• il y a 2 heures
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, s'est rendu ce vendredi dans le Pas-de-Calais. Il a notamment affirmé que "la relation entre la France et le Royaume-Uni ne peut plus se résumer à la simple sous-traitance" par la France "du gardiennage de la frontière" entre les deux pays.

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00:00avant de m'exprimer.
00:02Et c'est un problème tellement important, tellement grave
00:05que j'ai préféré laisser passer quelques semaines,
00:07réfléchir avant de venir.
00:11Je voudrais saluer, bien sûr, le maire d'Angleterre,
00:13cher Stéphane, d'être ici.
00:16Merci. C'était un plaisir pour nous d'accueillir,
00:19vous accueillir, vous, Mme la ministre,
00:22les personnes présentes et surtout ce collectif
00:24qui a été initié par Natacha et pour lesquels,
00:26je pense, on s'associera à vous aider à avancer,
00:29à trouver de vraies solutions sur ce grand plan
00:32et le côté humain, ce que tous voulons en priorité.
00:37Merci, Stéphane. Je salue vraiment les maires
00:39qui sont ici, au dernier mois.
00:41On a échangé pendant le déjeuner.
00:45Je voudrais avoir un mot aussi, parce que cette visite,
00:48je l'ai préparée avec l'équipe,
00:51au ministère, les collaborateurs,
00:53et puis aussi avec l'équipe préfectorale.
00:56Je veux saluer le préfet de région,
01:00le préfet Gomme, qui se cache parmi vous,
01:03le préfet de département, qui est en uniforme,
01:07Vincent Agogé, qui est préfet délégué,
01:09voilà, mais j'en parlerai,
01:11et puis les différents responsables,
01:13aux responsables, notamment les 2 directeurs généraux,
01:16qui m'accompagnent et qui fournissent les forces
01:19qui sont en oeuvre et qui seront renforcées.
01:22Le général, donc, Hubert Bonneau,
01:26qui commande la Gendarmerie nationale,
01:28et son homologue et directeur général de la police nationale,
01:32voilà, Louis Logier.
01:35Mesdames, messieurs, d'abord, un préalable.
01:38Un préalable pour vous dire que si je suis venu aujourd'hui,
01:44c'est parce que 72 morts, ça n'est pas tolérable.
01:48C'est un drame, c'est une tragédie.
01:51Je l'ai indiqué il y a quelques instants
01:53lorsque je me suis exprimé devant les élus.
01:56Ce matin, à l'Ultime, qui est l'office qui est chargé
01:58de lutter contre la traite des êtres humains,
02:02les enquêteurs m'ont montré les images
02:08d'une embarcation où on entendait...
02:12Il y avait des dizaines et des dizaines de migrants.
02:14On entendait le cri de jeunes enfants,
02:16de jeunes enfants, de très jeunes enfants.
02:18On y voyait des femmes et on voyait des passeurs
02:21taper avec des bâtons sur d'autres migrants
02:24qui ne voulaient pas embarquer.
02:26J'ai vu ces images. Elles sont marquantes.
02:30Et on ne peut pas laisser les choses
02:34aller au fil de l'eau parce que c'est trop grave.
02:39Ce que je veux simplement vous dire,
02:40c'est que je suis venu pour ne pas que les élus se sentent seuls,
02:44pour que la population sache que l'Etat se tient à ses côtés.
02:48D'ailleurs, dans le témoignage que nous avons recueilli
02:51des élus, tous les maires nous ont dit
02:54que l'Etat était à leurs côtés,
02:56notamment à travers les forces de l'ordre,
02:58notamment à travers le corps préfectoral.
03:04Ce que je veux redire de façon très solennelle,
03:08je persiste et je signe.
03:12Lorsque j'ai déclenché une polémique en indiquant
03:17que pour moi, l'immigration,
03:20qui est en dehors de tout contrôle,
03:23n'était pas une chance, je l'assume totalement.
03:27Ni pour la France, c'est une chance,
03:30ni pour les migrants.
03:32Parce que si l'immigration incontrôlée
03:34était une chance pour la France,
03:36les habitants de Calais,
03:39les habitants des communes environnantes
03:40n'auraient pas à subir ce qu'ils subissent quotidiennement.
03:46Que les choses soient très claires,
03:48malgré la mobilisation des forces de l'ordre,
03:50800 forces de l'ordre chaque jour,
03:54je le rappelle, ils sauvent des vies humaines.
03:57Ils sauvent des vies humaines,
03:59puisque les canaux sur lesquels embarquent les migrants
04:02ne peuvent pas, d'ailleurs.
04:03Ils ne sont pas fabriqués pour pouvoir faire la traversée.
04:07Deuxième chose, l'immigration, ça n'est pas une chance
04:11quand elle n'est pas contrôlée pour la France
04:13ni pour les migrants eux-mêmes.
04:16Parce que, je vous l'ai dit, je vous ai redonné ce chiffre,
04:1972 morts.
04:21Et il y a quelques semaines, quelques mois,
04:25vous vous souvenez de ce nourrisson de 4 mois
04:27qui est mort noyé.
04:28C'est l'horreur absolue.
04:31C'est l'horreur absolue.
04:33Ceux qui pensent qu'on ne doit retenir personne,
04:36qu'on ne doit pas garder nos frontières,
04:40eh bien, je pense que c'est une fausse générosité
04:42et que cette fausse générosité nourrit les plus grands drames.
04:46Et moi, je veux y mettre fin.
04:49Lorsque j'ai eu cette question à traiter,
04:54j'ai adopté la méthode qui est toujours la mienne.
04:57J'ai essayé de poser un diagnostic
05:00et d'avoir une sorte de méthode
05:02pour approcher ce problème de façon globale.
05:06Ce que je vais vous dire, c'est qu'on arrive dans un cadre,
05:11dans une logique qui est totalement à bout de souffle.
05:15Totalement à bout de souffle.
05:17Aujourd'hui,
05:19puisque le collectif m'avait fait des propositions,
05:23je suis venu pour répondre à l'urgence.
05:27Je suis venu pour m'engager sur des propositions.
05:31Je vais vous les donner dans quelques instants.
