Patrick Stefanini (ancien secrétaire général du ministère de l'Immigration): "Bruno Retailleau a une obsession: faire"

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Bruno Retailleau a martelé plusieurs fois son objectif lors de la passation de pouvoir au ministère de l'Intérieur: "rétablir l'ordre", notamment "dans la rue" et "aux frontières".

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Transcript
00:00Bruno Retailleau est quelqu'un que je connais bien,
00:02puisqu'il a participé très activement à la campagne de François Fillon que je dirigeais en 2017,
00:09et qu'ensuite il a été un acteur important de la campagne de Valérie Pécresse.
00:13Et je pense qu'il a une obsession, que je résumerais en un verbe, faire.
00:21C'était d'ailleurs le titre d'un livre de François Fillon, faire.
00:26Je crois que ce qu'il a dit ce soir, c'est que son objectif, très vite, c'est de passer à l'action,
00:30parce que le diagnostic en matière d'immigration a été posé à de nombreuses reprises.
00:35On sait que notre pays fait face à des flux migratoires qui ont beaucoup augmenté depuis le début des années 2000.
00:42On délivre chaque année en France environ 350 000 titres de séjour,
00:48et on accueille environ 130 000 demandeurs d'asile.
00:51Donc c'est quelque chose d'absolu, sans même parler de l'immigration clandestine.
00:55Est-ce qu'on peut pour autant parler d'une vague migratoire, comme on pense souvent à la droite de la droite ?
00:59J'ai moi-même employé cette expression dans un livre que j'ai écrit.
01:02Il y a eu plusieurs vagues migratoires dans l'histoire de notre pays.
01:06Mais en tout cas, les chiffres sont aujourd'hui considérables.
01:09Et surtout, notre pays a aujourd'hui, à cause de sa situation économique,
01:14à cause aussi de l'excessive concentration des populations immigrées dans certaines régions,
01:20et puis à cause probablement de la montée en puissance du phénomène de l'islamisme,
01:25notre pays a du mal aujourd'hui à intégrer les nouveaux arrivants.
01:29Donc c'est ça l'enjeu.
01:30Et la difficulté pour Bruno Retailleau, c'est qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale.
01:35Il y a une coalition, parce que Michel Barnier hier soir a expliqué aux Français
01:39que ce n'était pas un gouvernement de cohabitation.
01:41Mais par contre, il ne nous a pas dit ce que c'était.
01:44Ce que c'est aujourd'hui, moi je vais vous le dire, c'est une coalition.
01:48C'est une coalition nouvelle, formée entre LR et ce qu'était autrefois la majorité présidentielle
01:55et qui au fil des années est devenue une minorité présidentielle,
01:59ou en tout cas une majorité très relative à l'Assemblée nationale.
02:02Donc on a une nouvelle coalition.
02:04Qui dit coalition, dit compromis.
02:06Donc Bruno Retailleau, il s'est exprimé...
02:09Donc justement, ma question c'est, est-ce qu'il aura les moyens de faire ?
02:11Parce que lui, il est sur une ligne très dure, et l'ex-majorité dont vous parlez
02:15n'est pas tout à fait d'accord avec cette ligne-là.
02:18Écoutez, c'est au pied du mur qu'on voit le maçon.
02:21Je vais prendre un exemple très concret.
02:23L'AME, l'aide médicale d'État.
02:26Bruno Retailleau pense qu'il faut la supprimer,
02:29parce qu'il considère que c'est une pompe aspirante de l'immigration en France.
02:33J'ai moi-même, vous le savez, rédigé avec Claude Évin, à la demande du gouvernement précédent,
02:38un rapport dans lequel nous avons conclu qu'il fallait réformer l'AME.
02:43On précise pour les gens qui nous regardent quand même qu'ils ne sauraient pas...
02:46L'aide médicale d'État.
02:47Voilà, dispositif qui permet à un étranger sans papier de bénéficier de la prise en charge à 100% de certains soins.
02:54Tout à fait. L'aide médicale d'État.
02:56Donc nous avons, avec Claude Évin, formulé un certain nombre de propositions.
03:00Certaines sont réglementaires.
03:02Moi j'observe que notre rapport, il est déposé depuis début décembre de l'année dernière.
03:07Donc le gouvernement de M. Attal, M. Attal avait dit, je vais le mettre en œuvre.
03:11Enfin, à ma connaissance, rien n'a été fait.
03:13Donc il serait temps de passer aux actes.
03:15Vous voyez, on retrouve l'idée qu'il faut faire.
03:17On peut le faire très vite en matière réglementaire.
03:20En matière législative, est-ce qu'il y a une majorité à l'Assemblée nationale pour supprimer l'AME ?
03:26Moi je ne le pense pas au regard de ce qu'est l'équilibre politique au sein de l'Assemblée nationale.
03:30En revanche, il peut y avoir une majorité pour mettre en œuvre des propositions législatives.
03:35Mais moi, je fais confiance à Bruno Retailleau parce que je crois,
03:39et Yves Traher l'a dit tout à l'heure sur votre plateau,
03:42que Bruno Retailleau n'est pas obligé d'agir tout de suite par la loi.
03:48Il y a un certain nombre de décisions qu'il peut prendre tout de suite.
03:51Par exemple, il peut réunir au ministère de l'Intérieur à la fois les préfets et les consuls,
03:58qui ont la responsabilité de délivrer les visants,
04:01et qui font partie, qui sont soumis à une administration qui fait partie aujourd'hui du ministère de l'Intérieur.
04:06Donc Bruno Retailleau, il peut réunir les préfets et les consuls dans 15 jours ou dans 3 semaines,
04:11leur donner des instructions et concrètement piloter une politique de réduction par exemple
04:17du nombre des visas accordés aux ressortissants étrangers qui veulent venir en France.

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