Grandir avec un grand frère qui nous aide à affronter les challenges quotidiens et avec qui l’on a une relation fusionnelle est une véritable force. Mais, lorsque cette personne que l’on aime disparaît, il est difficile de comprendre que toute une vie peut basculer du jour au lendemain.
Comment survivre à une épreuve aussi dévastatrice que celle d’un deuil ? Surtout si l’absence d’un être cher arrive de manière si brutale : Comment surmonter cette injuste fatalité ? Est-ce que sombrer dans la consommation de substances pour ne plus souffrir et oublier est un passage vers la guérison ? Joysad est venu nous raconter son histoire.
Merci à Joysad pour sa confiance et pour son témoignage fort !
Retrouvez-le sur instagram : https://www.instagram.com/joy.s.a.d/
Son album "Transparent" est disponible partout
Suivez O-Rigines le nouveau média qui s’intéresse à l’histoire des histoires.
Youtube : https://www.youtube.com/@originesmedia
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AmusantTranscription
00:00 À 6h, j'ai entendu le téléphone sonner.
00:01 Je me suis dit "c'est mon frère", ça ne me répondait pas, moi.
00:03 Parce que j'envoyais des messages.
00:04 Moi, à ce moment-là, je pense que c'est la fin de ma vie.
00:06 En vrai, moi, ce n'était pas possible.
00:07 Moi, je voulais voir mon frère parce que je n'y croyais pas.
00:09 Je suis venu parler spécialement de mon grand frère,
00:11 de ce qui lui est arrivé.
00:13 Je dirais qu'il m'a marqué premièrement déjà par sa discrétion.
00:16 Il n'ouvrait pas la bouche pour dire de la merde.
00:18 Et ça, c'est un truc que je n'ai jamais su faire.
00:19 Il était capable de se taire pendant tout un repas.
00:22 Tu crois qu'il fait la gueule et puis il te sort la blague du siècle au dessert.
00:29 Un peu discret et sincère.
00:30 C'était un mec qui ne mentait pas.
00:31 Il ne mentait pas à Madaron alors que moi, je ne faisais que ça.
00:32 Je lui mentais aussi.
00:33 Ça, c'est un de mes plus grands regrets, je pense.
00:34 D'avoir menti certaines fois alors que je n'aurais pas dû.
00:35 Je le vois un peu comme, en effet, le modèle, forcément.
00:39 C'était aussi un mec qui écoutait beaucoup plus mes parents.
00:42 Ça me servait parce que, vu que moi, je le kiffais
00:44 et que lui suivait ce que disaient mes parents,
00:46 j'avais un peu aussi envie de faire comme lui.
00:48 Donc, de faire du bien.
00:49 Faire le bien, non pas le mal.
00:50 Parce que j'aurais pu faire grave des trucs mauvais
00:52 et je ne les ai pas faits.
00:53 Parce que j'avais honte si jamais mon frère l'apprenait.
00:56 Donc, il y a des trucs que j'aurais pu faire que je n'ai pas faits.
00:58 Tu vois, par exemple, aujourd'hui, ça fait 5 ans qu'il est décédé.
01:01 Je suis persuadé qu'au moment où il est décédé,
01:04 il avait acquéri un certain stade d'intelligence que je n'ai même pas aujourd'hui.
01:07 Alors qu'aujourd'hui, j'ai 3 ans de plus que lui.
01:09 Et ça, je trouve ça incroyable.
01:11 Parce que je me rappelle de ses réflexions, son mode de penser.
01:13 Les deux dernières années, en gros, il est devenu vraiment une autre personne.
01:16 Ça veut dire que là, maintenant, il était beaucoup plus sociable.
01:18 Il s'aisait beaucoup moins.
01:20 Très avant, avec moi, on se parlait beaucoup plus.
01:22 On était encore plus intimes sur la faim.
01:24 Et on partageait beaucoup de choses.
01:25 C'était chanmé.
01:26 J'aimais bien sa façon de me faire dire les choses.
01:28 Vu qu'il ne me parlait pas beaucoup, quand même,
01:30 j'avais l'impression qu'il ne parlait pas beaucoup intimement.
01:32 J'avais vraiment l'impression que quand il demandait ce genre de choses,
01:34 il fallait vraiment déballer le truc.
01:36 Et donc, j'ai dit pas mal de trucs.
01:37 Il est parti avec pas mal de mes secrets.
01:39 Lui aussi m'a dit des secrets de ouf.
01:40 Je suis content.
01:41 Après, à ses 20 ans, du coup,
01:43 le 14 juillet, il a décidé de faire une fête d'anniversaire pour ses 20 ans.
