Retraites : L'ensemble des groupes de gauche devrait déposer 2000 amendements, annonce D. Breuiller

  • l’année dernière
Retraites : "J'espère que le débat pourra être mené au bout et qu'il n'y aura pas d'empêchement du côté de la présidence du Sénat. On devrait avoir 2000 amendements pour l'ensemble des groupes de gauche" annonce Daniel Breuiller, sénateur (écologiste) du Val-de-Marne, Vice-Président de la commission des finances

Pour suivre toute l'actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicsenat?sub_confirmation=1

Retrouvez l'émission intégrale de Bonjour Chez vous ! ici : https://www.publicsenat.fr/emission/bonjour-chez-vous

Abonnez-vous à notre newsletter : https://urlz.fr/iinC

Suivez-nous sur les réseaux sociaux

Facebook : https://www.facebook.com/publicsenat
Twitter : https://twitter.com/publicsenat
Instagram : https://instagram.com/publicsenat
LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/2996809/

Category

📺
TV
Transcript
00:00 – Bonjour Daniel Brouillet. – Bonjour.
00:01 – Merci beaucoup d'être avec nous pour la première fois dans cette émission.
00:04 On est ravis de vous recevoir. On est ensemble pendant une demi-heure.
00:06 Vous êtes élu du Val-de-Marne, membre du groupe écologie, solidarité et territoire,
00:09 vice-président de la commission des finances du Sénat.
00:12 On va évidemment parler de la réforme des retraites dans quelques instants,
00:15 mais d'abord l'actualité, on l'a vu, c'est cette professeure d'espagnol
00:18 qui a été tuée en plein cours par un élève à Saint-Jean-de-Luz
00:21 dans les Pyrénées-Atlantiques. Quelle est votre réaction à ce moment ?
00:24 – J'ai d'abord une pensée pour ses proches, sa famille, ses collègues,
00:28 et puis pour les élèves. Je suis moi-même papa de deux enseignants,
00:32 dont une fille qui travaille dans un lycée professionnel,
00:35 avec des enfants qui rencontrent parfois des difficultés psychiques.
00:40 Et je voudrais dire à cette occasion, je ne veux pas faire que M. Darmanin
00:44 propose une loi à chaque fois qu'il y a un événement dramatique,
00:47 mais je pense que la souffrance psychique des adolescents
00:50 est en grande difficulté dans notre pays, et que peut-être ce drame
00:54 nous appelle collectivement à regarder comment accompagner ces souffrances
00:58 et comment aussi accompagner les enseignants qui se sentent souvent
01:01 très seuls et très démunis devant des situations,
01:05 même si en l'occurrence, pour ce qu'on sait aujourd'hui,
01:07 c'était assez imprévisible s'agissant de ce jeune homme, son passage à l'acte.
01:13 – On va parler de la réforme des retraites, puisque la semaine prochaine,
01:15 le Sénat examinera le texte.
01:17 Quelle va être la stratégie du groupe écologiste dans cet examen ?
01:20 – La stratégie, elle est assez simple, elle est d'ailleurs coordonnée
01:24 avec nos partenaires de gauche.
01:27 D'abord, nous voulons un débat clair et nous voulons pouvoir débattre
01:30 au fond du sujet, donc nous allons amender, débattre article par article
01:36 de chacun des sujets qui nous sont proposés, et puis surtout contester
01:41 cette retraite qui est au fond une retraite injuste, une retraite
01:45 qui se construit de façon très peu démocratique.
01:49 Réformer les retraites sans aucun accord de syndicat,
01:52 je mets à part le MEDEF, c'est quand même un exploit
01:55 que personne n'avait jamais réussi à faire dans ce pays.
01:59 Et puis utiliser des procédures comme le 47.1 ou le 49.3
02:04 pour corseter aussi le travail parlementaire, tout ça n'augure rien de bon.
02:07 – Vous pensez qu'il y aura un 49.3 ?
02:09 – En tous les cas, on est déjà dans un 47.1 qui est une façon
02:13 de limiter la possibilité des parlementaires.
02:16 On va nous débattre pendant 12 jours d'affilée, week-end compris,
02:22 et j'espère que le débat pourra être mené au bout et qu'il n'y aura pas
02:27 d'empêchement du travail des parlementaires du côté de la présidence,
02:31 je pense notamment du Sénat, de veiller à ce que le droit d'interpellation,
02:37 le droit de prise de parole sur chaque amendement puisse être respecté
02:40 parce que sur un texte comme celui-là, il faut pouvoir débattre au fond,
02:44 arctique par arctique. – Est-ce que vous craignez qu'il y ait
02:46 une limitation du temps de parole en séance ?
