Réforme des retraites : "ce gouvernement est le premier qui va mettre fin aux régimes spéciaux"

  • l’année dernière
A propos de la réforme des retraites : "Il est normal aujourd’hui que le Sénat veuille s’approprier une loi qu’il a portée, c’est la raison pour laquelle, in fine, les LR seront amenés à la voter" répond François Patriat président du groupe RDPI-Renaissance au Sénat, sénateur de la Côte-d’Or, au président du Sénat Gérard Larcher.


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Transcript
00:00 Et on accueille François Patria en direct. Bonjour, merci beaucoup d'être notre invité politique ce matin.
00:05 François Patria, sénateur de la Côte d'Or, président du groupe RDPI,
00:08 renaissance des sénateurs de la majorité présidentielle.
00:11 On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la presse régionale.
00:14 Bonjour, Julien Lécuyer de La Voix du Nord.
00:16 – Bonjour, Auriane de Public Sénat. Bonjour, M. Patria.
00:20 – Bonjour.
00:20 – Et on va évidemment parler de la réforme des retraites.
00:23 Le texte qui sortira ne sera pas celui du gouvernement mais celui du Sénat.
00:27 C'est ce que dit ce matin Gérard Larcher dans les colonnes du Figaro.
00:30 C'est un avertissement au gouvernement et à la majorité présidentielle ?
00:34 – Non, c'est une volonté que je peux comprendre.
00:36 Le Sénat, depuis plusieurs années, dépose chaque année un amendement
00:40 dans le projet de loi de finances de la sécurité dans lequel il propose d'ailleurs 65 ans secs.
00:47 Sans mesure annexe. 65 ans secs.
00:50 Or, on peut quand même penser qu'aujourd'hui,
00:57 il y a un peu de changement par rapport à cette demande.
00:59 Quand on voit les demandes réitérées des Républicains à l'Assemblée
01:02 et quand on voit les demandes des Républicains ici au Sénat.
01:06 – Là, ce qui est dans le texte se rapproche de ce que veulent les Républicains.
01:09 – Il est normal aujourd'hui que le Sénat veuille s'approprier cette loi en disant
01:14 "nous l'avons portée, c'est notre loi, c'est la raison pour laquelle
01:17 je pense qu'in fine, les Républicains seront amenés à la vôtre".
01:20 – Il y a un peu de satisfaction chez eux, on le sent.
01:22 Ça fait quand même quelques années qu'ils le proposent,
01:26 ça fait quelques années que le gouvernement le refuse et là, ils ont la main.
01:29 Vous pensez qu'ils vont en profiter ?
01:30 – Le gouvernement le refusait jusqu'à présent parce qu'il avait proposé une autre réforme des retraites.
01:35 Il y avait mon accord à l'époque.
01:38 Donc on n'acceptait pas cette réforme paramétrique puisqu'on était sur une réforme systémique.
01:42 Donc maintenant, le gouvernement a considéré que, compte tenu de l'urgence qu'il y avait
01:46 à mettre de l'équilibre dans les comptes des caisses de retraite,
01:51 il fallait une réforme paramétrique.
01:53 Bien, elle rejoint effectivement, le chef de l'État l'a dit, Mme Borne l'a dit,
01:57 la proposition qu'ont fait les Républicains ici.
01:59 Donc, allez, qu'ils veuillent se l'approprier,
02:01 moi ce que je souhaite au bout du compte pour la majorité, pour le pays,
02:03 c'est qu'elles soient votées.
02:04 Donc ça ne me gêne pas.
02:05 – N'avez-vous pas quand même des craintes qu'ils aillent très loin
02:08 dans la réécriture du texte ?
02:11 – Je pense que la réécriture, non, ça sera quand même malgré tout difficile.
02:14 On voit bien d'ailleurs que c'est sur un ou deux points.
02:17 Il n'y a pas beaucoup de points.
02:18 – Oui, mais des sacrés points.
02:19 – Oui, mais des points sur lesquels qu'ils voudraient troquer
02:21 contre des mesures acquises à l'Assemblée.
02:23 Je prends par exemple les mesures des 43 ans pour les 14, 16, 18, etc.
02:27 – Carrière.
02:27 – Sur lesquelles ils voudraient peut-être revenir,
02:29 alors que l'engagement de dernière minute avait été pris en accord
02:32 avec l'Assemblée nationale, pour mettre à la place une mesure pour les femmes,
02:35 pour une surcote pour les femmes aujourd'hui.
02:37 Celle-là, elle coûte 300 millions.
02:39 Il y en a une autre, alors il y a d'autres mesures qui vont dans le bon sens.
