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Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.

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00:00 Peut-être allez-vous changer de lunettes ? Bonne nouvelle, les prix vont baisser.
00:03 On en parle avec Eric Pla, le président d'Atoll,
00:06 connu marque de lunettes, de magasins d'optique.
00:09 Alors c'est vrai que ça se calme, pourquoi ?
00:11 Le prix du verre, lui, déjà baisse.
00:13 Alors sous la pression de la concurrence,
00:16 sous la pression des complémentaires santé,
00:18 eh bien le prix des lunettes s'errode un petit peu
00:22 et ce qui en période d'inflation est une bonne nouvelle pour le consommateur,
00:25 moins bonne pour nous en tant que professionnels.
00:28 Ça veut dire que vos marges vont s'éroder, vont baisser ?
00:30 Pas forcément les marges, mais en tous les cas,
00:32 le chiffre d'affaires pourrait s'éroder si on continuait sur cette lancée,
00:37 ce qui peut être inquiétant pour nous,
00:38 mais ce qui est bon signe pour les consommateurs français.
00:40 Les opticiens se rattrapent toujours sur la monture en général, non ?
00:43 On a tendance à vous forcer un peu la main sur le prix des montures ?
00:46 Les opticiens se rattrapent en fait sur le prix de la deuxième paire.
00:51 C'est-à-dire que l'opticien va proposer une première paire pour corriger la vue
00:55 et va proposer une deuxième paire pour compléter la première,
00:58 par exemple pour faire du sport,
00:59 enfin en tous les cas c'est ce que nous faisons chez Atoll,
01:01 proposer une deuxième paire par exemple pour la natation,
01:05 une deuxième paire pour lire au lit,
01:07 donc on va multiplier les équipements pour aider nos clients.
01:12 Et est-ce que ce ne sont pas les mutuelles qui font les plus gros efforts ?
01:14 Parce que quand on achète une paire de lunettes pour la vue, j'entends,
01:17 le problème c'est que c'est la mutuelle qui paye la plus grosse part
01:21 et souvent on fait des calculs avec...
01:23 Ce n'est pas la mutuelle, c'est chaque Français sur sa fiche de paye
01:26 qui est prélevée d'un montant pour sa complémentaire santé
01:31 et ensuite la complémentaire santé va reverser, il y a une mutualisation,
01:35 elle va reverser ce qui est prélevé sur la fiche de paye de chaque Français,
01:39 c'est la raison pour laquelle il tient tant à faire fonctionner sa mutuelle
01:43 parce que c'est lui qui la paye, il ne faut jamais oublier ça.
01:44 Mais tout dépend de la mutuelle, il y en a qui remboursent mieux que d'autres.
01:47 Alors il y en a certainement qui remboursent mieux que d'autres,
01:49 ce que l'on peut observer aujourd'hui,
01:51 c'est que le prix des mutuelles sur la fiche de paye des Français augmente
01:54 et les remboursements baissent.
01:55 Alors Atoll, c'est une coopérative, c'est-à-dire qu'en fait,
01:58 ils sont tous indépendants mais ils reversent au pot commun les résultats.
02:02 Oui, un opticien Atoll, il est à la fois propriétaire de son magasin
02:06 et propriétaire de son enseigne.
02:07 Moi, je ne suis qu'un représentant de mes confrères opticiens Atoll
02:12 et l'avantage, c'est que toute la richesse produite par les opticiens,
02:16 elle est reversée aux opticiens.
02:17 C'est un secteur qui a traversé difficilement la crise,
02:19 est-ce que vous étiez sous pression comme les autres commerçants ?
02:22 Je pense que nous, au contraire, on a bénéficié de ce qui s'est passé
02:25 parce que les Français sont restés chez eux,
02:28 ils ont utilisé les écrans de plus en plus.
02:30 Aujourd'hui, le télétravail représente une part importante
02:33 du temps de travail de chaque salarié,
02:35 si bien que les yeux ont souffert.
02:37 Et donc, la lunette est vraiment perçue comme un produit essentiel.
02:42 Vous diriez que la crise et le Covid ont accéléré la baisse de la vue ?
02:47 En tous les cas, ça révèle les défauts de la vue.
02:49 On n'a pas de démonstration scientifique qui montre
02:52 que les écrans abîment les yeux.
