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00:00 L'invité éco, Emmanuel Cuny.
00:04 Bonsoir à tous.
00:05 Le chômage en France est au plus bas depuis plus de 40 ans, au premier trimestre précisément
00:10 de cette année.
00:11 Eh bien le taux de chômage est resté stable à 7,1% de la population active.
00:16 C'est du jamais vu depuis 1982.
00:19 Bonsoir Alexandre Viros.
00:20 Bonsoir Emmanuel Cuny.
00:21 Vous êtes président en France d'Adéco Group.
00:24 C'est un des leaders du travail d'intérim.
00:28 Nous allons voir quel est l'impact de ce chiffre précis du chômage sur votre activité.
00:33 Mais tout d'abord votre regard sur ce chiffre des demandeurs d'emploi.
00:37 Comment s'explique-t-il ce bon niveau, on va dire, entre guillemets, et est-ce que la
00:40 situation est durable ?
00:41 D'abord, comme vous l'avez dit, c'est un record.
00:44 Deuxièmement, je pense qu'il faut le souligner, c'est aussi un paradoxe parce qu'il y a une
00:48 forme de ralentissement de l'économie qu'on craignait.
00:49 En même temps, on voit que la dynamique d'emploi est positive.
00:52 Moi, je me l'explique en disant d'abord, les métiers d'aujourd'hui ne sont pas encore
00:57 les métiers d'hier et on doit déjà commencer à pourvoir les métiers de demain.
01:01 Prenons l'automobile, vous avez les métiers du moteur thermique, ils existent encore,
01:06 il faut produire.
01:07 Et puis, vous avez déjà les moteurs électriques qu'il faut aussi commencer à produire.
01:12 Donc ça, ça explique le fait qu'il y ait une dynamique d'emploi qui soit positive.
01:15 Deuxième phénomène, c'est que vous avez des régions, des territoires où le taux
01:20 de chômage est extrêmement bas et où il y a encore de la demande.
01:23 Et puis, vous avez encore des zones où il reste élevé.
01:25 Par exemple, vous ne pouvez pas demander tout simplement à des gens du Nord d'aller vers
01:29 la Vendée ou la Veyron.
01:30 C'est un petit peu ça qui explique ces paradoxes autour d'un niveau de chômage qui continue
01:34 de baisser, de baisser, qui s'est stabilisé, mais qui a baissé très fortement.
01:38 7,1% de la population active exactement au premier trimestre, au sens du Bureau international
01:42 du travail.
01:43 C'est la référence qui fait fois après l'INSEE.
01:45 Est-ce qu'on peut parler vraiment de plein emploi ?
01:47 Alors déjà, très rapidement, est-ce que vous pouvez nous définir ce qu'est le plein
01:51 emploi qu'on invoque beaucoup et très souvent ?
01:52 Oui, le plein emploi, si vous voulez, c'est le niveau d'emploi où on considère que
01:56 quelque part, l'ensemble des demandes sont couvertes par les offres et vice versa.
01:59 Donc, ça veut dire que c'est le seuil au-delà duquel vous considérez que c'est incompressible.
02:03 Quand on veut être sophistiqué, on dit que c'est frictionnel.
02:06 Alors, ça dépend des situations.
02:08 En Suisse, par exemple, il est déjà à 2%.
02:11 Le chômage frictionnel, c'est en fait le délai qu'un demandeur d'emploi met à
02:15 retrouver un contrat de prênement.
02:16 Exactement.
02:17 Et donc, ça veut dire que là, on n'y est pas encore.
02:19 Là, il faut se méfier des chiffres.
02:21 Est-ce que c'est 5%, 4% ?
02:22 Mais enfin, c'est vers ça qu'il faudrait que l'on aille.
02:26 Donc, on n'y est pas encore.
02:27 On n'y est pas encore parce qu'il y a encore des zones, tout simplement, où le
02:30 niveau de chômage est trop élevé.
02:32 Il y a quand même un paradoxe, Alexandre Viros, président de France d'Adéco.
02:36 Président de France d'Adéco Group, précisément.