05:35Les uns et les autres pourront porter leur jugement
05:38sur ce que je me suis engagé à faire
05:42comme ministre de l'Intérieur.
05:44Mais ça ne suffit pas.
05:46Parce que ce sera uniquement le traitement des conséquences
05:50de ce désordre migratoire.
05:52Il va falloir changer les règles, il va falloir changer le cadre.
05:55Et je terminerai vraiment sur cette partie-là.
06:00Le 1er point, c'est les engagements que j'ai pris
06:04il y a quelques minutes devant les élus.
06:07Les élus de la région, les élus du département.
06:10Je ne sais pas si le représentant du Conseil départemental
06:13est ici, du président Leroy,
06:17mais j'en dirai un mot il y a quelques instants,
06:19et des maires.
06:21Je suis arrivé avec des propositions
06:23qui concernent 3 paquets.
06:253 paquets d'engagements.
06:27Je vais les énumérer.
06:29Pardon, c'est un peu didactique.
06:31Mais je souhaite que ce soit précis.
06:34Parce que ces engagements, vous pourrez les mesurer
06:38semaine après semaine, mois après mois.
06:423 paquets.
06:43Le 1er va concerner la sécurité du quotidien.
06:48Le 2e concernera le soutien aux collectivités locales
06:51et aux habitants.
06:53Et aux habitants.
06:54C'est eux qui sont en 1re ligne de tous ces désordres.
06:57C'est eux, les habitants de toutes ces communes du littoral.
07:01Et le dernier concerne la lutte contre les mafias,
07:06le démantèlement des réseaux.
07:08Le 1er bloc, le 1er paquet, sur la sécurité du quotidien.
07:12Nous avions mis cet été, pendant les Jeux olympiques,
07:15ce qu'on appelle une compagnie de marche
07:17qui devait durer, de façon expérimentale, provisoire,
07:21le temps des Jeux olympiques.
07:22J'ai annoncé que nous allons périliser
07:25ces 75 personnels
07:29qui permettent de patrouiller
07:31et qui renforcent le dispositif existant.
07:3475 personnels qui seront déployés,
07:37notamment les jours, les nuits,
07:40où il peut y avoir du passage,
07:42où la mer est calme, où les conditions météorologiques,
07:45qu'on anticipe, bien évidemment,
07:47sont propices, précisément, à ces passages.
07:501er engagement.
07:532e engagement, nous allons sécuriser le financement
07:58du cantonnement CRS de Calais
08:00parce qu'on est régulièrement amené
08:03à renforcer les équipes.
08:06Et je tiens à ce que nos policiers,
08:08notamment les CRS, puissent disposer
08:10de conditions de vie, de séjour convenables, dignes.
08:14Voilà.
08:16Fondamentale. 3e élément,
08:18la création d'un nouvel hôtel de police à Calais.
08:22Bien entendu, nous demanderons aux Anglais
08:26de le co-financer.
08:28L'emprise à Calais, Mme le maire, est prévue.
08:31C'est une emprise SNCF.
08:34Dans le cas, dans la perspective d'un projet plus vaste
08:36qui pourrait aussi réunir la police municipale,
08:39une cité de sécurité, je crois, comme vous le dites,
08:43c'est un autre engagement.
08:45Ensuite, le renfort d'effectifs de la police aux frontières.
08:50J'ai à mes côtés, voilà, la directrice, Valérie Mine,
08:54de la police aux frontières.
08:56C'est un effort conséquent.
08:59C'est 75 renforts.
09:0210 sont arrivés il y a quelques jours.
09:05Et dès lundi, les 65 autres arriveront.
09:09Dès lundi.
09:10Je ne dis pas la cinglin-glin.
09:11Dès lundi, 2 décembre.
09:14Ce sera 75 renforts de plus.
09:18Et enfin, dernier point sur cette sécurité du quotidien,
09:23on va renforcer aussi les effectifs de la police
09:25des 2 commissariats, 2 Dunkerque et 2 Calais,
09:30à hauteur de 25 effectifs.
09:33Exactement 15 pour Dunkerque et 10 pour Calais.
09:37Ces engagements représentent un effort sans précédent.
09:42Et cet effort, je le dis, je le remets en perspective
09:46dans un contexte budgétaire très compliqué, voilà,
09:49mais que nous assumerons.
09:51Et encore une fois, si j'ai donné des engagements précis,
09:54chiffrés, c'est bien pour qu'ils puissent être
09:57sur le terrain vérifiés.
09:59Et les préfets en seront comptables pour moi,
10:02si j'ose dire.
10:032e bloc, le soutien aux collectivités,
10:05le soutien aux habitants.
10:07Nous allons demander au Royaume-Uni de cofinancer un plan
10:11ou plutôt un fonds d'indemnisation.
10:13Il n'est pas normal que des particuliers,
10:16que des entreprises, notamment petites entreprises
10:19ou agriculteurs, aient à financer des réparations
10:23quand il y a, par exemple, pour l'assurance, une franchise,
10:26quand quelque chose se passe mal.
10:27Nous créerons un fonds d'indemnisation financé
10:30par les accords de Saunders, donc à négocier avec les Anglais,
10:35mais c'est une condition qui est une condition première
10:39pour précisément prendre en compte
10:42et que les habitants ne prennent pas en compte
10:44les réparations qui sont à leur charge.
10:472e élément, il y a l'enveloppe prévue
10:49pour tout ce qui est les dégâts, le nettoyage,
10:53la réparation sur les campements.
10:55Là aussi, c'est totalement insuffisant.
10:57Ce sera une des demandes que je ferai à Yvette Coupert.
10:59J'en parlerai tout à l'heure, puisqu'elle sera ici,
11:03je l'ai invitée, le 9 décembre prochain.
11:06Ensuite, le département, j'ai parlé du département
11:09parce que les départements ont en charge
11:12la tutelle budgétaire, notamment, et financière
11:16avec le bloc communal des SDIS,
11:17des services départementaux d'incendie et de secours.
11:20Et dans ce département,
11:22on a à peu près ces 12% des interventions
11:27des sapeurs-pompiers qui sont directement liées
11:30au désordre migratoire.
11:32Donc nous estimons que ça n'est pas au département,
11:36au bloc communal, aux intercommunalités,
11:37aux communes, de prendre en charge ces interventions-là.
