Arnaud et Bettencourt, homme et femme les plus riches : bonne nouvelle ?

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Transcript
00:00 Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30/12h30, Jean-Jacques Bourdin.
00:05 Tous les jours entre 11h et 12h, débat sur l'antenne de Sud Radio autour d'un sujet d'actualité.
00:12 Hier nous étions sur la fin de vie, aujourd'hui nous changeons complètement de sujet
00:16 puisque nous allons parler de la richesse au sens large du mot.
00:22 Le classement Forbes des hommes et des femmes, des femmes et des hommes les plus riches du monde est paru hier
00:31 et nous constatons que la femme la plus riche est française et que l'homme le plus riche est français.
00:39 Est-ce que nous devons être fiers ou pas ? Est-ce le résultat de la vigueur de l'économie française ?
00:48 Ce sont des questions que nous allons nous poser avec tous nos invités.
00:52 Nathalie Arthaud qui est porte-parole de Lutte Ouvrière, bonjour.
00:55 - Bonjour.
00:55 - Merci d'être avec nous. Jean-Philippe Delsol qui est avocat fiscaliste, bonjour.
00:58 - Bonjour, c'est bon là.
00:59 - Et puis Philippe Vigier qui est député Modem de Réloir, bonjour.
01:02 - Bonjour.
01:03 - Alors, ce classement est donc clair. Bernard Arnault est l'homme le plus riche du monde, plus de 200 milliards de dollars
01:11 et Françoise Meyers-Bétancourt est la femme la plus riche du monde.
01:16 Est-ce que nous devons en être fiers, Nathalie Arthaud ?
01:19 - Alors, je pense que c'est une très bonne nouvelle pour la mobilisation de demain.
01:24 - Ah bon ?
01:25 - Je pense que cela va donner des raisons supplémentaires à tous ceux qui ont envie de manifester
01:34 et de s'opposer au recul sur les retraites.
01:36 Parce que, écoutez, ça fait quand même maintenant plusieurs mois que le gouvernement nous explique
01:40 qu'il faut renoncer à deux ans de retraite parce qu'il n'y a plus d'argent,
01:44 parce que vraiment on est dans une crise, parce qu'on est dans une impasse,
01:49 c'est impossible de trouver de quoi payer les pensions, etc.
01:54 Et puis là, on voit qu'en effet, à un sommet, il y a de l'argent, mais c'est à un niveau incroyable,
01:59 parce que vous avez cité les chiffres.
02:01 Mais 200 milliards de dollars pour une grande famille, Bernard Arnault,
02:05 cela signifie quand même qu'il y a quelque 140 pays dans le monde dont la richesse est inférieure.
02:12 Donc vous vous rendez compte ? C'est astronomique !
02:16 - D'ailleurs, est-ce que ça a encore une...
02:17 - On en perd en effet...
02:19 - Je poserai la question, est-ce que ça a encore une signification, justement ?
02:23 Qu'en pensez-vous ? On doit être fiers de cela, Jean-Philippe Delsol ?
02:29 - On doit s'en réjouir.
02:30 - On doit s'en réjouir, vraiment ?
02:32 - Mais oui, parce que ça prouve qu'on peut encore entreprendre en France, innover et faire fortune.
02:39 Alors moi, je m'en réjouis, et je pense que le vrai problème, et le vrai problème de Mademarto,
02:44 mais le vrai problème des Français, c'est qu'en fait, chez eux, au lieu de se dire "c'est formidable,
02:50 on va essayer de faire pareil", on a des chances, nous aussi, on a tous des chances,
02:54 parce qu'il n'est pas parti de grand-chose, finalement.
02:56 - Oh non ! Oh non !
02:58 - Non, il n'a pas hérité de quelque chose.
03:00 - Ah bon ? Il est quand même juste né, oui, de très bonne famille.
03:05 - Il n'a pas hérité d'une fortune considérable.
03:11 - Mais enfin, c'est une très bonne famille.
03:13 - Mais je ne vous ai pas dit la même.
03:15 - Donc son père, dans le BTP, avec...
03:17 - Je vous ai laissé parler, madame.
03:19 - Oui, mais enfin, voilà.
03:20 - Comment on parle ? Exprimez-moi.
03:21 - Ce que je dis, simplement, c'est que, ici, voilà, on est tout de suite jaloux,
03:24 et on se dit "tiens, demain, on va pouvoir manifester contre lui".
03:27 - Non, c'est pas manifester contre lui, demain, quand même.
03:30 - Mais d'une certaine manière, si.
03:32 - C'est ça.
03:33 - Voyez, regardez.
03:34 - Oui, d'une certaine manière.
03:35 - Bah, écoutez, on a quand même vu les chiffres, on sait que 2% de taxes sur les 43 milliardaires
03:41 qu'il y a dans ce pays, ça remplirait les caisses de retraite.
03:43 - Je voudrais juste finir.
03:44 - Oui, oui, c'est aussi revendiquer, de prendre l'argent là où il en a.
03:47 - Oui, d'accord, mais je voudrais finir.
03:49 Et je dis simplement d'abord que sa fortune, qui est énorme, énorme,
03:53 elle est d'abord, pour la grande, presque la totalité, une grande, grande partie,
04:00 constituée d'actions de sociétés qui ne sont pas disponibles.
04:04 Et les actions des sociétés, ça évolue en fonction de la bourse, et de la bourse dans le monde.
04:08 - C'est pour ça que je disais tout à l'heure quelle signification.
04:10 - Donc en réalité, ça veut simplement dire que, voilà, aujourd'hui,
04:14 on peut entreprendre au niveau mondial à partir de la France.
04:17 Parce que sa fortune, elle n'est pas qu'en France.
04:19 Il a, dans le luxe, c'est son domaine, construit partout dans le monde.
04:24 Mais, si vous voulez, moi je préfère la mentalité qui est encore celle,
04:28 peut-être de moins en moins, d'ailleurs, mais encore celle des Etats-Unis,
04:31 et c'est pour ça qu'ils rebondissent, qui, au lieu de dire "on est jaloux",
04:35 disent "ah ben on admire", et ça veut dire qu'on a tous notre chance.
04:38 - Oui, sauf qu'on taxe aux Etats-Unis maintenant plus qu'avant, et notamment les plus riches.
04:43 - Alors on taxe les plus riches... - Vous, fiscaliste...
04:46 - Oui, on les taxe plus qu'avant, c'est vrai.
04:51 Mais je prends juste quelques exemples, si vous voulez.
04:54 Aux Etats-Unis, en termes de succession, jusqu'à 12 millions de dollars,
04:59 c'est-à-dire quasiment la même chose en euros, on n'est pas taxé.
05:02 En France, c'est à 1,8 million, on est taxé à 45%.
05:06 C'est pas tout à fait la même chose, quand même.
05:09 - Bien, Philippe Vigier, qu'en pensez-vous ? On doit se réjouir ou pas ?
05:12 - Oui, on s'en réjouit. Je veux dire pour une raison simple.
05:15 C'est que derrière ce nom de Bernard Arnault,
05:18 ou bien mettons, Cours, ou tous ceux qui ont la chance d'être à la tête d'une grande entreprise capitalistique,
05:23 c'est qu'il y a des centaines de milliers d'emplois à la clé.
05:25 Vous voyez, moi je vais prendre les choses très simplement.
05:27 Dans ma circonscription, je suis heureux, parce que vous voyez, je suis en Eure-et-Loire,
05:30 donc en région centre-Baldeloir. Qu'est-ce qu'il y a en région centre-Baldeloir ?
05:33 C'est là où est née la Cosmetic Valley. La Cosmetic Valley, elle est connue dans le monde entier.
05:37 C'est un cluster qui est devenu un pôle de compétitivité mondial.
05:40 Eh bien, dans une petite commune de 400 habitants, il y a 200 emplois qui se créent.
05:44 Vous voyez, ça c'est bon pour le développement durable, ça évite à des gens d'aller à Paris tous les jours travailler.
05:47 Ils ont 200 emplois sur place. Est-ce qu'ils sont bien payés ou pas ? C'est ça qu'il faut regarder.
05:52 Est-ce que vous avez souvent vu des gens qui travaillent chez le BMA ? Je dirais qu'ils sont mal payés, mais très rarement.
05:56 - Oui, j'en connais pas mal. - Vous en connaissez, mais moi j'en connais beaucoup qui vous montreront le contraire.
06:00 A quelques quinzaines de kilomètres de chez moi, c'est Vendôme.
