 Merci à vous.
00:12 Les exemples ne manquent pas, les entreprises ont de plus en plus de difficultés,
00:15 on voit avec le groupe Koukaï qui est en redressement judiciaire.
00:18 Alors j'aimerais savoir comment aujourd'hui fait-on pour s'en sortir
00:23 quand on a une PME qui n'a plus d'argent dans les caisses ?
00:26 Les impayés ont toujours existé,
00:28 moi ça va faire 32 ans que je travaille dans le métier,
00:30 dont 17 ans rien que chez URFER,
00:32 ça a toujours été un gros problème et je vais vous dire,
00:35 je n'ai jamais connu de période de baisse,
00:38 peut-être l'année 2020 de Covid où plus personne ne facturait ou ne relançait.
00:42 Donc ce n'est pas un phénomène nouveau, mais qui s'aggrave.
00:46 Ce n'est pas un phénomène nouveau, mais qui s'aggrave effectivement.
00:48 Aujourd'hui, je dis attention puisque le rapport de l'Observatoire des délais de paiement,
00:53 déjà à fin 2021, calé sur les bilans de 2021,
00:56 annonçait des délais qui s'allongeaient,
00:58 et notamment les grosses entreprises qui ne payent pas.
01:01 D'ailleurs, ce même observatoire disait que les petites entreprises
01:04 étaient celles qui étaient tributaires de la situation
01:06 et que si les grosses entreprises payaient en temps et en heure,
01:10 c'était 12 milliards réinjectés dans le circuit,
01:13 4 milliards pour les ETI,
01:15 et par contre les grosses entreprises perdaient elles 9 milliards de trésorerie.
01:19 Donc 9 milliards à taux zéro,
01:21 quand on voit les taux de la banque aujourd'hui pour les prêts, c'est énorme.
01:24 Et puis c'est un phénomène de casse-case,
01:25 s'il y a l'un ne paye pas, l'autre est victime,
01:27 c'est un peu le domino comme vous dites.
01:28 Oui, c'est effectivement l'effet de domino.
01:30 D'ailleurs, notre plaquette commerciale montre des personnes
01:33 qui tombent les unes sur les autres des ordres d'affaires.
01:35 C'est responsable, le défaut de paiement est responsable
01:37 de 25% des défaillances d'entreprises.
01:39 Mais c'est ce qui explique aujourd'hui cette grande difficulté des entreprises.
01:42 On le voit avec KUKA, il y a Mineli, il y a NafNaf, il y a Pinky.
01:46 Enfin, c'est incroyable de voir le nombre d'entreprises en redressement judiciaire.
01:50 C'est inquiétant quand même.
01:51 Ces grosses entreprises que vous citez, effectivement,
01:54 c'est un fait assez nouveau puisque d'habitude,
01:55 on avait plus tendance, nous, à avoir des dossiers
01:59 qui finissaient par tomber en procédure collective sur des PME,
02:02 je ne sais pas, de 15 à une centaine de personnes.
02:04 Et là, ces derniers temps, l'actualité énergétique,
02:07 l'augmentation des factures, la pénurie de main-d'œuvre
02:12 et la rareté des matières et le renchérissement des matières
02:15 fait qu'effectivement, les gros groupes sont touchés.
02:17 Et ça, c'est un fait nouveau et inquiétant.
02:19 Donc, le recouvrement de créances joue son rôle.
02:21 Ça évite en fait à l'entreprise de le faire.
02:22 Elle passe par vous. Vous êtes finalement un délégué pour récupérer l'argent.
02:26 Mais est-ce que ça marche ?
02:27 Ça marche très bien puisqu'en fait,
02:29 on fonctionne un petit peu comme un médiateur privé, si je puis dire.
02:33 Une entreprise fait ses relances, bien sûr.
02:34 En fait, on fait le même travail que nos clients le font,
02:37 mais on le fait peut-être de manière plus organisée, plus régulière.
02:40 Après plusieurs relances,
02:41 rien ne sert de faire d'autres relances amiables
02:44 ou alors il faut aller en judiciaire.
