Ridsa est un artiste français comptant plusieurs disques d’or et de platine à son actif, mais derrière cette réussite se cache un passé compliqué qui aurait pu lui barrer la route et l'empêcher de révéler son véritable talent. Comment réussir à trouver sa voie quand la vie nous rappelle sans cesse qu’elle peut être impitoyable ?
Dans ce nouvel épisode d’État d'esprit, Ridsa est venu partager son histoire et ce qui l’a poussé à se battre pour ce qui l’animait.
Merci à Ridsa pour sa confiance et pour son témoignage fort.
Retrouvez-le sur instagram : https://www.instagram.com/ridsaoff/
Son nouvel album "Équateur" est disponible partout !
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Youtube : https://www.youtube.com/@originesmedia
Instagram : https://www.instagram.com/origines.media/
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AmusantTranscription
00:00 jusqu'à mes 24 ans, ça a été aller chercher mon père sur des rails des trains,
00:03 ma mère qui a essayé de faire des bêtises pareilles,
00:05 mon frère, il a essayé aussi à ce moment-là.
00:06 Et moi, j'étais seul, quoi.
00:08 J'étais seul à me dire "fais le pas",
00:10 comme si moi, je n'avais pas le droit de le tenter, en fait.
00:12 Moi, je ne voulais pas faire ce genre de choses.
00:14 Et c'est précieux, une vie.
00:15 Alors, mon histoire, elle a commencé à l'âge de 14-15 ans,
00:18 quand on commence à comprendre un peu la vie.
00:20 J'ai découvert que j'avais des problèmes de famille assez sérieux,
00:23 comme beaucoup de Français.
00:24 Le problème de la famille, c'était le fait que mon père a fait
00:28 certaines choses qui font que ma mère, elle aimait moins, du coup.
00:31 Et quand il y a quelqu'un que vous aimez à fond et qui est en train de s'éloigner,
00:35 et en plus de ça, vous mélangez à l'alcool,
00:37 donc vous avez plein de réactions qui sont disproportionnées,
00:39 qui ne sont même pas voulues, qui ne sont pas contrôlées.
00:41 Il n'y avait pas de la violence,
00:42 mais il y avait des menaces qui étaient pour moi pires que de la violence.
00:45 C'était du harcèlement moral.
00:46 C'était des menaces sur ma mère directement, mais via nous.
00:50 Parce que ma mère, la seule chose qui la touche, c'est ses enfants.
00:52 Donc, il savait très bien comment faire.
00:53 Et mon père, c'est quelqu'un d'assez manipulateur.
00:56 Moi, j'ai hérité de ça, de lui, mais je ne m'en sers pas
00:58 parce que j'ai vu ce que ça peut faire.
01:00 C'est dangereux, la manipulation.
01:01 Et ma mère, vu qu'elle n'était pas naïve, mais elle prenait tout à cœur.
01:04 Donc forcément, quand il se dit qu'il allait s'attaquer à nous,
01:07 qu'il allait nous faire du mal, il n'y avait que ça qui pouvait l'atteindre.
01:09 C'est une sorte de manipulation qui est très malsaine.
01:11 Pour moi, c'est peut-être aussi violent, voire plus violent que des coups.
01:14 Devant les autres, tout le monde l'adorait.
01:16 Mon père, tout le monde disait, tu as de la chance.
01:17 Ça veut dire, moi, mes amis au club de foot, c'est là où on était tout le temps.
01:20 Tout le monde disait, ton père, il est trop drôle.
01:21 J'aimerais bien avoir ton père.
01:23 Mais il ne savait pas que quand on fermait la porte, c'était une autre personne
01:25 qui était malheureuse et qui était alcoolisée, sous l'emprise de l'amour, de tout ça.
01:30 Donc, c'était une autre personne.
01:31 Et moi, ce qui me faisait mal, c'est que je voyais ma mère souffrir.
01:32 Je me dis, mais vous ne savez rien.
01:33 Ma mère a encore moins de chance que moi, en fait.
01:35 C'est ça qui est compliqué.
01:36 Je ne pouvais pas laisser ma mère comme ça, hors de question.