01:46 C'était le 11 juillet, son anniversaire.
01:48 Il a décidé de faire la fête le 14.
01:49 Et du coup, il est décédé dans un accident de voiture.
01:51 Il a pris la Golf GTI du frère de ma mère.
01:55 Puis, il a pris la route bourrée, en fait.
01:56 Et quand ses potes étaient là et qu'ils se sont aperçus qu'il est parti,
01:59 ils ont décidé de prendre une voiture et d'aller le chercher.
02:01 Et il se trouve qu'en fait, c'est la voiture de leur pote qu'ils ont tapé.
02:05 Choc frontal et décès instant.
02:08 Et il y avait du coup, Titu dans la voiture avec mon frère, lui qui est vivant.
02:11 Moi, ce soir-là, j'étais chez ma tante avec ma mère, du coup.
02:14 Et le pire, l'ironie, c'est que moi, ce soir-là, à un moment,
02:17 je suis sorti par la fenêtre, je suis allé voir mon pote qui habite à côté.
02:20 Et on a fait du scooter sans casque toute la nuit, tu vois.
02:23 Et je suis rentré seul et sauf.
02:25 Par contre, je rentre et je dors pas, quoi.
02:26 Moi, déjà, je devais y aller à cette soirée.
02:27 J'avais 16 piges.
02:28 Et vu que j'étais une quiche au lycée et que j'en branlais pas une,
02:31 ma mère, elle m'a dit "non, tu vas pas du tout à la soirée de ton frère".
02:33 Et donc, du coup, je suis resté dormir à la maison, quoi.
02:35 Et puis, à 6h, j'ai entendu le téléphone sonner.
02:38 Je dormais pas, je suis rentré à moi à 3h, 4h, genre, sur le canapé.
02:41 Faire style, je suis pas sorti, quoi.
02:43 Et jusqu'à 6h du sbar, j'ai pas dormi.
02:45 Et là, le téléphone, il a sonné.
02:46 Alors, je me suis dit "putain".
02:47 Je me suis dit "c'est mon frère, là, il y a une couille".
02:48 Ça me répondait pas, moi.
02:49 Parce que j'envoyais des messages, moi, à ses potes et tout.
02:52 Ça me répondait pas.
02:53 Et je savais qu'il y avait une couille.
02:54 Et tout de suite, ma mère, elle est partie.
02:56 Elle a rien dit.
02:57 Elle est partie.
02:58 C'est le déni, ce moment-là.
02:59 Moi, c'était pas possible.
03:00 Moi, je voulais voir mon frère parce que j'y croyais pas.
03:02 Même pendant que j'étais au crématorium et que je restais tous les jours à l'autre, tu vois.
03:06 J'étais persuadé qu'il allait respirer.
03:08 J'étais vraiment sûr.
03:08 Oh, même à un moment, j'ai eu un coup de flip, sa mère.
03:11 Genre, les lèvres, elles se sont décollées à côté de moi, genre.
03:14 Et là, ça m'a refait partir, mais j'ai plus le répondre.
03:16 Un jour, non-stop, genre, carrément, on me met une feinte.
03:19 C'était des moments tellement bizarres, tu sais.
03:20 J'étais vraiment dans l'espérance.
03:21 J'arrivais pas.
03:22 Et c'est dingue parce que, tu sais, tu le vois, quoi.
03:25 C'est réel.
03:26 Et tu peux pas te...
03:28 Ton cerveau, il est bousillé, genre, sur le monde.
03:30 J'ai mis beaucoup de temps à sortir de cette bulle dans laquelle ça m'avait mis son décès, ouais.
03:34 Et là, du coup, moi, c'est ma tante qui me le dit.
03:36 Elle a commencé à pleurer, j'ai compris, quoi.
03:38 Et direct, elle m'a dit "il faut que je le dise à Zoé", donc la chérie de mon frère.
03:42 J'ai pas réussi, moi, donc du coup, je lui ai donné le téléphone et c'est elle qui lui a dit.
03:44 J'avais énormément de colère parce que j'étais pas là, alors que j'aurais dû y être.
03:48 Mais en vrai, je commençais déjà à me faire la réflexion du "ma mère m'a sauvé", en fait, en me punissant.
03:53 Parce que c'est sûr et certain que je serais monté dans la caisse si j'avais pas réussi à le stopper.
03:57 Et j'aurais peut-être pas attaché ma ceinture, moi, non plus, donc...
03:59 Et ma mère, ouais, bah je l'ai jamais vue détruite comme ça.