06:02 Là, c'est Bernard Arnault qui vient d'essayer d'investir une somme considérable.
06:05 Donc, lorsque vous connaissez Chartres, lorsque vous connaissez la région centre, lorsque vous connaissez la France,
06:09 et moi je me réjouis du fait qu'on soit capable d'avoir des pépites industrielles,
06:14 et qu'on soit capable justement de faire en sorte que derrière, il y ait des milliers et des centaines de millions d'entreprises.
06:19 Il préfère ça plutôt que d'avoir des entreprises délocalisées en Chine ou ailleurs.
06:23 - Bon, mais la question finalement, sur le chiffre en lui-même, parce que 200 milliards, qu'est-ce que ça veut dire ?
06:30 Ce qui m'intéresse, c'est qu'il y a 5 ans, il était à 60 milliards.
06:34 - Est-ce qu'on va leur en vouloir parce qu'ils ont fait des bonnes affaires ?
06:37 - Non, mais... - Voyez, moi j'ai grandi en Auvergne, il y a Clermont-Ferrand.
06:39 A Clermont-Ferrand, il y a quoi ? Il y a Michelin.
06:42 Comment a commencé Michelin, il y a un peu plus d'un siècle ?
06:45 - C'est une entreprise qui est un rayonnement mondial. Est-ce que ses salariés sont maltraités ?
06:48 C'est pas vrai, ils ne sont pas maltraités.
06:50 Ce qui est important après, c'est une certaine redistribution de la richesse.
06:53 Ça, c'est un autre sujet. Ça, c'est la politique salariale.
06:56 Ça, ce sont d'autres éléments qu'il faut rentrer en ligne de compte.
06:58 Mais je vous en supplie... - C'est vrai qu'il y a intéressement, participation dans ces entreprises-là.
07:03 - Bien sûr, c'est là où il y a la redistribution qu'il faut créer. - Dans ces entreprises-là, il y a une redistribution mieux qu'ailleurs.
07:07 - Alors, d'abord, qu'est-ce que ça veut dire, cette explosion des grandes fortunes ?
07:11 Vous-même, vous êtes surpris de voir qu'on passe de 60 milliards à 200 milliards.
07:16 Donc oui, oui, ça veut dire qu'il y a un sommet de la société, beaucoup d'argent qui s'accumule
07:22 et qui font prospérer le marché du luxe, très clairement.
07:27 Quand il y a des salariés qui ont 100 euros... - Le marché du luxe, c'est parce qu'il y a des acheteurs.
07:34 - Je termine mon raisonnement.
07:36 Quand il y a des salariés qui ont un budget de 100 euros pour l'alimentaire par mois,
07:42 eh bien, il y a aujourd'hui, dans le monde, des ultra-riches qui peuvent dépenser 1000 euros pour leur repas.
07:48 Pour leur repas, pour une bouteille de champagne, pour un bijou, pour un sac de luxe.
07:53 C'est ça, la réalité de notre monde aujourd'hui.
07:56 Et oui, il y a cet argent-là qui est accumulé et qui fait flamber, y compris les prix du luxe.
08:01 Il y a aussi de la spéculation, parce qu'il y a énormément d'argent qui, précisément, ne va pas s'investir dans ce qui est utile,
08:10 dans ce qui serait nécessaire, nous, aujourd'hui, dans la société.
08:13 C'est ça aussi le problème.
08:15 Je veux bien développer là-dessus tout à l'heure, mais je veux revenir sur une chose.
08:18 Moi, je peux vous dire que quand j'entends LVMH, 14 milliards de profit, quand j'entends L'Oréal, 10 milliards,
08:25 je n'ai plus le chiffre en tête, ça ne me réjouit pas, parce que je pense aux salariés qu'il y a derrière.
08:30 Je pense à l'intérimaire...
08:32 - Mais les salariés sont où, madame ? Ils sont dans les entreprises qui sont créées ? Pardonnez-moi, mais non, mais attendez, c'est un véritable débat.
08:37 - Non, non, je ne me laisse pas interrompre, parce que vous avez développé jusqu'au bout votre raisonnement.
08:40 Mais moi, je pense aux sous-traitants.
08:42 Et je sais que, oui, à LVMH, je suis désolée, mais il y a eu une grève en février dernier dans la Marocinerie,
08:48 dans trois entreprises, à Agnières, Sarras, Isoudun.
08:51 Il y a un an, il y a eu Arco, à Châtellerault, qui a fait une grève des ouvrières, 350 ouvrières,
08:57 qui ont fait grève parce qu'elles étaient payées à 1300 euros,
09:01 parce que leur salaire n'augmentait pas au rythme de l'inflation,
09:03 parce qu'ils se sont confrontés aussi aux cadences, comme dans n'importe quelle entreprise.
09:07 Et la réalité, c'est que ces entreprises-là, elles prospèrent parce qu'elles sont fondées sur l'exploitation,
09:11 et sur l'exploitation dure et difficile.
09:13 Vous savez, moi, je viens de Romand.
09:15 Romand-Surizère.
09:16 Romand-Surizère, il y a encore une tannerie.
09:18 - La chaussure.
09:19 - Une tannerie. La tannerie roux.
09:21 Eh bien, j'ai encore en tête, j'ai rencontré un ouvrier de cette tannerie.
09:24 Donc lui, il s'occupe de décharger les pots.
09:27 De décharger les pots et de faire le premier traitement des pots.
09:31 Et il m'a raconté ses conditions de travail.
09:33 Eh bien, c'est ça aussi LVMH. Et c'est au SMIC.
09:35 Et c'est en 2-8. C'est en équipe.
09:37 - Ça appartient à LVMH, à Romand ?
09:39 - Non, mais ils travaillent pour LVMH.
09:41 Ils sont indépendants.
09:42 - C'est un sous-traitant.
09:43 - C'est un sous-traitant, un fournisseur de LVMH.
09:46 Et c'est des conditions de travail extrêmement difficiles.
09:49 Et la réalité, c'est que tous leurs chiffres, quand ils donnent des chiffres de rentabilité,
09:53 et qu'il faut ensuite, bien sûr, exploser le cours boursier,
09:56 eh bien c'est, bien sûr, basé sur l'exploitation des travailleuses et des travailleurs.
10:00 Donc moi, c'est cela que je dénonce.
10:02 Et c'est mon combat.
10:03 Parce qu'en effet, il y a un lien.
10:04 Il y a un lien.
10:05 Ces grandes fortunes-là et la situation des travailleurs qui se dégradent,
10:08 la précarité, les bas salaires, les conditions de travail, il y a un lien.
10:12 Donc moi, je me battrai toujours pour dire "ça suffit".
10:15 - Mais vous n'avez pas le monopole de la défense des salariés.
10:17 Nous avons également le monopole de les aider, de les encourager pour les conditions de travail.
10:21 Non, ce n'est pas votre propriété privée.
10:23 Non, pas du tout.
10:24 - Les travailleurs, ils savent se défendre tout seuls, vous voyez.
10:26 Ils sont dans la rue de mort.
10:28 - Madame, vous n'avez pas voulu que je vous interroge, donc ayez au moins l'élégance de faire la même chose.
10:31 Ou alors, ça ne marche pas.
10:33 - Allez.
10:34 - Non mais, si on fixe des règles, on les respecte, ou alors on ne les respecte pas.
10:37 - Oui, oui, oui.
10:38 - Donc je suis désolé.
10:39 - Chacun va pouvoir et tout s'exprime.
10:40 - Quand il n'y a pas de production de richesse, il n'y a pas de redistribution.
10:42 Il y a un sujet sur lequel on peut se retrouver, c'est d'améliorer les conditions de travail.
10:45 Il y a un sujet sur lequel on peut se retrouver, c'est justement des meilleurs salaires, des dividendes,
10:49 de faire en sorte qu'on soit capable justement de mieux associer les salariés à la redistribution.
10:53 Ça, oui, qu'il faille progresser, oui.
10:55 - Oui, d'ailleurs, ce sera la deuxième partie de notre débat.
10:57 - Absolument.
10:58 - Plus de solidarité, comment ?
10:59 - Jean-Jacques Bourbin va pas laisser d'un côté ceux qui défendent les salariés, les autres qui ne le défendent pas.
11:03 Pardonnez-moi, ce n'est pas vrai.
11:04 Moi, j'ai été chez l'entreprise également dans ma vie.
