• l’année dernière
Parlons Vrai chez Bourdin avec François Ruffin, député LFI de la Somme.

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##LA_CONFRONTATION-2023-05-11##

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Transcription
00:00 - Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30/12h30, Jean-Jacques Bourdin.
00:06 - Il est 11h03, vous savez que tous les jeudis, nous consacrons cette heure, entre 11h et 12h, à la politique.
00:13 Alors tous les jeudis, des députés, des sénateurs de tous bords viennent débattre sur l'actualité politique,
00:18 l'actualité sociale, l'actualité internationale, etc.
00:21 Mais aujourd'hui, c'est un peu spécial, puisque nous recevons seul François Ruffin, député LFI de la Somme.
00:28 François Ruffin, bonjour. - Bonjour.
00:29 - Merci d'être avec nous, d'avoir accepté notre invitation. - Merci François.
00:33 - Et merci de répondre aussi aux questions de nos auditeurs 0826 300 300.
00:37 Je sais qu'il y en a déjà pas mal, questions variées.
00:41 Nous allons prendre ces auditeurs dans un instant.
00:44 Je vais vous faire réagir à l'actualité, François Ruffin, mais je voudrais simplement vous faire réagir tout de suite.
00:50 Je vais rentrer dans le vif du sujet, vous me connaissez.
00:53 François Eprès, en avance, c'est pas moi qui l'ai tweeté, c'est Jean-Luc Mélenchon qui a tweeté récemment.
00:59 Alors, est-ce, à vos yeux, de l'ironie, de la flatterie ?
01:03 Est-ce très mitterrandien ? Est-ce que vous vous seriez bien passé de ce tweet ?
01:07 Ou est-ce que c'est une amitié feinte, ou est-ce que c'est une réelle amitié ?
01:13 - En tout cas, je le prends. Voilà, je pense que c'est pas le moment.
01:17 Je pense que les Français ont bien autre chose dans leur tête.
01:19 Les questions d'inflation, les questions de retraite, les questions de travail.
01:23 Il y a bien d'autres choses à discuter de qui va être candidat en 2027 et dans cette course à l'échalote là.
01:28 Mais bon, voilà, je prends. Moi, je ne suis pas prêt, je me prépare.
01:33 Je me prépare à être une carte sur la table possible pour ça, mais pas dans la solitude.
01:40 Vous savez, je pense que quand on regarde ce que fait Macron, il y a un grand sentiment de solitude.
01:45 Que c'est un homme tout seul qui décide pour le reste du pays, voire contre le reste du pays.
01:50 Et qu'il est temps de sortir de cet isolement-là et de construire une équipe dont on a le sentiment que ça respire, que voilà.
01:58 - Bon, je ne vais pas m'attarder. Nous y reviendrons à travers des questions d'auditeurs.
02:02 Il y a une question d'auditeurs qui concerne votre possible candidature en 2027.
02:07 Est-ce que c'est possible ?
02:10 - Oui, c'est possible. Vous savez, vous m'avez bien rendu dans la mandature précédente.
02:14 Et j'ai dit que si le drapeau était à terre, je me porterais pour le ramasser.
02:20 Je peux dire la même chose aujourd'hui.
02:21 Bon, voilà, je pense qu'il faut qu'il y ait différentes cartes sur la table qui existent pour la gauche,
02:26 pour faire vivre notre sensibilité, pour apporter des solutions aux Français.
02:30 Et je prétends, oui, être l'un de ces visages qui peut porter ça.
02:34 Mais encore une fois, il n'y a pas d'hommes ou de femmes providentielles maintenant.
02:37 - C'est ce que vous dites dans votre blog, d'ailleurs.
02:39 - Mais même, vous savez, il nous faut 65 millions d'hommes et de femmes providentielles.
02:42 Il faut que ça soit... On a un pays qui a redressé, qui va mal.
02:45 Je veux dire, un hôpital en beau, une école qui recrute les anciennants en job dating,
02:50 le rail qui déraille. Enfin, on va revenir sur tout ça.
02:53 Les médicaments qui ne sont plus dans les pharmacies, les prix de l'électricité qui font du yo-yo.
02:57 Enfin, il ne s'agit pas de dire que tout est sombre,
03:00 parce qu'on peut avoir du bonheur privé, avoir un bon barbecue,
03:04 s'amuser avec les copains, être content de voir sa femme et ses enfants.
03:07 Il y a tout ça. Il y a le bonheur privé qui compense.
03:09 Mais dans la sphère publique, on a quand même un pays qui va mal,
03:12 après deux ans de crise Covid, de guerre en Ukraine, et ainsi de suite.
03:15 Bon, dans ce temps-là, je ne crois vraiment pas que c'est un homme avec un super cerveau
03:20 qui viendra pour apporter le bonheur à tout le pays.
03:22 - Oui, c'est une équipe que vous pourriez conduire.
03:24 J'y reviendrai, je ne vais pas insister lourdement là-dessus.
03:27 Ne vous inquiétez pas, je reposerai les questions.
03:30 Simplement, j'ai lu votre blog écrit le 6 mai, c'est pas vieux,
03:34 il y a quatre jours, publié dans tous les cas le 6 mai.
03:37 Et dans ce blog, comme si vous présentiez un programme,
03:42 et puis vous dites "j'aurai un autre ton, j'ai un autre ton,
03:46 je réfléchis au ton qu'il faut avoir", c'est ce que vous dites.
03:49 - D'abord, ça fait 23 ans que moi j'écris, et que je réfléchis,
03:54 et que je m'oppose et que je propose.
03:56 C'est une pensée qui mûrit, qui évolue.
03:59 - Mais votre pensée mûrit, justement.
04:01 - Oui, j'espère bien, j'espère que personne n'est figé dans ce qu'il pense.
04:04 Bon, donc il y a aujourd'hui le sentiment qu'il y a une raison sur le fond.
04:11 En gros, concurrence, mondialisation, compétitivité,
04:15 les gens sont fatigués de ça, et il y a une proposition qu'on a dans notre camp
04:19 de dire voilà, il faut tempérer tout ça, il faut qu'il y ait la santé,
04:23 l'éducation, qu'ils sortent de la compétitivité à tout crin.
04:26 Bon, ça c'est sur le fond.
04:27 Et après, sur le ton, quel est l'état d'esprit du pays ?
04:31 Je pense qu'on a un pays qui est fatigué.
04:33 Au fond, les gens demandent un peu qu'on leur fiche la paix.
04:36 Ce matin, je voyais des gens, je leur disais finalement,
04:38 on se demande si ça ne serait pas mieux d'être en Belgique
04:40 avec une année sans gouvernement, et juste, on nous fiche la paix.
04:45 Et je pense qu'il y a une grande, grande fatigue,
04:47 même une perte de repères.
04:49 Moi j'ai mon gamin qui va rentrer en seconde.
04:51 On ne comprend plus rien de ce qui se passe au lycée.
04:54 Le baccalauréat, comment il va être passé ?
04:56 Vous voyez, comment on rentre à l'université ?
04:58 Ne serait-ce que ces repères-là dans notre vie quotidienne presque,
05:02 ils sont en permanence bousculés, on est mis dans un tourbillon.
05:05 Je pense que face à cette très grande fatigue,
05:08 et quelque part, les retraites ont incarné ça aussi,
05:13 il y a une demande de stabilité dans le pays.
05:15 Il y a une demande d'être rassuré.
05:17 Il y a une demande...
05:18 - C'est ce que vous écrivez, c'est très intéressant d'ailleurs.
05:21 - Emmanuel Macron publie un bouquin qui s'appelait "Révolution"
05:23 avant la présidentielle de 2017.
05:26 Il disait qu'il voulait une société sans statut.
05:28 Au fond, je pense que les gens ont envie de statut.
05:32 C'est-à-dire aussi de choses qui sont solides,
05:34 des piliers qui sont ancrés dans la société
05:36 et qui proposent une stabilité.
05:38 Le fait que ça soit liquide, fluide...
05:41 - Mais ce n'est pas de la révolution, cela.
05:43 Ce n'est pas une révolution.
05:45 Comprenez François Ruffin.
05:47 Proposer la stabilité, proposer des statuts,
05:50 le maintien de statuts, proposer une sérénité,
05:54 ce n'est pas une révolution.
05:56 Aujourd'hui, le discours qui a été le discours dominant
06:00 pendant 40 ans, d'abord il est mort.
06:02 Il est mort dans la tête des gens depuis longtemps.
06:04 Concurrence, compétitivité, mondialisation,
06:07 vous dites ça aux gens, vous les faites fuir,
06:09 vous ne les attirez pas.
06:11 C'est dans le temps, le traité constituel européen 2005
06:14 a prouvé, 55% des Français, 80% des ouvriers,
06:18 un décrochage de cette idéologie-là.
06:21 Donc moi, quand j'entends Macron, Bruno Le Maire et compagnie,
06:24 j'ai l'impression, vous savez...
