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Parlons Vrai chez Bourdin avec Gabriel Rosenman, sociologue et ancien cheminot.

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Transcription
00:00 Alors à sec, justement, certains sont en grève et certains qui sont en grève bénéficient d'aide.
00:07 Parce qu'il existe des caisses de grève, aide de la part des syndicats par exemple, ou même de certains partis politiques.
00:13 Gabriel Rosenmann, bonjour.
00:14 - Bonjour.
00:15 - Merci, vous êtes sociologue, vous êtes cheminot, hein, Gabriel Rosenmann.
00:20 Vous êtes sociologue et vous préparez une thèse sur les caisses de grève.
00:24 Les premières caisses de grève, c'est ce que vous dites, remontent à 1831 et à la révolte des Canuts-Lyonnais.
00:31 - En tout cas, c'est les premières traces que j'ai trouvées dans les archives.
00:35 Il y en a peut-être d'autres que j'ai pas encore trouvées.
00:38 Et donc oui, ça remonte à 1831, qui est le moment qu'on considère souvent comme l'acte de naissance du mouvement ouvrier en France.
00:44 Et donc qui était une cessation de travail qu'on appelait pas encore la grève,
00:49 puisque à l'époque ça s'appelait coalition et c'était illégal.
00:52 Et c'était les tisseurs de soie, et notamment les chefs d'ateliers tisseurs,
00:56 qui en prévision d'un arrêt de travail, ont mis en place une structure mutuelle
01:01 pour mettre de l'argent en commun et compenser les pertes financières de la cessation de travail.
01:07 Et en fait la grève s'est assez vite transformée en insurrection à l'échelle de Lyon.
01:11 - Voilà, il faut savoir que la révolte des Canuts, c'est 1831,
01:15 et la légalisation de la grève en France, c'est 1864.
01:18 Un seulement, Gabriel Rosenmann, aujourd'hui il y a-t-il beaucoup de caisses de grève ?
01:24 Est-ce que chaque syndicat a sa caisse de grève ?
01:27 - Alors en fait les différents syndicats fonctionnent différemment sur cette question-là.
01:32 Il y a des caisses de grève abondées par des cotisations syndicales,
01:36 et en anticipation des conflits, c'est quelque chose d'assez rare en France.
01:40 En fait il n'y a que la CFDT qui en a fait un usage très régulier, même assez...
01:46 - C'est-à-dire que quand on est affilié à la CFDT,
01:50 on verse une partie des cotisations, ça sert à nourrir la caisse de grève ?
01:58 - C'est ça. Autour de 8% de toutes les cotisations sont attribuées à ce fonds-là,
02:03 qui est la Caisse Nationale d'Action Syndicale,
02:05 qui sert à la fois à indemniser des grévistes adhérents,
02:08 et aussi à couvrir des frais de démarche juridique.
02:11 - Voilà. Il y a beaucoup d'argent dans cette caisse, vous ne savez pas ?
02:14 - Le fonds accumulé est de l'ordre de 140 millions d'euros,
02:18 mais je pense que les fonds qu'ils ont décidé de dédier,
02:21 ou qu'ils estiment devoir dédier à cette grève-là, sont plus faibles que ça.
02:25 Ce n'est pas la réserve.
02:27 - Et les autres syndicats, comment font-ils ?
02:30 - Dans des syndicats comme la CGT ou Solidaire,
02:33 c'est plutôt des collectes qui sont organisées pendant les grèves,
02:37 c'est-à-dire HO, et donc plutôt des appels à dons,
02:39 même si dans certaines périodes ou certains métiers,
02:45 il y a aussi des pratiques de caisse de grève permanente,
02:47 mais c'est plus rare dans ces syndicats-là.
02:49 Et de manière intéressante, depuis quelques semaines,
02:52 en fait depuis le début de cette mobilisation sur les retraites,
02:55 il y a des syndicats locaux,
02:57 ou même des syndicats par exemple dans la fonction publique,
03:00 au niveau de la FSU des instituteurs, ou la CGT éducation,
03:04 qui ont créé des caisses permanentes,
03:06 un peu comme une leçon de la précédente grève sur les retraites,
03:09 et qui ont un rôle un peu différent des caisses traditionnelles.
03:14 La plupart des caisses de grève dans l'histoire du mouvement ouvrier,
03:17 c'était pour aider des grévistes à tenir pendant des grèves longues,
03:20 et donc c'est surtout un signe de détermination.
03:22 Les caisses qui ont été créées ces derniers temps,
03:25 on indemnise dès le premier jour de grève,
03:28 et en fait c'est plutôt à étendre la grève auprès de populations
03:31 qui se sentent tellement prises à la gorge financièrement
03:34 qu'elles ne pourraient même pas se permettre une journée.
03:36 - Oui. Il y a des cagnottes en ligne aussi,
03:39 il y a plusieurs choses, il y a des ventes de t-shirts,
03:42 de DVD, de badges, de calendriers, des repas de fêtes,
03:45 enfin bon, etc. etc. Mais qui touche ?
03:48 Qui est aidé ? Qui est aidé ? Pâche ?
03:51 Il faut être syndiqué pour être aidé ?
03:53 - Alors ça dépend des syndicats et des caisses de grève.
03:57 À la CFDT il faut être adhérent.
03:58 Par exemple vous parliez des cagnottes en ligne,
04:00 la principale cagnotte aujourd'hui en France
04:02 qui est la caisse de solidarité, caisse-solidarité.fr,
04:05 qui est animée par la CGT Infocom et Sudpost 92.
04:10 Eux ont une politique d'indemnisation de tout gréviste
04:13 qui demande, syndiqué ou pas, quel que soit le syndicat
04:16 et quel que soit le secteur professionnel.
04:17 Donc c'est vraiment très variable d'une structure à l'autre.
04:20 - Voilà, c'est un élément important.
04:21 Merci Gabriel Rosenmann, je souhaitais l'évoquer
04:24 parce que c'est un élément important
04:26 dans un conflit social d'importance
04:29 comme celui que nous vivons. Merci.
04:31 Et d'ailleurs entre 11h et 12h,
04:32 nous allons revenir sur le conflit
04:34 et je vais poser toutes ces questions,
04:36 les questions suivantes à mes invités.
04:38 Est-ce que le gouvernement doit écouter la rue
04:40 et retirer sa réforme ?
04:41 Est-ce que c'est la rue qui prime
04:43 ou est-ce que c'est l'Assemblée, les Assemblées,
04:46 le Parlement qui prime ?
04:47 Parce que si la loi est votée, que se passe-t-il ?
04:50 Est-ce que la rue doit primer sur la loi,
04:53 sur l'application de la loi ?
04:55 Est-ce que les syndicats sont en train d'abattre
04:57 leur dernière carte pour dire stop à la réforme ?
04:59 Qu'en pensez-vous ?
05:00 Si la réforme est adoptée, la mobilisation sera-t-elle maintenue ?
05:04 Nous allons poser toutes ces questions
05:06 avec nos invités tout à l'heure.
05:08 Stéphane Sirot, qui est spécialiste du syndicalisme
05:10 et des mouvements sociaux.
05:11 Éric Haddad, qui est PDG du groupe Connect,
05:14 spécialisé dans le travail par intérim.
05:16 Benjamin Amart, porte-parole de la CGT Valdemarne.
05:18 Et Stéphane Fournier, qui est analyste
05:21 chez le sondeur Cluster 17.
05:23 Il est 10h58, vous êtes sur Suède Radio.
05:26 Vous n'aurez rien, merci.

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