02:38 Ce sont les entreprises qui n'arrivent pas à embaucher les bons candidats bien formés.
02:44 C'est un grand paradoxe.
02:45 Comment on l'explique ?
02:46 Oui, et d'ailleurs, je voudrais juste préciser, parce que vous dites Adéco, leader de l'intérim,
02:49 mais on fait beaucoup plus que de l'intérim et ça va répondre à votre question, parce
02:52 que vous faites de l'intérim, bien entendu.
02:53 On fait aussi beaucoup de formation et c'est très important, la formation, parce que c'est
02:57 ça qui permet de franchir quelque part d'une rive de l'emploi ou du secteur vers une
03:02 autre.
03:03 Donc, ça, c'est extrêmement important.
03:04 On est le cinquième organisme de formation privée en France.
03:07 Mais pourquoi les entreprises ne trouvent pas chaussure à leurs pieds quand elles veulent
03:10 recruter ?
03:11 Plusieurs choses.
03:12 Je pense que c'est un petit peu un déficit de formation et donc ça, il faut changer
03:16 d'approche.
03:17 Deuxièmement, je pense que chez, dans les entreprises, il y a parfois une forme de conservatisme
03:23 dans les ressources humaines.
03:24 Moi, je dis souvent, les ressources humaines ne doivent pas s'arrêter à la fiche de
03:26 poste ou s'arrêter à la fiche de paie.
03:28 Il faut proposer d'autres valeurs.
03:29 Il faut proposer.
03:30 Nous, on est très promoteur de ce que l'on appelle les soft skills.
03:34 En gros, c'est en anglais, c'est-à-dire c'est les compétences socio-comportementales.
03:38 C'est est-ce que vous êtes curieux ? Est-ce que vous avez des qualités relationnelles ?
03:40 Est-ce que ce qui vous intéresse, c'est le travail bien fait ? Plutôt que, excusez-moi,
03:43 le diplôme ou la certification.
03:45 Je pense que c'est le pays du diplôme.
03:47 Donc, en gros, vous avez commencé, vous avez le bon diplôme, ça vous suit toute votre
03:50 vie, un peu comme une franchise.
03:51 Vous parliez de Zelda tout à l'heure.
03:52 C'est une franchise, vous l'exploitez toute votre vie.
03:53 Vous n'avez pas le bon diplôme, pas de bol, et bien vous êtes condamné toute votre
03:56 vie.
03:57 Donc ça, ça n'aide pas les gens, les principaux concernés.
03:59 Ça n'aide pas les entreprises à recruter.
04:00 Il faut augmenter les salaires aussi, mais ça, c'est un autre débat très important.
04:03 Concrètement, Alexandre Viros, l'activité de l'intérim aujourd'hui et notamment l'impact
04:08 de ces chiffres du chômage sur Adéco Group, quel est-il ?
04:11 Donc, on fait le secteur, on va parler d'Adéco, mais avant ça, le secteur très rapidement.
04:17 Le secteur a été très légèrement en baisse sur ce premier trimestre, sans doute s'expliquant
04:22 par le fait que les recruteurs passent directement au CDI plutôt que par l'intérim.
04:26 Mais l'intérêt et le paradoxe, c'est que d'habitude, dans ces moments-là, vous
04:29 devriez avoir une baisse plus importante de l'intérim.
04:30 Ça n'a pas été le cas.
04:31 Donc, en fait, l'intérim résiste.
04:33 Dans cet environnement, le groupe Adéco a mieux résisté que ses concurrents.
04:39 Pourquoi ?
04:40 Parce qu'on a plusieurs dispositifs, je dirais, à notre disposition.
04:45 Il y a l'intérim, mais on fait aussi ce qu'on appelle du CDI intérimaire.
04:48 Ça veut dire qu'on recrute des gens en CDI.
04:49 Je ne vais pas être trop technique, mais on les recrute en CDI.
04:51 Le CDI intérimaire, c'est un peu paradoxal.
