Avec Jean-Louis Guiheneuf, commandant de Police honoraire. Intervenant dans les stages de sensibilisation aux violences conjugales.
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00:00:00 Brigitte Laé, Sud Radio. Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:05 Alors nous allons faire le point aujourd'hui sur un sujet malheureusement de plus en plus à la mode,
00:00:10 on va parler du harcèlement. Alors c'est vrai que le harcèlement a toujours existé et c'est en fait
00:00:16 dès qu'il y a une structure entre deux êtres ou entre des êtres, et bien il y aura des harceleurs
00:00:23 et des harcelés. Ce n'est néanmoins pas une raison pour laisser faire d'autant qu'il semblerait que
00:00:28 ben oui le harcèlement est de plus en plus fréquent, que ce soit pour les enfants à l'école ou pour
00:00:32 les adultes en société. Alors notre invité aujourd'hui Jean-Louis Guéhenneuf travaille auprès
00:00:38 des juges sur ces questions et il va déjà dans un premier temps nous expliquer quel est le poids
00:00:42 de la culture et de l'éducation dans ce phénomène, peut-être qu'il y a des choses à comprendre.
00:00:46 Il pourra également nous dire à partir de quand il y a harcèlement et puis surtout, et c'est ça
00:00:51 qui est intéressant, puisqu'il est commandant de police à la retraite et délégué du procureur
00:00:57 à Versailles, il est venu avec sa boîte à outils et c'est dans cette boîte à outils que vous allez
00:01:02 trouver justement ces fameux outils qui vous aideront à vous défendre en cas de harcèlement.
00:01:07 Voilà, je crois que c'est important aussi qu'on rappelle la loi puisque aujourd'hui le harcèlement
00:01:12 est puni par la loi. Et puis si ce sujet vous concerne, vous venez nous rejoindre soit pour
00:01:17 témoigner, soit pour poser vos questions et vous connaissez notre numéro c'est le 0 800 26 300 300.
00:01:23 Bonjour Jean-Louis Guilleneuve. Bonjour Jean-Brigitte. Alors vous travaillez en effet auprès du procureur
00:01:29 donc à Versailles mais bon, il y a d'autres personnes qui travaillent dans d'autres villes,
00:01:34 bien sûr. Bien sûr, bien sûr. Et vous avez constaté, j'imagine, à quel point les questions
00:01:40 de harcèlement sont de plus en plus fréquentes ? Tout à fait, à chaque audience j'ai au moins,
00:01:45 au minimum, une à deux affaires de harcèlement qui concernent des adultes mais aussi beaucoup
00:01:50 entre enfants, peut-être pas enfants, mais entre adolescents, énormément. Encore hier,
00:01:56 j'avais des audiences avec des adolescents qui s'étaient harcelés ou du moins hauteurs,
00:02:04 victimes. C'est une réalité permanente. Alors en préparant l'émission, vous m'avez dit en fait
00:02:11 il y a harcèlement à partir du moment où il y a souffrance. Mais moi ce qui m'intéresse c'est
00:02:17 que là on est déjà dans quelque chose de très subjectif. Quelqu'un peut se sentir harcelé
00:02:21 parce que ça touche une blessure d'enfance alors qu'il n'y a pas réellement le but de harceler
00:02:28 la personne. C'est vrai que le harcèlement, il faut bien savoir que c'est classé par la loi pénale
00:02:36 dans les violences. Aussi bien violences physiques que violences morales. C'est vrai que mettre en
00:02:44 dividende une violence physique, un coup de pain dans la figure ou un coup de couteau, c'est
00:02:48 évident, il y a une blessure visible. La difficulté avec le harcèlement c'est que la blessure n'est
00:02:54 pas visible, n'est pas forcément visible. J'ai un de mes invités Jean-Charles Bouchoud qui appelle
00:02:59 ça les violences invisibles et je trouve que le terme est assez joli. Et moi j'aime bien aussi le
00:03:04 synonyme persécution. Il y a harcèlement quand une personne commet des méchancetés, des actes de
00:03:15 persécution, en connaissance de cause. Alors ça peut être des paroles dévalorisantes, des paroles
00:03:21 humiliantes, des critiques. Tout ce qui peut avoir un support humiliant et dévalorisant, mais ça peut
00:03:29 être aussi couplé à des violences physiques parce que ça peut s'accompagner également de violences
00:03:34 physiques. On le rencontre beaucoup au sein des adolescents où les violences, les insultes,
00:03:42 s'accompagnent à un moment ou à un autre de violences physiques, de coups de poing, de coups
00:03:46 de pied, d'agression physique. Et dans ces cas là, on a une double infraction, celle de violences
00:03:51 volontaires et celle de harcèlement. Donc c'est déjà à vous et aux juges, j'imagine, de définir
00:03:58 s'il y a réellement harcèlement ou pas. Et s'il y a réellement harcèlement, qu'est-ce que vous
00:04:06 faites ? Il faut déjà que le harcèleur reconnaisse ? Alors tu sais, toute la difficulté. La première
00:04:11 étape, en fait, c'est l'étape du passage devant les enquêteurs, police ou gendarmerie, où la
00:04:17 victime va exposer son fait d'agression, son harcèlement, ce qu'elle ressent comme harcèlement.
00:04:26 Quand c'est un mineur, c'est aux parents d'aller ? Avec le mineur, tout à fait. Il faut que le
00:04:31 parent accompagne le mineur. Et en fin de compte, c'est l'enquêteur qui, au vu des éléments
00:04:38 apportés par la victime, va établir s'il y a réellement l'infraction de harcèlement, si les
00:04:46 éléments constitutifs du harcèlement sont réunis. Et si c'est le cas, il prend la plainte et une
00:04:53 enquête va être déclenchée. C'est pour ça qu'il peut arriver que des victimes se présentent dans
00:05:01 un service de police avec insuffisamment d'éléments caractérisés et vont se voir refuser la plainte
00:05:09 et vont en ressentir une grande frustration, une grande violence. Et mon propos, c'est justement
00:05:16 d'apporter dans ce que vous avez cité, cette boîte à outils, comment se constituer pour une
00:05:22 victime un dossier de harcèlement. Parce que c'est toujours pareil, il faut des preuves concrètes.
00:05:26 Exactement. Il ne faut pas la parole contre de l'un contre de l'autre. Les faisceaux d'indices ne suffisent
00:05:30 pas pour établir le harcèlement. Il faut des éléments matériels qui ne sont pas si difficiles
00:05:34 que ça à établir. Par exemple ? Par exemple, des messages insultants qui ont été conservés sur son
00:05:43 smartphone. Des mails, des copies de mails insultants. Et est-ce que si on a quelqu'un qui
00:05:49 a été témoin, ça sert de preuve ? Des témoignages écrits. Et puis un certificat médical du médecin
00:05:59 de famille ou du médecin local que l'on est allé consulter parce qu'on ne mange plus, parce qu'on
00:06:05 ne dort plus, parce qu'on a sombré en dépression. Les médecins de famille, les médecins
00:06:13 urgentistes, tout médecin est en mesure d'établir un certificat médical établissant tous ces troubles.
00:06:21 Donc il vaut mieux aller déjà avec des preuves sinon il y a de fortes chances malheureusement
00:06:28 que ça se fasse descendre. Sinon on risque cette déconvenue. Et qui rajoute de la souffrance. Et qui
00:06:33 rajoute de la souffrance et qui s'ajoute au harcèlement. La personne a le sentiment que plus
00:06:40 personne ne l'écoute. Tout le monde lui en veut. Les institutions lui en veulent. Et c'est la fin de
00:06:44 tout. Alors que non, ce n'est pas le cas. Alors en préparant l'émission également, Jean-Loup
00:06:49 Guilleneuve, vous m'avez dit "oui c'est souvent les femmes et les enfants qui vont être victimes
00:06:55 de harcèlement". Et du coup ça explique aussi que c'est certaines cultures qui n'ont pas encore
00:07:02 suffisamment intégré que la femme est l'égale de l'homme qui vont plutôt harceler. Tout à fait,
00:07:08 il y a ça aussi. Effectivement, il ne faut pas se voiler la face. Il y a beaucoup dans les
00:07:13 violences conjugales, il y a à la fois la violence physique qui est très présente, mais elle
00:07:19 s'accompagne toujours de harcèlement. Ou pendant les violences physiques, il y a les insultes,
00:07:25 il y a les propos dévalorisants, soit devant les enfants, soit devant des amis. De toute façon,
00:07:33 on retrouve très souvent le harcèlement qui accompagne les violences conjugales. D'ailleurs,
00:07:40 dans la loi pénale, il y a un article spécifique du harcèlement dans le cadre des violences au sein
00:07:48 du couple, qui sont d'ailleurs, si mes souvenirs sont bons, plus sanctionnés qu'entre particuliers,
00:07:56 qui n'ont pas ce lien de couple. Et puis, il y a un type même de harceleur et un type même de
00:08:04 harceler aussi. Évidemment, ce sont des grandes théories qu'on est en train de donner. Il y a
00:08:10 toujours des exceptions à la règle, mais il y a des personnes qui vont plus facilement être
00:08:14 harceleurs. C'est quoi ? C'est ce que l'on observe. En fait, souvent, à chaque fois que j'ai reçu des
00:08:21 victimes et reçu des auteurs de harcèlement, je me suis rendu compte que, sur la période de
00:08:28 harcèlement, la victime est une personne qui présente une vulnérabilité, une fragilité.
00:08:34 Alors, soit une fragilité permanente, parce que c'est une personne qui a un handicap physique ou
00:08:40 un handicap mental, ou une fragilité ponctuelle, une personne qui connaît une rupture dans son
00:08:47 couple, qui connaît des déboires financiers, des déboires au niveau du travail. Mais de toute façon,
00:08:55 la victime n'est jamais une personne en pleine possession de ses moyens et droit dans ses bottes.
00:09:01 C'est toujours une personne qui est plus faible que le harceleur. C'est ça, c'est-à-dire que ça va
00:09:06 toujours être plutôt le subalterne qui va subir le harcèlement et pas le patron. Absolument. De
00:09:10 toute façon, il y a un rapport de force. Dominant, dominé. Exactement. Et c'est pour ça que je
00:09:15 rejoins sur le thème persécution. Et quand j'explique à une personne qu'elle est poursuivie
00:09:21 pour harcèlement, j'emploie beaucoup le mot persécution. Je trouve que ça illustre bien.
00:09:27 C'est un mot qui parle aux gens. Oui. Plus que le harcèlement, parce que c'est une des dominantes
00:09:33 de cette infraction, c'est que les auteurs, les personnes poursuivies, les mises en cause,
00:09:39 ne reconnaissent jamais avoir harcelé. Ils ne reconnaissent jamais. Ils ont répondu à des
00:09:45 provocations. En gros, ce ne seraient pas eux qui ont commencé. Ils se victimisent même. Ils
00:09:52 précisent même que la victime, c'est l'autre qui les a provoqués. C'est l'autre qui les harcèle.
00:09:58 Eux, ils n'ont fait que se défendre. Eh bien, dites donc, la société va mal. On est mal barré.
00:10:03 Ce n'est pas terrible. Et c'est vrai, vous le disiez, vous avez raison Brigitte, il y a des
00:10:07 profils de harceleurs. Il y a quand même une perversité à faire du mal. Et vous avez l'impression,
00:10:13 Jean-Louis Guiguioleneuve, que quand vous leur parlez, vous essayez de leur expliquer,
00:10:17 ça rentre un peu dans leur cerveau ? Alors, j'espère. Je mets en avant les éléments de
00:10:25 l'enquête. Il faut bien savoir que lorsque j'ai des mises en cause devant moi, j'ai à côté de moi
00:10:31 la procédure des policiers ou des gendarmes, étayée par des témoignages, étayée par des
00:10:38 examens médicaux. De plus en plus, les services enquêteurs envoient la victime vers des médecins
00:10:45 assermentés, vers des médecins légistes qui établissent un certificat médico-judiciaire.
00:10:50 Où là, le médecin légiste détaille bien les troubles qui ont été générés par les violences
00:10:58 physiques ou morales sur la personne. Il y a aussi, assez souvent, dans les procédures,
00:11:07 des rapports de psychologues ou psychiatres judiciaires qui mettent en évidence les
00:11:15 troubles subis par la victime. Et quand je sens qu'en face de moi, la personne est dans la
00:11:22 contestation des faits, je lui fais lire le rapport du médecin, je lui fais lire le rapport
00:11:27 du psychologue, en lui précisant bien que ce n'est pas un rapport de complaisance, parce que c'est
00:11:30 souvent la première chose que la mise en cause me dit. "Ah bah oui, mais non, c'est un faux où le
00:11:36 médecin est complice, c'est un médecin légiste." - Donc il y a beaucoup de déni, finalement,
00:11:40 quand vous écoutez chez... - C'est pour ça que je suis pas loin de penser, bon ça m'appartient,
00:11:46 je suis pas loin de penser qu'il y a quand même un profil du harceleur qui est une personne de
00:11:51 mauvaise foi et c'est rarement quelqu'un d'éminemment sympathique ou qui s'est fourvoyé dans un
00:11:57 comportement ou qui a dérapé. - Ou alors ça peut être parce que c'est un groupe qui harcèle et à
00:12:03 ce moment-là il y en a peut-être un ou deux qui est un peu moins... - Alors après il y a l'effet
00:12:06 de groupe. Mais ça, chez les adolescents, on pourra en parler selon les interventions,
00:12:11 mais il y a l'effet de groupe chez les adolescents qui est extrêmement lourd, lourd pour la victime.