06:26 - Pourquoi dites-vous Macron et Bruno Le Maire ?
06:28 Pourquoi est-ce qu'on dit Macron et pourquoi est-ce qu'on...
06:30 C'est vrai ?
06:32 Pourquoi est-ce que Macron est le seul homme politique
06:34 qui est nommé sans son prénom ?
06:36 - Parce que vous savez... - Ils n'ont jamais prénommé.
06:38 - Chirac c'était pareil, Mitterrand c'était pareil.
06:41 Je pense que quand on a des gens qui sont comme ça
06:44 très présents dans l'espace public,
06:46 il y a un raccourci qui se fait et on finit par nommer
06:48 par le nom de famille et puis c'est tout.
06:50 - Mais c'est une parenthèse.
06:52 - Je ne me jaime pas le citoyen Macron...
06:54 - Non, non, non, pas monsieur.
06:56 - Ça ne me jaime pas le citoyen Macron...
06:58 - La parenthèse est refermée.
07:00 - Je les vois quelque part comme des coyotes,
07:02 vous savez, dans les dessins animés de Tex Avery,
07:04 à un moment ils continuent à courir,
07:06 il y a le vide en dessous.
07:08 Et aujourd'hui il y a un vide de leur discours.
07:10 Leur discours ne repose plus sur rien.
07:12 Il y a une lassitude des gens vis-à-vis de ça.
07:14 Donc qu'est-ce qu'on a à proposer ?
07:16 Je pense qu'il ne s'agit pas de dire qu'on va faire
07:18 une société sans concurrence.
07:20 Vous, vous êtes une radio,
07:22 vous êtes placé dans un système de concurrence.
07:24 Moi je faisais mon journal qui était dans la concurrence
07:26 et ça ne pose pas de soucis.
07:28 Mais en revanche il y a des secteurs qu'on doit sortir de la concurrence.
07:30 Je l'ai dit, l'éducation, la santé...
07:32 - Alors vous écrivez, vous écrivez,
07:34 je vous lis, des réponses se font jour,
07:36 sans rien de révolutionnaire.
07:38 C'est ça qui est un peu nouveau, me semble-t-il.
07:40 Parce que j'entends le mot révolution
07:42 employé dans votre parti sans cesse.
07:44 Sans rien de révolutionnaire.
07:46 Plutôt de décence et de bon sens.
07:48 Voilà ce que vous écrivez.
07:50 C'est un libre-échange que l'on tempère,
07:52 que l'on modère, sans autarcie aucune.
07:54 Mais avec des barrières douanières,
07:56 des taxes aux frontières, selon les industries
07:58 que l'on veut protéger ou faire renaître.
08:00 Ici, c'est un travail que l'on ne flexibilise plus,
08:02 mais à qui on offre statut
08:04 et revenu des droits associés garantis de dignité.
08:06 Ce sont des secteurs placés
08:08 hors marché, hors concurrence.
08:10 La santé, l'éducation, le logement en partie,
08:12 l'accès à l'énergie, c'est une fiscalité juste.
08:14 Bon, je m'arrête là.
08:16 Mais c'est un programme, ça.
08:18 - En tout cas, c'est des pistes,
08:20 c'est des directions. - Ce sont des pistes.
08:22 - Et c'est pas comme si j'inventais ces pistes-là le week-end dernier.
08:24 - Oui, non mais je sais.
08:26 - Ça fait 15 ans qu'en gros je les porte.
08:28 Et qu'on les a portées parfois dans une certaine solitude.
08:30 Regardez ce qui se passe là.
08:32 - Vous savez bien qu'en fonction de l'époque
08:34 et en fonction des discussions politiques,
08:36 ça prend plus ou moins de relief.
08:38 - Je le constate.
08:40 Dire que parfois,
08:42 il y a eu un chemin solitaire
08:44 qui aujourd'hui devient majoritaire.
08:46 Je pense que ce que j'énonce là,
08:48 ce sont des choses qui deviennent des évidences
08:50 pour aller 60, 70,
08:52 80% des Français qui se disent
08:54 "Bon ben, c'est du bon sens."
08:56 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le président de la République
08:58 pose la question de la réindustrialisation.
09:00 Moi, ça fait 23 ans. Vous savez que c'est le cœur
09:02 de ma bataille. - Alors, lui dit
09:04 "C'est la mer des batailles, la réindustrialisation."
09:06 - Tant mieux qu'il en arrive là.
09:08 Mais l'élite de notre pays,
09:10 qu'est-ce qu'elle a fait dans les années 80 ?
09:12 Elle a tout parayé sur la banque et les assurances
09:14 et elle s'est dit "L'industrie s'est dépassée."
09:16 Moi, quand je portais les questions de délocalisation,
09:18 on me disait "Mais on s'en fiche, c'est pas important."
09:20 Et le premier Emmanuel Macron qu'on a eu,
09:22 c'est-à-dire celui qui était au ministère de l'Économie,
09:24 il n'en avait rien à fiche
09:26 de l'industrie. Mais vraiment rien du tout.
09:28 D'ailleurs, c'est pour ça qu'il a balancé
09:30 Alstom aux Américains,
09:32 de General Electric. Donc, maintenant
09:34 qu'Emmanuel Macron vienne se repositionner
09:36 en disant "L'industrie, c'est quelque chose d'important",
09:38 je suis moins solitaire ?
09:40 Tant mieux ! Maintenant, il y a même des questions
09:42 sur lesquelles on va aller.
09:44 Mais le fait que cette renaissance de l'industrie,
09:46 on ne l'obtiendra pas sans protection douanière.
09:48 Bon, je vois hier,
09:50 imaginez, au Parlement européen,
09:52 ils ont voté
09:54 pour qu'il y ait des taxes
09:56 aux frontières de l'Union Européenne
09:58 quand ça s'appuie sur de la main-d'œuvre
10:00 qui est sous le seuil de pauvreté.
10:02 Au niveau de l'Union Européenne,
10:04 c'est un truc qui, il y a 10 ans, était fou.
10:06 - Mais tant mieux ! Vous vous réjouissez, j'imagine !
10:08 - Mais bien sûr !
10:10 Ça ne veut pas dire que ça entre dans les faits.
10:12 - Vous savez ce qu'a dit Bruno Le Maire ?
10:14 - Ça ne veut pas dire que ça entre dans les faits, M. Bondin.
10:16 Ça ne veut pas dire que ni au niveau de l'Union Européenne,
10:18 ni dans l'édition d'Emmanuel Macron,
10:20 j'ai confiance que ça se traduit dans les faits.
10:22 Mais je vois une évolution, c'est-à-dire une certaine solitude.
10:24 Parce que quand je posais la question du protectionnisme,
10:26 il y a 10 ans, j'étais un fasciste.
10:28 C'était parce que je voulais travailler
10:30 contre les ouvriers chinois
10:32 et ainsi de suite.
10:34 Je vois une évolution du discours qui, pour moi,
10:36 a son sens. Qu'est-ce que c'est notre rôle aujourd'hui ?
10:38 Je ne pense pas qu'on ait des grands changements politiques
10:40 sans qu'il y ait déjà eu des grands changements
10:42 dans les mentalités de la société.
10:44 Et je pense qu'aujourd'hui, il y a des mentalités de la société
10:46 qui sont prêtes pour qu'il y ait
10:48 des changements politiques qui soient proposés.
10:50 Je dirais des ruptures douces.
10:52 - Parmi les mesures que va annoncer Emmanuel Macron,
10:54 il y a une réforme du bonus écologique
10:56 versé aux acheteurs
10:58 de véhicules électriques pour favoriser
11:00 les modèles produits en France.
11:02 C'est-à-dire que, en fait, c'est une forme
11:04 de protectionnisme.
11:06 Bruno Le Maire ajoute
11:08 "il faut que le gouvernement soutienne
11:10 massivement son industrie
11:12 et protège son marché", un peu comme le font
11:14 les États-Unis et la Chine.
11:16 - Maintenant, il faut passer de ces paroles aux actes.
11:18 - Oui, de ces paroles aux actes. J'ai compris.
11:20 - Parce que la réunion de réunions
11:22 que souhaite
11:24 Emmanuel Macron,
11:26 je vois qu'il a fait un voyage en Chine il y a 15 jours.
11:28 - Oui. - Pas une seule fois
11:30 il a parlé de notre déficit commercial.
11:32 Pas une seule fois il allait discuter avec le chef
11:34 de l'État chinois pour se dire "voilà, sur le secteur
11:36 de médicaments, on souhaite protéger le secteur
11:38 des médicaments, non pas par hostilité
11:40 envers vous les Chinois qui avaient les points
11:42 impactifs, mais pour trouver une certaine souveraineté".
11:44 Or, à un moment, si on ne met pas cette question-là
11:46 sur la table, il n'y aura pas de réindustrialisation.
11:48 Elle ne se produira pas.
11:50 Donc il faut... Je vais prendre un exemple.