11:41Et par conséquent, là encore,
11:43ça devra être financé par nos amis anglais.
11:482 points supplémentaires.
11:51Natacha Bouchard nous avait demandé de désigner
11:54un préfet qui porterait en permanence au quotidien
11:59cette question migratoire.
12:01Il est désigné, il est devant vous.
12:02J'ai désigné Vincent Lagoguet,
12:04qui est préfet délégué actuellement,
12:07mais on va le charger particulièrement de cette mission.
12:11Et il aura autour de lui 3 personnes,
12:13une cellule, une cellule,
12:15qui aura donc quotidiennement cet objectif
12:17de veiller à la bonne marge des choses.
12:19Les élus sauront que, précisément,
12:21quand il y a un problème,
12:23ils pourront s'adresser directement à eux.
12:25Ca n'efface pas, évidemment, le rôle des sous-préfets
12:28qui sont ici ou même des préfets,
12:30mais je pense qu'un membre du corps préfectoral,
12:34un préfet portant jour après jour et au quotidien
12:37cette question-là, c'était nécessaire
12:40et c'était une de vos demandes.
12:41Et enfin, la SNSM, c'est pas exactement
12:43dans le périmètre du ministère de l'Intérieur,
12:47le sauvetage en mer,
12:48mais je veux rappeler quand même que cette année,
12:50il y aura, et on n'a pas terminé l'année,
12:525 500 sauvetages.
12:555 500 sauvetages, c'est 5 500 vies sauvées.
13:00Moi, qui suis un homme de la mer aussi avec la Vendée,
13:04je connais très, très bien la SNSM,
13:07je connais très, très bien les engagements,
13:10l'engagement des sapeurs-pompiers, professionnels, volontaires,
13:12mais aussi les sauveteurs en mer.
13:14Je ne veux pas qu'ils soient oubliés,
13:15et là aussi, nous exigerons et nous obtiendrons,
13:19d'ailleurs, des amis anglais,
13:21une part de financement pour aider la SNSM.
13:24Et enfin, dernier paquet,
13:29dernière proposition sur le démembrement des filières.
13:32J'ai rencontré nos enquêteurs de l'Ultime,
13:34je peux rien dire parce que c'est une enquête
13:36qui est sous l'autorité du procureur,
13:39donc je ne veux pas faire de révélations,
13:41mais ils font un boulot fantastique
13:43et ils démantèlent des réseaux.
13:45J'espère qu'il y aura une communication
13:47dans les jours à venir, c'est possible,
13:49mais on ne le peut pas aujourd'hui.
13:51Il faut les renforcer, c'est ce que nous allons faire,
13:54aussi bien au bureau à l'antenne de Dunkerque que à Calais.
13:59À Dunkerque, avec 14 enquêteurs de plus,
14:02et il manquait 6 enquêteurs ici sur Calais,
14:06qui devront donc être, comment dirais-je, fléchés
14:10sur Calais, sur l'Ultime.
14:13C'est des moyens importants,
14:14parce que les enquêteurs, d'abord, c'est compliqué,
14:17ça exige un niveau d'exigence,
14:20un niveau d'expertise très important.
14:23Voilà, donc 3 paquets,
14:25vous voyez que ce sont des chiffres considérables
14:27en matière, très précisément, de force de l'ordre,
14:30mais aussi en matière de soutien aux élus,
14:34aux communes, aux départements,
14:36mais aussi pour la population avec le fonds d'indemnisation.
14:39Ca, c'est un point qui est important.
14:42Mais ça ne suffit pas.
14:44Ca ne suffit pas parce que tout ne peut pas se réduire,
14:48se régler à coût d'effectifs supplémentaires
14:52ou à coût de financements complémentaires.
14:56Si on ne sort pas de cette logique
14:58dans laquelle nous sommes depuis des années,
15:01on va courir après le problème en permanence
15:04et il y aura d'autres morts.
15:05Et ça, je ne le souhaite pas.
15:07Que faut-il faire, donc ?
15:09Je pense qu'il y a 2 choses à faire.
15:12Là, pour aller directement,
15:14non plus au traitement des conséquences,
15:16mais au traitement des causes.
15:18Le 1er point, c'est changer,
15:22modifier la relation avec les Anglais,
15:26avec le Royaume-Uni.
15:28Pourquoi ?
15:30Pour le dire de façon très précise,
15:34la relation entre la France et le Royaume-Uni,
15:38elle ne peut pas se résumer
15:41à la simple sous-traitance du gardiennage de la frontière.
15:45Ca, ça n'est pas possible.
15:46Ca n'est pas possible.
15:48Si autant de migrants souhaitent traverser la Manche,
15:53c'est parce que le modèle britannique est très attractif
15:57et on en connaît les éléments de l'attractivité
16:00et que, pour l'instant,
16:01nos amis britanniques n'ont jamais rien fait
16:04pour que l'attractivité de ce modèle soit remise en cause.
16:09C'est la 1re raison.
16:12Tant que cette raison ne bouge pas,
16:14il n'y a pas de raison que le flux
16:16ne soit pas alimenté de plus en plus.
16:19Ca, c'est fondamental.
16:21Bien sûr que nous exigerons des financements.
16:25La France ne peut pas supporter seule.
16:27Et la France n'a pas à supporter, encore une fois,
16:29cette sous-traitance et les coûts qui en sont afférents
16:33de tout ce que je viens de vous dire.
16:35Donc c'est ce que je dirais à Yvette Coupert
16:36qui viendra le 9 décembre prochain à Calais.
16:39Et j'espère qu'on aura l'occasion d'une rencontre avec les élus
16:42pour qu'elles-mêmes entendent les déléances
16:45de ceux qui sont en 1re ligne sur le terrain
16:48et qui se font l'écho des souffrances
16:51de leur propre population.
16:54Donc ça, c'est quelque chose d'absolument fondamental pour moi.
16:58Il y a un bras de fer à engager.
17:00J'espère que nous n'arriverons pas là.
17:03Mais on doit changer cette relation
17:05si on veut changer de braquet
17:07et si, justement, on veut un cadre nouveau.
17:112e élément, je parle de cadre nouveau.