01:38 Je voulais savoir ce qui se passait.
01:39 J'avais 15 ans, mais je me disais, sauve maman, mais ne te mets pas à dos papa, le pauvre.
01:43 Parce que lui, normalement, il t'aime.
01:44 Donc, il fallait trouver le juste milieu.
01:46 Mais à 15 ans, on ne sait pas comment faire.
01:47 Après, ma mère, elle est partie.
01:49 Mon frère, il est parti aussi parce qu'il ne voulait plus entendre parler de...
01:52 Il a trois ans de plus que moi, mon frère.
01:53 Il ne voulait plus entendre parler de tous ces problèmes.
01:55 Et moi, du coup, je me suis retrouvé seul avec mon père, qui était très, très dur à gérer
01:58 parce qu'on avait peur aussi qu'il fasse des bêtises.
02:00 On ne savait pas trop de quoi il était capable à ce moment-là.
02:02 C'était spécial comme relation, parce qu'il était toujours alcoolisé et toujours énervé.
02:06 Parce qu'en plus, elle était partie.
02:07 Donc là, il se couchait seul.
02:08 Il y avait...
02:09 Parce que quand vous n'êtes plus avec une femme, même si elle ne vous aime plus,
02:11 elle est là devant vous.
02:12 Mais quand elle n'est plus du tout là, je pense que c'est encore pire.
02:15 On s'imagine qu'elle est avec un autre.
02:16 On s'imagine plein de choses.
02:17 Donc, vous êtes encore plus fou.
02:18 Et moi, du coup, j'étais avec mon père qui s'est retrouvé, qui ne faisait pas grand chose.
02:22 Même à manger, tout ça, il ne savait pas trop.
02:24 Donc, c'était une nouvelle vie.
02:25 Elle n'a pas duré très longtemps, parce qu'il s'est passé quelque chose d'assez grave par la suite.
02:29 C'était en février 2008.
02:31 Donc, j'avais 17 ans.
02:32 J'étais à l'entraînement de foot et il n'est pas venu me chercher.
02:35 Donc déjà, je me suis dit, c'est bizarre ce soir, il n'est pas là.
02:38 Et quand je suis rentré chez moi ce soir-là, il était très énervé.
02:41 Il m'a dit, tu ne rentres pas dans la maison, tu te casses, je ne veux plus te voir.
02:44 Moi, je me suis dit, bon, il y a un problème.
02:45 C'est bizarre qu'il me parle comme ça.
02:47 Moi, je n'ai rien fait dans l'histoire.
02:48 Il était très énervé.
02:48 Il m'a dit, non, tu te sors, tu te débrouilles, je ne veux plus te voir.
02:51 Tu prends tes affaires, tu te casses.
02:52 Je pense qu'il était sous l'emprise de l'alcool.
02:54 Et je pense qu'il a complètement vrillé.
02:56 Et moi, je me suis retrouvé devant chez lui.
02:58 Donc, j'appelle mon frère.
02:59 Le temps qu'il vienne, j'entendais beaucoup de bruit chez moi, dans le garage.
03:02 Je me suis dit, c'est bizarre, il y a des bruits qui ne sont pas normaux.
03:05 Et au moment où mon frère est arrivé, j'ai entendu un décompte dans le garage.
03:08 Je me suis dit, là, il se passe quelque chose.
03:10 Et du coup, il a décidé de venir avec moi dans la maison.
03:14 On a ouvert la porte d'entrée, la porte de la cuisine qu'il donnait sur le garage.
03:17 Et il venait de se pendre, mon père.
03:20 Donc, on a couru, nous.
03:23 On a couru. Mon frère est allé la soulever.
03:25 Moi, j'ai coupé la corde.
03:26 On a essayé de ranmer,
03:27 appeler Samu pour le laisser en vie.
03:30 Et ce soir-là, j'ai compris que tout allait changer dans ma vie.
03:35 J'ai compris que tous les réveils, toutes les nuits allaient être différentes.
03:39 Je pense que la vie ne sera plus jamais pareille après ça, parce que tu y penses.
03:43 C'est une image.
