Le Grand Jury de Marc Fesneau

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Le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire est l'invité du Grand Jury de 12h à 13h.
Regardez Le Grand Jury avec Marie Moley et Marie-Pierre Haddad du 26 février 2023

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Transcript
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Le grand jury RTL Le Figaro LCI, Marie Mollet.
00:16 Bonjour à tous, bienvenue dans ce grand jury RTL LCI Le Figaro.
00:20 Bonjour Marc Fesneau.
00:21 Bonjour.
00:22 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:23 Vous êtes ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
00:27 Le salon de l'agriculture vient de s'ouvrir dans un climat de grandes incertitudes.
00:31 40% des agriculteurs partiront à la retraite d'ici 10 ans.
00:35 10 000 fermes disparaissent chaque année.
00:37 Les importations explosent.
00:38 Alors l'agriculture française est-elle en danger de mort ?
00:41 Comment sauver notre souveraineté alimentaire sans sacrifier nos engagements environnementaux ?
00:46 Et après la sécheresse record cet hiver, faut-il se préparer à une guerre de l'eau entre agriculteurs et particuliers ?
00:52 Nous allons en parler.
00:54 Bienvenue Marc Fesneau.
00:56 Ce grand jury est en direct.
00:58 Vous pouvez poser toutes vos questions sur tous les réseaux sociaux avec le hashtag #legrandjury.
01:03 Marie-Pierre Haddad, bonjour.
01:04 Bonjour.
01:05 De la rédaction de RTL.
01:06 Marie-Pierre scrute vos questions, vos réactions et nous alerte avec ce signal.
01:11 Et pour vous interroger à nos côtés, Jim Jarassé du Figaro.
01:15 Bonjour Jim.
01:16 Bonjour Marie.
01:16 Et Damien Fleureau de TF1 LCI.
01:18 Bonjour Damien.
01:19 Bonjour Marie.
01:19 Damien qui vous pose la première question de ce grand jury.
01:22 Bonjour Marc Fesneau.
01:23 Bonjour.
01:23 Vous avez accompagné le président de la République hier au salon de l'agriculture.
01:28 Une visite marathon.
01:29 Une visite avec un accueil on va dire mitigé.
01:32 En tous les cas, il a parfois été chahuté Emmanuel Macron.
01:35 Interpellé notamment par un militant écologiste du collectif Dernière Rénovation.
01:40 Échange musclé, écouté.
01:42 On ne peut plus demander gentiment.
01:44 C'est nos vies qui sont en jeu, on ne peut plus demander gentiment.
01:46 Tous les rapports scientifiques vous le disent.
01:48 Pourquoi vous ne les écoutez pas ?
01:50 Rien qui nous arrêtera, j'ai fini ce que j'avais à dire.
01:52 Vous n'êtes pas respectueux.
01:53 Vous êtes la démonstration d'une forme de violence civique.
01:58 Non il n'y a pas de violence.
01:59 Vous, vous l'êtes.
02:00 Voilà, vous êtes la démonstration d'une forme de violence civique.
02:04 Vous n'êtes pas respectueux, a dit le président de la République.
02:06 Le dialogue est rompu Marc Fesneau avec ces militants écologistes.
02:11 Le dialogue est rompu avec ceux qui veulent le rompre, la vérité.
02:14 Ces militants portaient des t-shirts en disant "à quoi tu sers ?"
02:17 Je ne sais pas à qui se posait la question.
02:19 Mais elle se pose à tout le monde "à quoi tu sers ?"
02:21 Et à quoi ça sert au fond d'avoir des actes qui sont simplement des actes de dénonciation,
02:26 de constatation et on a besoin plutôt de gens qui s'engagent,
02:30 qui ont envie de travailler sur les sujets agricoles comme sur bien d'autres sujets.
02:33 Actes de dénonciation ou des lanceurs d'alerte ?
02:35 Oui, non mais il y a un moment, lancer des alertes, dénoncer, être spectateur est une chose,
02:40 être acteur c'est mieux.
02:41 Je pense qu'on a besoin de particuler chez les jeunes, il y en a beaucoup.
02:44 C'est plutôt ceux-là auxquels il faut s'adresser aussi,
02:46 qui s'engagent pour essayer de rendre un peu les choses meilleures au fur et à mesure.
02:50 Moi je crois beaucoup à ce qu'on appelait la fable du colibri, chacun doit faire sa part.
02:54 Nous devons faire notre part et elle est importante,
02:56 parce que nous gouvernons, nous sommes en situation de responsabilité,
02:59 il y a des parlementaires, il y a des acteurs économiques qui essayent de faire évoluer les choses.
03:03 Tout le monde sait que ce sont des transitions.
03:04 Et venir dire que nous ne sommes pas sur ce chemin de la transition, c'est une erreur.
03:08 La vérité c'est que nous tenons compte, y compris des rapports divers et variés qui ne manquent pas de nous alerter.
03:12 Lorsque ce militant dit au président de la République "des vies sont en jeu",
03:16 est-ce que vous dites aujourd'hui qu'il exagère, que c'est une vision apocalyptique des enjeux ?
03:21 Non mais la question climatique en particulier, parce que c'est surtout sur celle-là qu'il alerte,
03:24 il alerte évidemment sur des dérèglements climatiques qui peuvent produire ici de la sécheresse, là des inondations,
03:29 ce n'est pas complètement nouveau d'ailleurs, mais l'accélération du phénomène, il porte des risques,
03:33 on en reparlera sans doute tout à l'heure, en termes de souveraineté alimentaire,
03:35 il porte des risques en termes de phénomènes cataclysmiques d'un point de vue météorologique,
03:39 qui peuvent poser des questions en termes de vie, mais c'est une responsabilité collective que nous avons.
03:43 Mais en même temps on ne peut pas simplement être, je le répète, dans la dénonciation et dans la constatation,
03:47 il faut qu'on essaye de se saisir des choses, ce n'est pas parce qu'il y a des dangers et qu'il y a des difficultés devant nous,
03:51 qu'il faut simplement rester figé et dire "je constate qu'il y a des dangers et qu'on va tous mourir",
03:55 ça ne peut pas être un slogan "on va tous mourir", le slogan c'est "qu'est-ce qu'on fait pour éviter les risques qu'on a devant nous,
04:01 en particulier ces risques face aux dérèglements climatiques".
04:04 Une question web avec Marie-Pierre Haddad.
04:06 Oui, il y a une phrase d'Emmanuel Macron qui a particulièrement dérangé certains internautes,
04:11 il a interpellé ce militant et il lui a dit "je suis élu par le peuple français, vous, vous êtes élu par qui ?"
04:16 ça ressemble à beaucoup de mépris selon Adeline et d'autres internautes, est-ce que c'était vraiment nécessaire comme phrase ?
04:22 Il n'y a aucun mépris à dire et à rappeler ce qu'est l'ordre de la légitimité.
04:26 Nous sommes en démocratie. En démocratie, les décisions procèdent d'un vote souverain des citoyens.
04:33 Et donc il y a des parlementaires, il y a des sénateurs et des députés, il y a des corps intermédiaires qui sont eux-mêmes élus.
04:39 Quand un citoyen interpelle le président, est-ce qu'il ne doit pas l'écouter ?
04:42 Mais le président n'a pas dit qu'il ne l'écoutait pas. Ce jeune disait "vous n'avez pas la légitimité".
04:48 Si il a la légitimité, l'onction du suffrage universel, du suffrage démocratique, et dès lors qu'il a ça, il a une légitimité.
04:55 Et ce n'est pas la même chose d'avoir une expression individuelle que le président a écoutée.
05:00 D'ailleurs je rappelle que ce jeune a essayé à plusieurs reprises de dire "je ne veux pas discuter avec vous".
05:03 On ne peut pas être dans un débat démocratique, remettre en question le vote démocratique,
05:06 quand bien même on ne soit pas d'accord avec. Personne ne lui demande d'être d'accord avec l'issue du vote.
05:11 Et par ailleurs refuser le débat à titre individuel. Il y a quelque chose qui dysfonctionne quand on se comporte ainsi.
05:17 Il y a un autre message aussi sur Twitter qui a été énormément repris, c'est celui de Sandrine Rousseau.
05:21 Elle dit "c'est un problème, il y a un problème de déni d'urgence climatique de la part d'Emmanuel Macron".
05:27 Est-ce que vous lui répondez ?
05:28 Non mais il n'y a aucun problème. Madame Rousseau est coutumière de tweet pour essayer de faire parler.
05:34 Mais ce n'est pas le sujet. Personne ne dit qu'il n'y a pas d'urgence.
05:37 Simplement la transition industrielle, agricole et autre, elle nécessite des transitions, sinon vous cassez le système.
05:44 Et donc vous n'êtes pas au rendez-vous de la transition.
05:47 Donc personne n'a dit qu'il n'y avait pas d'urgence. Nous sommes le pays.
05:50 Regardons ce qui se passe à l'extérieur de nos frontières et à l'extérieur des frontières européennes.
05:53 Nous sommes la région et le pays qui fait le plus d'efforts en termes de réduction des gaz à effet de serre.
05:57 Donc on a un combat à mener au niveau mondial pour faire en sorte que les autres s'en saisissent.
06:01 Mais ne commençons pas à dire que nous ne faisons rien. Mais il y a une urgence.
06:04 C'est vrai qu'on est obligé de courir un peu derrière sur des règlements qui s'accélèrent.
06:07 Mais on peut courir au rythme qui est acceptable, qui est supportable par les systèmes tels qui se sont organisés depuis des dizaines d'années.
06:16 Pendant la visite du président de la République, un jeune homme a été molesté de façon assez violente par les services d'or du président de la République.
06:23 Vous avez vu la vidéo ? J'ai vu la vidéo.
06:25 Est-ce que vous estimez qu'il y a une erreur là du service d'or ?
06:28 Mais je vais vous dire, j'ai tendance, d'ailleurs le président de la République l'a vu lui-même dans la foulée,
06:33 il faut toujours se méfier de la vidéo qui soit sortie du contexte.
06:36 Donc je n'ai pas d'avis négatif ou positif.
06:38 Le président de la République a dit lui-même que toute forme de violence pour lui était à essayer d'écarter et devait être écartée.
06:45 Après, pour savoir dans quelles conditions, de quel ordre de menaces,
06:48 moi il faut rendre hommage aussi à des gens qui dans des conditions où il y a beaucoup de foules,
06:52 beaucoup de gens sont venus aussi vers le président de la République, qui pour faire des photos,
06:55 qui pour donner un dossier individuel, qui pour dire et faire part de "tenez bon, tenez bon, tenez bon",
07:00 d'autres pour dire qu'ils n'étaient pas d'accord sur les sujets de retraite.
07:03 Service d'ordre dans ces conditions-là, c'est très compliqué de déterminer le degré de risque.
