Maryline Gygax-Généro, médecin-générale des armées, raconte son parcours dans "Générale" publié chez Fayard. Elle est l'invitée de 9H10.
Retrouvez "L'invité de Sonia Devillers" sur
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10
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00:00 Sonia De Villere, votre invité est général et désormais à Général il y a un E.
00:04 Bonjour Général.
00:05 Et je ne dois pas dire « car je suis civile » et « car ça ne s'emploie pas », je ne
00:09 dois pas dire « Bonjour MA Général ».
00:11 Je vois que vous avez l'humain lié.
00:12 Exactement !
00:13 Bonjour Marie-Lyne Gigax, Généraux, puisque ça c'est votre nom.
00:18 Prénom et nom, votre livre s'intitule « Général, il paraît chez Fayard ».
00:24 On va raconter avec vous ce parcours exceptionnel au sein de la médecine militaire que vous
00:29 avez effectué et puis ce parcours exceptionnel au sein de l'armée française puisque vous
00:34 avez été la première femme à diriger le service de santé des armées.
00:40 Donc c'est vraiment un parcours absolument incroyable.
00:43 Mais il faut quand même raconter qu'après la faculté de médecine de Nancy, vous êtes
00:47 rentrée à l'école des services de santé des armées de Lyon en 1976, qu'il n'y
00:52 avait que 30 filles dans cette promotion de 200 garçons et qu'à chacune d'entre
00:59 vous, on a remis une ordonnance de contraceptifs.
01:02 Alors oui, c'est vrai.
01:04 Je pense que la féminisation des armées a été une volonté politique et que les autorités
01:12 militaires ont essayé de faire au mieux pour incorporer des femmes dont elles ne savaient
01:19 trop quoi faire.
01:20 C'est ça.
01:21 Donc à l'épargne, nous avons été vus surtout comme des femmes, c'est-à-dire avec le cortège
01:28 de risques que cela faisait résonner dans le cerveau de nos autorités, c'est-à-dire
01:34 risque de grossesse, risque de désordre.
01:39 Alors que je pense qu'il aurait été vraiment mieux de se demander ce que nous pouvions
01:46 apporter.
01:47 Et j'aurais peut-être l'occasion de vous dire tout ce que nous pouvons apporter.
01:50 Je vous ai trouvé Général, un petit reportage de l'ORTF en 1977.
01:55 Ça faisait un an seulement que vous étiez à ce moment-là à l'école de médecine
01:59 à Lyon.
02:00 Le soldat en jupon ne doit pas avoir de carie ni de dents de lait.
02:04 Il faut être une grande fille en bonne santé.
02:07 On peut avoir les cheveux longs à condition de les ramasser sous sa coiffe en chignon.
02:12 Sur la place d'armes, avec de fins souliers, au pas camarade, au pas, au pas, il faut savoir
02:18 défiler.
02:19 Devant le colonel au fier passé, les armes chaque matin, ces demoiselles doivent présenter.
02:25 Et en 1977, c'est plus l'ORTF, c'est Antenne 2, mais c'est pas beaucoup mieux.
02:30 Vous avez gagné une bataille décisive à l'époque de l'école de médecine des armées,
02:37 celle d'être porte-drapeau.
02:38 Oui, alors le drapeau représente la patrie.
02:43 Porter le drapeau, c'est une sorte de graal qui est réservé traditionnellement au major
02:50 de la dernière année, donc de la septième année à l'époque, puisque les études de
02:53 médecine duraient sept ans.
02:55 Et moi, j'étais major de ma promotion dès la deuxième année.
02:59 Donc logiquement, après des années où j'ai participé à toutes les cérémonies au sein
03:04 de la garde au drapeau, en septième année, j'aurais dû être désignée comme porte-drapeau.
03:09 Et ça a été non.
03:10 Et ça a été non.
03:12 Et pour quelle raison ? Une raison absolument évidente.
03:15 Une femme ne peut pas porter le drapeau.
03:17 Alors ça a bien changé depuis, mais moi je dois, je vous une reconnaissance infinie
03:24 à une des étoiles dans notre firmament qui est, alors je dirais le général parce qu'elle
03:29 y tenait, Valérie André, qui est la première femme nommée générale en France justement
03:36 en 1976 et qui d'un pas décidée s'est emparée de cette situation.