11:06 Je ne pense pas qu'ils aient été mal payés.
11:08 Je pense que je les ai accompagnés pour leurs conditions de travail.
11:10 - Jean-Philippe Delsol.
11:11 - Voilà.
11:12 - Je comprends parfaitement votre agacement devant des dépenses ostentatoires.
11:17 Comme vous, je les trouve agaçantes et pas injustes, mais inélégantes pour le moins.
11:23 Et je comprends aussi, votre combat, il est tout à fait légitime pour améliorer le sort de tous, et notamment des plus démunis.
11:30 - Mais tous ont eu le combat.
11:31 - Ceci dit, je pense qu'en réalité, avant d'accabler, d'accuser les riches, il faut se poser plusieurs questions.
11:37 - Là, ce sont des très riches.
11:38 - Les très riches.
11:39 - C'est bien la différence.
11:40 - Il faut se poser la question d'où vient cette richesse, comment est-ce qu'elle a été constituée.
11:43 Et je pense qu'il y a des richesses qu'il faut condamner, combattre, avec fermeté.
11:48 Ce sont celles de ceux qui s'enrichissent indûment, irrégulièrement, au détriment des autres.
11:56 Notamment ceux qui tombent dans ce qu'on appelle le capitalisme de connivence avec l'État souvent.
12:03 Par exemple, aujourd'hui en Chine, en Russie, les oligarques qui en fait profitent davantage que leur consent l'État
12:09 pour taxer les autres, pour leur vendre des choses dont ils n'ont pas forcément envie, avec des surpris.
12:16 Et ça, c'est évidemment à combattre.
12:18 En France, je vais prendre un exemple, l'exemple d'un autre riche qu'on trouve dans les dix premiers riches de France,
12:24 selon le classement Forbes, c'est M. Niel.
12:27 Parce que son exemple est tout à fait intéressant.
12:30 Lui, il s'est enrichi très vite aussi.
12:32 Au cours des dix dernières années, il s'est enrichi.
12:36 Avant, il était...
12:37 - Free.
12:38 - Free. Comment il s'est enrichi ?
12:40 - Le téléphone immobilier.
12:41 - Eh bien, il y a une dizaine d'années, il est arrivé sur le marché des smartphones, des téléphones portables,
12:46 à un moment où il était en construction.
12:49 Et là où l'abonnement coûtait, je vous donne des chiffres moyens, 25 euros pour tout le monde, au minimum,
12:59 lui est arrivé en disant "moi, je vous le fais à 10, 11, 12 euros".
13:03 Il a réduit de plus de 50% l'abonnement téléphonique.
13:06 Et en fait, il a su créer, en profitant d'un système qui était un système de semi-monopole,
13:13 d'oligopole, comme on appelle ça aujourd'hui,
13:15 - Une entente cordiale, je dirais.
13:17 - Et de concession d'Etat, de fréquence.
13:21 - Une entente cordiale sur les prix.
13:23 - Entre les opérateurs, au détriment du consommateur.
13:27 - Et il est arrivé, il est arrivé, et là, c'est plutôt du socialisme de connivence d'ailleurs.
13:34 Parce que c'est l'Etat qui favorise ça.
13:36 Et il est arrivé, il a apporté de la concurrence,
13:39 et il a offert à tous les foyers français, 120 euros, 150 euros de plus par an, sur ses abonnements.
13:46 Et en même temps, il s'est enrichi.
13:48 Mais tant mieux, merci !
13:50 Moi, on peut être pour ou contre M. Niel, c'est pas le problème.
13:53 Je trouve que ce qu'il a fait, c'est dans l'intérêt de tous.
13:55 Et si c'est enrichi en plus, mais tant mieux, en quoi ça peut vous gêner ?
13:59 Parce que si on lui avait interdit de s'enrichir,
14:02 même si les capitalistes, comme vous les appelez, ne font pas leur job que pour l'argent,
14:08 mais ils le font aussi pour l'argent.
14:09 - Ah, quand même, un petit peu ?
14:11 - Je ne lui dis pas que... c'est pas du tout un critère déterminant pour beaucoup d'entre eux.
14:14 - Ah, d'accord.
14:15 - Mais, ben non, si vous voulez, un M. Buffet qui a donné au cours de sa vie 51 milliards à des associations caritatives,
14:22 manifestement, l'argent n'est pas tout pour lui, vous voyez.
14:25 - Moi, je crois qu'en proportion, c'est mieux, c'est même...
14:28 - Non, non, je ne vous ai pas coupé, Madame.
14:29 - Vous ne m'avez pas coupé, donc je parlerai, je vais terminer, s'il vous plaît.
14:33 - Terminé, terminé.
14:34 - Non, mais vous n'avez pas tous les droits, vous voyez.
14:36 - Alors, terminé.
14:37 - Donc, je termine très rapidement en disant que voilà, il faut être, j'allais dire, intelligent dans l'approche
14:46 et comprendre que s'il n'y avait pas cette incitation à s'enrichir en créant,
14:51 eh bien, peut-être que nous aurions beaucoup moins d'avantages.
14:54 D'ailleurs, les pays socialistes nous l'ont démontré.
14:56 Bien, allez, 11h18, petite pause, ensuite nous continuons ce débat.
15:01 Chacun va pouvoir s'exprimer, ne vous inquiétez pas,
15:04 nous n'allons pas nous... essayer de pas trop nous interrompre
15:07 pour essayer de... d'expliquer aux auditeurs le point de vue des uns et des autres
15:13 et surtout de leur permettre de réfléchir à tout cela.
15:16 Il est 11h18, je vois que l'intersyndical est sorti du bureau d'Elisabeth Borne,
15:24 nous allons voir exactement ce qui s'est dit, je crois, l'intersyndical parle de réunion inutile.
15:29 Une gifle, ben ça c'est bien parti, tiens. 11h18, à tout de suite.
15:34 - Jean-Jacques Bourdin.
15:35 - Il est 11h21, 11h21, merci d'être avec nous, nous poursuivons ce débat.
15:40 Alors, je faisais la réflexion, ben on va la faire ouvertement pendant la pub,
15:44 je me disais que les ultra-riches, on le voit avec les crises récentes,
15:49 il y a eu le Covid, il y a les crises de l'énergie, il y a des guerres,
15:53 mais ça ne les touche pas.
15:55 Les ultra-riches s'enrichissent toujours, alors que le petit chef d'entreprise,
16:00 qui lui a 20, 30 ou 100 salariés, qui doit boucler ses fins de mois,
16:06 et ben lui, dès qu'il y a une crise, il est en difficulté.
16:11 Là, n'y a-t-il pas une injustice ?
16:14 Jean-Philippe Delsol, je vous pose la question.
16:16 - Je ne pense pas qu'il y ait une injustice.
16:20 Face à une crise, il y a des gens qui ont l'art d'anticiper,
16:25 de s'organiser... - Mais vous croyez que le patron de PME,
16:28 il n'a pas l'art de s'anticiper ?
16:30 - Je pense quand même que la plupart des riches aujourd'hui sont des entrepreneurs.
16:36 Ce sont des entrepreneurs qui ont réussi parce qu'ils ont cette habileté que nous n'avons pas tous.
16:39 - Non, des ultra-riches, je dirais.
16:41 - La plupart des ultra-riches sont des entrepreneurs.
16:44 - Oui, bon...
16:45 - Ou des... Enfin, la grande majorité ce sont des entrepreneurs...
16:48 - Jean-Claude Mayer, Bettencourt... - Et les autres ce sont des descendants d'entrepreneurs.
16:51 - Oui, ce sont des descendants, oui.
16:52 - Mais la grande majorité ce sont des entrepreneurs directs.
16:54 - Oui.
16:55 - Alors, moi ce que je constate, si vous voulez je vais prendre un exemple.
16:58 C'est que, en fait, en France, ce qu'on a su faire,
17:01 c'est 80% des dits premiers riches, c'est favoriser le luxe.
17:05 Ce qui est bien, mais c'est quand même pas l'idéal.
17:08 Aux Etats-Unis, les 80% premiers,
17:11 ce sont des gens qui sont dans la technologie, dans l'innovation, dans le numérique.
17:16 C'est quand même très différent, c'est Elon Musk, etc.
17:20 Et donc, en fait, ces gens-là, ils ont effectivement le sens de l'avenir.
17:27 C'est pour ça qu'ils ont réussi mieux que les autres.
17:30 Et donc, ils savent mieux que les autres surfer sur les crises.