00:12:17 - Justement, on en parle avec vous, si vous avez besoin de conseils, si vous avez l'impression
00:12:21 peut-être que vous subissez du harcèlement, n'hésitez pas à témoigner. Si c'est votre ado
00:12:27 qui a l'air d'aller moins bien depuis quelques temps, il y a peut-être en effet une question
00:12:33 de harcèlement. Vous pouvez nous appeler au 0 826 300 300. On retrouve Julie dans un instant.
00:12:37 - Nous sommes aujourd'hui avec Jean-Louis Guilleneuve, on met les pieds dans le plat,
00:12:44 on essaye de bien comprendre de quoi il s'agit quand on parle de harcèlement afin de vous
00:12:48 protéger tous et toutes. Vous n'hésitez pas, Jean-Louis Guilleneuve, vous vous êtes délégué
00:12:54 du procureur à Versailles, commandant de police honoraire, donc vous savez, vous êtes sur le
00:13:00 terrain depuis très longtemps et grâce à votre retraite, vous continuez à aider vos citoyens,
00:13:07 vos co-citoyens. Bonjour Julie. - Bonjour Brigitte, bonjour Monsieur Guilleneuve.
00:13:13 - C'est gentil, vous pouvez m'appeler Jean-Louis. - Bonjour.
00:13:19 - Bonjour Julie. Vous êtes toujours avec lui ou pas ?
00:13:24 - Non, alors moi j'ai vécu une histoire depuis février 2020, pendant un an et demi,
00:13:32 avec une personne qui était jalouse, je pense maladive déjà. Un homme, oui.
00:13:44 - Excusez-moi, c'est parce que vous disiez une personne, alors je voulais juste conclure.
00:13:50 - Oui, un homme, oui. - Je m'en doutais un peu, mais bon.
00:13:54 - Oui, donc moi mon histoire, c'est des allers-retours. Au début ça allait à peu près
00:14:04 bien pendant un ou deux mois, après ça a commencé, donc quand je sortais, il fallait
00:14:11 que j'envoie des photos d'où j'étais, du ticket de caisse, parce qu'en fait il était persuadé que
00:14:16 je trompais, il était obsédé là-dessus, et il était violent en parole, il me traitait de tout,
00:14:26 il me laissait des messages pareil, insultants, voilà. Après je sais pas ce qu'il a fait de moi.
00:14:32 - Donc là, Jean-Louis Guilleneuve, on est déjà dans du harcèlement, j'imagine ?
00:14:35 - Oui, tout à fait. - C'est très net.
00:14:37 - Tout à fait, tout à fait. - D'accord, ben vous voyez,
00:14:40 moi je pensais pas à l'époque. - C'est important, et merci de témoigner,
00:14:45 Julie. Ça veut dire que vous auriez pu, au bout de 15 jours de ce genre de traitement,
00:14:51 déjà aller porter plainte ? - Au moins, aller faire reconnaître
00:14:56 le retentissement psychologique par un médecin. C'est important.
00:14:59 - D'accord. Alors oui, je voyais un psy à l'époque, mais c'est vrai que j'en parlais pas trop.
00:15:08 - Et pourquoi vous en parliez pas ? - Un peu, mais si j'en parlais...
00:15:12 - Vous aviez honte ? - Mais en fait, moi j'arrivais pas à me sortir
00:15:16 de cette personne. Alors quand il croyait que je l'avais trompée, il disparaissait pendant
00:15:20 une semaine, comme pour me punir, on va dire. Et sans nouvelles, sans rien.
00:15:27 - Vous étiez amoureuse, et donc vous vouliez de ne pas le perdre.
00:15:31 - Voilà. En fait, il me disait que s'il était comme ça, c'était à cause de moi, parce
00:15:37 que je le trompais. Donc je culpabilisais, et par tous les moyens j'essayais de le recontacter.
00:15:44 Il revenait, mais au bout de 10-15 jours, des fois sans nouvelles, sans savoir si c'était
00:15:49 devenue quoi. - Et vous étiez tellement heureuse qu'il
00:15:51 revienne, que vous oubliez tout et ça recommençait. - Voilà. Et il me disait qu'il fallait pas
00:15:56 que je le trompe, que c'était pour ça, mais bon, c'était sans arrêt. J'allais chez ma
00:16:02 mère, c'était parce que j'allais coucher avec le voisin.
00:16:05 - Et votre mère vous a pas mis en garde ? Vous a pas expliqué que vous aviez affaire à
00:16:12 quelqu'un de malade ? - Je lui en ai pas parlé, et puis ma maman
00:16:16 est là à 99 ans, donc voilà. - Allez-y Jean-Louis.
00:16:21 - Est-ce que vous lui avez dit qu'il vous faisait souffrir et qu'il était méchant
00:16:25 avec vous ? - Bah oui, je lui disais.
00:16:28 - Vous lui disiez ? Et qu'est-ce que vous répondez quand vous lui disiez "tu me fais
00:16:32 du mal" ? - C'était de ma faute que je le cherchais,
00:16:34 je crois. - Alors c'était votre faute, il vous victimisait,
00:16:39 et là on est dans les éléments de l'emprise également. Il y a le harcèlement, mais il
00:16:44 y a plus grave, il y a l'emprise. Il prend la main sur votre vie, sur votre cerveau,
00:16:52 il vous met sous sa dépendance, et c'est l'emprise.
00:16:57 - Voilà, c'est ça. Il faisait ce qu'il voulait en fait. Il disparaissait, il revenait,
00:17:04 il me bloquait les numéros de téléphone pour me punir, il me bloquait tout, donc je
00:17:07 pouvais pas le joindre. Mais lui il pouvait m'appeler, il me laissait des messages où
00:17:12 il me traitait de tout, mais je pouvais pas répondre quoi en fait.
00:17:15 - Et qu'est-ce qui vous a fait prendre conscience enfin que vous étiez en train d'être harcelée ?
00:17:21 - En fait j'étais persuadée que c'était pas mal, mais j'arrivais pas à m'en sortir,
00:17:32 mais petit à petit je me suis mise à résister. Et une fois je suis partie moi une semaine,
00:17:42 et je savais que ça il le supporterait pas parce qu'il m'avait dit "si tu pars sans
00:17:45 moi" parce que lui il partait régulièrement en vacances, mais tout seul quoi. Une semaine,
00:17:48 il avait un appartement, il y allait, et il m'avait dit "si toi tu pars une seule fois,
00:17:53 c'est fini" et tout. Donc voilà, je suis partie, et bon il a pas supporté, bon après
00:18:01 il m'a quand même recontacté un mois après pour me demander des trucs vraiment...
00:18:06 - Oui, mais vous avez jamais été portée plainte, vous avez mis un terme à la relation.
00:18:17 Est-ce que si vous aviez entendu une émission comme celle qu'on fait aujourd'hui,
00:18:22 ça vous aurait fait réagir plus tôt ou au fond non parce que de toute façon vous étiez amoureuse ?
00:18:26 - Oui, oui, je pense que j'aurais osé porter plainte parce que moi j'avais des amis qui
00:18:34 savaient ce qui se passait, mais en fait j'avais pas de preuves vraiment sauf quelques enregistrements
00:18:39 que j'avais quand même. Et elles me disaient "attention il est dangereux, il faut que tu
00:18:46 t'en sors". - Alors Julie, on va juste récapituler pour ceux qui écoutent, donc les preuves c'est
00:18:50 les messages qui étaient enregistrés... - Les messages insultants, violents, le compli des messages tout à fait...
00:18:57 - Et l'attestation du psy... - Et demander préciser au psy qui a relevé, c'est son métier, il a relevé
00:19:03 votre trouble et votre souffrance, il vous fait un certificat médical pour la plainte.
00:19:10 - Merci Julie de votre témoignage, merci beaucoup. On va continuer avec vous au 0826 300, n'hésitez pas
00:19:16 à réagir, mais dans un instant c'est notre sexy news Julia Pallombe que l'on retrouve. Peut-être pas,
00:19:22 mais la chair est gay n'est-ce pas Julia Pallombe ? - Oui j'avais envie de ça aujourd'hui. - Tout un
00:19:28 programme, ça me va. - Tout un programme, non mais en ces temps de révolte et de confusion j'ai décidé de
00:19:33 revenir à l'essentiel, la chair. Et vue d'ici, vue de chez moi donc, je peux vous dire que la chair est
00:19:38 gay, surprenante, délicieuse. Votez pour moi Julia Pallombe, moi présidente, on passerait plus de temps
00:19:43 à faire l'amour qu'à faire la grève. Remarquez, il y en a qui adorent ça, faire la grève y parait. Non mais
00:19:48 c'est vrai, la grève du cul je veux dire. Et moi je croyais que c'était une vieille blague ringarde,
00:19:52 un truc de... - Non, non, j'ai appris ça il y a... - Vous avez vu, il y a quelques jours j'ai vu aussi d'ailleurs
00:19:57 qu'une de mes consoeurs était venue ici pour en parler. Alors moi je croyais que c'était un vieux
00:20:01 truc, tu sais que la vieille tente dire "si tu descends pas les poubelles Robert, je te préviens,
00:20:06 je fais la grève du sexe". Et là Robert qui a cours dans la cuisine pour s'emparer des sacs poubelles
00:20:10 en question, le mental tout entier dirigé vers la promisphélation. - On va peut-être pas parler de poubelle là.
00:20:15 - Non je sais, je sais, je rallume la mèche. - C'est un sujet qui fâche. - J'exagère. Bref, figurez-vous donc que ça revient à la mode.
00:20:23 Enfin, façon de parler, disons que quelques quinquagénaires font leur coming out en ce
00:20:28 moment sur la question. Et c'est à celles qui n'a pas baisé depuis le plus longtemps possible.
00:20:32 Quatre ans par ici, cinq ans par là, elles sont pas vierges mais c'est tout comme adjudgées, vendues.
00:20:37 Ah, je suis tentée de dire que celle qui s'emmerde au lit ne dérange pas celle qui s'éclate mais
00:20:41 allons plus loin. Alors qui sont-elles et d'où parlent-elles ? Alors ces grévistes du cul sont
00:20:46 des femmes connues des médias et qui savent de quoi elles parlent, nous disent les journalistes.
00:20:50 La preuve, elles ont toutes travaillé de longues années dans l'industrie du sexe. Hop, hop, hop, hop, hop, hop.
00:20:55 Permettez-moi de stopper net cet argument. C'est un peu comme si une fille qui avait travaillé pendant
00:20:59 des années chez McDo décidait soudain de faire la grève des hamburgers. Je comprends son
00:21:04 écœurement mais cela ne remet pas en question toute la chaîne alimentaire pour autant, non ?
00:21:09 Enfin, je veux dire, il y a une gastronomie de la fesse remarquable en France. Je suis navrée que
00:21:14 certaines soient passées à côté. Le sexe réduit à l'industrie du sexe. Non, c'est une blague, j'espère.
00:21:19 Pardon mais le sexe est poésie, fantasme, vertige, feu, glace, eau. Le sexe est tellement plus frais
00:21:26 et électrisant qu'une simple définition industrielle est tarifée. Désolée de le dire mais cet argument
00:21:32 n'en me semble pas recevable. Et cela montre bien d'ailleurs à quel point on confond aujourd'hui
00:21:36 industrie du sexe, pornographie, chère Triste, hélas, avec actes sexuels, érotiques par excellence,
00:21:42 fantasmatiques, joyeux, partagés, créatifs, chergués, heureusement. C'est un énorme problème que je
00:21:48 dénonce déjà depuis quelques années mais moi j'accuse les journalistes de ne pas faire clairement
00:21:52 la différence dans les médias entre ces deux façons de parler et notamment pour les jeunes
00:21:58 générations qui nous lisent, nous regardent, nous écoutent. Alors attendez, il y a d'autres arguments
00:22:03 à se taper le cul par terre et ça n'a rien de sexuel ici. Comme par exemple l'argument invoqué
00:22:07 suivant "le temps de préparation avant l'acte d'amour pour une femme est beaucoup trop long".
00:22:12 Oui alors attendez, dites-moi, il y a une obligation à passer des heures de mise en beauté avant un
00:22:16 rendez-vous ? Non parce que moi je n'étais pas au courant. Moi ça fait 20 ans que j'ai pas foutu
00:22:20 les pieds chez une esthéticienne. Je me taille la barbe du bas au rasoir comme les hommes. Parfois
00:22:25 je fais même une petite moustache. Mais ils ne s'en plaignent pas. Non mais c'est qu'un cas génère
00:22:29 aguerri au cirque médiatique voudrait me faire croire qu'elles sont à ce point soumises à la
00:22:33 publicité ? Non non je peux pas le croire. Ces femmes soi-disant féministes voudraient nous faire
00:22:37 croire qu'elles n'ont pas le contrôle sur leur corps, qu'elles ne sont pas propriétaires de leur
00:22:40 mental, qu'elles suivent bêtement tout ce que la pub leur dicte ? Franchement si c'est le cas,
00:22:45 faut vite aller consulter. En 2023, les femmes choisissent d'aller chez l'esthéticienne ou pas,
00:22:49 choisissent de se maquiller pendant des heures ou pas et surtout elles choisissent d'être fières
00:22:53 de leur corps, de leur forme. Alors faut décider dans quel camp vous êtes camarades, soumise ou
00:22:58 libre. Mais je vous en prie ne faites pas porter la responsabilité de votre liberté aux hommes,
00:23:03 ce serait un recul immense que je n'ose envisager. Et enfin ce sera le dernier point évidemment sur
00:23:08 lequel je vais revenir. Les sexes grévistes expliquent qu'elles jouissent très peu souvent
00:23:12 lors de rapports sexuels et de là sans transition. Elles ont conclu tout bonnement que les hommes sont
00:23:17 nuls. Pour filer la métaphore alimentaire, c'est un peu comme si la fille qui n'appréciait pas son
00:23:22 hamburger chez McDonald's, au lieu de changer de restaurant, elle accuse les cuisiniers du
00:23:27 monde entier d'être incapables et elle arrête de bouffer. Ah formidable ! Franchement bravo Julie,
00:23:30 il n'y a pas longtemps parce que votre comparaison est imparable. Les bras m'en tombent, pas de bras,
00:23:35 pas de honga honga, non je déconne. Plaisanterie mise à part, c'est l'occasion de rappeler une
00:23:39 chose très sérieuse, nous sommes chacune et chacun responsable de notre propre jouissance.