17:13Là encore, la question,
17:16c'est de sortir du face-à-face France-Angleterre.
17:21Pourquoi ?
17:22Parce que je pense que cette frontière-là,
17:25je parle devant un spécialiste, un très bon connaisseur,
17:29qui est Jean-François Rappin, qui est sénateur,
17:31qui préside la Commission européenne du Sénat.
17:35On en a souvent parlé.
17:37Mais la frontière entre la France et le Royaume-Uni,
17:39c'est la frontière commune extérieure de l'Europe.
17:42Pourquoi la France seule ?
17:45Pourquoi la France seule, puisque désormais,
17:47le Royaume-Uni n'est plus un Etat membre,
17:49devrait supporter tout le poids
17:51de la défense de cette frontière extérieure ?
17:53Ca, ça n'est plus possible.
17:55Donc ma proposition,
17:57celle que je ferai à Yvette Cooper,
17:58et je vous dirai dans quel cadre je la ferai,
18:00le lendemain, d'ailleurs, du 9, le 10, à Londres,
18:03c'est que de cette relation exclusive,
18:07de ce face-à-face entre la France et l'Angleterre,
18:10nous le transformions demain
18:12en une relation beaucoup plus équilibrée
18:15entre le Royaume-Uni d'un côté
18:18et l'Union européenne de l'autre.
18:20Pourquoi ? C'est la frontière extérieure.
18:22Pourquoi ? Parce que sur l'ensemble
18:25de l'immigration irrégulière, de l'ensemble des flux,
18:28vous prenez les 27 pays européens,
18:29vous prenez l'Europe dans son entièreté,
18:3330 %, c'est la part de l'immigration
18:36qui vient sur cette frontière dont je vous parle,
18:38ça représente 30 % des flux irréguliers
18:41de toute l'Europe. Vous vous rendez compte ?
18:4330 %.
18:44Donc c'est pas à la France de régler ce problème.
18:47Parce que ces migrants, ils viennent pas de chez nous.
18:50Ils passent par la frontière belge,
18:52ils passent par la frontière allemande,
18:55un peu par la frontière suite,
18:56de moins en moins par la frontière italienne
18:58qui est désormais mieux surveillée.
19:00Mais on a un vrai souci.
19:02Voilà ce que je voulais dire très rapidement
19:04sur ce changement de cadre.
19:06C'est fondamental.
19:07Je rappelle et je conclue pour dire
19:09que si on veut traiter les causes,
19:12c'est en même temps les causes générales
19:14d'une politique migratoire que je suis en train de refonder.
19:18Je vous la rappelle très rapidement.
19:20Je pense qu'elle doit être là encore globale.
19:23Globale.
19:24C'est-à-dire qu'il y a la dimension internationale.
19:28Je multiplie, nous multiplions des accords bilatéraux
19:33avec des pays pour pouvoir éloigner
19:36et pour pouvoir avoir des laissés-passer consulaires.
19:39C'est la raison pour laquelle j'ai désigné
19:41Patrick Stefanini comme représentant spécial.
19:45Il devra multiplier ses accords
19:48et ses accords de nouvelle génération
19:49n'ont plus rien à voir avec les accords
19:51d'il y a une vingtaine d'années.
19:53Ce sont des accords très techniques,
19:55très précis, très administratifs,
19:57qui exigent une très grande connaissance
20:00des mécanismes de réadmission.
20:02Patrick Stefanini est un des grands spécialistes
20:04de l'immigration.
20:05C'est cette tâche que je lui ai confiée.
20:07Donc le niveau international.
20:08Ensuite, il y a le niveau européen
20:11avec 2 textes qui sont importants.
20:13La transposition du paquet immigration-asile,
20:18très bien, mais qui sera utile, notamment,
20:19pour les frontières extérieures,
20:20mais surtout, surtout,
20:23la renégociation de la directive retour.
20:26Cette directive, elle est mal nommée,
20:28puisque c'est l'assurance du non-retour,
20:31puisqu'elle donne aux clandestins
20:35en situation irrégulière
20:36la possibilité d'un délai volontaire de départ.
20:40Autant dire que ça efface totalement, totalement,
20:44la possibilité d'un contrôle efficace à nos frontières.
20:48Cette directive retour a été prise et transposée en 2008,
20:53et ça fait des années qu'on cherche à la renégocier.
20:58Eh bien, nous avons obtenu qu'elle soit renégociée
21:01dans les 1ers mois de la présidence polonaise,
21:04puisque la Pologne prendra la présidence de l'UE
21:06à partir du 1er janvier prochain.
21:08Et ça, c'est fondamental pour maintenir nos frontières.
21:12Voilà. Et 3e élément, bien sûr, qui sont l'international,
21:17le niveau européen, le niveau national,
21:19avec 2 circulaires.
21:21Une 1re circulaire que j'ai signée,
21:23que les préfets ont reçue il y a quelques semaines,
21:27une circulaire de pilotage.
21:29Ensuite, une autre circulaire qui sera signée par moi,
21:33qui prendra la suite de la circulaire Valls
21:35en matière de régularisation,
21:37estudiantine, familiale, professionnelle, métier.
21:43Et puis, des textes, la transposition du paquet,
21:46je vous le disais, européen.
21:47Et il faut un nouveau texte.
21:49Natacha Bouchard en a parlé ce matin.
21:51J'estime, par ailleurs, qu'il faut rétablir
21:55ce que François Hollande avait supprimé en 2012,
21:59c'est-à-dire le délit de séjour irrégulier.
22:02Parce que ça nous donnera des pouvoirs d'enquête
22:05qui permettront, par exemple,
22:07quand on a les téléphones portables,
22:09de procéder à l'identification.
22:11Qui procédons...
22:12Enfin, qui permettront surtout aussi
22:15de lutter beaucoup plus efficacement
22:16contre les filières illégales.
22:19Voilà ce que je voulais vous dire.
22:21L'objectif de ce texte-là,
22:23c'est qu'on s'assure, au moment où tous les pays européens
22:26sont en train de durcir leur législation,
22:28que ce soit les gouvernements conservateurs,
22:30que ce soit les gouvernements sociodémocrates,
22:32moi, je ne veux pas que la France soit plus attractive.