11:52 Le symbole de la crise
11:54 Covid, c'est quoi ? C'est le masque qu'on s'est
11:56 mis sur le nez pendant une année.
11:58 Bon. Emmanuel Macron
12:00 a mis des centaines de millions,
12:02 c'est vrai, pour qu'il y ait une industrie du masque
12:04 en France. Il a subventionné
12:06 une industrie du masque.
12:08 Je suis allé, moi, les rencontrer parce que j'ai
12:10 le président de la Fédération du masque français, donc un patron
12:12 qui m'a alerté en disant "voilà, on n'arrive pas
12:14 à vendre nos masques ici". Donc je suis allé visiter son
12:16 usine qui était du côté de Montpellier. Je rentre
12:18 dans la boîte et il y a l'agent de maîtrise
12:20 qui me dit "bon, on va mettre les machines en route, mais c'est vraiment
12:22 pour vous". "Ah bon ? Comment ça se fait ?" Dans la crise
12:24 du Covid, alors que les gens avaient tous un masque sur le nez.
12:26 Il me dit "ben oui, comme 99%
12:28 du marché, c'est les Chinois
12:30 qui vendent leur masque, il n'y a pas de place pour nous".
12:32 Qu'est-ce qui s'est passé ? On a mis
12:34 tous ces euros-là, des millions d'euros
12:36 pour créer des industries du masque, plus de la moitié
12:38 des usines ont fermé. Pourquoi ?
12:40 Parce que si on n'a pas une politique commerciale
12:42 qui est liée à notre politique industrielle,
12:44 on parviendra à rien. Donc il faut identifier
12:46 les secteurs qu'on veut vraiment relocaliser
12:48 et avoir une politique commerciale
12:50 qui soit liée à ça. Sachant que, je ne sais pas si
12:52 il y en aura, notre déficit commercial, c'est une
12:54 catastrophe. Bien, oui, le déficit
12:56 commercial c'est une catastrophe. Alors,
12:58 on va observer une première pause, François Ruffin.
13:00 J'avais un auditeur, je ne sais pas
13:02 si nous allons pouvoir le prendre, qui est
13:04 à Boulogne-Billancourt. Est-ce que nous allons
13:06 pouvoir le prendre après la pub ? Non, mais je vais vous poser
13:08 sa question. D'ailleurs, réfléchissez
13:10 à la question. Tiens, je vous la pose.
13:12 Beaucoup d'électeurs de la gauche sont passés chez Marine
13:14 Le Pen. Comment l'expliquez-vous et comment
13:16 les récupérer ? Vous allez répondre
13:18 juste après la pub, tout de suite.
13:20 Jean-Jacques Bourdin. Bien,
13:22 on va parler de la réforme des retraites.
13:24 Frédéric est là. Chantal aussi veut
13:26 vous interroger là-dessus. Mais
13:28 je voudrais, sur cette réforme, je voudrais
13:30 qu'on parle de...
13:32 - Mais j'avais une question à l'auditeur avant.
13:34 - Oui. - Je ne réponds pas
13:36 à la question de l'auditeur. - Ah bah si, si, vous avez raison.
13:38 François Ruffin, je l'ai oublié.
13:40 Alors, allez-y. Comment faites-vous ?
13:42 Oui, je rappelle la question.
13:44 Beaucoup d'électeurs de la gauche sont passés
13:46 chez Marine Le Pen. Comment l'expliquez-vous
13:48 et comment les récupérer ? - Bon, d'abord,
13:50 sur un territoire comme le mien,
13:52 dans le coin d'Amiens, on ne comprend rien
13:54 si on ne pose pas au cœur la question
13:56 de l'industrie et de tout ce qui s'est passé,
13:58 du choc industriel des années 80 avec la
14:00 disparition du textile en 10 ans.
14:02 Derrière, c'était la métallurgie,
14:04 avec des noms, Abélia, Paris au siège
14:06 de France, Whirlpool, Magneti, Marelli,
14:08 O'Neill et ainsi de suite. Il est évident
14:10 qu'à ce moment-là, que devait faire l'élite
14:12 et en particulier la gauche ? Son rôle
14:14 est de protéger, et de protéger
14:16 le peuple, et de protéger les classes populaires.
14:18 Mais à la place, qu'est-ce qui s'est passé dans ce temps-là ?
14:20 On a livré les ouvriers au vent
14:22 mauvais la mondialisation. - Et la gauche a échoué.
14:25 - C'est pas qu'elle a échoué, disons la vérité,
14:27 parce qu'on est là pour se dire... - Elle a trahi.
14:29 - On est là pour parler vrai ! - Pour parler vrai,
14:31 mais oui François Riffard, oui.
14:33 - Elle a abandonné sa base sociale,
14:35 et elle a organisé
14:38 cette mondialisation, cette européanisation
14:40 d'abord, la libre circulation des capitaux
14:42 et des marchandises à l'échelle du continent européen,
14:44 et y compris avec les élargissements à l'Est
14:46 qui ont fait qu'il y a plein d'usines
14:48 qui ont déménagé de chez moi pour aller en Pologne, en Slovaquie, et tout ça,
14:50 et avec, au niveau mondial,
14:52 avec des départs vers la Chine,
14:54 et on avait Pascal Lamy,
14:56 qui était un socialiste, qui était président de l'Organisation mondiale du commerce.
14:58 Donc, il y a eu
15:00 une organisation, et la gauche a été complice
15:02 de ça. Et il est évident que ça a produit
15:04 chez les gens qui étaient frappés.
15:06 Chez moi, c'est des gens qui ont été licenciés
15:08 plusieurs fois, qui sont
15:10 frappés très concrètement par cette
15:12 mondialisation-là. Si la gauche ne les
15:14 protège pas, ils vont aller chercher un autre
15:16 protecteur. - Mais alors, comment récupérer ces électeurs ?
15:18 - D'abord, avoir un discours très clair. Vous voyez que j'ai un
15:20 discours très clair sur le mal qu'a produit...
15:22 - C'est la naissance... Pardonnez-moi de vous le dire,
15:24 François Ruffin, j'ai l'impression que c'est la naissance
15:26 d'un nouveau discours. Chez vous,
15:28 vous avez évolué, vous me le disiez tout à l'heure.
15:30 Si, si, si, si, si,
15:32 si ! Non, non, non,
15:34 vous voulez pas le dire !
15:36 Vous voulez pas le dire ! Vous préparez
15:38 quelque chose, François Ruffin, évidemment !
15:40 - Je ne prépare rien du tout, je continue ce que j'ai
15:42 déclamé depuis longtemps. Vous savez, j'ai écrit un bouquin
15:44 sur le protectionnisme, ça devait être en 2008
15:46 ou 2009, donc cette question-là, ça fait
15:48 14 ans au moins que je la porte, et en vérité,
15:50 en économie mondiale, ça fait bien davantage.
15:52 Donc, en revanche, si vous voulez que je dise "j'ai changé",
15:54 "j'ai changé", comme ils disent tous,
15:56 "j'ai changé", je cherche à changer dans le ton.
15:58 Voilà, ça c'est vrai. Pour
16:00 incarner... - Pourquoi faire ? Pourquoi ?
16:02 - Pourquoi ? Parce que, je l'ai dit,
16:04 les gens sont fatigués, ils ont eu deux
16:06 ans de crise Covid, ils ont eu la guerre en Ukraine,
16:08 ils ont le sentiment que tout
16:10 se couche tout le temps. - Marine Le Pen aussi a changé dans le ton,
16:12 vous avez remarqué ? - Oui, c'est évident, et je pense
16:14 qu'il y a la nécessité d'incarner
16:16 une forme de sécurité,
16:18 de rassurer, d'être dans la stabilité,
16:20 et pas dire la polémique permanente.
16:22 - Ça veut dire attirer des électeurs ou des électrices
16:24 qui ne voteraient pas forcément pour la gauche
16:26 avec un ton
16:28 excessif, comme il est parfois employé
16:30 à l'Assemblée nationale ou ailleurs. - Oui, je
16:32 pense que c'est... On a autant sur le fond,
16:34 moi je suis solide, je suis convaincu
16:36 qu'on a un certain nombre de réponses qui sont
16:38 solides sur l'hôpital, sur le travail,
16:40 le mal-être au travail, on ne comprend pas
16:42 la France d'aujourd'hui et les classes populaires d'aujourd'hui,
16:44 si on ne place pas au cœur la question du mal-être
16:46 au travail. Vous savez, vous me connaissez,
16:48 moi je suis avant tout reporter et je le reste, y compris
16:50 comme député reporter. J'étais chez Verbaudet,
16:52 je ne sais pas si vous voyez, dans le nord de la France,
16:54 là c'est là que se trouve le centre
16:56 logistique qui envoie les habits
16:58 partout dans le pays, je rencontre les
17:00 salariés qui sont en grève depuis maintenant
17:02 six semaines, ce sont des femmes,
17:04 et qui me racontent très concrètement
17:06 à la fois... - 327 salariés.