03:45 Je prends l'exemple des films d'horreur qu'on n'a pas le droit de regarder quand on est petit,
03:48 parce qu'il y a des images qui restent à vie, qui vous choquent.
03:50 Mais c'est la même chose.
03:50 C'est un truc, quand vous vous couchez, quand vous vous réveillez,
03:53 elle flash d'un coup, même dans un moment de bonheur.
03:55 Vous ne savez pas pourquoi.
03:56 Sur le coup, tu n'as pas le temps de réfléchir.
03:57 Tu te dis, mais il faut que je le sauve, en fait.
03:59 Et je ne peux pas rester là.
04:00 Et en plus, quand il est revenu à lui-même, il a toujours l'alcool.
04:04 Il nous a dit, vous n'aurez jamais dû faire ça.
04:07 Je vous déteste.
04:08 Et là, je me dis, je ne savais même pas si j'avais bien fait.
04:11 Et à partir de là, je suis parti vivre chez ma mère.
04:13 Ma mère m'a dit, là, tu viens chez moi.
04:16 Je n'avais pas le choix.
04:17 C'était plus vivable à la maison.
04:18 À ce moment-là, j'ai un choix à faire parce que je dois sauver ma mère, du coup,
04:21 qui culpabilise de ça, qui dit que c'est sa faute, parce qu'elle est partie.
04:24 Par la suite, jusqu'à mes 24 ans, ça a été ça tout le temps.
04:28 Ça a été aller chercher mon père sur des rails des trains.
04:30 Ma mère qui a essayé de faire des bêtises pareilles.
04:32 Mon frère, il a essayé aussi à ce moment-là.
04:33 Et moi, j'étais seul, quoi.
04:35 J'étais seul à me dire, fais le pas.
04:37 Je ne sais pas pourquoi.
04:39 Comme si moi, je n'avais pas eu le droit de le tenter, en fait.
04:42 Moi, je ne voulais pas faire ce genre de choses.
04:44 Et c'est précieux, une vie.
04:45 Tu vois, on ne peut pas...
04:47 Mais sur le moment, je ne comprenais pas ce qui se passait.
04:48 À ce moment-là, j'ai des crises d'angoisse qui sont arrivées.
04:50 Je ne pouvais plus trop sortir de chez moi.
04:52 Je voyais une amie qui s'appelait Aude,
04:54 qui était comme une sœur pour moi, qui venait chez moi et tout.
04:56 C'est la seule personne qui savait tout ça.
04:59 Et un an et demi après,
05:00 elle est partie à une soirée à Paris et elle n'est jamais revenue.
05:05 Ça, je l'ai jamais dit.
05:06 Ça fait bizarre de pleurer.
05:08 Je n'aime pas trop pleurer.
05:10 Et comme j'ai dit, elle n'est jamais revenue
05:12 parce qu'elle a eu un accident de voiture sur le retour.
05:15 Elle est décédée ce soir-là.
05:16 Et en fait, j'avais tout en même temps, quoi.
05:18 Tout en même temps.
05:19 Et là, je me suis dit, la seule personne qui m'écoutait,
05:22 qui croyait en moi dans la musique, parce que j'avais 20 ans,
05:25 donc ça faisait déjà un an que je m'étais lancé.
05:27 Tout le monde m'avait dit, ouais, ça ne marchera pas.
05:28 Mais elle, elle m'a dit, écoute pas les gens.
05:30 Elle part.
05:31 Même elle, elle n'est plus là.
05:33 Là, je me dis, ça commence à faire beaucoup, là.
05:35 Crise d'angoisse, tout ça, ça fait beaucoup.
05:37 Et après, le quotidien, c'est que j'étais chez ma mère
05:40 et tous les dimanches soirs, mon père débarquait pour menacer, quoi.
05:43 Il disait à ta mère de descendre, je vais la tuer,
05:45 des trucs comme ça, sous alcool, encore une fois.
05:47 Et je vais lui tirer dessus et des trucs comme ça.
05:49 Donc, le dimanche soir, il débarquait, menaçant, très menaçant.
05:53 On ne savait pas si c'était vrai.
05:54 Il disait qu'il était armé. On ne savait pas.