02:45 Mais quand on va en judiciaire, compte tenu des frais d'avocat judicier,
02:48 il y a une coupure nette et la merde n'est plus possible.
02:50 Nous, nous avons l'habitude de faire en sorte que la relation commerciale
02:54 entre nos clients et nos débiteurs perdure.
02:56 Et ça marche puisque parfois même les débiteurs reviennent vers nous
02:59 et deviennent clients à leur tour.
03:00 Alors, les entreprises qui nous regardent, les artisans, les PME,
03:04 savent que la facture électronique va arriver.
03:06 Elle est obligatoire.
03:07 Ça va changer quoi ?
03:09 La facture électronique, effectivement,
03:10 elle est déjà en place pour les entreprises.
03:12 Elle va être obligatoire.
03:13 Elle va être obligatoire.
03:14 Donc, en 2025, 2026, c'est pour les grosses entreprises.
03:18 2025, les ETI et 2026, les petites entreprises.
03:22 Et obligation de payer là ce coup-ci ?
03:24 On n'y échappe pas.
03:25 Non, je ne dis pas ça.
03:26 En fait, la facture électronique, ça va être un confort
03:28 pour un trésorier ou un DAF,
03:29 puisqu'il aura sur un outil toutes ces factures à payer.
03:33 De jeunes startups, d'ailleurs,
03:34 parlent de mettre des programmateurs de paiement à date, etc.
03:37 Il y aura un bouton, il suffira de cliquer pour être payé.
03:39 Mais est-ce que les entreprises...
03:40 Il suffira de cliquer, mais je ne pense pas que ça changera le jeu.
03:43 Au contraire, je vois d'autres problèmes parce qu'au même titre,
03:45 on n'est pas obligé de cliquer sur le bouton "Payer"
03:49 ou de faire un chèque, c'est la même chose.
03:51 Un mauvais payeur, vous savez, quand on ne paye pas une facture
03:53 avec 30, 60, 90 jours, voire parfois 180 jours de retard,
03:56 c'est un acte de gestion volontaire pour avoir du cash gratuitement.
04:00 Ce n'est pas un oubli.
04:01 C'est ça. Mais enfin, il paye les salaires, heureusement.
04:02 Il faut l'espérer.
04:04 Dernière partie, les entreprises accumulent des soucis.
04:07 On ne peut pas le nier.
04:08 Oui, effectivement.
04:09 Aujourd'hui, on rencontre d'abord les débiteurs
04:13 que nous rencontrons chez nous rue de la Justice.
04:14 On a l'habitude de les rencontrer.
04:15 On va même les voir chez eux sur rendez-vous.
04:18 On essaie de trouver des solutions amiables.
04:20 Ils nous parlent de leurs problèmes.
04:21 Donc, on met des échéanciers en place qui est assez nouveau pour nous
04:25 en quantité, en proportion.
04:28 Les clients aussi sont inquiets parce que main d'œuvre qui coûte plus cher,
04:32 matières premières, la trésorerie des entreprises baisse.
04:35 Et le BTP est concerné aussi avec les matières premières qui augmentent.
04:38 Le BTP, c'est le second secteur le plus touché puisque cette année,
04:42 sur à peu près 42 500 dépôts de bilan, on a eu les chiffres à fin 2021,
04:46 c'est 25 % des entreprises qui déposent.
04:49 Et tous secteurs confondus, maçonnerie, secondes œuvres, énergie renouvelable.
04:52 Ils sont obligés de refaire sans cesse les devis parce que les prix évoluent très vite.
04:55 On le voit avec l'acier, le zinc.
04:57 Quand ils ont la chance de pouvoir les refaire,
04:58 mais certains perdent même des marchés pourtant qu'ils avaient signé,
05:01 mais n'ont pas la main d'œuvre et les matières pour pouvoir le faire.
05:04 Et ils perdent de l'argent s'ils ne bougent pas les devis.
05:06 Exactement.
05:07 Voilà, très bien.
05:07 Merci beaucoup, Franck Alali, expert en recouvrement de créances.
05:11 Vous nous parliez de ces délais de paiement et des grandes difficultés
05:13 des entreprises et des PME en France.
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