02:48 – C'est ce qui s'est dit dans les échanges entre présidents,
02:52 de notre côté il n'y a pas de volonté d'accumuler les amendements
02:57 comme ça a pu être le cas. – Combien vous en déposerez à peu près ?
03:00 – C'est encore en cours d'écriture.
03:03 – Vous n'aurez pas la même stratégie que la France insoumise à l'Assemblée ?
03:06 – Non, très clairement, nous aurons sûrement l'ensemble des groupes de gauche,
03:10 peut-être 2000 amendements, c'est à peu près ce qui s'est fait
03:12 à chaque réforme des retraites, mais par contre nous souhaitons
03:16 qu'ils soient débattus les uns après les autres et nous souhaitons aussi
03:19 pouvoir nous exprimer individuellement, chacun est parlementaire,
03:22 il doit pouvoir prendre la parole sur ses amendements.
03:25 On va quand même prendre deux ans de la vie de nos concitoyens.
03:27 Ce texte, vous savez j'étais hier avec deux atsem dans ma commune d'Arcueil
03:32 et elles me disent "Monsieur le maire, on va nous prendre nos plus belles années de retraite".
03:35 Bon, elles m'appellent encore "Monsieur le maire", c'est un reste du passé.
03:39 – Juste, est-ce que vous dites "je souhaite pouvoir aller au bout du débat",
03:42 c'est-à-dire que vous souhaitez un vote sur le texte final jusqu'au bout du texte ?
03:46 – Très clairement, on préfère que ce texte ne soit pas voté
03:50 et par ailleurs la façon dont nous sommes nous-mêmes possiblement corsetés
03:56 ne nous amène pas à choisir d'aller au bout de ce texte.
04:02 Mais on veut que l'article 7 soit débattu, on n'a pas énormément d'illusions,
04:06 mais on pense qu'il faut que chaque parlementaire puisse en conscience
04:09 et devant ses concitoyens, devant les grands électeurs s'agissant des sénateurs,
04:13 exprimer son choix, retarder l'âge de départ en retraite ou pas.
04:19 – Donc vous souhaitez un vote sur cet article 7.
04:20 Est-ce qu'Emmanuel Bompard, qui est le coordinateur de la France Insoumise,
04:23 était à votre place et il appelait les sénateurs de gauche à faire en sorte
04:26 qu'il n'y ait pas de vote sur cet article 7
04:28 parce que ça serait donner le point au gouvernement ?
04:29 Qu'est-ce que vous en pensez ?
04:31 – Écoutez, je suis sur ce sujet en désaccord avec Emmanuel Bompard.
04:35 Nous, nous souhaitons qu'il y ait vote sur l'article 7
04:37 parce que c'est le rôle des parlementaires de dire ce qu'ils pensent.
04:40 Au Sénat, la surprise sera sans doute faite puisque depuis des années,
04:43 nos collègues de la majorité sénatoriale,
04:45 Ellaire, proposent une réforme qui ressemble beaucoup à celle-là.
04:49 Au fond, c'est une réforme de droite et au Sénat, elle sera un peu chez elle.
04:53 Mais nous souhaitons qu'il y ait clarté et vote sur cet article
04:57 et nous souhaitons que devant les manifestants,
04:59 je pense au 7 mars par exemple, les gens sachent qui a voté
05:02 ou qui ne vote pas cette prolongation de l'âge de départ à la retraite.
05:07 – Sur le fond, vous le dites, il va y avoir plusieurs amendements du groupe écologiste.
05:10 Sur quoi vont porter ces amendements ?
05:12 – Sur tous les articles, je pense évidemment aux régimes spéciaux
05:16 où par exemple, je considère pour ma part que c'est assez difficile de juger
05:21 qu'il faut supprimer les régimes spéciaux quand nous-mêmes,
05:24 on en a un assez particulier.
05:26 Donc moi j'inviterais mes collègues…
05:28 – Il faudrait supprimer, pardon ?
05:29 – En tous les cas, j'inviterais mes collègues à la cohérence.
05:32 S'ils ne veulent pas supprimer le régime du Sénat,
05:33 il ne faut pas qu'ils votent la suppression des régimes spéciaux
05:36 qui sont en général…
05:37 – C'est un régime autonome, un régime du Sénat.