03:41 Et a plaidé votre cause auprès de Charles Ernue, ministre de la Défense.
03:46 Ça ne s'invente pas.
03:47 Vous allez choisir l'armée de l'air, vous allez vous spécialiser en médecine aéronautique
03:52 et spatiale.
03:53 Au cours d'une séance de travaux pratiques, vous allez vous faire épingler devant toute
03:57 une promotion.
03:58 Et on vous balance à la figure, si vous cuisinez aussi bien que vous lisez les radiographies,
04:02 vous devriez vous reconvertir à passer des serpillères.
04:05 On parle d'une étudiante, vous l'avez dit, majeure de sa promo, qui sera ensuite reçue
04:10 à l'agrégation de médecine aéronautique avec un 18/20 et qui par ailleurs est déjà
04:16 parachutiste.
04:17 Oui, mais au-delà de l'attitude de ce professeur auquel je laisse la responsabilité de son
04:23 comportement, ce qui a été fantastique, c'est le comportement de mes camarades de
04:28 promotion.
04:29 Pas un n'a ri, pas un n'a, par son propre comportement, cautionné ce que disait ce
04:36 professeur.
04:37 Et ça, c'est intéressant.
04:38 16 janvier 1991, la voix de François Mitterrand.
04:43 "Françaises, Français, mes chers compatriotes, je ne vous ai pas caché la gravité de la
04:49 situation créée par le refus obstiné de l'Irak d'évacuer le Kovaid.
04:57 Le délai accordé par les Nations Unies à la réflexion est maintenant dépassé.
05:04 Sauf événement imprévu, donc improbable, les armes vont parler."
05:11 Vous vous en souvenez comme si c'était hier, Général ? Vous n'étiez pas encore Général,
05:16 bien entendu.
05:17 J'étais capitaine.
05:18 Vous étiez capitaine.
05:19 Et vous avez éprouvé l'envie de servir la patrie.
05:24 Eh oui, parce que le service de santé des armées est là pour cela.
05:28 Nous accompagnons les soldats partout où ils sont pour être prêts à les relever
05:33 au combat.
05:34 A les relever s'ils tombent au combat.
05:36 Donc, c'est notre spécificité.
05:39 Nous sommes dans une logique de guerre en 1991.
05:43 Nous, au même titre que nos camarades masculins, nous avons envie d'y aller.
05:47 Voilà, refus catégorique de votre hiérarchie.
05:50 On vous assène, le jour où on enverra des femmes à la guerre, le service de santé
05:55 des armées sera tombé bien bas.
05:57 Oui, et je suis vraiment ravie de voir l'évolution qu'il y a eu depuis ce temps-là, puisque
06:04 lorsque j'étais directrice centrale et que je suis allée en opération extérieure
06:08 pour voir mes personnels, eh bien, je suis très fière de dire que pour le service de
06:14 santé des armées, 40% des personnels, des militaires qui sont en opération extérieure
06:19 sont des femmes au jour d'aujourd'hui.
06:21 Il faut préciser, Général, la doctrine française de la médecine militaire, parce
06:25 que c'est très différent, par exemple, de la doctrine américaine.
06:28 Absolument.
06:29 Depuis le baron Larrey dans la Grande Armée, les médecins sont au plus près des combats.
06:35 Les médecins et les infirmiers en équipe sont au plus près des combats.
06:40 Ils accompagnent, je dirais même qu'ils ne sont pas aux côtés de nos soldats, ils
06:45 sont parmi nos soldats.
06:47 Ce qui implique un entraînement, un exercice spécifique de la médecine, puisqu'il faut
06:53 savoir exercer avec peu de matériel, partout, dans la chaleur du désert, dans l'humidité
07:00 de la forêt tropicale, dans le froid d'une haute montagne, sur un bateau, dans un avion,
07:06 dans un sous-marin.
07:07 Ce qui fait qu'on vous rappelle sans cesse le fait que les femmes n'ont pas la même
07:10 force physique que les hommes, puisqu'elles sont au front sur le terrain en opération
07:15 comme les hommes, puisque les médecins militaires français sont parmi les combattants.
07:18 On vous rappelle sans cesse que les femmes ne sont pas égalisées.
07:21 Et de fait, physiologiquement, nous ne pourrons jamais rivaliser sur le plan de la force musculaire.