05:56 Et un soir, ma mère n'était pas là.
05:58 Et moi, j'étais avec une fille chez moi.
06:01 Et j'entends des coups.
06:02 J'étais à l'étage et il lançait des cailloux dans un petit appartement.
06:05 Et là, j'étais devant ma copine, elle me dit "c'est qui, ça ?"
06:07 Je dis "c'est mon père".
06:09 À ce moment-là, je me dis "c'est trop tard, là, j'en peux plus".
06:11 Et là, je suis sorti, je vais courir après.
06:13 Toute la peur que j'avais de mon père, qui était très menaçant,
06:15 bagarreur, elle est partie.
06:16 Je voulais l'attraper, mais je voulais qu'il arrête tout ça.
06:18 C'était trop.
06:19 Qu'est-ce qu'il fait ? Pourquoi cette personne dit ça ?
06:21 Je suis armé, dis à ta mère de descendre.
06:23 C'est trop tard, devant des gens comme ça,
06:25 qui vont découvrir qui je suis.
06:26 Mais ça ne va pas.
06:27 Ce sont des choses que les gens ne doivent pas voir.
06:28 Là, j'ai dit "c'est trop, il n'y a plus rien".
06:29 Si je t'attrape, tu es mort, parce que là, ça ne va plus.
06:32 Et il est parti, il est rentré chez lui.
06:33 Et puis voilà.
06:34 Ce qui m'a sorti de tout ça, c'est la musique.
06:36 Mais c'est parce que j'écrivais, en fait.
06:37 Depuis que j'avais 16 ans, j'écrivais.
06:39 Et quand j'avais 19 ans, je m'en souviens, un soir,
06:41 une soirée avec des amis qui faisaient du rap.
06:43 J'avais 19 ans.
06:45 C'était l'époque où on avait le MP3 dans la voiture.
06:48 On mettait des instrus, tout le monde rappait.
06:49 Et moi, j'avais mes textes, mais je ne rappais pas.
06:51 Ils m'ont dit "essaye".
06:52 Et ils m'ont donné une adresse.
06:54 Et à ce moment-là, je suis parti au studio.
06:56 Et quand je suis rentré dans cette cabine,
06:57 en fait, le temps s'est arrêté.
06:58 Je me suis dit "il y a peut-être un truc là-dedans".
07:01 Le temps de chanter là, ces deux petites heures de studio,
07:03 je me suis dit "ça fait du bien, pas d'angoisse".
07:05 Mais je ne faisais pas ça pour réussir.
07:07 Jusqu'à ce qu'on m'a dit "mets-le sur YouTube".
07:09 Je fais un, deux sons, et puis il y en a un qui fait un million de vues.
07:11 Sauf qu'en 2010, faire un million de vues, personne ne fait ça.
07:14 Même des sections d'assaut et tout, je venais à peine de le faire,
07:16 alors que c'était déjà des gros trucs.
07:17 Et moi, je fais un million de vues tout seul avec un clip à 400 euros.
07:20 Rien du tout.
07:21 Je paye le studio 30 euros, je ne paye pas l'instru.
07:23 Je fais un clip 400 euros avec des gars qui me filment à l'arrache.
07:26 Un million de vues, tout le monde t'appelle.
07:27 Je me suis dit "mais qu'est-ce qui se passe ?"
07:29 C'est quelque chose qui me fait peur.
07:31 Les Lumières, le succès, ce n'est pas quelque chose que je voulais.
07:33 Moi, je fais ça pour aller bien.
07:35 Et le truc, c'est qu'à ce moment-là, il y a YouTube qui vous appelle,
07:38 qui vous dit "on peut vous rémunérer avec des pubs et tout".
07:40 Et voilà.
07:41 Et du coup, je prends le son que j'ai fait, j'en fais un deuxième pareil.
07:43 Un million de vues en une semaine.
07:44 Et ça part, et tout le monde m'appelle.
07:45 Et jusqu'à 2015, j'ai des appels.
07:47 Et je me dis "mais non, mais laissez-moi tranquille, moi, je ne veux pas percer".
07:49 Laissez-moi sur YouTube.