04:02 Moi, je me sentais, à ce moment-là, très...
04:04 Je crois que j'avais un tel détachement.
04:06 Mais, bizarrement, c'est vrai que ça me faisait pleurer quand je voyais des gens
04:11 qui étaient pas forcément proches de mon frère et qui étaient là juste parce qu'il était décédé, quoi.
04:15 Que c'était dramatique et que, du coup, ça les a touchés.
04:17 Mais je trouve ça dommage qu'ils aient pas été touchés par mon frère avant.
04:20 Surtout que la plupart, ils avaient même pas connu, comme je t'ai dit,
04:22 cette facette où il était devenu quelqu'un d'autre, quoi.
04:24 Le trois-quarts des gens, ils connaissaient pas ce Corentin-là, quoi.
04:27 Des fois, je pleurais, les gens, ils croyaient que c'était parce que j'étais content de les voir.
04:30 Et en fait, c'était juste parce que je puais le seum.
04:32 Ça m'a mis une colère de ouf.
04:34 On a l'impression d'être...
04:35 Comme si t'étais éclairé dans un moment hyper horrible de ta vie, quoi.
04:39 En fait, on te fout les lumières sur toi.
04:40 Parce que ça te met une lumière, genre.
04:41 Tout le monde vient se plaindre, ouais.
04:43 Enfin, tout le monde vient te demander comment ça va, nan, nan, c'est pas trop dur.
04:48 Moi, à ce moment-là, je pense que c'est la fin de ma vie, en vrai.
04:50 Je dis que je suis là pour ma soeur, pour mon petit frère et tout,
04:52 mais en vrai, je fais n'importe quoi, tu vois.
04:54 Je fais le con, tu vois.
04:55 Je fume de ouf.
04:56 Enfin, je faisais grave le con, je buvais tous les jours et tout.
04:58 Je fais rien.
05:00 Au lycée, je me tape de tout.
05:03 J'avais plus de sang en demi-journée d'absence.
05:05 C'était chaud.
05:05 Je fais grave le con.
05:06 Même, je commence à tromper mes meufs et tout.
05:08 Que du truc néfaste.
05:09 C'est vraiment une fuite.
05:10 C'est contourner le problème, en fait.
05:12 J'ai toujours cherché à contourner le problème et jamais l'affronter en face.
05:15 C'est ma spécialité, ça.
05:17 J'ai toujours fait ça et...
05:19 En vrai, c'est un peu du déni, peut-être.
05:20 Si je devais mettre des mots dessus.
05:22 C'est à 200 % surtout du laisser-aller, en fait.
05:25 C'est aucun contrôle, zéro.
05:27 Tu te négliges grave.
05:28 Je me levais à 7h du matin pour aller au lycée.
05:31 Je me couchais à 5h.
05:32 Je partais, je dormais dans la caisse.
05:33 Je parlais même pas à ma daronne, tu vois.
05:35 Je savais très bien que je n'allais pas dormir de la nuit.
05:37 Je rentrais, j'étais défoncé.
05:39 Je m'endormais.
05:40 Ça se voyait que j'étais arraché quand on était à la table.
05:43 C'était chiant, ça.
05:45 La semaine de crématorium, c'est vraiment bizarre.
05:47 Je vois ton rœuf déjà décédé,
05:48 mais en plus, tu vois surtout une personne jeune décédée.
05:51 Et ça, c'est hyper bizarre.
05:52 Je ne sais pas si ça t'est arrivé, mais c'est très étrange comme sensation.
05:56 Le froid et tout, c'est hyper bizarre.
05:58 Ça me terrorisait.
05:59 Ça laisse des séquelles.
06:00 C'est des espèces de capture d'écran de ta vie
06:02 où ils laissent des blocages un peu partout.
06:05 Quand tu as une image qui revient,
06:08 ça te bloque.
06:09 Tu y penses tout le temps.
06:10 Ça jouait vachement avec mon ennui.
06:12 Dès qu'il y avait de l'ennui,
06:13 j'avais forcément envie de fuir, comme tu dis,
06:15 et du coup, je me défonçais la gueule.
06:17 Vraiment, mon ennui, c'était le pire ennemi de mon deuil.
06:20 Il ne fallait vraiment pas que je m'ennuie.
06:21 Et je crois que ma mère, c'est pareil,
06:23 parce qu'à peine une semaine après, elle a repris le travail.
06:25 Elle ne pouvait pas rester sans rien faire et penser à ça.
06:29 Parce qu'au final, ses enfants y pensent tous les jours.