07:25 Mais si une opération militaire ne dépendait que des muscles, ça se saurait.
07:32 Il me semble que le cerveau peut être utile.
07:34 Et là, nous avons notre rôle à jouer.
07:38 - Alors, quand vous avez été nommé à la tête du service de santé des armées, vous
07:41 êtes parti, ce que vous appelez en OPEX, sur le front, en opération régulièrement.
07:47 Vous avez passé tous vos réveillons avec les femmes et les hommes qui sont, par exemple,
07:53 au Mali pour l'opération Barkhane à l'époque, au Liban, etc.
07:57 Alors, les femmes sont 40% en opération.
08:00 Il n'empêche qu'il y a des vraies questions qui se posent avec cette mixité.
08:05 Par exemple, la question de l'intimité.
08:07 Et vous, vous avez des dirigeants sur le terrain qui vous répondent "J'ai pas de femmes sous
08:13 mes ordres, je n'ai que des soldats, je ne veux pas faire la différence".
08:16 - Oui, alors, évidemment, les femmes ne souhaitent pas être traitées différemment des messieurs.
08:23 Notamment en opération extérieure, puisque, je rappelle, c'est ce qui justifie d'être
08:28 militaire.
08:29 C'est l'opération extérieure.
08:30 Mais il ne faut pas que ce soit un alibi pour dire "je ne tiens pas compte des besoins spécifiques
08:38 des femmes".
08:39 Donc, ce que j'ai essayé d'obtenir, ce que je revendique, c'est que, puisqu'on est en
08:45 position de commandement, on doit faire attention à chacun de ces hommes et de ces femmes.
08:53 Mais je vous racontais tout à l'heure qu'un rapport sur la féminisation dans les armées
08:58 se terminait par cette phrase culte "la femme est un homme comme les autres".
09:02 Néanmoins, ça ne doit pas être un alibi pour ne pas tenir compte des besoins.
09:08 Or, je trouve que la promiscuité, c'est sans doute un des éléments qui est assez
09:13 difficile à supporter.
09:14 Et il me semble que le commandement militaire devrait spécifiquement se pencher sur cette
09:19 question.
09:20 Je suis prête à les aider si besoin.
09:22 Voilà, alors on parle de Général, ce livre que vous avez écrit en collaboration avec
09:27 Stéphanie Touré qui paraît chez Fayard et qui est votre histoire, Marilyn Gigax Généraux.
09:32 Vous écoutez France Inter, il est 9h18.
09:35 Vous, en tant que médecin militaire, vous avez aussi dirigé un hôpital, un hôpital
09:40 aux premières lignes des attentats du 11 novembre à Paris en 2015.
09:44 C'est un souvenir extrêmement douloureux.
09:46 Et puis vous avez été au cœur du Covid.
09:48 Qui va la tristesse ? Vous ne m'aurez pas ce soir.
09:52 J'ai enfin trouvé la sagesse et désormais elle est pleine de pouvoir.
09:57 Quelle audace de me faire croire que je ne suis qu'un pauvre tantin manipulé par vos
10:03 mains dégueulasses de désespoir.
10:06 Magnétise je suis et sûrement pas l'inverse.
10:10 Les émotions sont des couleurs.
10:12 Je suis le peintre qui les renverse.
10:14 Et sûrement pas l'inverse.
10:19 Qui va la tristesse ? Vous ne m'aurez pas ce soir.
10:27 J'ai enfin trouvé la sagesse et désormais elle est pleine de pouvoir.
10:32 Quelle audace de me faire croire que je ne suis qu'un pauvre tantin manipulé par vos
10:38 mains dégoulinantes de désespoir.
10:41 Magnétise je suis et sûrement pas l'inverse.
10:45 Les émotions sont des couleurs.
10:47 Je suis le peintre qui les renverse.
10:50 Magnétise je suis et sûrement pas l'inverse.
10:59 Qui va la tristesse ? Vous ne m'aurez pas ce soir.
11:06 Qui va la tristesse ? Vous ne m'aurez pas ce soir.
11:10 Qui va la tristesse ? Vous ne m'aurez pas ce soir.
11:14 Qui va la tristesse ? Vous ne m'aurez pas ce soir.
11:17 Qui va la tristesse ? Vous ne m'aurez pas ce soir.