07:51 Je suis trop bien sur YouTube.
07:52 Je ne veux pas rencontrer les gens, j'ai peur, moi.
07:54 J'ai peur du... Je suis quelqu'un qui n'a pas confiance en soi.
07:56 Donc, chanter devant 40 000 personnes
07:58 ou même rencontrer des gens dans la rue qui demandent des photos.
08:00 Et j'ai même du mal à faire face à une caméra avec mes cerfs, ma fatigue.
08:04 Et là, il y a des gens toute la journée qui te regardent.
08:05 Non, ce n'est pas quelque chose que je voulais.
08:07 En fait, ce qui s'est passé, c'est que je suis passé...
08:09 J'ai signé dans un label indépendant qui, je vous avoue,
08:11 ne m'a pas donné beaucoup de sous.
08:13 Un label malhonnête.
08:14 Je ne vais pas dire son nom parce que ça ne sert à rien,
08:15 mais c'est vrai qu'ils m'ont pris beaucoup d'argent et je n'en ai pas vu de l'argent.
08:18 Et ce qui s'est passé, c'est qu'en juin 2015,
08:21 il me dit "OK, les quelques sons qu'on a, il y a une radio qui est intéressée,
08:25 qui était Skyrock à l'époque".
08:26 Il m'a dit "Par contre, le patron Skyrock, il veut un double album".
08:29 Je lui dis "Pour quand ?"
08:30 Il me dit "Pour septembre".
08:31 Donc là, j'ai deux mois et demi pour faire un double album, moi.
08:33 Mais deux mois et demi pour faire un double album,
08:34 sachant que ça prend au moins huit, neuf mois normalement.
08:36 Donc là, qu'est-ce qui se passe ?
08:37 C'est que moi, j'habite à Orléans.
08:39 Il faut que je vienne à Paris.
08:39 Studio de 9h à 22h tous les jours.
08:41 Sauf que je n'ai pas l'argent à ce moment-là, forcément,
08:45 pour faire tous les allers-retours.
08:47 Le temps, parce que quand tu finis à 22h à Orléans,
08:50 je vais être là à minuit, mais à 7h du matin,
08:51 il faut que je reparte pour refaire une journée entière.
08:53 Donc à ce moment-là, je débarque à Paris pour faire ce double album.
08:56 Lui, il a pris les sous, il est parti en vacances à Miami,
08:58 le patron du label.
08:59 Et moi, je suis tous les jours au studio.
09:01 Et j'avais une copine à l'époque qui m'a hébergé les premiers jours.
09:04 Sauf que famille rebeu, les parents étaient en vacances,
09:07 ils ont appris qu'il y avait un garçon à la maison.
09:09 On m'a dit "Tu pars tout de suite, toi ?"
09:11 Et je me suis retrouvé dehors, en fait.
09:13 Après le studio, il n'y a pas de "Je rentre à l'hôtel dans un lit",
09:16 c'est "Je suis sur mon banc et j'attends que le lendemain arrive
09:18 pour faire ma petite sieste et ma toilette au studio le lendemain".
09:20 Si j'ai continué à ce moment-là, je n'ai pas vraiment de raison.
09:23 Ma maman, et peut-être parce que je me sentais vivant,
09:25 pour une fois, je m'occupais de moi.
09:27 Je pense que c'est ça.
09:28 Pour une fois, je me disais "Là, c'est mon moment".
09:31 Je ne vais pas te mentir, c'est le moment le plus beau de ma vie.
09:33 Et je somnolais, j'avais ma valise, c'était une galère,
09:36 mais de parler aussi à d'autres gens qui étaient clandestins,
09:38 j'ai appris beaucoup.
09:39 En fait, quand vous êtes dans la rue, moi j'étais jeune en plus,
09:42 j'étais quand même assez bien habillé, je faisais attention à moi,
09:45 mais vous voyez souvent passer les mêmes gens.
09:47 Les gens, ils vous voient une fois dans la rue, ils disent "Bon, lui, il traîne".
09:49 Mais quand on vous voit dix fois, on commence à vous regarder de travers
09:51 en disant "Il n'a pas de maison".