07:07 Ce n'est pas à moi de juger là, sur une vidéo, de ce qui s'est passé,
07:10 et j'imagine que ça sera regardé avec attention, parce que si on peut s'éviter ce genre d'épisode, évidemment.
07:15 Mais moi j'ai été toute la journée avec le président de la République,
07:18 le service d'ordre il était à la pression de foules qui voulaient lui parler ou qui voulaient l'interpeller sur tel ou tel sujet.
07:23 Ça peut arriver, ça peut être regrettable si c'est le cas.
07:25 - Marc Fesneau, nous venons de traverser une sécheresse hivernale historique, 32 jours sans pluie,
07:31 les nappes phréatiques ont deux mois de retard de remplissage.
07:34 Une réunion doit se tenir demain matin avec Christophe Béchut, votre collègue,
07:38 ministre de la Transition écologique, avec les préfets, pour déterminer,
07:42 territoire par territoire, si des restrictions d'eau doivent être prises dès le mois de mars.
07:47 Est-ce que ces restrictions, qui existent déjà dans certains départements,
07:50 notamment les Pyrénées-Orientales, peuvent être étendues demain matin ?
07:53 - On verra, c'est en fonction de la situation et c'est tout l'objet de ces réunions.
07:57 Ce sont des réunions qui se déroulent théoriquement plutôt au mois d'avril, mai ou juin,
08:01 quand la saison d'été s'ouvre.
08:03 Là on est sur un phénomène, c'est historique, mais ce n'est pas unique.
08:07 Il est déjà arrivé qu'au mois de février, nous soyons dans cette situation de faible pluviométrie.
08:11 La difficulté c'est qu'on arrive sur une faible pluviométrie après une année qui a été elle-même très sèche.
08:16 Et donc on est sur une situation de nappes et de difficultés qui est très grande.
08:19 - Donc les restrictions vont s'étendre ?
08:21 - Vous dites "on verra en fonction de la situation".
08:23 - Il est probable que demain, sur un certain nombre de départements, ce sont des restrictions d'anticipation.
08:28 - Quel type de département ?
08:30 - Vous avez un certain nombre de départements, on a cité les Pyrénées-Orientales,
08:33 il y en a un aussi en Vallée du Rhône, je crois que c'est dans l'Isère,
08:36 il y a des sujets de restrictions qui sont en train d'être posés.
08:38 L'idée c'est d'anticiper suffisamment tôt, dans l'hypothèse où nous n'aurions pas de pluie,
08:43 ce que nous ne savons ni vous ni moi.
08:45 Dans l'hypothèse où nous n'aurions pas suffisamment de pluie,
08:49 d'essayer de préserver autant que on peut la ressource en eau,
08:53 qui est une ressource qui est précieuse.
08:55 Qui est précieuse pour nous, êtres humains,
08:57 qui est précieuse pour nous, êtres humains, dans le processus de fabrication de produits agricoles.
09:01 Et donc c'est plutôt cette anticipation qu'on essaie de faire.
09:03 Mais la vérité, s'il pleut comme il pleut d'habitude, régulièrement, au printemps,
09:07 nous n'aurons pas de difficultés, puisqu'on n'en aura pas besoin de prélever dans les nappes ou dans les cours d'eau.
09:11 La difficulté c'est si nous continuons à avoir une météorologie comme celle-là.
09:15 Et donc c'est ça qu'il faut anticiper au cas où.
09:17 Et je pense que l'anticipation c'est la meilleure chose qu'on peut faire.
09:19 Il y a des restrictions qui sont déjà prises, vous l'avez dit, dans certains départements,
09:23 comme le remplissage des piscines ou l'arrosage.
09:25 Est-ce que d'autres restrictions peuvent être prises concrètement pour limiter la consommation en espace ?
09:32 On voit bien qu'on essaie de graduer les priorités.
09:35 C'est vrai que le remplissage d'une piscine, le nettoyage de sa voiture,
09:39 c'est quand même sans doute moins prioritaire que d'autres usages.
09:41 Je ne parle même pas de l'eau potable pour boire, tout simplement.
09:44 Mais c'est moins prioritaire que les usages agricoles.
09:47 Au fur et à mesure, c'est ce qu'on a fait l'an dernier, je voudrais quand même saluer le travail,
09:49 y compris en responsabilité qui a été faite avec les agriculteurs et avec les autres usagers,
09:54 pour dire qu'on gradue, en fonction de la menace et du risque de pénurie des usages,
09:59 du plus accessoire, sans jeter la pierre à personne, au plus essentiel,
10:04 se nourrir et pouvoir boire, tout simplement.
10:07 Emmanuel Macron a annoncé hier un plan de sobriété sur l'eau,
10:10 sur le même modèle que le plan de sobriété énergétique.
10:12 De façon très concrète, qu'est-ce que ça veut dire ?
10:15 Est-ce que ça veut dire que vous allez dire aux Français
10:17 qu'il faut prendre une douche par jour maximum,
10:19 en effet arrêter de laver sa voiture devant chez soi ?
10:22 De façon très concrète, ça veut dire quoi un plan de sobriété sur l'eau ?
10:24 Ça veut dire essayer de faire ce qu'on a fait sur la sobriété énergétique,
10:27 c'est-à-dire sans donner de leçons, sans infantiliser,
10:30 de dire voilà les gestes que chacun peut faire au quotidien.
10:33 Et par exemple ?
10:34 Par exemple, on fait plutôt une douche qu'un bain,
10:37 on lave pas sa voiture ou on arrose son potager quand on en a un,
10:41 ou ses fleurs à une période qui est moins ensoleillée ou moins chaude,
10:45 parce que c'est dans cette période-là que c'est le plus efficace sans doute.
10:48 Voilà, c'est toute une série de mesures qu'on peut prendre
10:52 quotidiennement pour essayer d'économiser.
10:54 Et tout ça fait quand même une somme de choses.
10:58 Damien Fleury.
10:59 Mais est-ce qu'il faut aller vers des objectifs chiffrés, Marc-Éno ?
11:02 À moyen terme ou à long terme ?
11:04 On va pas fixer des objectifs chiffrés à des Français.
11:08 D'abord parce qu'on tomberait dans un système un peu kafkaïen
11:12 pour pas dire kolkhozien.
11:13 On n'est pas là non plus pour dire
11:15 vous avez le droit à tant de litres d'eau par personne.
11:17 Aujourd'hui, par exemple, les Français consomment en moyenne 147 litres d'eau par jour.
11:20 Est-ce que vous dites il faut abaisser ce chiffre, il faut arriver à 120, 110 ?
11:23 On peut essayer de se donner des objectifs plutôt d'attitude,
11:26 de gestes, d'éco-gestes j'allais dire, ou de haut-gestes,
11:29 qui permettraient de se poser la question.
11:32 L'objectif de réduire est un objectif important.
11:34 Je vous donne les affaires d'eau, je vous donne trois chiffres.
11:37 500, 33, 3.
11:40 500 milliards de mètres cubes, c'est ce qui tombe comme eau chaque année sur le sol français.
11:45 33, c'est ce qui est prélevé.
11:47 Vous voyez déjà on est 500, 33.
11:49 Et dans les 33, il y en a 3 qui sont prélevés par l'agriculture.
11:53 Donc vous voyez bien qu'on a des usages qui sont de nature différente
11:56 et que ce qu'a dit le président de la République hier,
11:59 ça nécessite que chacun fasse sa part d'effort.
12:01 C'est valable pour les français, c'est valable pour les industries agroalimentaires par exemple,
12:07 puisqu'on a un décret au Conseil d'État qui est publié,
12:10 qui va permettre de réutiliser les eaux utilisées.
12:13 C'est valable pour les agriculteurs, c'est valable pour tout le monde,
12:16 d'essayer à chaque fois de se poser la question,
12:18 pour qu'on le prenne comme une denrée rare au fond.
12:20 Une question, Marie Perradin.
12:21 Oui, justement par rapport à tous ces gestes du quotidien que vous avez cités,
12:24 le fait de ne pas arroser ses plantes quand il fait trop chaud,
12:27 le fait de prendre une douche plutôt qu'un bain,
12:29 tout ça, ça fait déjà plusieurs années que les français le font,
12:31 ils ont déjà été sensibilisés à ces messages-là.
12:34 Qu'est-ce qu'il y a de nouveau en fait ?
12:36 C'est d'essayer de se mettre collectivement en route, en marche.
12:39 Parce que ce n'est pas encore le cas actuellement.
12:41 Vous pourriez faire exactement la même récrimination sur les économies d'énergie.
12:46 On disait, j'entendais à l'époque, au mois de septembre-octobre,
12:49 les français l'ont déjà fait, ça fait longtemps qu'on dit qu'il faut économiser d'énergie,
12:52 qu'il faut éteindre la lumière en sortant d'une pièce,
12:55 et que c'est plutôt 19 degrés.
12:56 Mais la vérité, c'est qu'on a quand même réussi par ces gestes du quotidien
13:00 à passer le cap de l'hiver.
13:02 Il y a sans doute encore des marges.
13:04 La pédagogie, il ne faut jamais se lasser d'essayer de discuter ensemble
13:07 des gestes qu'on peut faire les uns et les autres pour essayer d'économiser.
13:10 Est-ce qu'en l'état, vous dites qu'une partie des récoltes de 2023 sont compromises ?
13:15 Non.
13:16 Ou que la sécheresse peut impacter le prix et peut peser sur les cours des récoltes ?
13:23 Non, alors là vous me posez une question qui appelle, pardon, juste plusieurs réponses.
13:27 La question des prix, ce n'est pas une question que des récoltes en France,
13:30 c'est une question de récolte dans le monde, et c'est une question aussi
13:32 de quelle est la situation géopolitique.
13:34 Donc vous ne répondez non ?
13:35 De, à date, le 25 ou le 26 février, je ne peux pas vous dire.
13:40 Je n'aurais d'ailleurs pas pu vous répondre, quoi que ce soit, le 25 février 2022 sur le sujet.
13:46 Et d'ailleurs si vous m'aviez interrogé le 22 février 2022, je vous aurais dit
13:49 que les prix allaient être faibles et que globalement l'année s'annonçait plutôt bonne.
13:54 Et il n'est pas pareil de dire, si nous avons un printemps qui est plutôt sec,
13:57 c'est plutôt sur ce qu'on récolte juste en entrée d'été, et si on a un été plutôt humide,
14:02 c'est plutôt favorable à d'autres formes.
14:04 Donc à date, simplement on a besoin d'être très vigilants
14:06 et regarder quels sont les risques que nous avons devant nous.
14:08 Une question de Damien Fleureau.
14:10 Oui, l'une des pistes sur lesquelles vous souhaitez avancer, vous en avez dit un mot,
14:14 c'est le recyclage des eaux usées des villes dans l'agriculture.
14:18 La France est en retard sur ce sujet par rapport à d'autres pays en Europe, en Espagne ou en Italie.