17:08 - Voilà, comment elles sont dans
17:10 leur salaire, leur perte
17:12 de vivre, je veux dire, il y a un truc
17:14 à poser comme une évidence, c'est que les français
17:16 doivent vivre de leur travail.
17:18 Les français doivent vivre de leur travail.
17:20 Quand on se lève à 3h du matin,
17:22 comme elles le font, pour aller embaucher
17:24 à 4h30, que
17:26 vous y passez votre journée, que vous faites
17:28 25km à pied dans les ateliers de logistique
17:30 pour aller prélever des cartons,
17:32 ça veut dire que vous avez porté des tonnes de cartons,
17:34 que vous avez mal aux épaules, que vous sortez
17:36 de cette journée-là, et que
17:38 à la fin, vous avez à peine
17:40 de quoi survivre, qu'un certain nombre d'entre
17:42 elles vont pouvoir aller au secours populaire pour faire des colis
17:44 parce qu'elles sont mères célibataires,
17:46 mais que pour les autres, je leur demande
17:48 "Mais alors, les vacances cet été ?" "Ah bah moi ça fait 5 ans que
17:50 j'ai pas pris de vacances, et mon gamin il peut pas aller
17:52 en centre d'activité, j'ai pas de quoi payer
17:54 le centre d'activité." - Oui, je comprends,
17:56 mais à Verbaudé, il y a des
17:58 propositions de la direction, les syndicats
18:00 majoritaires ont signé des propositions
18:02 de la direction, là il n'y a aucune union syndicale.
18:04 - Non mais il n'y a pas d'union syndicale,
18:06 moi je vous parle même pas des syndicats, je vous parle
18:08 de... je vous dis,
18:10 quelles que soient les propositions de la direction,
18:12 comment on peut accepter dans notre
18:14 pays que des gens qui
18:16 tiennent le pays debout, qui ont continué à travailler pendant
18:18 la crise Covid, peinent simplement
18:20 à payer le centre d'activité pour leurs
18:22 enfants cet été ? Vous savez, quand ce sont les
18:24 parents qui sont touchés, qui doivent se
18:26 priver sur le restaurant, sur le cinéma, je trouve
18:28 ça triste déjà, parce qu'on a le droit d'avoir
18:30 des petits plaisirs dans la vie. Mais quand en plus
18:32 ce sont les enfants qui sont frappés,
18:34 donc il y a...
18:36 - Bon, mais François Ruffin, alors,
18:38 comment récupérer les électeurs
18:40 de Marine Le Pen ? - Eh ben, en ayant
18:42 conscience, d'abord en parlant de cette
18:44 mondialisation, voilà, c'est une chose,
18:46 et en ayant conscience des conditions matérielles d'existence
18:48 et en y apportant des réponses.
18:50 Par exemple, là, il faut l'indexation
18:52 des salaires sur l'inflation, c'est une évidence.
18:54 Aujourd'hui, il nous faut l'indexation des salaires sur l'inflation.
18:56 C'est-à-dire que quand il y a 5, 6,
18:58 7% d'inflation sur un an, il faut que
19:00 les salaires augmentent de 5, 6, 7%
19:02 sur un an. Quand l'entreprise
19:04 double son chiffre d'affaires pendant
19:06 le Covid, eh ben, il doit y en avoir, évidemment,
19:08 une partie qui va aux salariés.
19:10 Et ça, si vous voulez, quand vous dites ça,
19:12 vous le voyez dans les sondages d'opinion, il y a 80%
19:14 des Français qui sont d'accord avec ça. C'est de l'ordre
19:16 de l'évidence. Donc c'est une nouvelle évidence
19:18 qui s'est installée dans la tête des gens. Maintenant, il faut le
19:20 transformer en loi. - Alors, Frédéric
19:22 est à Carcassonne. Bonjour, Frédéric.
19:24 - Oui, bonjour, monsieur Bourdin.
19:26 Bonjour, monsieur Ruffin. Bonjour à tous
19:28 les auditeurs et vos chroniqueurs.
19:30 - Allez-y, Frédéric. Quelle question a François Ruffin ?
19:32 - Alors, pour moi, la réforme des retraites, c'est une aberration.
19:34 Ça, je pense que tout le monde est d'accord.
19:36 Maintenant, il faut trouver
19:38 le moyen de la faire
19:40 sauter, cette réforme-là, cette loi.
19:42 Pourquoi
19:44 les députés
19:46 n'arrivent pas
19:48 à faire passer un référendum
19:50 d'initiative populaire ?
19:52 Il y a certainement des raisons. Et dans ce cas-là,
19:54 pourquoi ne crée, n'arrive-t-il pas
19:56 à changer la loi de manière
19:58 à pouvoir avoir
20:00 un référendum plus facilement
20:02 puisqu'à chaque fois, c'est arcadé par le
20:04 conseil
20:06 constitutionnel ?
20:08 - Oui. - Voilà.
20:10 - Alors, quelle question voulez-vous faire ?
20:12 Voulez-vous le poser ? Vous dites
20:14 « Je ne comprends pas
20:16 comment se fait-il que
20:18 cette réforme impopulaire
20:22 ait été promulguée, que la loi ait été
20:24 promulguée et qu'elle
20:26 sera peut-être appliquée, même si le 8 juin,
20:28 il y a effectivement une proposition de
20:30 Loire, vous allez la voter, j'imagine.
20:32 - Oui, bien sûr.
20:34 D'abord, dire la folie de cette histoire,
20:36 quand même. La folie
20:38 de cette réforme. À ce moment-ci,
20:40 dans le pays, je le disais, mais quand on sort
20:42 de la crise Covid, de
20:44 la guerre en Ukraine, des prix qui bondissent,
20:46 des factures d'énergie que
20:48 les gens se demandent comment ils vont pouvoir payer, avec,
20:50 sur le plan politique, quand même,
20:52 Emmanuel Macron, qui
20:54 a une élection, une réélection,
20:56 sans panache, sans enthousiasme, derrière
20:58 une majorité de briquets de
21:00 broc très, très relatives à
21:02 l'Assemblée Nationale, et c'est
21:04 sur cette base-là, alors que les Français,
21:06 trois quarts des Français sont hostiles
21:08 à cette réforme, 4/5ème des salariés,
21:10 tous les syndicats unis,
21:12 qu'il prétend faire ça
21:14 contre le reste du pays. Il y a une folie,
21:16 parce que pendant ce temps-là, il y a un grand gâchis,
21:18 c'est pas de ça dont on devrait s'occuper,
21:20 je veux dire, la grande réforme, l'ambition réformatrice,
21:22 comme y parle le Président de la République,
21:24 ça ne devrait pas être de se demander si on va
21:26 continuer de 62 à 64 ans,
21:28 ça devrait être de se demander qu'est-ce qu'on fait pour
21:30 l'école, qu'est-ce qu'on fait pour les hôpitaux, qu'est-ce qu'on fait
21:32 pour les déplacements, qu'est-ce qu'on fait pour le logement,
21:34 comment on affronte le choc climatique, et ainsi de suite.
21:36 Bon, donc il y a, franchement,
21:38 là, une folie dont il s'agit de sortir.
21:40 Bon, comment on fait sur le plan
21:42 démocratique ? On est bloqués, on a tout essayé,
21:44 on a tout essayé, puisque le
21:46 référendum d'initiative partagée,
21:48 avec tous les obstacles qu'il y a, ça, il faut qu'il y ait
21:50 des sénateurs, il faut qu'il y ait des députés, il faut que
21:52 le Conseil Constitutionnel soit d'accord, et à la fin,
21:54 il faut même que le Président de la République soit d'accord
21:56 pour poser le référendum. Donc on voit bien que ça va pas.
21:58 Bon, l'évidence, c'est qu'il nous faut
22:00 maintenant le référendum d'initiative citoyenne.
22:02 Voilà. Ça, ça doit
22:04 être partagé quasiment par tous les
22:06 partis dans la société française.
22:08 - C'est l'évidence, mais qui décide ?
22:10 - Et oui ! C'est ça le problème,
22:12 c'est qu'on a...
22:14 Il faudrait que les Macron...
22:16 Moi, j'aurais voulu qu'Emmanuel Macron, au moins,
22:18 il sorte de la crise des Gilets jaunes, qui pour moi était un mouvement
22:20 populaire très très ample, en posant
22:22 sur la table "Oui, nous voulons le référendum
22:24 d'initiative citoyenne." Et au moins,
22:26 il y a une possibilité d'intervention.
22:28 Vous regardez l'état même de violence
22:30 de la société, et y compris sur les questions
22:32 écologiques, comment la France
22:34 s'est sortie au XIXe siècle,
22:36 vous savez, on était quand même un pays très violent,
22:38 1789, 1793,
22:40 1787, 1830, 1848,
22:42 1871, avec à chaque fois des émeutes
22:44 populaires. Comment on a régulé ça ?