17:33 Tant mieux !
17:34 On a besoin de gens qui savent nous mener, nous donner des directions,
17:38 parce que tout le monde n'en est pas capable.
17:40 - Oui, mais vous ne répondez pas à ma question.
17:42 N'y a-t-il pas une injustice ?
17:44 Vous dites qu'il n'y a pas d'injustice, moi je dis qu'il y a une injustice.
17:47 Qu'en pensez-vous ?
17:48 - Moi, je trouve qu'il y a une injustice, oui.
17:50 - Oui, il y a une injustice !
17:51 - Il y a une injustice parce qu'en fait, on s'est aperçu dans les crises,
17:53 moi je vous dis très simplement les choses,
17:55 dans ma circonscription, ce week-end, on m'a parlé du pouvoir d'achat,
17:58 on ne m'a pas beaucoup parlé des retraites, on ne m'a pas parlé du pouvoir d'achat.
18:00 C'est comment je bouffe, comment j'ai payé mon plan d'état,
18:02 c'est comment je nourris ma famille.
18:03 - Mais le fond du débat aujourd'hui, c'est le coût de la vie !
18:05 - C'est le coût de la vie qui explose, et ça il faut le reconnaître, c'est un vrai sujet.
18:09 Pour ça, vous voyez, c'est quelque chose que nous portons à l'Assemblée,
18:11 avec Jean-Paul Matin, notre président de groupe, sur le partage de la valeur,
18:14 c'est-à-dire qu'il y a eu des superdividendes,
18:17 et il faut reconnaître que dans cette crise énergique qu'on la connaît,
18:19 mais dans l'alimentaire aussi, madame Arthaud,
18:21 il y a des entreprises qui se sont enrichies de façon, pour moi, excessive,
18:26 et avec quelque part un niveau d'indécence.
18:28 D'ailleurs, je vais vous rappeler que dans les dispositifs gouvernementaux,
18:30 vous savez, des différents boucliers qu'on a mis en place,
18:32 on va quand même taxer une partie de ces entreprises.
18:35 Il y a un sujet majeur, c'est que le travail, il faut mieux le rémunérer.
18:39 Ce débat sur le partage de la valeur, il est transversal sur les familles politiques,
18:43 et sur tous les courants de pensée,
18:44 parce qu'il y a des montages financiers qui existent sur les ultra-riches,
18:48 et grâce à certains montages financiers, vous ne me direz pas le contraire,
18:51 ils sont beaucoup plus protégés que ne sont le petit artisan du coin,
18:55 la petite entreprise des bâtiments de publics, et ça c'est la vérité.
18:58 - Le petit patron de PME qui ne connaît pas l'optimisation fiscale, pardon !
19:00 - Je suis d'accord avec vous, il ne connaît pas l'optimisation fiscale,
19:02 qui est beaucoup plus facile pour les très grands groupes, c'est la vérité,
19:05 on ne peut pas dire le contraire.
19:06 Autant je dis qu'il faut avoir ces grands groupes qui réussissent,
19:10 de manière à pouvoir réinjecter, réindustrialiser,
19:12 parce que j'ai un bassin des loyers qui a énormément souffert,
19:15 et donc je m'aperçois quand même que,
19:17 heureusement que certaines entreprises sont là pour réinvestir,
19:19 pour autant, l'optimisation fiscale, on doit plus la corriger dans ce pays.
19:23 - Oui, on doit plus la corriger, mais alors justement, que faire ?
19:27 Qu'en pensez-vous ? Vous pensez qu'il y a une injustice ?
19:31 Mais oui, mais moi je défends le petit patron de...
19:36 Ici on défend les petits patrons de PME,
19:39 pas que les petits patrons de PME, mais là je les défends,
19:42 qui ont des difficultés pour boucler les fins de mois,
19:45 qui, dès qu'il y a une crise, sont en difficulté.
19:49 Les PGE, vous allez voir les PGE dans quelques mois,
19:52 dans un an ou deux, les conséquences des PGE.
19:57 Donc oui, eux aussi trouvent ces ultra-riches trop ultra-riches,
20:04 et pensent qu'il y a une injustice, et pensent qu'ils ne sont pas suffisamment,
20:08 qu'ils ne contribuent pas suffisamment, ce qui n'est pas pareil,
20:11 je ne veux pas parler de taxation, qu'ils ne contribuent pas suffisamment
20:15 à la richesse du pays, indirectement,
20:18 et du moins qu'ils ne contribuent pas à une meilleure égalité de la richesse.
20:27 - Moi je pense qu'il n'y a pas de justice dans cette société capitaliste.
20:32 - Oui, parce que vous êtes anticapitaliste, c'est pour ça que vous pensez cela.
20:35 - Parce que cette société est basée sur l'exploitation du travail.
20:39 Tout à l'heure on a discuté d'où viennent les richesses.
20:42 Mais les richesses, elles viennent des salariés, des travailleurs.
20:45 Il n'y aurait pas de richesse sans les ouvriers, sans les employés,
20:49 sans les éboueurs qui ramassent les ordures.
20:52 - Ni sans les patrons.
20:54 - Eh bien moi ça je ne le crois pas.
20:56 - Vous pensez qu'il ne faut pas de patrons.
20:58 - Je pense qu'il faudrait décider collectivement de où on met les capitaux
21:02 qui existent dans la société, où on met les moyens de production
21:05 qui existent dans la société.
21:07 Et par ailleurs, ce que je pense c'est que, oui, bien sûr,
21:11 il y a un gouffre qui sépare les petits patrons,
21:16 il y a un gouffre qui sépare les artisans, les commerçants,
21:19 qui sépare les entrepreneurs, les petits entrepreneurs,
21:23 et Bernard Arnault, Bettencourt, ces ultra-riches,
21:26 il y a un gouffre parce que eux ne sont pas des entrepreneurs,
21:29 ce sont des financiers, ce sont des spéculateurs,
21:32 ce ne sont pas des gens qui investissent,
21:34 ce sont des gens qui parasitent une société
21:37 de toute façon, dans laquelle l'argent va à l'argent.
21:41 Donc bien sûr qu'ils se sortiront toujours des crises, toujours,
21:44 parce que de toute façon, d'abord leur business c'est le luxe,
21:47 donc de toute façon c'est s'adresser à ceux qui ont des magots incroyables mais vrais.
21:51 - Oui mais c'est une fierté française le luxe, quand même,
21:54 c'est un savoir-faire, c'est un savoir-faire.
21:57 - Ecoutez, moi je serais fière quand les travailleurs pourront vivre de leur travail,
22:00 je serais fière quand cette société progressera pour tout le monde,
22:03 quand les hôpitaux fonctionneront, quand il y aura des épanes d'atouts.
22:06 - Vous serez reconnue dans le monde entier, et vous n'êtes pas fière.
22:09 - Qu'est-ce que ça nous apporte à nous dans notre vie de tous les jours ?
22:12 Franchement, ça nous apporte quoi ?
22:14 Et moi je tiens aussi à dire une chose, c'est que justement,
22:17 cet argent-là qui s'accumule, là j'ai fait le calcul,
22:20 si j'ai bien calculé, la famille Arnault va récupérer 4 milliards
22:25 en dividendes et en rachats d'actions, 4 milliards, vous vous rendez compte ?
22:28 4 milliards, mais 4 milliards, moi j'ai des idées pour les investir, les 4 milliards.
22:33 Il y a besoin de cet argent-là pour investir dans...
22:36 - Le rachat d'actions, d'ailleurs, c'est peut-être un problème.
22:38 - Pour investir dans les EHPAD, etc.
22:41 Mais ce ne sont pas des investisseurs, ce ne sont pas des...
22:44 Ils jouent au casino, alors bien sûr qu'ils s'en sortiront toujours.
22:47 Donc moi, ce que je dis aux travailleurs, bah oui, cette société, elle est très riche.
22:50 Nous créons énormément de richesses, il faut au minimum que ça nous serve.
22:55 Ça nous serve pour nos retraites, pour nos salaires, pour nos conditions de vie.
22:58 - Un quelque mot, oui, Jean-Philippe Delsol.
23:00 - Je voulais d'abord souligner que les riches sont déjà beaucoup plus taxés que les autres.
23:05 Il y a effectivement des riches, il y a eu des augmentations.
23:09 - C'est pas vrai.
23:10 - Il y a eu des augmentations de la richesse ces dernières années, depuis 20 ans à peu près,
23:14 à cause justement de l'innovation, notamment numérique.