14:23 Vous avez annoncé que la législation allait bouger, un décret au Conseil d'État.
14:27 Ce sera opérationnel quand ? Dès cet été ?
14:29 L'idée c'est d'être opérationnel dès cet été, puisque c'est un décret au Conseil d'État.
14:32 Donc le Conseil d'État en validera le cadre juridique.
14:35 Est-ce qu'on est déjà équipé pour traiter ces eaux usées, ces eaux grises ?
14:39 Le sujet ce n'était pas qu'elles étaient traitées ou pas traitées, elles étaient traitées.
14:43 Le sujet c'était une fois traitées, est-ce qu'on peut les réutiliser ?
14:45 Je vais vous donner un exemple.
14:47 Vous êtes dans la filière pommes de terre, vous rincez vos pommes de terre,
14:50 vous les envoyez dans une station de traitement sur le site de l'usine.
14:55 Quand même la logique voudrait qu'on puisse les réutiliser dans le cycle,
14:59 pour éviter ce qu'on fait d'ailleurs dans la plupart des cas, c'est qu'on les renvoie au milieu.
15:02 Donc si on les renvoie au milieu, c'est qu'on doit considérer que les critères de salubrité sont respectés.
15:08 C'est d'ailleurs ce qui se passe sur toutes les stations d'épuration.
15:10 Là on est sur une station d'épuration industrielle.
15:12 Quand même la logique c'est qu'ils puissent le réutiliser,
15:14 parce que ça permet d'éviter de repomper dans la nappe ce qu'on peut avoir en économie circulaire.
15:18 Donc c'est tout ça qu'il faut regarder.
15:20 Nous avions, alors c'est tout le mal français, on en parlera peut-être sur d'autres sujets,
15:23 on n'est toujours jamais en retard d'une interdiction ou d'une contrainte,
15:26 et jamais en avance d'une solution.
15:28 - C'est qu'une question réglementaire, il suffit d'appuyer sur le bouton.
15:32 - Ah non, après il faut que les acteurs se mettent.
15:34 J'ai la prudence pour avoir une longue expérience, y compris des lieux locaux,
15:38 de dire qu'il ne suffit pas d'appuyer sur le bouton.
15:40 Mais c'était un sujet réglementaire.
15:42 D'ailleurs la preuve, en Allemagne c'est plus de 10%, en Italie c'est plus de 15 ou 16%,
15:46 nous sommes dans le même espace européen,
15:48 et je n'ai pas le sentiment qu'il y ait des problèmes de salubrité ou sanitaire dans ces deux pays.
15:51 - Votre objectif pour la France, vous dites qu'il faut qu'on puisse y arriver 10, 15% ?
15:55 - Il faut qu'on arrive à ces seuils-là dans les 5 ou 10 années, oui absolument.
15:59 C'est toujours long, parce que, évidemment,
16:01 quand vous aviez des entreprises qui avaient fait le choix d'essayer de recycler,
16:04 et à qui on disait "non, vous ne pouvez pas le mettre dans votre cycle de production",
16:07 ils avaient un système qui s'était organisé différemment.
16:09 Donc on a besoin aussi...
16:10 Les industriels ont besoin qu'on leur envoie des messages.
16:13 Et donc on a besoin de travailler sur ça, de même que...
16:15 On a besoin de travailler sur des sujets qui permettent aux industriels
16:18 de se préparer et de faire là aussi de la planification pour la transition.
16:21 - Kim Gérardet ?
16:22 - Un autre sujet qui est important, c'est celui des fuites d'eau.
16:25 20% de l'eau potable est perdue à cause des fuites d'eau.
16:29 A quand un grand plan pour rénover les canalisations vétues ?
16:34 Ça coûte extrêmement cher, mais peut-être que c'est nécessaire.
16:36 - C'est nécessaire, ça n'est pas très nouveau que c'est nécessaire.
16:39 Moi je suis du municipal depuis 1995,
16:42 ça fait depuis 1995 que je sais que les réseaux perdent de l'eau.
16:45 Et j'ai été maire d'une commune qui avait un rendement de 40%.
16:48 C'est-à-dire que 60% de l'eau était perdue.
16:51 - Et ça a été fait depuis...
16:53 - Chez moi, si, mais ça a coûté pour une commune de 700 habitants,
16:56 on n'est jamais mieux qu'avec ses propres résidents.
16:58 Pour une commune de 700 habitants, c'était 1,5 million.
17:00 Donc il y a des coûts qui sont immenses.
17:02 C'est la compétence des collectivités locales.
17:05 Chacun doit prendre aussi ses responsabilités.
17:07 Il y a sans doute des choix.
17:08 C'est vrai qu'on est dans des situations économiques,
17:10 parfois dans certaines collectivités, qui sont compliquées.
17:12 Mais il faut assumer aussi que parfois certains se vantaient d'avoir un prix de l'eau
17:16 qui était à moins d'un euro le mètre cube,
17:18 mais ça n'a pas de réalité économique à moins d'un euro le mètre cube.
17:21 Donc s'il était à moins d'un euro le mètre cube,
17:24 c'est sans doute que les investissements...
17:25 Alors je ne fais la leçon à personne, c'était le cas dans ma commune.
17:27 Donc je n'ai pas de leçon à donner.
17:29 Mais simplement, ça nécessite des investissements qui soient très puissants.
17:32 L'État essaiera d'accompagner, mais c'est aussi...
17:34 - Vous annoncez hausse du prix de l'eau à l'avenir ?
17:37 - Non, je n'ai pas dit ça.
17:38 J'ai dit...
17:40 Dès qu'on dit...
17:41 J'essaie de dire que vous voyez bien des distorsions entre une commune.
17:44 Vous avez des prix de l'eau qui sont parfois à 4 ou 5 euros au Hacénie,
17:47 d'autres qui sont à 1 euro.
17:48 Vous pouvez imaginer quand même que cette différence,
17:50 elle est liée sans doute à un sous-investissement.
17:53 C'est valable aussi pour les lycées, c'est valable pour les écoles,
17:55 c'est valable pour le reste.
17:56 Mais il y a besoin d'investissements lourds.
17:58 On a été plutôt aux côtés, y compris des collectivités,
18:01 y compris, je le dis, dans le plan de relance.
18:03 Mais on a besoin de travailler,
18:04 parce que c'est vrai que cette perte d'eau est une perte importante.
18:07 Elle est d'ailleurs...
18:08 Et c'est là qu'on a une difficulté plus importante en milieu rural,
18:10 parce que d'abord on a plus de conduite, mécaniquement,
18:12 et deux, il y a moins de moyens.
18:13 Donc on a besoin de mieux structurer ça.
18:15 Est-ce que le gouvernement est prêt à mettre de l'argent sur la table
18:18 pour accompagner la filière de l'eau qui chiffre à 17 milliards d'euros,
18:21 le budget nécessaire pour anticiper un chauffement climatique ?
18:23 Combien le gouvernement va mettre sur la table ?
18:25 Mais il le fait déjà au travers des politiques publiques.
18:27 Je dis il l'a fait au travers de France Relance,
18:28 il le fait chaque année au travers de la dotation d'équipement des territoires ruraux,
18:31 il le fait au travers de ce qui est financé aussi par les agences de l'eau.
18:35 Il y a quand même des mécanismes qui existent aujourd'hui de financement.
18:37 Il faut que chacun prenne sa part.
18:38 Après, j'imagine quand on va travailler avec Christophe Béchut sur ces questions-là,
18:41 alors c'est plutôt dans son périmètre,
18:43 puisque c'est le périmètre des collectivités,
18:44 qu'on regardera s'il y a des moyens supplémentaires.
18:46 Sans doute au travers des agences de l'eau,
18:47 qui ont été souvent des établissements qui ont permis de financer assez puissamment,
18:51 parce que le principe qu'on a posé en France, qui est un bon principe,
18:53 c'est que l'eau paye l'eau.
18:55 Et que donc c'est comme ça que le système doit s'équilibrer.
18:58 Alors vous défendez, Marc Fénon, le déploiement des retenues d'eau,
19:02 ces bassines, méga-bassines,
19:04 qui permettent aux agriculteurs de capter l'eau des naffes phréatiques en hiver,
19:08 pour les stocker et pouvoir ensuite irriguer en été.
19:11 La question qui se pose en ce moment, c'est la suivante,
19:14 quand les naffes phréatiques sont vides en hiver,
19:16 comme c'est le cas dans certaines régions,
19:18 à quoi ça sert ces retenues d'eau ?
19:20 S'il n'y a plus d'eau à pomper dans les naffes phréatiques ?
19:23 Essayons quand même de ne pas se faire peur.
19:26 Il va tomber de l'eau en France.
19:28 En moyenne, c'est 600 mm.
19:30 Donc ça va tomber à un moment.
19:31 Qu'il y ait des années où ça ne tombe pas en hiver,
19:34 comme disait l'autre, c'est un cas, mais ce n'est pas la majorité de l'espèce.
19:38 La règle générale, c'est qu'il tombe de l'eau entre le 15 et que les naffes se remplissent
19:42 entre le 1er novembre et le 1er mars ou le 1er avril.
19:45 Nous sommes dans une année atypique.
19:47 On imagine bien que dans des années comme celle-là,
19:49 quand il y a des retenues d'eau, si elles ne peuvent pas se remplir,
19:51 elles ne peuvent pas se remplir.
19:52 C'est pour ça qu'il faut à la fois qu'on ait des retenues d'eau
19:55 les années où on aura de l'eau,
19:56 et la majorité des cas, c'est dans ces périodes-là qu'on pourra remplir.
19:59 Ça n'empêche pas, ce qu'a dit d'ailleurs hier le président de la République,
20:02 qu'on travaille aussi à des systèmes agricoles qui soient plus résilients.
20:04 Parce qu'il y a des années où ça sera très atypique,
20:07 où ça sera très difficile de remplir, et là on aura des difficultés.
20:10 Donc il faut aussi préparer notre modèle agricole à cela.
20:12 - Toutes les prévisions anticipent justement des naffes phréatiques qui sont de plus en plus vides.
20:16 Donc on s'interroge, est-ce que ça sert à quelque chose d'investir des millions d'euros
20:20 dans des ouvrages de retenues d'eau,
20:22 si à un moment donné, les naffes phréatiques sont vides et qu'on ne peut plus les remplir ?
20:25 - Non mais d'abord, le système de prévision ne dit pas tout à fait ça.
20:26 Ça dépend des régions et ça dépend de la nature des naffes.
20:29 Donc essayons déjà d'essayer de faire de la différenciation.
20:31 Ça nécessite d'ailleurs que nous ayons des approches territoriales,
20:33 et pas des approches empiriques.
20:35 Il y a des régions sans doute où les naffes ne seront plus remplies
20:37 parce qu'il va tomber plus d'eau.
20:38 Bon, c'est ça le dérèglement climatique.