02:54 En revanche, si vous avez un défaut visuel que vous réussissez
02:57 à compenser de vous-même avec votre vue, avec votre œil,
03:01 qui est comme un appareil photo,
03:02 eh bien les écrans, eux, vont révéler ces problèmes
03:06 et il va falloir utiliser des lunettes.
03:08 C'est un marché qui est très concurrentiel,
03:09 il y a beaucoup de marques qui existent, d'opticiens.
03:13 Comment faites-vous ? Parce qu'elles viennent d'où ces montures ?
03:16 Les montures, elles, globalement, elles ne viennent quasiment pas de France,
03:20 sauf celles que je porte sur les yeux.
03:23 Elles sont à l'origine de France garantie,
03:25 la monture comme les verres.
03:26 Nous nous sommes engagés là-dessus.
03:28 Vous faites travailler des fabricants, des artisans français,
03:30 ils sont dans le Jura, si je me doute.
03:31 Ils sont à Huyenax, dans le Jura,
03:33 et un peu répartis sur tout le territoire français pour les verres de lunettes.
03:36 Et du coup, c'est un secteur qui fonctionne bien,
03:38 ils cherchent de la manœuvre,
03:40 là aussi on peut dire qu'il y a une pénurie dans ce secteur.
03:42 Nous, chez Atoll, on recherche quasiment en permanence depuis deux ans
03:45 200 opticiens diplômés,
03:47 on a du mal à les recruter,
03:49 et évidemment, je le dis à l'antenne,
03:53 les salaires sont de plus en plus attractifs dans notre secteur.
03:56 C'est-à-dire, on peut gagner bien sa vie ?
03:58 On peut gagner correctement sa vie,
04:00 en tous les cas bien mieux qu'il y a deux ans.
04:02 Dites-le, combien ?
04:03 Parce que ça peut être intéressant pour ceux qui le viennent.
04:04 Aujourd'hui, un opticien diplômé qui a un BTS,
04:08 donc un Bac +2,
04:10 va gagner en moyenne 2000 euros net par mois.
04:13 Et s'il réussit à se spécialiser dans différents domaines,
04:17 s'il prend des responsabilités,
04:19 sa rémunération peut monter à 3000, 3500 euros.
04:22 D'accord, mais lui, il est employé du magasin ?
04:24 Lui, il est employé du magasin.
04:26 On recherche aussi des opticiens qui voudraient basculer à l'Enseigne Atoll,
04:30 qui deviendront actionnaires de l'Enseigne Atoll
04:32 sur tout le territoire français.
04:34 Alors, on a beaucoup parlé du zéro frais.
04:37 Avec la promesse du gouvernement, le reste à charge zéro.
04:40 Donc ça veut dire que ce sont des lunettes sûrement très bon marché,
04:43 mais est-ce que vous pensez que ça fonctionne, ça ?
04:45 Alors, de toute façon, ça fonctionne.
04:47 Toutes les lunettes que nous vendons fonctionnent toutes.
04:49 Mais en revanche, ces lunettes-là, elles ont une empreinte carbone maximum,
04:53 puisque ce sont des lunettes qui sont vendues 35 euros TTC.
04:57 Donc ça ne rapporte rien à l'opticien.
04:59 Donc ça ne rapporte rien à l'opticien, c'est évident.
05:03 Mais surtout, l'empreinte carbone est importante.
05:06 Et pour le consommateur, ça lui donne modérément de satisfaction,
05:10 puisque ce sont des montures comme des verres,
05:12 beaucoup plus simples que ceux qu'on vend par ailleurs.
05:14 Oui, mais on sait bien qu'il y a un problème de pouvoir d'achat.
05:16 Est-ce que ça augmente, cette part de lunettes zéro dépense, zéro coût ?
05:20 Elle a augmenté en tous les cas sur trois ans,
05:22 puisqu'on est passé de zéro à en moyenne 18,5 % des lunettes vendues en volume.
05:28 En tous les cas, ce qui est menacé, c'est la lunetterie française.
05:31 Parce qu'en effet, ce 100 % santé menace la fabrication des verres ophtalmiques en France.
05:38 Et ça, c'est un vrai problème.
05:40 Merci d'être venu sur CNews.
05:42 Eric Pla, PDG de la marque Atoll, opticien. Merci.
05:47 [Musique]
05:51 [SILENCE]

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