Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.
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00:00 On va parler des commerces en France. Est-ce qu'ils sont en train de refaire leur marge, comme on les accuse ?
00:05 Avec nous, Francis Pallombi. Merci d'être avec nous. Vous êtes président de la Confédération des commerçants de France.
00:11 Indépendant.
00:12 Indépendant. Mais pourquoi ces accusations ? Bruno Le Maire a demandé un effort à tout le monde, aux commerçants, aux distributeurs, aux producteurs.
00:20 Pourquoi vous n'en faites pas suffisamment ?
00:22 Il y a un problème par rapport au coût de l'énergie, et notamment auprès des très petites entreprises que je représente.
00:29 Ce sont eux qui vous imposent des prix élevés actuellement, ou pas ? Dans le commerce en général ? Il y a alimentaire, il y a aussi des commerces, des vêtements...
00:35 Non, c'est une corrélation du distributeur, du fournisseur. Je pense qu'on est dans un maillage qui se répercute d'une manière automatique.
00:48 Bien sûr.
00:49 Les prix augmentent par rapport aux critères que nous connaissons, et automatiquement, les fournisseurs sont obligés, dans certains cas,
00:57 par rapport à l'énergie, d'augmenter leurs prix, et ça se répercute. Mais par contre, ce que je voudrais dire,
01:03 et notamment, et même auprès des grandes chaînes, mais notamment chez les indépendants,
01:08 on ne peut pas répercuter complètement, vers les consommateurs, la hausse qui s'impose au travers des difficultés actuelles.
01:17 Il faut préciser que vous représentez vos 450 000 commerçants en France, c'est ça ?
01:21 Des TPE de moins de 11 salariés.
01:23 C'est ça. Et ce sont les alimentaires, c'est aussi le commerce de vêtements...
01:27 Il y a des alimentaires qui sont affectés au niveau des boulangers, des traiteurs, des bouchers, enfin tous ceux qui utilisent de l'énergie.
01:36 Et puis, il y a aussi les non-alimentaires qui sont moins directement affectés, parce que moins énergivores, moins consommateurs d'énergie,
01:45 les non-alimentaires, chaussures, vêtements, etc.
01:48 Et pourtant, il y a eu des aides de l'État. Bruno Le Maire dit qu'il a versé des milliards pour aider les commerçants.
01:54 L'État, actuellement, essaie d'être là, mais il n'est pas suffisamment là par rapport à l'énergie.
02:01 Vous n'allez pas l'aider non plus tout le temps. Il y a un moment où il faut arrêter. Est-ce que ça met en danger vos commerces, justement, tout cela ?
02:07 Je vais vous donner un aperçu d'une marge nette, nette, nette, à la fin d'un commerçant. C'est entre 4 et 5 %.
02:15 4 et 5 %, sur un produit à 100 €, c'est seulement 4 ou 5 € ?
02:20 Entre tout a été payé, le fournisseur, la fourniture, les frais généraux, etc.
02:26 Ça veut dire que les commerçants ne gagnent plus leur vie, actuellement, s'ils n'augmentent pas les prix suffisamment ?
02:30 Non, parce que les commerçants fonctionnent suivant des coefficients multiplicateurs qui donnent le prix de vente au consommateur.
02:38 Le prix de revient de vente, c'est le port plus le produit fabriqué.
02:42 Le coefficient multiplicateur qui permet de définir le prix est à 2,5, 3,
02:49 alors que les grands distributeurs qui délocalisent, qui font fabriquer dans des pays très lointains, ont des marges de 5 à 15.
02:57 C'est à 2 % ou 5 fois plus ?
03:00 5 fois plus.
03:01 Ah oui, donc ils achètent un produit 10 € et ils leur vendent 50, c'est ça ?
03:04 Voilà.
03:05 C'est énorme. Ils sont quand même pas malheureux, les commerçants, alors.
03:07 Ils sont pas malheureux, mais il y a quand même un fonctionnement qui s'avère avoir des défaillances,
03:13 puisque vous avez vu, et je ne m'en réjouis pas, c'est pas parce que certains ne s'enseignent, capitulent, ferment, qu'on peut s'en réjouir.
03:21 Mais bon, c'est le cas de nombreuses grandes marques.
03:23 Il y a des grandes marques, et puis ça crée quand même du chômage, ça fait perdre des emplois.
03:28 Mais un commerçant peut gagner sa vie ? Vous me disiez, votre épouse, elle a été commerçante de chaussures, elle vivait à l'époque ?
03:35 Il y a quelques années, avant la grande transition du commerce, elle vivait mieux que maintenant.
03:42 Les marges étaient moins chahutées, parce qu'il y a un dumping également sur le plan de la législation commerciale concernant les promotions sans arrêt,
03:53 les soldes, on se demande si elles ont une raison d'être, étant donné que les grands pureplayers qui sont devenus et qui deviennent une concurrence très forte,
04:02 et qui ont quand même réduit l'activité et les marges des commerces physiques.
04:08 C'est ça.
04:09 Il y a le commerce physique et il y a le commerce numérique.
04:12 Et nous nous battons justement pour qu'il y ait une équité fiscale d'implantation entre le commerce physique et le commerce numérique, le grand commerce numérique.
04:22 Et du coup, les centres-villes se vident ou pas ?
04:25 Il va y avoir un repensé des zones commerciales, parce que les zones commerciales sont usées.
04:32 C'est important de repenser, de réanimer les centres-villes.
04:33 Il faut les repenser, mais il faut que le centre-ville soit protégé.
04:38 Par exemple, à Langogne, en Lauserre, à Montélimar, on a deux expériences fortes, avec succès, de coopératives, d'intérêts collectifs du centre-ville.
04:49 D'accord. Le mot de la fin, optimiste ou pessimiste ?
04:51 Plutôt optimiste.
04:52 D'accord. Très bien. Bon, on est content.
04:54 Alors Francis Pallombi, merci infiniment d'être venu sur CNews.
04:56 Restez avec nous.
04:58 [Musique]
05:01 [SILENCE]