06:33 Si vraiment elle ne travaillait pas et qu'elle était arrêtée,
06:35 ça veut dire qu'elle ne pense pas à son fils, mais à sa mort.
06:37 Et ce n'est pas vraiment ça, avoir quelqu'un dans sa mémoire, je pense.
06:41 Donc, elle a compris qu'elle n'arrangerait pas les choses,
06:43 ma mère, en arrêtant de travailler, en faisant rien.
06:47 Du coup, elle est très vite retournée au travail.
06:48 Elle a très vite repris le boulot.
06:50 J'ai trouvé ça très admirable.
06:51 Parce que moi, je n'ai jamais repris le boulot depuis.
06:55 Cette période un peu reloue où je teasais, je fumais H24,
06:58 elle a duré deux ans.
06:59 Ça te met dans un bon flou.
07:01 Après son décès, ça m'a mis dans un espèce de flou
07:04 où je ne parlais jamais de mes émotions à part à ma meuf.
07:06 A ma meuf, je lui disais tout et c'est tout.
07:08 Je ne parlais vraiment à personne d'autre.
07:09 Apparemment, il y a eu des fois où j'étais sous-thise
07:11 et j'en ai dit beaucoup.
07:13 Elle chialait mon âme.
07:14 Mais moi, je ne me rappelle pas.
07:15 Je pense que si tu parlais des séquelles, ça en fait partie.
07:18 Ton cerveau, des fois, il se débranche.
07:19 Je pense que c'est la suite logique.
07:20 Tu sais, quand tu perds le contrôle,
07:22 c'est vraiment que tu perds le contrôle.
07:24 Il y a des trucs que ton cerveau y fait que tu ne maîtrises pas.
07:26 Au bout de ces deux ans, ça a changé après
07:27 parce que j'ai eu mon bac.
07:29 J'ai eu mon bac, tu vois.
07:30 J'avais trois et demi de moyenne générale
07:32 le dernier trimestre avant d'avoir mon bac sans rattrapage,
07:35 ce qui est quand même incroyable.
07:36 C'est une réussite.
07:38 C'est une réussite.
07:39 Ça a donné de l'espoir.
07:40 Tu n'imagines même pas ça.
07:41 Ma mère, elle m'a toujours dit
07:42 tu fais ce que tu veux après ton bac.
07:43 Je voulais juste faire du rap et aider les gens.
07:45 Mes écrits n'ont jamais été un exutoire.
07:47 Je n'ai jamais écrit pour ça
07:48 parce que j'ai toujours écrit pour moi.
07:49 J'ai toujours eu besoin de parler de mon frère après son décès.
07:53 Même, je le faisais un peu trop à certains moments.
07:55 Mais ça n'a jamais été pour faire un effet pansement.
07:59 Ça n'a jamais été ça.
08:00 Je l'ai toujours fait parce que je savais que je l'avais vécu du coup
08:04 et que si j'allais le raconter, que ça allait se ressentir.
08:08 Et j'aime la bonne musique, moi.
08:09 Et je sais que la bonne musique,
08:11 c'est souvent celle qui est vraiment ressentie par l'artiste.
08:14 Et là, pour le coup, c'était le cas.
08:15 Ça m'a fait plaisir de faire du son.
08:18 Du faire du son où je parle de mon frère.
08:19 Je ne l'ai vraiment pas fait en mode tristesse quand je l'ai écrit.
08:22 Même quand je l'interprète.
08:24 J'adore l'interpréter.
08:25 J'adore jouer les sons où je parle de mon frère en live.
08:27 J'aime trop.
08:27 J'avais une espèce d'envie d'expliquer comment la mort était présente dans ma vie.
08:33 Genre, écoutez, ce n'est pas normal.
08:34 Ce n'est pas cool.
08:36 Ce n'est pas cool, j'ai besoin d'en parler.
08:38 Mais sans me faire plaindre, j'essaye de sublimer la chose.
08:41 J'essaie toujours d'avoir cette touche d'espoir.
08:43 Dans "Ciel éterne", le son que j'ai fait, je trouve qu'il y a une méga note d'espoir.
08:46 Je conseille vivement aux gens d'aller l'écouter.
08:48 J'avais vraiment l'impression que la mort me rodait autour.
08:51 Tant donné qu'en plus, il y avait pas mal de problèmes de famille,
08:55 dont des décès aussi, suite à...
08:57 Après celui de mon frère, que j'ai eu du mal à ressentir.
09:04 Alors que j'aimais les personnes à qui ça a été arrivé, oui.
09:07 J'étais cassé.
09:09 Je ne pouvais pas...