02:42 – Non mais sur cette surcote pour les femmes après 63 ans,
02:45 est-ce que vous allez la voter ? Vous y êtes favorable ?
02:46 – Oui, je pense que nous y sommes favorables.
02:47 Je pense que si elle est proposée par les Républicains,
02:52 je pense que le gouvernement donnera un avis,
02:53 je pense, je ne sais pas, un avis favorable.
02:55 Je pense que nous la voterons.
02:56 – C'est une surcote, pour l'expliquer, c'est une surcote de 5% des pensions
03:00 pour une femme qui a un arrêt à 63 ans.
03:02 – En un mot, j'en explique, une dame qui a tout ses trimestres,
03:05 qui a 63 ans, pourrait prendre la retraite éventuellement,
03:08 mais si elle a 64 ans, elle aura une surcote.
03:12 – Elle pourrait ? Non, parce que l'âge légal reste quand même à 64 ans.
03:15 – Alors, l'âge légal est toujours aujourd'hui en discussion.
03:19 – Vous souhaitez qu'elle puisse quand même prendre sa retraite à 63 ans ?
03:21 – Moi, je souhaite qu'elle aille à 64 ans comme tout le monde
03:23 et qu'elle ait une surcote, bien entendu.
03:25 Mais il était prévu à l'origine, je verrai, la nature,
03:27 je n'ai pas vu l'amendement tel qu'il est aujourd'hui.
03:29 C'est un amendement que nous pourrons voter, oui, effectivement.
03:31 – Aujourd'hui, il y a toujours une question du départ anticipé.
03:34 Sur le CDI senior, parce que ça aussi, c'est un autre rapport
03:37 de la majorité sénatoriale, voté en commission,
03:39 est-ce que là, c'est quelque chose que vous pourriez voter aussi ?
03:41 – C'est quelque chose sur lequel nous pouvons avancer,
03:43 de même que la retraite progressive.
03:49 La retraite progressive me paraît aussi, et pour cela,
03:52 il faut que nous discutions largement au-delà de l'article 7.
03:55 Je viens d'entendre Mme Lubin à l'instant, j'ai compris
03:58 que la volonté de l'opposition, c'était que le texte ne soit pas voté.
04:01 Donc, qu'on le veuille ou non, ça veut dire qu'ils ont mis en place
04:04 une stratégie d'obstruction.
04:06 – Et le CDI senior, est-ce qu'on a une idée de combien ça pourrait coûter ?
04:08 Parce que c'est un allègement de cotisations, encore une fois,
04:11 j'allais dire, mais c'est des pertes fiscales pour l'État.
04:14 – Effectivement, alors là, déjà, il faut retrouver l'équilibre,
04:17 les 300 millions pour les femmes aujourd'hui,
04:18 si on laisse ce qui est à l'Assemblée nationale.
04:21 Parce qu'aujourd'hui, bien entendu, il y a les Républicains qui sont ici
04:24 et qui veulent voter leurs amendements et leurs textes,
04:26 mais il ne faut pas, dans le même temps, mécontenter les Républicains
04:29 à l'Assemblée nationale, qui seraient tentés de voter contre le texte
04:32 parce qu'on aurait défait l'assistance obtenue.
04:33 – Il y a un risque pour vous ? – Il y a l'équilibre.
04:35 – Il y a un risque que le vote des Républicains du Sénat
04:38 empêche les Républicains de l'Assemblée de voter le texte ?
04:40 – Pas tout, bien entendu, mais je dis que ça pourrait crisper
04:42 une partie du groupe des Républicains là-bas,
04:44 donc il faut garder cet équilibre aujourd'hui.
04:46 – Une autre question qui se pose, M. Patria, c'est qu'à force d'accorder
04:51 des mesures qui vont résoudre les injustices,
04:55 finalement, le bénéfice de la réforme se pose.
04:58 Il a déjà été réduit de 17 milliards à 10 milliards.
05:02 Il ne va pas falloir trouver des recettes complémentaires.
05:04 – Je vais vous donner les chiffres exacts, parce que je les ai repris hier soir.
05:07 Et je l'ai rencontré hier, les deux ministres.
05:10 L'accélération touraine, aujourd'hui, apporte 17 milliards 7.
05:15 En plus, il y a sur la caisse accident du travail et maladie professionnelle,
05:21 c'est 1 milliard 6. – 1 milliard, oui, plus d'un milliard.
05:22 – On est donc à 19 milliards 2.
05:24 Et il y a 5 ou 600 millions sur la scénaire ACL.
05:28 Donc on est près de 20 millions.
05:30 – 20 milliards, oui. – 20 milliards, pardon, excusez-moi.