22:34Et je veux que, sur chaque dispositif,
22:37on s'assure qu'on est bien dans la moyenne européenne,
22:40pas plus.
22:41Parce que sinon, on crée des appels d'air.
22:43Parce que sinon, on est plus attractif.
22:45Si on veut maîtriser l'immigration,
22:48et c'est ce que nous demandent les Français,
22:50les Français de gauche et de droite,
22:52quand vous regardez tous les sondages désormais,
22:55alors que les Français sont corréleurs,
22:57alors qu'il y a tant de sujets qui nous divisent désormais,
23:00le sujet migratoire crée quelques polémiques
23:03dans le microcosme parisien, médiatico-politique.
23:07Mais les Français, à plus de 70%, 75%,
23:11réclament une fermeté migratoire.
23:13Et les Français les plus modestes.
23:15Parce que ceux-là, ils n'ont pas suffisamment d'argent
23:19pour habiter les beaux quartiers,
23:20pour se préserver du désordre migratoire.
23:23Ils n'ont pas suffisamment d'argent
23:25pour placer leurs enfants dans les bonnes écoles.
23:27C'est eux qui subissent, en 1re ligne,
23:30les conséquences de tous ces désordres-là.
23:32Et c'est pour eux aussi, et d'abord, que je me bats.
23:37Voilà ce que je voulais vous dire un peu longuement.
23:42Tu veux dire un mot ?
23:46Des questions, puis au gré des questions...
23:49Emmanuel Michel, journaliste pour M6.
23:51Vous parliez de la relation avec l'Angleterre
23:53et de ce qu'il va falloir négocier.
23:55On sait qu'il y a ces accords du Fouquet qui sont là,
23:58qu'il y a une dépendance, en tout cas, économique
24:01dans la gestion de la frontière de l'Angleterre.
24:03Comment comptez-vous vous y prendre ?
24:07Puisqu'ils ne seront pas obligés de dire oui
24:09à tout ce que vous demandez ou d'aller dans votre sens ?
24:13Puisqu'ils ont leur politique, leur gouvernement à eux,
24:16ils ne sont plus dans l'Europe. Voilà.
24:19C'est le sens du bras de fer.
24:22J'ai un point que je veux préciser.
24:26Puisqu'en fait, il y a 3 Etats.
24:28Il y a ma visite d'aujourd'hui,
24:30il y a le 9 décembre prochain la visite de mon homologue
24:34Yvette Cooper et ensuite, à Londres, le lendemain,
24:38la réunion du groupe de Calais que j'ai demandé.
24:41Le groupe de Calais, c'est quoi ?
24:43Historiquement, c'est les Pays-Bas,
24:45c'est l'Allemagne, la Belgique, la France et le Royaume-Uni.
24:50On va y adjoindre l'Irlande et on va y adjoindre...
24:53Il ne peut pas venir, mais il m'a donné son accord,
24:56je l'ai vu il y a 3 jours, le nouveau commissaire européen,
24:58nouvellement investi par le Parlement européen,
25:01Magnus Brunner, c'est un Autrichien qui partage
25:05le point de vue, l'analyse que j'ai pu vous développer
25:08il y a quelques instants.
25:11Le groupe de Calais, il sera chargé, justement,
25:13de préparer cette relation nouvelle
25:16entre l'Union européenne et puis le Royaume-Uni.
25:21Mais le bras de fer, c'est assez simple.
25:25C'est qu'à un moment donné,
25:27et je sais que c'est la position de Xavier, Bertrand et d'autres,
25:31mais si les choses ne progressent pas,
25:34eh bien, on dénoncera les accords du Touquet.
25:40Les choses sont claires.
25:42Où il y a, de part et d'autre, une volonté d'avancer
25:46et une volonté de trouver un juste équilibre.
25:49Je ne doute pas que cet accord soit possible.
25:53A ce moment-là, il y aura un accord plus général
25:57avec 2 voies, si j'ose dire, une voie d'admission légale,
26:01parce que le problème, c'est que depuis le Brexit,
26:04le Brexit a détruit toutes les relations migratoires
26:08que nous avions avec l'outre-Manche,
26:11y compris les admissions légales. D'accord ?
26:14Donc l'idée de cet accord UE-UK,
26:19c'est qu'on ait une voie d'admission légale,
26:22avec des critères en termes économiques,
26:25de regroupement familial, de public vulnérable,
26:28je pense aux mineurs, vers l'Angleterre,
26:30mais qu'il y ait aussi des réadmissions.
26:32Pour dissuader ces réadmissions, il est hors de question
26:36que la France porte le poids de ces réadmissions.
26:40En clair, ça doit être partagé avec nos voisins,
26:43l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas,
26:46parce que, comme je vous disais tout à l'heure,
26:49les migrants viennent de ces frontières-là.
26:51Donc, bien sûr qu'il y a un bras de fer.
26:54Il y a un bras de fer, puisqu'il y a des intérêts
26:56qui ne sont pas les mêmes.
26:57Mais aujourd'hui, on le voit bien, la question principale,
27:00c'est pas le problème des accords du Touquet, fondamentalement,
27:03c'est qu'il y a un modèle socio-économique anglais
27:07qui est fondamentalement attractif.
27:11Ont-ils modifié leur législation
27:13ou font-ils appliquer la législation
27:15en matière de droits du travail ?
27:18Voilà. C'est ces questions-là qu'on doit remettre à plat.
27:21Et vous ne pouvez pas influer sur le modèle socio-économique
27:24ou d'attractivité d'outre-Marche ?
27:27Non, mais on peut faire plus ou moins d'efforts
27:31sur cette fameuse sous-traitance du gardien d'âge de la frontière.
27:35Vous voyez ?
27:36Et ça, c'est un levier qui a sa force, je le pense.
27:40M. le ministre, l'idée, ce serait finalement
27:42d'aller dans les voies légales d'immigration ?
27:45Mais, écoutez, est-ce que vous avez à peu près
27:4970, 71 %, je pense, qui passent et...
27:54Pardon ?
27:56Qui sont admis.
27:57Qui sont admis, minimum.
27:58Mais tous ceux qui passent sont admis, dans ce modèle.