00:23:44 Ce n'est pas l'homme qui me fait jouir, c'est moi qui jouis et c'est là toute la différence.
00:23:48 Chacun, chacune avance à son rythme sur le chemin de la joie et du plaisir et sur ça il n'y a rien
00:23:53 à juger, il n'y a rien à dire. Mais accuser les mecs c'est franchement, franchement un peu dégueulasse.
00:23:57 Non et puis, et puis en plus c'est injuste parce que je vais vous dire, si le mec se plaignait de
00:24:04 ne pas bander, on n'irait pas accuser la femme qui l'accompagne de ne pas être assez sexy ou assez
00:24:09 entreprenante. Alors lorsque la femme ne jouit pas, la moindre des choses serait de ne pas blâmer
00:24:13 l'homme, non ? Alors que chacun, chacune se prenne en main, ce serait bien non ? On peut prendre la
00:24:18 main du voisin bien sûr ! Je sais qu'en grande partie vous en mourrez d'envie, alors si vous
00:24:23 avez besoin d'inspiration, sachez que de nombreux spectacles à Paris célèbrent la multiplicité des
00:24:28 sexualités, des plaisirs, de manière artistique, spirituelle, poétique, tendre, drôle. Alors sortez
00:24:34 les paillettes, allez voir à Paris la revue chez Madame Arthur à Pigalle ou encore le cabaret
00:24:39 burlesque à la Nouvelle Seine, mais aussi Mixity au Théâtre Le Pic ou chez Michou toujours vivant
00:24:44 dans nos cœurs. Et bien sûr je participe à l'effort de guerre, vous pouvez venir me voir
00:24:49 dans Fantasy, exceptionnellement en tournée dans la ville de Lyon ce week-end, au Café Théâtre
00:24:54 La Giraffe qui se peigne. Parfois il suffit juste d'une petite piqûre de rappel pour frissonner à
00:24:59 nouveau et voir la beauté des chères excitées et curieuses de se frotter les unes aux autres.
00:25:05 Allez, à la semaine prochaine. - Oui, ben écoutez, oui, Julia Pallon, on en a déjà parlé lundi avec
00:25:10 Flore Chéry, mais c'est vrai que c'est un peu embêtant parce que c'est vrai que Ovidie est
00:25:15 reçue beaucoup dans les médias et elle prône l'asexualité, L'asexualité. Bon, c'est son
00:25:26 droit, elle peut penser ce qu'elle veut, mais enfin ne faisons pas de notre expérience une
00:25:31 généralité, c'est toujours le problème. - Oui, tout à fait, ça fait quand même du bien de faire
00:25:37 des câlins aux deux. - Non, et puis ce que vous dites qui est très juste, Julia Pallon, c'est si on veut
00:25:44 vraiment libérer les femmes, qu'on leur explique qu'elles sont responsables de leur jouissance ou de
00:25:49 leur non-jouissance et on va avancer. Si on continue à penser que l'homme est responsable, on revient
00:25:55 à la belle au bois dormant et qui pourtant les féministes veulent interdire. Alors moi je
00:25:59 comprends rien, je ne comprends plus rien aux féministes, franchement, je ne les comprends plus.
00:26:03 - Il y a en tout cas des incohérences. - Oui, c'est à dire que quand ça va pas bien pour
00:26:09 elles, c'est la faute des hommes et quand ça va bien, c'est grâce à elles. C'est un peu facile.
00:26:14 - Oui, c'est pas faux, c'est un peu ça, c'est peut-être pas facile en ce moment d'être
00:26:19 aujourd'hui adolescent ou jeune homme. - Oui, je sais, il y a beaucoup de jeunes hommes
00:26:25 qui ne savent plus très bien comment s'y prendre auprès des femmes, par peur justement de dire
00:26:31 "tu me plais" et de passer pour un harceleur. - Et des jeunes femmes qui ne savent plus comment
00:26:37 réagir face à des actes de séduction. - C'est à dire qu'il y a tellement de choses à dire sur
00:26:44 la séduction partagée, sur l'amour partagé, sur cette responsabilité de la jouissance, que ce soit
00:26:50 pour les hommes ou pour les femmes, que je trouve ça très dommage que la parole soit donnée pendant
00:26:53 des heures et des jours entiers sur des expériences personnelles qui, moi, ça m'intéresse pas du tout.
00:26:59 Puis c'est toujours la même histoire, à les raconter qu'elles ont travaillé dans l'industrie
00:27:03 du sexe, écoutez, chacun son parcours, mais ça peut pas être... - Non, non, ça ne légifie, ça ne
00:27:11 donne aucune capacité à savoir mieux que les autres, je suis désolée. Moi, si aujourd'hui je
00:27:16 peux parler de sexualité avec les gens, c'est surtout parce que j'ai appris la sexologie, la
00:27:20 psychanalyse... - Vous êtes sur les plateaux de radio. - Non, mais c'est parce que j'ai appris, j'ai une connaissance, c'est pas
00:27:26 parce que j'ai tourné trois ans des films porno que je suis hâte à répondre aux gens sur la
00:27:30 sexualité, c'est pas vrai. - Je suis bien contente de l'entendre. - Eh oui, eh oui. Bon, la chair est gaie.
00:27:35 Voilà, c'était la chronique de Julia Palombe aujourd'hui, que vous pouvez en effet donc, samedi,
00:27:41 voir à Paris, vous êtes à Paris samedi, non ? - Alors non, vendredi et samedi, exceptionnellement ce
00:27:46 week-end, je suis à Lyon, c'était exceptionnel, c'est pour ça, pardon, c'est à Lyon, mais je reprends
00:27:50 évidemment dès le 8 avril à Paris à nouveau. - D'accord, sur les sites, vous pourrez voir tout ça. - Donc n'hésitez pas, si vous êtes à Lyon ou dans
00:27:57 la région, allez voir Julia Palombe et allez raconter vos fantasmes qui sont dessinés par le corps de Julia sur scène.
00:28:05 - Absolument, merci. - Merci Julia. Pierre est avec nous, bonjour Pierre. - Bonjour. - Merci d'être avec nous. Alors Pierre,
00:28:14 est-ce que vous avez déjà eu le sentiment un peu d'être harcelé dans votre vie ? - Oui, c'était surtout
00:28:22 entre ma sixième et ma troisième, là pour moi, ça a été vraiment la période la plus difficile, scolairement
00:28:27 parlant. Pour raconter juste la petite anecdote, en fait, je n'avais pas une montagne de muscles,
00:28:34 j'avais pas un petit gabarit, mais voilà, en fait, j'avais deux personnes dans ma classe qui
00:28:40 commençaient à vouloir me taper dessus et tout ça. Donc un soir, mon père venait me chercher au collège et je leur ai dit
00:28:47 "C'est ces deux-là qui m'embêtent". Il est descendu de la voiture, en fait, il est parti leur dire "Vous arrêtez vos bêtises,
00:28:52 c'est mon fils, vous y touchez pas". Et à partir de ce jour-là, en fait, je me suis fait appeler Fayot, parce que
00:28:57 j'ai osé les dénoncer auprès de mon père et ça m'a suivi pendant tout mon collège, en fait.
00:29:03 - Votre anecdote est intéressante parce qu'en fait, on voit qu'ils prennent le prétexte que
00:29:10 votre père les remet en place et c'est donc à cause de votre père qui vous harcèle,
00:29:15 finalement. - Il se victimise.
00:29:22 J'avais rien fait de spécial, mais bon, j'étais le petit souffre-douleur et pendant ma 6e, ma 3e,
00:29:29 tout mon collège m'appelait Fayot. C'était mon surnom, tout le monde m'appelait comme ça.
00:29:33 - Et à l'époque, évidemment, on ne parlait pas tellement de harcèlement, donc vous avez subi ça.
00:29:36 - Le café. Et puis c'était un petit collège, on avait 380 élèves à l'époque.
00:29:42 - Ça va être ma deuxième question. Est-ce que ça vous a donné un petit peu moins confiance en vous
00:29:47 pour après essayer de séduire les femmes ? - Non, pas plus que ça.
00:29:53 A l'époque, je n'étais pas très fille ni garçon. Je vivais ma vie tranquillement et je vais sortir
00:30:01 avec d'autres personnes, ce n'était pas mon truc. Donc moi, j'avais mes potes, on s'amusait ensemble.
00:30:04 Je n'étais pas un coureur ni attiré par tout ce genre de choses.
00:30:08 - Vous n'étiez pas attiré par les femmes ? - C'était des copines, des amis, mais pour moi,
00:30:13 je n'avais pas envie d'aller plus loin. - Ma troisième question, ça va être,
00:30:17 à quel âge vous avez fait l'amour pour la première fois ?
00:30:18 - 23 ans. - Ah oui, donc très tard.
00:30:21 - Très tard, tout à fait. - Par rapport à la moyenne.
00:30:23 - Oui. - Il y a des hommes qui restent vierges
00:30:26 jusqu'à 40 ans. Mais en effet, par rapport à la moyenne, je crois que c'est 16 ans et demi pour les
00:30:31 garçons. - 17, je crois.
00:30:33 - C'était avec la fille avec laquelle je me suis marié. C'était mon premier amour.
00:30:38 - Une belle histoire. - C'est bien.
00:30:41 - Ça a été donc une belle première fois. - Tout à fait. Je me suis gardé pour ma première.
00:30:48 - Vous pouvez poser une question à Jean-Louis Guilleneuve, il vous écoute.
00:30:51 - Moi, je disais juste, quelle était la plus belle intervention que vous ayez
00:30:56 faite dans votre carrière ? Celle qui vous a le plus marqué.
00:30:58 - La plus belle intervention ? - Oui. Quelque chose qui vous a le plus,
00:31:02 où vous avez vraiment le sentiment d'avoir vraiment fait quelque chose de plus que dans
00:31:06 toutes les autres. Celle qui vous a vraiment marqué. - Je crois que c'est la plus belle
00:31:11 question qui m'est posée parce qu'elle ne m'a jamais été posée, celle-là.
00:31:13 - D'accord. - Je ne me suis jamais préparé,
00:31:16 donc ça va être un premier jet. Elle est très ancienne, en fait. J'ai essayé de ne pas éclater
00:31:22 en sanglots. J'étais jeune flic. J'avais un an d'ancienneté dans la police, c'était il y a 40 ans.
00:31:30 Et j'ai été amené à m'occuper, à l'époque j'étais à la brigade de protection des mineurs,
00:31:36 je m'occupais des mineurs en danger, des mineurs en fugue. Et j'ai été amené à m'occuper d'une
00:31:40 petite, je me souviens encore de son prénom, elle s'appelait Sandrine. Une petite de 12 ans,
00:31:44 qui était dans un foyer à Perpignan et qui était montée à Paris toute seule,
00:31:49 vous imaginez, toute seule à 12 ans, elle était montée à Paris pour rechercher sa mère,
00:31:52 qui était prostituée à Paris. Forcément, elle avait été déclarée en fugue et c'était une fugue
00:31:58 dangereuse. On l'avait interceptée, on l'avait placée dans un foyer pour la protéger. Et je
00:32:07 me suis occupé de cette petite de 12 ans en pleine rentrée des classes. Et j'essayais de voir la
00:32:12 différence entre les gamines normales qui rentraient en classe et cette petite qui était
00:32:17 complètement en rupture de banc, qui m'a pris le cœur. Et j'ai essayé pendant des mois à retrouver
00:32:24 sa mère, parce que je lui avais promis. Après la suite, elle est triste, je ne peux pas la raconter
00:32:32 à l'antenne. - C'est un scénario pour un film ? - C'est un scénario à la 40 ans et je pense que
00:32:37 c'est celle qui m'est restée le plus fort dans la tête, alors que j'en ai fait pas mal. - Vous
00:32:43 l'avez retrouvée ou pas sa mère ? - Non, on ne l'a pas retrouvée parce que... En fait, je vais vous
00:32:47 donner la suite. En fait, on n'a jamais retrouvé la trace de sa mère parce qu'on pense qu'elle est
00:32:54 décédée sous X. Et c'est pour ça qu'on n'a pas retrouvé sa trace. Elle a été enterrée, je pense,
00:33:01 sous X. Et il m'était absolument impossible de dire à cette petite ado que sa mère était décédée
00:33:09 sous X. Donc quelque part, je ne me suis pas rempli mon contrat. Je reste sur cette frustration.
00:33:14 Alors c'est une histoire qui est triste, mais qui est à la fois belle également dans mes souvenirs.
00:33:20 Voilà, c'est la plus forte. Merci d'avoir posé cette question. - Merci Pierre, merci beaucoup.