23:17 Mais globalement, toutes les populations dans les pays occidentaux se sont enrichies
23:23 et à des niveaux de l'ordre de 3% par an en France, par exemple, ce qui n'est pas rien.
23:28 - 3% la moyenne ?
23:31 - Au niveau des 50% les moins riches, il y a une augmentation moyenne de 3% de leur niveau de vie.
23:38 - Et l'augmentation des ultra-riches ?
23:40 - C'est beaucoup plus.
23:41 Mais ceci dit, le vrai problème, c'est là où il n'y a pas...
23:44 - C'est pas un problème ? Est-ce que c'est un problème ou pas ?
23:46 - Mais si, le vrai problème, il n'est pas là.
23:48 Le vrai problème, c'est que si on fait disparaître la liberté de s'enrichir,
23:52 car c'est ça le problème, moi je ne défends pas les riches du tout,
23:55 je dis simplement que s'il n'y a plus de liberté de s'enrichir,
23:58 et bien, ça veut dire que si on veut l'égalité partout,
24:01 ce que souhaite Mme Arthaud, et bien en réalité, on a la pauvreté pour tout le monde.
24:06 Et ça, c'est évident dans tous les pays.
24:09 Et aujourd'hui, je termine là-dessus, aujourd'hui, en France, prenons simplement ces chiffres,
24:15 les 1% les plus riches contribuent à, ça dépend des années,
24:18 de l'ordre de 40% de l'impôt sur le revenu,
24:21 et les 10% les plus riches contribuent à de l'ordre de 70%, 75% de l'impôt sur le revenu.
24:28 - Pardon de vous dire, mais puisque vous prenez les chiffres,
24:30 ce ne sont pas les ultra-riches qui contribuent...
24:33 - C'est les 1%, j'ai dit les 1%.
24:35 - Mais les 1%, attendez...
24:36 - Il y a de tout dans les 1%.
24:37 - Oui, mais c'est la plupart des 1% qui contribuent aux 40% dont vous parlez,
24:42 ce ne sont pas les ultra-riches, vous le savez bien.
24:45 - Mais M. Bredin, les ultra-riches...
24:46 - Mais oui.
24:47 - Bien sûr, ces milliards nous font tourner la tête, c'est évident.
24:49 - Ce n'est pas qu'ils nous font tourner la tête.
24:51 - Il reste que, quand M. Arnault reçoit 4 milliards,
24:53 je n'ai pas les chiffres, mais vous les avez donnés, je l'ai pris en comptant,
24:57 ce n'est pas pour aller déjeuner à 1000 euros par...
25:01 peut-être qu'il le fera ça aussi, mais l'exemple que vous avez pris tout à l'heure,
25:05 mais c'est pour réinvestir, et ce sont des gens qui réinvestissent,
25:09 et en réinvestissant, ils créent des nouvelles richesses,
25:11 ils créent des nouveaux emplois, ils augmentent la valeur ajoutée
25:14 au profit aussi des employés.
25:15 - Il est 11h31, nous allons observer une pause,
25:18 je voudrais que nous parlions quand même de la réforme des retraites,
25:20 parce que les syndicats sont sortis, visiblement ça ne s'est pas bien passé,
25:25 nous allons écouter Sophie Binet dans un instant,
25:27 la nouvelle secrétaire générale de la CGT, à la sortie,
25:32 oui, je disais, visiblement ça s'est mal passé,
25:35 donc nous allons en parler, juste après la pub,
25:41 vous êtes sur Sud Radio, à tout de suite.
25:43 - Jean-Jacques Bourdin.
25:44 - Il est 11h34, merci d'être avec nous,
25:48 alors nous allons, messieurs, madame, messieurs,
25:51 nous allons faire une petite parenthèse autour de la réforme des retraites,
25:54 parce que apparemment ça s'est visiblement très mal passé,
25:57 la rencontre avec Elisabeth Borne a duré moins d'une heure,
26:00 avec les syndicats, elle a refusé le retrait du texte,
26:03 on ne pouvait pas s'attendre à autre chose,
26:05 alors le leader de la CFDT, Laurent Berger, a mis fin à l'entrevue,
26:09 c'est ce que raconte la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
26:12 - Notre présence ici, elle prouve notre sens des responsabilités et du dialogue.
26:17 Nous avons trouvé face à nous un gouvernement radicalisé,
26:21 obtu et déconnecté.
26:23 C'est une gifle au visage des millions de Françaises et de Français qui sont dans la rue,
26:28 qui sont en grève, qui sont opposés à la retraite à 64 ans,
26:32 à l'allongement de la durée de cotisation et à la suppression des régimes spéciaux.
26:36 Cette stratégie, jusqu'au boutiste, elle est violente et elle est irresponsable.
26:41 Le gouvernement porte la responsabilité du désordre.
26:44 La conclusion, pour nous, est limpide,
26:47 nous devons être très nombreuses et nombreux dans la rue, dès demain,
26:52 pour demander le retrait de cette réforme injuste.
26:54 Nous devons poursuivre la mobilisation jusqu'au bout,
26:57 jusqu'à ce que le gouvernement comprenne qu'il n'y a pas d'autre issue que le retrait de cette réforme.
27:02 - Voilà, une décision grave de la part de Matignon, d'Elisabeth Borne,
27:08 ce qu'a déclaré aussi Cyril Chabanier, le président de la CFTC, sur le perron de Matignon.
27:14 Et je vous rappelle que nous aurons en ligne et en direct, juste après ce débat,
27:20 François Ombril, qui est le président de la CFECGC.
27:23 Réaction, Nathalie Arthaud ?
27:26 - C'est sans surprise, en fait.
27:28 Sans surprise, mais c'est vrai que moi, cette gifle, je la ressens depuis le début.
27:33 Comme des millions de salariés qui disent, qui crient,
27:39 qui ressentent qu'ils n'y arriveront pas.
27:42 Ils n'y arriveront pas à 64 ans.
27:44 Les premiers concernés disent "on n'y arrivera pas".
27:48 Et en réalité, soit on terminera Pôle emploi, soit on a validité.
27:53 Et donc, aux minima sociaux, on va nous qu'appliquer.
27:56 - Mieux vaut travailler chez Bernard Arnault qu'être éboueur pour éboueur municipal.
28:02 - Mais vous savez, même chez Bernard Arnault, je suis convaincue qu'il y a des couturières,
28:06 qu'il y a des maroquiniers qui n'y arriveront pas, en fait.
28:11 Bien sûr, parce que, y compris quand on est couturière, on a des tandinites,
28:16 on a des lombagies, etc.
28:19 Donc voilà, moi je serai dans la rue demain, en tout cas.
28:22 Et j'espère qu'on sera nombreux.
28:24 - Vous serez dans la rue, j'imagine.
28:25 Député Modem de Rélois, l'image est forte sur le perron de Matignon.
28:30 Nous avons tous les syndicats unis qui disent que la décision de la première ministre est grave.
28:39 En fait, c'est pas très bon pour le gouvernement, cette image-là, non ?
28:43 - C'est un moment très difficile pour le pays.
28:45 - Est-ce que le gouvernement n'est pas en train d'unir à nouveau le front du refus, si je puis dire ?
28:53 - J'ai parti de ceux qui nourrissaient l'espoir que ce matin,
28:57 peut-être par le biais d'une médiation telle qu'on l'avait proposée la semaine dernière,
28:59 on puisse remettre tout le monde autour de la table.
29:01 Cette réforme, elle est pourtant indispensable pour le pays.
29:04 Je vais intervenir, Madame, sur les problèmes de pénibilité.
29:07 Parce que, vous voyez, on vient de parler d'argent, là, tout à l'heure.
29:10 Il y a 30 milliards d'euros de déficit structurel de retraite chaque année.
29:14 30 milliards.
29:15 Ça, personne n'en parle.
29:16 - C'est vrai ?
29:17 - Mais oui, mais ça, personne n'en parle.
29:18 - C'est vrai qu'on n'en parle pas dans le débat ?
29:19 - La deuxième chose, c'est qu'il y aura moins d'actifs.
29:20 Alors après, je vais vous dire les choses très simplement.
29:22 Bien sûr, il y a des gens qui ne pourront pas aller à 64 ans.
29:25 D'abord, la réforme, ce n'est pas tout le monde à 64 ans.
29:27 C'est 6 Français sur 10 qui sont concernés.
29:29 6 sur 10.
