Jeudi 27 avril 2023, SMART BOURSE reçoit Paul de Froment (Analyste, Bryan, Garnier & Co)
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00:09 Le dernier quart d'heure de Smartbourses chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir c'est celui du plastique, des déchets plastiques, de la pollution générée par les déchets plastiques
00:19 et bien sûr des moyens d'investir dans des sociétés qui apportent des solutions
00:25 pour traiter justement cette question du plastique et des déchets et de la pollution plastique.
00:30 Paul Defremont est à mon côté en plateau pour évoquer ce sujet.
00:33 Analyste technologie verte et transition énergétique chez Brian Garnier. Bonsoir Paul.
00:37 - Bonsoir Guillaume. - Merci beaucoup d'être avec nous.
00:39 Le monde du plastique, qu'est-ce qu'on peut dire à ce sujet partant de l'idée que comme pour
00:46 beaucoup de sources de déchets et de pollution, des objectifs ont été fixés politiques au plus haut niveau.
00:53 Un objectif qu'on peut prendre comme référence c'est peut-être celui du G7, je crois qu'il se réunissait sur cette question il n'y a pas très longtemps
00:59 et qui veut bannir la pollution par les déchets plastiques d'ici 2040.
01:04 Exactement, c'est l'annonce la plus récente, je dirais, ça date du 16 avril à peu près, lorsque les ministres
01:10 respectifs du climat se sont réunis au Japon et ont pris cet engagement de bannir la pollution plastique d'ici 2040.
01:18 Et en fait, pourquoi est-ce qu'ils ont pris cet engagement ? C'est assez simple, c'est un enjeu
01:22 qui est quand même assez important. J'aime bien dissocier le plastique de la pollution, le déchet plastique.
01:31 Le problème c'est le déchet plastique qui cause de nombreux problèmes.
01:36 Le premier, c'est qu'on a aujourd'hui ce qu'on appelle un continent de plastique qui est au large d'Hawaï
01:43 qui fait, pour donner un ordre de grandeur, à peu près six fois la France.
01:46 Donc il y a un véritable enjeu de pollution des écosystèmes marins.
01:50 Et c'est aussi un problème pour la santé humaine puisqu'on retrouve des microplastiques dans toute la chaîne alimentaire,
01:57 que ce soit les poissons, les crustacés, les fruits et légumes.
01:59 On estime qu'un individu ingère à peu près...
02:03 - Une carte de crédit ! - Oui ! J'ai la même référence !
02:06 - Toutes les semaines que j'ai vérifiées aujourd'hui ! - Et c'est vrai, ce n'est pas une légende, ce n'est pas un mythe urbain qu'on répète comme ça à l'entier.
02:13 - Non, c'est vrai. - Donc la taille d'une carte plastique, d'une carte de...
02:16 - Ça fait 5 grammes. - Voilà, c'est ça.
02:17 - Ça fait 5 grammes de plastique. - Chaque semaine.
02:19 - Ouais, chaque semaine. Bon, après, évidemment, c'est une moyenne.
02:22 Mais l'idée, en fait, c'est qu'on retrouve des microplastiques un peu partout, que ce soit dans la nature ou dans les aliments.
02:31 - Et donc, comme vous dites, c'est bien la question des déchets parce qu'on entend beaucoup d'industriels, y compris du recyclage, etc.
02:38 Le plastique est une matière qui a beaucoup de vertus, malgré tout.
02:42 - Oui, oui, tout à fait. On l'utilise de toute façon dans notre quotidien, dans énormément de secteurs.
02:48 Ça a une consommation d'énergie qui est moins importante que le verre ou l'aluminium.
02:54 Donc ça reste... Ça a quand même beaucoup de vertus.
03:00 Maintenant, le problème, en fait, du plastique...
03:02 Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on en produit beaucoup, parce qu'on produit à peu près 450 millions de tonnes de nouveaux plastiques par an.
03:10 Et on crée 350 millions de tonnes de déchets de plastique par an.
03:14 Et en fait, sur ces 350 millions, seulement 10% sont recyclés.
03:18 Donc, en fait, on voit que le problème, il est vraiment au niveau du "qu'est-ce qu'on fait de ces déchets plastiques ?"
03:23 Et les 90% qui ne sont pas recyclés, en fait, sont mis en décharge ou incinérés.
03:29 Donc, en fait, le problème est là.
03:33 Et aujourd'hui, c'est pour ça que moi, j'aime bien prendre l'exemple du PET, qui est le deuxième plastique le plus produit dans le monde.