04:53 Oui, c'est paradoxal et c'est bien comme ça parce que ça veut dire qu'on recrute
04:56 les gens en CDI, mais les entreprises qui ont besoin simplement de flexibilité à un
04:59 moment pour une saison, pour un flux, peuvent le recruter, peuvent avoir une utilisation
05:03 de cette personne pendant, pour une période qui correspond à l'intérim.
05:06 Donc, on a beaucoup de dispositifs autour de cela.
05:08 Et ça, ça marche.
05:09 Le Pôle emploi va devenir bientôt France Travail.
05:12 Qu'est-ce que ça va changer sur le fond ?
05:13 Ce que ça change, en fait, il ne faut pas que ce soit simplement un changement d'acronyme
05:17 parce que sinon, ça n'aurait pas de sens.
05:18 Je pense qu'il faut voir ce qui en sortira concrètement.
05:22 Mais si on est dans une logique à laquelle je crois beaucoup, qui est une logique de
05:25 partenariat public-privé ou les opérateurs privés d'emploi, tel que le groupe Adeco,
05:30 qui fait aussi, qui intervient aussi en technologie, ça, on ne le sait pas assez, a son rôle
05:34 à jouer aux côtés de Pôle emploi.
05:36 Ça, ça change la donne.
05:37 Je vais vous donner une illustration.
05:39 Récemment, nous avons fait un partenariat avec Pôle emploi où les bases se parlent
05:43 entre elles.
05:44 Ça veut dire qu'on peut aller aider les demandeurs d'emploi à trouver un métier
05:48 de manière beaucoup plus rapide qu'auparavant, parce que ce n'était pas le cas.
05:50 Notamment les seniors, parce que le travail des seniors, c'est un vrai sujet.
05:54 56% des personnes de 55 à 64 ans sont en emploi et les autres sont soit au chômage,
06:00 soit en pré-retraite.
06:01 Oui, parce qu'en fait, si vous voulez, alors là, les seniors, la France est quand même
06:03 le mauvais élève de l'Europe, même si c'est mieux qu'avant sur les seniors.
06:07 Pourquoi ?
06:08 D'abord, c'est culturel et c'est le résultat d'un choix politique.
06:12 Le choix politique, c'était finalement de traiter l'emploi des seniors comme la
06:15 sortie des seniors de l'emploi.
06:17 L'intérim, c'est une solution pour les seniors.
06:20 L'intérim est une solution et je pense, pour dire les choses honnêtement, ça n'a
06:23 pas été assez vu comme ça.
06:24 Ça a été une excellente solution pour les jeunes.
06:26 40% des intérimaires ont moins de 26 ans.
06:28 Je pense qu'il n'y a pas assez de seniors.
06:30 Et je vous l'annonce aujourd'hui, j'ai décidé que mon groupe augmenterait de 20%
06:35 le nombre de seniors que nous mettons au travail.
06:38 Rappelez-vous, le groupe Adéco en France met 500 000 personnes à l'emploi chaque
06:42 année.
06:43 Donc si on prend le nombre de personnes mises à l'emploi via le groupe Adéco, c'est
06:45 le premier employeur privé de France.
06:47 Donc nous, on va décider que sur la part des seniors, on va l'augmenter de 20% cette
06:52 année.
06:53 Et ça, c'est important.
06:54 Le sommet Choose France vient de se tenir avec des centaines de patrons réunis par
06:57 le président de la République Emmanuel Macron à Versailles.
07:00 Vous allez rebondir sur cet événement, la réindustrialisation de la France.
07:05 Vous y croyez ?
07:06 D'abord j'y crois et on va être acteur de la réindustrialisation.
07:09 On l'a annoncé à Choose France.
07:11 On va former, on parlait de formation tout à l'heure, 50 000 personnes.
07:15 On va former 50 000 personnes.
07:16 C'est intéressant parce que parfois les gens disent "oui mais les autres font de
07:18 l'investissement dans l'industrie".
07:20 La formation, c'est un investissement, c'est pas un coût.
07:23 Merci beaucoup pour ce témoignage et ces annonces.
07:25 Ce soir sur France Info, Alexandre Viros, président de l'adéco-groupe.

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