20:40 Je rappelle que c'est un système anthropique,
20:42 et donc la quantité d'eau qui traîne sur la Terre reste la même.
20:45 Donc il y a des régions chez nous, y compris chez nous,
20:46 où il y aura plus d'eau, et des régions où il y aura moins d'eau.
20:48 Donc on a besoin de penser des systèmes comme cela.
20:50 Ne commençons pas à dire à chaque fois qu'on essaie de trouver des systèmes où on est.
20:54 Économie d'eau, comme on l'a dit.
20:55 Deuxième élément, on fait évoluer les pratiques agricoles.
20:57 Dans des secteurs, on sait que la tension de l'eau va faire que les assolements,
21:01 comme on dit, vont changer.
21:02 Et puis dans certains endroits, on a besoin d'eau.
21:04 La surface irriguée en France, vous savez combien c'est ?
21:06 C'est 7%.
21:07 Vous voyez ce que je veux dire ?
21:09 Donc on parle d'un sujet qui est sûr.
21:11 L'essentiel des surfaces de France ne sont pas irriguées.
21:14 Il y a des endroits où il y aura sans doute besoin d'irriguer,
21:16 parce que le climat va changer.
21:17 Mais essayons de le faire en pondération.
21:19 Parce que, la vérité, l'histoire, les romans, les films, eux-mêmes,
21:24 sont peuplés d'histoires qui posent des problèmes d'accès à l'eau.
21:26 L'histoire de l'humanité, c'est le défi de l'accès à l'eau.
21:29 Ce n'est pas nouveau.
21:30 Sauf que nous étions dans un pays tempéré, et nous n'avions pas l'habitude de cela.
21:33 Mais donc, la gestion de l'eau, c'est devant nous, effectivement.
21:36 Une question avec le hashtag #LeGrandJury.
21:38 Oui, vous savez que ce sujet des méga-bassines,
21:40 à chaque fois, ces projets sont fortement contestés localement.
21:43 Il y a des manifestations, voire même des occupations de sites.
21:47 Marine Tondelier, la patronne des écologistes,
21:49 a recommencé à lancer la mobilisation contre ces méga-bassines sur Twitter.
21:54 Il y aura une mobilisation dans un mois, le 25 mars.
21:56 Est-ce que vous redoutez des affrontements ?
21:58 Ah oui, ne serait-ce que poser cette question, ça pose un problème.
22:03 On peut ne pas être d'accord avec un projet.
22:05 Mais dès lors que la violence vient s'immiscer, et que par la violence...
22:07 Est-ce qu'il y a déjà eu des violences à Saint-Exupéry ?
22:10 Oui, mais c'est bien ce que je dis.
22:11 C'est que vous entendez...
22:12 Il y a un certain nombre de gens qui entendent par la violence
22:15 remettre en cause le droit, au fond.
22:17 Parce que dans ces projets-là, le droit est passé.
22:19 Les recours ont été purgés.
22:21 Les analyses scientifiques ont été faites.
22:22 Et donc, vous avez des gens qui, malgré ça,
22:24 considèrent que, désormais ayant épuisé les voies démocratiques,
22:27 ils prennent les autres voies, qui sont les voies de la force.
22:29 Des gens, Marine Tondelier, des écologistes, par exemple.
22:31 Non, mais vous me dites que vous avez peur de la violence,
22:32 je réponds à cette question-là.
22:33 Deuxième élément, je vous donne...
22:35 Là aussi, c'est très simple.
22:36 L'affaire de Saint-Sauline, c'est 21 millions de mètres cubes
22:38 qui étaient prélevés en été.
22:40 Il est prévu dans le projet de Saint-Sauline
22:42 que par ces réserves qu'on constitue l'hiver,
22:44 on ne prélève plus que 13 millions en tout.
22:46 Que dans ces 13 millions, il y en ait la moitié
22:47 qui soit prélevée l'été, et le reste par la constitution
22:50 d'une réserve l'hiver.
22:51 Si ça, c'est pas vertueux, qu'est-ce que propose Mme Tondelier ?
22:54 Elle propose de faire de l'agriculture sans eau ?
22:56 Elle sait que 95% d'une tomate, c'est de l'eau ?
22:59 Elle sait que le blé a besoin de plus d'eau que le maïs ?
23:02 Elle sait que les animaux ont besoin d'eau ?
23:04 Elle sait que pour faire de l'herbe, il faut de l'eau ?
23:07 Et donc, si on commence à juste poser des yacas faucons,
23:10 et qu'on ne me donne que le rejet des solutions
23:14 qu'on essaie de porter, y compris dans ce qu'elles ont de vertueux,
23:17 il y a de quoi porter de la désespérance,
23:19 et même mon énervement, ce qui est assez rare,
23:21 sur ces sujets-là, parce que je comprends
23:23 que les agriculteurs en aient un peu marre,
23:25 qu'on leur explique que faites des efforts,
23:27 et que même avec ces efforts-là, ça ne suffit pas.
23:29 Elles proposent quoi ? Elles proposent qu'on n'arrose plus,
23:31 qu'il n'y ait plus d'eau, elles proposent un modèle agricole sans eau.
23:34 Ça n'existe pas. Il va falloir qu'on reprenne les cycles
23:37 de la vie végétale et de l'apprentissage de la science.
23:41 Sans eau, il n'y a pas d'agriculture.
23:43 Vous allez faire 5000 km plus au sud,
23:46 et vous allez voir ce que c'est qu'un pays
23:48 où on ne peut pas avoir de l'eau. Nous, on a de l'eau.
23:50 Donc il faut pouvoir la mobiliser au moment où on en a besoin.
23:52 Et ce n'est pas valable. C'est valable pour toutes les productions.
23:54 Ceux qui ont touché cette année, c'est les maraîchers.
23:56 Personne ne défend une agriculture sans eau, Marine Tondelier.
23:58 Non mais à la fin, quand vous voyez le bout du bout du processus,
24:01 je vous décris Sainte-Sauline, si ça ce n'est pas vertueux,
24:04 qu'est-ce qui est vertueux ? Ce n'est pas d'eau.
24:06 Les écologistes proposent, Marc Fesneau,
24:08 notamment d'adapter des formes de culture, de changer.
24:12 Mais c'est ce qu'ils ont fait à Sainte-Sauline.
24:14 C'est une réduction aussi d'un certain nombre de surfaces,
24:16 par exemple de maïs, qui sont trop pénalisées compte tenu des sols.
24:19 C'est ça qui ne va pas dans cette affaire.
24:21 C'est qu'ils le font aussi, et donc que personne n'entende ça.
24:24 C'est une espèce d'impasse, parce qu'on est dans le Yaka-Fauconisme,
24:28 le plus absolu, le plus abouti et le plus inutile.
24:31 Moi j'ai besoin qu'on produise, j'ai besoin qu'on assume la souveraineté,
24:34 j'ai besoin qu'on fasse des économies d'eau,
24:36 j'ai besoin que les modèles agricoles changent,
24:38 je n'ai pas besoin qu'on ait des gens qui soient là à commenter
24:40 et qui n'aient pas de solution à me proposer.
24:42 Alors Marc Fesneau, Christophe Béchut,
24:44 votre collègue ministre de la Transition écologique,
24:46 travaille sur un scénario +4°C en France.
24:48 Alors, est-ce que vous avez commencé à penser à quoi ça ressemble,
24:52 l'agriculture, avec +4°C ?
24:54 Est-ce que ça veut dire qu'il y a des oliviers au-dessus de la Loire,
24:57 qu'il y a du vin en Bretagne ?
24:58 Est-ce que vous pouvez nous donner à voir
25:00 à quoi pourrait ressembler la France, nos paysages, nos assiettes ?
25:03 - Alors, c'est d'ailleurs le travail qu'il lance.
25:05 Donc je ne peux pas vous dire, puisque le travail que veut lancer Christophe Béchut,
25:08 c'est de regarder en prospective ce que donne 4,
25:10 parce que les prospectives ont été plutôt entre 1 et 2.
25:13 Donc c'est le travail qu'on a devant nous.
25:15 Mais là où vous dites quelque chose qui est très juste,
25:17 c'est que profondément, l'agriculture, c'est des savoir-faire,
25:20 d'hommes et de femmes, c'est un sol, et c'est un climat.
25:23 Et donc quand le climat change, quelque chose change.
25:26 Et je vois bien les efforts qui sont faits par les arboriculteurs,
25:30 qui sont faits par les viticulteurs, pour adapter les variétés,
25:33 avec l'aide des instituts de recherche,
25:36 pour adapter l'hydraïle en particulier, et les autres,
25:39 qui sont faits pour avoir des essences qui sont plus adaptables.
25:43 Oui, il y a des projets aujourd'hui de gens qui font des amendiers
25:46 au sud de la France. On n'aurait pas pensé que nous...
25:49 Oui, il y a des territoires où on va pouvoir faire...
25:51 - On peut cultiver du blé avec +4°C en France ?
25:53 - Oui, on peut cultiver du blé avec +4°C en France.
25:55 D'ailleurs, historiquement, le blé était plutôt plus au sud.
25:59 Quand vous regardez l'histoire du blé, il vient plutôt des terres,
26:03 en particulier le blé dur, donc on peut cultiver du blé.
26:05 Quel est l'avantage du blé ?
26:07 C'est qu'il a besoin de plus d'eau que le maïs,
26:09 mais qu'il arrive généralement, sauf cette année,
26:11 mais on verra comment se déroule le printemps,
26:13 dans une période où il y a encore de l'eau en réserve dans les sols.
26:16 Donc le blé, on peut en faire.
26:18 Mais si nous n'avions pas fait de la recherche variétale,
26:20 y compris sur le maïs, on a réduit de 20% à 30%
26:24 le besoin d'eau par la sélection variétale.
26:28 C'est ce qu'on fera et ce qu'on veut faire aussi sur le blé.
26:30 Ça, c'est une voie aussi pour avoir de moins de stress hydrique
26:33 et de stress thermique.
26:34 - Sélection variétale, également modification génétique,
26:39 est-ce que vous y êtes favorables, pour favoriser des espaces
26:42 qui seraient plus résistants à la sécheresse ?
26:44 La Commission européenne y est favorable.
26:46 Quelle est votre position sur ce sujet ?
26:48 - C'est d'y être favorable parce qu'on ne peut pas...
26:50 Même les mêmes vous disent, refusent aussi les nouvelles technologies.
26:53 Qu'est-ce que c'est ?
26:54 Ce qui est proposé, c'est de nouvelles techniques génomiques
26:56 qui ne sont pas des OGM. Pourquoi ?
26:58 Parce qu'on vient... - Quelle est la différence ?
27:00 - On vient greffer un gène d'une variété de blé sur une variété de blé.
27:03 Donc on est bien sur la même, donc il n'y a pas de risque.
27:06 - Mais il y a une modification génétique.
27:08 - Oui, très bien, mais vous savez que nous sommes tous,
27:10 autour de cette table, produits d'une modification génétique.