03:42 Donc, on utilise... PET, c'est un tiers pour les emballages, notamment, surtout tout ce qui est packaging, bouteilles, et deux tiers dans le textile.
03:51 Donc, si vous prenez le PET, aujourd'hui, vous avez 90% du PET qui n'est pas recyclé.
03:56 - D'accord. - Parce qu'on ne sait pas faire.
03:58 On ne sait pas faire parce qu'on a des plastiques... On a des emballages qu'on appelle des plastiques complexes,
04:02 donc qui réunissent plusieurs types de plastiques, des plastiques souillés.
04:06 Il faut respecter des contraintes de couleur.
04:08 Donc, il y a tout un procédé qui fait que le recyclage est très difficile.
04:14 - Comment réfléchir aux solutions ? Et comment les entreprises qui sont impliquées, effectivement, dans cette filière plastique,
04:22 réfléchissent aux solutions envisageables, possibles, demain, après-demain, en tout cas, pour essayer de tenir un engagement tel qu'il a été fixé par les ministres du G7,
04:32 suppression des déchets plastiques d'ici 2040 ?
04:34 - Aujourd'hui, il y a deux types de solutions, en tout cas, que nous, on voit à travers, justement, des sociétés côté en bourse et à travers les sociétés innovantes.
04:44 La première est plutôt au niveau du recyclage et la deuxième, pour vraiment des nouveaux plastiques.
04:51 Donc, la première, au niveau du recyclage, comme je vous le disais, le recyclage, c'est un véritable enjeu parce que c'est difficile.
04:59 Il y a beaucoup de contraintes. Et surtout, aujourd'hui, si on regarde le recyclage dans le plastique, c'est ce qu'on appelle du recyclage mécanique.
05:04 C'est 99% du recyclage mécanique, c'est-à-dire qu'on collecte, on trie, on broie et on reconstitue.
05:10 Ça, c'est le cas pour le PET. Et le problème de cette technique, c'est que le PET, les propriétés du PET s'altèrent au fur et à mesure.
05:18 - Au fur et à mesure du nombre de recyclages.
05:19 - Exactement. Donc, en fait, on peut répéter ce cycle que 3 ou 4 fois et après, ça devient du déchet plastique.
05:24 - D'accord. Oui, je comprends.
05:25 - Donc, c'est une solution presque temporaire.
05:26 - Oui. Donc, il y a une société en France qui s'appelle Carbios qui, justement, a développé une solution de recyclage, cette fois, qui n'est pas mécanique, mais plutôt enzymatique,
05:36 qui a des enzymes propriétaires et qui, en fait, arrive à déconstruire le PET pour le reconstituer par la suite.
05:43 Et en fait, le schéma de Carbios est très intéressant puisqu'en fait, il permet de s'affranchir des contraintes du recyclage mécanique
05:52 parce que, premièrement, on peut recycler tout type de PET, peu importe la couleur, la constitution, en fait, de l'emballage.
06:01 Et en plus de ça, le PET, les propriétés du PET ne s'altèrent pas au fur et à mesure des cycles de recyclage.
06:09 Donc, c'est là où, en fait, on économise réellement du déchet plastique.
06:14 - Ils ont son goût de ce procédé parce que c'est une small cap, mais ça pèse quand même quelques centaines de millions de marqués de cap, Carbios.
06:19 - Oui, c'est 340 millions de marqués de cap.
06:20 - 340 millions de marqués de cap, c'est une boîte historique, enfin voilà, un nom connu, on va dire, de la cote small cap parisienne.
06:27 Ils ont son goût du procédé, les phases, l'industrialisation de ce procédé est aujourd'hui possible, il y a des partenariats.
06:34 Où est-ce qu'ils en sont, justement, de leur développement ?
06:36 - Alors, aujourd'hui, la technologie de Carbios est totalement validée.
06:40 Donc, ça, ils ont des partenariats. Ils ont un partenariat exclusif avec Novozyme pour la production d'enzymes.
06:46 Ils ont aussi un partenariat avec Indorama.
06:48 Donc, ils ont déjà leurs démonstrateurs, c'est pour ça qu'on sait que technologiquement, ça fonctionne très bien.
06:53 Maintenant, ils sont en pleine phase de lancement commercial.
06:56 L'idée étant de signer, évidemment, des licences, comme beaucoup de biotech industrielles.
07:04 Nous, on pense qu'ils sont en excellente voie pour y arriver parce qu'ils ont une technologie qui est unique
07:08 et qui répond à un véritable besoin aujourd'hui dans le cadre, en fait, de cet enjeu de déchets plastiques.