22:46 On a régulé ça en proposant un outil
22:48 démocratique qui était le suffrage universel.
22:50 Et bien, je pense qu'on est dans le même temps.
22:52 C'est-à-dire qu'on est dans un temps
22:54 d'exaspération, de fatigue, avec possiblement
22:56 des violences, et si on veut sortir de ça,
22:58 il faut proposer aux Français un nouvel
23:00 outil, et pour moi, le référendum
23:02 d'initiative citoyenne, un peu calqué
23:04 sur ce qui peut se passer avec les votations
23:06 suisses, ça doit être un outil
23:08 qu'on pose comme une évidence.
23:10 - Bien. François Ruffin,
23:12 on va observer une pause.
23:14 Justement, vous me conduisez
23:16 vers les institutions, vers cette
23:18 République. Est-elle une mauvaise République ?
23:20 Certains le disent, je ne sais pas
23:22 si vous partagez ces propos-là.
23:24 On va voir. Certains, c'est Jean-Luc Mélenchon,
23:26 11h29 à 12h. - En tout cas,
23:28 le 8 juin, c'est clair qu'il y a une proposition de loi.
23:30 - On va y revenir.
23:32 - Jean-Jacques Bourdin. - François Ruffin,
23:34 notre invité, vous voulez l'interroger,
23:36 n'hésitez pas. Le 8 juin,
23:38 il y a ce vote,
23:40 proposition de loi du groupe Lyott,
23:42 pour abroger la réforme des retraites,
23:44 vous allez voter, j'imagine. - Et on va gagner.
23:46 - Bon. - Oui, mais après,
23:48 ça ira au Sénat,
23:50 et le Sénat dira non.
23:52 - C'est vrai que sur le plan... Je ne me fais pas d'illusion,
23:54 et je ne vous viens pas pour nourrir les auditeurs
23:56 d'illusion, mais maintenant,
23:58 le seul fois où, enfin, on va pouvoir
24:00 voter sur cette histoire-là,
24:02 sur cette réforme des retraites, je pense qu'il y aura
24:04 une majorité de non. Qu'est-ce que ça va signifier ?
24:06 Cette loi, pour moi, elle est défaite.
24:08 Dans la durée, elle est défaite.
24:10 Je veux dire, quand il y a un tel vice démocratique,
24:12 aussi ample que ça, que des gens sont
24:14 sortis plusieurs fois dans la rue par millions,
24:16 qu'une très très nette majorité
24:18 des Français y est opposée, que, y compris
24:20 à l'Assemblée, on ne trouve pas de majorité,
24:22 ça veut dire que ça ne va pas tenir. On ne peut pas
24:24 fonctionner de cette manière-là. On arrive au bout du bout du bout du bout, là.
24:27 - François Ruffin, étiez-vous
24:29 favorable à la création d'une commission d'enquête
24:31 sur les groupes Black Bloc, les manifestations
24:33 violentes de ces dernières semaines ? - Oui.
24:35 - Pourquoi oui ? - Je vais vous dire,
24:37 je suis favorable à ça, mais là où j'ai
24:39 quand même un gros gros gros regret, qui me va pas du tout,
24:41 c'est que je pense qu'on ne doit pas être dans
24:43 une hémiplégie. Je le disais déjà, pendant
24:45 le temps de ce qui se passait
24:47 sur les Gilets jaunes. Moi, dès que
24:49 un militaire,
24:51 dès qu'un pompier, dès qu'un
24:53 gendarme est blessé
24:55 ou tué dans l'exercice de ses fonctions,
24:57 je fais la minute de silence à
24:59 l'Assemblée nationale et
25:01 je rends hommage.
25:03 Il n'y a pas une seconde d'hésitation à ça.
25:05 Mais maintenant, il ne doit pas y avoir
25:07 des Français qui se déraillent en uniforme
25:09 ou qui ne se déraillent pas d'uniforme, des habitants de ce pays.
25:11 Qu'importe qui est blessé,
25:13 dans ce cas-là, ça doit être
25:15 une douleur pour tout le pays.
25:17 Et il ne doit pas y avoir deux poids, deux mesures.
25:19 Et je veux dire que l'observation
25:21 qu'on a sur ces groupes, on doit avoir
25:23 la même interrogation
25:25 sur la question de quel maintien de l'ordre on veut dans le pays.
25:27 - Donc, commission d'enquête aussi,
25:29 sur le comportement
25:31 des forces de l'ordre ?
25:33 - Je regrette vraiment que, hier,
25:35 il n'y ait pas eu de possibilité d'étendre
25:37 cette commission
25:39 d'enquête
25:41 non pas aux agents,
25:43 les uns par un,
25:45 mais à la stratégie.
25:47 Vous savez, moi, j'ai dit toujours le problème.
25:49 - Aux gendarmes, aux policiers, allez-y !
25:51 - Oui, mais pourquoi ? Parce que,
25:53 pour moi, la question, elle n'est pas celle
25:55 du méchant gendarme ou du méchant policier.
25:57 C'est quelle est la stratégie qui est mise en place
25:59 par le ministre de l'Intérieur ?
26:01 Le choix, à la fin,
26:03 il est toujours politique, d'une part,
26:05 et d'autre part. Vous avez vu ce qui s'est passé
26:07 avec le maire de Saint-Brévent, en Bretagne.
26:09 Vous avez vu ce qui s'est passé ce week-end
26:11 avec des quasi-néo-nazis.
26:13 Je veux dire, on ne peut pas avoir
26:15 une focale qui soit strictement
26:17 sur l'extrême... - Mais vous avez vu que le ministre
26:19 de l'Intérieur va interdire la prochaine manifestation
26:21 et a regretté que la manifestation
26:23 ait été permise, hein ?
26:25 - Et on sait qu'il y a une grande
26:27 violence qui est issue de ces groupes-là.
26:29 Pourquoi avoir une commission
26:31 d'enquête qui se vocabilise
26:33 sur un... qui est hémiplégique, je dis,
26:35 ou qui est à moitié aveugle ? - Donc, commission d'enquête
26:37 sur le comportement de la police et des gendarmes.
26:39 - Mais sur
26:41 les choix de maintien de l'ordre
26:43 du ministre de l'Intérieur, M. Bourdin, je vais vous corriger,
26:45 parce que sur les choix du maintien de l'ordre
26:47 du ministre de l'Intérieur, je veux dire,
26:49 j'ai entendu, moi,
26:51 des jeunes
26:53 qui étaient en manifestation
26:55 de la manière la plus pacifique qui soit,
26:57 qui se sont retrouvés en garde à vue avec des humiliations,
26:59 avec des propos qui sont complètement dépassés
27:01 de la part de la brave M.
27:03 Je dis,
27:05 qu'est-ce... Enchaînement de violences ça produit, quand
27:07 il y a un sentiment comme ça,
27:09 ça peut m'arriver dans la rue, qu'est-ce que ça va
27:11 produire dans cette jeunesse demain ?
27:13 Moi, je veux pas qu'il y ait des pans qui décrochent de la République.
27:15 Et donc, la question de
27:17 comment on maintient l'ordre,
27:19 ça doit être une question qui doit pouvoir être débattue.
27:21 - Dimanche dernier,
27:23 petite question des militants LFI à Paris,
27:25 devant le siège de Renaissance,
27:27 parmi eux un élu LFI, Christophe Prudhomme,
27:29 slogan répété durant toute la
27:31 manifestation, Louis XVI, on l'a décapité,
27:33 Macron peut recommencer.
27:35 Est-ce que vous cautionnez ?
27:37 - Franchement, je suis
27:39 hostile à toute violence.
27:41 - D'où qu'elle vienne.
27:43 - La question est pas celle,
27:45 aujourd'hui, de la décapitation de Macron,
27:47 elle est très loin de là, on a rompu avec la peine de mort,
27:49 y compris pour tout le monde,
27:51 enfin voilà, il n'y a pas de sujet de ce côté-là.
27:53 Maintenant, la vraie question, elle est pas là.
27:55 La vraie question, elle est comment on limite le pouvoir.
27:57 Puisque la comparaison est
27:59 faite avec Louis XVI,
28:01 c'est comment on n'a pas un nouveau monarque
28:03 qui décide lui tout seul contre
28:05 le reste du pays. Et je pense que cette manière de faire,
28:07 vos auditeurs le ressentent,
28:09 quand ils posent la question tout à l'heure sur
28:11 comment on peut intervenir, comment on peut avoir un référendum,
28:13 cette manière de maintenir le peuple
28:15 à l'écart, ça produit
28:17 un sentiment de dégoût et de violence
28:19 possible. Il faut tout faire pour qu'on en arrive à la...
28:21 - Vous la condamnez cette violence ? - Oui, mais ça veut dire que
28:23 il faut qu'il y ait des instruments
28:25 de régulation qui fassent qu'il n'y ait
28:27 pas ça qui germe dans le cœur des gens.