28:01Tous ceux qui passent sont admis.
28:03Ca veut dire que s'ils ne reviennent pas,
28:05ça veut dire qu'il y a une admission.
28:08Donc, plutôt que les uns et les autres meurent,
28:12je dis aux Britanniques,
28:14créons dans un nouveau cadre, réfléchis, avec des critères.
28:18Ils ont leur souveraineté, ça, je la respecte.
28:20Parce que je demande la même chose pour nous, la France,
28:22en matière migratoire.
28:24Mais créons une voie d'admission légale.
28:28Il est calme ?
28:30Non, mais l'admission...
28:31Ca peut être... Non.
28:32Si c'est une admission légale, là, c'est pas le problème.
28:35Il peut y avoir plusieurs voies physiques, si j'ose dire.
28:38Je vous rappelle que, voilà, il y a l'avion,
28:41il y a le train, il y a la mer.
28:43Après, c'est pas le problème du moyen terrestre, aérien ou maritime.
28:48C'est le problème du cadre juridique.
28:50Et c'est ça, c'est ce qu'il faut qu'on pose.
28:54Tant qu'on reste dans le cadre dans lequel on se débat,
29:00on va améliorer la situation.
29:01On va faire énormément d'efforts, je l'ai dit.
29:03Je me suis engagé, parce que c'est du court terme, ça.
29:07Natacha Bouchard, Stéphane et les maires qui sont derrière moi,
29:11ils supporteraient pas que je leur dise simplement
29:14pas de problème, on va tout changer,
29:17demain, on reste gratis.
29:19Non. On agit maintenant et on agit précisément,
29:23voilà, sur ces 3 paquets,
29:24mais ça nous empêche pas aussi d'avoir la perspective
29:29et de ce qu'il faut vraiment pour nos 2 pays.
29:32Et je crois que le Royaume-Uni peut aussi être gagnant,
29:36puisqu'encore une fois, il y a besoin de main-d'oeuvre,
29:39il y a un certain nombre de besoins,
29:40et il y a des réunifications familiales, on le sait bien.
29:43C'est ce qui attire aussi les mineurs et d'autres.
29:47Les élus ont réclamé aussi la création
29:49d'un lieu d'accueil humanitaire éloigné de la côte.
29:53Qu'en est-il ?
29:55Ah non, mais on a un dispositif, je l'ai visité ce matin,
30:01l'Etat fait beaucoup, beaucoup pour nourrir, pour héberger,
30:06et il y a des centres d'hébergement, il y a 145 places,
30:09on en parlait, etc.
30:11Il est hors de question de recréer un point de fixation.
30:14Enfin, pas recréer, attendez.
30:16Ca, ça signifierait qu'on recrée sur un point du territoire,
30:21peu importe qu'il soit tout près de la mer
30:24ou un peu plus éloigné de la mer.
30:25Ce serait catastrophique,
30:27ce serait un formidable retour en arrière.
30:29Là, très franchement, je le dis comme je le pense,
30:31ça n'exclut pas tous les efforts de l'Etat,
30:34il y en a pour 20 millions d'euros,
30:36tous les efforts que l'Etat fait actuellement,
30:39en termes de nourriture, en termes de soins,
30:42et quand je dis 20 millions,
30:43je ne comprends même pas les soins à l'hôpital,
30:47en termes d'hébergement.
30:48Mais il est hors de question de créer à nouveau un appel d'air
30:52en disant, voilà, on va faire un campement, etc.
30:55Ca, non.
30:57Mais c'est visiblement insuffisant,
30:58puisque, encore une fois, les maires continuent de réclamer
31:00un meilleur accueil humanitaire
31:01de tous ces migrants qui sont sur la côte.
31:05Cette dimension humaine de dignité,
31:08l'Etat la prend en compte.
31:10Mais ne comptez pas sur moi pour encourager des formules
31:14qui développeraient l'attractivité
31:15et qui renforceraient le problème.
31:18Vous savez, je me méfie, moi, d'une fausse générosité
31:23qui conduit au laxisme
31:24et qui conduit à aggraver les problèmes.
31:26Moi, ce que je veux,
31:27c'est qu'on règle au fond cette question-là
31:30pour que demain,
31:31il n'y ait pas à nouveau de plus en plus de noyés.
31:35C'est ça. Voilà.
31:37Il y a de plus en plus de noyés.
31:40C'est bien.
31:41Et pourtant, il y a toujours eu ce discours de fermeté.
31:45Vos prédécesseurs sont venus dans la région
31:47pour parler de fermeté aussi.
31:49Ils ont développé des moyens.
31:50Ca n'a jamais fait baisser la mortalité.
31:53Elle augmente plutôt dans les traversées.
31:54Mais c'est bien, parce que j'ai compte d'abord
31:58les moyens que je vais mettre à disposition
32:01dans l'histoire.
32:03Il n'y en a pas eu beaucoup à ce niveau-là.
32:06Ensuite, c'est bien parce que ce que vous me dites,
32:09c'est exactement ce que je vous dis.
32:11Je suis en train de vous dire
32:12que si on ne sort pas du modèle actuel,
32:14c'est mort.
32:16On n'y arrivera pas.
32:18On n'y arrivera pas.
32:19Donc voilà, il faut bouger.
32:21Il faut changer la donne.
32:23Moi, je veux essayer de changer la donne.
32:24Je ne suis pas en train de vous dire
32:25que j'ai une baguette magique
32:26et demain, tout sera résolu.
32:27Certainement pas.
32:29Simplement, je vois la perspective
32:30et je vois la route, le chemin qu'on doit prendre
32:33si on veut vraiment changer les choses.
32:35Une dernière question
32:37parce qu'après, il va vraiment falloir...
32:40Vous évoquiez l'affectivité de la Grande-Bretagne.
32:45Il y a un autre phénomène, une autre cause
32:47qui amène les gens aussi à la frontière britannique.
32:50C'est la procédure du blanc.
32:51C'est la seule issue pour certaines personnes
32:53qui ont déposé l'asile
32:54et qui restent dans le hôtel pour ce moment.
32:56Franchement, c'est une question un peu technique.
33:00Très franchement, cette question, elle est totalement dépassée.