00:33:27 - Allez, on continue avec vous bien sûr. On revient sur la question du harcèlement au 0826 300 300.
00:33:33 A tout de suite. - Le plus grand site de webcam live réservé aux adultes. - 14h16, Brigitte Lae,
00:33:40 Sud Radio. - Avec Jean-Louis Guilleneuve, délégué du procureur à Versailles. On évoque le harcèlement
00:33:47 et on vous donne donc quelques outils qui se trouvent dans sa boîte à outils, puisque vous
00:33:51 êtes venue avec Jean-Louis Guilleneuve. Bonjour Delphine. - Oui, bonjour Brigitte, bonjour monsieur.
00:33:57 - Vous pouvez l'appeler Jean-Louis. - Oui, bonjour Delphine. - Ce n'est pas parce qu'il a été commandant de police
00:34:02 qu'on va commencer à ne pas oser l'appeler par son prénom. Enfin, on est sur Sud Radio, on parle le vrai.
00:34:09 - On parle le vrai. - Allez-y, on vous écoute Delphine. - Alors moi je voulais témoigner parce que j'ai vécu du harcèlement
00:34:17 sexuel qui s'est transformé ensuite en harcèlement moral dans le cadre du travail. J'étais agent
00:34:25 administratif dans une petite mairie sur la commune de Mouveau et en 2003 on a eu un nouveau chef
00:34:33 qui venait du service culturel. Je pense que ça ne passait pas très bien avec le maire donc
00:34:38 ils nous ont mis au service social, comme nous on n'avait plus de chef. Au début il était très
00:34:44 très gentil, je le connaissais, c'était un collègue d'un autre service. Au début il était très très
00:34:50 très gentil avec moi, même un peu trop parce que ça m'était un peu mal à l'aise par rapport à mes
00:34:55 autres collègues. - Donc il avait déjà flashé sur vous en quelque sorte. - Voilà. Moi j'étais
00:35:03 mariée avec deux enfants et en fait ces réflexions ça devenait de plus en plus gênant, c'est-à-dire
00:35:10 "ah t'es bien foutue, t'aurais dû mettre un décolleté, je voudrais que tu viennes travailler
00:35:14 en décolleté et en minijupes s'il te plaît". Après quand il me convoquait dans son bureau,
00:35:20 moi je fermais la porte, je laissais la porte ouverte, lui il se levait et il fermait la porte.
00:35:25 C'était toujours très familier, on se tutoyait, parce qu'on se connaissait d'avant donc voilà,
00:35:32 moi c'était devenu mon super hiérarchique. Et puis c'est toujours des plaisanteries sur le sexe,
00:35:38 ou quand on partait en déplacement pour aller voir le foyer logement, on prenait sa voiture.
00:35:44 Moi j'étais assez naïve quand même, c'est quand même bizarre, à chaque fois qu'on prend sa voiture,
00:35:47 pourtant j'ai la même, j'avais un Espace, il avait un Renault Espace aussi. Moi mon mari quand
00:35:53 il conduit il ne touche pas les jambes en passant les vitesses, mais j'ai vu lui à chaque fois qu'il
00:35:56 passait les vitesses il frottait les jambes. - Il avait le bralon, c'est pour ça. - Voilà.
00:36:01 - Et vous laissiez faire, c'est-à-dire que vous n'osez pas ? - Au début je me disais bon,
00:36:07 j'ose pas, voilà. On a la peur quand même, on se dit bon c'est peut-être toi qui te fais des idées.
00:36:12 Et puis ça a fini un jour dans son bureau, il me dit qu'avec sa femme ça n'est pas trop,
00:36:19 et puis il me dit "moi t'es plutôt comment toi, clitoridienne ou vaginale ?" Et là moi je me dis
00:36:25 écoute, ça suffit Patrick que j'y aille. Le trou de ta femme c'est le même que le mien,
00:36:29 ça revient au mien. Donc arrête parce que moi ça me met mal à l'aise, j'arrivais plus à m'habiller.
00:36:34 Et j'ai commencé à m'habiller parce que j'avais peur qu'il me regarde et qu'il me fasse une
00:36:38 réflexion. Voilà, c'était devenu vraiment malsain. À un tel point qu'un jour j'en ai parlé à mon
00:36:44 élu. - C'est déjà bien de lui avoir répondu ça, bravo Delphine, parce que quelque part vous avez eu
00:36:53 du répondant, mais ça ne l'a pas empêché de continuer. - Non, ça ne l'a pas empêché. Donc
00:36:57 j'ai été voir mon élu parce que ça devenait vraiment de plus en plus... moi ça me rendait
00:37:01 malade. Et mon élu m'a dit "écoute, ce que tu vis là c'est du harcèlement sexuel. Quand tu vas dans
00:37:07 son bureau, tu laisses la porte ouverte." Mais je lui dis "mais je laisse la porte ouverte,
00:37:10 il se lève, il la ferme." Parce que mes collègues ne voyaient rien de tout ça. Ils voyaient que...
00:37:15 J'étais repartie avec lui parce que chaque fois il me sollicitait, j'avais plein de dossiers,
00:37:19 alors il me disait "tu vas évoluer dans ta carrière, je vais te faire monter." Alors très
00:37:23 gentil. Mais moi je me sentais mal. Donc j'ai été voir son ancienne secrétaire, qui est au
00:37:28 service structurel, et puis elle m'a dit "je m'en doutais que ça allait tomber sur toi,
00:37:31 t'es la plus jeune, t'es une petite blonde, t'es tout à fait son style." Et mon élu m'a dit "non,
00:37:36 non, ça peut plus durer comme ça, il faut en parler au maire." Donc le maire quand il l'a
00:37:40 su, il l'a convoqué, il lui a dit quelque chose. Le maire savait sur qui tomber, donc moi j'ai eu
00:37:47 quand même le maire qui m'a épaulée. Et puis de harcèlement sexuel, ça s'est transformé en
00:37:53 harcèlement moral, parce que quand il a été repris par le maire, après j'avais plus rien à faire,
00:37:58 j'étais mise au placard par mon chef. - Mais voyez ce que je trouve terrible dans ce que vous nous
00:38:04 racontez Delphine, c'est qu'au fond tout le monde sait que cet homme est un harcèleur, et puis
00:38:09 finalement on le change de poste et donc il retrouve une autre proie, et puis ça continue.
00:38:18 Mais c'est quand même incroyable Jean-Louis Guillen, comment une sorte d'omerta dans les
00:38:25 boîtes... - Un malaise, une fuite, un déni ? - Oui, oui, mais le problème c'est que j'étais
00:38:34 déléguée syndicale, mais c'était une petite promenade, donc c'était un tout petit syndicat. Moi
00:38:39 quand j'en ai parlé en réunion syndicale, on m'a dit "ferme ta gueule sinon ta carrière elle est
00:38:43 foutue". Alors ils n'ont pas eu tort. - Alors c'était en 2003 ? - Je l'ai dit, le syndicat ils
00:38:51 m'ont pas suivi, c'est quelqu'un de Paris qui est venu m'aider, j'ai dû prendre un avocat,
00:38:55 et quand on a eu une réunion avec le maire à l'époque, l'avocat comme le monsieur qui m'aidait,
00:39:03 ils ont dit "ben voilà, il faut porter plainte". Le maire dit "oui, oui, portez plainte Delphine,
00:39:08 c'est pas normal". Je lui ai dit "ben attention monsieur le maire, si on porte plainte, il y
00:39:12 aura une enquête en mairie, c'est en cadre du travail, c'est pas personnel". Alors le maire
00:39:18 dit "ah non, non, on arrête tout ça, moi je veux pas de bruit dans ma mairie". Donc ils ont payé
00:39:23 mon avocat, moi je suis tombée en arrêt malade. Et puis lui il a continué à évoluer, mon chef,
00:39:30 le maire qui était à cette période-là, il avait bloqué son avancement.
00:39:38 - Alors ça, ça se passe en 2003, est-ce que 20 ans après, ça a bougé ? Jean-Louis Guenna,
00:39:48 vous êtes sûr ? - Oui, oui, j'en suis convaincu,
00:39:51 oui, parce que je me souviens de cette époque, c'est pas si lointaine que ça pour moi. Aujourd'hui,
00:39:55 il y a d'abord une écoute beaucoup plus attentive, il y a une responsabilité du chef de service,
00:40:02 le maire il est à la limite complice des agissements de ce monsieur. En laissant faire,
00:40:12 il y a une espèce de complicité passive. - Donc il risque gros, du coup il ne va pas
00:40:19 protéger le harceleur ? - Eh ben oui, le rôle du chef de service,
00:40:25 c'est de protéger ses employés, c'est pas de couvrir les agissements d'un qui dérape.
00:40:30 Et ce que vous avez très bien fait, quand vous citez qu'un responsable syndical et un avocat
00:40:37 se présentent, vous avez une aide juridique, et ce qui est terrible, c'est que c'est leur métier,
00:40:43 surtout à l'avocat, c'est son métier. Si l'avocat vous dit "il faut porter plainte",
00:40:46 il faut suivre les conseils de l'avocat et pas les conseils du maire, parce que l'avocat il est
00:40:51 là pour vous défendre, et le maire dans cette affaire-là, il ne vous défend pas, il se défend
00:40:55 lui, il défend l'agresseur. - Il défend son cadre.
00:41:00 - Et il défend l'agresseur surtout. - Alors j'ai dû me défendre toute seule,
00:41:05 j'ai dû avoir des témoignages, mais les gens quand il faut faire des attestations,
00:41:08 il n'y a plus personne. Après j'ai su, parce que mon ancienne chef, elle me l'a dit,
00:41:13 elle m'a dit "tu sais qu'il m'a contacté, il me demande de faire une attestation contre toi
00:41:16 disant que tu étais dépressive, pas équilibrée". Je lui ai dit "je ne peux pas faire ça".
00:41:21 Mais vous vous rendez compte, je devinais que c'était moi le bourreau.
00:41:25 - Oui, oui. - Alors on m'a dit "oui, mais t'as dit que
00:41:27 c'est normal, t'es jeune, t'es blonde, et puis t'es souriant". J'ai dit "attendez,
00:41:31 moi je souris à tout le monde, je souris à monsieur le maire comme à l'ouvrier".
00:41:36 - Oui, mais vous êtes habillée un peu sexy Delphine, enfin franchement.
00:41:37 - Alors pas du tout, moi j'ai tant plus. - Mais non, mais je plaisante.
00:41:38 - C'est ça, j'aurais bien... mais c'est vraiment révoltant, puis on est complètement isolée,
00:41:44 parce qu'après c'est nous qui... moi je suis devenue la pestiférée de l'Amérique,
00:41:48 quoi. Parce que j'avais osé le dire. - Alors ce qui est terrible, c'est que c'est
00:41:52 le sentiment que vous avez eu d'être la pestiférée, mais en fait vous étiez la révoltée et la
00:41:59 guerrière. Et la guerrière peut-être que vous avez évité par votre comportement que
00:42:05 d'autres... qu'il y ait d'autres victimes. C'est l'inverse que vous étiez. Vous étiez
00:42:10 l'héroïne dans cette affaire. Simplement, vous n'avez pas été polée suffisamment,
00:42:15 parce qu'il n'y avait pas les structures pour, à l'époque. La question que je voudrais
00:42:21 vous poser, après c'est un peu personnel, vous faites comme vous voulez, est-ce que
00:42:25 vous en avez parlé à votre mari et quelle a été la réaction de votre mari ?
00:42:28 - Alors mon mari, à l'époque, c'était mon ex-mari, était en pleine évolution dans
00:42:34 sa carrière et il travaillait avec des politiques. Donc il n'a rien fait. Alors ça m'a meurtrie
00:42:39 aussi puisque j'avais que mes enfants, mes parents, des amis. J'avais une amie qui travaillait
00:42:46 dans le privé, elle me dit "mais moi dans le privé, Delphine, ça ne se fait pas. Le
00:42:49 mec il est viré d'office". Mais nous non. En fonction publique, impossible à virer
00:42:55 le mec. Il a continué, il a fini sa carrière, il a été couvert par le nouveau maire. Voilà.
00:43:01 Et moi, je n'ai jamais su retravailler après. Ce qu'on m'a mis après dans un service d'hommes,
00:43:08 alors je dis "c'est fait exprès certainement". Ils m'ont mis au service technique où là
00:43:12 j'en ai pris plein la gueule par les mecs. Et puis j'ai fini par une dépression et je
00:43:17 n'ai jamais su retravailler. Donc je suis en disponibilité de la fonction publique.
00:43:21 - C'est des persécutions. Vous êtes quelqu'un qui avait été persécuté et c'est intolérable.
00:43:31 Ce que vous racontez est intolérable. Et je pense qu'aujourd'hui, et peut-être même
00:43:37 en 2003, ces faits qui sont étayés auraient été présentés à la police puis à la justice.
00:43:45 Alors bon, il ne serait pas allé en prison, il ne faut pas rêver, malheureusement, parce
00:43:48 qu'il aurait mérité. Mais il aurait passé un sale quart d'heure dans le bureau du juge,
00:43:54 votre harceleur. Et le maire, il aurait peut-être eu des comptes à rendre. Il aurait dû s'expliquer
00:44:01 pourquoi il protégeait autant cette personne.
00:44:02 - Merci Delphine de ce témoignage. Heureusement, ça bouge quand même. On avance sur ce point.