27:12 Et même de plusieurs modifications génétiques
27:14 pendant des centaines de millions d'années.
27:16 Nous ne sommes que modification génétique.
27:18 Nous tous, dans cette salle, et là, à se parler.
27:20 Donc la modification génétique, ça arrive.
27:22 C'est d'ailleurs souvent des accidents.
27:24 - Mais vous déconnaissez de dire qu'on n'a pas de recul encore
27:26 sur ces techniques-là et sur l'effet sur l'environnement.
27:28 - Non mais quand vous faites une variété,
27:30 vous accélérez au fond, ça a un intérêt en particulier,
27:32 je pense, en arboriculture.
27:34 Nous on le défend dans l'objectif d'avoir des plantes
27:36 qui soient plus résistantes au dérèglement climatique,
27:38 d'avoir des plantes qui puissent mieux résister
27:40 aux attaques virales diverses et variées.
27:42 Et pourquoi ? Parce que ça permet de réduire les pesticides.
27:44 Mais si on se prive de tous les moyens,
27:46 donc il ne faut pas d'eau, il ne faut pas de techniques génomiques,
27:48 il faut sortir des pesticides,
27:50 à ce moment-là, je sais comment ça finit.
27:52 Ça finit, je vais vous le dire, ça finit par
27:54 plus d'agriculture en France ni en Europe,
27:56 et des produits de l'extérieur qui viendront avec
27:58 toutes les techniques qu'on ne veut pas.
28:00 Donc, assumons la part, il faut qu'on ait un rapport,
28:02 on l'a vu d'ailleurs sur l'affaire du Covid,
28:04 il faut qu'on ait un rapport à la science qui soit quand même
28:06 le produit de l'humanité, le progrès de l'humanité,
28:08 il est le produit d'avancées scientifiques.
28:12 On marque une pause et on se retrouve dans un instant
28:14 pour parler d'inflation alimentaire
28:16 et de revenus des agriculteurs. A tout de suite.
28:18 [Musique]
28:28 Suite du grand jury RTL Le Figaro LCI, Marie Mollet.
28:32 Marc Faineau est notre invité aujourd'hui,
28:34 ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire.
28:37 On parle maintenant d'inflation alimentaire.
28:39 Une question de Jim Gérard.
28:40 Une question sur les prix de l'alimentation.
28:42 Emmanuel Macron a appelé hier les distributeurs
28:45 à faire un effort sur leur marge.
28:47 Est-ce que ça veut dire qu'ils profitent de la situation ?
28:50 Est-ce qu'ils profitent de l'inflation ?
28:52 Non, mais ça n'empêche pas qu'ils puissent faire un effort,
28:54 parce qu'on voit bien à quel point, d'abord pendant des années,
28:57 le monde agricole a fait des efforts,
28:59 on voit bien à quel point l'industrie agroalimentaire
29:01 a fait des efforts en particulier dans la dernière année
29:05 avec des prix de l'énergie qui les ont lourdement impactés.
29:09 Et donc la question n'est pas d'être dans un registre
29:11 de profiteurs ou de pas profiteurs,
29:13 mais il faut que chacun fasse sa part.
29:15 Et donc la grande distribution doit faire sa part dans l'effort,
29:17 et le président de la République l'a utilement rappelé.
29:20 Je rappelle qu'on a essayé aussi au travers des lois Egalim
29:22 de faire en sorte que la matière première agricole reprenne de la valeur.
29:25 C'est ce qui s'est passé ces dernières années.
29:27 Mais il faut faire attention, entre les distributeurs et les agriculteurs,
29:31 il y a les transformateurs.
29:32 Et les transformateurs, c'est important pour assurer la souveraineté.
29:35 Et donc c'est aux distributeurs de faire des choix
29:37 qui leur permettent de réduire les marges.
29:39 J'ai vu les résultats d'un certain nombre d'entre eux,
29:41 ils ne sentent pas qu'il n'y ait pas de quoi avoir un peu de mou.
29:43 Justement, les distributeurs, eux, renvoient la balle vers les industriels.
29:47 Par exemple, on a entendu Michel-Edouard Leclerc
29:50 qui réclamait des efforts de la part des industriels.
29:54 Il parlait notamment de Kellox, qui a augmenté ses revenus de 17%.
29:57 Oui, mais moi j'aime bien le sujet.
29:59 C'est un truc typiquement français qui vise à faire en sorte qu'on prend une marque,
30:03 on dit quelque chose et on essaie de nier l'ensemble du reste du problème.
30:06 Parfois le "name and shame", comme on l'appelle, ça vous arrange aussi ?
30:10 Vous voyez assez peu le pratiquer, personnellement.
30:13 Je pense que ça n'a aucune utilité.
30:14 Ceci dit, puisque vous me parlez de M. Leclerc,
30:16 il n'aura échappé à personne qu'il a ses propres responsabilités
30:18 dans le fait qu'à force de dire que le meilleur prix, c'est le prix le plus bas,
30:22 on a dégradé la chaîne de valeur en termes alimentaires.
30:25 Cette course effrénée au prix le plus bas,
30:27 c'est une course effrénée à la perte de souveraineté alimentaire.
30:30 Donc il y a une responsabilité, y compris d'ailleurs pour M. Leclerc et tous les autres,
30:34 qui je pense, j'imagine et je ne leur fais pas grève, sont des patriotes,
30:37 puisque ce sont des entreprises françaises, même si ce sont des indépendants
30:40 et qu'on ne leur demande pas d'être des philanthropes.
30:42 Mais ce sont des entreprises françaises.
30:43 Donc ils ont une responsabilité, parce que si un jour, je n'ai plus de chaîne de valeur,
30:47 si un jour les agriculteurs ne peuvent plus se rémunérer,
30:50 ce qui est passé pendant deux années, si les industries agroalimentaires
30:52 ne peuvent pas se rémunérer, alors ils feraient quoi M. Leclerc et les autres ?
30:56 Ils iront chercher à l'extérieur des frontières leur alimentation dégradée
30:59 en termes de qualité parce qu'elle ne sera même pas européenne ?
31:01 Donc chacun porte sa part de responsabilité.
31:04 Je peux entendre que dans certains cas, il y a des relations qui soient complexes
31:07 avec des opérateurs, mais il faut aussi entendre qu'il y a des marges.
31:10 On voit bien qu'on est au point culminant de l'inflation,
31:12 on a des risques un peu là sur le printemps.
31:15 Chacun peut faire sa part d'effort.
31:16 Je rappelle que le gouvernement lui-même a fait sa part d'effort
31:18 avec le chèque carburant, ce qu'on a fait à l'automne sur le chèque inflation.
31:21 Le fait qu'on ait tenu, parce que c'est un tout les affaires d'inflation,
31:24 on ait tenu les prix sur l'énergie, gaz et l'énergie électrique.
31:27 Tout ça fait que nous sommes dans un pays où, par les efforts en particulier de l'État,
31:31 on a l'inflation la plus faible.
31:33 Ça ne veut pas dire qu'elle ne touche pas nos concitoyens
31:35 et qu'ils ne la perçoivent pas différemment.
31:37 Mais que chacun fasse sa part. Dans une phase de crise,
31:40 on est face à une guerre à nos portes, européenne,
31:43 qui a de lourds impacts et donc chacun doit faire sa part d'effort.
31:47 Une question web.
31:50 Oui, je voulais vous lire le commentaire de Dominique sur Facebook.
31:53 Il vous demande, un peu sous le ton de la Prova,
31:56 est-ce que vous connaissez vraiment le prix des fruits et des légumes ?
31:59 Parce que pour lui, tout devient trop cher en janvier 2023.
32:03 Les prix d'alimentation ont augmenté en moyenne de 13% par an.
32:07 Qu'est-ce que vous lui dites ?
32:08 Que c'est comme ça, il va falloir s'y habituer ?
32:10 Non, non, mais le prix des fruits et légumes, c'est vrai.
32:12 Mais il a subi aussi des inflations.
32:14 On a décidé de voter une loi sur les emballages qui a produit...
32:17 Donc c'était plutôt vertueux, mais ça a produit des surcoûts
32:20 pour ceux qui transformaient.
32:21 Donc oui, le prix de...
32:22 Oui, je connais les prix des fruits et légumes,
32:23 parce qu'il m'arrive aussi de vivre comme tout le monde.
32:25 C'était plutôt sur "est-ce qu'il faut s'habituer à ce genre d'inflation ?"
32:28 Non, après on a besoin d'ailleurs, on va présenter
32:30 durant ce Salon de l'agriculture un plan de souveraineté fruits et légumes,
32:33 parce qu'on a besoin, au travers des pratiques,
32:36 au travers de l'évolution vis-à-vis des produits phytosanitaires,
32:38 au travers de la compétitivité, d'avoir des prix de fruits et légumes
32:41 au travers de l'accès à l'eau aussi.
32:43 Est-ce que vous dites aux Français, il va falloir accepter de payer le prix
32:47 si on veut sauver l'agriculture française ?
32:49 Je pense qu'il faut que collectivement...
32:51 Alors, je parle à des Français dont je sais que pour un certain nombre d'entre eux,
32:54 le sujet du pouvoir d'achat et le sujet de l'inflation,
32:58 dire "on n'est pas à 1 euro", ce n'est pas vrai pour un certain nombre de Français.
33:01 Donc il faut faire attention à ce qu'on dit.
33:03 Alors je vais faire deux réponses à votre...
33:05 Oui, si nous ne sommes pas capables de remettre de la valeur
33:09 au sens figuré comme au sens propre à l'alimentation.
33:12 S'alimenter bien, c'est bon pour sa santé, c'est bon tout court.
33:16 S'alimenter avec des produits français, c'est assurer notre part de souveraineté
33:19 parce que vous voyez bien à quel point M. Poutine,
33:21 depuis 25 ans ou 20 ans, avait construit une stratégie basée sur
33:25 deux éléments stratégiques, tout le monde a pensé que c'était complètement obsolète,
33:28 qui étaient l'énergie et l'alimentation.
33:30 L'alimentation, c'est une arme.
33:32 Si vous ne pouvez pas alimenter votre population,
33:35 vous êtes en situation de dépendance mortelle aux autres.
33:38 On voit d'ailleurs ça et c'est dans cette situation qu'elle est aussi...
33:40 Donc vous demanderez de faire des efforts.
33:42 Non, je dis juste qu'à chaque fois qu'on a un acte de consommateur...
33:45 Je ne suis pas là pour donner la leçon, je ne l'ai jamais fait de ma vie aux Français.
33:48 L'acte de consommation n'est pas anodin, il est une part de notre souveraineté.
33:51 Après il faut qu'on essaye de travailler sur des dispositifs pour les Français
33:54 qui n'ont pas accès aux fruits et légumes parce que les coûts sont trop élevés,
33:58 ou la viande parce que les coûts sont trop élevés,
34:00 des mécanismes qu'on peut avoir pour soulager pour qui c'est le plus dur.