05:33 On est près de 20 milliards.
05:34 Donc si vous retranchez de cela les milliards que nous accordons
05:39 dans les mesures compensatoires, et qui sont nombreuses,
05:41 dont personne ne parle, en tout cas pas l'opposition aujourd'hui,
05:44 pas les syndicats, on arrive à environ 6,5-7 milliards.
05:51 Donc ce qui fait qu'on arrive presque à 300 millions près,
05:55 aux 13 milliards et demi qui permettent d'équilibrer le système.
05:58 Donc il faudra trouver dans ce débat 300 millions
06:00 pour que le système soit à l'équilibre.
06:02 – Mais on les entend bien.
06:03 – Les recettes complémentaires que proposent les Républicains,
06:07 c'est par exemple une convergence plus rapide
06:09 sur les régimes spéciaux avec le régime général.
06:12 Une façon de gagner de l'argent assez rapidement.
06:14 – J'entends bien, mais pour ce qui me concerne, je n'y souscris pas.
06:17 Et je ne pense pas que nous le souhaiterons.
06:20 – Pourquoi ? – Parce qu'on a bien vu
06:22 qu'il y a un moment où il faut que la parole du Gouvernement soit respectée.
06:26 Et je pense que là, vous comprenez, pour la SNCF, on l'a fait.
06:30 La SNCF, on a changé le système, on l'a fait pour les nouveaux entrants.
06:34 Tous ceux qui ont signé, parce que quelqu'un qui rentre dans un métier,
06:36 que ce soit un métier du transport, de l'énergie ou autre,
06:39 qui a signé un bail, qui dit "je me regarderai assez de carrière",
06:41 je gagnerai peut-être moins carrière, je serai peut-être moins salarié,
06:44 j'aurai peut-être moins bonnes conditions,
06:46 mais je sais que je partirai plus tôt à l'époque, etc.
06:48 Ils ont signé.
06:49 Revenir sur la parole, me paraîtrait alors là,
06:52 mettre beaucoup d'huile sur le feu dans le débat aujourd'hui.
06:53 – Mais vous entendez les Républicains qui disent "c'est injuste",
06:56 c'est-à-dire que ces régimes spéciaux, on va mettre 70, 80 ans et les supprimer.
07:00 Entre la clause du grand-père et la durée de la retraite des gens
07:03 qui sont dans les régimes spéciaux, il y a une injustice.
07:05 Vous entendez ça ?
07:06 – J'entends surtout le fait que les Républicains ont été longtemps au pouvoir.
07:11 Ils n'ont jamais touché aux régimes spéciaux.
07:13 Alors je veux bien aujourd'hui être plus blanc que blanc,
07:16 mais malgré tout, ce gouvernement est le premier gouvernement
07:20 qui va mettre fin aux régimes spéciaux.
07:22 Ceux qui n'ont pas su le faire à l'époque,
07:26 il faudrait qu'on aille plus loin aujourd'hui.
07:27 Moi je pense que sur ce sujet-là, j'entends bien
07:31 qu'il va y avoir une colère populaire importante,
07:33 qu'il y aura des manifestations le 7,
07:34 que le pays peut être bloqué une journée,
07:35 tout cela, gardons l'esprit de responsabilité,
07:41 d'équilibre et de justice qu'il y a dans cette loi.
07:43 – Mais ça, vous n'y touchez pas parce que vous avez peur des blocages,
07:45 vous avez peur de la réaction de la rue ?
07:47 – Je vous l'ai dit, ça pour elle-même,
07:49 je vous le dis en premier lieu,
07:50 pour moi c'est une question de principe,
07:52 de l'engagement de prix.
07:53 Quelqu'un qui rentre dans des conditions,
07:54 changer la donne en cours de route, ce n'est pas possible.
07:56 – Mais cela dit, comme on le disait,
07:58 il reste la question de recettes supplémentaires,
08:01 où va-t-on trouver les moyens de rétablir cet équilibre ?
08:04 Jusqu'à 13 milliards dont vous parliez.
08:05 – Ça va être tout l'objet du débat cette semaine.
08:07 – Est-ce que par exemple, le sénateur Olivier Henault
08:11 parlait de signer un amendement pour augmenter d'un point la CSG ?
08:16 Sur le capital, ce qui pourrait rapporter 1,5 milliard.
08:20 – C'est une mesure, j'ai vu aussi des mesures qui ont été proposées
08:23 par le groupe MoDem à l'Assemblée, qui reviennent ici.
08:25 Non, le principe est clair, pas de taxes, pas de cotisations supplémentaires,
08:31 on fera sur des économies, sur d'autres secteurs à côté,
08:33 si on peut le faire, on le fait déjà avec la caisse aujourd'hui.