00:44:08 On va continuer à en parler bien sûr sur Sud Radio 0826 300 300. N'hésitez pas à
00:44:14 témoigner ou à poser des questions. La petite devinette du jour, alors je vous en ai trouvé
00:44:19 une pour vous, Jean-Louis Guilleneuve. Pourquoi les avocats sont si bavards ? C'est la réponse
00:44:25 tout de suite après les infos que vous pourrez nous donner.
00:44:27 - Nous évoquons aujourd'hui le harcèlement en compagnie de Jean-Louis Guilleneuve. Vous
00:44:34 êtes commandant de police honoraire et vous êtes délégué du procureur à Versailles.
00:44:42 Je vais vous poser une question, mais d'abord je voudrais que vous me répondiez à ma devinette.
00:44:46 Pourquoi les avocats sont si bavards ?
00:44:48 - Moi, je vais faire une pirouette, je donne ma langue au chat. Au greffier.
00:44:53 - Tout simplement parce qu'ils portent des robes.
00:44:56 - Oui, oui, oui.
00:44:59 - Moi j'ai le droit de dire ce genre de choses, vous, vous n'avez plus le droit. Alors oui,
00:45:04 je vous pose la question. On le voit depuis 14 heures, on a des témoignages et on voit
00:45:08 que les gens, finalement, ne prennent pas réellement conscience qu'ils sont harcelés
00:45:13 et que quelque part la loi aujourd'hui est là pour les défendre. C'est quoi ? C'est
00:45:17 parce qu'ils se sentent coupables finalement, ils ont l'impression que de toute façon
00:45:23 ça ne va pas servir à grand chose d'aller jusqu'au bout ?
00:45:25 - Oui, certainement. Je pense qu'il y a la crainte d'être mal reçu dans le service
00:45:31 de police ou de gendarmerie, ce qui n'est plus du tout le cas maintenant. Il y a la
00:45:37 honte, il y a la pudeur pour raconter quelque chose de très intime. C'est difficile de
00:45:42 raconter que l'on vit des humiliations, que l'on vit des propos dégradants. C'est
00:45:52 plus facile de se présenter avec une blessure externe parce qu'on a reçu un coup à la
00:45:56 figure ou qu'on s'est fait voler. Ça ne donne pas une image de soi négative et je
00:46:02 pense que les gens qui sont harcelés ont une image négative et n'osent pas, ça réduit
00:46:11 leur capacité de réaction et ça ne fait que renforcer le pouvoir du harceleur sur
00:46:17 elle.
00:46:18 - Donc on sait aujourd'hui que la loi est là et elle est assez claire. D'abord on est
00:46:29 bien reçu maintenant dans les commissariats et les gendarmeries et ensuite il y a des
00:46:33 personnes pour écouter, pour aider.
00:46:35 - Absolument. Pas dans tous les services mais dans les commissariats ou les gendarmeries
00:46:41 des villes les plus importantes pour le moment mais ça va évoluer. Il y a un ou plusieurs
00:46:48 psychologues qui sont là pour venir en aide aux victimes, qui prennent ensuite en charge
00:46:56 les victimes après le dépôt de la plainte, le temps de l'enquête. Il faut aussi un accompagnement
00:47:01 de la victime et une orientation de la victime vers des structures de soins ou des structures
00:47:07 d'accueil ou des structures d'écoute de la parole. D'ailleurs maintenant dans tous les
00:47:11 services police, gendarmerie et dans les tribunaux il y a des plaquettes, il y a des numéros
00:47:18 de téléphone qui sont affichés, il y a des présentoirs qui s'adressent aux victimes
00:47:24 des infractions diverses et variées et on retrouve la même chose, j'insiste là-dessus
00:47:31 parce que c'est méconnu, dans de nombreuses villes en France il y a des maisons de la
00:47:34 justice et du droit où l'accueil est gratuit et l'accueil se fait même souvent sans rendez-vous
00:47:42 où une personne qui est en difficulté juridique, judiciaire, est prise en charge, peut rencontrer
00:47:49 un avocat gratuitement ou un juriste qui va l'orienter, qui va l'accompagner. Maisons
00:47:55 de la justice et du droit, très souvent elles sont à côté des mairies ou intégrées
00:48:00 dans les mairies. En tout cas à la mairie on peut vous donner l'adresse de cette maison
00:48:04 de la justice. Absolument, d'ailleurs les mairies sont partenaires et pour certaines,
00:48:08 je connais bien parce que j'ai travaillé pendant plusieurs années en tant que délégué
00:48:11 du procureur dans deux maisons de justice, il y en avait une. Mais moi je l'apprends,
00:48:16 je ne le savais pas. C'est pour ça que j'insiste. Et les maisons de justice ont des fonctionnements
00:48:22 associatifs, les mairies sont partenaires, les mairies versent de l'argent à la maison
00:48:28 de justice pour qu'elles puissent fonctionner. Mais finalement, quoi qu'on ait comme problème,
00:48:35 l'idéal c'est toujours de voir avec la mairie, non ? La mairie c'est le premier contact.
00:48:40 J'ai l'impression que ce n'est pas quelque chose qui est tellement évident pour beaucoup
00:48:45 de gens. C'est vrai, mais c'est dommage parce qu'en plus il y a des accueils, les gens
00:48:50 qui sont à l'accueil des mairies sont formés, ils sont en capacité d'orienter.
00:48:54 Bonjour Sophie. Bonjour Brigitte, bonjour Jean-Louis. Merci de témoigner.
00:49:01 Bonjour Sophie. Alors vous êtes actuellement dans la procédure, si je ne me trompe pas.
00:49:13 Oui. Alors racontez-nous. Alors moi j'ai décidé après dix ans de patience et d'attente
00:49:23 parce que je voulais absolument faire ça et après plusieurs immersions dans des entreprises,
00:49:28 je voulais faire le métier d'aide médico-psychologique qui est maintenant qualifié d'aide accompagnant
00:49:33 éducatif et social pour des personnes en situation de handicap. Et donc j'ai trouvé
00:49:40 mon école, j'ai trouvé ma structure et donc au mois de juillet 2020, il s'est avéré
00:49:46 que j'ai été prise, donc j'ai été acceptée dans cette structure pour faire ce contrat
00:49:53 de professionnalisation. Et donc il s'est avéré que j'étais déjà en contrat,
00:49:59 donc il a fallu que je parte chez mon ancien employeur et ils m'ont appelé un petit
00:50:06 peu plus tôt avant le début de mon contrat pro. Je devais commencer mon contrat pro en
00:50:09 octobre et ils m'ont appelé pour le 10 septembre. Donc j'ai commencé sur un poste
00:50:15 de travail d'accompagnant éducatif et social remplaçante. J'ai été en doublant seulement
00:50:25 sur deux jours. Alors d'entrée de jeu, l'implication dans l'équipe s'est très très mal faite.
00:50:29 Donc voilà, on me posait beaucoup de questions, "qu'est-ce que tu fais là ?" enfin plein
00:50:35 de choses comme ça, beaucoup de curiosités. Donc le cadre socio-éducatif m'a convoquée
00:50:41 en me disant "on ne parle de rien, on ne parle pas que vous êtes financée, que vous
00:50:46 allez passer en contrat ES, contrat pour finalisation élève, on ne parle de rien de tout ça,
00:50:53 il y a des problématiques dans l'équipe, etc." Et donc j'ai été doublée seulement
00:50:59 sur deux jours, je n'avais pas de traine de base, je n'avais pas de fiches de potes,
00:51:05 je n'avais rien du tout quoi. J'étais seule au monde, je ne connaissais pas vraiment
00:51:10 toute la structure, enfin bref, j'étais libre à moi-même, aucune implication dans
00:51:13 l'équipe. Donc on me mettait des barrières, enfin on me mettait des bâtons dans les roues.
00:51:20 - Et vous avez une idée de la raison pour laquelle on ne vous a pas accueilli ?
00:51:23 - Alors la jalousie tout simplement, parce que bon, la personne qui mène sa "danse"
00:51:30 c'est une personne qui, en fait si vous voulez, c'est une secte, je le définirais comme ça.
00:51:37 Voilà, ils font rentrer, c'est des personnes qui sont impliquées mais entre elles. C'est
00:51:44 un petit village de 500 habitants, donc on fait rentrer des personnes non qualifiées,
00:51:51 voilà, par connaissance simplement. - D'accord, vous étiez l'étrangère quoi.
00:51:55 - J'étais l'étrangère. Et quand je suis arrivée, moi par mes propres moyens, et voilà,
00:52:00 déjà ça, ça a été d'entrée mal perçu. Après, je ne vous parle même pas du tutorat
00:52:08 qui était totalement inexistant, je n'avais pas de tuteur. Lorsque je devais mener mes
00:52:13 devoirs d'école, le mardi matin on me mettait systématiquement en réunion pour me barrer
00:52:18 mon travail, enfin pour me saboter mon travail en fait. J'ai été victime d'agression physique
00:52:26 de la part d'un résident, grâce à mes collègues, qui ce jour-là, évidemment,
00:52:31 j'avais 17 résidents pour moi toute seule à m'occuper lors d'un goûter. Et en fait,
00:52:37 je me retrouvais seule sur ce poste et elle, elle s'amusait entre elles, voilà, elle
00:52:44 jouait au ping-pong entre elles, c'est les résidents qui comptaient les points. Et puis
00:52:51 donc un résident est venu les solliciter parce qu'il était dans l'immédiateté,
00:52:56 il est atteint d'une pathologie psychiatrique très lourde, et donc si on ne lui accepte
00:53:03 pas sa demande, voilà, c'est le pétage de câble assuré. Donc elle le savait très
00:53:10 bien en disant "t'adressez à elle", et elle regardait, et quand il s'est adressé
00:53:15 à moi, effectivement, ça a été assez violent. Donc il n'y a eu aucune reprise là-dessus,
00:53:21 il n'y a rien eu quoi.
00:53:24 Et j'imagine que c'est ça qui vous a fait commencer à entamer une procédure ?
00:53:29 Ah non, là j'ai tenu encore très longtemps, très longtemps, et jusqu'à ce que j'ai
00:53:36 commencé par une médiation de la Chambre de commerce et d'industrie, il y avait un
00:53:40 médiateur, donc j'ai dit que j'avais des problématiques dans ma structure et que
00:53:43 ce serait bien qu'il intervienne.
00:53:45 Et encore une fois, excusez-moi Sophie, je vous pose cette question parce qu'on entend
00:53:49 encore comment vous subissez, vous subissez, vous subissez, alors qu'il y a depuis déjà
00:53:53 pas mal de temps de harcèlement. Qu'est-ce qui fait que vous continuez à subir sans
00:53:58 vous défendre, d'après vous ?
00:54:00 Alors, là je me défends dans ce cas précis, mais comment dire, voilà, c'est très long,
00:54:09 on s'attaque à une structure, on s'attaque à plusieurs personnes, et il faut toujours
00:54:14 justifier de son état de santé.
00:54:15 Moi j'ai été arrêtée pour trouble réactionnel en 2021, et donc en fait la sécurité sociale
00:54:23 ne m'a pas reconnue en tant que dépression.
00:54:27 Oui, là, excusez-moi Sophie, mais on va vous garder, on va faire une petite pause, mais
00:54:32 on va vous garder.
00:54:33 Là, là sincèrement, Jean-Louis Guéhennoeuf, quand on écoute Sophie, là ça se passe
00:54:37 en 2020-22, elle est toujours en procédure, on a quand même l'impression que la société,
00:54:44 quoi que vous en disiez, Jean-Louis Guéhennoeuf, elle n'est pas encore au point pour aider
00:54:47 les gens qui subissent le harcèlement.
00:54:49 Je vous laisse répondre après la pause, et vous verrez avec Sophie.
00:54:53 Alors on va retrouver Sophie, bien sûr, vous êtes en procédure, la procédure est en
00:55:00 cours, Sophie, vous nous avez expliqué à quel point vous avez a priori subi du harcèlement,
00:55:08 Jean-Louis Guéhennoeuf, pour vous il n'y a pas eu harcèlement ?
00:55:11 Alors c'est pas facile, là j'ai un cas qui est pas facile, alors Sophie, pardon.
00:55:17 Oui, mais alors attendez, je tenais à vous préciser quand même.
00:55:20 Non, vous allez reprendre la parole Sophie, mais laissez Jean-Louis Guéhennoeuf vous
00:55:23 dire, alors pourquoi c'est pas...
00:55:25 Votre souffrance est authentique, moi je ne remets pas en cause votre souffrance, mais
00:55:29 on est à la lisière entre le droit du travail et le droit pénal.
00:55:33 Donc on est plus dans le droit du travail et dans le non-respect des règles du droit
00:55:37 du travail, on n'a pas vraiment basculé dans le droit pénal, où on identifie un ou plusieurs
00:55:44 auteurs que l'on va sanctionner parce qu'ils ont commis une infraction.
00:55:46 C'est ça le droit pénal.
00:55:47 Ce qui était important dans votre discours que j'ai écouté avec attention, c'est la
00:55:53 médiation que vous avez faite auprès de la Chambre de Commerce.
00:55:56 Qu'est-ce que le médiateur vous a dit, qu'est-ce que la médiation a amené pour vous ?
00:56:04 Qu'est-ce qu'elle vous a amené la médiation ?
00:56:06 Alors voilà, j'ai vu à plusieurs reprises la direction, ce qui n'a rien donné.
00:56:10 Je l'ai saisi le médiateur de la CCI, ça n'a rien donné du tout, il ne m'a jamais
00:56:13 fait de retour sur les faits factuels.
00:56:15 Ensuite, il se trouve que j'ai été à la médecine du travail, la médecine du travail
00:56:19 a bien reconnu qu'il y avait harcèlement moral.