07:14 - Qui sont leurs clients naturels ? Ce sont les boîtes de recyclage, les boîtes de collecte de déchets de recyclage ?
07:20 C'est toute cette chaîne-là qui est visée ?
07:22 - En fait, toutes les entreprises qui sont exposées, en fait, de près ou de loin au PET sont des clients potentiels pour Carbios.
07:33 - L'autre manière de faire, c'est, comme vous le disiez, c'est de, dès la production, dès la conception du plastique,
07:41 essayer d'apporter quelque chose de nouveau, de bio, de différent, qui puisse changer, j'imagine, le cycle de vie du produit derrière.
07:50 - Oui, tout à fait. Alors là, c'est justement un autre type de solution qui, pour moi, est complémentaire à celle de Carbios.
07:56 Souvent, j'entends que c'est antinomique. Ce n'est pas le cas. C'est complémentaire.
08:01 Le marché est tellement large que, de toute façon...
08:04 - Oui, on a besoin du recyclage et des nouveaux plastiques, j'imagine.
08:08 Et là, on a une société hollandaise qui s'appelle Aventium, qui est aussi coté en bourse, qui est un peu plus petite en termes de capitalisation boursière que Carbios,
08:15 parce qu'elle fait 150 millions de market cap, qui, elle, a développé un nouveau plastique qui s'appelle le PEF,
08:21 qui, en fait, correspond aux mêmes usages, je dirais, que le PET, mais sauf que là, c'est un plastique qui est 100% végétal.
08:31 Aujourd'hui, la plupart des plastiques, 99% sont composés de dérivés pétrochimiques.
08:37 Et là, le PEF, c'est 100% végétal. C'est issu de la, en l'occurrence, de pulpe de betterave, mais ça peut être aussi issu de céréales.
08:46 Et l'idée, en fait, c'est de produire un plastique qui soit bio, à mesure où il n'est pas dérivé de pétrochimie.
08:56 Et surtout, ce qui est intéressant avec le PEF, c'est qu'il a des propriétés techniques qui sont supérieures à celles du PET et du RPET,
09:03 puisqu'il permet une meilleure barrière à l'oxygène, il est plus léger, il est plus résistant.
09:08 - Et là où est-ce qu'ils en sont, de la techno, du cycle de développement ? C'est une boîte néerlandaise, c'est ça ?
09:13 - C'est une boîte néerlandaise, tout à fait. Ils viennent... Alors eux, ils ont passé la phase démonstrateur,
09:17 ils sont en train de créer leur usine à vocation commerciale et ils ont signé leur première licence avec un partenaire américain qui s'appelle Origin.
09:26 Et l'idée, c'est de continuer à signer des licences pour pouvoir permettre à d'autres acteurs de la chimie verte de créer le PEF et ensuite de le commercialiser.
09:36 - Quand on parle d'utilisation de végétaux, céréales ou pulpes de betterave, oui, c'était la question qu'on se posait aussi sur les biocarburants.
09:44 On parle de déchets, ils arrivent avec des déchets de végétaux qui n'amputent pas, j'allais dire, par exemple, la consommation de céréales pour l'alimentaire ou pour la nourriture.
09:55 Ils arrivent à utiliser quand même des parties non nobles ou de déchets végétaux pour cette production-là ?
10:02 - Alors, c'est toute la question. C'est vrai que ça revient souvent.
10:05 - Vous m'avez vu ça avec les biocarburants, je me souviens très bien.
10:08 - Et en fait... - Qui utilisaient à un moment la céréale et donc il fallait quand même utiliser des surfaces qui auraient pu être des surfaces agricoles alimentaires pour de la production de carburants.
10:17 - Alors, c'est difficile de répondre à cette question parce qu'aujourd'hui, ils utilisent de la betterave et donc la betterave qui pourrait être dans le circuit alimentaire.
10:29 Maintenant, en fait, on peut faire du PEF, ce qu'on appelle le "feedstock", la matière dont on a besoin pour faire du PEF doit être végétale et elle peut être de plusieurs sources.
10:40 - Ça peut être autre chose ? - Ça peut être du bois, ça peut être du glucose, ça peut être... Voilà, donc on peut s'affranchir de cette problématique.
10:47 - Très intéressant. Carbios et avancium, donc à suivre dans la thématique plastique si le sujet vous intéresse.
10:55 Merci beaucoup Paul. Paul Defremand qui était avec nous, analyste technologie verte et transition énergétique chez Brian Garnier, invité de ce quart d'heure thématique de Smartbourses ce soir.
11:04 Voilà pour cette édition, on se retrouve demain à 12h30 en direct sur Bsmart.
11:08 [Musique]