11:20 Qui va la tristesse ? Vous ne m'aurez pas ce soir.
11:23 Qui va la tristesse ? Vous ne m'aurez pas ce soir.
11:26 Si je suis et sûrement pas l'inverse, ça parmécule son création, je contrôle tout le reste.
11:34 Je contrôle...
11:42 Tout le reste.
11:43 Je contrôle...
11:50 Tout le reste.
11:54 Pour tout vous dire, il arrive des fois qu'elle arrive et que j'ai beau tout faire, tout dire pour la faire partir, elle reste là.
12:08 Et en fin de compte, je me demande même si elle serait pas là un peu tout le temps.
12:14 Tristesse est là et...
12:18 Tristesse.
12:22 Zao de Zagazan, tristesse.
12:24 Marie-Lyne Gigax, Généraux, est mon invitée.
12:34 Dire que vous vous appelez Généraux et que vous êtes devenue Générale...
12:37 Oui mais c'est parce que j'en vaux deux.
12:38 Je vois que la réponse est toute trouvée.
12:43 Avant d'être cette Générale 4 étoiles dont on raconte la carrière militaire aujourd'hui, avant de diriger l'ensemble du service de santé des armées françaises, vous avez été directrice d'hôpital, d'un hôpital militaire fort célèbre qui s'appelle l'hôpital Bégin à Vincennes.
13:00 Vous vous retrouvez en première ligne au moment des attentats du 11 novembre.
13:05 Et en fait, on se retrouve à pratiquer une médecine militaire en temps de paix et en ville.
13:12 Ce soir du 13 novembre 2015, dès l'arrivée des premiers secours sur les lieux des attentats, les hôpitaux parisiens sont mobilisés.
13:19 A l'hôpital militaire Bégin, une soixantaine de soignants sont revenus très rapidement.
13:27 La salle d'attente est transformée pour accueillir les blessés.
13:31 35 sont traités ici, ils souffrent presque tous de blessures par balle.
13:35 J'ai dit les attentats du 11 novembre, ce sont les attentats du 13 novembre.
13:40 Bien entendu, j'étais dans les grandes références militaires.
13:43 Pour vous, c'est un souvenir très fort, très puissant en général.
13:47 Pour vous, c'est aussi un souvenir très douloureux.
13:49 Oui, parce que pratiquer une médecine de guerre dans notre capitale, évidemment il y avait le savoir-faire.
13:58 On sait trier des blessés, on sait faire du damage control, donc de la chirurgie, de sauvetage.
14:06 C'est notre savoir-faire, mais le faire au sein de notre capitale, sur le territoire national.
14:11 On sait les identifier, c'est un des enjeux aussi.
14:13 Les identifier c'était très important, parce que c'est important sur le terrain des opérations extérieures,
14:20 parce que nous ne communiquons jamais sur la blessure de soldats avant que les famines n'étaient évidemment prévenues.
14:27 Donc il faut d'abord identifier les soldats, et nous avons appliqué cette doctrine également.
14:33 Vous avez été face à un dilemme qui arrive rarement dans une vie, dans une carrière de médecin également, mais dans une vie tout court.
14:42 Vous avez eu deux minutes pour décider si vous deviez prendre en charge l'un des terroristes des attentats du 13 novembre.
14:50 Alors l'un des terroristes présumés, effectivement.
14:54 Et donc mon réanimateur m'avait appelé dans la nuit pour me dire que le SAMU nous proposait de prendre en charge un blessé par balle,
15:04 qui était un terroriste présumé, à un moment où notre service de réanimation était empli de victimes des attentats, avec les familles qui étaient là.
15:14 Et j'ai jugé qu'il était complexe de prendre en charge un terroriste présumé au milieu des victimes d'attentats, même si le secret médical s'applique.
15:27 Néanmoins, il faut savoir que les victimes d'attentats avaient très peur que les terroristes viennent les achever dans leur chambre.
15:38 Donc c'était très compliqué.
15:39 Donc vous avez dit non. Ça a été un grand moment de crise professionnelle et de crise morale. Pour vous, vous avez remis votre démission suite à cela.
15:48 Oui, parce qu'on ne refuse pas un blessé, surtout un blessé par balle. On ne trie pas parmi les blessés qu'on prend en charge.
