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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce jeudi, il s'intéresse à l'adoption du texte du groupe LIOT en commission mais sans l'article clé d'une proposition de loi abrogeant le recul de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.

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Transcription
00:00 - Grâce à l'édito politique sur Europe 1 avec le Figaro, bonjour Alexis Brazet. - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 - Alors hier la fameuse proposition de loi du groupe Liott visant à abroger la réforme des retraites a été
00:09 torpillée par la commission des affaires sociales de l'Assemblée.
00:12 Alexis, si on comprend bien, ça veut dire que le gouvernement a gagné la partie
00:16 et que la réforme après des mois de psychodrame va pouvoir entrer en application ?
00:20 - Alors vous avez raison Dimitri, bien raison de dire si l'on comprend bien.
00:24 Parce que ces questions de procédure parlementaire sont atrocement compliquées, il faut le dire, c'est un gratte.
00:30 Comme on dit au Figaro saumon, c'est un débat pour adultes consentants.
00:33 Je vais quand même essayer, je dis bien essayer, de clarifier les choses pour nos auditeurs.
00:37 Donc oui, c'est vrai, sauf imment surprise, la retraite à 64 ans s'appliquera bien.
00:42 Car les députés macronistes de la commission des affaires sociales,
00:45 appuyés par les LR, dont la délégation avait été opportunément composée, les députés macronistes donc ont
00:53 supprimé d'une courte tête, par 38 voix contre 34,
00:57 l'article 1 de la proposition Lyotte dont l'objectif était d'abroger la réforme.
01:01 Est-ce que je me fais bien comprendre ? Ils ont supprimé la suppression, donc la réforme continue. Mais l'histoire n'est pas finie.
01:08 Le 8 juin, lorsque la proposition viendra en séance publique, les députés Lyotte et leurs alliés de gauche vont très probablement
01:15 tenter de réintroduire la fameuse abrogation dans leur proposition de loi, mais cette fois sous forme d'amendement.
01:21 Or, et c'est là le nœud de toute l'affaire, une disposition constitutionnelle,
01:26 l'article 40 de notre loi fondamentale,
01:28 permet à la présidente de l'assemblée de déclarer un amendement
01:32 irrecevable au motif, et là je cite la constitution,
01:35 qu'il aggrave une charge, une dépense, ou qu'il diminue une ressource, une recette, de l'État. Et en l'espèce c'est évidemment le cas.
01:43 Si la réforme des retraites est abrogée, ce sont des milliards d'économies qui ne seront pas faites et donc qui vont manquer à notre budget.
01:49 Donc le plus probable est que le 8 juin ou la veille, Yael Brown-Pivet, la présidente de l'assemblée,
01:55 elle nous le dira peut-être tout à l'heure, puisque celui-là la reçoit, le plus probable c'est qu'elle réunisse le bureau de la dite assemblée,
02:01 qui prononcera l'irrecevabilité financière de l'amendement, et la réforme cette fois sera définitivement sauvée.
02:08 - Alors merci pour l'effort de clarté Alexis, mais alors cette perspective finalement fait bondir les oppositions,
02:14 du Rassemblement National jusqu'à la NUPES et Jean-Luc Mélenchon, une fois encore, hurle au rapte démocratique.
02:19 - Ah mais juridiquement ils ont tort, l'article 40 est sans équivoque, en droit la majorité est absolument fondée à invoquer l'irrecevabilité.
02:27 Politiquement il est vrai, après le 47.1, après le 49.3, l'article 40 ça commence à faire beaucoup,
02:34 sur la forme, parce que avant de siffler "in extremis" la fin du match, le camp Macron et le président lui-même,
02:41 qui expliquait il y a peu au journal l'Opinion qu'il fallait avoir le courage d'aller au bout du débat,
02:44 le camp Macron fait traîner les choses avec un amateurisme assez confondant.
02:49 Et sur le fond, parce que cet article 40, il faut le dire, généralement appliqué beaucoup plus souplement,
02:54 revient à faire des parlementaires des élus sous tutelle,
02:58 interdit de carnet de chèque, tandis que l'exécutif aurait lui le droit de contracter des dettes à tir l'arrigo,
03:03 ce qui est reconnaissablement assez discutable.
03:06 - Alors en total vous voulez dire Alexis que le recours à l'article 40 aurait pu être évité ?
03:12 - Non, non, malheureusement non, au point où on a été les choses, il n'y avait plus d'autres solutions.
03:15 - Vous imaginez un vote à l'Assemblée, le seul vote à l'Assemblée, pour abroger la réforme des retraites ?
03:20 Alors bien sûr l'affaire se serait arrêtée au Sénat, mais vous voyez le désastre symbolique,
03:24 politique et sans doute financier, alors que nous sommes sous l'œil des agences de notation, mais c'est impensable !
03:30 Alors évidemment, pour l'exécutif c'est un mauvais moment à passer,
03:34 évidemment les vieux procès en autoritarisme vont revenir au galop,
03:38 mais le gouvernement a sauvé sa peau dans la jungle, terrible jungle, de la procédure parlementaire.
03:44 - Le Lyott est mort hier soir.
03:46 - Bravo Alexis Brézé, merci beaucoup.