00:56:21 A la suite de ça, des PV d'audition ont été menés par la Sécurité sociale qui
00:56:26 sont avérés qu'il y a bien eu d'effets factuels.
00:56:29 Donc la directrice ne dément à aucun moment tout ce qui s'est passé.
00:56:33 Elle va tout dans mon sens, exactement.
00:56:35 Donc elle reconnaît tout ce qu'il y a eu, tout ce que j'avais au quotidien, mes frais
00:56:39 de route qui n'étaient pas payés, qui me mettaient en difficulté financière, le cadre
00:56:43 socio-éducatif qui me avait traité de débile et de déficiente mentale.
00:56:49 Il y a eu des insultes.
00:56:53 Ah mais pas que ! Il y a eu des vols de mon matériel dans mon casier, il y a eu des résidents,
00:57:06 ils ont impliqué des résidents pour m'embêter au quotidien.
00:57:10 Ils me sabotaient toutes mes...
00:57:14 Par exemple, on devait intervenir sur tout ce qui était...
00:57:20 Comment dire ? Tout sur le facto de fonctionnement en fait.
00:57:24 Sur les transmissions, je n'avais pas le droit à la parole, on me disait "Ferme ta...
00:57:28 ".
00:57:29 Donc là, il y a quand même insultes, humiliations, etc.
00:57:33 Oui, il y a quand même...
00:57:34 Contre les valorisants.
00:57:35 Oui, d'accord.
00:57:36 D'accord.
00:57:37 Donc là...
00:57:38 C'est plus clair.
00:57:39 Déjà, c'est plus clair.
00:57:40 C'est plus clair.
00:57:41 La histoire, elle est compliquée à comprendre.
00:57:42 Mais Sophie, excusez-moi, mais ce que je me pose comme question aussi, c'est pourquoi
00:57:48 à un moment donné subir tout ça et pas aller chercher un travail ailleurs ?
00:57:52 Et bien voilà, alors la question s'est posée.
00:57:55 Donc le médecin du travail a dit "changement d'unité impératif" pour qu'on continue mon
00:58:00 contrat pro dans de meilleures conditions.
00:58:02 Donc l'inspection du travail est formée mêlée parce qu'ils n'ont jamais répondu au médecin
00:58:07 du travail.
00:58:08 Donc l'inspection du travail les a menacé de 30 000 euros d'amende s'ils n'effectuaient
00:58:12 pas de changement d'unité, puisqu'il y avait trois structures sur l'établissement où
00:58:15 j'aurais pu être amenée à travailler dans de meilleures conditions avec d'autres personnes.
00:58:19 Ils n'ont jamais effectué l'effet de poste jusqu'à ce que j'arrive à l'inaptitude.
00:58:25 Voilà.
00:58:26 Et entre temps, mon école ne m'a apporté aucun secours.
00:58:29 Ce qu'ils ont dit dans les télévisions...
00:58:32 Ce que je trouve terrible...
00:58:33 Bravo, hein, parce que vous ne lâchez rien.
00:58:36 Mais en même temps, toute cette énergie que vous mettez à essayer d'être reconnue
00:58:41 comme victime, que vous êtes, il me semble.
00:58:44 Encore une fois, on a votre témoignage, on n'a pas le témoignage inverse, mais on vous
00:58:50 sent sincère.
00:58:51 On se dit, mais à un moment donné, à quoi bon ? Et c'est là où je vous dis, Jean-Louis
00:58:56 Guilleneuve, excusez-moi, mais il faut encore avancer.
00:59:00 Je suis d'accord avec vous.
00:59:02 Alors, est-ce que vous vous êtes présentée dans un service de police ou de gendarmerie
00:59:06 pour porter plainte pour harcèlement contre les responsables de tout ça ?
00:59:10 Bien sûr.
00:59:11 Et quel a été le retour ?
00:59:13 Bon, évidemment, eux, ils estiment qu'effectivement, il y a bien harcèlement moral.
00:59:18 Donc, bon, alors, la police, j'ai été très très très mal reçue.
00:59:23 Déjà, pour commencer, oui, c'est bien dommage.
00:59:26 On m'a proposé une main courante, mais bon, on sait très bien qu'une main courante, ça
00:59:30 ne fait rien du tout.
00:59:31 Ce n'est pas une plainte, une main courante, non.
00:59:33 C'est un signalement.
00:59:34 Voilà.
00:59:35 Donc, du coup, la gendarmerie, oui, m'a proposé de repasser un petit peu plus tard.
00:59:42 Bon, j'en ai eu un petit peu marre.
00:59:43 Donc, j'ai carrément pris un avocat et j'ai écrit au procureur.
00:59:46 Et là, le procureur, voilà.
00:59:49 Donc, le procureur poursuit parce qu'évidemment, en plus, ils n'ont même pas rempli les papiers
00:59:55 pour la sécu pour me reconnaître en maladie professionnelle par rapport à la dépression.
00:59:59 Alors que je suis suivie depuis deux ans pour ça.
01:00:03 Et donc, du coup, là, en fait, je suis très contente parce qu'en fait, un juge a décidé
01:00:10 que non seulement il poursuivait, mais qu'en plus, il y aurait une expertise médicale.
01:00:14 C'est parfait.
01:00:15 Donc, ça laisse à penser, d'après votre témoignage, Sophie, si on fait un petit bilan.
01:00:24 Heureusement, les juges aujourd'hui sont au fait de la question de harcèlement.
01:00:28 Mais alors, quel parcours du combattant ?
01:00:31 Oui, et puis l'issue n'est pas gagnée et qu'en plus, je ne suis pas la seule.
01:00:37 À partir du moment où le juge le reconnaît, je pense que c'est quand même...
01:00:41 Pour être simple, le procureur a décidé des poursuites puisqu'il décidait d'enquête,
01:00:47 puisqu'il fait faire un examen d'expertise médico-judiciaire.
01:00:51 Et au vu de l'expertise et des éléments qu'il a recueillis, de toute façon, il les
01:00:58 recueille en chargeant les services de police de faire l'enquête.
01:01:01 Ce n'est pas lui qui fait l'enquête.
01:01:02 Il a donné pour ordre aux policiers qui sont sous ses ordres de procéder à l'enquête.
01:01:10 Et à un moment ou à un autre, les personnes mises en cause vont avoir à s'expliquer.
01:01:15 De toute façon, il y aura un résultat.
01:01:18 Et comme vous avez un avocat qui vous assiste, l'avocat peut se tenir au courant des avancées
01:01:24 de l'enquête, des différentes étapes de l'enquête.
01:01:27 Ce qui concerne les PV d'audition, en fait, tout le monde a été entendu dans la structure,
01:01:32 tout le monde a dit que c'était vrai, sauf la personne elle-même impliquée.
01:01:35 Elle s'est mise en arrêt de travail la veille de l'audition.
01:01:38 Comme toujours, c'est là où on voit bien la personne qui harcèle.
01:01:44 De toute façon, elle est toujours dans le déni.
01:01:45 De toute façon, elle, à son tour, sera entendue par les services de police et elle ne pourra
01:01:50 pas se dérober.
01:01:51 Si elle ne vient pas, ils iront la charger.
01:01:52 Moi, je le constate quand même, en vous écoutant Sophie et en écoutant un peu les témoignages,
01:01:58 c'est que finalement, dans ces histoires de harcèlement, et ce qui est assez normal
01:02:02 puisqu'il y a la souffrance, c'est qu'à partir de ce moment-là, il y a l'émotionnel
01:02:06 qui l'emporte et ça manque un petit peu de rationalité.
01:02:11 Je sais bien que ce n'est pas facile, mais c'est peut-être le conseil qu'on peut donner
01:02:14 à ceux qui nous écoutent.
01:02:15 Attention, prenez la part des choses parce que l'émotionnel, qu'est-ce qu'il fait ?
01:02:21 Il entraîne des pressions, il entraîne des choses.
01:02:25 On sent bien que Sophie, elle traverse aussi quelque chose de difficile sur le plan personnel.
01:02:30 Ce sont des violences très lourdes.
01:02:31 C'est ce que je disais au début, ce sont des violences.
01:02:33 Ce que je veux dire par là, c'est qu'à partir du moment où on accepte de reconnaître
01:02:40 qu'on est harcelé, le mieux c'est de prendre quelqu'un qui va nous défendre et essayer
01:02:46 soit de ne pas rester dans cet émotionnel qui entraîne forcément de la déprime, un
01:02:52 mal-être et qui nous écoule.
01:02:53 C'est exactement ça.
01:02:54 Il ne faut pas rester seul, il faut se faire aider.
01:02:56 Alors se faire aider, ça peut coûter cher financièrement, mais il y a aussi des aides
01:03:03 gratuites, comme vous l'avez parlé, que j'ai citées tout à l'heure.
01:03:06 Il ne faut pas hésiter à se faire aider, à se faire accompagner et puis à se faire
01:03:11 "soigner", se faire soulager par un praticien, par un thérapeute.
01:03:16 Oui, mais plus on va se faire aider tôt et plus on va pouvoir dire "c'est le problème
01:03:21 de mon avocat, je suis défendue et je m'occupe de moi", moins on risque de perdre cette
01:03:26 énergie vitale qui fait que...
01:03:28 Absolument, et d'y laisser des plumes.
01:03:29 Et d'y laisser énormément de plumes.
01:03:31 Et sa santé, tout à fait.
01:03:33 Et aggraver la situation.
01:03:34 Et puis généralement, quand la machine se met en route, l'infraction ralentit et l'infraction
01:03:42 cesse parce que les auteurs commencent à avoir peur.
01:03:45 Ça les inquiète.
01:03:46 Personne ne veut passer devant la justice et personne n'aime rendre des comptes sur
01:03:53 des accusations de harcèlement.
01:03:55 Même si elles sont contestées, ça met mal à l'aise.
01:03:58 Donc c'est vraiment le message que j'ai envie de vous passer et je l'entends bien, Sophie.
01:04:02 J'entends bien à quel point vous êtes démolie par tout ça.
01:04:06 En amont, essayons de se faire aider de manière à relâcher un petit peu tout l'affect qu'on
01:04:13 met pour se défendre parce que ça passe par des moments de colère, de tristesse, d'abattement
01:04:20 et ça crée forcément quelque chose qui enlève notre énergie.
01:04:26 On fait une petite pause.
01:04:27 On va se retrouver pour le Love Conseil, pour le jouet qui a été testé et puis on a également
01:04:32 Nicolas qui veut témoigner.
01:04:34 Réagissez et participez à l'émission au 0826 300 300.
01:04:41 Brigitte Leï, Sud Radio.
01:04:43 Servez aux adultes.
01:04:44 Brigitte Leï, Sud Radio.
01:04:47 Le Love Conseil.
01:04:48 Alors Jean-Louis Guilleneuve, vous pouvez réagir même si ce n'est pas tout à fait
01:04:52 votre domaine.
01:04:53 On va parler d'une petite introspection amoureuse qu'on peut faire.
01:04:56 Vous savez que l'autre, c'est notre miroir.
01:04:59 C'est le miroir de notre ombre en quelque sorte.
01:05:02 Et pour mieux comprendre peut-être votre relation amoureuse, je vous propose un petit
01:05:07 exercice d'introspection tout à fait instructif.
01:05:10 Alors voilà la question que vous pouvez vous poser.
01:05:13 Qu'est-ce que j'aime en lui, en votre partenaire ou en elle ?
01:05:17 Évidemment, ça s'adresse aussi bien aux hommes qu'aux femmes.
01:05:20 Et en deuxième phase, après avoir répondu à ce que vous aimez en lui, on va rester
01:05:25 sur le masculin, ce sera plus simple.
01:05:27 En quoi cela pourrait me ressembler ? Ou si vous préférez, qu'est-ce que ça révèle
01:05:32 sur moi ?
01:05:33 Alors par exemple, si votre compagnon est très brillant en public, il parle très bien
01:05:38 quand il y a un dîner ou quand il y a du monde, il y a des chances que vous soyez un
01:05:42 petit peu inhibé et que quelque part vous soyez en admiration de sa capacité à être
01:05:48 apte à bien parler.
01:05:50 Ensuite, qu'est-ce que je n'aime pas en lui ? Et là ça devient intéressant aussi
01:05:56 parce que ça va être aussi révélateur évidemment sur vous-même.
01:06:00 Par exemple, si vous le trouvez un peu trop ordonné à votre goût, je ne serais pas
01:06:05 surprise que justement vous soyez un petit peu bordélique.
01:06:07 Comme si on avait toujours tendance dans une relation à choisir quelqu'un qui va nous
01:06:14 apporter ce qu'on n'a pas ou qu'on va admirer parce qu'il a quelque chose qu'on
01:06:19 aimerait avoir.
01:06:20 Pourquoi c'est important cette introspection amoureuse ? Parce que très souvent on va
01:06:27 finir par quitter ou par rejeter notre partenaire parce qu'il nous renvoie un petit peu trop
01:06:31 à nous-mêmes alors que c'est pourtant pour ça qu'on l'avait choisi.
01:06:34 C'est pour ça que c'est bien de temps en temps, si vous êtes agacé par quelque
01:06:39 chose chez votre partenaire, faites ce petit travail qui va vous révéler un petit peu
01:06:45 de vous-même et peut-être que vous serez plus indulgente à ce moment-là et que ça
01:06:50 ne mènera pas à la rupture.
01:06:52 Parce qu'au fond, si vous l'avez choisi au début, c'est peut-être parce que vous
01:06:58 l'avez eu, il ou elle vous a plu.