34:03 Ça vous fait une transition, c'est ça que vous allez dire.
34:05 Tout à fait Marc Fesneau, merci pour cette transition.
34:08 Mais on attend surtout la réponse à cette question des dispositifs.
34:12 Le panier anti-inflation, vous n'en avez pas encore parlé depuis le début de cette émission.
34:17 C'est un sujet qui court depuis de très longs mois au sein de votre gouvernement,
34:22 de votre majorité, on en est où ?
34:24 Alors, il y a plusieurs choses.
34:26 Le panier anti-inflation c'est plus récent.
34:28 Olivia Grégoire, ma collègue, travaille d'arrache-pied avec Bruno Le Maire
34:32 pour essayer de trouver avec les distributeurs,
34:34 mais ça rejoint ce qu'a dit le président de la République hier et que vous avez évoqué.
34:37 Le panier anti-inflation, ça doit être un outil où c'est la distribution qui prend sa charge.
34:41 Si c'est pour venir sur les agriculteurs ou sur la transformation, là ça ne sert à rien.
34:46 Des prix bloqués sur un certain nombre de produits.
34:48 C'est sur un certain nombre de produits d'essayer de regarder ce qu'on peut faire
34:50 pour garantir pendant une période donnée aux Français.
34:53 Pourquoi ça n'avance pas ?
34:55 Bruno Le Maire a semblé l'enterrer.
34:57 Ils ont fait une interview commune dans la semaine où ils ont redit ce que devraient être les bases.
35:01 Pourquoi c'est compliqué ?
35:03 Il y a un deuxième sujet qui est le chèque alimentaire.
35:05 C'est ça qu'on travaille depuis plusieurs mois.
35:07 C'est quelle nature de produit ?
35:09 Dans un panier, quels sont les produits qu'on met ?
35:12 C'est plutôt des végétaux ? C'est plutôt des produits ?
35:14 Il y a un débat avec tout le monde.
35:16 En quoi le panier, dès lors que vous donnez un nombre de produits, vous avez besoin de déterminer ce nombre.
35:20 Les distributeurs ne disent pas tous la même chose.
35:23 Deuxièmement, il faut qu'on se garantisse du fait qu'il n'y aura pas d'effet de bord.
35:26 C'est-à-dire que ça vienne taper la transformation et les agriculteurs.
35:30 C'est tout ça qu'on est en train de travailler.
35:32 Ça fait un mois qu'on essaie d'y travailler.
35:34 Après, on a le chèque alimentaire.
35:36 Pour le panier ?
35:38 Dans la quinzaine de jours, l'idée, c'est d'essayer de voir le dispositif qu'on peut proposer.
35:44 Il faut le faire en responsabilité vis-à-vis des distributeurs.
35:48 C'est eux qui doivent être en responsabilité.
35:50 Et deuxièmement, l'objectif n'est pas de détricoter ce que nous avons patiemment bâti depuis trois ou quatre ans.
35:55 C'est-à-dire de remettre de la valeur dans la chaîne alimentaire.
35:59 Et pour détruire ça, je vois bien ceux qui veulent s'en saisir.
36:01 On remet tout en coulisses.
36:03 La FNSEA propose justement un chèque alimentaire consacré aux fruits et légumes.
36:07 Peut-être 100 euros pour les personnes les plus précaires.
36:11 Est-ce que vous êtes prêt à dire bon cours ?
36:13 On est en train de travailler dans le plan de souveraineté fruits et légumes.
36:15 La FNSEA ne dit pas que fruits et légumes.
36:17 C'est plus compliqué que ça.
36:19 Quel lieu de distribution ?
36:21 Quel type de produit ? Transformé ou pas transformé ?
36:23 Fruits et légumes uniquement ou d'autres ?
36:25 On a quand même tout ça.
36:27 La transparence de la facilité du sujet, c'est un peu plus complexe que ça.
36:31 Deux, on n'a pas envie de stigmatiser les gens.
36:33 C'est-à-dire que ça touchera plutôt les Français, ça concerne plutôt les Français qui sont le plus en difficulté.
36:37 Il ne faut pas que ce soit stigmatisant.
36:39 Troisièmement, on a des banques alimentaires qui sont très précieuses dans les territoires.
36:42 Donc il ne faut pas oublier le rôle éminent.
36:44 Est-ce que ça peut être un vecteur de l'amélioration de l'alimentation ?
36:48 Le sujet principal, c'est qu'il y a un certain nombre de gens,
36:50 vous l'avez dit d'ailleurs, même si c'était sous la forme de boutade de votre interlocuteur,
36:54 il y a un certain nombre de gens qui ne mangent pas de fruits et légumes.
36:57 Vous avez un tiers des gens en France seulement qui sont dans la tendance qui est demandée par le programme nutrition santé.
37:04 C'est-à-dire cinq fruits et légumes par jour.
37:06 Un tiers seulement y accède.
37:08 Donc ça, c'est de la précarité.
37:10 Et ça derrière, c'est des effets de santé.
37:12 On sait que c'est documenté d'un point de vue scientifique que manger cinq fruits et légumes par jour, c'est mieux pour la santé.
37:18 Donc c'est ça qu'il faut essayer de travailler.
37:20 Mais vous voyez, c'est un processus qu'il faut faire.
37:23 Une question sur le marché du bio qui est d'ailleurs peut-être connexe à celle du pouvoir d'achat.
37:28 Après plusieurs années fastes et une croissance à deux chiffres, le marché du bio est en crise et baisse pour la deuxième année consécutive.
37:35 Est-ce qu'il y a un problème du côté des consommateurs qui privilégient désormais le prix par rapport aux conditions de production d'un produit, d'un aliment ?
37:44 D'abord, par nature, ce métier des années fastes.
37:47 Quand vous avez une croissance de point, à un moment, ça s'arrête et les armes ne montent pas jusqu'au ciel.
37:51 Sans doute, il n'avait pas été vu qu'à un moment, le marché allait se stabiliser.
37:56 Ce qu'on voit d'ailleurs en France, c'est valable, j'en parlais avec mes collègues espagnols et allemands, on le voit dans les autres pays européens, on est dans une phase de stabilisation.
38:02 Donc à ceux qui nous expliquaient qu'il fallait faire tout en bio, il faut être un peu...
38:06 On avait raison de dire "essayons d'avancer progressivement".
38:09 Qu'est-ce qui s'est passé dans cette période inflationniste ?
38:11 C'est pour des raisons de budget, les Français sont descendus en gamme, si je peux dire.
38:16 En tout cas, descendus en prix.
38:18 Et puis, deuxième élément qu'on a sans doute moins vu, sur lequel je souhaite qu'on travaille,
38:22 d'ailleurs on a annoncé qu'on mettrait des moyens complémentaires en termes de communication,
38:25 c'est que la décroissance arrive avant le vrai pic d'inflation, elle arrive après la Covid, après la crise Covid.
38:32 Pourquoi ? Parce que les Français, et nous les avons tous poussés, ont plutôt redécouvert les produits locaux.
38:37 Et donc le localisme est venu un peu se substituer d'une certaine façon dans les choix alimentaires aux Français.
38:42 Donc on a besoin, avec la filière bio, il faut reconnaître qu'ils sont très en crise.
38:47 Il ne faut pas nier la crise qu'ils traversent avec des gens qui ont fait des choix,
38:51 qui sont parfois des choix de changement de modèle, qui sont très compliqués.
38:54 Est-ce que l'État les soutient suffisamment aujourd'hui ?
38:57 On est en train de préparer un plan pour à la fois les soutenir dans la conjoncture,
39:00 enfin l'État n'est pas là pour soutenir la demande, l'État est là pour faire en sorte que la demande soit plus forte.
39:04 De quelle manière on peut les aider ? C'est conjoncturellement sur certaines filières, on est en train de regarder.
39:08 Deuxième élément, qu'est-ce qu'on fait comme action de communication ?
39:11 Il faut qu'elle soit manifestement plus efficace, qu'elle vienne cibler mieux que ce qu'on avait fait jusqu'alors.
39:16 Parce que si c'est pour faire les mêmes, manifestement on a un problème.
39:19 Troisième élément, on peut au travers de ce qu'on a fait dans la loi Egalim, dite Egalim 1,
39:24 soutenir les collectivités, accompagner les collectivités dans l'intégration de produits sous label de qualité et sous produits bio.
39:31 On avait prévu 20% et 50% de produits sous signe de qualité au global.
39:35 Dans la restauration, au domicile en particulier, la restauration scolaire.
39:39 Et là il faut qu'on accompagne mieux, sans doute, et qu'on n'est qu'à 6-7%.
39:42 Donc on a besoin d'aller plus loin sur ce sujet-là.
39:45 Donc la commande publique, la communication, la gestion de crise, c'est surtout sur ces sujets-là qu'on va essayer de jouer.
39:51 En janvier, vous avez annoncé, Marc Fesneau, la fin des dérogations sur les néonicotinoïdes pour la betterave.
39:57 Après une décision de la Cour de justice européenne.
39:59 L'annonce a provoqué la colère des agriculteurs.
40:02 Il y a eu des manifestations à Paris, à Clermont-Ferrand ou à Saint-Etienne.
40:05 Le poids des normes, notamment environnementales, est-il en train, Marc Fesneau, de tuer l'agriculture française ?
40:11 C'est le risque qu'il faut conjurer.
40:13 Mais oui, vous dites oui.
40:16 Ces normes tuent notre agriculture.
40:18 Si nous avons des normes, alors d'abord vous ne me trouverez pas sur le chemin de la démagogie qui dit qu'il ne faut pas de normes.
40:23 Parce que c'est très facile, derrière un micro, derrière une tribune, pour être populaire en tout cas un temps,
40:27 de dire on se fiche des sujets environnementaux, on se fiche du sujet de santé.
40:30 Quand vous discutez avec les agriculteurs, ils ont tout à fait conscience qu'il y a un certain nombre de choses dont il est mieux qu'on soit sortis.
40:36 Donc ce n'est pas le sujet uniquement.
40:38 Deuxième élément, qu'est-ce qui fait que les agriculteurs ne comprennent pas ?
40:41 On peut comprendre non seulement leur exaspération, mais parfois leur colère.
40:45 Il y a comme une offense qui leur est faite.
40:47 On leur dit il n'y a qu'à interdire, comme si l'interdiction allait produire la solution.
40:50 L'interdiction, ça ne produit pas la solution.
40:52 Mais quand en plus l'interdiction n'est que nationale, et que dans vos frontières,
40:56 que vous croisez vos collègues et voisins allemands, espagnols, italiens,
40:59 et qu'ils vous disent c'est bizarre, chez nous la molécule est autorisée,
41:02 alors là vous prenez un risque mortel pour l'agriculture.