09:10 Je n'arrivais pas à tirer de l'arme.
09:12 Je ne sais pas.
09:13 En tout cas, ça m'a changé vraiment ma relation avec la mort.
09:16 J'ai eu peur pendant très longtemps de la mort.
09:20 Maintenant que la mort prenne même des gens autour de moi,
09:22 je crois que je n'ai jamais eu peur de mourir.
09:24 Pour moi, c'est hyper égoïste, mais c'est la peur d'être triste à cause d'un décès.
09:29 C'est vraiment la peur d'être triste.
09:31 J'ai surtout peur des morts prématurées, je pense.
09:33 Des morts pas prévues, tu vois.
09:35 Ça fait chier.
09:36 Ça, par contre, tu le ressens.
09:37 Quand c'est un truc qui n'est pas prévu, ça fait mal.
09:40 Par la suite, après ma prise de recul,
09:43 je me suis rendu compte qu'il ne fallait pas se lamenter,
09:45 qu'il ne fallait pas lâcher.
09:46 J'ai déjà une mère qui a pris un bon coup en morale.
09:51 Et si moi, j'échoue, ce sera pire.
09:52 Je pensais à l'exemple que je dois donner.
09:55 Et je me suis enlevé cette idée que la mort me courrait après.
09:58 J'ai juste accepté le fait que ce soit assez fréquent dans ma famille
10:01 parce qu'on est nombreux et que c'est comme ça.
10:03 Après, il y a eu tout qui s'est enchaîné.
10:05 J'avais 18-19 ans, du coup.
10:07 Ça a accroché, les gens ont adhéré au délire Joy-Sad.
10:10 Un coup, je sors un son qui s'appelle "Chicha-Pomme".
10:13 Et juste après, je sors un son qui s'appelle "Ciel-Ether"
10:15 et que c'est la déprime au max.
10:17 Parce que j'étais un artiste qui faisait des concours sur Instagram.
10:21 J'ai fait ma fanbase comme ça.
10:23 J'ai pris les abonnés les plus fidèles ici.
10:25 Et donc, c'est là, après, que je me suis trouvé un manager,
10:29 Richie Metnager.
10:30 Ça m'a relevé la tête.
10:31 Je me suis dit "Waouh, mec, putain,
10:33 il y a des gens qui s'intéressent à ce que j'écoute, vraiment".
10:35 Et donc, j'y ai cru.
10:36 J'y ai cru et j'ai avancé.
10:38 Ça a payé, ouais.
10:39 Ça commence à payer, ça continue à payer.
10:41 On a sorti deux EPs et deux albums.
10:43 Le dernier qui est sorti le 21 octobre.
10:45 Il s'appelle "Transparent", il est trop beau.
10:47 Dans cet album, j'ai un son qui parle de mon frère qui s'appelle Lion.
10:50 C'est lui, le lion, du coup.
10:51 Dans le refrain, je dis "Mes idées sont noires,
10:53 hantées par des morts, je suis le seul à les voir.
10:55 J'ai perdu mon écorce, des blessures sur tout le corps
10:57 depuis que le lion est mort".
10:58 C'est une force parce que malgré tout,
11:01 j'ai continué à penser pour deux, du coup, même quand j'écrivais.
11:04 Parce que je le faisais déjà à l'époque aussi, comme je te dis,
11:06 j'ai toujours voulu montrer à mon frère que j'étais trop chaud.
11:09 Alors, tu vois, c'est pour ça que je lui montrais mes textes et tout.
11:12 Et donc, là, je l'ai toujours fait en mode comme s'il pouvait le lire.
11:15 Je devais vraiment me sortir de ça, par contre.
11:16 Parce que j'avais vraiment une écriture qui était faite
11:19 pour plaire à un mec comme mon ref.
11:22 Genre, vraiment.
11:23 Du coup, avec du recul, je me rends compte que j'ai de la chance, en fait.
11:28 Et que je lâcherai ma place pour rien au monde.
11:30 Je le fais vraiment pour moi
11:32 et je suis content d'être entouré par mes parents.
11:35 Je suis tellement content qu'ils soient fiers de moi, eux aussi.
11:38 Je suis content qu'ils voient que je souris, que je suis épanoui.
11:41 Et ça, ça vaut tout l'or du monde, tu vois.
11:43 Donc, je me suis rendu compte de ça, de la chance que j'avais.
11:46 Déjà d'être en vie et de pouvoir faire ce que je veux en plus de ça.
11:49 Sous-titrage Société Radio-Canada
11:51 ♪ ♪ ♪
11:53 Au revoir.
11:55 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]