01:06:59 Vous voulez réagir ?
01:07:00 Oui, oui, oui.
01:07:01 Je ne sais pas si mon épouse écoute l'émission, mais bon, si elle l'écoute, pas de problème.
01:07:10 Alors, chez l'autre, chez elle, ce qui m'a séduit, c'est d'abord une admiration.
01:07:20 J'ai admiré sa personnalité, c'est une globalité.
01:07:25 Et puis, il y a la fierté d'avoir été choisi aussi, d'avoir été choisi par une
01:07:30 personne que j'admirais.
01:07:32 Donc, ça a renforcé votre narcissisme ?
01:07:35 Certainement, certainement.
01:07:36 J'avais peut-être pas assez confiance en moi, je me valorisais peut-être pas assez.
01:07:41 Et cette femme que j'admirais, qui me choisit, en fin de compte, j'ai été très flatté.
01:07:49 Et puis, autre chose m'a flatté, c'était un point de détail.
01:07:53 Un élément, c'est qu'à l'époque, elle gagnait beaucoup plus que moi.
01:07:59 Et moi, j'étais très fier d'être avec une femme qui gagne plus d'argent que moi.
01:08:04 Non pas parce que je n'avais pas besoin d'être entretenu, mais c'était un signe extérieur
01:08:11 comme ça qui m'a touché.
01:08:13 Je disais à mes amis, en plus je suis fier parce qu'elle gagne plus que moi.
01:08:19 J'étais fier d'avoir été choisi par une femme qui gagnait plus que moi.
01:08:24 J'avais le sentiment d'avoir été choisi pour mon argent.
01:08:28 Surtout qu'en tant que flic, je ne gagnais pas beaucoup d'argent.
01:08:30 J'imagine, au début, certainement pas.
01:08:32 C'est intéressant, je trouve, comme petit exercice qu'on peut tous faire.
01:08:37 Tout à fait.
01:08:38 Par contre, là où ça me met un peu en difficulté, qu'est-ce que je n'aime pas chez elle ?
01:08:41 Moi, j'aurais tendance à être extrêmement indulgent.
01:08:44 Je ne lui cherche pas de défauts.
01:08:47 Non, elle en a forcément, mais si vous agace pas.
01:08:51 En fait, je disais bien dans le Love Conseil, c'est les défauts qui vous agacent.
01:08:55 Si elle a des défauts mais qui ne vous agacent pas, ça ne parle pas de vous.
01:08:58 Non, ça ne m'agace pas.
01:08:59 C'est quand ça nous agace que ça parle de nous.
01:09:01 Par contre, je l'agace un petit peu des fois, mais j'en suis conscient et je n'ai pas toujours
01:09:05 envie de le changer.
01:09:08 Si elle nous écoute, elle peut réagir et nous dire ce qui l'agace chez vous.
01:09:12 Comme ça, vous aurez avancé.
01:09:13 Il y a beaucoup de choses.
01:09:14 Mais des fois, je suis un peu exprès peut-être de l'agacer.
01:09:16 Après, il y a peut-être une provocation.
01:09:18 Alors, on va continuer avec Laurent qui a reçu pour nous, ce sont des œufs, mais ce
01:09:24 n'est pas des œufs de poule.
01:09:25 Jean-Louis Guéhennoff, vous imaginez bien que dans cette émission, ce sont des œufs
01:09:28 qui servent à notre plaisir.
01:09:31 Bonjour Laurent.
01:09:32 Bonjour Brigitte et bonjour à votre invité.
01:09:35 Jean-Louis Guéhennoff, c'est des œufs masturbateurs de la marque Tenga qu'on trouve évidemment
01:09:45 sur RueDesPlaisirs.com.
01:09:46 Il y en a six.
01:09:47 Donc, ça fait six bonnes soirées, c'est ça ?
01:09:51 On peut dire ça, oui, tout à fait.
01:09:55 Sauf que ceux-là, vous ne les trouverez pas dans le rayon des grandes surfaces, dans le
01:10:00 rayon adéquat des grandes surfaces.
01:10:01 Non, ça c'est sûr.
01:10:02 Et ce ne sont pas non plus des œufs en chocolat, mais bon, vous pouvez quand même les offrir
01:10:08 à Pâques, ça fera des petits œufs surprise.
01:10:14 Alors en effet, ils se présentent sous la forme d'une boîte classique de six œufs.
01:10:22 Ce sont des étuis.
01:10:24 Les œufs sont dans différents étuis avec des coloris bien particuliers.
01:10:29 Assez flashy.
01:10:30 J'en donne un à Jean-Louis parce qu'il n'a pas l'air de connaître.
01:10:33 Vous allez peut-être comprendre.
01:10:36 Tenez Jean-Louis.
01:10:37 Ça tient dans la main.
01:10:38 Oui, ça c'est...
01:10:39 Comme le chouïe de blé.
01:10:40 Et puis voilà, vous voyez, vous avez un petit peu de lubrifiant là.
01:10:44 Bon, allez-y, allez-y.
01:10:47 Alors on peut effectivement s'en servir comme déstressant.
01:10:51 C'est une manière éventuellement de s'amuser un petit peu avant avec.
01:10:56 Mais bon, chacun porte en fait à l'intérieur une forme géométrique avec des stris différentes.
01:11:05 Ah ça c'est sympa.
01:11:08 Donc ce n'est pas le même plaisir à chaque fois.
01:11:11 Non, non, non, pas tout à fait.
01:11:13 Disons que ça peut être des petites vaguelettes ou des petits picots.
01:11:17 Et en fait, les sensations viennent de l'intérieur de l'œuf.
01:11:21 Et c'est censé reproduire de manière éventuelle, évidemment artificielle et différente la
01:11:26 muqueuse vaginale de la femme.
01:11:29 En général, c'est assez...
01:11:32 Enfin, on peut un petit peu y croire.
01:11:34 Je trouve que l'orifice est un peu petit.
01:11:35 Même si je ne suis pas forcément bien membré.
01:11:39 Mais là, c'est...
01:11:40 Bon, je ne veux pas dire que c'est pour un enfant parce que là on dira après.
01:11:44 Mais bon, c'est un objet...
01:11:48 C'est juste avant la lubrification.
01:11:51 Mais remettez des doigts dedans, vous allez voir, vous pouvez en mettre plusieurs.
01:11:55 Le problème, c'est que le mot d'emploi est en chinois, il est écrit en caractère chinois,
01:11:58 je ne lis pas le chinois.
01:11:59 Non mais mettez deux, trois doigts dedans, vous allez voir, ça s'élargit très très
01:12:03 bien.
01:12:04 Non, ça ne mord pas.
01:12:05 Non, mais je sais bien.
01:12:07 Alors ?
01:12:08 Oui, c'est peut-être pour ça que l'orifice est un petit peu petit en fait.
01:12:14 Parce qu'il se dilate.
01:12:15 Oui, oui, oui.
01:12:16 Alors, surtout, ce n'est pas très romantique.
01:12:18 Ce n'est pas fait pour ça.
01:12:21 Effectivement, à l'intérieur, il y a des stris.
01:12:25 Je ne reconnais pas la muqueuse vaginale.
01:12:29 Disons qu'au toucher, les yeux bandés, je ne reconnais pas.
01:12:34 Mais bon, ça peut dépanner.
01:12:36 Ça peut dépanner.
01:12:37 Ça peut dépanner.
01:12:38 Bien sûr, c'est une boutade tout ça.
01:12:42 Alors Laurent, vous, qu'est-ce que vous en pensez justement ?
01:12:45 Vous qui les avez testés.
01:12:48 Alors, ce qui est pertinent, c'est qu'on peut s'en servir avec son ou sa partenaire
01:12:55 pour des préliminaires, pour pimenter un petit peu les parties de plaisir.
01:13:00 Maintenant, en ce qui me concerne, j'ai eu l'opportunité de le tester avec trois partenaires
01:13:07 différents et la sensation n'a pas été la même à chaque fois.
01:13:10 D'accord.
01:13:11 Donc, ce qui est un petit peu, je dirais, rebutant au premier abord, c'est que l'objet
01:13:19 en lui-même est froid et lors de l'application sur le laverge, évidemment, ça fait un petit
01:13:26 coup de froid.
01:13:27 Vous pouvez le mettre un peu dans l'eau chaude avant.
01:13:28 Oui, oui, tout à fait.
01:13:30 L'oeuf à chauffer un petit peu avant.
01:13:32 En revanche, je trouve que pour la largeur, je suis d'accord, ça s'étend bien.
01:13:36 Mais pour la longueur, non ?
01:13:37 Alors oui, la longueur, c'est un petit peu compliqué parce que c'est surtout pour stimuler.
01:13:43 Ça ne stimule pas toute la verge, mais ça stimule principalement le gland.
01:13:49 Ce qui est l'essentiel, évidemment.
01:13:51 Toute la partie de la corolle et du gland, c'est cette partie-là qui va être stimulée.
01:13:58 En tout cas, c'est rigolo.
01:14:01 Et puis, ça ne fait pas peur.
01:14:03 Parce que des fois, il y a des objets, des accessoires sexuels qui sont un petit peu
01:14:08 volumineux et qui peuvent faire un petit peu peur, peut-être même un peu mal.
01:14:12 Mais là, ça ne fait pas peur.
01:14:14 Déjà, ça peut même faire sourire.
01:14:15 Non, non, c'est rigolo.
01:14:16 Oui, tout à fait.
01:14:17 Et bien, quelle note vous lui donnez à cette boîte d'oeuf masturbateur ?
01:14:21 Eh bien, pour le côté fun et puis pour le côté un petit peu ludique et agréable
01:14:30 au toucher, je lui donnerais un 7.
01:14:31 7 sur 10 ?
01:14:32 D'accord.
01:14:33 Eh bien, 7 sur 10, ces oeufs masturbateurs de la marque Tenga, vous pouvez les retrouver
01:14:38 sur RueDesPlaisirs.com et ça coûte 45,90 euros.
01:14:43 Bon, après, c'est un gadget.
01:14:45 Bon choix de chacun.
01:14:47 Mais bon, si vous partez quelques temps et que vous êtes seul, ça peut peut-être vous
01:14:52 dépanner.
01:14:53 Merci beaucoup, Laurent.
01:14:54 Merci beaucoup.
01:14:55 On continue avec Nicolas qui a vécu également du harcèlement de la part de ses professeurs
01:15:00 et c'était à l'école, je crois.
01:15:02 Nicolas, merci de témoigner.
01:15:03 Oui, bonjour Brigitte.
01:15:04 On vous écoute, allez-y.
01:15:05 Alors, moi, j'ai une petite histoire par rapport à mon prof de primaire.
01:15:12 C'était un CE1 et CE2.
01:15:15 Je ne sais pas pourquoi, il s'abattait sur moi.
01:15:19 C'est-à-dire que si je faisais tomber mon stylo, c'était des punitions.
01:15:26 Ça pouvait être des coups de dictionnaire sur la tête si je parlais.
01:15:31 C'est horrible ce que vous racontez.
01:15:33 Vous étiez le bouc émissaire de la classe pour votre professeur ?
01:15:36 Voilà, c'est ça.
01:15:37 Ils pouvaient me punir de punition parce que j'avais fait tomber mon stylo, j'avais trois,
01:15:44 quatre fois plus de devoirs que mes camarades tous les jours.
01:15:47 Mais là, on est réellement dans du sadisme.
01:15:49 J'allais le dire.
01:15:50 C'est du sadisme.
01:15:51 C'est traumatisant pour cet âge-là, du coup.
01:15:57 Je me suis remis à cet âge-là à faire pipi au lit, à ne pas vouloir aller à l'école.
01:16:04 Mes parents ne me comprenaient pas parce que je ne voulais pas leur dire.
01:16:07 J'étais bloqué sur moi-même, je m'étais renfermé.
01:16:11 Ce qui est normal quand on est enfant et qu'on a cet âge-là, comme on n'a pas encore la
01:16:16 rationalité du cerveau, on est complètement hypnotisé et incapable de réagir.
01:16:26 Mon professeur à l'époque était très imposant, il faisait 2 mètres pour 5-10 kilos.
01:16:32 Il faisait peur, il barbu, il buait à l'école en plus.
01:16:37 C'était une bouteille de rouge par repas.
01:16:40 L'après-midi était encore plus difficile que le matin.
01:16:46 Jusqu'au jour où j'ai réussi à en parler à mes parents.
01:16:50 Mon père est arrivé au bon milieu de la journée de l'école, il m'a pris à part.
01:16:57 On allait dans le bureau du professeur.
01:16:59 Mon père s'est énervé contre lui parce qu'en plus ils étaient amis d'enfance.
01:17:07 Il s'est énervé contre lui, le menaçant de porter plainte, même d'en venir aux mains
01:17:17 si il continuait à toucher que ce soit moi ou d'autres enfants dans le futur.
01:17:23 S'il l'apprenait, qu'il en vienne aux mains avec lui pour qu'il comprenne ce que ça
01:17:29 pouvait faire à un enfant.
01:17:30 - Et ça a suffi pour qu'il arrête ?
01:17:31 - Après ça, il m'a complètement laissé tranquille.
01:17:35 Il ne m'adressait même plus la parole, il ne me donnait plus de devoirs.
01:17:40 Il a suffi d'une menace de mon père pour que l'histoire s'arrête assez rapidement.
01:17:49 - Ce qui a été pour vous quelque chose de chouette, parce qu'au moins vous avez vu
01:17:53 à quel point votre père était capable de vous défendre, petit garçon que vous étiez,
01:17:58 face à ce monstre, cet ogre.