28:29 Et que les gens, ils ont le sentiment qu'ils sont
28:31 pris en considération, qu'ils sont entendus,
28:33 et là, manifestement, ils ne le sont pas du tout.
28:35 Vous savez, pendant la crise
28:37 des Gilets jaunes, j'interrogeais les syndicats
28:39 policiers, j'avais fait une commission
28:41 là-dessus, et
28:43 ils me disaient "on a une crise
28:45 sociale, et
28:47 on demande à la régler par des moyens
28:49 policiers". Ben non, à une crise
28:51 sociale, il faut une réponse sociale, il faut une
28:53 réponse politique, et on est dans la même situation aujourd'hui.
28:55 On a une crise sociale, et on
28:57 y apporte une réponse policière. Et ben non,
28:59 il faut y apporter une réponse sociale et une réponse
29:01 politique. - Alors, l'Europe,
29:03 je vous dis ça, je voulais vous parler
29:05 d'Europe, parce que c'est l'actualité aussi, drapeau
29:07 européen sur les frontons des mairies,
29:09 vous êtes favorable ?
29:11 - Je suis favorable, ils existent déjà dans un certain
29:13 nombre de colonies. - Oui, mais plus de 1500
29:15 habitants, obligatoire,
29:17 ce drapeau.
29:19 - Je suis favorable à la liberté des
29:21 maires, des conseils municipaux, des habitants
29:23 de décider s'ils veulent ou pas le drapeau européen
29:25 sur la façade de leur mairie,
29:27 mais que ça ne soit pas imposé. On ne fera pas
29:29 aimer l'Europe de force. - C'est un symbole de liberté,
29:31 l'Europe ?
29:33 - C'est le symbole de l'Europe, c'est tout.
29:35 - D'accord, mais... - Non, mais non, c'est pas un symbole de liberté,
29:37 c'est le symbole de l'Europe. Bon, mais
29:39 je veux dire ça, y compris
29:41 pour les pro-européens. - J'ai entendu Manon Aubry
29:43 dire que c'est une forfaiture démocratique
29:45 de l'Europe. - Je...
29:47 Je vais pas aller là-dedans. Je vous dis
29:49 juste, on fera pas aimer l'Europe de force.
29:51 Et comment
29:53 les macronistes... - On en a besoin. - Comment les macronistes
29:55 ils veulent
29:57 la faire aimer, là, en imposant le
29:59 drapeau ? On n'y arrivera pas comme ça. Qu'est-ce qu'ils pourraient faire ?
30:01 Je vais vous le dire,
30:03 sur les auto-entrepreneurs, sur
30:05 tout ce qui est des Uber, et compagnie,
30:07 vous savez, ça représente maintenant,
30:09 c'est 2 millions de créations de micro-entreprises
30:11 sous Macron. Le Parlement
30:13 européen, la Commission européenne, a
30:15 voté pour la présomption salariale. C'est-à-dire que
30:17 pour ces gens-là, il y a un droit au chômage,
30:19 il y a un droit à la sécurité sociale, il y a un droit à la retraite.
30:21 Qui s'y opposait ? Elisabeth Borne,
30:23 Emmanuel Macron. - Mais il y a un droit à la sécurité sociale
30:25 pour l'auto-entrepreneur. - Non.
30:27 Il y a une cotisation. - Il y a une cotisation.
30:29 - Il y a une cotisation pour la sécurité sociale.
30:31 - Il y a une cotisation, mais vous savez très bien que ça donne
30:33 très très peu de droits à la sécurité
30:35 sociale, très très peu de droits à la retraite,
30:37 très très peu de droits au chômage. - Alors, pas de droits
30:39 au chômage, mais droits à la retraite et droits
30:41 à la sécurité sociale. - Très peu, très faible, très faible.
30:43 Je vous souhaite bon courage aux auto-entrepreneurs derrière.
30:45 Donc, il y avait la question qui a été
30:47 posée et tranchée
30:49 par la Commission européenne et par le Parlement
30:51 européen de dire "il y a une présomption salariale,
30:53 ils auront droit à ça". Je le redis,
30:55 qui s'y opposait ? Qui s'y oppose encore
30:57 aujourd'hui ? Elisabeth Borne, Emmanuel Macron.
30:59 Mais vous prenez un autre dossier. Le congé parental,
31:01 le Parlement européen et la
31:03 Commission européenne étaient d'accord
31:05 pour qu'il y ait un congé parental européen.
31:07 Qui s'y est opposé ? Elisabeth Borne
31:09 et Emmanuel Macron. Donc, je veux dire,
31:11 si jamais on veut que les Français, ils aiment
31:13 l'Europe, c'est non pas en
31:15 mettant un bout de tissu obligatoire
31:17 sur toutes les mairies, que les maires puissent en
31:19 décider librement. Ils ont déjà assez de contraintes sur le dos,
31:21 les maires. Bon, mais que
31:23 en revanche, il y ait des mesures qui soient
31:25 prises qui fassent qu'on ait le sentiment que
31:27 cette Europe-là, elle va dans le bon sens et pas
31:29 à rebours. - Le groupe Wagner, groupe
31:31 terroriste ? - Oui. Enfin, ça me dérange pas.
31:33 Ça me dérange pas de vous qualifier
31:35 de cette manière-là. Ils ont des coups de portemol.
31:37 - Alors, écoutons ce que disait une députée LFI,
31:39 Ersilia Soudé.
31:41 - Les 10 premières sociétés militaires privées sont
31:43 américaines, britanniques et canadiennes.
31:45 Que ce soit Blackwater,
31:47 Black Shield ou Wagner, elles sont toutes dans
31:49 le viseur de la justice pour des crimes de guerre.
31:51 De ce fait, nous ne comprenons pas pourquoi
31:53 seul Wagner doit être inscrite sur la liste européenne
31:55 des organisations terroristes. Nous refusons
31:57 de cautionner une indication à géométrie
31:59 variable. Ce qu'il faut dénoncer, c'est la
32:01 privatisation de la guerre,
32:03 qui permet aux sociétés et aux États,
32:05 la France y compris, il faut balayer devant
32:07 sa porte, de se défausser de la responsabilité
32:09 de l'usage de la violence et de
32:11 la force. On n'oublie pas le mercenaire
32:13 français Bob Denard, par exemple,
32:15 impliqué dans de nombreux coups d'État en Afrique.
32:17 - D'abord, je veux vous dire que
32:21 à mon avis, c'est pas ça qui concerne
32:23 le plus nos auditeurs aujourd'hui.
32:25 Franchement, vous voyez, les gens se demandent...
32:27 - Je vais y répondre. - Je vais pas fuir.
32:29 - On en fait deux minutes, François Ruffin.
32:31 - La question des gens, c'est comment je remplis
32:33 mon caddie et comment je fais mon plein dans ma voiture.
32:35 - Ça, je suis d'accord.
32:37 - Mais nous sommes...
32:39 Il y a guerre à nos portes.
32:41 Vous le savez. - En tout cas,
32:43 ce qui est évident, on l'a vu pendant la guerre en
32:45 Irak. Quand les États-Unis
32:47 délèguent leur
32:49 intervention à des groupes
32:51 privés, ce qui s'est passé là-bas, et qui a
32:53 rapporté des dividendes, la guerre a rapporté
32:55 des dividendes et des bénéfices. Normalement,
32:57 c'est vrai qu'on se dit que c'est l'État, c'est l'armée
32:59 qui mène la guerre
33:01 et non pas... Il n'y a pas une délégation,
33:03 une espèce de sous-traitance
33:05 des groupes privés.
33:07 Mais là, le comportement du groupe Wagner,
33:09 il est évident qu'il est bien pire, quand on voit
33:11 ce qu'il se passe dans un certain nombre de pays,
33:13 que... - Alors justement,
33:15 ça va me conduire, puisqu'on parle d'Europe,
33:17 on parle de la guerre en Ukraine, ça va me conduire
33:19 à une question de Jean-François dans un instant
33:21 que je vais prendre, mais auparavant...
33:23 Il y a une question de Mohamed qui est à Perpignan.
33:25 Bonjour Mohamed. - Bonjour à vous,
33:27 bonjour à vous invités et aux auditeurs.
33:29 La question c'est
33:31 pourquoi, ça ne s'était sur un référendum
33:33 qu'on risque d'avoir des problèmes pour qui
33:35 il passe, il y a une retraite en 64 ans
33:37 que si elle passe
33:39 à l'Assemblée, peut-être qu'elle ne passera pas au Sénat.
33:41 Pourquoi pas contourner tout ça
33:43 avec une cotisation plus importante
33:45 sur l'apprentissage et
33:47 une participation aux bénéfices
33:49 dans les entreprises
33:51 avec une cotisation,
33:53 les droits,
33:55 les salaires égaux hommes-femmes,
33:57 une formation tout le long
33:59 de la vie et peut-être aussi
34:01 revenir à une semaine
34:03 de 4 jours comme beaucoup d'entreprises
34:05 en France le font et
34:07 en Allemagne, et je crois que tout ça
34:09 permettra de contourner un peu
34:11 cette loi et puis surtout la pénibilité,
34:13 travailler là-dessus,
34:15 faire un projet qui est vraiment...