05:38 – Oui, c'est un régime autonome mais on reçoit beaucoup de courriels,
05:41 d'éclairs de notaires et d'autres professions
05:44 qui nous disent exactement la même chose.
05:46 Donc au fond, souvent les régimes spéciaux sont liés à des duretés dans le travail.
05:50 Je pense pour ma part qu'il y a d'autres duretés qui devraient être prises en compte.
05:54 La souffrance au travail existe, on parle de la souffrance physique
05:58 mais il y a aussi la souffrance psychique de plus en plus importante.
06:02 Avec les augmentations de productivité,
06:03 on met les gens dans des tensions de plus en plus grandes au travail.
06:07 Et au lieu d'allonger la durée de travail,
06:09 je pense qu'on devrait plutôt, comme d'autres pays,
06:12 élargir la semaine de 4 jours, penser à l'organisation du travail.
06:16 Ce gouvernement fait tout à l'envers,
06:18 il est dirigé par des pensées vraiment très libérales et purement financières.
06:23 Et il faut d'abord regarder les conditions du travail
06:25 avant de vouloir étendre la durée du travail.
06:28 – On va parler d'un autre sujet inquiétant,
06:30 c'est la France qui connaît une sécheresse hivernale record, alarmante.
06:33 Hier, Christophe Béchut a dit vouloir prendre des mesures de restrictions soft.
06:37 Ce sont ses mots dès le mois de mars. Vous êtes satisfait ?
06:40 – À tous les cas, je pense que c'est incontournable et indispensable.
06:44 Satisfait serait beaucoup dire,
06:45 parce que dans le même temps, il reste une ambiguïté sur les usages de l'eau.
06:50 Et je pense que ni le gouvernement, ni d'ailleurs l'Assemblée,
06:54 à ce jour, n'a assez pris la mesure de ce que veut dire vivre dans une France
06:59 à +4 degrés, qui est la trajectoire sur laquelle aujourd'hui nous sommes,
07:03 et les sécheresses. Lorsque j'ai été élu, voilà, quelques mois,
07:06 j'ai auditionné à titre personnel une chercheuse du CNRS, Florence Sabetz,
07:12 parce que j'étais très préoccupé par cette question de l'eau.
07:14 J'ai été élu au mois de juillet,
07:16 nous étions déjà dans une période de sécheresse.
07:18 Et cette directrice de recherche au CNRS m'expliquait qu'en gros,
07:22 dans les années qui viennent, sans doute les deux tiers,
07:25 voire les trois quarts de notre pays vivraient dans un climat méditerranéen
07:28 avec des sécheresses aggravées.
07:30 Et donc inciter aussi à préserver les nappes phréatiques,
07:33 à préserver la qualité de la ressource en eau.
07:37 – Alors, Christophe Echu l'a dit hier, il dit, il appelle à se préparer au pire,
07:41 à préparer le pays à 4 degrés de réchauffement climatique, à sortir du déni.
07:45 C'est la preuve qu'il y a une prise de conscience de la part du gouvernement.
07:48 – Écoutez, moi j'aimerais que cette prise de conscience
07:50 traduise dans des mesures radicales.
07:53 On a su être radical face au Covid,
07:55 en mobilisant des moyens financiers très importants.
07:58 On ne l'est jamais lorsqu'il s'agit de la transition écologique
08:02 ou d'une mutation pour faire face à ces changements climatiques.
08:06 – C'est une question de moyens pour vous ?
08:07 – Non, ça n'est pas qu'une question de moyens,
08:09 c'est aussi une question de pensée.
08:11 Par exemple, la réforme des retraites dont on parlait,
08:13 c'est une réforme productiviste, on veut toujours produire plus.
08:16 Mais cette planète ne peut pas produire plus.
08:18 Donc il faut se demander comment on partage différemment la richesse produite
08:22 et comment on donne à chacun l'essentiel plutôt que le superflu.
08:26 Et ça sera vrai dans les débats sur l'eau.
08:28 Il faut changer nos modèles agricoles.
08:30 – Mais ça veut dire quoi ?
08:31 Vous nous avez dit tout à l'heure, il faut sortir des ambiguïtés
08:33 concernant les usages de l'eau, ça veut dire quoi ?
08:35 – Je vais vous prendre deux exemples.
08:37 Sur l'agriculture, il faut une agriculture moins irriguante.