29:31 Il y a déjà 4 sur 10 qui échappent à tout cela.
29:33 - Non, non, c'est une augmentation de 2 ans.
29:35 - Madame...
29:36 - Même ceux qui ont droit à des carrières longues, c'est 2 ans de plus.
29:39 - Mais vous m'accorderez quand même...
29:40 - C'est 2 ans de plus.
29:41 - Vous m'accorderez...
29:42 - Donc, personne n'y échappe.
29:43 - Est-ce que je peux vous dire que personne n'ira...
29:45 Tout le monde n'ira pas à 64 ans.
29:47 Simplement 6 sur 10.
29:48 - Mais 2 ans de plus pour tout le monde.
29:50 - Oui, Madame, mais ce n'est pas nouveau.
29:51 Je vous rappelle qu'il y a eu des réformes de Madame Touraine,
29:53 il y a eu des réformes de Monsieur Hevers.
29:55 Pourquoi on fait cela ?
29:56 Aussi parce qu'on a un problème financier, vous le savez très bien.
29:58 Il y a les petites retraites.
29:59 Vous dénoncez le problème des pouvoirs d'achat,
30:01 je dénonce également.
30:02 Les petites retraites, elles existent dans ce pays.
30:04 Vous voyez, j'ai une vieille maman,
30:05 je peux vous dire exactement ce qu'elle a par mois.
30:07 Et donc, les petites retraites à 1 000 euros, à 1 500 euros,
30:09 elles sont là, elles existent.
30:10 - Et c'est scandaleux.
30:11 - Oui, Madame.
30:12 - Mais là, tout le monde est d'accord.
30:13 - Mais tout le monde ne parle que des 64 ans,
30:14 mais on ne parle pas des petites retraites.
30:16 On ne parle pas non plus...
30:17 - Pardon, mais le gouvernement en a très mal parlé.
30:20 - Mais...
30:21 - Il y a beaucoup d'enfants qui croient.
30:23 - J'ai envie d'en dire...
30:24 - Tout le monde a les toucher, mais il n'y a pas de mot.
30:26 - Je crois que je fais partie de ces voix de la majorité qui ont dit que...
30:28 - Je sais, mais c'est pour ça que je vous le dis.
30:29 - Je l'ai dit et je le répète,
30:30 on a été très mollus sur la communication.
30:31 Deuxième sujet.
30:32 Ce que je regrette, c'est qu'on ne se mette pas autour de la table,
30:34 parce que le sujet de la pénibilité que vous évoquez,
30:36 à juste titre,
30:37 il y a des métiers extrêmement difficiles pour lesquels on sait qu'ils ne pourront pas arriver à 64 ans.
30:41 C'est là où, pour moi,
30:43 ça n'est pas aux parlementaires,
30:44 ça n'est pas au gouvernement de décider,
30:45 c'est aux partenaires sociaux à définir les véritables précieux
30:47 qui font que,
30:48 celui qui devait partir à 64 ans avec une retraite à tout plein,
30:51 peut-être partira-t-il demain à 72 ou 73 ans.
30:54 - Mais Philippe Vigier, j'ai une question.
30:55 - Non, mais j'aurais juste un élément important qui peut passer sous les radars de la réforme.
30:58 En plus, je suis l'auteur de cet amendement,
31:00 d'une clause de revoyure de la réforme.
31:02 - Oui, je sais.
31:03 - En 2026.
31:04 - Je sais.
31:05 - J'ai une photo pour voir où on en est, comment ça se passe.
31:07 Est-ce que l'emploi des seigneurs, on va le laisser dans ce pays comme il est ?
31:10 C'est un gâchis humain considérable.
31:12 Un Français sur trois depuis 60 ans travaille.
31:14 - Oui.
31:15 - Tous les autres, on n'a pas besoin de vous.
31:17 Vous ne servez à rien.
31:18 C'est Pôle emploi.
31:19 - Et pourquoi ?
31:20 - Et pourquoi ? Et bien voilà.
31:21 - Dites-moi pourquoi.
31:22 Parce que le patronat, il considère qu'ils ne sont pas assez exploitables,
31:24 qu'ils ne sont pas assez rentables.
31:25 Donc, ils se sont foutus à la porte.
31:26 - Je vais lui répondre, madame.
31:27 - Ils se sont foutus à la porte à Pôle emploi.
31:29 - C'est pas faux.
31:30 - Voilà.
31:31 En plus, ça leur coûte cher parce qu'ils ont de l'ancienneté.
31:33 Donc voilà, c'est la rentabilité.
31:35 Le système, il est guidé par la rentabilité.
31:37 - Vigie, terminé.
31:38 J'ai une question ou deux à vous poser.
31:40 Puis, j'ai...
31:41 - Pour ces enfants, les seigneurs, c'est des gens qui font du travail qu'il faut faire bouger.
31:46 Peut-être qu'il ne faut qu'ils travaillent que trois jours par semaine ou quatre jours par semaine
31:49 et former un jeune alors que c'est un gâchis humain considérable.
31:52 Donc, justement, c'était tout cela sur lequel on a une loi travail qui arrive.
31:55 Il faut mettre tout autour de la table.
31:57 Et moi, ce que je regrette, c'est qu'on reste figé uniquement sur ce chiffre de 64.
32:00 - Mais alors, Philippe Vigier...
32:01 - Donc, il y avait moyen, me semble-t-il, de se remettre autour de la table.
32:03 - Je comprends.
32:04 - Renaud, rédélicateur, ne restons pas bloqués dans ce pays.
32:06 - Mais alors, vous avez voté contre la réforme alors ?
32:09 - Je n'ai pas voté contre la réforme.
32:11 - Et Nathalie Arthaud ?
32:12 - J'ai deux questions à poser à Philippe Vigier.
32:14 - Respectez votre combat, respectez le mien.
32:16 - Philippe Vigier, Philippe Vigier.
32:18 Vous souhaitez que tout le monde se mette autour d'un table.
32:20 - Oui, mais je le réclame de longues jours.
32:22 - Vous le réclamez. Oui, mais aujourd'hui, c'est impossible.
32:26 Vous avez d'un côté la Première Ministre, le gouvernement, le président de la République
32:30 qui disent "on ne reviendra pas sur les 64 ans".
32:33 Et vous avez de l'autre côté les syndicats qui disent
32:36 "si vous ne revenez pas sur les 64 ans, nous ne nous mettons pas autour de la table".
32:41 Alors, que faites-vous ? Que proposez-vous ?
32:43 Vous êtes membre de la majorité.
32:45 - Oui, mais je vous dis, il faut trouver une médiation.
32:47 - Pour ne pas rester d'un côté de la rivière et de l'autre côté.
32:50 - Ça n'existe pas.
32:51 - Une médiation. Qui proposait cela ?
32:53 - Nous.
32:54 - Nous, nous avons proposé. Les centristes nous avons proposé.
32:56 - Vous l'avez proposé, nommez un médiateur aujourd'hui.
32:59 - Parce qu'on ne peut pas rester figé d'un côté de l'autre.
33:01 - Pourquoi pas ?
33:02 - Parce que les salariés, ça serait une solution de sortie, peut-être.
33:05 - Vous aurez quand même remarqué que Emmanuel Macron veut l'affrontement.
33:09 - Non.
33:10 - Il a fermé absolument tout les portes.
33:11 - Vous pensez qu'il ne voudrait pas d'une médiation ?
33:13 - Il l'a dit.
33:14 - Il ne l'a pas dit.
33:15 - Il l'a dit d'ailleurs.
33:16 - Et d'ailleurs Bayrou qui est là proposé a fini par se replier sur cette question-là.
33:23 - Ne faites pas parler François Bayrou, il sait parfaitement ce qu'il a dit.
33:26 - C'est clair, ça a été une fin de non recevoir du côté du gouvernement, vous le savez très bien.
33:30 - D'ailleurs, Elisabeth Borne l'a redit ce matin, si j'ai bien compris,
33:33 - puisqu'il y a compris Laurent Berger est sorti furax de la rencontre.
33:38 - Ils n'en veulent pas. En fait, ils veulent l'affrontement depuis le début.
33:41 - Ils savent qu'il y a une unanimité dans le monde du travail contre.
33:44 - Eh bien, ils y vont.
33:45 - Voilà, donc c'est là, franchement, c'est le rapport de force.
33:47 - Ils ne veulent pas lâcher. Nous non plus, on ne lâchera pas.