08:36 – Mais ça paraît, excusez-moi M. Patrillat,
08:37 je vous interromps deux petites secondes,
08:39 mais cette question du "pas d'impôts supplémentaires",
08:42 c'est un axiome en effet de la pensée gouvernementale.
08:45 Je ne sais pas si vous avez entendu les propos du gouverneur de la Banque de France
08:47 qui remettait en cause ce dogme et disait "un bon impôt, ce n'est pas un impôt supprimé"
08:54 et on a l'impression que vous baissez beaucoup d'impôts,
08:58 mais au final, on n'a plus les moyens de financer ce régime des retraites.
09:03 Est-ce qu'il n'y a pas… ?
09:04 – Tout est d'abord, les retraites ne doivent pas se financer par l'impôt, c'est clair.
09:08 Les retraites, elles se financent par le système cotisant,
09:11 un actif qui paye pour les retraités, c'est ça le principe.
09:14 – Bien, il ne vous a pas échappé que la France est le pays où on paie le plus d'impôts.
09:18 Il ne vous a pas échappé que la part des prélèvements obligatoires dans le PIB,
09:21 la plus élevée en France, est dans tous les autres pays aujourd'hui.
09:23 Et il me semble que la politique menée par le gouvernement
09:25 et par le chef de l'État Emmanuel Macron en particulier a donné des résultats.
09:29 Nous étions tombés en dessous du seuil des 3%, souvenez-vous.
09:32 Nous avons aujourd'hui le chômage des jeunes le plus élevé,
09:35 le chômage veut dire l'employabilité des jeunes la plus élevée que nous ayons jamais eue.
09:39 Nous en vivons à 7,2%.
09:42 La croissance, il y a aujourd'hui quand même une économie qui fonctionne
09:45 parce qu'il y a eu un signal donné de la politique de l'offre qui a été menée
09:48 et des baisses d'épaux qui ont profité à tout le monde.
09:51 La taxe d'habitation, ça a profité à tous les Français, tout le monde.
09:54 Mais je pense aujourd'hui, et d'ailleurs on a bien vu,
09:56 tous ceux qui créent pour leur établissement l'ISF,
09:58 que la suppression de l'ISF a ramené beaucoup plus d'argent dans les caisses de l'État
10:03 que l'ISF elle-même n'en rapportait.
10:04 – Mais vous allez trouver où du coup l'argent qui manque ?
10:07 – On peut faire des économies sur d'autres secteurs.
10:09 On va regarder, moi je n'ai pas encore vu, j'ai regardé tous les amendements
10:13 que nous allons étudier pendant 10 jours.
10:15 Mais vous avez bien compris, 20 milliards de trouvés pour le financement,
10:21 13 milliards et demi pour le déficit que nous devons contenir
10:26 et le reste pour financer des mesures nouvelles qui sont des avancées.
10:30 Vous voyez, personne ne me parle beaucoup des avancées qu'il y a eu quand même.
10:32 Quand on prend, est-ce qu'avant, dans l'amendement des Républicains,
10:35 il y avait les carrières longues, les carrières hachées, la pénibilité,
10:37 l'employabilité des seniors ? Non, non.
10:40 Aujourd'hui c'est quand même grand prix, peut-être pas suffisamment.
10:42 Hier j'avais un débat sur ce plateau, demain, bien entendu,
10:46 si on pourrait le ratio l'améliorer,
10:48 si le salaire des femmes rejoint le salaire des hommes.
10:51 Aujourd'hui la différence entre les deux comblerait demain,
10:53 je crois qu'il y a 6 milliards de mains.
10:56 Il faut travailler sur ce secteur-là aujourd'hui.
10:58 Et c'est peut-être l'effort qu'on peut demander aujourd'hui aux entreprises
11:00 qui sont un peu quand même muettes pendant ce débat,
11:02 on les sent pas beaucoup.
11:03 – Vous parliez du fait que…
11:04 – Vous vous demandez aux patronates d'intervenir plus ?
11:06 – Non mais de pouvoir augmenter les salaires
11:08 et que le salaire des femmes rejoigne celui des hommes.
11:10 – Ça c'est des engagements qui en effet pourraient avoir lieu,
11:13 il y a quand même déjà un index qui a été créé,
11:15 est-ce qu'on va pas suffisamment loin d'ailleurs ?
11:17 – Je pense qu'il faudra aller plus loin, oui, c'est vrai, sans doute.
11:20 – Avoir des mesures plus contraignantes ?
11:21 – En tout cas plus incitatives.
11:23 Je suis pas pour la contrainte, je suis pour l'incitation.