09:53 Et en fait, le regard des gens, il apprend tellement de choses.
09:56 Moi, c'est ça qui m'a appris sur l'humain,
09:57 c'est de voir les gens comment ils te regardent.
09:58 Et à ce moment-là, j'ai rencontré un ami sur Paris,
10:01 je ne l'avais vu qu'une fois, il m'a dit "Ça va, tu fais quoi en ce moment ?"
10:03 Je dis "Bon, écoute, j'ai honte de te le dire, mais je dors dehors,
10:06 je dois faire un album".
10:07 Je me dis "Mais passe à l'appart".
10:08 Il habitait à Saint-Michel et je suis passé, ça a duré huit mois.
10:11 Je suis resté chelou tous les soirs dans un 14 mètres carré.
10:14 Les gens pensent que je suis blindé, que je suis sur les champs avec une Ferrari.
10:17 Et je dors dans une cellule avec un pote à moi qui fait deux mètres,
10:21 dans un lit, une place, c'était une galère, mais c'était magnifique.
10:25 Et j'ai appris à vivre comme ça avec cette personne qui avait la musique,
10:28 qui savait composer, parce que moi, mon label s'est barré,
10:30 mais il ne me donnait pas d'instru.
10:32 J'ai appris à composer en même temps.
10:33 Je reste avec cette personne qui aime les jeux vidéo, la musique, le foot comme moi.
10:36 Donc, on a passé les plus beaux moments de ma vie avec cette personne
10:38 qui est devenue un ami, qui m'a sauvé, en fait.
10:40 Sans lui, il n'y aurait pas tout ça.
10:42 Peut-être qu'aujourd'hui, je ne serais plus là.
10:44 Tout ça, ce n'est pas ce qui m'a fait le plus mal dans ma vie.
10:46 Ce n'est pas mon père, ma mère, mon frère, mes relations amoureuses,
10:50 la mort de cette fille qui était comme ma sœur.
10:51 Pour moi, c'était l'argent et le succès.
10:54 L'argent et le succès, ça fait mal parce qu'il n'y a pas de marche arrière.
10:56 Ce n'est pas quelque chose que je voulais,
10:58 mais c'est que quand je l'ai pu, je suis en manque.
11:00 Alors que je n'en veux pas.
11:01 C'est un vice qui est très bizarre.
11:02 Et quand vous vous rencontrez, la lumière, le showbiz,
11:05 moi qui viens de province, et que vous prenez du recul,
11:08 vous vous rentrez en famille et que vous ne vous sentez pas à votre place,
11:10 c'est dur.
11:11 Parce que vous vous dites "Qu'est-ce que je fais dans cette soirée ?
11:12 Comment j'ai pu m'amuser dans cette soirée étant jeune ?"
11:14 Et là, en fait, comme si c'était un truc entre guillemets de beauf,
11:17 alors que ces moments-là, c'est les plus beaux.
11:18 Et quand vous n'arrivez plus à savourer ces moments-là,
11:21 c'est là que c'est très dur de m'encaisser.
11:22 Et c'est là que j'ai le plus souffert, c'est là que j'ai pleuré.
11:24 Mais j'ai pleuré quand j'étais...
11:25 En 2017, j'avais une villa à Saint-Henri-sur-Mer,
11:28 jacuzzi, sur les calanques, tout ce que tu veux.
11:30 Tout seul dans mon jacuzzi, j'ai pleuré.
11:31 Je me suis dit "Mais merde, je suis seul, tout ça, ce n'est pas moi."
11:34 En fait, tout ça, il n'y a pas de marche arrière.
11:37 De la musique...
11:38 En plus, je n'ai pas eu le succès, je ne suis pas maître-guillemet,
11:41 soprano, stromaï,
11:42 mais j'ai connu ce que c'était d'être numéro un.
11:43 Avec "L'Assedaille" en 2015, où tu es numéro un,
11:46 club, télé, radio, tu sors de chez toi, tout le monde vient sur toi.
11:49 J'ai eu des disques d'or, de platine, huit singles d'or, de platine.
11:52 Pareil, j'ai tout enchaîné, mais ce n'est pas un truc qui me plaît.