33:49 - On est vraiment tombé sur la tête.
33:51 - Je ne suis pas macroniste, mais je reconnais que dire que c'est le gouvernement qui veut l'affrontement et la violence,
33:59 - franchement, je pense qu'on n'en est pas là.
34:02 - Nous vivons dans un pays démocratique, c'est-à-dire dans un pays dans lequel on accepte à la majorité des voix,
34:07 - après débat, une constitution et des lois.
34:10 - Il n'y a eu ni débat ni vote.
34:12 - Je ne vous ai laissé parler, madame.
34:14 - La loi a été votée dans des conditions constitutionnelles jusqu'à preuve du contraire.
34:22 - Si la décision du Conseil constitutionnel dit que ce n'est pas le cas, je pense que tout le monde s'inclinera.
34:27 - 14 avril.
34:28 - En l'état actuel, présomption d'innocence, si je puis dire, c'est le cas.
34:32 - Alors, je pense que cette idée d'aller dans la rue et de l'affronter, et avec les violences qu'on connaît,
34:37 - même si les syndicats n'en sont pas toujours responsables, mais je ne dis pas toujours,
34:40 - parce que je pense qu'il y a quand même des gens qui soufflent sur les braises,
34:44 - eh bien, je trouve ça totalement inadmissible.
34:47 - Alors, ceci dit, ce qui est grave, évidemment, et c'est pour ça que je ne suis pas macroniste, cher monsieur,
34:52 - c'est que, en fait, cette réforme était nécessaire en l'état de notre système de retraite.
34:58 - Parce qu'effectivement, on court très vite contre un mur.
35:02 - Dans la mesure où on travaille moins, de moins en moins, par les deux bouts, la jeunesse et la vieillesse,
35:09 - on vit plus longtemps. Donc, dans un système par répartition, dans lequel les cotisations de l'année
35:14 - servent à payer les retraites de la même année, eh bien, il n'y a pas de solution.
35:18 - Dans une situation comme ça, il faut allonger la durée d'activité.
35:22 - Je suis étonné, d'ailleurs, que les Français soient des jeunes probablement si différents des autres Européens
35:28 - qu'ils ne puissent pas travailler jusqu'à 64 ans. Car dans la très grande majorité des autres pays européens,
35:32 - on travaille jusqu'à 65 ans, et d'autres envisagent même, à assez court terme, de travailler jusqu'à 67.
35:38 - Mais, ceci dit, j'entends ce que vous dites. Je voudrais dire que, dans l'état actuel, il n'y avait pas le choix.
35:45 - Si on veut garder la répartition. Ceci dit, le vrai problème, il est là.
35:49 - Fallait-il garder la répartition ? En tout cas intégralement ?
35:53 - Et c'est là que je pense que le gouvernement, comme les partis d'opposition, ont manqué d'idées, d'ingéniosité.
36:03 - Et pourtant, il suffit de regarder ce qui se fait ailleurs. Je prends l'exemple des Pays-Bas.
36:07 - Où la capitalisation a été introduite progressivement depuis 20 ans, et représente aujourd'hui une majorité,
36:13 - mais il y a beaucoup d'autres pays comme ça, une majorité du montant des retraites.
36:18 - Eh bien, les gens aux Pays-Bas, ils cotisent 20% de moins que les Français, et ils ont 20% de plus de retraite.
36:26 - En moyenne, hein, en moyenne. Et les plus pauvres ne sont pas mis de côté.
36:31 - Donc en fait, ce que je veux dire, c'est qu'on vit une violence absolument anormale,
36:38 - dans un pays qui est resté sur un vote qui n'est qu'une rustine sur une jambe de bois, alors qu'on devrait repenser le système.
36:46 - Bien, alors, il y avait peut-être aussi une autre solution. On avait engagé une retraite par points,
36:52 - qui était peut-être une bonne réforme, et qu'on a oubliée, et que le Président de la République a totalement oublié.
36:58 - On ne sait même pas pourquoi, d'ailleurs. Il ne s'est jamais expliqué, d'ailleurs.
37:02 - Vous avez une explication ?
37:03 - Non, parce que, d'abord, le système de retraite, c'est extrêmement compliqué.
37:06 - Oui, mais quand je dis très compliqué, c'est même quand vous connaissez un peu le sujet, vous n'en connaissez que le dixième.
37:11 - Il faut avoir l'humilité. - Oui, c'est vrai.
37:13 - Car le régime spéciaux, à l'intérieur du régime spéciaux, les règles dérogatoires, les financements dérogatoires de l'État, enfin bref.
37:18 - Là où je retrouve M. Delsol, c'est que, naturellement, je vous dis, Mme Arthaud, moi je suis attaché au régime par répartition.
37:25 - Et ma famille politique a même proposé, d'ailleurs, des financements annexes, soit en cotisant en plus, pour les patrons,
37:32 soit en allant chercher, peut-être, au travers de la flat tax, donc une imposition des ressources complémentaires.
37:37 Mais en l'espèce, alors, à l'état actuel des choses. Du fait même qu'il y aura moins d'actifs.
37:41 Il faut bien que l'on s'en sorte et il faut bien qu'on apporte des retraites d'essence.
37:44 Vous savez, moi, c'est un territoire rural où les gens ne sont pas riches. Vous êtes sensibles à ce mot-là.
37:48 Et il m'envoie des SOS. Et ce qui risque de se passer, c'est qu'il y aura des systèmes de capitalisation qui vont se développer
37:54 et qui vont se renforcer, bien sûr, dans les prochaines années. Et c'est ça, la difficulté.
37:59 Et donc, il faut vraiment que l'on en sorte. C'est pour ça que le dialogue social, tout n'est pas bouclé.
38:03 Tout n'est pas bouclé. Tant s'en faut. Et au contraire, les voies du dialogue, elles font qu'il faut les renforcer.
38:08 Sur les régimes spéciaux, pardonnez-moi, on a mis la règle du grand-père. La règle du grand-père, vous la connaissez comme moi.
38:14 C'est-à-dire que celui qui a 25 ans à l'heure actuelle, il a le régime spécial qui est assuré pour toute sa vie.
38:18 Mais est-ce que c'est juste qu'un chauffeur de bus à Paris travaille 10 ans de moins que chez moi dans mon département ?
38:22 C'est totalement injuste. Est-ce que les conditions sont plus pénibles ? Non. Là, vous défendez l'indéfendable.
38:27 Défendre comme j'ai assisté à l'Assemblée nationale, la défense du système de la Banque de France, pardonnez-moi.
38:32 Non, mais vraiment, qui est un régime spécial qui a un siècle et demi d'existence.
38:37 Mais dans la vie, les choses, elles sont en capacité d'évoluer.
38:41 Et on ne peut pas, justement, comme cela, faire en sorte que vous qui êtes attentif aux plus faibles,
38:46 les plus faibles, malheureusement, ne sont pas suffisamment entendus.
38:49 - Alors, nous allons revenir à notre débat juste après cette dernière page de pub.
38:53 Comment faire pour essayer d'améliorer la répartition des richesses ?
38:57 Puisque c'était l'objet du débat, les ultra-riches au débat, au départ.
39:02 Nous allons voir, chacun va défendre ses solutions. Il est 11h48.
39:07 - Bonjour Jacques Bourdin. - Il est 11h51, midi mois 10.
39:11 Alors, quelles solutions pour essayer de trouver, je ne sais pas, une meilleure répartition des richesses ?
39:17 Vous avez des solutions, Jean-Philippe ? - Ah oui, j'en ai.
39:19 - Ah bon, ben allez-y, lesquelles ? - J'ai des solutions. Tout est compliqué.
39:23 - Oui, oui. - Mais assez simple à énoncer. - Ben allez-y.
39:25 - Et que je vais lier au problème des retraites qu'on évoquait. - Allez.
39:28 - La retraite par capitalisation, ça veut dire que les gens cotisent sur la durée complète de la vie.
39:34 Donc en fait, sur 40 ans, il n'y a pas de risque de fluctuation majeure, quand on a plani.
39:39 Et cet argent, il peut être placé dans les entreprises.
39:42 C'est-à-dire qu'il peut faire participer tout le monde, tous ceux qui cotisent, à la richesse des entreprises.
39:49 Et en même temps, ça permet de réduire les cotisations sensiblement et d'augmenter les retraites.
39:54 Réduire les cotisations, c'est augmenter le pouvoir d'achat des gens.