34:17 - Mohamed, j'ai compris votre question,
34:19 je vous coupe parce qu'il faut aller vite.
34:21 François Ruffin, la question est très simple,
34:23 vous focalisez sur les retraites
34:25 et ça veut dire que vous oubliez
34:27 à côté d'autres combats, les salaires, la pénibilité,
34:29 pourquoi ne pas ouvrir une grande conférence ?
34:31 Vous accepteriez une grande conférence sociale ?
34:33 Je ne sais pas, pour essayer de mettre
34:35 tout ça sur la table ? - Bien sûr, mais je pense
34:37 qu'on aurait dû commencer par là. C'est pas nous qui avons choisi
34:39 de mettre les retraites sur la table, c'est le Président de la République.
34:41 Dire que dans la question de Mohamed, il y a la question
34:43 du financement. Bon, il y a eu des tas de
34:45 pistes qui ont été proposées. Mais à quel point...
34:47 - D'ailleurs, la NUPES n'a pas proposé de réforme
34:49 des retraites, hein ?
34:51 - C'est dans le programme,
34:53 60 ans après 40 ans de cotisation.
34:55 - C'est dans le programme de chaque partie de la NUPES.
34:57 Un peu différent. - C'est dans le programme,
34:59 c'est grosso modo 60 ans, 40 années
35:01 de cotisation. Non,
35:03 vous voyez ce qu'il se passe ?
35:05 Un chiffre, le bouclier tarifaire cette année,
35:07 c'est 49 milliards d'euros sur l'énergie.
35:09 Sur l'électricité.
35:11 Ça veut dire que c'est 4 fois la réforme de retraite.
35:13 Est-ce que vous mesurez ? Je ne sais pas si
35:15 vous et vos auditeurs, vous mesurez
35:17 ce que ça signifie cette folie-là.
35:19 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'aujourd'hui,
35:21 EDF produit le mégawatt-heure à 40 euros.
35:23 Il peut être vendu, parce qu'il y a de la spéculation
35:25 et parce qu'on se fixe sur le tarif européen
35:27 à l'énergie, 500-600 euros.
35:29 Il est plafonné par l'État à 280 euros.
35:31 Et la différence ? L'État
35:33 va le donner à la spéculation.
35:35 Ces 49 milliards d'euros-là,
35:37 ce sont des sommes gigantesques,
35:39 ce sont juste des sommes versées à la poubelle
35:41 aujourd'hui, ce sont des sommes versées dans la spéculation.
35:43 Aujourd'hui, on a,
35:45 pour cette année et pour l'année dernière,
35:47 près de 50 milliards d'euros
35:49 de subventions à la spéculation.
35:51 On est dans un espèce de délire total.
35:53 Est-ce que vous le mesurez, M. Bourdin,
35:55 ce qui se passe sur l'électricité aujourd'hui ?
35:57 C'est cinq fois le budget
35:59 de la justice.
36:01 C'est quasiment le budget de l'éducation nationale
36:03 qu'on jette là, sans absolument
36:05 aucune utilité,
36:07 simplement parce qu'on a des règles qui sont stupides,
36:09 qui sont crétines, et qu'on se fixe
36:11 sur le tarif européen
36:13 qui est fondé sur le gaz.
36:15 - Il va être à réviser, apparemment.
36:17 - Oui, mais non, mais tout à fait à la marche.
36:19 Mais mesurer,
36:21 on est dans une dinguerie.
36:23 50 milliards d'euros par an,
36:25 vous imaginez ce qu'on pourrait faire ?
36:27 Ce qu'on pourrait rénover comme logement, parce que ça devrait être
36:29 notre préoccupation principale, que de rénover
36:31 les passoires thermiques. 50 milliards d'euros
36:33 simplement parce qu'on est dogmatique,
36:35 parce qu'il y a un fanatisme du marché,
36:37 et parce qu'à la place de sortir
36:39 l'énergie du marché en disant, bon, voilà,
36:41 on revient à l'ancienne, on revient à ce qu'on a fait,
36:43 EDF nationalisé,
36:45 avec des tarifs réglementés,
36:47 ça a très bien fonctionné pendant des décennies,
36:49 et ça a porté une sécurité, vous savez, tout à l'heure
36:51 je parlais de stabilité, ça a porté une stabilité
36:53 à la fois aux
36:55 locataires, à la fois aux
36:57 Français, mais aussi aux
36:59 industriels, mais aussi aux artisans,
37:01 mais aussi aux mairies qui savaient combien ils allaient devoir payer.
37:03 - Bien, 11h46, Jean-François
37:05 de Romand veut poser une question
37:07 sur l'avenir de la NUPES, sur une liste
37:09 européenne, j'imagine, commune,
37:11 allez, à tout de suite, 11h40.
37:13 - Jean-Jacques Bourdin. - Il est 11h49, François Ruffin,
37:15 question de Jean-François Romand-Surizère.
37:17 Bonjour Jean-François. - Oui, bonjour,
37:19 merci de m'accueillir. - Je vous en prie.
37:21 - Sur Sud Radio,
37:23 et heureux de parler à François Ruffin,
37:25 juste une question,
37:27 effectivement, on a eu beaucoup d'espoir dans la NUPES,
37:29 moi j'ai été électeur,
37:31 notamment sur le projet de la révision constitutionnelle,
37:33 enfin, du changement de constitution
37:35 et de la convention citoyenne,
37:37 ceci dit, il va falloir préparer
37:39 la suite, notamment
37:41 l'après Mélenchon, et sortir en même temps
37:43 du piège de la
37:45 personne providentielle, parce qu'on en a marre de chercher
37:47 la personne providentielle,
37:49 et puis sortir aussi du piège du tout-sauf-Le Pen,
37:51 parce que, en fait, du tout-sauf-Le Pen,
37:53 moi j'ai envie de dire tout-sauf-Macron
37:55 en ce moment, donc
37:57 il y a un moment où
37:59 comment la NUPES peut sortir de ce piège-là
38:01 où elle se fait piéger par Emmanuel Macron,
38:03 qui est instrumentel. - Mais ça veut dire que vous préféreriez
38:05 Marine Le Pen à l'Élysée plutôt qu'Emmanuel Macron ?
38:07 - Je préfère ni l'un ni l'autre.
38:09 Mais franchement, le tout-sauf-Le Pen,
38:11 vous voyez comment on le mange maintenant ?
38:13 On le mange vraiment, la soupe elle est vraiment froide
38:15 et elle est vraiment pas bonne. - Je comprends,
38:17 je comprends Jean-François cette question,
38:19 alors, l'avenir, d'abord
38:21 répondez rapidement à Jean-François, puis j'ai
38:23 une question sur les européennes, François Ruffin.
38:25 - Non, je pense que le tout-sauf,
38:27 ça fait pas une politique.
38:29 Je veux dire, on peut être dans l'opposition, c'est une chose,
38:31 et il faut être évidemment dans la proposition
38:33 et se dire, voilà, on constitue
38:35 nous-mêmes notre propre force. Le rassemblement
38:37 de la gauche est pour moi une condition nécessaire mais non suffisante.
38:39 C'est comment on va parler au français ?
38:41 Comment on va parler au français, je le dis, le plus
38:43 concrètement possible, avec un projet qui soit un projet société.
38:45 Alors moi, comme modèle,
38:47 là je pose un truc, mais moi j'ai Roosevelt
38:49 1942, c'est-à-dire
38:51 Roosevelt, il arrive,
38:53 enfin il entre en guerre en 1942,
38:55 il lui manque des bombardiers, il lui manque des tanks,
38:57 il lui manque des porte-avions, et il décide de
38:59 canaliser toute l'énergie du pays, tous les savoir-faire,
39:01 tous les capitaux du pays en une direction,
39:03 qui est l'économie de guerre. Je pense qu'on devrait faire la même chose
39:05 aujourd'hui, pour se mettre en économie de guerre
39:07 climatique, et se demander comment on fait pour rassembler
39:09 les énergies, les capitaux, la main-d'oeuvre
39:11 pour la transformation des logements, pour la
39:13 transformation des déplacements, et qu'il y ait
39:15 cette énergie mise dans la société.
39:17 - Alors, liste commune aux européennes,
39:19 c'est ce que vous demandez ?
39:21 Liste commune de la gauche ? - Moi je souhaite
39:23 que... je pense que c'est la seule manière
39:25 d'aller égaler, voire dépasser...
39:27 - Mais comment vous entendre sur l'Europe, alors que
39:29 l'Europe écologie les Verts ?
39:31 - Vous n'allez même pas au bout, je vais même pas vous expliquer.
39:33 - Oui, non, non, mais je vais pas au bout, parce que je vais compléter ma question !