33:05C'est pas du blanc, respect ou non,
33:07qui améliorera quoi que ce soit.
33:09On est déjà sous des procédures du blanc.
33:12Les choses sont en train de changer, d'ailleurs,
33:14du point de vue de la législation européenne.
33:16Très franchement, ça n'est pas la voie de recours.
33:19Ca, c'est une fausse bonne idée.
33:23C'est très parti des propositions, notamment, du Vélu.
33:25Oui, bien sûr.
33:26Bien sûr, bien sûr.
33:28Moi, j'ai le recul, notamment européen,
33:31et je vois bien ce qui se passe
33:33puisque quand je rencontre mes collègues ministres d'Intérieur,
33:36les différents Etats membres.
33:37Je voudrais peut-être que...
33:38Oui, pardon, je sais que je dois aller à Boulogne.
33:41J'aimerais que peut-être Xavier et Natacha puissent s'exprimer.
33:46Natacha, puis Xavier, après.
33:49Alors, François.
33:51Je pense qu'on peut, si c'est le cas, changer de place.
33:55Pardon ?
33:58Bon, ce que je vous propose, c'est qu'ils feront un micro tendu.
34:01Tu feras...
34:02Alors, attends, tu veux ?
34:04Ah, la police. J'ai oublié, bien sûr.
34:06J'ai oublié un des engagements.
34:08J'ai oublié un des engagements puisque les transports,
34:11la police des transports, sécurisation des transports.
34:15Merci, Natacha, de suivre.
34:19On aura, là aussi, un certain nombre de points.
34:23On aura 26 effectifs
34:25qui vont être dédiés à la police des transports.
34:28Voilà, police des transports.
34:29Ca fait partie du 1er paquet.
34:31C'est une petite ligne que j'avais oubliée,
34:33mais Natacha ne l'a pas oubliée.
34:36Le ministre ne connaît pas le transport ferroviaire.
34:39Non, non, train et bus.
34:40Non, non, train et bus.
34:42Train et bus.
34:43Les deux.
34:44Les deux.
34:45Natacha.
34:46Tiens, viens.
34:57Alors, au nom du collectif,
34:58je tenais à remercier le ministre de l'Intérieur
35:03d'être arrivé déjà hier en fin de soirée
35:08pour diagnostiquer et partager, en fait,
35:15notre vécu à nous, élus, habitants,
35:19forces de l'ordre et de sécurité,
35:22et pouvoir aussi avoir les témoignages
35:27des différentes personnes impliquées
35:30dans la partie aussi humanitaire,
35:33mais aussi, voilà, les difficultés
35:36dans lesquelles nous exerçons, en fait, nos mandats.
35:41Et si, aujourd'hui, il y a un appel collectif
35:48des maires du littoral,
35:50c'est parce que, très clairement,
35:52nos habitants sont dans un seuil d'insupportabilité.
35:56Et que nous sommes en fin, effectivement, du cycle,
36:00et qu'il faut pouvoir améliorer la situation.
36:06Alors, rapporté à ce qui a été proposé par le collectif,
36:11plusieurs mesures ont été validées,
36:15directement ou indirectement.
36:17Alors, on pense au préfet à immigration,
36:21qui est, en fait, préfet des Sécurités,
36:25donc, qui pourra, et défense,
36:28qui sera, donc, notre interlocuteur,
36:32à côté, bien sûr, de nos préfets d'arrondissement,
36:35mais qui permettra, quand même,
36:37d'avoir une vision très complémentaire,
36:41puisque nous sommes, en fait, sur 4 arrondissements.
36:45Ensuite, la police des transports est, pour nous,
36:47un élément essentiel pour rassurer l'ensemble des habitants
36:54qui utilisent nos transports,
36:56donc, auprès de la région,
37:01auprès, donc, des différentes compagnies
37:05en fonction des collectivités.
37:08Donc, ça, c'était un point vraiment déterminant pour nous.
37:12Des renforts de sécurité,
37:15qui sont annoncés des forces de l'ordre supplémentaire,
37:19donc, au niveau des commissariats, de la PAF,
37:23mais aussi des investigations pour la lutte contre les passeurs.
37:28Ces gens sont là, en fait, pour faire de l'économie,
37:32de la traite humaine, les emmènent à la mort
37:37et font aussi créer un climat d'économie parallèle
37:43que nous voulons éradiquer sur nos territoires,
37:47parce que nous en avons assez,
37:49qu'on utilise, en fait, nos territoires
37:53comme ce terrain de jeu de traite humaine
37:56pour les emmener, en fait, se noyer.
38:01Actuellement, il faut 7 minutes
38:03pour être en hypothermie
38:07et donc engager les pronostics vitaux
38:12de ces pauvres gens.
38:14Pour autant, pour pouvoir affronter ces difficultés,
38:21il faut effectivement que ça puisse passer
38:23par des mesures d'éloignement,
38:25mesures d'éloignement de la bande littorale,
38:30en les termes du ministre,
38:32le rétablissement du délit de séjour irrégulier,
38:34qui permet effectivement à pouvoir donner aux forces
38:39de l'ordre d'investigation des moyens
38:41pour lutter contre ces passeurs
38:44et ces filières diverses et variées
38:48qui vivent, en fait, de cette traite humaine.
38:52Et donc, dans l'immédiateté,
38:55c'est vrai que ces mesures nous permettent
38:59d'avoir en soi, dans notre quotidien,
39:01déjà une réponse,
39:02et on pourra suivre avec le collectif
39:04quelles sont les évolutions concrètes
39:07et la façon, en fait, dont sont déployées
39:10et dont les résultats pourraient déjà être constatés.
39:15Le volet, bien évidemment,
39:18c'est comme quand on soigne une maladie.
39:20Si on n'en soigne pas la cause,
39:24voilà, on a du mal à guérir.
39:27Et elle vient essentiellement, en fait,
39:30du dispositif qui est mis en place par les Britanniques
39:35et qui nous contraigne à devoir subir pour eux,
39:39depuis tant d'années,
39:41eh bien, la régulation hypocrite, en fait,
39:46de leur immigration,
39:49alors que, moi, je vous mets au défi,
39:52de façon nationale, voire internationale,
39:55à nous dire quel est le migrant qui est revenu,
39:59par voie légale britannique,
40:01de retour en France.