08:41 C'est une nécessité absolue, donc il faut accompagner nos agriculteurs
08:45 qui en général souffrent déjà beaucoup face à ce nouveau défi.
08:49 Donc pour ça, il faut mobiliser la recherche, la recherche académique,
08:53 il faut accompagner les transitions vers l'agroécologie.
08:56 On sait par exemple que lorsque les sols sont plantés,
08:59 ils retiennent beaucoup mieux l'eau.
09:00 Donc les bassines qu'on nous promet à droite à gauche ne sont pas une solution.
09:05 – Il ne faut pas réfléchir à ce stockage de l'eau ?
09:07 – Mais bien sûr, il faut réfléchir au stockage de l'eau,
09:09 mais pour ça, il faut écouter les académiques.
09:11 Le meilleur stockage de l'eau, c'est celui qui est dans les nappes phréatiques
09:14 et dans les sols.
09:14 Donc il faut faire au maximum en sorte que les sols soient humidifiés
09:18 et non pas qu'on stocke artificiellement des eaux
09:21 et surtout pas en allant puiser dans des nappes phréatiques
09:24 qui ne se reconstituent pas.
09:25 Ce débat doit être mené avec sérieux, avec tranquillité
09:28 et avec respect de chacun des partenaires,
09:31 mais en appui sur le travail de nos scientifiques académiques.
09:34 Je ne parle pas d'autres avis qui pourraient être parfois utilitaristes.
09:40 – Travailler aussi sur la question des eaux usées,
09:42 on sait que la France est très mauvaise dans le recyclage des eaux usées.
09:45 Il faut travailler là-dessus pour vous ?
09:47 – Il faut bien sûr travailler sur le recyclage des eaux usées,
09:50 il ne faut pas non plus en attendre des merveilles.
09:53 Il faut s'intéresser aussi à notre énergie,
09:55 ça me permet de dire un mot du nucléaire.
09:57 J'ai déposé par exemple un amendement qui demandait
10:00 qu'avant toute création de nouvelles unités, de nouvelles EPR,
10:04 il y ait une étude académique sur le niveau des tiages des fleuves dans 20 ans.
10:08 On va construire au mieux dans 15 ans des centrales nucléaires,
10:11 elles utilisent 40% de l'eau de notre pays, de nos fleuves.
10:16 Donc on va construire de nouvelles centrales nucléaires
10:19 et on ne va pas se demander quels seront les niveaux des tiages.
10:21 Vous savez, elles seront interminentes,
10:24 parce que les niveaux des tiages des fleuves sur lesquels elles sont installées…
10:28 – Et qui est nécessaire au refroidissement des centrales ?
10:31 – Cette eau est indispensable au refroidissement,
10:33 donc on me dit qu'on va trouver d'autres dispositifs qui seront peut-être énergivores.
10:37 Toujours est-il qu'il faudra se demander,
10:39 parce qu'il y aura l'été, concurrence.
10:41 Faut-il pour produire l'énergie laisser alimenter les centrales ?
10:45 Ou faut-il irriguer ? Ou faut-il servir les populations ?
10:49 Ces conflits d'usages vont se développer très vigoureusement.
10:52 – On va parler de la question de la rénovation énergétique
10:54 puisque le Sénat a lancé une commission d'enquête sur le sujet
10:57 pour tenter de comprendre pourquoi la France n'atteint pas ses objectifs en la matière.
11:01 On va faire le point sur les travaux de cette commission avec Marion Dalpech.
11:04 [Musique]
11:11 Bonjour Marion, bienvenue dans cette émission.
11:13 – Merci beaucoup.
11:14 – Grande première, on est ravis de vous recevoir Marion.
11:16 Et Marion, avec vous, on va faire le point sur cette commission d'enquête du Sénat.
11:21 Puisque ces dernières semaines, cette commission d'enquête
11:23 qui se penche sur l'efficacité des politiques publiques
11:25 en matière de rénovation énergétique a entendu successivement
11:30 plusieurs ministres qui étaient chargés du sujet.
11:32 – Oui, tout à fait Auriane, un des anciens ministres
11:34 devait répondre à une question des sénateurs et cette question,
11:38 c'était "comment se fait-il qu'on dénombre en France
11:40 plus de 5,2 millions de passoires thermiques en 2022 ?".
11:43 Cela représente l'équivalent de 17% du parc de logement
11:47 alors que de nombreuses lois écologiques ont été votées
11:50 sous différents gouvernements ces dernières années
11:52 et ce sont d'abord Ségolène Royal et François de Rugy
11:55 qui ont répondu à cette commission d'enquête sénatoriale.