11:25 – Oui, mais en l'occurrence ça prend du temps.
11:28 – Ça prend du temps, mais malgré tout,
11:30 je vous dis que même globalement l'équilibre est contenu.
11:33 À 300 millions près aujourd'hui, il va falloir les trouver,
11:36 on trouvera, c'est peut-être sur des mesures à côté.
11:37 – Monsieur Patria, vous parliez du fait qu'il y avait certaines injustices
11:44 que vous combliez qui ne sont pas forcément mises en avant.
11:47 – Non, certaines avancées, pas injustices.
11:50 – Combler, des injustices qui ont été résolues.
11:52 – Voilà, très bien.
11:53 – Le fait est qu'on a l'impression quand même que le gouvernement
11:56 a fait preuve parfois de soucis de communication autour de ça.
12:01 J'en veux pour preuve là le ministre du Travail Olivier Dussopt
12:04 qui a longtemps vanté, comme d'autres, les 1200 euros bruts de minimum contributif.
12:10 Sauf que visiblement cette mesure ne va atteindre que 10 à 20 000 personnes.
12:15 Ce sont les chiffres du ministre du Travail lui-même
12:18 qui a longtemps dit 40 000 personnes, voire même plus auparavant.
12:21 – Ce sera 40 000 en 2030.
12:22 – Est-ce que concrètement vous ne regrettez pas quand même
12:25 qu'il y ait eu des bévues au niveau de la communication du gouvernement ?
12:29 – Alors, je vous rappelle, mais je crois que là on fait un peu de psychatisme,
12:32 de répétition, que l'engagement du chef de l'État c'était de dire
12:36 1200 euros pour une carrière complète au SMIC.
12:40 Pour une carrière complète au SMIC.
12:42 Et les gens qui auront une carrière complète au SMIC financée
12:45 auront 1200 euros.
12:47 Pour les autres, quand on vous dit "pour les autres" ça va quand même…
12:50 – Ça ne concernera que très peu de personnes.
12:51 – Attendez, pour les autres, ça va quand même être une avancée sans précédent.
12:56 Il y a 1 800 000 personnes parmi lesquelles 60% de femmes
13:01 qui auront une hausse de leur retraite mensuelle
13:03 qui ira entre 30, 50, 70 et 100 euros par mois.
13:06 Si vous avez 70 euros par mois de retraite supplémentaire,
13:10 multipliez ça pour 12 mois, ça vous fait 900 euros par an.
13:13 Compte tenu, je sais que les retraites sont petites et faibles,
13:15 mais quand même, c'est pas mince.
13:17 Au-delà des 1200 euros, il y aura les avancées pour 1 800 000 personnes.
13:21 – Mais quand même, vous dites M. Patria, le fait est que c'est,
13:24 encore une fois, dans la communication gouvernementale,
13:26 il y a quand même eu des ratés, j'allais dire même presque depuis le début,
13:29 puisqu'on nous a parlé du fait que ça allait combler une partie de la dette française,
13:34 puis après que ça allait peut-être servir à financer la politique de santé
13:38 et la politique d'éducation,
13:40 puis en fait c'était simplement pour rétablir l'équilibre des retraites.
13:44 Enfin, concrètement, est-ce que vous avez réussi vraiment
13:46 à faire de la pédagogie sur cette question ?
13:48 – Je pense que vouloir faire de la pédagogie en mettant comme axiome
13:53 le fait qu'on rejette totalement le fait de passer de 62 à 64,
13:57 la pédagogie est difficile,
13:59 parce que tout ce que vous pouvez faire comme pédagogie sur le reste
14:01 n'est pas audible pour ceux qui sont résolument obstinés
14:05 à ce qu'on travaille deux ans de plus.
14:06 Mais je voudrais répondre à ce que vous venez d'évoquer à l'instant.
14:09 Vous dites les multiples facettes qu'on a voulu donner à cette loi.
14:13 Mais je l'ai dit hier aussi ici sur le plateau,
14:16 si on travaille plus, on produira plus, plus longtemps.
14:19 Et si on produit plus, on produira plus de richesses.
14:22 Et ces richesses, elles permettront effectivement,
14:24 effectivement demain, d'avoir des recettes supplémentaires
14:27 pour d'autres services, peut-être pour la santé,
14:28 peut-être pour l'assurance sociale, peut-être pour d'autres aujourd'hui.
14:31 Je crois que ça aussi, moi je ne l'oublie pas aujourd'hui,
14:33 c'est pas l'équilibre des retraites qui va le financer,
14:35 c'est pas les moyens qu'on va gagner,
14:36 mais c'est le fait que la France travaille plus,
14:40 parce que nous avons besoin de travailler plus, nous avons pu vivre.