15:54 Et je comprends tout à fait la position de ma hiérarchie qui me l'a reproché.
15:59 Je me suis posé d'ailleurs la question pour la première fois. Un médecin militaire a prêté le serment, le serment d'Hippocrate, comme n'importe quel médecin.
16:06 Est-ce qu'un médecin militaire qui est au front soigne ses ennemis ?
16:10 Absolument. Nous soignons tous les êtres humains qui ont des blessures sur le terrain d'opération.
16:18 Oui, nous soignons les ennemis également.
16:21 Autre souvenir douloureux dans votre carrière, la mort non pas d'un patient, parce que ça vous y avez été confrontés longtemps comme médecin, mais la mort d'un de vos hommes.
16:33 La nouvelle est tombée hier dans un communiqué du ministère des armées.
16:37 Le médecin militaire français Marc Lécuras a été tué au Mali dans une explosion alors qu'il se trouvait à bord d'un véhicule blindé.
16:44 Alors Marc Lécuras était âgé de 30 ans. C'était son premier poste puisqu'il venait d'être nommé médecin en 2017 après de brillantes études.
16:53 Voilà, et là vous dites d'un seul coup c'est ma responsabilité.
16:58 Oui, être en position de commandement, c'est être en position qu'en permanence on vous annonce la mort au combat ou dans une ambiance de combat d'un de vos personnels.
17:10 Et là en l'occurrence ce jeune médecin brillant venait de trouver la mort.
17:15 Et je dois vous avouer que quand j'ai pris mes fonctions de directrice centrale, c'était une de mes craintes.
17:21 C'était d'avoir à affronter ce moment-là.
17:24 Et j'ai été très admirative à la fois de la façon dont les armées prennent en charge les familles, informent les familles, les entourent dans ces cas-là.
17:37 Et de l'immense dignité de la famille de Marc Lécuras.
17:42 Ses parents sont de sa veuve.
17:44 Des personnes extrêmement investies dans la conscience de la patrie.
17:51 Et qui se sont comportées avec une dignité exceptionnelle.
17:55 Vous avez, leçon générale, institué une journée des blessés.
18:01 Vous avez donné comme priorité à votre mandat d'honorer, de décorer les blessés de guerre.
18:10 Et pas seulement les blessés physiques, mais aussi les blessés psychiques.
18:14 Oui, parce que le service de santé des armées est là pour sauver les blessés de guerre.
18:20 Mais évidemment, puisque nous sommes parmi les soldats, nous avons des blessés de guerre, physiques et/ou psychiques, parmi nous.
18:29 Or quand on est un soignant, c'est extrêmement complexe de passer de l'autre côté de la barrière et de devenir quelqu'un qui doit être soigné.
18:38 Donc il y a une espèce de pudeur à essayer de ne pas entrer dans cette logique-là.
18:46 C'est-à-dire que vous avez vu parmi vos médecins, vos soignants, des hommes et des femmes rentrer très traumatisés de la guerre.
18:55 D'avoir vécu des scènes de guerre d'une extraordinaire violence.
19:01 Oui, en se souvenant qu'on n'est pas forcément... que le syndrome post-traumatique ne se déclare pas toujours dès le retour.
19:11 Ça peut être à distance, parfois des mois après.
19:15 Donc effectivement, c'était un de mes grands enjeux et je suis très fière d'avoir veillé.
19:22 Alors je n'ai pas réussi à raccourcir significativement les formalités administratives, mais on est quand même en France.
19:30 Ça viendra.
19:32 Par contre, cette journée des blessés du SSA, pour leur marquer notre estime, je suis très fière de l'avoir instituée et elle continue.
19:42 C'est la fin de cette interview générale.
19:44 Vous avez voulu écrire ce livre parce que vous vouliez donner envie.
19:48 Envie à des petites filles qui viennent comme vous de familles modestes.
19:51 Je rappelle que vous êtes métis, qu'on a parlé du sexisme et vous avez aussi subi le racisme dans l'armée française.
19:57 Envie d'y aller ?
20:00 Oui, je suis issue d'une famille modeste et s'il y a des jeunes gens issues comme moi de familles modestes qui ont envie d'avancer socialement, d'y aller dans la vie,
20:11 et si mon livre leur donne envie, j'en serais ravie.
20:15 Il paraît chez Fayard. Merci Général.