41:04 Donc on a à travailler d'abord sur ces sujets-là au niveau européen.
41:07 Si c'est mauvais ou si c'est bon, c'est au niveau européen que ça se décide.
41:11 S'il y a des risques, c'est plutôt au niveau européen que ça se décide.
41:13 Ça n'empêche pas que nous travaillons avec nos propres agences nationales.
41:16 Deux, on a besoin de coordonner un calendrier.
41:18 Je ne peux pas avoir une décision qui s'applique sous six mois
41:21 et ne pas laisser le temps de la solution.
41:23 C'est comme si on disait à l'industrie automobile, vous savez pas,
41:26 vous allez passer à l'électrique en six mois.
41:28 C'est impossible de faire ça.
41:29 Les normes françaises en termes de phytosanitaires sont plus sévères qu'en Europe.
41:33 450 substances autorisées dans l'UE contre seulement 300 en France.
41:36 Je pondérerai assez volontiers parce que c'est 450 dans l'ensemble de l'Europe.
41:40 Il y a des endroits où on n'a pas besoin de ces molécules en France.
41:43 Vous m'accorderez que...
41:45 Est-ce que vous dites qu'il faut qu'on réautorise des substances
41:49 qui ont été interdites en France, qui sont autorisées chez nos voisins,
41:52 pour justement éviter qu'il y ait une partale...
41:56 Moi, le chemin sur lequel je me mets, c'est d'abord...
41:58 Il y a des sujets juridiques.
41:59 Je rappelle que nous avons, ce n'est pas ce gouvernement,
42:01 ce n'est pas le précédent.
42:02 Il y a le principe de précaution, le principe de non-régression
42:05 et des lois qui ont interdit des molécules,
42:07 pour certaines en particulier les néonicotinoïdes.
42:09 Je veux bien qu'on réinterroge tous les sujets,
42:11 mais on a un sujet d'urgence.
42:12 C'est comment j'assure aux betteraviers, pour le sujet qui nous préoccupe,
42:15 une forme de sécurité sur l'année qui se passe.
42:17 Deux, il faut qu'on travaille sur les alternatives.
42:19 Après, je pense que c'est ce qu'a annoncé le président de la République,
42:22 ce que j'ai fait il y a 15 jours, j'ai dit,
42:25 il faut qu'on arrête d'avoir du travail en silo.
42:27 L'Anses dit des choses, les instituts techniques disent des choses,
42:29 l'Inra dit des choses, les filières disent des choses.
42:31 Essayons de mieux coordonner, ça se fait déjà,
42:33 mais essayons de mieux coordonner nos travaux
42:35 pour que l'interdiction de la molécule ne vienne pas se heurter
42:39 à une absence de solution.
42:40 Parce que sinon, ça on va dans le mur.
42:42 C'est plutôt comme ça qu'il faut essayer de travailler sur.
42:43 Aujourd'hui, c'est l'Agence nationale de sécurité alimentaire
42:45 qui dépose les décrets et les interdictions.
42:47 Est-ce que vous dites qu'il faut retirer son pouvoir d'interdiction à l'Anses ?
42:51 C'est ce que demande la FNSEA.
42:53 Oui, mais tout ça ce sont des débats sans fin.
42:56 Pardon, je peux exprimer le sentiment qu'il faut d'abord
43:00 qu'on essaye de travailler mieux ensemble.
43:02 Parce que si ce n'est pas l'Agence de sécurité sanitaire française,
43:04 ça sera l'européenne.
43:06 Donc n'éludons pas les questions.
43:07 Ce que je veux, c'est qu'on coordonne les programmes de recherche,
43:11 le programme d'innovation, avec les inquiétudes qu'on entend
43:15 sur certaines molécules.
43:16 Le problème, c'est qu'on n'arrive pas à les coordonner.
43:18 C'est ça la difficulté.
43:19 Une question sur les réseaux sociaux.
43:21 Oui, il y a deux visions qui s'affrontent chez nos internautes
43:24 qui vous écoutent depuis le début de cette émission.
43:26 Il y a un internaute qui dit...
43:27 Je suis pas étonné.
43:28 En fait, vous allez voir, le vrai ministre de l'agriculture,
43:31 c'est la FNSEA.
43:32 Et un autre internaute, Grégory, qui lui pense que tout ça
43:35 ne se joue pas en France, mais se joue en Europe.
43:38 Donc un coup FNSEA, un coup c'est à cause de l'Union européenne
43:40 et la France en fait dans tout ça.
43:42 Nous sommes partie intégrante de l'Union européenne,
43:44 donc on se bat régulièrement.
43:47 En tout cas, ils ont l'impression que ça prend trop de place
43:49 et que ça se fait au détriment des agriculteurs français.
43:51 Qu'est-ce qui prend trop de place de l'Union européenne ?
43:52 Que ça se fait au détriment des agriculteurs français.
43:54 Non, non, parce que si on a encore une agriculture puissante,
43:57 c'est grâce à l'Union européenne,
43:58 c'est parce qu'on a eu une politique agricole commune,
44:00 donc ne commençons pas non plus à venir...
44:02 Si nous n'avions pas l'Union européenne,
44:04 nous serions livrés à la concurrence totale
44:07 à l'extérieur de nos frontières
44:08 et à l'intérieur de l'Union européenne.
44:09 Moi, l'harmonisation dès lors qu'elle est européenne,
44:11 elle ne me pose pas de problème.
44:12 Elle me pose problème quand elle n'est que française.
44:14 Et donc, sans doute, c'est le point d'équilibre
44:16 qu'il faut essayer de trouver.
44:17 C'est-à-dire qu'il faut qu'on essaie d'expliquer
44:18 que c'est au niveau européen que se posent ces sujets,
44:20 mais que ce n'est pas parce que c'est au niveau européen
44:22 que je vais aller raconter, parce que je sais que je leur mens,
44:25 en prononçant cette phrase aux agriculteurs,
44:27 qu'il n'y a pas une transition opérée.
44:29 Ça ne veut pas dire d'ailleurs qu'on n'a pas besoin
44:30 de produits phytosanitaires.
44:31 Ceux qui disent qu'il n'y a plus de produits phytosanitaires
44:33 en cinq ans, c'est comme s'ils disaient
44:34 qu'on passe à la voiture électrique en six mois.
44:36 Il y a des produits phytosanitaires.
44:37 D'ailleurs, tout ce qu'il y a dans le studio est chimie
44:40 et nous sommes nous-mêmes à porter des vêtements
44:42 qui sont produits de la chimie.
44:43 Donc, ne faisons pas non plus un grief particulier
44:45 à ce secteur.
44:46 Simplement, on a besoin, quand il y a des alertes,
44:48 des sujets sanitaires, des sujets environnementaux,
44:50 de se poser la question des alternatives,
44:51 de se poser la question, ce qu'on a dit tout à l'heure,
44:53 sur les nouvelles techniques génomiques,
44:54 de se poser la question des biocontrôles.
44:56 Donc, j'ai besoin de resynchroniser ça.
44:58 Et donc, la volonté qu'on a et que je porte au niveau européen,
45:00 c'est d'avoir des alliés.
45:01 On a accéléré sur les techniques génomiques
45:03 parce qu'on s'est mis à plusieurs ministres européens
45:05 pour demander à la Commission d'avoir un papier
45:07 avant la fin du cycle électoral qui débute en 2024
45:10 pour l'Union européenne.
45:11 - Allez, un peu d'actualité avec la réforme des retraites.
45:13 Marc Fesneau, vous êtes aussi vice-président du MoDem.
45:16 La réforme des retraites arrive au Sénat la semaine prochaine,
45:19 mardi, en commission.
45:20 Une question de Jim Gérassé.
45:21 - Oui, j'ai une citation, plutôt,
45:23 de quelqu'un que vous connaissez très bien,
45:25 qui a dit "Une partie très importante de l'opinion
45:28 ne se reconnaît pas dans cette réforme".
45:30 Est-ce que vous savez de qui il s'agit ?
45:31 - Non.
45:32 - Il s'agit de François Bayrou, le patron du MoDem,
45:34 partie auquel vous appartenez.
45:36 - J'ai déjà fait du dîner.
45:37 - Oui, peut-être.
45:38 Est-ce que vous partagez le constat du président de votre parti ?
45:42 - J'en parle beaucoup avec François Bayrou.
45:44 La question, c'est qu'on arrive à dire mieux, sans doute,
45:48 parce que c'est quand même ça le sujet,
45:50 pourquoi nous faisons cette réforme.
45:51 Nous faisons cette réforme parce que nous voulons d'abord
45:53 sauver le système par répartition.
45:55 Et que le plus injuste serait que le système par répartition
45:58 disparaisse, parce que ce créerait un système par capitalisation.
46:01 Vous n'avez pas besoin d'aller de l'autre côté de l'Atlantique.
46:04 Vous voyez des gens qui ont 70 ou 75 ans
46:06 qui, parce qu'ils n'ont pas de retraite, sont obligés de travailler.
46:08 Donc le système par répartition, il faut le sauver.
46:10 C'est une question de justice.
46:11 A l'intérieur du système, ce que nous avons, c'est...
46:13 Aujourd'hui, il y a plein d'injustices.
46:16 Donc on essaye, à l'intérieur de cet effort qui est demandé,
46:20 parce que deux ans de plus, personne ne vient dire au gouvernement,
46:23 dans la majorité, il y a ici des parlementaires,
46:25 que ce n'est pas un effort qui est demandé aux Français.
46:27 Mais on a besoin, sans doute, de mieux expliciter ce en quoi
46:30 on sauve le système par répartition.
46:32 Et ça vient protéger les plus modestes d'entre nous.
46:34 Deux, on demande un effort à tout le monde.
46:36 Et trois, à l'intérieur de cela, qu'est-ce qu'on essaye de mettre
46:38 comme mesure de justice ?
46:39 Le travail, le débat a commencé à l'Assemblée nationale.
46:42 Il va se poursuivre au Sénat.
46:44 Le président de la République, hier, dans les contacts qu'il a eu avec les Français,
46:47 avait aussi explicité qu'il y avait sans doute le sujet autour des femmes
46:50 et puis le sujet autour des familles sur lequel il fallait travailler.
46:53 C'est le cheval de bataille, notamment, du modem.
46:55 La question des femmes, il avait fait des propositions sur le sujet
46:57 qui n'ont pas été retenues.
46:59 Est-ce que, finalement, le gouvernement écoute plus, par exemple,
47:02 les Républicains que le modem ?
47:04 Non, alors, moi, je vais vous dire, j'ai été président de groupe
47:06 et j'en parle souvent avec Jean-Paul Maté.
47:08 La question, ce n'est pas de porter l'amendement comme un drapeau
47:10 et de dire "c'est le mien, ce n'est pas le tien".
47:12 Je constate que sur un certain nombre de sujets,
47:14 nous étions plutôt sur 64 que sur 65,
47:16 ce qui n'est quand même pas tout à fait le même sujet, vous voyez.