11:58 – Au travers de ces deux figures, 10 ans d'actions publiques
12:01 ont été balayées en deux heures d'audition et l'une des conclusions
12:04 de l'ancien ministre de l'Environnement François de Rugy
12:07 sur le sujet, c'est que le plus symbolique peut parfois l'emporter
12:10 sur le plus efficace.
12:12 – Il faut aussi se poser la question de savoir si ce que l'on recherche
12:16 c'est ce qui est le plus efficace et donc de déterminer aussi
12:20 ce qui est efficace, le nombre de tonnes de CO2 économisées chaque année,
12:25 l'énergie économisée, CO2 ou pas, ou ce que l'on recherche,
12:30 c'est ce qui est le plus symbolique.
12:33 En étant resté un observateur attentif, même si j'ai pris un peu de distance
12:37 avec la responsabilité politique nationale,
12:40 que ce double questionnement n'a pas changé permettrait même de penser
12:44 que malheureusement le plus symbolique l'emporte largement
12:47 et très souvent sur le plus efficace.
12:49 – Ségolène Royal a, elle, exprimé quelques regrets,
12:51 notamment sur la suppression du crédit d'impôt qu'elle avait mis en place.
12:56 – Vous savez, dans les arbitrages interministériels,
12:59 c'était des combats d'obtenir un crédit d'impôt,
13:02 je ne sais pas si vous vous rendez compte par rapport au ministère des Finances,
13:05 c'est même inimaginable d'obtenir un crédit d'impôt.
13:08 Moi comment je faisais, j'y mettais la COP 21, COP 21, COP 21,
13:12 il faut qu'on soit à la hauteur de la COP 21,
13:16 il faut faire des choses exceptionnelles parce que c'est la COP 21,
13:19 c'est comme ça que j'arrive à arracher les arbitrages.
13:22 – Le 13 février, ce sont ensuite 5 anciennes ministres
13:25 qui ont été auditionnées sur l'efficacité des politiques publiques
13:28 en matière de rénovation énergétique.
13:31 Écoutez les propos d'Emmanuelle Wargon,
13:32 la ministre du Logement durant le premier quinquennat d'Emmanuel Macron.
13:36 – On peut mettre tous les objectifs législatifs qu'on veut,
13:39 on peut mettre des chiffres dans les lois successives,
13:41 la loi elle-même n'est pas autoréalisatrice
13:44 et donc il ne suffit pas de dire qu'on rénove 500 000 logements par an dans la loi
13:48 ou qu'il n'y aura plus de passoires thermiques 10 ans après le vote d'une loi
13:52 pour que tout ceci se produise.
13:55 C'est un sujet qui est un sujet de moyens, d'exécution et de système.
14:01 – Si la rénovation énergétique des bâtiments coûte chaque année
14:03 entre 4 et 7 milliards d'euros,
14:06 l'ancienne ministre du Logement, Cécile Duflot,
14:08 dit elle aussi avoir été confrontée au manque de moyens.
14:11 Elle dénonce certaines règles budgétaires
14:13 complètement absurdes et contre-productives.
14:15 L'autre frein mis en avant, c'est celui de la complexité des aides,
14:18 pour la rénovation des passoires thermiques.
14:20 Il semblerait que même l'ancienne ministre de l'écologie, Barbara Pompili,
14:24 ait eu du mal à s'y retrouver.
14:26 – Il s'avère que moi je l'ai expérimenté à titre personnel
14:29 et que même moi qui suis quand même plutôt sensibilisée au sujet,
14:33 je n'ai pas réussi à avoir toutes les aides auxquelles je pouvais prétendre.
14:38 Et j'ai loupé des trucs parce que j'ai mal rempli…
14:42 Donc je me dis si même quelqu'un de au courant comme moi
14:46 n'arrive pas à obtenir des aides,
14:47 vous imaginez bien des gens qui n'ont pas la même connaissance du sujet.
14:51 – Enfin subsiste la question de la prime Rénov'
14:53 créée par le gouvernement pour simplifier le système,
14:56 cette aide financière dégressive en fonction des revenus
14:59 accessibles aux propriétaires pour rénover leur logement.
15:01 Sur 644 000 projets financés en 2021,
15:05 seulement 2500 sont sortis du statut de passoire thermique.
15:08 Le dispositif n'est donc pas encore très efficace.