40:03Zéro. Zéro.
40:04Et donc, je suis même incapable,
40:06au moment où je vous parle, de vous dire
40:07combien sont passés depuis 30 ans,
40:11quel est le nombre de migrants qui sont passés par Calais
40:15ou par Sangatte, à l'époque,
40:18et qui sont revenus.
40:21Aucun. Donc, ils ont tous été légalisés.
40:25Donc, à partir de là, c'est vrai qu'on est en droit
40:29de se dire, on veut remettre en cause
40:33les accords du Touquet.
40:35Pourquoi ? Parce que c'est un moyen
40:38de fortement...
40:41Pas de chantage, mais c'est un vrai bras de fer
40:44que nous demandons aujourd'hui
40:47aux ministres de l'Intérieur
40:50de ne pas céder sur des points
40:56qui permettraient simplement
40:59au gouvernement britannique
41:01à, évidemment, réaligner
41:05un certain financement conséquent,
41:10mais qu'il soit impérativement accompagné
41:14de mesures très concrètes
41:18qui puissent, en fait, nous donner aussi
41:22l'espoir à pouvoir réduire, en fait,
41:27le nombre de personnes migrantes
41:29et le flux, en fait, migratoire
41:32qui augmente par cet appel d'air
41:35essentiellement britannique.
41:37Donc, sur l'essentiel,
41:40c'est vrai des propositions qui ont été faites.
41:46En l'Etat, si toutes les propositions
41:50qui nous ont été faites aujourd'hui
41:52en réponse à nos sollicitations
41:55sont suivies des faits,
41:58ce sera le déplacement
42:02le plus positif que le territoire
42:07et que nos habitants pourront, en fait, avoir
42:11comme bénéfice au niveau du littoral.
42:15Et je passerai la parole au président de la région
42:18puisqu'en ce sens, c'est lui, en fait,
42:21qui aura à répondre
42:24de la façon dont il le souhaite dans un instant.
42:28Merci, Natacha. Merci.
42:29Et puis, merci au maire qui m'a accompagné.
42:32J'ai été...
42:34Ils n'étaient pas là, malheureusement,
42:35mais ils ont donné des témoignages
42:40où chaque nuit, ils se réveillent.
42:43Et oui, parfois, il faut aller constater des morts, etc.
42:46Et c'est eux qui sont en première ligne.
42:48C'est aussi pour eux qu'on fait ça et pour la population.
42:52Xavier, juste quelques mots.
42:56Je connais bien Bruno Retailleau.
42:59C'est quelqu'un qui veut faire et qui va faire.
43:03Il va mettre en oeuvre ce qu'il a dit.
43:07J'en suis convaincu.
43:09Tout ça va nous permettre de traiter les conséquences
43:12de cette crise migratoire.
43:15Mais le vrai sujet, le sujet de fond,
43:18et je souhaite qu'il ait le soutien
43:19de l'ensemble du gouvernement,
43:22c'est d'engager le bras de fer avec les Britanniques,
43:25c'est de gagner ce bras de fer avec les Britanniques.
43:28De le gagner.
43:29Et pour cela, vous connaissez ma position.
43:32Il faut être prêt à dénoncer les accords du Touquet
43:35pour obliger les Britanniques à se mettre autour de la table
43:39et à obtenir ce que nous attendons depuis des années.
43:42La question a été posée tout à l'heure
43:45sur la responsabilité des noyés.
43:48Qui est-ce qui a posé cette question ?
43:50Un tabloïd anglais ?
43:52Parce qu'il y en a marre de l'hypocrisie des Britanniques.
43:56Les responsables de ces drames,
43:58ce sont les passeurs et ce sont les Britanniques.
44:00Et tout le monde le sait.
44:02Et la seule façon de régler ce problème,
44:04c'est de tordre le bras aux autorités britanniques.
44:07Les gouvernements succèdent, c'est toujours la même logique.
44:10Ils prennent un maximum de migrants,
44:12ils les font travailler,
44:13ils les payent avec un lance-pierre.
44:15Et ça les arrange bien
44:16parce que ça contribue à la compétitivité de leur économie.
44:19Voilà pourquoi, au final, ils passent,
44:22comme l'a dit Natacha, ils ne reviennent pas.
44:24Et vous avez des dizaines de morts,
44:25il y en aurait un que ce serait déjà trop.
44:27Mais les patrons britanniques qui les embauchent,
44:30ces migrants illégaux, ils arrivent à dormir ?
44:32Ils arrivent à dormir avec ces morts sur la conscience ?
44:34Parce que c'est ça, la réalité.
44:36Et nous, on se fait engueuler par les tabloïds
44:37parce qu'on ne garderait pas assez bien
44:39la frontière britannique pour leur compte ici en France.
44:41Alors ça commence à bien faire.
44:43Le ministre a raison d'engager ce que nous devons faire
44:46pour traiter les conséquences.
44:48Il a raison de venir avec la ministre britannique.
44:51Mais si nous voulons vraiment régler le problème,
44:54on ne peut pas continuer comme ça.
44:55Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
44:57Les Britanniques nous font un chèque.
44:59Ils règlent une partie. Vous savez ce qu'ils règlent ?
45:01À peine la moitié de ce que ça nous coûte aujourd'hui.
45:03On est dans une équation budgétaire
45:05des plus difficiles qui soit.
45:06Il y a près de 500 millions d'euros
45:08qui manquent au compteur de ce que nous doivent
45:10les Britanniques avec les accords.
45:12500 millions d'euros.
45:14Et quand il y a 20 millions d'euros que paye l'Etat
45:16pour assurer la prise en compte humanitaire,
45:19parce qu'effectivement, Bruno Retailleau a raison de le dire,
45:22il y a aussi aujourd'hui une logique d'humanité
45:24dans l'action qui est la nôtre.
45:2520 millions d'euros, c'est à la France de les payer ?
45:27Non, c'est aux Britanniques de les payer.
45:30Et quand on pleure pour avoir du matériel nouveau,
45:31les procédures du côté britannique sont tellement longues
45:34qu'il nous faut parfois attendre des années
45:35pour que ce soit réglé.

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