14:42 Moi j'ai voté la retraite à 60 ans, en 80.
14:44 Bon, donc, parce que, écoutez bien,
14:47 parce que la démographie était pour nous.
14:49 Et tous les responsables politiques et syndicaux que je vois le reconnaissent.
14:52 Nous avions une démographie à 4 pour 1.
14:54 Aujourd'hui, la démographie, nous rejoignons les pays
14:58 comme l'Italie, comme l'Allemagne aujourd'hui.
15:00 Et le fait d'avoir demain 1,5 actif ou 1,7 actif pour un retraité
15:04 nous permettra plus, d'ailleurs on le voit bien dans la fonction publique.
15:07 Écoutez, dans la fonction publique,
15:08 où il y a maintenant moins d'actifs que de retraités,
15:12 0,8 pour 1, ça coûte 30 millions à l'État par an.
15:15 – François Patria, le chef de l'État a appelé le Sénat à enrichir le texte.
15:19 Sur quel point votre groupe, le groupe Renaissance,
15:21 va enrichir ce texte ou l'améliorer ?
15:23 – Je crois qu'on va déposer des amendements plutôt en commun
15:29 avec ceux qui veulent voter le texte de loi aujourd'hui.
15:31 Je rappelle que sur ce texte de loi…
15:32 – Donc en commun avec les Républicains ?
15:33 – Comment ?
15:34 – Vous allez le déposer en commun avec…
15:35 – Non, non, pas du tout, mais je pense qu'on aura des amendements
15:37 qui seront similaires puisqu'on porte sur les mêmes.
15:39 C'est-à-dire par exemple sur les parents d'enfants handicapés,
15:42 sur demain l'assurance vieillesse pour les gens
15:47 qui vont s'occuper des aidants, à côté.
15:49 On va le faire sur ce sujet.
15:52 – Vous allez durcir les conditions d'accès ?
15:54 Par exemple, c'est un des amendements déposés par les Républicains,
15:56 les conditions d'accès à l'ASPA.
15:59 – L'AIME ?
16:00 – Non, à l'ASPA, qui est une aide pour les personnes âgées,
16:06 mais pour les personnes étrangères.
16:10 Ils veulent allonger le délai pour y accéder.
16:13 – Non, on ne touchera pas à ça.
16:14 Je pense qu'on ne le votera pas, non.
16:16 – Donc c'est sur les points, sur la réapparition de réversion ?
16:19 – Moi je pense qu'on pourrait avancer d'aujourd'hui encore
16:20 sur l'emploi des seniors, on peut encore avancer sur la pénibilité,
16:23 on a quelques amendements sur ces sujets,
16:25 on a quelques autres sur lesquels il faudrait mieux s'en prendre.
16:27 – Il faudrait amener des critères supplémentaires.
16:29 – Aujourd'hui, d'abord, vous savez, on nous cite toujours en exemple
16:34 des gens de cas concrets, individuels, qui sont en fin de compte
16:37 pris dans le texte de l'Ordre du Droit, dans les 40% de gens
16:41 qui partiront deux ans avant les autres.
16:43 Ils sont déjà traités ces cas-là.
16:44 Donc aujourd'hui, je pense qu'en matière de pénibilité,
16:47 je pense qu'en emploi des seniors, on peut encore,
16:50 il y a quelques amendements de déposés,
16:51 d'ailleurs le groupe déposera à nous 30 amendements.
16:52 – 30 amendements ? – Oui, 30 amendements, c'est la limite.
16:54 – Alors on est loin des près de 2000, je ne crois pas que…
16:57 – Non, il y a 4000, ce matin il doit y avoir…
17:01 – 4727.
17:02 – En fin de compte, moi j'étais resté sur le chiffre précédent.
17:04 – Ça prouve bien, et ça prouve bien d'ailleurs qu'il y a une volonté
17:08 d'obstruction de l'opinion.
17:09 – Justement, j'allais vous dire, est-ce que vous avez un espoir
17:11 que ce texte, il soit voté à l'issue des 10 jours d'examen
17:16 où c'est quasiment infaisable avec les 4000 amendements ?
17:18 – Alors, j'ai compris, oui, parce que si on prend aujourd'hui,
17:21 même si on fait, allez, quand tout va bien,
17:24 on fait entre 12 et 15 amendements à l'heure.
17:26 Vous avez compris quand même qu'on va débattre pendant 106 heures.
17:30 L'Assemblée a eu 66 heures.