15:11 Daniel Broyer, après les auditions des dernières semaines
15:14 de plusieurs ministres qui ont mis en avant les failles de ce système,
15:17 avez-vous le sentiment que le gouvernement a vraiment simplifié
15:20 le dispositif d'aide et comment pourrait-il être amélioré
15:23 selon vous dans l'avenir ?
15:25 – Je vais commencer par rappeler qu'il faut améliorer ce dispositif
15:28 parce que les passoires thermiques c'est un problème de santé,
15:31 un problème financier pour des familles souvent parmi les plus pauvres,
15:35 c'est un problème d'émission de CO2
15:36 et c'est un problème de déficit commercial pour notre pays.
15:39 Donc tout ça c'est vraiment des raisons qui demandent
15:42 qu'on puisse rénover ces passoires thermiques.
15:44 Ensuite ce que j'ai entendu et tiré de ces premières auditions,
15:48 c'est qu'il faut sans doute une loi de programmation financière
15:51 pour qu'il y ait de la continuité et une lisibilité,
15:54 tous les ministres l'ont dit,
15:55 c'est une bataille avec Bercy permanente,
15:57 donc au moins en stabilisant des crédits et en les augmentant,
16:01 je crois qu'Emmanuel Vargon disait
16:02 il faudra au moins un milliard de plus pour tenir les objectifs,
16:06 ce serait un signal donné aussi aux professionnels.
16:08 Ensuite oui, à la raison, c'est un système qu'il faut construire,
16:12 un système avec de la formation professionnelle,
16:15 avec des agréments, avec des dispositifs aussi d'accompagnement
16:18 des familles dans la rénovation
16:20 et quelques collectivités s'y sont essayées,
16:22 mais là encore les mesures que nous votons en loi de finances
16:25 leur demandent de ne pas avoir de dispositifs,
16:28 de crédits de fonctionnement dédiés à ça,
16:30 mais il faut de l'ingénierie pour réussir la transition.
16:33 C'est pourquoi notre groupe a demandé cette commission d'enquête,
16:36 parce que nous voulons à tout prix réussir la meilleure énergie,
16:39 c'est celle qu'on ne consomme pas et c'est celle qu'il n'émet pas.
16:42 – Mais il faut que les élus, vous avez été maire, vous l'avez rappelé,
16:44 il faut que les élus locaux soient plus associés ?
16:46 – Mais bien sûr, les élus locaux ont un rôle très important
16:49 de proximité à la population, mais les départements aussi,
16:52 par exemple qui ont la responsabilité de l'aide sociale,
16:54 lorsque j'étais vice-président du Val-de-Marne,
16:56 nous avions conduit un système expérimental
16:59 pour accompagner les copropriétaires ou les locataires les plus démunis
17:03 dans ces gestes sur trois communes,
17:05 tout ça est tout à fait généralisable,
17:07 mais il faut pour ça de l'ingénierie et puis il faut des crédits
17:10 et une constance dans ces crédits, pas des crédits annuels
17:13 rediscutés au gré des déficits publics.
17:16 On devrait d'ailleurs retirer du calcul du déficit public
17:19 tous ces crédits destinés à la transition écologique,
17:22 parce qu'on nous parle souvent de la dette,
17:25 mais vous savez il y a une dette qui ne se rembourse jamais,
17:27 c'est la dette climatique, donc celle-là il faut agir,
17:30 quand on parle des 4 degrés, de la sécheresse,
17:32 si on n'a pas compris qu'il faut agir à une autre échelle
17:35 que celle qui est la nôtre, à un autre rythme
17:36 que celui qui est le nôtre aujourd'hui,
17:38 c'est quand même assez dramatique.
17:41 – Merci Marion, à tout à l'heure.
17:43 – Merci Marion.
17:44 – A tout à l'heure dans le Club Marion.
17:45 On va passer à l'actualité dans votre département,
17:49 on va parler des sénatoriales,
17:50 on va aller à Nogent-sur-Marne,
17:52 dans le Val-de-Marne, retrouver Cécile Dubois.
17:54 Bonjour, merci beaucoup d'être avec nous,
17:56 rédactrice en chef du quotidien en ligne 94 Citoyens.
18:00 Bonjour Cécile et Cécile,
18:02 vous souhaitiez nous parler des prochaines élections sénatoriales en septembre.
18:07 – Bonjour, merci beaucoup de cette invitation.