39:35 Et puis vous allez comme ça compléter votre réponse,
39:37 François Ruffin. Mais comment,
39:39 alors que Jean-Luc Mélenchon,
39:41 on le sait, est plutôt...
39:43 plutôt...
39:45 pas pro-chinois, mais enfin, comprendrait
39:47 très bien une invasion, il l'a dit devant moi,
39:49 comprendrait très bien une invasion de Formos,
39:51 il l'a dit de Formos, de Taïwan,
39:53 il l'a dit devant moi. Si, si, si, si, si !
39:55 Alors que l'Europe est engagée
39:57 en Ukraine, alors que
39:59 vous avez des différences profondes avec
40:01 l'Europe écologie les Verts, et vous voudriez
40:03 sur l'Europe, et vous voudriez
40:05 conduire une liste commune sur l'Europe.
40:07 - Oui, je pense que, enfin, vous savez,
40:09 quand vous êtes avec des gens, et même
40:11 dans un couple, soit vous décidez de mettre
40:13 tous les matins sur la table ceux avec quoi vous êtes
40:15 pas d'accord avec l'autre et ça pète toujours,
40:17 soit vous dites "Bon, bah qu'est-ce qui nous réunit, on va se concentrer là-dessus."
40:19 - Le sujet majeur, c'est l'Europe ! - Oui, mais le sujet
40:21 majeur, c'est l'Europe. Regardez, j'étais avec
40:23 Marine Tondelier, donc...
40:25 - La rétérière générale de... - ...de l'Europe écologie les Verts,
40:27 chez Val d'Une,
40:29 qui est...
40:31 qui fabrique des essieux
40:33 et des roues pour les trains,
40:35 et qu'est-ce qu'on constate ? Ensemble,
40:37 que la SNCF, elle commande plus
40:39 à Val d'Une, près de Valenciennes,
40:41 mais qu'elle commande en Italie,
40:43 en République Tchèque,
40:45 voire en Chine, massivement.
40:47 Et donc, d'où des grosses difficultés
40:49 pour l'usine. A la fois pour
40:51 Marine Tondelier et pour moi, il y a
40:53 l'évidence, un, qu'il faut
40:55 désobéir aux traités européens, s'ils permettent
40:57 pas à la SNCF d'acheter
40:59 de la production faite
41:01 ici, sur nos territoires. Deux,
41:03 qu'il nous faut une taxe
41:05 carbone aux frontières, qui nous permettent de
41:07 compenser le dumping environnemental
41:09 et social de la Chine, par exemple.
41:11 Donc, je pense qu'aujourd'hui,
41:13 les différences sur la question européenne,
41:15 elles sont nettement atténuées
41:17 par rapport à ce qu'elles ont pu être
41:19 il y a un certain nombre d'années. Ça ne veut pas dire...
41:21 Vous voyez, je suis franc avec vous.
41:23 Je pense que ce qu'on a à faire dans les prochaines années
41:25 sur l'Europe, ça peut être
41:27 concilié. Ce qui ne veut pas dire que l'horizon
41:29 soit le même. Ce qui ne veut pas dire que l'horizon soit
41:31 partagé. Je veux dire, l'Europe écologie
41:33 est pour une Europe fédérale, ce qui n'est pas mon cas.
41:35 Donc, sur
41:37 l'horizon, il y a des divergences.
41:39 Maintenant, ce que
41:41 attendent les Français, de mon point de vue,
41:43 c'est moins qu'il y a un grand horizon magnifique
41:45 qu'on leur propose, que juste
41:47 quels sont les premiers pas que vous êtes
41:49 capables de faire avec nous ? Et moi, la question
41:51 des premiers pas, vous voyez, je vous parle, moi, de la 6ème
41:53 République comme horizon. Peut-être
41:55 qu'il faut aller vers ça. Mais que de... - Oui, la 6ème République
41:57 dans un parti qui est
41:59 terriblement vertical, franchement
42:01 c'est bon, enfin bon.
42:03 - Non mais quand je pose ça, je pose
42:05 moins ça comme... C'est l'horizon. Mais en revanche,
42:07 quels sont les premiers pas ? C'est le référendum d'initiative
42:09 citoyenne. Et je pense que la question qui se pose
42:11 avec les Français aujourd'hui, c'est quels sont les
42:13 premiers pas qu'on remet dans le bon sens ?
42:15 Et au double sens, au bon sens. - Oui, changer de République,
42:17 c'est pas la priorité.
42:19 - Non, je pense que c'est un horizon. Mais par contre,
42:21 il faut dire, qu'est-ce qu'on va faire très concrètement
42:23 pendant les 100 jours ? - C'est une mauvaise République ?
42:25 C'est une mauvaise République ? - Non, enfin,
42:27 la 5ème République, elle a ses limites,
42:29 maintenant elle a garanti une certaine stabilité.
42:31 On voit très bien quand même... - Oui, parce qu'on parle d'une stabilité.
42:33 - On voit très bien qu'on bute
42:35 sur un obstacle aujourd'hui qui est quand même la toute-puissance
42:37 du Président
42:39 de la République qui peut se comporter
42:41 comme un espèce de monarque, que ça devient
42:43 insupportable pour tout le monde, et que face
42:45 à ça, il faut amener de nouveaux outils
42:47 démocratiques, et je pense que le référendum d'initiative
42:49 citoyenne est au moins une première réponse.
42:51 - Alors, dernière question,
42:53 est-ce que vous avez parlé d'une
42:55 candidature à la présidentielle avec Jean-Luc Mélenchon ?
42:57 Je boucle la boucle. - Non.
42:59 - A aucun moment ? - Non, c'est pas
43:01 en discussion. J'ai
43:03 beaucoup de discussions avec Jean-Luc,
43:05 on le sait,
43:07 mais souvent c'est sur la philosophie
43:09 grecque, c'est sur...
43:11 Vous voyez la grande jacquerie ?
43:13 On a eu une discussion sur la
43:15 grande jacquerie qui s'est produite, qui est partie
43:17 de Picardie, donc moi j'en suis fier,
43:19 en 1358. Pourquoi elle est partie ?
43:21 Parce qu'en 1354, à Poitiers,
43:23 on a été battus par les Anglais,
43:25 les soldats, les roturiers,
43:27 les paysans, ils ont vu les nobles
43:29 fuir devant les Anglais, mais ils se sont dit "mais si c'est
43:31 ça qui nous protège, on peut se passer d'eux". Et je pense qu'on est
43:33 dans la même situation. Si je raconte ça, c'est que je pense qu'on est
43:35 dans la même situation aujourd'hui. C'est-à-dire que
43:37 les gens, les roturiers, les paysans
43:39 d'aujourd'hui, les ouvriers se disent
43:41 "bon sang, cette élite qui est supposée nous protéger,
43:43 en fait, elle nous a livrés".
43:45 Et donc, on ne peut plus
43:47 compter sur cette élite-là, ça ne veut pas dire
43:49 qu'il ne doit pas y avoir d'autres dirigeants
43:51 qui émergent. - Alors François Ruffin, autre question ?
43:53 Vous renoncez à la présidentielle ?
43:55 - Mais non, enfin je veux dire, j'étais clair
43:57 sur le fait qu'il y a une carte... - C'est possible ?
43:59 - Je souhaite qu'il y ait une carte qui soit posée sur la table.
44:01 Que en 2026, pour ce qui
44:03 est d'apporter, vous savez,
44:05 à la concurrence, il faut répondre
44:07 par plus d'entraide, à la compétitivité,
44:09 à la mondialisation,
44:11 il faut répondre par plus de protection.
44:13 Que, à ce moment-là, on se demande qui
44:15 est le plus à même de répondre aux attentes
44:17 des gens, et bien, il y aura
44:19 des cartes sur la table, et puis on verra
44:21 s'il y a la même. - Le candidat des sous-préfectures.
44:23 De la France des sous-préfectures.
44:25 - De tout ! De la France,
44:27 vous savez, je ne divise pas la France. Je veux dire,
44:29 il y a une unité à avoir.
44:31 Je sais qu'on gagne
44:33 quand on a à la fois
44:35 les quartiers populaires,
44:37 la France des bourgeois, la France des sous-préfectures,
44:39 la France des Gilets jaunes, et aussi
44:41 la France des centres-villes. On ne va pas...
44:43 Il s'agit de vouloir le bien
44:45 pour son pays tout entier, et pas pour un
44:47 segment de son pays, quoi. - Bon.
44:49 Merci François Ruffin. - Merci à vous.
44:51 - Merci d'être venu nous voir, d'avoir exposé
44:53 vos idées, défendu vos idées,
44:55 vos points de vue. Merci.
44:57 Il est 11h57, vous êtes sur Sud Radio,
44:59 évidemment, nous renouvellerons ces invitations
45:01 avec d'autres responsables
45:03 politiques d'importance.
45:05 11h57, vous êtes sur Sud Radio.

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