17:31 Est-ce que sur un texte dont on parle depuis des mois,
17:34 dont tous les éléments sont connus aujourd'hui,
17:38 on n'est pas capable en 106 heures, en réduisant le nombre d'orateurs,
17:42 de prises de parole, d'explications de vote, d'avancer sur ce texte ?
17:45 Je vois bien…
17:46 – Donc il faut réduire, parce que ce matin dans le Figaro,
17:48 Gérard Larcher dit qu'il utilisera tous les moyens constitutionnels
17:51 et du règlement pour arriver au bout des débats.
17:53 Vous le soutenez dans cette démarche ?
17:54 – Je salue, je l'ai vu hier matin, Gérard Larcher avec les présidents de groupe,
17:58 je salue sa volonté de dire qu'il y a des éléments très importants
18:02 qui, après l'article 7, il y a des éléments de la loi très importants
18:06 auxquels ils tiennent, auxquels nous tenons aussi,
18:08 auxquels le gouvernement tient, qui doivent être discutés et votés.
18:11 Et que, moi vous savez, le Parlement, il n'est pas fait seulement pour débattre.
18:16 Il est là pour concrétiser s'il y a eu des débats.
18:19 Un Parlement qui débat et qui ne vote pas, pour moi,
18:23 il ne faut pas utiliser la Assemblée.
18:24 – Donc ce serait un échec si on arrivait en commission mixte paritaire
18:27 à l'issue de cette période ?
18:30 – Je pense que ce n'est pas ce que nous souhaitons aujourd'hui, effectivement.
18:33 Moi je souhaite, comme le Gérard Larcher,
18:36 alors je ne sais pas quelles sont les mesures qu'on peut prendre,
18:38 pour qu'on n'y arrive, mais je souhaite qu'il y ait beaucoup de mesures,
18:42 y compris le vote bloqué au bout,
18:43 mais sur le bloqué sur quel texte, qui pourrait intervenir.
18:45 – Ça, ce n'est pas exclu pour vous ?
18:46 – Voilà, non, rien n'est exclu aujourd'hui.
18:48 – Mais vous l'encouragez à accélérer les débats ?
18:52 Parce que la gauche sénatoriale conteste ce choix de vouloir accélérer les débats.
18:55 Vous, vous êtes derrière ce drame.
18:56 – J'ai bien compris, mais la gauche a-t-elle donné sur les débats
19:00 sur les retraites François Hollande et Touraine, a-t-elle donné 106 heures ?
19:04 Non, pas la moitié du temps.
19:05 Du temps de Fillon, même chose.
19:07 Donc on a donné plus de temps que jamais.
19:09 Il y a eu un débat avec les partenaires sociaux qui a duré trois mois.
19:12 Tout est sur la table aujourd'hui.
19:14 Est-ce que vous pensez qu'en 106 heures, on n'est pas capable,
19:18 si on veut, si on met même 4 100 amendements redondants, à la virgule, reprenants ?
19:24 J'ai cru comprendre, d'après ce qu'on m'a dit hier,
19:26 qu'il y avait la moitié des amendements qui étaient des amendements similaires.
19:30 Donc, vous savez, l'image qu'a donnée l'Assemblée nationale aux Français…
19:35 – Mais vous avez l'impression que la gauche sénatoriale va faire la même chose ?
19:37 – Ah non, la gauche ici…
19:39 – Parce qu'elle a dit que ce sont des amendements de fonds pour débattre…
19:41 – Oui, toujours, répétitifs.
19:43 – La gauche veut un débat de fonds.
19:44 – Répétitifs, bien sûr.
19:45 Non, mais elle veut un débat de fonds en disant "changeons nos sociétés".
19:49 Elle dit ça aujourd'hui.
19:50 Ça, on peut faire ce débat de fonds.
19:53 Est-ce que ce texte de loi nous fait changer de société ?
19:55 On peut le faire pendant une journée.
19:56 On n'est pas obligé de le faire pendant 4 jours.
19:58 – Juste question, parce que la gauche hier s'est prononcée
20:01 pour le dépôt d'une résolution qui permettrait d'avancer sur le sujet
20:05 de la réforme du régime autonome des sénateurs.
20:09 Est-ce que vous êtes prêts à réfléchir à une réforme
20:13 à l'heure où on demande un effort à tous les Français ?
20:15 – Bien entendu, bien entendu, mais il ne faut pas essayer de montrer à la Vindique
20:17 tel ou tel… d'abord, nous ce n'est pas un régime spécial,
20:20 nous c'est une caisse autonome.
20:21 C'est déjà pas différent.
20:22 Je vous rappelle en plus…
20:23 – C'est dans les mots, ça.