18:09 Oui, Europe Écologie-Levert fait régulièrement de bons scores
18:12 aux élections européennes et lors des municipales de 2020,
18:15 les écologistes ont aussi connu un succès historique
18:18 en gagnant de grandes villes comme Lyon, Bordeaux, Strasbourg,
18:21 Poitiers, Besançon, Annecy et donc de grands électeurs.
18:25 Les départements de ces communes ne font toutefois pas partie
18:28 de ceux où se tiendront les élections sénatoriales.
18:31 Ironie de l'histoire, votre département, le Val-de-Marne,
18:33 qui avait contribué à la bascule à gauche du Sénat en 2011
18:37 avec l'élection d'une sénatrice écologiste
18:39 dans le cadre d'une liste d'Union de la gauche
18:41 qui avait raflé 4 sièges sur 6, est aujourd'hui en mauvaise posture.
18:46 La gauche val-de-marnaise, qui avait conservé 3 sièges en 2017,
18:49 perdra mathématiquement son 3e siège en 2023,
18:54 suite aux conquêtes de la droite aux municipales de 2020.
18:57 Les écologistes perdront donc leur siège val-de-marnais
18:59 car il compte moins de grands électeurs que les communistes et les socialistes.
19:04 Pensez-vous pouvoir gagner d'autres sièges dans d'autres départements
19:07 pour compenser la perte du Val-de-Marne ?
19:10 Les discussions entre parties de gauche peuvent-elles jouer en ce sens
19:14 pour refléter le poids de chacun dans la Haute Assemblée ?
19:18 Bonjour Cécile Dubois, tout d'abord, écoutez, d'abord,
19:21 vous considérez que le siège du Val-de-Marne est perdu,
19:24 ça n'est pas mon analyse, les chiffres méritent d'être regardés,
19:29 je ne sais pas quelle sera la configuration à gauche
19:32 et je ne sais pas quelle sera la ou les configurations à droite.
19:35 Donc tous ces éléments-là, vous l'avez rappelé,
19:37 le 4e siège d'Esther Benbassa avait été acquis un peu par surprise,
19:43 donc moi je ferai en sorte que le plus grand nombre de sièges
19:47 puissent revenir à la gauche et aux écologistes.
19:50 En tous les cas, les deux me paraissent certains,
19:53 mais le 3e ne me paraît pas totalement inaccessible
19:56 et c'est dans ce sens qu'il faut travailler.
19:59 Et puis je crois aussi qu'il faut élargir notre regard,
20:02 c'est-à-dire qu'au fond, pour avoir la garantie des deux sièges,
20:05 il faut sans doute que écologistes, socialistes et communistes s'entendent
20:09 et pour espérer en gagner un 3e, c'est une certitude,
20:13 mais c'est vrai aussi dans les Hauts-de-Seine,
20:15 c'est vrai en Seine-Saint-Denis, c'est vrai dans les Yvelines,
20:18 donc je pense que nous aurons l'intelligence aussi de nous dire,
20:21 au fond, si nous facilitons l'élection d'un sénateur écologiste
20:25 dans le Val-de-Marne, eh bien nous aiderons à l'élection
20:27 d'un sénateur socialiste ou communiste dans un autre de ces départements
20:32 et vice-versa.
20:33 Voilà, c'est pour moi la bonne démarche.
20:35 D'ailleurs, moi je suis un élu au fond de cette démarche d'union,
20:40 je n'étais pas éligible au moment de l'élection précédente
20:44 et je me suis retrouvé sénateur grâce à une démarche d'union de la gauche.
20:49 Donc je souhaite le meilleur à nouveau pour notre département
20:52 et que nous affichions une volonté de conquête.
20:55 – Vous êtes sénateur depuis peu, puisque vous avez remplacé
20:58 Sophie Taillepollion qui a été élue députée en juin dernier,
21:01 est-ce que vous avez envie de continuer ?
21:03 Est-ce que vous serez candidat au mois de septembre ?
21:05 – Vous pouvez le dire, je suis un très jeune sénateur
21:07 et en tous les cas c'est un travail passionnant.
21:11 Est-ce que j'ai envie de continuer ?
21:13 Je pense que je présenterai ma candidature à mes collègues
21:17 dans le but de servir, je le dis aussi, je n'en ferai pas du tout un sujet,
21:21 j'avais, avant d'être élu sénateur, choisi de quitter mes fonctions électives
21:26 parce qu'il y a une très belle vie aussi lorsqu'on n'est pas élu,
21:29 mais la vie de sénateur est passionnante,
21:31 donc je réserverai la primeur de ce débat au Val-de-Marnais dans quelques temps.