01:18:01 - C'est ça.
01:18:02 Ce que ça a provoqué chez moi, c'est un énorme manque de confiance, beaucoup de timidité.
01:18:08 J'ai très peur d'aller vers les autres.
01:18:12 - Ça veut dire qu'il y a quelque part un traumatisme qui n'est pas réglé, un peu
01:18:20 de MDR peut-être, ça peut vous aider à vous débarrasser de ce traumatisme.
01:18:24 Ça prouve que quelque part, et puis vous avez eu envie d'en témoigner, alors que j'imagine
01:18:29 bien que ça fait longtemps que c'est arrivé, ça veut dire qu'il y a quelque part quand
01:18:32 même encore quelque chose qui laisse une trace.
01:18:36 - Oui, bien sûr.
01:18:38 - Hypnose, MDR, ça peut peut-être vous libérer.
01:18:44 - Il vit toujours ce monsieur ?
01:18:46 - Il me semble que oui.
01:18:49 J'avais croisé il n'y a pas si longtemps que ça.
01:18:55 - Et maintenant que vous êtes un adulte, si vous alliez le voir, alors pas pour lui
01:19:00 casser la figure, faut éviter parce que ça se retournerait contre vous, mais si vous
01:19:05 alliez le voir pour lui en parler de tout ça, déjà pour voir s'il avait conscience
01:19:10 de vous faire du mal et pourquoi il vous faisait du mal.
01:19:14 Et puis un petit peu pour le mettre mal à l'aise parce que maintenant que c'est vous,
01:19:18 vous avez renversé les rôles, il y a une légitimité à prendre le rôle de celui
01:19:23 qui prend le dessus parce que maintenant il doit être très vieux et puis même s'il
01:19:27 est gros, il est moins fort que vous.
01:19:29 Moi je vous conseillerais d'aller le voir et puis comme ça de discuter un petit peu,
01:19:35 sèchement, lui rappeler des souvenirs.
01:19:38 Alors c'est un conseil entre guillemets d'ami, mais ça vous ferait peut-être du bien de
01:19:44 le voir se liquéfier devant vous.
01:19:46 - Je l'ai déjà vu, je l'ai croisé une fois dans la rue, j'étais avec mon père
01:19:52 justement, j'avais 16 ou 17 ans quand ça s'est passé.
01:19:55 Donc au premier abord il a reconnu mon père et ensuite il m'a reconnu à moi et du coup
01:20:01 il s'est complètement décomposé, il a fait demi-tour, il est parti très très vite parce
01:20:08 qu'il se rend compte que j'étais plus un enfant et que je pouvais me défendre en même
01:20:15 temps.
01:20:16 - Et puis il a pris conscience qu'il a fait du mal, il savait qu'il faisait du mal, c'est
01:20:18 ça qui est grave, c'est de faire du mal volontairement.
01:20:21 - Et ça montre bien une chose dont vous m'aviez parlé Jean-Louis Guilleneuve quand on a préparé
01:20:25 l'émission, c'est qu'en fait ces harceleurs sont des lâches.
01:20:28 - Exactement, tout à fait Brigitte.
01:20:31 - Et ça c'est important que vous l'entendiez Nicolas, c'est lui le lâche.
01:20:35 - C'est ça.
01:20:36 - Merci.
01:20:37 - Sans être violent vous avez le droit de régler vos comptes, enfin sans violence physique.
01:20:41 - Bah non sinon c'est vous qui seriez, vous retrouveriez...
01:20:47 Bon écoutez Nicolas merci beaucoup d'avoir témoigné, j'espère que ça vous aura fait
01:20:51 du bien et puis suivez nos conseils, ça peut peut-être vous aider.
01:20:55 - Oui et si ça peut aider des parents à trouver des...
01:20:59 - Un changement d'attitude dans l'enfant est toujours signe d'une violence.
01:21:04 - D'un trouble.
01:21:05 - Absolument, merci beaucoup Nicolas.
01:21:08 - Merci à vous.
01:21:09 - On fait une petite pause et on va conclure Jean-Louis Guilleneuve avec Valérie qui témoigne
01:21:14 également.
01:21:15 - Brigitte à ESU de radio.
01:21:17 - Jean-Louis Guilleneuve est avec nous, vous êtes délégué du procureur à Versailles,
01:21:22 on parle du harcèlement, on a compris que la société a beaucoup avancé et que la
01:21:29 société est du côté du harcelé mais on a aussi compris grâce au témoignage de tous
01:21:36 ceux qu'on écoute depuis tout à l'heure que pour beaucoup de gens c'est loin d'être
01:21:40 simple.
01:21:41 Bonjour Valérie.
01:21:42 - Bonjour Brigitte.
01:21:43 - Eh bien merci de témoigner Valérie, on vous écoute, allez-y.
01:21:48 - Mais de rien, je vous remercie.
01:21:50 Écoutez, moi je pourrais en fait témoigner par rapport à deux faits, c'est-à-dire que
01:21:57 j'ai connu moi-même le harcèlement au niveau du travail et j'ai aussi découvert le harcèlement
01:22:04 via mon fils, mon fils est né au moment du collège.
01:22:08 Voilà donc quand on est maman, on vit très très mal ce genre de situation parce que c'est
01:22:17 vrai qu'on pense qu'on fait bien les choses, qu'on prépare nos enfants, on les pense en
01:22:22 sécurité aussi à l'école et puis en fait on s'aperçoit qu'ils ne sont pas forcément
01:22:28 bien armés pour se défendre et répondre et que nous on est complètement décontenancés
01:22:35 quand on découvre la situation aussi.
01:22:37 - Et il avait quel âge quand il a subi ce harcèlement Valérie ?
01:22:42 - Il avait 12 ans.
01:22:44 - Donc très jeune encore.
01:22:46 - Oui c'est ça.
01:22:47 - Et vous l'avez découvert parce qu'il vous en a parlé ?
01:22:49 - Et ben non.
01:22:50 - C'est ça qui est terrible.
01:22:51 - C'est ça voilà, alors que je pensais que c'est un enfant qui parle assez facilement
01:22:57 et à qui j'ai appris à parler, et ben non, quand ces enfants en fait traversent des situations
01:23:03 comme ça, ils ne parlent pas, ils n'y arrivent pas.
01:23:07 Et donc nous en tant que parents, on le vit vraiment très très mal.
01:23:10 - Alors Valérie, votre témoignage est fondamental, moi j'ai régulièrement en audience des auteurs
01:23:19 de harcèlement, parce que moi je n'ai pas les victimes, j'ai les auteurs, parce que
01:23:21 moi je punis, je ne protège pas, je punis.
01:23:24 J'ai des auteurs et j'en ai de plus en plus jeunes et il n'y a pas très longtemps, ils
01:23:28 avaient 12 ans, ils étaient en 5e ou en 6e et ils harcèlent, ils harcèlent le camarade.
01:23:34 C'est terrible parce qu'il y a une immense souffrance dans la victime, il y a des retombées,
01:23:40 des tentissements psychologiques et les parents le découvrent par le CPE, ils le découvrent
01:23:47 par l'infirmière scolaire, ils le découvrent par des parents d'un ami, mais la victime,
01:23:54 l'enfant ne verbalise pas vis-à-vis de ses parents, non pas parce qu'il se défie de
01:23:59 ses parents, c'est parce qu'il ne dénonce pas ses camarades.
01:24:03 12 ans, on est pré-ado, on vit dans son monde de pré-ado et on ne raconte pas ce qu'on
01:24:11 subit, ce n'est pas une défiance, ce n'est pas un manque de confiance, c'est une incapacité.
01:24:17 C'est pour ça que, et si d'autres parents entendent, c'est important, dès l'instant
01:24:23 que vous sentez chez votre adolescent un changement de comportement, baisse des notes, il ne sourit
01:24:31 plus, il ne joue plus, il ne communique plus, il se passe quelque chose et là il faut arriver
01:24:38 à le faire parler en y mettant les formes, en y allant doucement, mais il se passe quelque
01:24:43 chose et c'est souvent un harcèlement parce que les jeunes entre eux sont extrêmement
01:24:49 cruels.
01:24:50 Ils sont extrêmement cruels.
01:24:51 Je suis tout à fait d'accord avec vous, ce qui est une difficulté supplémentaire
01:24:58 pour repérer un changement de situation sur des âges comme ça, c'est que déjà traverser
01:25:02 l'adolescence, c'est déjà un changement de comportement et d'attitude chez les enfants.
01:25:08 Donc il faut qu'on arrive à décrypter ce qui serait de l'adolescence et ce qui serait
01:25:12 de l'harcèlement.
01:25:13 Au début vous avez mis ça sur le fait qu'il rentrait dans l'adolescence.
01:25:18 Voilà, c'est ça, et peut-être qu'il était un peu maintenant en opposition avec
01:25:23 ses parents, un peu plus renfrogné, plus enfermé dans sa chambre, des choses comme
01:25:28 ça.
01:25:29 Je suis d'accord avec vous, ce n'est pas facile de décrypter un adolescent, c'est
01:25:33 très dur.
01:25:34 L'adolescence, on la connaît mieux maintenant et c'est une période extrêmement complexe
01:25:39 où il se passe plein de choses dans le corps et dans la tête de l'adolescent.
01:25:44 Ce n'est pas facile pour les parents, mais de toute façon un changement de comportement
01:25:54 doit attirer l'attention ou du moins lever le doute.
01:25:56 Il faut lever le doute.
01:25:58 Je vais terminer là-dessus.
01:25:59 De plus en plus d'adolescents de cet âge-là ont des smartphones et à 12 ans, il ne faut
01:26:06 pas hésiter à aller dans le smartphone de votre enfant pour voir ce qu'il y a dedans.
01:26:12 Parce que le harcèlement se fait par l'intermédiaire de cet outil qui le met sous la coupe des
01:26:20 harceleurs 24/24.
01:26:22 Là-dessus, pas de restriction ou pas de sentiment de violer les secrets de l'ado.
01:26:29 C'est un pré-ado, vous êtes parent, vous avez le droit de rentrer dans son intimité
01:26:35 de smartphone ou de journal intime, mais je pense que ça n'existe plus.
01:26:40 Si vous sentez qu'il y a quelque chose qui ne va pas bien.
01:26:43 Oui, tout à fait.
01:26:44 Et comment vous l'avez découvert alors Valérie ?
01:26:47 En fait, tout simplement, il a eu un trop-plein à un moment donné et on a été convoqué
01:26:55 parce qu'il a eu une attitude de rébellion et il a eu un geste violent.
01:27:01 Il a bousculé son camarade et je crois qu'il lui a carrément mis son poing dans la figure
01:27:06 pour que la situation s'arrête.
01:27:07 C'est comme ça qu'on a découvert que ça faisait des mois que ça durait.
01:27:11 Il y a eu l'intelligence de la CPE et des enseignants à ce moment-là qui ont su marquer
01:27:21 le fait qu'on ne peut pas réagir avec de la violence pour gérer une situation, qu'il
01:27:29 aurait pu effectivement venir voir les enseignants, la CPE.
01:27:33 Mais que son camarade par contre n'avait pas, n'était en aucun moment autorisé à
01:27:41 avoir ce genre d'attitude.
01:27:42 Donc, ils ont été punis tous les deux d'une manière réparative, c'est-à-dire qu'ils
01:27:47 ont dû nettoyer une salle de classe, mais ensemble.
01:27:49 Et l'agresseur par contre a dû faire une lettre d'excuses adressée à notre fils.
01:27:56 Et ses parents étaient tenus au courant.
01:27:59 Donc, ça a été réglé au lycée et ce n'est pas passé par la justice ?
01:28:03 Non, non.
01:28:04 Ce n'est pas plus mal.
01:28:05 Oui, on a pu gérer ça.
01:28:08 Ce n'est pas indispensable.
01:28:09 Voilà, quand on peut le faire.
01:28:12 Alors, attention, parce que ça ne se passe pas toujours aussi bien que ça.
01:28:15 Hier, j'ai éteuté une affaire et ça ne s'est pas passé comme ça.
01:28:18 Celui qui a mis la main dans la figure de son harceleur s'est fait renvoyer du collège.
01:28:22 C'est ce qui est parfaitement injuste, parce qu'effectivement, il avait un peu tapé son
01:28:30 harceleur.
01:28:31 Mais ça, c'est une réaction de défense.
01:28:32 Ça s'explique.
01:28:33 Ça se justifie.
01:28:34 Alors, ce qu'il faut savoir, et ça je le regrette parce que ce n'est pas assez répandu,
01:28:39 c'est que lorsqu'il y a un conseil de discipline, la présence d'un avocat est tout à fait
01:28:47 autorisée.
01:28:48 Il ne faut pas hésiter, pour les parents qui ont leur enfant qui passe un conseil de discipline,
01:28:52 de se faire assister par un avocat qui défendra pour éviter que l'enfant se fasse renvoyer
01:28:57 du collège.
01:28:58 Merci beaucoup Valérie.
01:28:59 Merci beaucoup Jean-Louis Guillenove.
01:29:00 J'espère que ceux qui nous écoutent seront mieux armés grâce à votre boîte à outils
01:29:05 contre le harcèlement.
01:29:07 Tout de suite, vous allez retrouver C'est votre avenir.
01:29:09 Demain, on sera avec Michel Oudoul et on va écouter vos mots du corps pour que vous alliez
01:29:14 mieux, pour que vous puissiez prendre soin de votre santé.
01:29:18 Je vous dis à demain.
01:29:19 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org