20:25 D'un point de vue des gens, si vous décrivez le régime autonome,
20:27 c'est un régime spécial.
20:28 – Non, ce n'est pas pareil du tout.
20:29 Mais en plus, il ne vous a pas échappé que parlementaire, ce n'est pas un métier.
20:34 – Oui, c'est une…
20:34 – Pas un métier.
20:35 – C'est un régime auto…
20:36 – Très aléatoire.
20:37 – C'est pareil pour les députés.
20:39 – C'est pareil pour les députés.
20:40 – Pareil pour les députés aujourd'hui.
20:41 – Alors, est-ce que vous seriez prêt à une réforme du même type que les députés ?
20:44 – Inexorablement, le Sénat, le Parlement doivent s'aligner sur le reste,
20:48 bien entendu, je pense.
20:49 – Une dernière question, Julien.
20:51 – Mais je ne voterai pas la résolution présentée par Guillaume Gontard
20:56 et par les Verts de Main.
20:57 – Vous ne la voterez pas ?
20:59 – Non, bien entendu, parce que le faire comme ça aujourd'hui,
21:01 on va discuter, le bureau va discuter, on va…
21:04 je crois qu'il y a une instance dans le Sénat capable de le faire,
21:07 d'être responsable, là, le système de la caisse des retraites devra évoluer,
21:12 mais dans le même temps, se posera tout le statut des parlementaires à côté,
21:15 parce qu'on ne peut pas retirer de cela.
21:16 – Et une dernière question.
21:18 – Une question qui vous fera certainement sourire,
21:19 on va terminer sur une note positive,
21:21 c'est qu'on assiste en ce moment à une vague de "castexmania",
21:25 Jean Castex, qui est cité par des ministres, notamment Gabriel Attal,
21:29 comme un formidable candidat pour 2027,
21:33 il est cité par d'autres membres du gouvernement,
21:37 est-ce que c'est quelque chose qui vous fait sourire ?
21:39 Ou vous dites que finalement, s'il réussit à rétablir les RATP,
21:42 qu'il réussit les JO, il sera sur les bons rails pour 2027 ?
21:46 – Je trouve qu'aujourd'hui, ouvrir le débat sur 2027,
21:50 aujourd'hui, c'est criminel.
21:52 – Ah, criminel, carrément ?
21:53 – Moi, je dis "criminel" politiquement, entre guillemets,
21:55 vous voyez ce que je veux dire ?
21:56 Parce que si on veut, effectivement, rendre plus difficile
21:59 le quinquennat d'Emmanuel Macron, qui doit être un quinquennat de réformes,
22:03 de réussite, auquel je crois, auquel je participe et que je soutiens,
22:06 il faut déjà sauter l'étape et aller à l'échéance suivante,
22:09 alors que les Français sont habitués toujours à avoir l'élection suivante,
22:11 surtout les hommes politiques, qui veulent protéger leur avenir.
22:14 Moi, je me concentre aujourd'hui sur les 4 années qui restent
22:17 avec Emmanuel Macron, je suis encore parlementaire pour 3 ans,
22:20 pour faire en sorte que ce parlement soit réussi.
22:21 Après, pour les candidats, j'adore Jean Castex, c'est un ami,
22:25 c'est quelqu'un de respectable.
22:27 Est-ce qu'il souhaite lui-même être candidat ? Je n'en sais rien.
22:30 Est-ce qu'il sera le meilleur candidat ? Je ne le sais pas.
22:32 Il va de soi qu'on verra ça en temps voulu.
22:35 Aujourd'hui, ça fait partie des petites musiques,
22:38 ça fait partie du tissu autour de la politique quotidienne,
22:42 pour aller penser un peu autour de ça.
22:43 Mais là, moi, j'aime beaucoup Jean, c'est un ami,
22:46 j'apprécie beaucoup les hommes politiques autour.
22:48 Pour l'instant…
22:49 – On aura l'occasion d'en reparler, François Patriat.
22:51 La Une de la Voix du Nord, Julien ?
22:53 – Oui, sur la sécurité routière, on a eu un grand échange
22:56 et on répond aux questions des lecteurs.
22:59 Et puis, je voudrais simplement avoir un petit mot.
23:01 J'ai appris le départ de Clément, qui nous accompagne tous les matins,
23:05 nous, à la matinale, les invités extérieurs.
23:08 Donc, je voulais le saluer, lui souhaiter un bon voyage.
23:10 – Mais c'est adorable.
23:11 Merci beaucoup, Julien, il s'en va demain, effectivement.
23:14 Merci, Julien, merci, François Patriat.
23:16 On continue notre émission spéciale Réformes des retraites.
23:18 On passe au débat dans le club.

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