47:18 On a plutôt été suivi, on était plutôt sur un certain nombre d'améliorations
47:21 qui ont été proposées dans le débat à l'Assemblée nationale.
47:24 Donc, chacun prend sa part.
47:26 Après tout, que des gens chez les Républicains,
47:28 j'aimerais d'ailleurs que du côté gauche, nous ayons aussi des gens
47:30 avec lesquels nous puissions discuter,
47:32 parce que c'est d'intérêt général cette affaire-là.
47:34 Et ce qu'on fait là, c'est pour tous les gouvernements qui succéderont.
47:37 Donc, si on pouvait trouver des voies d'équilibre,
47:39 ce n'est pas une affaire que de la majorité contre le reste du monde.
47:42 Donc, on a besoin de travailler avec tout le monde.
47:44 Marc Fesneau, à mesure que le débat parlementaire se fait
47:46 sur ce sujet de la réforme des retraites,
47:48 il y a des aménagements au texte qui coûtent cher,
47:51 finalement, pour trouver des économies supplémentaires.
47:54 Est-ce que vous seriez favorable, par exemple,
47:56 à accélérer la fin des régimes spéciaux ?
47:59 Le ministre du Travail, Olivier Dussopt,
48:01 dit que c'est une possibilité. Il l'a dit chez nos confrères de BFMTV.
48:04 Est-ce que c'est ce que souhaite faire la droite,
48:06 qui est majoritaire au Sénat ?
48:08 Je ne vais pas être très sympa, mais c'est ce que souhaite faire la droite
48:11 depuis 25 ans et ce qu'elle annonce depuis 35
48:13 et qu'elle n'a pas fait depuis 25 ans.
48:15 Tout simplement, c'est nous qui le faisons.
48:16 Je pense que c'est une mesure de justice pour les Français.
48:18 Donc, accélérer la...
48:19 Non, attendez.
48:20 L'alignement des régimes spéciaux, c'est une mesure de justice.
48:23 Deuxième élément, que ça fasse partie.
48:25 On est dans un pic qui est bizarre.
48:27 On ne peut pas avoir de débat.
48:29 Non, mais avec vous aussi, je veux dire...
48:31 On ne peut pas dire...
48:32 Examinons la question sans avoir un avis définitif.
48:34 Et donc, dans le débat parlementaire, qu'on puisse regarder
48:36 si ça peut être une dévoi, que c'est une question à examiner,
48:38 sans avoir d'avis...
48:40 Les gens qui pensent en noir ou blanc,
48:42 ils ont beaucoup de chance dans la vie, mais je pense qu'ils se trompent.
48:44 Je pense que les nuances de gris ne sont pas mauvaises.
48:47 Et donc, il me semble qu'on puisse poser ça aussi
48:49 comme un des éléments, ce n'est pas une mauvaise idée.
48:51 Question sur les réseaux sociaux.
48:53 Oui, là, je m'adresse plus à l'ancien ministre des Relations
48:55 et avec le Parlement.
48:57 Vous avez été, pendant tout le débat sur les retraites,
48:59 on a reçu énormément de questions d'internautes
49:01 qui s'interrogent sur la retraite des sénateurs.
49:04 Et il y a même un député qui estime qu'il faut revenir
49:07 sur ce régime spécial et tout simplement l'annuler.
49:09 Vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
49:11 Comment dire ?
49:13 On est quand même un pays qui adore se chercher des boucs émissaires.
49:15 Les sénateurs sont des boucs émissaires dans cette histoire ?
49:18 C'est toujours... On dit "Ah, mais lui, il n'a pas la même retraite".
49:20 Ils ont un système, d'ailleurs, je le rappelle,
49:22 ils ont un système qui est équilibré,
49:24 parce qu'ils surcotisent.
49:26 Bon.
49:28 Ils ont manifestement bien géré leur caisse de retraite.
49:30 Bon.
49:32 Que chacun s'aligne, d'ailleurs le président du Sénat,
49:34 que je connais bien, il a dit "On fera le pas nécessaire".
49:36 Mais cette espèce de...
49:38 Si toi, tu ne l'as pas fait,
49:40 cette espèce de "On tire vers le bas en permanence les autres",
49:42 en montrant du doigt, comme je le fais là,
49:45 telle ou telle catégorie,
49:47 vous ne m'entendez pas dire sur les régimes des retraites,
49:50 les régimes spéciaux, telle ou telle catégorie,
49:52 je dis juste, c'est une question d'alignement.
49:54 Le président du Sénat a dit qu'il veillerait aussi
49:56 à ce que le Sénat fasse sa part,
49:58 mais attention à ce genre d'exercice,
50:00 en particulier pour avoir été ministre des Relations
50:02 et des Parlements, je trouve que personne ne gagne
50:04 d'une chambre à l'autre à taper
50:06 d'une chambre sur l'autre.
50:08 Ce n'est pas bon pour la démocratie. On a besoin du Sénat,
50:10 et on a besoin de l'Assemblée nationale. Ça fait partie de l'équilibre.
50:12 On est bien content, là aussi, de trouver le Sénat en ce moment,
50:14 pour essayer d'avoir des débats que, parfois,
50:16 les députés qui sont ici présents
50:18 regrettent de ne pas avoir eu.
50:20 - Vous venez d'un territoire rural,
50:22 le Loir-et-Cher, vous avez été maire
50:24 du village de Marchenoir pendant près de dix ans.
50:26 Lors des législatives, un grand nombre
50:28 de territoires ruraux ont basculé
50:30 au rassemblement national.
50:32 Comment vous l'expliquez ?
50:34 - Je pense qu'il y a un certain nombre, d'ailleurs, en particulier
50:36 dans le monde agricole, de gens, et pour les raisons qu'on a évoquées
50:38 tout à l'heure, qui ont le sentiment de ne pas être compris.
50:40 On est dans une drôle de société.
50:42 - Par le gouvernement ? - Non, en général, par la société.
50:44 Non, non, par le gouvernement. C'est en général
50:46 ce qui est dit sur ces territoires,
50:48 où on vient chahuter les traditions,
50:50 où on vient chahuter le modèle de production,
50:52 et où on vient montrer du doigt de l'extérieur
50:54 ce que devrait être le modèle qu'on impose aux gens.
50:56 Il y a quelque chose qui est, je vous assure,
50:58 moi j'y vis toujours, une forme de violence
51:00 faite à leur histoire, à leur culture, à leur identité,
51:02 et c'est ça qui énerve.
51:04 - Et qu'est-ce qu'on fait pour aller, justement, pour empêcher
51:06 la progression de la ruralité ?
51:08 - Dans cette société qui prône souvent beaucoup la bienveillance et le respect
51:10 de ceux qui ne sont pas majoritaires, et ceux en quoi je crois,
51:12 il faut respecter ceux
51:14 qui ont des traditions, qui ont des modes de vie,
51:16 qui ont une histoire qui n'est pas celle qu'on peut...
51:18 Il faut essayer de se comprendre.
51:20 Et donc on a besoin de comprendre les agriculteurs dans leur réalité
51:22 et leur difficulté, de comprendre
51:24 les commerçants des territoires ruraux
51:26 dans leur difficulté et leur réalité.
51:28 Donc je pense qu'il faut qu'on comprenne.
51:30 Par ailleurs, on a fait depuis 5 ou 6 ans, au travers des maisons France Service,
51:32 au travers d'un certain nombre de dispositifs,
51:34 à travers de ce qu'on a fait, au travers de France Relance,
51:36 un certain nombre de choses. Il y a un sentiment de relégation
51:38 dans les territoires ruraux.
51:40 Quand vous avez vu successivement ce que j'ai vu,
51:42 après moi j'ai essayé de le reconstruire comme élu local,
51:44 disparaître le bar, la boulangerie,
51:46 la poste... - Mais comment on fait, Marc ?
51:48 - Et on vous a expliqué que ça c'était pas bien.
51:50 - Comment vous faites pour empêcher la progression du RN ?
51:52 - Je pense que c'est du temps long et c'est un élément de reconquête.
51:54 - Vous avez 4 ans ?
51:56 - Oui, on a 4 ans pour essayer
51:58 d'être à la fois,
52:00 de ne pas cultiver
52:02 le "c'était mieux avant"
52:04 et en même temps de dire "ça sera bien demain quand même".
52:06 Vous voyez, c'est ça qu'il faut qu'on essaye de faire.
52:08 C'est les territoires qui ont le sentiment qu'ils n'ont plus d'avenir.
52:10 La réindustrialisation c'est un chemin.
52:12 La réappropriation des services publics c'est un chemin.
52:14 Le respect des traditions,
52:16 c'est un chemin.
52:18 Il faut laisser les gens vivre leurs traditions
52:20 dès lors qu'elles ne viennent pas nuire aux autres.
52:22 Alors moi ça m'arrive de ne pas être d'accord avec des traditions,
52:24 enfin je les laisse,
52:26 y compris avec les nouvelles traditions qui se construisent.
52:28 - Une toute dernière question avec Jim Gérard.
52:30 - Ça nous amène finalement à la question de 2027
52:32 et au spectre d'une éventuelle victoire de Marine Le Pen.
52:34 Est-ce que le bloc central
52:36 peut survivre à l'après Emmanuel Macron ?
52:38 Comment faire
52:40 pour que ce bloc
52:42 qui a été constitué pendant deux quinquennats n'explose pas ?
52:44 - D'abord,
52:46 je ne vais pas dire que je parle à mon aise,
52:48 mais le bloc central, nous l'avons fait vivre
52:50 autour de François Bayrou en particulier depuis
52:52 un certain nombre
52:54 d'années, pour ne pas dire de décennies.
52:56 Le bloc central il existe.
52:58 - C'est la solution pour 2027 ? François Bayrou ?
53:00 - François Bayrou dira ce qu'il a à dire le jour venu.
53:02 - Vous le souhaitez ?
53:04 - En tout cas il a une place éminente, mais il a dit lui-même que
53:06 ce n'est pas le sujet du moment, je trouve qu'il y a une forme d'indécence.
53:08 C'est le sujet qu'on a devant nous, on a évoqué les sujets climatiques,
53:10 les sujets souveraineté, etc. de commencer à parler.
53:12 - C'est la dernière question de l'émission.
53:14 - Je ne vous ai pas fait un reproche.
53:16 Mais je dis juste,
53:18 cet espace central,
53:20 je ne le sens pas menacé, tout simplement parce que
53:22 dans l'opinion ça existe.
53:24 Et comme ça existe, il trouvera son incarnation
53:26 et il trouvera son chemin. - Merci beaucoup Marc Fesneau.
53:28 Merci beaucoup de votre accepté de notre invitation.
53:30 C'est la fin de ce Grand Jury.
53:32 Merci de l'avoir suivi. Bon dimanche à tous et à la semaine prochaine.
53:34 prochaine.