21:37 – Cécile, vous avez une autre question ?
21:40 – Oui, je me posais la question du rôle des écologistes au Sénat,
21:45 la gauche est minoritaire au Sénat
21:46 et les écologistes sont minoritaires au sein de la gauche au Sénat.
21:50 Dans ce contexte, quel est votre marge de manœuvre
21:53 pour avoir de l'impact dans cette Assemblée ?
21:55 Est-ce que vous avez des exemples concrets de dossiers
21:58 qui ont pu avancer grâce aux écologistes,
22:01 de positions qui ont évolué grâce aux écologistes ?
22:05 – D'abord, nous sommes effectivement le plus petit groupe aujourd'hui,
22:08 nous sommes 12, j'espère bien que nous serons 18 ou 20
22:12 après l'élection qui s'annonce du mois de septembre,
22:17 mais nous travaillons sur tous les textes avec une énergie
22:22 que les autres parfois nous envient,
22:24 c'est une énergie humaine et donc renouvelable.
22:28 Sur le texte des énergies renouvelables,
22:30 très clairement, nous apportons notre regard.
22:33 Et puis vous savez, même lorsqu'on n'obtient pas la majorité,
22:37 très clairement à droite, je l'appellerai même assez conservatrice
22:40 sur beaucoup de sujets,
22:42 mais même lorsque nous n'obtenons pas gain de cause
22:45 sur des propositions que nous avons formulées,
22:47 nous essayons de nourrir, de cultiver
22:50 avec les idées de la transition écologique,
22:53 ce Sénat qui a sans doute besoin sur ce sujet
22:56 de la transition écologique, d'une acculturation
22:59 qui lui fait encore très largement défaut.
23:03 Mais il y a des sujets, on se retrouve parfois,
23:05 je pense au transport en commun,
23:07 nous avons fait voter par exemple un amendement
23:09 sur l'ATVA 5.5 sur les transports en commun,
23:11 c'est un sujet important,
23:13 mon collègue Daniel Salmon, j'ai évoqué avec Renan Dantec
23:17 sur les énergies renouvelables, a obtenu des améliorations
23:20 pour essayer de faciliter ce texte,
23:23 améliorations malheureusement disparues à l'Assemblée nationale
23:26 puis en CMP.
23:27 Voilà, moi je siège à la Commission des finances,
23:30 les amendements sont très durs à obtenir
23:32 parce que au fond, les choix libéraux du gouvernement
23:35 sont souvent aggravés par les choix de la majorité sénatoriale,
23:40 mais il n'empêche que nous faisons entendre notre voix,
23:42 comme nous la ferons entendre sur les retraites,
23:44 avec l'idée qu'une autre société est possible,
23:48 une société où le bien-être au travail est regardé
23:51 avant de regarder la durée du travail,
23:54 et sur tous ces sujets, la voix des écologistes
23:56 est importante aussi, rappelez que ça n'est pas
23:59 par plus de productivité, par plus de production,
24:02 par plus d'accélération dans le temps du travail,
24:06 on dénonce les accumulations de richesses,
24:08 vous évoquiez Total, Madame,
24:10 mais franchement, des dizaines de milliards de bénéfices,
24:14 c'est indécent quand des gens n'ont pas de quoi se nourrir
24:17 ou de quoi remplir le plein de leur automobile
24:20 lorsqu'ils en ont une ardente nécessité.
24:22 – Merci beaucoup Daniel Bruyé d'avoir été avec nous,
24:25 merci Cécile Dubois, on regarde quelques-uns des articles
24:28 à lire sur votre quotidien en ligne 94,
24:31 citoyens, merci beaucoup d'avoir été avec nous Cécile Dubois.
24:34 – Excellent quotidien.
24:36 – Excellent quotidien, on regarde les articles,
24:38 merci beaucoup, dans 20 minutes dans le Club des territoires,
24:41 on ira dans les Pyrénées-Atlantiques
24:42 où une enseignante a été tuée hier,
24:44 on sera avec le sénateur de ce département, Max Brisson.
24:47 Merci beaucoup Daniel Bruyé d'avoir été avec nous.
24:50 – Merci à vous de cette invitation.
24:51 – On accueille notre prochaine invitée,
24:52 c'est Jean-Louis Bourlange qui nous rejoint.

Recommandée