Réforme des retraites : le péril jeune

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ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il s'intéresse à la mobilisation des jeunes contre la réforme des retraites.   Retrouvez "L'édito politique" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video                                                                  Retrouvez-nous sur :                                 | Notre site : http://www.europe1.fr                                 | Facebook : https://www.facebook.com/Europe1                                 | Twitter : https://twitter.com/europe1                                 | Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts                                 | Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Transcript

00:00 - On déplace l'édito politique sur Europe avec Le Figaro. Bonjour Vincent Trémolet de Villers.

00:04 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.

00:05 - Dans cette journée de contestation, il y a une inconnue, c'est la présence de la jeunesse.

00:10 Le député Louis Boyard, député de la France Insoumise, a appelé avec des airs de tiktoker

00:15 au blocage des lycées et des universités. Il en a même fait un challenge.

00:18 Est-ce qu'on doit s'attendre, Vincent, à voir la jeunesse de France défiler pour sa retraite ?

00:23 - On va le savoir assez vite dès aujourd'hui, mais vous savez, dans un mouvement social,

00:27 il ne faut jamais négliger le péril jeune. Je vous rappelle la phrase célébrissime

00:32 "Les lycéens c'est comme le dentifrice, quand ils sont sortis du tube, on ne peut plus les faire rentrer."

00:37 Alors on ne sait toujours pas si cette phrase est de Jack Lang, de Luc Ferry ou de quelqu'un d'autre,

00:41 mais on sait qu'elle est vraie. La jeunesse dans la rue réveille immédiatement la crainte de l'accident ou de la bavure.

00:47 C'est le syndrome de Malik Ousekine, du nom de cet étudiant, qui en 1986 était mort sous les coups de la police.

00:53 Trois jours plus tard, le ministre Devaquet démissionnait et sa réforme était retirée.

00:57 En 2006, des jeunes venus de banlieue avaient semé la terreur sur les spleins des invalides.

01:02 Le CPE, contrat première embauche, avait été lui aussi retiré.

01:06 Les activistes les plus radicaux souhaitent évidemment ce scénario du chaos.

01:10 On se souvient que Le Média, ce site mélanchoniste, avait relayé en 2018

01:14 l'histoire de l'étudiant de Tolbiac dans le coma suite à une descente de police.

01:18 Mais il n'avait pas plus d'étudiants dans le coma que d'affiches à la gloire de Nicolas Sarkozy dans les locaux de l'UNEF.

01:24 Ce mensonge montrait simplement que les activistes cherchaient tellement à martyr qu'ils étaient prêts à l'inventer.

01:30 - Mais que ce soit Malik Ousekine, le CPE ou cette fake news de 2018, Vincent,

01:34 à chaque fois on parlait de réformes qui touchaient directement les étudiants.

01:39 - Et c'est la grosse différence, oui. On n'est pas sérieux quand on a 17 ans, disait Rimbaud,

01:43 mais on imagine mal le poète en train de compter ses points retraite entre Charleville-Mézières et Paris,

01:47 comme on imagine mal Gavroche, le gamin des misérables, participer au blocus de challenge de Louis Boyard.

01:53 Même pour un adolescent précoce qui aurait la conscience sociale de Laurent Berger,

01:57 la retraite c'est très très loin, c'est sur l'autre versant de la vie.

02:00 - Il est important que vous ayez des syndicats lycéens et étudiants qui appellent à manifester aujourd'hui.

02:05 - Oui mais c'est à ça qu'ils servent. Le malheur est qu'ils parviennent à s'appuyer sur le mal-être d'une jeunesse

02:10 à qui on a retiré tous ses repères. Il est certain que pour cette jeunesse-là,

02:14 l'éloge du travail, de l'effort, du mérite apparaît comme une forme de violence.

02:19 C'est la conséquence d'un terreau éducatif qui donne des jeunes à la fois un but d'eux-mêmes, fragiles et anxieux.

02:26 Pour eux, nous dit l'excellent sociologue Jean-Pierre Le Goff, la vie repose sur quatre principes.

02:31 L'autonomie, qui est érigée en absolu, le rejet de toute forme d'autorité,

02:35 la mise en accusation systématique du passé et la supériorité de l'instinct personnel sur la morale et sur les institutions.

02:42 Vous ajoutez le narcissisme propre aux réseaux sociaux et le sentiment victimaire qui sature l'atmosphère,

02:47 le ricanement adolescent et vous avez Louis Boyard.

02:51 Bourdieu + TikTok = la jeunesse insoumise.

02:54 Mais attention, cette partie de la jeunesse n'est pas toute la jeunesse.

02:58 On trouve aussi des tempéraments de bâtisseurs et de conquérants, autant que d'honnêtes travailleurs.

03:02 Aujourd'hui, ces jeunes essaieront tant bien que mal de rejoindre leurs cours,

03:06 de mener leurs activités professionnelles ou associatives.

03:09 La plupart d'entre eux pensent que la retraite par repartition n'existera plus quand ils auront 64 ans,

03:14 mais ils n'en font pas un motif de révolution.

03:17 Le problème, c'est que quand un politique dit "la jeunesse", il évoque soit la génération climat,

03:22 soit les amis de Louis Boyard, soit les banlieues de la diversité.

03:26 Et une fois de plus, ce sont ceux qui ne font pas d'histoire qui sont invisibles.

03:30 L'édito politique sur Europe 1 signé Vincent Trémolet de Villers.

03:33 Merci Vincent.

03:34 Et comme de votre journal, le Figaro, sans surprise, les retraites aujourd'hui, les syndicats jouent leur vatou.

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