11:55 Je n'ai pas fait ça pour ça.
11:56 Je pense que des artistes qui font ça pour être connus,
11:59 ils doivent savourer.
12:00 Moi, j'ai du mal à savourer.
12:01 Moi, ce que je recherche, c'est des trucs vrais.
12:03 Et j'ai fait l'erreur, je pense, de la plupart des Français aujourd'hui,
12:06 de courir après l'argent au lieu de courir après le bonheur.
12:08 Ça veut dire que depuis que j'étais tout petit, je me disais...
12:10 À 14 ans, quand j'avais mes problèmes, je me disais un jour,
12:12 j'irais au travail dans une voiture de fou.
12:14 Je me disais que j'aurais ça.
12:15 Et je l'ai eue, la voiture de fou.
12:17 J'ai attendu quatre mois qu'elle soit faite aux États-Unis,
12:19 qu'elle arrive, je l'ai commandée.
12:20 Je suis monté dedans, ça a duré dix minutes.
12:21 Je me dis "mais c'est ça, ton rêve, là ? C'est pourri, c'est nul.
12:24 T'es même pas heureux, c'est bien, t'accélères, c'est cool, mais c'est tout."
12:27 C'était des prises de conscience.
12:29 Je me disais "mais non, j'ai couru après l'argent,
12:31 pensant que ça allait tout arranger, alors que ça casse tout."
12:34 Là, aujourd'hui, ce que je recherche, c'est être bien, dormir, déjà.
12:39 J'y arrive pas.
12:40 Mais je suis content parce que mon père va bien.
12:41 Aujourd'hui, ma mère va super bien.
12:43 Mon père, ma mère échangent ensemble.
12:44 Mon frère, elle a toujours pas pardonné.
12:46 Il y a un truc qui me fait mal, moi, c'est son choix.
12:48 Je respecte.
12:49 Maintenant, il a ses raisons.
12:50 J'ai aucun contrôle, je lui en ai parlé.
12:52 Je lui ai dit "tu devrais quand même, parce que ça peut qu'aller mieux,
12:54 il faut parler.
12:55 Que ce soit bon ou mauvais, il faut parler."
12:56 Mais voilà, tout le monde va mieux aujourd'hui.
12:59 Je suis désolé à mon père qui va regarder cette interview.
13:01 Les gens vont peut-être savoir des choses qu'ils savaient pas de lui.
13:04 Tous mes amis, quand ils étaient petits, ils vont se dire "mais c'était ça, en fait."
13:07 C'est pas lui, c'est pas comme ça qu'on voyait son père.
13:09 Mais après, voilà, moi, ce que je retiens dans tout ça,
13:11 c'est que si j'avais pas eu ça, je serais peut-être pas là.
13:12 Si je suis venu parler, je pense que c'est ça.
13:14 Comme je l'ai dit, c'est que je suis...
13:15 Il y a un an même, jamais je serais venu.
13:18 Vous savez que là, je crois que je suis à bout.
13:19 Un an, une semaine, tout peut changer en une semaine.
13:21 Tout peut changer en une heure, ouais, c'est ça.
13:24 On verra, il y aura un après, je pense, cette interview.
13:26 Mais encore une fois, voilà, je veux pas que les gens qui regardent cette interview
13:28 aient de la peine.
13:29 Je veux qu'ils se disent "le gars, il a vécu ce qu'il a vécu,
13:31 il avait pas forcément d'argent, il a juste pris YouTube et sa plume
13:35 et aujourd'hui, il est là."
13:36 Alors, on peut ne pas aimer ma musique, mais le parcours,
13:41 je suis la preuve que n'importe qui peut réussir dans la musique.
13:44 Et pour moi, ça aurait pas été dans la musique, ça aurait été autre chose.
13:46 J'aurais pu réussir ailleurs.
13:48 À partir du moment où t'es motivé, rien t'arrête.
13:50 - Au revoir. - Au revoir.
13:51 - Au revoir. - Au revoir.
13:52 - Au revoir. - Au revoir.
13:54 - Au revoir. - Au revoir.
13:55 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org