39:56 Je vous donne deux chiffres. En France, le coût des retraites, c'est 14% du PIB, de la production de richesse de la France.
40:05 - 324 milliards. - Et à l'étranger, en moyenne dans l'OCDE, dans les pays riches, si vous voulez...
40:11 Non, je vais prendre la moyenne dans l'Europe, c'est encore mieux. Parce que l'OCDE, il y a des pays un peu plus pauvres.
40:16 La moyenne en Europe, c'est 11,5%. - Oui, 3%. - Vous êtes d'accord ?
40:20 C'est-à-dire que c'est 2,5 points, parce que ça dépend des calculs, de moins sur la richesse globale.
40:27 C'est 20% de moins des cotisations. Redonner 20% des cotisations aux Français, c'est leur donner 5% de leur salaire.
40:33 - Donc, selon vous, on pourrait baisser les cotisations ? - Mais bien sûr !
40:35 Et en même temps, faire participer les gens à la richesse des entreprises, pour que leurs retraites soient meilleures.
40:40 Et ça, évidemment, il faut le faire dans le long terme, pas agressivement.
40:42 - Vous êtes d'accord avec cette solution ? - Non, j'ai une différence avec vous, je ne suis pas d'accord.
40:45 - Ah ben, vous avez le droit ! - Je vais vous dire pourquoi.
40:48 Parce que quand vous baissez les cotisations, vous diminuez par définition le budget de la Sécurité Sociale et de l'ensemble des entreprises.
40:56 - Non, mais les cotisations retraites... - Pardonnez-moi, mais si vous voulez diminuer les cotisations retraites, vous faites quoi ?
41:02 Vous donnez du pouvoir d'achat aux retraités ? On est d'accord. - Ben oui !
41:04 - Mais on ne parle pas que du problème du... Moi, je voudrais parler du partage de la valeur.
41:07 - Oui, du partage de la valeur. - Il y a la rémunération du capital, la rémunération du travail.
41:10 Je pense que l'équilibre n'est plus assuré à l'heure actuelle.
41:13 Et là-dessus, il y a un travail transversal qui se fait à l'Assemblée, et nous portons, en tout cas nous les centristes, que nous sommes attachés à cela.
41:20 La feuille de paye doit être mieux rémunérée, que vous soyez à la retraite ou que vous soyez au travail.
41:23 Et cette feuille de paye mieux rémunérée, c'est par le salaire direct et par le salaire indirect.
41:27 C'est pour ça que je crois beaucoup à cet intéressement, à cette participation, mais ce n'est pas nouveau.
41:31 C'est un débat dans le pays qu'on a depuis des... - Mais je suis d'accord !
41:33 - Mais oui, mais justement, là-dessus, nous n'avons pas fait le chemin que nous aurions dû accomplir.
41:37 Le sujet du pouvoir d'achat est un sujet absolument majeur.
41:40 - Et regardez-moi, lorsque vous avez des entreprises qui, par exemple, ont eu des explosions de dividendes ces dernières années,
41:46 elles ne devraient plus taxer, c'est pour ça que nous proposons une taxation sur les superdividendes.
41:50 De manière à ce que, si par exemple, vous avez une explosion, ou lorsque cette augmentation est de plus de 20%
41:55 par rapport à ce qu'on a connu sur la médiane des deux ou trois dernières années, c'est quelque part...
41:59 - Et les profits de la crise ? - Et ceux qui profitent de la crise, pour l'énergie, mais pour d'autres domaines.
42:04 Vous savez, moi je pense, on a tout à l'heure parlé des petits industriels,
42:07 j'ai plein d'industriels qui m'ont sensibilisé, des boulangers, des artisans,
42:10 qui m'ont dit "voilà ma facture, elle passe de 20 à 60 000 euros, comment je fais ?"
42:13 - Bien sûr, mais bien sûr. - Comment je fais ? Je suis même allé un jour, dans un village de ma circonscription,
42:16 voir avec le boulanger comment on avait calculé le prix de la baguette, voir s'il était acceptable par l'usager,
42:20 parce qu'il était devant un mur, le mur de l'énergie.
42:23 Mais aujourd'hui c'est l'énergie, demain ce sont les matières premières.
42:25 Regardez sur les marchés publics, on voit que tout freinait, exploser,
42:28 notamment en matière de construction de bâtiments, de travaux publics.
42:31 Donc ce partage de la valeur, c'est un sujet qu'on ne peut plus écarter.
42:35 La rémunération du capital ne peut pas être au même niveau que la rémunération du travail.
42:40 - Il fallait peut-être d'ailleurs passer par là avant d'engager la réforme des retraites, entre nous.
42:45 - Jean-Jacques Bourdin, on pouvait le faire en tout cas en même temps, pardonnez-moi,
42:48 tout à l'heure j'ai fait une sorte d'allusion en expliquant qu'on pouvait chercher des retraites.
42:51 - Au lieu de se formaliser totalement,
42:56 de se concentrer uniquement sur cette réforme des retraites.
43:01 - Est-ce qu'on a compris le 64 ?
43:03 - L'erreur c'est d'avoir coupé le terme des retraites et du travailleur, tout est lié.
43:06 - Moi je suis frappée par ce que vous dites, parce que vous dites
43:10 il y a des super profits, il y a des profiteurs de cette crise
43:14 qui font les poches à la population, aux travailleurs, y compris aux plus petites entreprises
43:21 qui nous font payer finalement avec cette inflation, dont ils profitent parce qu'ils augmentent leur marge.
43:27 Ils nous font payer un impôt, un impôt caché en fait, qui ne dit pas son nom,
43:31 mais c'est un impôt qu'on paye au travers de cette inflation, de ce mur-là de l'énergie.
43:37 Donc vous dénoncez cela, vous dénoncez le fait que les salaires ne suivent pas les prix,
43:41 qu'il y a un pouvoir d'achat trop faible, qu'il y a des trop petits salaires, etc.
43:45 Mais vous faites partie de la majorité.
43:47 Alors qu'est-ce que vous faites ? Alors moi ce que je dis aux travailleurs qui nous écoutent,
43:53 c'est que voilà, les beaux discours, on en a, et on en a aussi du côté de la majorité.
43:59 Mais la réalité, c'est que les augmentations de salaires,
44:03 et les augmentations de salaires juste pour préserver son pouvoir d'achat,
44:07 c'est-à-dire les augmentations de salaires qui correspondent, qui couvrent le prix de l'inflation,
44:11 il va falloir aller les chercher nous-mêmes, les chercher nous-mêmes au travers des grèves,
44:15 du rapport de force, parce qu'en fait il n'y a rien qui viendra du côté du gouvernement.
44:19 Du côté du gouvernement, il y aura des coûts, des coûts sur les retraites, des recul sur l'endroit.
44:23 - Bien, Nathalie Arthaud ! Merci, vous êtes obligée de vous répondre.
44:27 - Là où est la Marthe Watteau, c'est qu'on a 56.
44:30 - Oui, en place, plein de dispositifs, plein de boucliers, mais ses amis, la DUPES, les Insoumis,
44:35 et le Rassemblement National, il n'y en a pas un qui a voté tous les dispositifs.
44:39 On a mis plein d'outils, savez-vous combien on a injecté ?
44:42 - Vous n'avez même pas voté l'indexation des salaires sur les prix.
44:45 L'indexation des salaires sur les prix, c'est le minimum, c'est la base.
44:48 - Vos amis politiques n'ont jamais voté le moins de dispositifs que nous avons mis en place depuis plusieurs années.
44:53 - Mais attention, ce ne sont pas les amis politiques.
44:55 - On les connaît, on sait qu'il y a des connivences fortes.
44:58 - Un petit peu, on le reconnaît quand même.
45:00 - Je suis en train de parler comme un membre de la majorité qui a refusé, qui a expliqué
45:05 qu'il ne fallait pas indexer les salaires sur les prix.
45:08 - Il n'y a pas de bouclier tarifaire pour les Français ?
45:10 - On ne fait pas la manche, on ne fait pas la charité.
45:13 - Et je vous rappelle que le SMIC est indexé sur l'inflation, vous le savez parfaitement.
45:16 - Bien, merci, 11h57, merci d'être venu nous voir tous les trois.
45:20 Merci, vous êtes sur Sud Radio.
45:23 Allez, nous allons, juste après les infos, appeler François Omrile, qui est le président de la CFE-CGC.
45:30 Il était dans le bureau d'Elisabeth Borne, il y a moins d'une heure.

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